in 2015
https://archive.org/details/b22270590
^ Ce APPLICATION V
L'OSTÉOTOMIE J A L'ORTHOPÉDIE.
Pied équin avec ankylose osseuse
de
l'articulation tibio-tarsienne.Ostéotomie cunéiforme
du
tibia etdu
fibula. Guérison.Observation communiquée à l'académie des sciences de Paris dans la séance du 18 Mars 1861.
IL
Ankylose
osseuse de l'articulation coxo-fémorale à angle droit avec abduction. Ostéotomie cunéiformedu
fémur. Guérison.Observation communiquée à l'académie des sciences deParis dans la séance du 21 Avril 1862.
Par
le
Docteur
H.W.
Bereiid^directeur de rétablissement orthopédique de Berlin, chevalier de plusieurs ordres, memb™|#l
société de chirurgie etde lasociété médico-pratique de Paris etc. ' '^^R.-*,?.^!
(Extraitdu compterendu de l'académie des sciences de Paris des années i86i et 1862.)-^:---^
Aycc 6 xylographies faites d'après des photographies.
=—
Berlin
Chez August
L
Pied
éqiiiii avec aiikylose vraiede
rarticulatioii tibio-iarsieiinc, à la suite d'une fracturedu
tiers inférieurdu
tibia avec suli- lu\ationdu
pieden
dehors.Ostéotomie cunéiforme du
tibia etdu péroné;
guérison avec rétablissementde
laforme normale
et
de
la progressionnormale
sur la plante naturelledu
pied,Jj'observation d'un pied équin au plus haut degré,
provenant
d'une ankylose vraiede
l'articulation tibio-tarsienne, etpour
le- quel j'ai pratiqué l'ostéotomiedu
tibia etdu
péroné,me
semble,si je suis bien au courant
de
notre littérature médicale, présenter lepremier
et le seul casde
ce genre,où
l'ostéotomie ait étécouronnée de
succès.M. Velpeau
seulement avaitproposé
cette opération (1839)pour
l'ankylosedu
pied équincomme
l'ostéotomiedu
radius etdu
cubituspour
l'ankylosede
lamain mot (Velpeau, méd.
opératoire, T.I. p. 593.) sans qu'elles soient mises en pratique depuis.Je dois,
pour
obvier à toute méprise, faire observer que l'applicationde
l'ostéotomie au traitementdu
pied équinsuppose
nécessairement,non seulement
la rétraction des gastrocnémiens (du bifémoro-calcanien),mais
encore l'existence d'une ankylose complète; car il est inutilede
dire quedans
tous les autres cas,même dans
ceuxoù
elle est le plus avancée, la ténotomie, aidéede
l'orthopédie, estun remède
souverain.Je n'ai d'ailleurs rencontré que
deux
fois l'ankylosecom-
plète
de
l'articulation tibio-tarsale dans le pied équin: la pre- mière fois,quand
je la soupçonnais lemoins
chezun
sujetde
vingt-quatre ans affecté d'hémiplexie, et la seconde dans le cas qui fait le sujetde
l'observation suivante.Chose
aussi singulière qu'instructivepour
moi, je ne fus paspeu
surpris de voir aumusée Dupuytren, pendant mon
der- nier séjour à Paris, aumois
deseptembre 1860,
le squelettede
la partie inférieure d'une
jambe
(No. 707) avec cette étiquette:Ankylose de
l'articulation tibio-tarsienne par suite d'une sub- luxationdu
pied en dehors avec fracture.Observation.
Frédéric Peter son,
âgéde
seize ans, fils d'un propriétaire de Fornau, près de Wittenberg, faisaitremonter
l'origine de ses souffrances àune
chute qu'il avait faitedeux
ans auparavant d'un arbre sur lequel il avait grimpé.La
fracture compliquée quien
était résultée n'ayant été soumise à
aucun
traitementméthodique,il survint
une
violente inflammation, laquelle déterminaune
sup- purationabondante
et expulsion d'un séquestre considérable, qui n'eut lieu qu'au boutde
plusieurs mois.Lorsque
lemalade
futamené
àmon
établissement, le 7mai de
l'année dernière, il se trouvait dans l'état suivant (^Fig.Debout, le
malade ne
s'appuie que sur l'extrémité des orteils.Le
talon est à 4 lignesdu
sol.La
malléole externe présenteune
cicatrice étoilée et faitune
saillie considérable en dehors.La jambe
forme jusqu'augenou une
ligne presque tout à fait droite,pendant
que le pied offreune
position oblique en dedans.Quand
lemalade
est assis, la difformité que nousvenons de
dé- crire persiste; la malléole externe faitune
forte saillie; le ten-don
d'Achille estextrêmement
tendu.Les
effortsde
réduction ne font point disparaître la difformité.Le
pied conserve latem-
pérature et la couleur normales.
Le
mollet,mesuré dans
sa plusgrande
circonférence, diffère d'unpouce
environde
celuidu
côte sain. L'atrophie s'étend à la cuisse,de
sorteque
le contourde
(Fig. i.)
cette dernière diffère aussi d'un
pouce de
celuide
l'extrémité saine.En marchant,
lemalade ne
s'appuie que sur les extrémités des orteils, et le pied fléchitun peu en
dehors.Tous
lesmou- vements du
pied, flexion, extension, adduction et abduction, sont entièrement supprimés;ceux
des orteils seulement, àun
faible degré, subsistent encore.Plus de trace de
mouvement
dans l'articulation tibio-tarsale.Je crus
néanmoins
que jeme
trompais peut-être, mais la sectiondu
tendon d'Achille restée sans résultat, et les tentatives tout àfait infructueuses de l'orthopédie
pendant deux
mois,malgré
l'emploi d'un appareilpour
le pied -botde
construction nouvelle et d'une grande force, m'apprirent, à n'en plus douter, que nous avions affaire ici àun
pied équin et enmême temps
àune
an- kylose osseusede
l'articulation tibio-tarsale. Ilne
restaitdonc
plus d'autre ressource que l'ostéotomiedu
tibia etdu
péroné. Je pratiquai cette opération le 11 août1860,
en présencede MM.
les D'^^
Schwarz, Wolfert, Goebel, Rosenkranz
etc.,de
la manière suivante:
1. Ostéotomie
du
tibia.—
Incisionde
lapeau de
2 pouces d'étendue, à partirdu
tiers inférieurde
cet os, et le longde
la crête; décollementdu
périoste; section d'une portion cunéiformedu
tibia et largede
1pouce
environ à sa base ou face anté- rieure, aumoyen de
la sciede Jeffray,
puisde
la scie à cou- teau; enfin soulèvement et extractionde
cettemême
portiondu
tibia à l'aide
de
la double tenaille à résection.2. Ostéotomie d'une portion
du
péroné, longue de 2 pouces, après incision préalable de la peau. Ilne
fallut lieraucun
vaisseau. Adaptation des surfaces osseuses résultantde
l'ostéo- tomie. Applicationde
l'appareilde
plâtre,de manière
que la plantedu
piedforme un
angle droit avec la jambe.Les
orteils, après l'opération, exécutent tous leursmouvements.
Vessiede
glace.
La
nuit,une
dose demorphine; du
reste, traitementanti- phlogistique.L'appareil dut être levé au cinquième jour, et
remplacé
parun
appareil éclissé, plus simple.Le
pied, à partirde
ce temps-là, resta plusieursmois
couché dansune
caisse garnie de coussins,de
sorte qu'il était facilede
renouveler l'appareil etde
s'assurer de l'état des plaies.La
fièvre de réaction, bien qu'elle fût enelle-même
assez violente,ne
sortit point, dans les premières se- maines,de
certaines limites.Excepté
dans les premiers jours7
qui suivirent ropération, il
ne
fut plus nécessaire d'administrer la morphine.Le malade
dormit régulièrement toutes les nuits, et Fappétit resta satisfaisant.Les deux
plaies résultantde Topé-
ration montrèrent dès l'abord desbourgeons
charnus magnifiques,si flasques, il est vrai, durant les six premières semaines, qu'elles
(Fig 2.)
offraient presque l'aspect
de
fongosités et qu'elles nécessitèrentun pansement
plus adstringent avec la teinturede myrrhe
et la quina.Ce
n'étaient toutefois que les salutaires efforts des forces médicatrices et reproductives. Il survint plusieurs hémorrhagies; la plus forte,en
septembre, à la plaiedu
péroné; elle fut arrêtée aumoyen de
la compression.Au commencement du
cinquièmemois
les os réséqués étaient consolidés, et la plantedu
piedrendue
à sa position normale.Depuis
trois semaines, lemalade
court et s'appuie sur toute la plantedu
pied avecun
soulier exhaussé d'unpouce
et demi.Des
esquilles nécrosées,en
petitnombre
etd'unvolume peu
con- sidérable, ont été éliminées et se sont fait jour à travers les plaies.Dans
le courantde
la dernière quinzaine, quelques-unesde
ces esquilles sont sorties d'elles-mêmes d'une fistule qui s'étaitformée
au mollet.La peau
de la surface antérieurede
lajambe
est encore amincie et disposée
aux
érosions.Au
reste, tout est à souhait dans l'état généraldu malade
{Fig. 5.), qui a été pré- senté guéri à la société médicale le27
février 1861, et dans une autre société médicale de Berlin, présidée parmoi-même,
le23
février 1861.II.
Ailkylose vraie
de
rarticulatioii coxo-foiiiorale gauche, à angle droit, avec abduction,par
suite d'une coxiterhumatismale.
Ostéotomie cunéiforme,
guérison.Gruillaume Krueger,
âgéde
vingt-sept ans,campagnard,
fait
remonter
le débutde
sa maladie aumois de septembre
1860.Elle s'annonça par des douleurs rhumatismales aiguës
dans
lemembre
thoracique droit et dans le dos,accompagnées de
frisson et de chaleur.La
douleurdu
bras céda à l'emploi d'une saignée,mais
lerhumatisme
aigu s'établit avec toute son intensitédans
la cuisse
gauche
et, aprèsun
séjourau
litde douze
semaines, produisit chez cemalade
d'une santé jusque là robuste, et d'une forte constitution,une
diflbrmité considérable qui persistaitencore le30
avril 1861 à son entréedans mon
établissement. {Fig. 3.)Quand
il veut faire porter le poidsdu
corps sur lesdeux
pieds à la fois, le tiers antérieur seulementdu
piedgauche
re- pose sur le sol. Il appuie alors lesdeux mains
sur l'articulationdu
genou.Le
tronc, incliné à gauche,forme un
angle obtusen
avant.La
fesse droite est proéminente, celledu
côtégauche
est aplatie, avecun
pli plus profond.Les deux genoux, mais
sur- tout legauche
sont fléchis à angle obtus.La
région dorso-lom- bairede
la colonne vertébrale présenteune
courbure considérable à gauche.sur les
genoux
et qu'il essaiede
se tenir debout sans appui il(Fig, 3.)
ne
peut le faire qu'à l'aidede
l'extrémité droite (Fig. 4.), qui alors paraît parfaitement droit et à l'état normal, tandis que le côtégauche du
bassin est abaisséde deux
pouces et que la cuisse11
gauche, fléchie à angle droit avec le tronc, se trouve en
même
temps
dansune
forte abduction.(Fiij. 4 )
En
arrière la colonne vertébrale offreun
aspect tout à faitnormal; la fesse
gauche
estun peu
aplatie, mais le pli est droit.L'articulation
du genou
jouit de tous sesmouvements.
où
lemalade
se trouve placé. L'extrémité droite n'offreaucune
déviation.Le
côtégauche du
bassin présenteun
abaissementde
[Fig. 5.)
13
deux
pouces.La
cuisse gauche, ankylosée à angle droit, est dansune
forte abduction.En
voulantimprimer un mouvement de
rotation à la têtedu
fémur,on
n'obtient qu'une mobilité imperceptible quine
se passeévidemment
que dans lasymphyse
sacro-iliaque.La marche
sans bâton et sans béquilles est presqueimpos-
sible et le
malade
l'effectueen
inclinant fortement le côtégauche du
bassin,en appuyant
le brasgauche
sur legenou
et enim-
primant desmouvements
au côtégauche du
bassin; le troncpenche
fortement en avant etde
côté.L'état dont
nous venons
de faireune
description détaillée, et constaté par lesmembres de
la société médicalede
Berlin auxquels j'avais présenté lemalade,
rendait impossible l'emploi desmoyens
orthopédiques ordinaires.On
ne pouvait avoir re- cours à lamyotomie,
pas plus qu'onne
pouvait tenter l'exten- sion brusque sans s'exposer àune
fracture gravedu
bassin. C'est pourquoijepratiquai le 10Mai
l'ostéotomiede
lamanière
suivante:Chloroformisation
du
malade.Le malade
estcouché
sur le côté droit. Incisionde
lapeau
jusqu'à l'os, longuede
trois pou- ces,commencée un peu
au-dessusdu grand
trochantér, dirigée transversalement en dehors,vu
la positionanomale du membre
dans l'abduction et dans la flexion à angle droit.
Dénudation de
l'os et section à l'aide de la scie
de Ch arrière
et de la scie à couteau, que je préférai à la scie à chaîne à causede
la dif- ficulté d'introduire cette dernière entre l'os et les parties molles.Résection cunéiforme d'une portion
de
l'os dont la base étaitde
trois quartsde
pouce.Cette opération, qui n'a
donné
lieu àaucune hémorrhagie
ex- cessive, a été facilitéebeaucoup
par l'applicationde
larges érignes fenêtréesde mon
invention.Réunion de
la plaie aumoyen de
filsde
soie etde
fils d'argent.Bandages
de compressionpour em-
pêcherl'hémorrhagie.Pansement
ouaté, application de lagrande
gouttière
de Bonnet. Dans
les sixpremiersjours fièvremodérée,
régime antiphlogistique.Le
sixième jouron
retire les fils.Depuis
cetemps
il n'arriva riende
remarquable exceptéun
érysipèle périodique, et à diverses reprises,de
la cuisse opéréedépendant
d'une suppuration assez long-temps
fétide au fond de la plaie. L'application prolongéede
cataplasmes etune
petite incision au côté antérieurde
la cuisse suffirentpour
combattre cet accident. Il fallut seulement écarter la gouttière et se bor- ner àun pansement
plus simplepour mieux
nettoyer le malade.Celui-ci, grâce à
une bonne
nourriture,commença
quatremois
après l'opération, à prendre des bains qui aidèrentpuissamment
à la guérison et favorisèrent l'issue de petits fragments nécrosés.On commença
àimprimer
desmouvements
passifspour
obtenir la mobilitéde
la fausse articulation,mais
ils furent souvent in-terrompus
à causede
l'irritabilitédu
malade.Au mois
de février, neufmois
àpeu
près après l'opération, je fiscommencer
quel- ques exercicesgymnastiques dans
lemême
but et enmême temps pour
fortifier lemembre
opéré.Au commencement du mois
d'avril, lemalade
parfaitement guéri fut présenté à plusieurs sociétésde
Berlin et entre autres à cellede Houfeland
dans cet état très satisfaisant (Fig. 6.):Il ne présente plus aucune difformité, il fait les courses les plus longues sans autre appui qu'un petit bâton et sans boiter.
Aussi bien que le bassin, les trochantérs et les plis de la fesse n'offrent riend'anormal. Il existe à la région
du grand
trochan- térune
petiteproéminence
par suite de la régénération osseuse.Le
raccourcissement d'unpouce
etdemi du membre,
conséquencede
l'ostéotomie, disparaît tout à fait parune
semelle exhaussée.Bien
que la nouvelle articulation ne jouisse pas d'une mobilité parfaite, et que la flexion soitun peu
gênée, le malade, àl'aidede l'articulation ilio-sacrale, exécute tous les autresmouvements,
demanière
qu'il a vraiment retrouvé l'usage d'unmembre
tout à15
fait inutile, à la difformité duquel tout le corps
du malade
par-ticipait avant l'opération, tandis que ce dernier offre
maintenant une
rectitude parfaite.(Fig. 6.)
Cette opération pratiquée par
moi
est lahuitièmede
ce genre qui ait été faite jusqu'à cejour. Elle n'avait été pratiquée encore que 3 fois enAmérique
parBarton
(1826),Rodgers
etKearny,
en
France
parMaisonneuve, en
Holstein parRoss,
en Alle-magne
parTextor
etWeber. Le
caspour
lequel j'ai mis en pratique l'ostéotomie diffèrede
tous les autres en ce quel'anky- lose étaiten même temps
à angle droit et dans l'abduction.Imprimerie de Jules Sitteufeld à Berlin.
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