2017-2018 Topologie A – UGA
Examen Seconde Session
Juin 2018
Les probl` emes sont ind´ ependants. S’il est conseill´ e, au sein d’un probl` eme, de traiter les questions dans l’ordre, il est ´ egalement possible de passer des questions et d’admettre leurs r´ esultats dans les questions suivantes. Il est ´ egalement possible (voire encourag´ e) d’abr´ eger une r´ eponse s’il s’av` ere qu’elle est tr` es similaire ` a une r´ eponse d´ etaill´ ee ant´ erieu- rement.
Le symbole ∗ signale les questions plus subtiles ou plus longues. Les questions de type
“cours” ne servent pas n´ ecessairement ` a r´ esoudre les questions qu’elles pr´ ec` edent.
La clart´ e de la r´ edaction sera d´ eterminante dans la notation.
Bar` eme indicatif. exercice 1 : 7 points, exercice 2 : 8 points, exercice 3 : 5 points.
Dans tout le sujet, les R -espaces vectoriels de dimension finie sont munis de leur topologie usuelle d’espace vectoriel norm´ e, ind´ ependante de la norme.
On rappelle que C est un R -espace vectoriel de dimension 2 qui s’identifie canonique- ment ` a R
2(en identifiant, pour tout x, y ∈ R , x + iy ∈ C ` a (x, y) ∈ R
2), et qui admet pour norme le module complexe | · | (notamment), qui s’identifie ` a la norme k · k
2sur R
2. On pourra utiliser librement (mais soigneusement) ces identifications dans la suite.
On admet ´ egalement que toute application continue de [0, 1] dans C \ {0} est de la forme t 7→ r(t)e
i2πθ(t)avec r : [0, 1] → R
∗+et θ : [0, 1] → R continues.
Exercice 1 : Sous-groupes de R et de S
1On admet dans cet exercice que tout sous-groupe de ( R , +) est soit monog` ene (de la forme β Z avec β ∈ R ) soit dense dans R .
1. (a) Rappeler la d´ efinition de point int´ erieur ` a une partie d’un espace topologique.
(b) Justifier que tout sous-ensemble d’un ensemble d´ enombrable est d´ enombrable.
(c) Justifier que tout sous-ensemble d´ enombrable de R est d’int´ erieur vide dans R . 2. Montrer que tout sous-groupe monog` ene non r´ eduit ` a {0} de ( R , +) est un ferm´ e
de R non compact, d’int´ erieur vide.
3. (a) Rappeler la d´ efinition d’un sous-ensemble dense d’un espace topologique.
(b) Justifier, ` a l’aide du r´ esultat admis dans l’´ enonc´ e, que si α ∈ R \ Q , Z + α Z est dense dans R .
4. Toujours pour α ∈ R \ Q , Z + α Z est-il un ensemble d´ enombrable ? Un ferm´ e de R ? Un ouvert ?
On consid` ere l’application p : R → S
1= {z ∈ C : |z| = 1} par p(x) = e
2iπx= cos(2πx) + i sin(2πx) pour tout x ∈ R . On admet qu’elle d´ efinit un morphisme de groupes surjectif (mais non injectif) de ( R , +) dans ( S
1, ×), continu pour les topologies usuelles.
On s’int´ eresse
5. L’application p
|[0,1[induit-elle un hom´ eomorphisme de [0, 1[ dans S
1(munis des topologies induites correspondantes)?
6. Montrer que si f : (X, d
X) → (Y, d
Y) est une application continue et surjective d’un espace m´ etrique dans un autre, l’image de tout sous-ensemble dense A de (X, d
X) est dense dans (Y, d
Y). Cela reste-t-il vrai si l’on enl` eve l’hypoth` ese de continuit´ e ? de surjectivit´ e ?
7. Montrer que le sous-groupe monog` ene O
α:= {e
2iπnα, n ∈ Z } de S
1est – une partie compacte de S
1si α ∈ Q ;
– dense dans S
1si α ∈ R \ Q . (On pourra utiliser l’´ etude des sous-groupes de R ).
Quel est son int´ erieur dans chacun des cas ?
On consid` ere maintenant dans C ' R
2le sous-ensemble C
α:= ∪
z∈OαR
+z, r´ eunion des demi-droites issues de l’origine et passant par un point z de O
α.
8.
∗D´ eterminer l’int´ erieur et l’adh´ erence de cet ensemble.
9.
∗Montrer que C
αest connexe par arcs, mais que C
α\ {0} ne l’est pas. Quelles sont ses composantes connexes par arcs ?
Exercice 2 : Un espace de suites
Soit S
0l’espace vectoriel des suites u = (u
n)
n∈Nde nombres r´ eels telles que lim
n→+∞
u
n= 0.
Pour tout u = (u
n)
n∈N∈ R
N, on pose kuk
∞= sup
n∈N|u
n| ∈ R
+∪ {+∞}.
I. 1. D´ emontrer soigneusement que k · k
∞d´ efinit une norme sur S
0. 2. La boule unit´ e ferm´ ee de (S
0, k · k
∞) est-elle compacte ?
3. Rappeler la d´ efinition d’un espace m´ etrique complet et d’un espace de Banach.
4.
∗D´ emontrer que (S
0, k · k
∞) est un espace de Banach. (On pourra ´ eventuellement se rappeler qu’une suite r´ eelle est une fonction de
Ndans
R, mais on n’admettra pas quel’espace des fonctions born´ ees d’un ensemble dans
R, muni de la norme uniforme, est un espace de Banach).
5. Soit
Pl’espace vectoriel des suites
v= (v
n)
n∈Nde nombres r´ eels, nulles ` a partir d’un certain rang (c’est-` a dire,
v ∈ Ps’il existe
N ∈ N(d´ ependant de
v) tel que vn= 0 pour tout
n≥N).
(a) D´ emontrer que
Pest un sous-espace vectoriel dense de l’espace vectoriel norm´ e (S
0,k · k∞).
(b) L’espace
Pmuni de la norme induite par
k · k∞est-il complet ?
II. Soit a = (a
n)
n∈Nune suite de nombres r´ eels. Pour tout ´ el´ ement u de S
0, on note T
a(u) la suite de r´ eels d´ efinie par (T
a(u))
n= a
nu
npour tout n ∈ N .
1. Montrer que T
a(u) ∈ S
0pour tout u ∈ S
0si et seulement si la suite a = (a
n)
n∈Nest
born´ ee.
On suppose dans toute la suite que a = (a
n)
n∈Nest born´ ee, on note T
a: (S
0, k k
∞) → (S
0, k · k
∞) l’application ainsi d´ efinie et on d´ efinit, pour tout u ∈ S
0, kuk
a= kT
a(u)k
∞.
2. Montrer que T
aest une application lin´ eaire continue. Calculer sa norme
T
asubordonn´ ee ` a la norme k · k
∞sur S
0.
3. Sous quelle condition n´ ecessaire et suffisante sur a l’application T
aest-elle injective ? 4. Montrer que si a ne s’annule pas, son image est dense dans S
0(on pourra utiliser I.4).
5. Sous quelle condition n´ ecessaire et suffisante sur T
al’application k · k
a: S
0→ R
+est-elle une norme ? 6. Montrer que si inf
n∈N
|a
n| 6= 0, alors T
aest surjective (on pourra commencer par ob- server qu’elle est injective, et exprimer l’inverse explicitement).
7.
∗R´ eciproquement, montrer que si T
aest surjective, alors inf
n∈N
|a
n| 6= 0.
8. On suppose T
abijective. Montrer qu’elle d´ efinit un hom´ eomorphisme de (S
0, k · k
∞) dans lui-mˆ eme et que les normes k · k
aet k · k
∞sont ´ equivalentes.
Exercice 3 : Th´ eor` eme de Cauchy-Lipschitz lin´ eaire
(ATTENTION ! L’objet de ce probl` eme ´ etant de d´ emontrer le-dit th´ eor` eme (´ enonc´ e ci-apr` es), il ne doit bien sˆ ur pas ˆ etre suppos´ e connu. De la mˆ eme fa¸ con, dans la premi` ere partie, on ne suppose pas connue la fonction exponentielle.)
Partie I : Un cas particulier
Soit b un r´ eel positif et (E, k·k
∞) l’espace des fonctions continues sur l’intervalle [0, b] ` a valeurs r´ eelles, muni de la norme uniforme. On admet qu’il s’agit d’un espace de Banach.
Soit T l’application de E dans E d´ efinie par:
∀y ∈ E, ∀t ∈ [0, b], (T (y))(t) = 1 + Z
t0
y(s) ds.
1. Justifier que l’on a bien T (y) ∈ E si y ∈ E et montrer que l’application T est lips- chitzienne de (E, k · k
∞) dans lui-mˆ eme (on fournira une constante de Lipschitz).
2. ´ Enoncer le th´ eor` eme du point fixe de Banach-Picard (sous sa forme compl` ete, incluant le comportement des orbites).
3. On suppose d´ esormais b < 1. Justifier qu’il existe une fonction y unique dans E telle que T (y) = y. Que dire de la convergence de (T
n(z))
n∈Ndans (E, k · k
∞), pour tout z ∈ E ?
4. En d´ eduire qu’il existe une unique fonction y d´ erivable sur [0, b] telle que y(0) = 1 et y
0= y, et qu’elle est limite uniforme sur [0, b] de la suite constitu´ ee des fonctions polynomiales P
n: t 7→ P
nj=0 tj
j!
, n ∈ N .
Partie II : Th´ eor` eme g´ en´ eral
Soit k ∈ N
∗. Le but de cette partie est de d´ emontrer le th´ eor` eme suivant (o` u R
kest muni d’une norme k · k quelconque, et M
k( R ) de la norme subordonn´ ee ||| · ||| associ´ ee) : Th´ eor` eme (Th´ eor` eme de Cauchy-Lipschitz lin´ eaire.). Soit I un intervalle de R , A : I → M
k( R ) et B : I → R
kdes applications continues et (t
0, y
0) ∈ I × R
k. Alors le probl` eme de Cauchy
(∗)
y
0(t) = A(t) · y(t) + B(t) y(t
0) = y
0admet une unique solution y : I → R
k.
1. On se restreint pour l’instant au cas I = [a, b] avec a < b ∈ R . E d´ esigne dor´ enavant l’ensemble des fonctions continues de I dans R
ket, pour y ∈ E, on note kyk
∞= sup
t∈[a,b]ky(t)k (la partie pr´ ec´ edente traite donc du cas particulier k = 1, k · k = | · |, a = 0 et b > 0). On admet ` a nouveau que (E, k · k
∞) est un espace de Banach.
Avec les notations du th´ eor` eme, on d´ efinit
T : E → E
y 7→ T (y) : t ∈ [a, b] 7→ y
0+ R
tt0