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Absence de représentations ou Représentation d'une absence ? Pour une socio-anthropologie de l'énergie

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Absence de représentations ou Représentation d'une absence ? Pour une socio-anthropologie de l'énergie

DOBIGNY, Laure

DOBIGNY, Laure. Absence de représentations ou Représentation d'une absence ? Pour une socio-anthropologie de l'énergie. In: Poirot-Delpech S. & Raineau L. Pour une

socio-anthropologie de l'environnement, Tome 1 : Par-delà le local et le global. Paris : L'Harmattan, 2012. p. 149-164

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:103531

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In: Poirot-Delpech S., Raineau L. (eds), Pour une socio-anthropologie de l’environnement, Tome 1 : Par-delà le local et le global, L’Harmattan, coll. SocioAnthropo-logiques, pp. 149-164.

ABSENCE DE REPRÉSENTATIONS OU REPRÉSENTATION D’UNE ABSENCE ? POUR UN SOCIO-ANTHROPOLOGIE DE L’ÉNERGIE

Laure Dobigny

« Je me souviens que l’abbé [Barthélemy] me tourna en ridicule une fois que, par hasard, je prononçai ce mot énergie.

Eh bien ! qu’il sache qu’aujourd’hui il est devenu à la mode, et qu’on n’écrit plus rien qu’on ne le place ».

Mme Du Deffand, Lettre à la duchesse de Choiseul, 1779.1

L’énergie apparaît aujourd’hui au centre de l’attention des sociétés occidentales. On ne compte plus les innombrables débats dont elle fait l’objet, et la « question énergétique » semble dès lors préoccuper les sphères les plus diverses de la société. Objet d’étude de prédilection pour la physique, l’ingénierie ou encore les sciences politiques et économiques, c’est une énergie objectivée qui nous est présentée au travers de ces discours. Qu’il s’agisse d’atteindre l’« efficacité énergétique » ou d’appeler le citoyen à une « maîtrise de l’énergie » (MDE), l’objectivation de l’énergie ne semble nullement remise en cause ou objet de controverses. Pour autant, comme nous le rappelle judicieusement I. Illich, l’« énergie » est une conception récente, tout comme son pendant théorique « E »2.

C’est d’ailleurs la difficulté à laquelle se confronte le socio-anthropologue dans son étude de terrain : omniprésente dans nos sociétés modernes, l’énergie, « quasi-objet » ou « quasi abstraite », dont l’usage est quotidien pour chacun d’entre nous, brille par son absence de représentations.

L’énergie serait-il un objet que l’on ne se représente pas, et dès lors un objet que l’on ne pense pas ? Un tel objet est-il encore un « objet » ?

Le nucléaire, le gaz ou les éoliennes peuvent bien sûr être l’objet de représentations particulières, et notamment leurs installations techniques – convertisseurs et réseaux énergétiques. Mais cela ne figure pas tout à fait « l’énergie » comme dénomination commune de cet ensemble hétéroclite, ni tout à fait de celle que nous utilisons au quotidien. Qu’elle soit du gaz, de l’électricité nucléaire ou éolienne, « l’énergie » se fait subtilement oublier dans les pratiques quotidiennes, et tout se passe comme si elle ne pouvait être pensée pour elle-même. L’objectivation de l’énergie ne trouve pas écho dans les usages quotidiens et leurs représentations.

Plus précisément, sous l’entité « énergie » se mêlent des conceptions plurielles : celle du physicien, « E », abstraction théorique employée au sein d’équations, « pure création de l’esprit humain »3, et qui, comme pour le technicien, est entendue comme la capacité d’un système à produire un travail ; de celle-ci découle, sans pour autant la recouvrir, l’énergie « objectivée » des experts, économistes ou politologues ; et puis il y a l’énergie que le physicien, l’économiste, l’expert et tout citoyen d’une société occidentale « pratiquent » ou font usage, lorsqu’ils allument leur ordinateur, la lumière ou le chauffage. Celle-ci n’est pas objectivée dans les pratiques comme

1 M. Du Deffand, « Lettre à la duchesse de Choiseul, 17 septembre 1779 », dans Correspondance complète de Mme Du Deffand avec la Duchesse de Choiseul, l’abbé Barthélemy et M. Craufurt, t. 3, 1866, p. 361.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73359m.r=.langFR

2 I. Illich, 2010, p. 211-227.

3Selon I. Illich en effet, Einstein « maintint sa vie durant qu’une entité telle que « E » "ne peut être dérivée logiquement de l’expérience mais doit plutôt être comprise comme une pure création de l’esprit humain” », op. cit., p. 216.

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dans les représentations. Aussi, cette « objectivation » de l’énergie, construction sociale occidentale, ne voile-t-elle pas finalement ce qui se joue, socialement, par l’appropriation de l’énergie et son usage ?

L’absence de représentations ne serait-elle pas plutôt représentation d’une absence ? Car, loin d’être un obstacle insurmontable, cette absence de représentations est au contraire signifiante. Un objet qu’on ne pense ni qu’on ne se représente, malgré un usage quotidien, cela a un sens et nous dit quelque chose. Non pas ce que serait l’énergie, en soi, et encore moins ce qu’elle devrait être, mais le sens social que revêt son appropriation et usage.

De par son attention au local, le « détour » socio-anthropologique4 permet cette mise en lumière de phénomènes comme voilés à une échelle d’observation plus grande ou macro. L’étude du local nous dévoile ainsi ce qui se compose ou recompose, socialement, autour de l’appropriation de l’énergie.

L’étude d’une forme particulière et spécifique d’appropriation de l’énergie – l’auto-production locale et collective au moyen d’énergies renouvelables – nous montre que celle-ci s’inscrit dans – et implique – un autre rapport à la nature, mais aussi de nouveaux rapports sociaux et symboliques (identification et identité collective).

Elle nous conduit dès lors à émettre le postulat que l’appropriation de l’énergie, quelque soit le système énergétique utilisé, est un fait social total, au sein duquel l’énergie, « quasi abstraite », n’est que support et médiateur d’un rapport particulier au monde, c’est-à-dire, aussi, une construction sociale.

L’auto-production comme « lieu » de cohabitations (naturel, social, symbolique)

L’enquête de terrain à laquelle nous ferons ici référence porte sur quatre communes rurales de 800 à 4 000 habitants, en Allemagne et en Autriche5. Il s’agit de communes ayant mis en place des installations d’énergies renouvelables collectives (sous forme de coopératives d’habitants, de partenariat public-privé, c’est-à-dire municipalité-habitants, etc.) et dont la production d’énergie est supérieure ou égale à la consommation locale. L’étude se centre sur la production et la consommation d’électricité et de chaleur (domestiques et publiques), et met délibérément de côté la question des carburants – la mobilité étant une problématique spécifique. Cependant, une partie des communes étudiées ont une autonomie en carburant6, bien que cette dernière soit plus difficile à évaluer (multiplicité des lieux d’approvisionnement possibles).

Ces installations collectives vont donc produire de la chaleur, à partir de biomasse (chaudière à bois, méthanisation) sur des petits réseaux locaux fermés. L’électricité produite (méthanisation, solaire photovoltaïque, éolien, turbines hydrauliques) est quant à elle réinjectée dans le réseau national, indirectement (surplus) ou directement. À ces installations collectives s’ajoutent également des installations individuelles (solaire thermique et photovoltaïque, chaudière à bois, etc.).

Si toutes ces communes ont donc une autonomie énergétique totale, celle-ci était rarement, à l’origine de ces projets, la finalité poursuivie. Dans la plupart de ces communes, c’est une

4 Balandier G., 1985.

5 Freiamt (Bade-Wurtenberg, Allemagne), Jühnde (Basse-Saxe, Allemagne), Mureck (Styrie, Autriche) et Güssing (Burgenland, Autriche). Réalisé de mars à juillet 2008, ce terrain repose sur des observations et des entretiens semi-directifs, dans la langue maternelle des interviewés (allemand).

6 Au moyen de presses à huile (colza) et d’installations de retraitement des huiles usagées essentiellement, comme c’est le cas à Mureck et Güssing.

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succession de projets d’énergies renouvelables, sur une échelle de temps assez variable (de cinq à vingt ans, suivant la taille des communes et la date du premier projet), qui les a finalement conduit à atteindre une autonomie énergétique totale. Ce n’est pas l’auto-suffisance qui était recherchée, mais plutôt une certaine autonomie : décisionnelle, économique, politique, etc. Une autonomie donc au sens de « faire soi-même » (auto-production, auto-gestion), qui dépasse la simple question de l’énergie, bien que celle-ci en soit le support.

L’auto-suffisance ou autonomie énergétique de ces communes, aujourd’hui atteinte, est en effet peu perçue, revendiquée ou mise en avant par les habitants. Il y a une fierté et une identification des habitants à ces installations, mais si une identité collective se construit bien à travers de ces projets (nous y reviendrons), ce n’est pas autour de l’idée d’« autonomie » de la commune.

En ce sens, la finalité de l’autonomie énergétique ne semble pas être l’autonomie énergétique.

Celle-ci serait davantage à comprendre, au sens de Castoriadis, comme processus d’autonomisation, où ce qui se modifie, c’est le rapport de l’individu ou du groupe à ses institutions7.

Les initiateurs et acteurs de ces projets sont en effet les habitants – très rarement les élus – et tout particulièrement les agriculteurs. Il s’agit donc d’une réappropriation de l’énergie par des citoyens ordinaires, et à travers celle-ci, ce sont avant tout de nouvelles cohabitations, de nouvelles manières d’être ensembles et d’être avec la nature qui se mettent en place.

Les EnR : médiation d’un rapport particulier à la nature

L’usage des énergies renouvelables (EnR) s’inscrit tout d’abord dans un autre rapport à la nature, en se greffant sur un phénomène naturel sans le détruire, ni le « maîtriser ». Ce choix se situe ainsi en rupture vis-à-vis des technologies modernes et du rapport moderne à la nature, sous-tendu par l’usage de celles-ci.

Ce choix technique s’inscrit en effet dans un rapport qui n’est ni celui de la prédation, ni de la maîtrise : on se greffe sur des flux (rayonnement solaire, vent) sans les « capter », les prendre ou les détruire.

Cela peut néanmoins les « modifier » : un champ de plusieurs éoliennes industrielles crée par exemple des turbulences (relatives au diamètre des pales) au sein des couloirs de vents. Mais c’est là une question d’échelle. Bien que techniquement semblables, une distinction doit en effet être opérée entre les convertisseurs entendus comme « industriels », c’est-à-dire de grande envergure (éolienne de plusieurs mégawatts, grand barrage hydroélectrique), et qui, s’ils ne détruisent pas ces flux, les modifient parfois considérablement (déplacement du lit d’une rivière et inondation de terres pour les barrages hydroélectriques et leurs bassins de retenue d’eau), et les mêmes convertisseurs de petite envergure : une éolienne de quelques kilowatts, une turbine hydraulique

« au fil de l’eau » (ou « micro-hydraulique », sans retenue d’eau), etc. Les installations collectives étudiées sont pour la plupart de petite envergure.

Si le vent et le rayonnement solaire peuvent donc être considérés comme des flux sur lesquels les petits convertisseurs EnR se greffent sans les détruire, l’utilisation de la biomasse est quelque peu différente. Qu’il s’agisse du bois ou de la méthanisation8, cette énergie considérée comme « semi- dense », tient son caractère renouvelable de la gestion humaine qui en sera faite (replanter ou ressemer la quantité prélevée). C’est ainsi un rapport particulier au vivant qui est à l’œuvre dans l’usage de ces techniques, dont l’analogie, récurrente, entre EnR et animal est signifiante.

7 Castoriadis C., 1975.

8 Procédé technique composé d’une cuve dans laquelle de la matière organique (herbes, lisiers, rebuts organiques, céréales, etc.) va, sous l’effet de bactéries, se décomposer en produisant du méthane qui sera récupéré

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Si les énergies de flux peuvent se voir qualifiées de « sauvages », il en est de même pour les énergies semi-denses. La géothermie est par exemple décrite comme « la première énergie sauvage domestiquée par l’homme, longtemps avant le feu »9. L’entité abstraite des physiciens (E) devient donc, pour les EnR, « quelque chose » de bien plus concret : non seulement « sauvage », elle serait « domesticable ». Mais l’analogie ne s’arrête pas là, et elle est particulièrement présente en ce qui concerne la méthanisation.

Il n’est tout d’abord pas anodin de remarquer que la cuve de méthanisation (où fermente la biomasse) est appelée un « digesteur » ; ce qui peut s’expliquer par le fait que « ce processus complexe [décomposition de matières organiques par des bactéries] est à l’œuvre dans le système digestif des humains et animaux »10. En effet une analogie surprenante, mais récurrente, entre la méthanisation et la vache ressort fortement du terrain (dont de nombreux acteurs, rappelons-le, sont des agriculteurs).

Nous en citerons deux exemples. Le premier se situe dans une commune allemande, où un couple d’agriculteurs dont l’activité consistait à la production de viande bovine a dû cesser son activité suite à la crise sanitaire de la « vache folle ». Leur cheptel avait été entièrement abattu et ils n’avaient plus de perspectives dans cette filière. Ils ont donc cherché une reconversion de leur activité, et ont mis en place une micro-centrale de méthanisation sur leur ferme (production d’électricité dont le surplus est revendu au réseau, et un micro-réseau de chaleur auquel sont raccordées les maisons voisines). Lors de l’entretien, la comparaison entre les vaches et l’énergie, ainsi qu’entre le travail pour la production de l’un et de l’autre, sera constante. Cette agricultrice expliquera ainsi qu’ils produisent aujourd’hui exactement les mêmes cultures, et dans des quantités identiques (même nombre d’hectares) qu’ils le faisaient auparavant, mais qu’au lieu de servir à nourrir les vaches, ces cultures servent aujourd’hui à « nourrir » le digesteur11.

Une comparaison semblable sera faite, dans une commune autrichienne, par l’opérateur de méthanisation – chargé de la fermentation, c’est-à-dire du bon équilibre de bactéries, pour que le rendement énergétique soit le plus constant et le plus efficace possible – qui, pour expliquer à quel point ce travail « d’équilibre » était précis et fragile, disait de la gestion du digesteur qu’elle était aussi pointue et minutieuse que l’alimentation (la ration) d’une vache.

Ces exemples illustrent bien la représentation qu’ont les acteurs de ces techniques et le rapport à la nature dans lequel s’inscrit l’usage de celles-ci. L’analogie entre méthanisation et vache montre qu’à travers l’usage de ces techniques, il y a un rapport signifié et signifiant au vivant.

Si l’on peut considérer, quelque part, que produire de la viande, c’est aussi produire de l’énergie (pour l’organisme humain), il s’agit néanmoins de réalités différentes, c’est-à-dire qu’un digesteur n’est pas une vache. Aussi, bien que cette agricultrice considère que son travail soit aujourd’hui plus facile (moins de fatigue et de contraintes : elle n’a plus à se réveiller la nuit pour un vêlage ou subir de contrariétés lorsqu’une bête est malade), cette reconversion, « forcée », semble néanmoins douloureuse. Cette analogie ne signifie en effet pas qu’une technique puisse être équivalant à un animal, mais qu’il y aurait quelque chose de comparable dans le rapport au vivant qu’elle implique.

L’usage de ces techniques s’inscrit-il pour autant dans un rapport à la nature pré-moderne ou préindustriel ?

Le deuxième exemple cité montre que certaines valeurs modernes sont bien mobilisées : la conception technicisée d’une ration de bétail est relativement récente. L’idée qu’une ration doive être optimisée pour augmenter la production d’un animal (sa production de lait, par exemple) et

9 Lhomme J.-C, 2004, p. 26.

10 Ibid., p. 175.

11 Auxquels s’ajoute du lisier, apporté par les agriculteurs voisins et qui leur est rendu sous forme d’amendement à épandre sur les champs.

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qu’elle relève donc d’un savoir d’expert, vient de l’industrialisation de l’agriculture et de l’introduction des experts agricoles dans les exploitations12.

Le rapport à la nature dans lequel s’inscrit l’usage de ces techniques ne serait dès lors ni tout à fait moderne, ni tout fait pré-moderne. Il y aurait plutôt des allers-retours entre tradition et modernité, un « mélange » des valeurs et des rapports modernes et pré-modernes, et peut-être finalement un

« dépassement » de ces deux rapports au monde, en se situant au-delà de ceux-ci, tel que le postule Deléage pour les pratiques d’agriculture durable13.

Ainsi, les convertisseurs EnR qui, de par de leur développement actuel, pourraient être considérés comme modernes, gardent bien quelque chose de la technique pré-industrielle dans le rapport à la nature qu’ils impliquent. En dépit des améliorations techniques sur ces convertisseurs (augmentation du rendement énergétique dans la conversion photovoltaïque, ou même thermique par des revêtements différents, etc.), leur fonctionnement n’en reste pas moins dépendant des aléas climatiques, à savoir la présence de vent, de soleil ou de conditions climatiques favorables aux cultures. Et elles demeurent malgré tout des techniques simples et compréhensibles à la portée de tout bon bricoleur, que ce soit pour leur construction ou leur entretien (pour des convertisseurs de petite envergure bien sûr).

L’usage de ces techniques, de plus, s’inscrit dans un lieu. Non seulement puisque le choix de telle ou telle EnR (solaire, éolien, méthanisation, etc.) ainsi que du convertisseur vont dépendre des ressources naturelles spécifiques au territoire local, mais aussi parce que ce choix technique va être pensé et dimensionné pour les spécificités d’un lieu – gisements naturels, nombre d’habitants, consommations locales (présence d’entreprises ou non), et devient non transposable dans un autre lieu.

L’installation d’EnR suppose également de composer avec les particularités du territoire, dans le cas, par exemple, d’une commune située dans un parc naturel, comme Freiamt, et plus généralement quand se posent les questions controversées du « paysage ». C’est-à-dire que cela implique pour les acteurs locaux de préciser et de s’accorder sur leurs conceptions particulières de la nature.

L’usage de ces techniques s’inscrit également dans une temporalité spécifique, de par l’intermittence de la production d’énergie, mais également parce que ce choix nécessite une projection dans « un temps long », que ce soit en terme de rentabilité de ces installations (de dix à vingt ans) ou de leur impact positif sur l’environnement.

À travers le choix technique de dépendre de la nature (les aléas des conditions climatiques par exemple) et de ne plus la maîtriser, c’est finalement la notion même de « puissance » qui se trouve abandonnée, et donc plus généralement l’idéologie de la modernité construite justement sur cette libération par rapport aux contraintes de temps et de lieu. Une libération rendue possible par l’usage d’énergies de stock comme les énergies fossiles et fissiles, à travers les macro-systèmes techniques (MST)14.

Or cette dépendance, consentie, à la nature s’accompagne également d’une dépendance, tout autant consentie, au groupe.

12 Mendras H, 1984.

13 Deléage E., 2004 et 2005, p. 77-95.

14 Gras A., 2003.

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Si cette autoproduction énergétique amène en effet une certaine indépendance vis-à-vis des MST et de la société englobante, c’est une autonomie collective. Ce choix constitue donc à la fois un renversement dans les rapports à la nature et dans les rapports sociaux.

Cette plus forte dépendance individuelle au groupe est aussi une souveraineté collective qui, parce qu’elle est choisie et non subie, est créatrice de liens sociaux, et reflète avant tout de nouvelles manières de concevoir, d’être et de faire société.

Auto-production locale, recompositions sociales

La mise en place de ces projets va en effet amener à mobiliser les compétences et savoirs des habitants de la commune, ainsi qu’à définir, et donc « rendre visibles », les attentes et besoins des acteurs locaux (municipalité, entreprises, agriculteurs, hôteliers, restaurateurs, riverains, etc.).

Ce sont ainsi la place et le rôle des habitants qui se redéfinissent dans ces communes. En premier lieu, celle des agriculteurs, qui ont une place centrale dans ces projets. Ils vont en effet fournir soit des terres, soit des ressources en biomasse (pour la méthanisation, les chaufferies au bois, sous forme de contrat avec la coopérative d’habitants ou la municipalité). Mais c’est également le cas de tous les habitants acteurs de ces projets, dont la mise en place repose sur la mobilisation des compétences et des savoirs spécifiques de chacun. À Jühnde, par exemple, avaient été mis en place huit groupes de travail pour l’élaboration de la micro-centrale de méthanisation (choix du digesteur, de la chaudière à bois, dimensionnement de l’installation, situation dans la commune, obtention de financements, etc.) avec une restitution régulière à tous lors d’assemblées générales.

Cela peut également passer par des formations professionnelles spécifiques de certains habitants, en fonction des besoins du projet ou de la coopérative (gestion et contrôle de la méthanisation, formation à la conduite de visites touristiques des installations, etc.).

Aussi, l’autonomie énergétique, en localisant le système de production dans son entier, dévoile le rôle et la nécessité de chacun de ses acteurs. Il y a bien coopération autour de la production d’énergie dans ces communes, et la visibilité de cette coopération crée du lien social.

Cette coopération, en s’inscrivant dans un système d’échange local – de la production à la consommation – permet aussi, par la compréhension du système de production et de ses impératifs, de concilier les habitants autour de ces installations. La compréhension des nécessités de la production permet en effet d’en accepter les contraintes, qui ne sont d’ailleurs pas perçues comme telles puisque ces installations résultent de concertations entre les habitants (situation dans la commune, etc.) et sont dès lors parfois presque déniées.

Parce qu’elles sont choisies (collectivement) et non subies, les habitants considèrent donc davantage le bénéfice fourni par ces installations (une auto-production d’énergie non polluante et économique) que leurs éventuelles contraintes. Les trois éoliennes de Freiamt figurent par exemple sur la carte touristique et servent de repère spatial (« j’habite au pied de l’éolienne ») ou météorologique (les pales d’éoliennes s’orientant en fonction des vents dominants).

Ces installations peuvent également conduire à (ré)concilier activités de production et de résidence. Une micro-centrale de méthanisation permet, par exemple, que l’épandage sur les champs n’ait plus d’odeur, le lisier étant passé dans le digesteur pour en extraire le méthane. Les attentes des riverains (diminution de nuisances) sont ainsi conciliées avec celles des agriculteurs (disposer d’un amendement de bonne qualité).

La production d’énergie devient donc « lieu » de co-habitations entre les habitants, de par la coopération autour de celle-ci, mais aussi par la compréhension du système de production. Ce qui concours à la création de solidarités intra et extra-communales.

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Non seulement parce que les habitants se sont « fédérés » autour de ces projets et dès lors

« rencontrés » (notamment entre nouveaux et anciens habitants), mais aussi par la coopération qui s’instaure autour ces installations, et la conciliation des diverses attentes. Ce sont ainsi les normes sociales locales de l’« être ensembles » qui se modifient, comme en témoigne cette habitante de Jühnde qui vivait dans la commune depuis vingt-quatre ans, mais qui ne connaissait et ne fréquentait, avant le projet, que trois ou quatre personnes de la commune :

« Je dirais que les gens sont plus proches, entre eux. Nous-mêmes avons beaucoup plus de contacts… avec notre entourage aussi. Avec pas seulement l’entourage, avec beaucoup de gens du village, avec lesquels on a travaillé, avec lesquels on a souvent été, discuté… cela a rapproché les gens entre eux. Énormément. Moi-même, je m’adresserais maintenant presque à tout le monde dans le village en sachant qui c’est, la personne sachant qui je suis, et sans aucune gêne, sans aucune distance.

– Cela n’était pas forcément le cas avant ?

– Non. On est un peu comme une grande famille maintenant, on se tutoie presque tous (rires). Ah oui, c’est vrai ! On est… c’est notre projet, on est membre, on est membre de la coopérative, on est collègue, on est… On est plus que voisins, on a des intérêts communs. Et des idéaux communs. »

La création de nouvelles solidarités entre les habitants ne conduit cependant pas à une fermeture de ces communes vis-à-vis de l’extérieur, mais, au contraire, à une ouverture et à la constitution de liens sociaux extra-communaux, qui n’existaient avant ces projets : que ce soit à travers des échanges autour de l’énergie, des jumelages internationaux entre communes ayant mis en place des EnR, mais aussi de par le tourisme international qui se crée autour de ces projets communaux.

Si l’on peut donc parler d’une recomposition du social à travers ces projets énergétiques, c’est parce qu’ils ont des implications sociales, politiques et économiques (par l’auto-production énergétique, mais également le « tourisme énergétique » que cela amène dans ces communes) qui constituent une réelle réorganisation sociale locale.

L’auto-production, « lieu » symbolique : identification et identité collective

Il existe dès lors une fierté et une forte identification des habitants à ces installations et, de fait, à la commune, comme en témoigne cette habitante (Allemagne) :

« On se sent fort. On se sent Jühnde. On se sent habitant de Jühnde et pas seulement individus.

[…] Maintenant, nous sommes « Bioenergiedorf » (le village bioénergie), on s’identifie avec ça. »

À travers ces projets, un lien collectif et individuel des habitants à la commune se crée donc, et, par là, une identité collective.

Dans toutes ces communes, cela était en effet rarement le cas avant la mise en place de ces projets, comme le précise ce maire (Autriche) :

« L’identification [des habitants] à la commune est grande. Ça n’a pas toujours ainsi. Il s’ajoute à cela une fierté : nous vivons dans une ville modèle pour les énergies renouvelables. C’est une fierté. »

Or, cette identification, tant aux installations qu’à la commune, est également partagée par les habitants n’ayant pas personnellement participé au projet : que ce soit à Güssing, où la municipalité a initié et mis en place les installations EnR15, ou, dans les autres communes, parce

15 Le financement des installations y est néanmoins un partenariat public-privé : 51% des parts sont détenues par la commune, 49% exclusivement par des habitants de Güssing ; la mairie ayant souhaité garder la majorité

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que ces habitants n’ont pas souhaité ou n’ont pas pu s’investir (et investir) dans ces projets collectifs.

S’il se construit donc bien une identité collective autour de ces projets, c’est peut-être parce qu’à travers ces installations EnR, c’est l’image de la commune et même celle que les habitants ont d’eux-mêmes qui se modifient, comme l’observe cette maire (Allemagne) :

« – Que représente cette autonomie énergétique pour vous ?

– Je pense que cela a joué un rôle très important dans la prise de conscience, par notre population, de sa propre valeur (Selbstbewusstsein). Lorsque, avec cette autonomie énergétique, est venue une considération de la population d’ici. Nous sommes un peu sorti de cette voie, où l’on dit toujours

« ah ceux-là, au fin fond de leur campagne », c’est-à-dire considérés d’un point de vue assez négatif par les citadins. Et aujourd’hui les citadins viennent et regardent ce que l’on a fait à la campagne. Cela a joué un très grand rôle dans l’assurance de notre population. Financièrement, cela ne joue absolument aucun rôle, car nous [la mairie] n’avons pas de ce fait davantage de revenus. Mais indirectement, c’est ce que je disais tout à l’heure, parce que justement les gens restent ici. Donc l’importance réside finalement davantage dans – comment appelle t-on ça ? – les facteurs mous [non quantifiables] que dans les facteurs durs. L’importance ne réside pas dans des recettes plus élevées pour la commune, l’importance tient au fait que nos citoyens aient davantage de revenus, qu’ils restent ici, ce facteur mou de localisation et je dirais aussi, psychologiquement, cette estime de soi (Selbstwertgefühl). Celle-ci a, ces dernières années, très fortement augmentée.

Les gens d’ici étaient un peu… timides ou, pas timides, ils étaient directement considérés comme

« ceux de la cambrousse », donc c’était ainsi, « des gens de la campagne ». Et ça s’est arrêté. Les gens disent maintenant « nous sommes fiers » et « nous sommes contents » et « nous vous avons montré quelque chose ». C’est-à-dire que c’est aussi très important pour tous les autres projets politiques que nous avons, naturellement ! »

Avec ces projets énergétiques, les communes démontrent en effet que l’innovation ne se situe pas uniquement dans les territoires urbains, lissant dès lors les différences et préjugés entre habitants de territoires ruraux et urbains.

L’auto-production énergétique devient ainsi véritablement « totem » d’une identité collective locale, c’est-à-dire représentation symbolique du groupe.

La présence physique de « représentations totémiques » est d’ailleurs particulièrement visible dans toutes ces communes : que ce soit à Mureck, un monument représentant l’auto-production énergétique, érigé en plein cœur de la commune sur une place d’ailleurs rebaptisée « Energie- Schau-Platz »16 ou, à Güssing, une sculpture présente en miniature chez certains habitants, mais érigée en monument sur un rond-point ; et dans la quasi-totalité des communes étudiées, une modification de la signalétique des rues (la présence de l’incontournable « Energiestrasse », rue de l’énergie), ou parfois même la modification du nom de la commune (« bioenergiedorf » à Jühnde).

Or si on peut considérer qu’il s’agit là de représentations totémiques, c’est bien parce que ce n’est pas, ou pas seulement, l’énergie qui est ainsi symbolisée et représentée, mais le groupe, la collectivité, cette nouvelle identité locale et collective construite autour de l’auto-production énergétique.

Il est ainsi intéressant d’observer que, dans cet extrait d’entretien où il était question des débats sur la situation de la micro-centrale de méthanisation dans la commune, cette habitante prenne, parmi

des parts, pour éviter toute spéculation sur les prix de l’énergie, et garantir ainsi une énergie à bas coût pour les habitants.

16 En lien avec le projet culturel et artistique « Energie-Schau-Strasse », présent dans différentes communes autrichiennes ayant mis en place des EnR.

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une infinité de possibles, l’exemple – signifiant – de l’église : « Et oui, mais le problème, c’est que… la situation géographique dans le village était importante, on ne pouvait pas non plus abattre l’église pour y poser la centrale, hein ? Donc il fallait que cela reste décemment dans la géographie du village. »

Si l’auto-production énergétique peut être comprise comme « totem » et objet de « représentations totémiques », c’est évidemment au sens d’E. Durkheim, comme symbole et représentation du groupe, de son identité collective (tel le drapeau en est selon lui un exemple)17. Et non pas du totémisme, dans son aspect religieux et ses redéfinitions ultérieures, ou encore tel que l’entend P.

Descola, comme une manière particulière de distribuer les continuités-discontinuités humains-non humains18. Il ne nous semble pas en effet, à cette étape de l’analyse, que l’on puisse considérer ici que l’énergie change de statut ou qu’elle fasse « partie » du collectif en ce qu’elle serait considérée comme membre du collectif.

Bien que ce choix technique s’inscrive dans un autre rapport à la nature, qui n’est pas celui de la prédation ni de la maîtrise, et soulève dès lors l’hypothèse qu’une autre conception du monde puisse être à l’œuvre, ou en construction ; le « partage » naturaliste n’apparaît pas, lui, remis en cause. Il n’est cependant pas contradictoire qu’au sein de la même représentation naturaliste du monde, il existe différentes manières de concevoir les rapports avec la nature et autrui. P. Descola montre ainsi que des sociétés partageant une même ontologie, se distinguent néanmoins par un ethos spécifique, c’est-à-dire que des valeurs et principes parfois très différents guident leurs rapports à autrui et à la nature. Ainsi, les Tukano et Jivaro, deux sociétés animistes, ont une manière antagonique de concevoir leurs rapports au monde social et naturel : à l’obsession de la réciprocité des Tukano s’oppose la prédation généralisée des Jivaro19.

Ce choix énergétique s’inscrit donc dans un rapport particulier à la nature, sans pour autant renoncer au naturalisme, et dans de nouvelles manières de penser et de vivre le lien social – c’est- à-dire avant tout dans une autre conception de ces rapports.

La mise en place d’EnR, en « micro »-systèmes techniques, constitue bien dès lors une autre forme d’appropriation de l’énergie (à la fois technique, économique, politique, symbolique) – c’est une innovation sociale, avant d’être technique ; en rupture avec les technologies modernes, elle n’en est pas pour autant pré-moderne.

Conclusion

Ce « détour » par le local, nous montre que l’appropriation de l’énergie, quelque soit le système énergétique utilisé, est un « fait social total » : à travers celle-ci s’expriment à la fois toutes sortes d’institutions (politiques, juridiques, économiques, religieuses, etc.)20. Les choix énergétiques sont donc intimement liés à une manière particulière de concevoir les rapports à la nature et les rapports sociaux.

Si le postulat de lien intrinsèque entre pratiques et représentations trouve un ancrage théorique solide dans la littérature sociologique et anthropologique, telles que le montrent les analyses de M.

Weber pour l’organisation socio-économique21 et P. Descola pour les rapports à la nature22 ; la

17 Durkheim E., Les formes élémentaires de la vie religieuse [1912] Paris, PUF, éd. 2008.

18 Descola P., Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.

19 Descola P., « L’anthropologie et la question de la nature », in Abélès M., Charles L., Jeudy H-P., Kalaora B.

(eds), L’environnement en perspective. Contextes et représentations de l’environnement, Paris, L’Harmattan, 2000, pp. 61-83.

20 Mauss M., « Essai sur le don », in Sociologie et Anthropologie, Paris, PUF, 1924, pp. 145-279.

21 Weber M., L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, [1904-1905] Paris, Flammarion, 2000.

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difficulté de sa démonstration dans l’étude de l’énergie réside peut-être, en ce que l’énergie ne constitue pas une Catégorie de pensée à part entière pour l’homme, mais n’est que le support et le moyen de représentations et de pratiques du monde naturel et du monde social.

De cette inconsistance ontologique de l’énergie qui ne serait que le simple support et moyen

« d’autre chose », naît la difficulté d’appréhender et de comprendre à la fois les choix énergétiques et les pratiques énergétiques. Une difficulté qui légitime néanmoins l’approche socio- anthropologique des questions énergétiques.

Ainsi, ce n’est pas la matérialité de l’énergie que nous questionnons, notamment de ses sources (vent, soleil, bois, gaz) ou de ses effets (chaleur, lumière, mouvement), mais son objectivation supposée voire admise, dans les pratiques comme dans les représentations occidentales.

Quasi-abstrait, l’énergie ne serait et ne pourrait être pensée pour elle-même : son appropriation étant et constituant un rapport à la nature en même temps qu’un rapport au social, elle n’est que moyen ou médiation au sein de ces rapports. Les choix et usages énergétiques sont dès lors moins liés aux représentations de l’énergie elle-même, qu’à celles qu’une société se fait d’elle-même, de la nature et de ces rapports.

Parler d’ « énergie » c’est donc parler d’autre chose. Aussi modifier les choix et usages énergétiques implique de modifier cet « autre chose » : les représentations, valeurs et normes sociales qui les conditionnent.

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22 Selon lequel en effet, « il s’agit de ne pas séparer les modalités d’usages du milieu d’avec leurs formes de représentation. C’est à cette seule condition que l’on peut montrer comment la pratique sociale de la nature s’articule tout à la fois sur l’idée qu’une société se fait d’elle-même, sur l’idée qu’elle se fait de son environnement matériel et sur l’idée qu’elle se fait de son intervention sur cet environnement », P. Descola, La nature domestique, Paris, éd. MSH, 1986, p. 12.

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