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Submitted on 1 Jan 1967
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Étude par la méthode des thermocourants ioniques des propriétés des dipoles lacune-impureté dans le fluorure
de lithium dopé
Carlo Laj, Pierre Bergé
To cite this version:
Carlo Laj, Pierre Bergé. Étude par la méthode des thermocourants ioniques des propriétés des dipoles lacune-impureté dans le fluorure de lithium dopé. Journal de Physique, 1967, 28 (10), pp.821-824.
�10.1051/jphys:019670028010082100�. �jpa-00206588�
ÉTUDE
PAR LAMÉTHODE
DESTHERMOCOURANTS IONIQUES
DES
PROPRIÉTÉS
DESDIPOLES LACUNE-IMPURETÉ
DANS LE
FLUORURE
DE LITHIUMDOPÉ
Par CARLO
LAJ
et PIERREBERGÉ,
Service de Physique du Solide et de Résonance Magnétique, Centre d’Études Nucléaires de Saclay,
B.P. n° 2, 9I-Gif-sur-Yvette.
Résumé. 2014 La méthode des thermocourants
ioniques
estappliquée
à l’étude du LiFdopé
avec des cations divalents. Elle
permet
une déterminationprécise
de la concentration dedipôles lacune-impureté. L’énergie
d’activation de rotation desdipôles
et le facteur defréquence 03C40-1
diminuent
quand
le rayonionique
del’impureté augmente.
Abstract. 2014 The ionic thermocurrents method is
applied
to LiFdoped
with divalent cationimpurities.
The concentration ofimpurity-vacancy dipoles
is measured withgreat
accuracy. The rotation activation energy and the
frequency
factor03C40-1
fordipôles
decreaseif the ionic radius of the
impurity
increases.1. Introduction. - La m6thode des thermocourants
ioniques (ITC) propos6e
par Fieschi et ses collabo-rateurs
[1], [2]
permet 1’6tude desdipoles
permanents dans undielectrique.
Cette methode consiste a orienter les
dipoles
parun
champ electrique
constant E a unetemperature Tp.
On refroidit ensuite
rapidement
1’echantillon souschamp jusqu’a
unetemperature To,
alaquelle
lesdipoles
ontperdu
toute faculte de se d6sorienter. Lechamp electrique
est alorssupprime
et1’echantillon,
relie a un 6lectrom6tre
sensible,
est r6chauff6 avitesse constante. Le courant de
depolarisation
estenregistre
en fonction de latemperature.
Nous avons utilise cette
technique
pour 1’6tude du fluorure de lithiumdope
avec des cations divalents.Les
dipoles permanents
sont alors formes par l’asso- ciation d’un cation divalent substitutionnel et d’une lacune induite d’ion lithium.Pour une vitesse de r6chauffement constante, dans le cas d’un seul
type
dedipoles,
le courant ded6pola-
risation a la forme d’un
pic dissym6trique
dont lemaximum est situe a la
temperature Till
donnee par :avec b =
d Tldt,
W =energie d’activation, T(T m) =
temps de relaxation a
T m.
L’aire delimitee par lepic est :
ou S est la surface de
1’echantillon, E
lechamp
elec-trique,
N le nombre dedipoles
par unite devolume,
Tp
latemperature
depolarisation, t
letemps
depolarisation
aTp, V,
le moment d’undipole
etPo la
polarisation
totale de l’ échantillon.L’energie
d’activation W peut etre d6termin6e parune seule
experience.
Achaque temperature,
la den-site de courant s’6crit :
ou
P(T)
est lapolarisation
de 1’echantillon a la tem-p6rature T,
soit :En introduisant on obtient :
sur tout l’intervalle de
temperature
couvert par lepic.
Lerapport Po/P(7")
est evaluegraphiquement
pour un nombre suffisant de
points
sur la courbe.La valeur
de r(T.)
se d6duit par la formule(1).
A toute
temperature
suffisammentbasse,
letemps
de relaxationpeut
etre determine directement par lamesure de la constante de temps d’etablissement de la
polarisation [3].
2. Conditions
expérimentales.
- Tous les 6chantil- lons utilises ont ete cliv6s apartir
de blocs monocris- tallins obtenus au laboratoire par une m6thode deArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019670028010082100
822
fusion
[4].
Ledopant
est introduit sous forme defluorure ou de chlorure
[5].
La teneur en
impuretes
est connueind6pendam-
ment par mesure de conductibilite
électrique
a~ 500 °C et, pour certains
6chantillons,
par activationneutronique.
Un echantillon « pur »presente
uneconductibilite et un
pic
ITCcorrespondant
a uneteneur
d’impuret6s
libres de - 10-7(1).
Les 6chantillons sont des lames d’environ 1 cm2 de surface et
0,5
mmd’epaisseur,
obtenues parclivage
suivant les
plans [100].
Une metallisation des surfaces a lalaque d’argent
ameliore le contact avec les elec- trodes et lerapport signal/bruit.
L’6chantillon est maintenu entre deux
plateaux metalliques parallèles
a l’int6rieur d’une enceinte 6tanche. Unthermocouple
brase sur l’un desplateaux
a
proximite
immediate de 1’echantillonpermet
deconnaitre la
temperature
de celui-ci avec un ecart maximum evalue a 3 OCpendant
lerechaunement.
L’échantillon, prealablement
dess6ch6 par un pom- pageprolonge,
estpolarise
a 220 OK sous azote sec.Cette
temperature
est suffisamment basse pourqu’on puisse negliger
lapolarisation supplementaire pendant
le refroidissement a 1’azote
liquide.
Au cours du r6-chauffement effectu6 a une vitesse de
0,1
a0,2°K/s,
la
pression
d’azote est ramenee A - 1 cmHg.
Lecourant de
depolarisation
est mesure avec un 6lectro-m6tre a condensateur vibrant
Cary 30, qui peut
detec-ter lO-15 A. Un
enregistreur
a deux voies continuespermet d’enregistrer
sur le memediagramme
le cou-rant et la f.e.m. du
thermocouple.
3. Rdsultats
expérimentaux.
- Lafigure
1 montre1’allure
caracteristique
d’unenregistrement.
Cet enre-gistrement particulier
a ete obtenu sur un echantillondope
auMg2+ (c
=2,3
X10-4) trempe depuis
N 600 °C dans 1’azote
liquide
etpolarise
avec unchamp
de 800V/cm.
Cette
trempe pr6alable
faittoujours
croitre lenombre de
dipoles
isol6s.Toutefois,
meme avanttrempe,
dans tous les 6chantillonsetudies,
unepartie
des
impuretes
est sous formedipolaire,
et ceciquel
que soit le traitement que l’on fasse subir a 1’echan- tillon
(ex.
recuitpendant
15jours
a 80OC).
Le faitqu’aucun phénomène
de relaxation ne soit d6celable par mesure depertes dielectriques
dans les 6chantil-(1)
Unepartie
desimpuretes
est «compens6e
» par lapresence
d’anions divalents.FIG. 1. -
Enregistrement
d’unpic
de thermocourant.Ions non
trempes [6]
est donc du a une sensibilite insuffisante de cette m6thode. Cepoint
estimportant puisque
cesdipoles
sontresponsables
de la conducti- bilit6électrique
atemperature
ambiante du fluorure de lithiumdope,
comme le montre une etudeparall6le
par ITC et conductibilite
electrique
d’échantillonsdopes
auMgF2 [7].
Le tableau I et la
figure 2,
relatifs a des echantillonsdopes
auMg2+,
montrent unecomparaison
entre laconcentration totale
d’impuretés
et la concentration dedipoles
mesuree parITC, apr6s
trempe des échan- tillonsdepuis
600 OC.FIG. 2. - Concentration de
dipoles
r6v6l6s partrempe depuis
600°C en fonction de la concentration totaled’impuret6s.
TABLEAU I
(2)
(2)
Dans l’évaluation du nombre dedipoles,
onprend
pour f1. la valeur «géométrique »
f1. = eay2
= 2,8 e.A.(3)
La concentration totaled’impuretes
est deduite des mesures de conductibiliteelectrique
à hautetemperature.
On voit que, dans Ie cas d’6chantillons suffisam-
ment peu
dopes,
latrempe permet
de faire passer la presque totalité duMg2 +
sous formedipolaire.
Au-delad’une concentration de l’ordre de 2 X 10-4 en
Mg2+,
le taux de
dipoles tremp6s
estindépendant
de laconcentration de
Mg2+
introduit. L’etude par diffrac- tion de rayons X[8], [9]
des cristaux fortementdopes
en
Mg2+ (c
=10-2)
montre laprésence
deprecipites
de
MgF2, qui
se dissolvent totalement dans Ie reseau parchauffage
a 600 oC. La saturation de la concen-tration de
dipoles
mise en evidence par le tableau Imontre
qu’il
estimpossible
detremper
sous formedispersee
cette fraction desimpuretes.
Ce resultat confirme 1’existence de limites de solubilite desimpu-
retes dans le reseau mises en evidence par conductibi- lit6
electrique [10]
et parpertes di6lectriques [9].
De
plus,
nous avons constate que la solubilite desimpuret6s
nedepend
pas defaçon simple
de leurtaille. Le Cd2 +
(r
=0,97 A),
parexemple,
est nette-ment
plus
soluble que Mn2 +(r
=0,80 A).
L’6nergie
d’activation de rotation dudipole (saut
de la lacune autour de
l’impuret6 divalente)
a 6t6mesuree pour un certain nombre de
dopants
derayons
ioniques
différents. Onpeut voir, figure 3,
troiscourbes
Log j’ (T) ==f(l/T)
obtenues dans le casde
Cd2+, Mg2+
et Sr2+. Pour tous lesdopants 6tudi6s,
ces courbes sont
toujours
des droites tres bien d6finies.Aucun fait
experimental
nesugg6re
1’existence dans LiFdope
des deuxph6nom6nes
de relaxation suscep- tibles decorrespondre
aux lacunes enposition
deFiG. 3. - Droites
j’(T)
=f (1 jT) (determination
de1’energie d’activation).
premier
voisin et secondvoisin,
observes parDreyfus
sur NaCI
dope
auMg2+ [11].
Les mesures par ther- mocourantsioniques
et conductibiliteélectrique [7]
indiquent
que dans LiF la lacune est tr6s vraisembla- blement enposition
deplus proche
voisin pour tous lesdopants
6tudi6s.Le tableau II resume les resultats obtenus : on voit que
1’energie
d’activation diminuesystématiquement quand
le rayonionique (Pauling)
del’impureté
aug- mente. Cette variation est encoreplus
6vidente surla
figure
4.FIG. 4. - Variation de
1’energie
d’activationen fonction du rayon
ionique
del’impuret6.
TABLEAU II
L’energie
d’activation demigration
d’une lacune libre dans le reseau est de0,75
eV. Lapresence
d’uneimpurete
diminue donc cetteenergie d’activation,
etceci d’autant
plus
que la taille del’impuret6
estgrande.
Les facteurs
préexponentiels To 1
sont calcul6s apartir
de W et de la formule(1),
cequi
revient a extra-poler -r(T.)
a1/7"
= 0. Cetteextrapolation
n’a6videmment de sens que dans la mesure ou la valeur W determinee par ITC sur un intervalle de 40 OC environ
est constante a toute
temperature (i.e.
il existe bienune
energie d’activation).
Dans le cas LiF :Mg2+,
lesresultats obtenus a
plus
hautetemperature
parpertes
di6lectriques [9]
coincidentparfaitement
avec les824
notres,
cequi justifie
cetteextrapolation.
La valeurde
io 1
ainsi determinee est entachee d’une erreurimportante. Toutefois,
laprecision
obtenue sur lamesure de W et
T ( Tril)
est suffisante(sauf
dans les casde Mn2+ et
Sr2+)
pourindiquer
que les termespr6ex- ponentiels
sontsignificativement
differents.L’hypo-
th6se 6mise par
Dreyfus [11], selon laquelle
le facteurde
fréquence "t’õl
serait constant dans NaCIdope,
n’estdonc pas
justifi6e
dans LiF.Notons,
deplus,
que dans NaCI1’6nergie
d’activation de rotation dudipole
augmente avec le rayon
ionique
del’impuret6,
contrai-rement a ce que nous observons dans LiF.
Dans le but d’etudier l’influence de la masse de l’ion Li+ sur le mecanisme de relaxation des
dipole5,
nous avons fait une serie de determinations de W et
"t’Õ1
sur des 6chantillonsdopes
auMg2+
et fortementenrichis en
Lis.
Les resultats obtenus montrent que1’energie
d’activation estsystematiquement superieure
a celle obtenue dans le cas d’echantillons de teneur
isotopique
normale. Cette valeur est0,655 ± 0,010 eV,
ce
qui
conduit a une valeur de"t’Õ1
de 3 X 1013s-i,
soit
+-2,5
foissuperieure
a celle obtenue pourLi7F : Mg2+.
La variation de
io
1 est bien dans le sens attendu pourl’isotope plus 16ger.
Les variationsquantitatives
de
W et To
ne sont pas immediatementinterprétables,
mais cette
experience
montrequ’un deplacement
deLi + intervient dans le mecanisme de relaxation.
Conclusion. - Les mesures par thermocourants
ioniques
et conductibiliteelectrique [7]
confirmentcertains resultats
(tels
que les limites desolubilite) déjà
obtenus par conductibiliteelectrique
et pertesdi6lectriques.
La sensibilite de 50 a 100 foissuperieure
a celle de cette derni6re methode permet d’etudier de tres faibles concentrations de
dipoles
lacune-impuret6, responsables
de la conductibiliteelectrique
a
temperature
ambiante du LiFdope.
L’energie
d’activation de rotation varie entre0,64
et
0,51 eV,
pour une variationrespective
du rayonionique
del’impuret6
de0,65
a1,13 A.
Le facteurde
frequence To 1
semble etre aussisignificativement
affecte.
Manuscrit requ le 31 mars 1967.
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