“a, b, c”, conducteur, discriminant.
par Marc HINDRY.
Consid´erons les trois conjectures d´esormais “classiques” : 1˚ conjecture “a, b, c” (Oesterl´e-Masser)
∀ >0,∃C > 0 telle que si a, b, c sont des entiers premiers entre eux v´erifiant a+b+c = 0 alors on a : max (|a|,|b|,|c|) ≤ CR(abc)1+.
Ici R(n) d´esigne le produit des facteurs premiers de n : R(n) = Q
`|n`.
Remarque : On peut bien sˆur formuler une conjecture un peu moins optimiste en rempla¸cant l’exposant 1 + par δ + avec δ ≥ 1.
2˚ conjecture (Frey)
∃δ ≥ 1 tel que ∀ > 0,∃C > 0 telle que si E est une courbe elliptique semi-stable d´efinie sur Q on ait h(jE) ≤ (6δ+) log(NE) +C.
Ici hd´esigne la hauteur usuelle (si x = p/q est une fraction sous forme r´eduite h(x) = log max(|p|,|q|); jE et NE d´esignent respectivement l’invariant et le conducteur de la courbe E.
Remarque : Nous ´etudierons surtout cette conjecture sous sa meilleure forme possible i.e. avec δ = 1 (Cf le paragraphe 1). Signalons que Frey propose une conjecture un peu plus g´en´erale : on n’exige seulement que les courbes soient semi-stables hors d’un ensemble fini fix´e de places (la constante C d´ependant alors de cet ensemble fini).
3˚ conjecture (Szpiro)
∀ > 0,∃C > 0 telle que pour toute courbe elliptique semi-stable d´efinie sur Q on ait : log ∆E ≤ (6 +) log(NE) +C.
Ici ∆E d´esigne la valeur absolue du discriminant minimal de E sur Z.
Nous exposons d’abord une construction de Masser [Ma] montrant qu’on ne peut enlever le terme dans ces trois conjectures (voir aussi [St-Ti]). Puis nous discutons l’´equivalence de ces conjectures et quelques unes de leurs cons´equences. C’est l’aspect le plus fascinant : l’existence d’un dictionnaire entre l’analyse des courbes elliptiques (sur Q) et des ´enonc´es arithm´etiques
´el´ementaires (ces id´ees sont pour une bonne part dues `a Frey [Fr] et sont ex- pos´ees en partie dans [Vo]). Nous terminons en comparant diverses notions de hauteurs et en traduisant la conjecture de Frey en terme de hauteur de Faltings.
Signalons que l’on peut bien sˆur formuler des ´enonc´es analogues sur un corps de nombres; nous nous restreindrons toutefois (arbitrairement) au cas du corps des rationnels. On peut aussi consid´erer le cas des corps de fonctions;
convenablement formul´ees, toutes ces conjectures sont alors vraies (voir [Ma- son]). Notons aussi que l’expos´e n’a aucune pr´etention d’exhaustivit´e sur les cons´equences de la conjecture a, b, c; par exemple pour une direction non abord´ee ici on pourra consulter [Lgv].
Je remercie Frey, Oesterl´e et Szpiro pour d’utiles commentaires et suggestions.
1– “Optimalit´e” des conjectures.
Th´eor`eme (Masser) : pour tout m il existe des entiers a, b, c premiers entre eux tels que : a+b+c = 0 et |abc| ≥ R(abc)3(logR(abc))m.
Remarques : On trouvera dans [St-Ti] une construction que l’on peut adapter pour obtenir a, b, c avec |abc| ≥R(abc)3f (R(abc)) o`uf est la fonction f(x) = exp c0√
logx/log logx
croissant beaucoup plus vite que (logx)m . . .mais moins vite que x (leur r´esultat est exprim´e avec max (|a|,|b|,|c|,)).
L’id´ee de la preuve est de choisir a et b avec des facteurs premiers fix´es et tels que a+b soit tr`es divisible par 2; la construction donne donc abc hautement divisible par 2 et la courbe de Frey associ´ee (Cf le § 2) est semistable et l’on v´erifie sans peine que :
h(jE) ≥ log ∆E ≥ 6 log(NE) + 6mlog log(2NE)−8 log 2.
Preuve : Soit un entier k ≥ (m + 4)/3 et soient p1, . . . , pk les k premiers nombres premiers impairs, on choisit un param`etre X suffisamment grand et on d´efinit P = {n = pa11 . . . pkak tels que n≤ X}. on d´esigne par C1, C2. . . des constantes pouvant d´ependre de k mais pas de X assez grand.
On voit ais´ement que N = cardP ≥ C1(logX)k. On d´etermine deux entiers e et t par les in´egalit´es : X < 2t ≤ 2X et N/2 ≤ t2e < N. Par le principe des tiroirs il existe une classe de congruence modulo 2e qui contientt+ 1 ´el´ements de P :
0 < x0 < . . . < xt ≤ X avec xi ∈ P et xi − xi−1 = yi = 2ezi. On pose di = pgcd(xi, xi1, yi) et a = xi/di b = xi−1/di et c = −yi/di et l’on suppose l’in´egalit´e du th´eor`eme fausse pour ce triplet d’entiers. Posons R = R(xixi−1yi/d3i), alors :
R ≤ R(xixi−1yi/di) ≤ 2p1. . . pk|yi|/di2e ≤ 2p1. . . pkX.
D’o`u (si X grand) log 2R ≤ 2 logX et l’in´egalit´e contredisant le th´eor`eme implique :
xixi−1yi/d3i
≤ C2|yi|3(2 logX)m/d3i23e ≤ C2 yix2i
(2 logX)m/d3i23e. D’o`u l’on d´eduit : |xi−1| ≤ |xi|3C2(2 logX)m/23e ≤ |xi|C3(logX)m−3k+3. Donc pour X assez grand |xi−1| ≤ |xi|/2, donc 1 ≤ x0 ≤ 2−txt ≤ 2−tX <
1, d’o`u la contradiction cherch´ee (typique des techniques d’approximation diophantienne).
Dans une autre direction Stewart et Tijdeman [St-Ti] montrent que l’on a l’in´egalit´e (h´elas assez faible) : log max (|a|,|b|,|c|) ≤ CR(abc)15.
2–Equivalence et cons´equences :
Rappels sur les courbes elliptiques (sur Q) – voir [Ta] ou [Si1] :
Si E est une courbe elliptique sur Qon peut trouver un mod`ele de Weierstrass globalement minimal avec des coefficients ai entiers :
y2 +a1xy +a3y = x3 +a2x2 +a4x+a6.
Sont associ´ees des quantit´es bi, ci,∆ qui sont des polynˆomes en les ai; l’inva- riantj se calcule par la formulej = c34/∆ et l’on a la relationc34−c26 = 1728∆.
Pour ceux qui pr´ef`erent les mod`eles de Weierstrass “classiques” le chan- gement (x, y)−→ ((x−3b2)/36,(y−3a1b2 + 12a3/216) donne un mod`ele
y2 = x3 −27c4x−54c6 avec un discriminant ´egal `a 612∆.
Rappelons que E a bonne r´eduction en ` si et seulement si ` ne divise pas ∆, a r´eduction multiplicative (resp. additive) si ` ne divise pas (resp. divise) c4. enfin on dit qu’une courbe est semi-stable sur Q si elle n’a r´eduction additive en aucune place (soit encore si ∆ et c4 sont ´etrangers).
Proposition 1 : La conjecture a, b, c entraˆıne l’´enonc´e suivant :
Pour tour positif il existe une constante C telle que pour toute courbe elliptique E sur Q on ait : max ∆,|c34|,|C62|
≤ C(NE)6+.
Je remercie Oesterl´e pour l’am´elioration –optimale– de l’exposant 6 + et signale que cette proposition est ´enonc´ee dans [Vo] mais que la d´emonstration donn´ee n’est valable que pour une courbe semi-stable.
Remarque : Il est clair que les conjectures de Frey et Szpiro sont contenues dans la conclusion de la proposition.
Preuve : On part de l’´egalit´e c34−c62 = 1728∆ et l’on posed = pgcd(c34, c26) et R = R(c34c261728∆/d3). On note ´egalement ]x[ le plus petit entier majorant le nombre r´eel x. Si l’on d´ecompose d =
s
Y
i=1
prii alors p3]ri i/3[ divise c34 et l’on peut ´ecrire :
R= R{(c4/Y
p]ri i/3[)3(c6/Y
p]ri i/2[)2(1728∆/Y
prii)Y
p3]ri i/3[+2]ri[−2ri} ≤
R{6(c4/Y
p]ri i/3[)(c6/Y
p]ri i/2[)(N/Y
pi)} ≤6|c4c6N|Y
p−]ri i/3[−]ri/2[−2ri−1 L’avant-derni`ere in´egalit´e ´etant vraie car d’une part R(∆) =R(N) et d’autre part si` 6= 2,3 divisedalors il y a r´eduction additive et `2 diviseN. On utilise alors la conjecture avec a = c34/d, b = c26/d et c = 1728∆/d et on obtient :
max |c34|,|c26|,|∆|
≤ Cn
|c4c6N|Y
pα(ri i)o1+
.
O`u l’on a pos´e : α(r) = r−]r/3[−]r/2[−1. On observe que α(r) ≤ 0 pour r ≤ 10 et on utilise le lemme suivant :
Lemme : Si ` divise d alors l’ordre de d en ` est au plus 10.
En effet si `4 divisait c4 et `6 divisait c6 le mod`ele de d´epart ne serait pas minimal, contrairement aux hypoth`eses; ainsi soit ordre`(c4) ≤ 3 soit ordre`(c6) ≤ 5.
On conclut donc que : max |c34|,|c26|,|∆|
≤ C|c4c6N|1+. On s’autorise dans la suite `a d´esigner par et C les constantes successives (a priori diff´erentes).
On obtient d’abord les in´egalit´es |c24| ≤ C|c6N|1+ et |c6| ≤ C|c4N|1+ qui entraˆınent les in´egalit´es : |c4| ≤ CN2+ et |c6| ≤ CN3+ d’o`u la proposition.
Interlude: [Br-K] contient comme remarque finale l’affirmation suivante qui contredit la conjecture de Szpiro (et donc abc): “Il existe une infinit´e de cour- bes elliptiques semi-stables dont le discriminant est une puissance septi`eme”;
heureusement (?) Mestre et Oesterl´e ont montr´e qu’il s’agit d’une erreur et qu’il n’existe pas de telle courbe.
Proposition 2 : La conjecture de Frey (avec exposant δ = 1) entraˆıne la conjecture a, b, c.
Remarque 1 : La conjecture de Frey avec exposant δ entraˆıne presque la conjecture a, b, c avec exposant δ : il faut supposer que l’un des trois nombres est divisible par 24 ( cette subtilit´e disparait si l’on autorise dans les
´enonc´es, comme le fait Frey, la r´eduction additive en 2).
Remarque 2 : D’apr`es la proposition 1 la conjecture de Frey (avec exposant δ = 1) pour les courbes elliptiques semi-stables entraˆıne la mˆeme in´egalit´e h(j) ≤ (6 +) logN +C pour toutes les courbes elliptiques.
Preuve de la proposition 2 : Soienta, b, ctels quea+b+c = 0 et pgcd(a, b, c) = 1; Supposons d’abord que 24 divise abc (Cf la remarque 1) ; on consid`ere la courbe de Frey associ´ee : y2 = x(x−a)(x+b), on sait qu’elle est semi-stable et l’on calcule ais´ement : j = 28(a2 +ab+b2)3/(abc)2 et ∆ = 2−8(abc)2. La conjecture de Frey appliqu´ee `a cette courbe s’´ecrit donc :
log max |a2 +ab+b2|3,|abc|2
≤ (6 +) log(R(abc)) +C
qui entraˆıne bien sˆur : log max (|a|,|b|,|c|) ≤ (1 +) log(R(abc)) +C.
Voyons que l’on peut se ramener au cas o`u 24 divise abc. En effet ´ecrivons a + b = c avec a, b et c positifs et, disons, b pair; supposons l’in´egalit´e de la conjecture d´emontr´ee lorsque 2s divise abc et supposons 2s−1 divise b.
Observons que : (a−b)2−(c)2+ 4ab = 0, de plus a−b, c et 4ab sont premiers entre eux et 2s divise 4ab donc on peut appliquer l’in´egalit´e “a, b, c” :
max |a−b|2, c2,4ab
≤ CR((a−b)abc)1+.
On observe aue max(a, b, c) = c, on majoreR(a−b) ≤ |a−b| ≤ c et on obtient bien :
c1− ≤ CR(abc)1+.
Addendum : On peut ´egalement montrer que la conjecture de Szpiro entraˆıne la conjecture a, b, c avec exposant 6/5 (lorsque 24 divise abc tout au moins).
En effet soita+b = c aveca, b et c ≥ 0 et disons a ≥ b ; on consid`ere la courbe
elliptique E : y2 = x3 − 2(a− b)x2 + (a+ b)2x. C’est une courbe isog`ene
`
a la courbe de Frey y2 = x(x + a)(x − b) : l’isog´enie de noyau le groupe d’ordre 2 engendr´e par P = (0,0) est donn´ee par les formules : (x, y) −→
(y2/x2,−y(ab+x2)/x2). On v´erifie que le mod`ele de E est minimal et semi- stable sauf peut-ˆetre en 2 (la courbe est semi-stable en 2 si et seulement si 24 divise abc) et que le discriminant du mod`ele vaut : D = −28abc4. La conjecture de Szpiro entraˆıne donc abc4 ≤ CR(abc)6+, ce qui donne l’in´egalit´e cherch´ee.
Proposition 3 : La conjecture abc entraˆıne l’´enonc´e suivant :
Pour tout positif il existe une constante C positive telle que si A, B, X, Y sont des entiers (non nuls), si m, n sont des entiers naturels non nuls, alors
ou bien AXm +BYn = 0 ou bien l’on a l’in´egalit´e :
|AXm+BYn| ≥ (C/|AB|){max (|AXm|,|BYn|)}1−1/m−1/n−.
Remarque : Cet ´enonc´e est une forme pr´ecise de la conjecture de Hall g´en´era- lis´ee formul´ee par exemple dans [L]. La conjecture originale de Hall concluait que |X3 − Y2| ´etait nul ou minor´e par C|X|1/2 ; la prudence a conduit `a introduire un , mais il n’est pas prouv´e qu’il soit indispensable ; on sait seulement construire une infinit´e de X, Y avec 0 < |X3−Y2| ≤ |X|1/2 d’apr`es [Da].
Preuve : SupposonsAXm+BYn = k 6= 0 et posons d = pgcd(AXm, BYn, k).
Remarquons que si |AXm| ≤ |BYn|/2 alors |k| ≥ |BYn|/2 et on est content.
On peut donc se restreindre au cas o`u : |BYn|/2 ≤ |AXm| ≤2|BYn|. Posons R = R(AXmBYnk/d3), alors :
R ≤ R(AXmBYnk/d) = R(ABXY k/d) ≤ |ABXY k|/d et la conjecture abc entraˆıne donc :
|AXm| ≤ C|ABXY k|1+ et comme par hypoth`ese |Y| ≤ 2|AXm|1/n/|B|1/n, on en tire :
|k| ≥ C|AXm|1−1/m−1/n−/|A|1−1/m|B|1−1/n, ce qui est l´eg`erement plus fort que la conclusion de la proposition.
Signalons sans d´emonstration d’autres cons´equences de ces conjectures.
1)Elles entraˆınent une borne universelle de la torsion des courbes elliptiques (connue sur Q grˆace `a Mazur), voir [Fr].
2)Elles entraˆınent la conjecture de Lang minorant la hauteur de N´eron-Tate d’un point d’ordre infini rationnel d’une courbe elliptique par Clog ∆ ou si l’on pr´ef`ere par Ch(E/Q) la hauteur de Faltings, voir [Si-Hi].
3)Elles entraˆınent que sur un mod`ele minimal d’une courbe elliptique E il y a au plus C1(C2)RangE(Q) points entiers ; ceci est aussi une conjecture de Lang et est impliqu´ee par 1) et 2) d’apr`es [Si2].
Enfin nous ne r´esistons pas `a la tentation d’en d´eduire le “th´eor`eme” de Fermat :
Proposition 4 : La conjecture de Szpiro (avec n’importe quel exposant `a la place de 6 + entraˆıne le “th´eor`eme de Fermat pour n assez grand”.
Preuve : A un triplet X, Y, Z premiers entre eux tels que XY Z 6= 0 et Xn + Yn = Zn (noter que l’on peut supposer Y pair et n≥ 4) on associe la courbe de Frey :
y2 = x(x−Xn)(x−Yn)
qui est semi-stable avec ∆ = 2−8(XY Z)2n et N = R(∆) ≤ |XY Z|. Si l’on sait que |∆| ≤ NC avec une constante universelle C on en d´eduit une borne
pour n (Si on prend par exemple C = 6 + on en d´eduit la “conjecture” de Mordell pour les courbes de Fermat avec n≥ 4).
3–Comparaison de hauteurs.
Rappelons la d´efinition de la hauteur de Faltings d’une courbe elliptique. On munit le fibr´e ωE/Z d’une m´etrique `a l’infini par la formule :
hα, βi = i 2
Z
E(C)
α∧β.¯
Alors la hauteur de Faltings de E/Q est le degr´e de ωE/Z calcul´e par rapport
`
a cette m´etrique. Elle peut se calculer de la fa¸con suivante : On ´ecrit E(C) = C/Z+τZ avec Im(τ) > 0 et on pose q = e2πiτ et
∆(τ) = (2π)−12q
∞
Y
n=1
(1−qn)24 et l’on a alors : Proposition (Faltings) : h(E/Q) = 121
log ∆E −log
∆(τ)(Im(τ))6 . Remarque : Le deuxi`eme terme est invariant par SL2(Z) comme il se doit et dans le premier terme ∆E d´esigne le discriminant minimal. Il s’agit de hauteur “non stabilis´ee”.
Preuve : Voir [Fa] ou [Co-Si] chapitre X.
Corollaire 1 : Si E/Q est semi-stable alors on a :
|h(jE)−12h(E/Q)| ≤6 log(1 +h(jE)) +C0.
Remarque: C’est une version explicite pour les courbes elliptiques du th´eor`eme de Faltings disant que la hauteur d’une vari´et´e ab´elienne semistable est une hauteur sur l’espace des modules de vari´et´es ab´eliennes `a un terme d’erreur
“logarithmique” pr`es.
Preuve : On choisit τ dans le domaine fondamental classique, en particulier Im(τ) ≥ √
3/2 et l’on voit que log|∆(τ)| = log|q|+O(1); d’autre part jE = j(τ) = 1728n
1
q + 744 +P
cnqno
donc log max(|j(τ)|,1) = −log|q| + O(1) d’o`u l’on tire log
∆(τ)(Im(τ))6
= log max(|j|,1) + 6 log log max(|j|, e) + O(1). On observe que, comme E/Q est semi-stable, ∆E est exactement le d´enominateur de jE et donc d’apr`es les propri´et´es classiques des hauteurs de Weil on a :
h(j) = log|∆E|+ log max(|j|,1) d’o`u le corollaire.
Corollaire 2 : La conjecture de Frey (avec exposant δ) est ´equivalente `a l’´enonc´e suivant :
Pour tout positif il existe une constante C telle que si E/Q est une courbe semi-stable on ait : h(E/Q) ≤ δ2 +
log(NE) +C. C’est clair `a partir du corollaire 1.
Remarque 1 : cette formulation est particuli`erement int´eressante si l’on sup- poseE modulaire (i.e. il existe un morphisme non constant Φ : X0(N) −→E) car alors on peut borner h(E/Q) par 12 log degr´e(Φ) + 0(1).
Remarque 2 : On peut aussi prouver (voir [Co-Si] ou [Lau]) qu’on a l’encadre- ment (pour toutes les courbes): h(E/Q) − C1 ≤ 121 log max(|c34|,|c6|2) ≤ (1 + )h(E/Q) +C et donc formuler la conjecture de Frey avec la hauteur
“naive” d’une courbe elliptique : Hna¨ıve(E/Q) = max(|c34|,|c26|).
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