L3 et Magist` ere de physique fondamentale & ENS-PSay Universit´ e Paris-Saclay Examen partiel de Physique statistique
Mercredi 11 mars 2020 Dur´ ee de l’´ epreuve : 2h.
L’utilisation de documents, calculatrices, t´ el´ ephones portables,. . . est interdite.
Recommandations :
Lisez attentivement l’´ enonc´ e et r´ edigez succinctement et clairement votre r´ eponse.
V´ erifiez vos calculs (analyse dimensionnelle, etc) ; n’oubliez pas de vous relire.
Pensez aux informations en annexe.
1 Questions de cours : contact thermique et fluctuations (∼ 40mn) A. Gaz parfait monoatomique classique : on consid` ere un gaz parfait de N atomes non
relativistes de masse m dans un volume V .
1/ Rappeler la formule semiclassique permettant de calculer le nombre Φ(E) de micro´ etats d’´ energies inf´ erieures ` a E (les atomes sont indiscernables).
2/ Justifier que Φ(E) ∝ E
f No` u f est un nombre d’ordre 1 dont on donnera la valeur, en la justifiant (le calcul pr´ ecis de Φ(E ) n’est ni exig´ e ni n´ ecessaire).
3/ Donner les d´ efinitions de l’entropie S
∗(E) et de la temp´ erature T
∗(E) microcanoniques.
4/ Quelle est la relation entre S
∗(E) et Φ(E) ? Justifier. D´ eduire l’expression de T
∗(E) pour le gaz parfait (dans la limite N 1).
5/ Donner l’expression de la capacit´ e calorifique du gaz, C
V∗ def=
∂T
∗/∂E
−1.
B. Contact thermique entre deux gaz parfaits : on consid` ere deux gaz parfaits de N
1et N
2atomes de masses m
1et m
2, occupant deux enceintes contig¨ ues de volumes V
1et V
2. Au moment o` u les deux gaz sont mis en contact, ils ont initialement des ´ energies E
1(i)et E
2(i). Ils sont s´ epar´ es par une paroi diatherme (permettant des transferts d’´ energie) et un ´ equilibre finit par s’´ etablir.
1/ Donner les expressions des temp´ eratures microcanoniques des deux gaz, que nous note- rons plus simplement T
1(E
1) et T
2(E
2) (utiliser la partie A.).
2/ Quelle est la condition d’´ equilibre thermique ?
3/ Exprimer la valeur la plus probable de l’´ energie E
1en fonction de E
1(i)et E
2(i). 4/ Exprimer la temp´ erature finale T
fen fonction de T
1i≡ T
1(E
1(i)) et T
2i≡ T
1(E
2(i)).
5/ On rappelle que la variance de l’´ energie est donn´ ee par var(E
1) = k
BT
f21 C
V1+ 1
C
V2 −1(1) o` u C
V1et C
V2sont les capacit´ es calorifiques des deux syst` emes. Donner l’expression de var(E
1) en fonction de T
f, N
1, N
2et k
B.
6/ L’ensemble microcanonique donne une relation bijective entre ´ energie et temp´ erature.
T
1= T
1(E
1). D´ eduire l’expression de la variance de la temp´ erature microcanonique du
gaz n
o1, var(T
1). Discuter les fluctuations relatives de la temp´ erature microcanonique.
2 Refroidissement magn´ etique (∼ 1h20mn)
Les r´ efrig´ erateurs domestiques utilisent un fluide qui subit des cycles de compression/d´ ecompression permettant d’extraire de la chaleur d’une source froide pour en r´ einjecter dans une source chaude (l’environnement). Dans le probl` eme, nous montrons qu’un cycle d’aimantation/d´ esaimantation d’un syst` eme magn´ etique permet ´ egalement la conversion d’´ energie magn´ etique en chaleur.
Nous consid´ erons un mod` ele simple de cristal paramagn´ etique : N spins 1/2 sur un r´ eseau, soumis ` a un champ magn´ etique B . Chaque spin peut occuper deux ´ etats | + i ou | − i d’´ energies ε
±= ∓m
0B , o` u m
0> 0 est l’aimantation du spin dans l’´ etat |+ i. Les interactions entre spins sont suppos´ ees n´ egligeables.
1/ Question de cours : Rappeler la d´ efinition (g´ en´ erale) de la fonction de partition canonique puis de l’´ energie libre F . On introduira β = 1/(k
BT ) o` u T est la temp´ erature du thermostat ; 2/ Calculer la fonction de partition pour un spin, z
spin. Et d´ eduire la fonction de partition du
cristal paramagn´ etique de N spins Z
cristal.
3/ Equation d’´ ´ etat.– Chaque spin peut avoir deux aimantations (+m
0dans l’´ etat | + i ou
−m
0dans l’´ etat | − i). Comment d´ eduire l’aimantation moyenne M
cde l’´ energie libre F ? Calculer l’aimantation moyenne par spin, m
def=
N1M
c. Cette ´ equation m = m(B, T ) joue le rˆ ole de l’´ equation d’´ etat. Tracer deux isothermes pour des temp´ eratures T
cet T
f< T
cdans le plan (m, B).
4/ Question de cours : A partir de la formule de Gibbs-Shannon, montrer que l’entropie canonique ` est S
c= (E
c− F)/T .
5/ D´ eduire que l’entropie par spin S =
N1S
cristalcest seulement fonction de x = βm
0B. Donner son expression.
6/ Transformation isotherme :
a) Travail.– Calculer le
travail
(pour un spin) lors d’une transformation r´ eversible le long de l’isotherme T , pour aller de l’´ etat (B = 0, m = 0) jusqu’` a un ´ etat (B, m) :
W
(T)(0 → B) = − Z
B0
m(B
0, T ) dB
0. (2) b) Chaleur.– Montrer que la chaleur re¸ cue (par spin) le long de la transformation isotherme
est donn´ ee par
Q
(T)(0 → B) = −k
BT Φ m
0B
k
BT
o` u Φ(x)
def= x th x − ln(ch x) (3) Etudier les comportements limites de Φ(x) et tracer la ´ tr` es soigneusement.
Suggestion : on pourra utiliser ∆ε = Q+W et que l’´ energie d’un spin est ε = −mB (c’est l’´ energie moyenne canonique, ε = E
c/N).
7/ Transformation isentropique.– Aucune chaleur n’est ´ echang´ ee avec l’ext´ erieur.
a) Justifier qu’une transformation isentropique correspond ` a B/T = cste. Repr´ esenter une isentrope dans le plan (m, B).
b) Montrer que le travail de la transformation isentropique allant de B
1` a B
2est donn´ e par W
(isentrope)(B
1→ B
2) = k
BT
1x
1th x
1−k
BT
2x
2th x
2avec x
1= m
0B
1k
BT
1et x
2= m
0B
2k
BT
2.
8/ Cycle de Carnot.— Nous ´ etudions maintenant le cycle :
• Transformation isotherme ` a T
1allant de B = 0 ` a B = B
1.
• Transformation isentropique allant de B = B
1` a B = B
2< B
1.
• Transformation isotherme ` a T
2< T
1allant de B = B
2` a B = 0.
a) Repr´ esenter le cycle dans le diagramme (m, B).
b) Donner l’expression du travail re¸ cu par le syst` eme pendant le cycle W = −
I
dB m = W
(T1)(0 → B
1) + W
(isentrope)(B
1→ B
2) + W
(T2)(B
2→ 0) (4) c) Exprimer la chaleur Q
f> 0 re¸ cue par le syst` eme depuis la source froide.
d) D´ eduire l’expression de l’efficacit´ e du cycle η
frigodef= Q
f/W en fonction de T
1et T
2.
Annexe
• Formule de Stirling : ln N ! ' N ln N − N pour N 1.
• Identit´ e fondamentale de la thermodynamique : dE = T dS − p dV + µ dN − M dB + · · · .
Christophe Texier 11 mars 2020 Examen partiel de physique statistique du 11 mars 2020 — Solutions
1 Questions de cours : contact thermique et fluctuations
A. Gaz parfait monoatomique classique :
1&2/ La formule semiclassique pour la densit´ e d’´ etats int´ egr´ ee Φ(E) = 1
N ! Z
V
d
3~ r
1· · · Z
V
d
3~ r
NZ
d
3~ p
1· · · Z
d
3~ p
Nθ
HE −
N
X
i=1
~ p
i22m
!
(5) montre que celle-ci est proportionnelle au volume de la sph` ere de rayon √
2mE dans l’espace de dimension 3N des impulsions. On a donc Φ(E) ∝ E
3N/2.
3/ L’entropie microcanonique est S
∗(E) = k
Bln Ω(E) o` u Ω(E) = Φ
0(E) δE est le nombre d’´ etats accessibles, i.e. ∈ [E, E + δE]. Et 1/T
∗ def= ∂S
∗/∂E.
4/ En utilisant Φ
0(E) = (3N/2E)Φ(E), on voit que S
∗(E) ' k
Bln Φ(E) ` a des termes logarithmiques O(ln N ) pr` es, n´ egligeables (S
∗est O(N )).
On a donc S
∗(E) =
3N k2 Bln E + · · · d’o` u T
∗(E) = 2E/(3N k
B).
5/ On d´ eduit la capacit´ e calorifique C
V∗ def=
∂T
∗/∂E
−1= 3N k
B2 . (6)
B. Contact thermique entre deux gaz parfaits : 1/ T
1(E
1) = 2E
1/(3N
1k
B) et T
2(E
2) = 2E
2/(3N
2k
B).
2/ La condition d’´ equilibre thermique est T
1(E
1) = T
2(E
tot− E
1) o` u E
tot= E
1(i)+ E
2(i)3/ La solution de cette ´ equation (lin´ eaire) correspond ` a la valeur la plus probable de l’´ energie
du gaz num´ ero 1, not´ ee E
1max. On trouve E
1max=
NN11+N2
E
tot. 4/ La temp´ erature finale est T
f= T
1(E
1max) =
3(N2Etot1+N2)kB
. Ou encore T
f= N
1T
1i+ N
2T
2iN
1+ N
2. (7)
5/ La variance de l’´ energie est
var(E
1) = 3
2 k
BT
f2N
1N
2N
1+ N
2(8)
6/ T
1= T
1(E
1) est une bijection entre ´ energie et temp´ erature. On peut ainsi obtenir une expression pour les fluctuations de la temp´ erature :
var(T
1) = 2N
23N
1(N
1+ N
2) T
f2(9)
Les fluctuations relatives sont donc p var(T
1)
T
f= s
2N
23N
1(N
1+ N
2) (10)
en g´ en´ eral, on a donc δT
1/T
f∼ 1/ √
N
1si N
1∼ N
2ou N
1N
2. Dans ce dernier cas (le gaz 2 joue le rˆ ole de thermostat) δT
1/T
f' p
2/(3N
1).
2 Refroidissement magn´ etique
Un cristal paramagn´ etique joue le rˆ ole de machine thermique.
1/ Question de cours : Z = P
`
e
−βE`o` u la somme porte sur les micro´ etats. F = −
1βln Z . 2/ Fonction de partition pour un spin : z
spin= e
−βε++ e
−βε−= 2 ch(βm
0B).
Les N spins sont identiques, ind´ ependants (sans interaction) et attach´ es aux sites du r´ eseau discernables, donc Z
cristal=
h
2 ch(βm
0B) i
N.
3/ Equation d’´ ´ etat.– L’aimantation est la variable conjugu´ ee du champ magn´ etique, d’o` u M
c= −
∂B∂F.
L’aimantation moyenne par spin est m(T, B) = 1
N M
c= − 1 N
∂F
∂B = 1 β
∂
∂B ln z
spin= m
0th (βm
0B) (11) m(T, B) = m
0th
m0B kBTest l’´ equation d’´ etat (comme p(T, n) = nk
BT pour un gaz parfait).
Les isothermes sont trac´ ees plus bas...
4/ S
c= −k
BP
`
P
`cln P
`co` u P
`c=
Z1e
−βE`. On trouve S
c= k
Bln Z + βE
c= (E
c− F )/T . 5/ Application : dans le cristal, l’entropie par spin est
S(T, B) = k
B[−x th x + ln (2 ch x)] o` u x = m
0B
k
BT (12)
6/ Transformation isotherme :
a) Travail re¸ cu le long de l’isotherme T pour aller de B = 0 ` a B : W
(T)(0 → B) = −m
0Z
B0
dB
0th βm
0B
0= −k
BT ln ch m
0B
k
BT
(13) b) Chaleur re¸cue (par spin) : Q
(T)(0 → B ) = ∆ε − W
(T)(0 → B) o` u ∆ε = −mB − 0 =
−k
BT x th x, d’o` u
Q
(T)(0 → B) = −k
BT Φ(x) o` u Φ(x)
def= x th x − ln(ch x) (14) On peut aussi utiliser Q = T ∆S avec l’expression de l’entropie S = k
Bln 2 − Φ(x) trouv´ ee plus haut.
Les comportements limites de la fonction sont Φ(x) ' x
2/2 pour |x| 1 et Φ(x) ' ln 2 − O(|x| e
−2|x|) pour |x| 1 (elle est paire et positive).
7/ Transformation isentropique.– Aucune chaleur n’est ´ echang´ ee avec l’ext´ erieur.
a) L’entropie est S(T, B) = fct(B/T ). Une transformation ` a S = cste correspond ` a B/T = cste. Elle correspond donc aussi ` a m(T, B) = cste (cf. figure plus bas).
b) Le travail re¸ cu lors de la transformation isentropique allant de B
1` a B
2est W
(isentrope)(B
1→ B
2) = −m (B
2− B
1)
o` u m = m(T
1, B
1) = m(T
2, B
2) (sur l’isentrope). En utilisant l’expression de m(T, B), on d´ eduit
W
(isentrope)(B
1→ B
2) = k
BT
1x
1th x
1−k
BT
2x
2th x
2avec x
1= m
0B
1k
BT
1et x
2= m
0B
2k
BT
2.
(15)
8/ Cycle de Carnot.— Nous ´ etudions maintenant le cycle : a) Cycle dans le diagramme (m, B) :
b) Le travail re¸ cu par le syst` eme pendant le cycle est
W = − I
dB m =
W(T1)(0→B1)
z }| {
−k
BT
1ln ch (x
1) +
W(isentrope)(B1→B2)
z }| {
k
BT
1x
1th x
1− k
BT
2x
2th x
2+
W(T2)(B2→0)=−W(T2)(0→B2)