Cours de math´ ematiques.
1. Equations diff´erentielles lin´eaires du second ordre.
La fonctionC :x7→cosxest ind´efiniment d´erivable surR, etC0(x) =−S(x), avecS:x7→sinx.
Il en r´esulte que C00(x) =−C(x), soitC00(x) +C(x) = 0. Ainsi C et sa d´eriv´ee seconde satisfont une relation : on dit queC est solution de l’´equation diff´erentielle (E) : y00+y= 0 sur R. Probl`eme 1.1. Quelles sont les autres solutions ?
Nous allons r´epondre `a cette question pour des ´equations diff´erentielles g´en´eralisanty00+y= 0.
Mais d’abord consid´erons un probl`eme plus simple.
1.1. Equations diff´erentielles lin´eaires du premier ordre.
D´efinition 1.2. Soient a, b deux r´eels avec a 6= 0. Soit f :I → R une fonction continue sur un intervalle I. Alors (E) : ay0+by=f est une ´equation diff´erentielle lin´eaire du premier ordre (`a coefficients constants).
Sif = 0 on dit que l’´equation esthomog`ene.
Une solution de (E) sur un intervalle I ⊂R est une fonction y :x 7→ y(x) d´efinie et deux fois d´erivable sur I, telle que
∀x∈I, ay0(x) +by(x) =f(x).
Nous noteronsSolI(E) l’ensemble des solutions surI de (E).
R´esoudre - ou “int´egrer” - l’´equation (E), c’est d´ecrire explicitement toutes les solutions.
Exemple 1.3.
(1) y0+y= 0 (2) y0−y= 0 (3) y0+ 2y = 1
(4) 2y0(x)−4y(x) =x2−2
Th´eor`eme 1.4 (r´esolution des ´equations diff´erentielles lin´eaires du premier ordre). Soient a, b deux r´eels avec a 6= 0. Alors les solutions (sur R) de l’´equation diff´erentielle lin´eaire homog`ene (E0) : az0+bz= 0 sont les fonctionsx7→λexp(−abx) (pour λ un param`etre r´eel).
Soitf :I →R une fonction continue sur un intervalleI. Supposons quey0 est une solution (sur I) de l’´equation diff´erentielle lin´eaire (du premier ordre)(E) : ay0+by=f. Alors y est solution de (E) sur I ⇐⇒ y est de la forme y(x) = y0(x) +z(x), o`u z est une solution de l’´equation az0+bz= 0 (donc donn´ee par la formule ci-dessus).
L’´equation (E) admet toujours une solution particuli`ere de la forme x7→λ(x) exp(−bax) (main- tenant x7→λ(x) est une fonction, plus une constante). On obtient λ(x) = 1aRx
exp(bas)f(s)ds.
Enfin pour tout t0 ∈ I et tout y0 ∈ R il existe une et une seule solution y de (E) telle que y(t0) =y0.
Exemple 1.5. R´esoudre 2y0(x)−4y(x) = x2−2 surR. D´eterminer l’unique solution y telle que y(0) = 1.
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1.2. Equations diff´erentielles lin´eaires du second ordre homog`ene.
D´efinition 1.6. Soienta, b, ctrois r´eels aveca6= 0. Alors (E) : ay00+by0+cy = 0 est une´equation diff´erentielle lin´eaire du second ordre homog`ene. Une solution de (E) sur un intervalle I ⊂R est une fonctiony:x7→y(x) d´efinie et deux fois d´erivable sur I, telle que
∀x∈I, ay00(x) +by0(x) +cy(x) = 0.
Nous noteronsSolI(E) l’ensemble des solution surI de (E).
Exemple 1.7.
(1) y00+y= 0 (2) y00−y= 0 (3) y00+y0+y= 0 (4) y00−4y0+ 4y= 0 (5) y00+ 4y0+ 3y= 0
D´efinition 1.8. Soit a, b, c trois r´eels (avec a 6= 0) et soit (E) : ay00+by0 +cy = 0 l’´equation diff´erentielle lin´eaire du second ordre homog`ene associ´ee. Le polynˆome caract´eristique de (E) est PE(t) =at2+bt+c.
Le polynˆome caract´eristique est toujours de degr´e 2, puisquea6= 0.
Th´eor`eme 1.9 (solutions en fonction des racines du polynˆome caract´eristique). Soit a, b, c trois r´eels (avec a6= 0) et soit (E) : ay00+by0+cy= 0 l’´equation diff´erentielle lin´eaire du second ordre homog`ene associ´ee.
(1) Si le polynˆome caract´eristique PE admet deux racines r´eelles distinctes r, s alors SolI(E) est l’ensemble des fonctions de la formey :I 3x7→λexp(rx) +µexp(sx)o`uλ, µsont deux param`etres r´eels quelconques (et ce pour tout intervalle I ⊂R).
(2) Si le polynˆome caract´eristique PE admet une racine r´eelle double r alors SolI(E) est l’ensemble des fonctions de la forme y : I 3 x 7→ λexp(rx) +µxexp(rx) o`u λ, µ sont deux param`etres r´eels quelconques (pour tout intervalle I ⊂R).
(3) Si le polynˆome caract´eristique PE admet deux racines complexes distinctesz =r+iθ, z= r−iθ alorsSolI(E)est l’ensemble des fonctions de la formey:I 3x7→exp(rx) λcos(θx)+
µsin(θx)
o`u λ, µsont deux param`etres r´eels quelconques (pour tout intervalle I ⊂R).
Lemme 1.10 (op´erations sur les solutions). Quand on consid`ere une ´equation homog`ene, on peut ajouter deux solutions ou multiplier une solution par une constante.
(1) Si y:I →R est solution de (E0) et λ∈Rest un r´eel quelconque alorsλy:I 3x7→λy(x) est encore solution.
(2) Si y1 :I →R et y2 :I →R sont solutions de (E0) alors y1+y2 :I 3 x7→ λy1(x) +y2(x) est encore solution.
Remarque 1.11. Attention le lemme n’est vrai qu’avec l’´equation homog`ene !
La forme des solutions dans le cas des racines complexes conjugu´ees s’explique en utilisant l’exponentielle complexe :
Remarque 1.12. Pour tout complexe z = a+ib on note ez le nombre complexe produit Z = ea(cosb+isinb), de partie r´eelle A=eacosb, et de partie imaginaireB =easinb.
Sia(x), b(x) sont des fonctions d´erivables par rapport `a x(sur un intervalleI ⊂R), alors on dit quez(x) est d´erivable par rapport `ax, et on note dzdx, ouz0(x), le complexea0(x) +ib0(x). (On peut penser `az(x) comme `a un point mobile dans le plan complexe, etz0(x) repr´esente alors sa vitesse.)
On remarque alors que les parties r´eelles et imaginaires de Z(x) = ez(x), qui sont A(x) = ea(x)cos(b(x)) et B(x) = ea(x)sin(b(x)), sont elles-mˆemes d´erivables. De plus (par d´efinition) Z0(x) = A0(x) +iB0(x) = (a0(x)A(x)−b0(x)B(x)) +i(a0(x)B(x) +b0(x)A(x)) = a0(x)(A(x) + iB(x)) +b0(x)(−B(x) +iA(x)) = (a0(x) +ib0(x))(A(x) +iB(x)).
Autrement dit dxdez(x)=z0(x)ez(x).
Appliquons cette r`egle de d´erivation tr`es simple au cas o`uz(x) = (r+iϕ)x, i.e. a(x) =rx, b(x) = ϕx. Nous obtenons dxde(r+iϕ)x= (r+iϕ)e(r+iϕ)x.
Alors le calcul fait au d´ebut donne : a d2
dx2e(r+iϕ)x+b d
dxe(r+iϕ)x+ce(r+iϕ)x = (a(r+iϕ)2+b(r+iϕ) +c)e(r+iϕ)x
Donc si r+iϕ est racine dePE alorsx7→e(r+iϕ)x est solution. Dans ce casr−iϕ est aussi racine de PE et donc x7→e(r−iϕ)x est solution. La demi-somme des deux solutions est encore solution, et c’estx7→erxcos(ϕx).
1.3. Equations diff´erentielles lin´eaires du second ordre avec second membre.
D´efinition 1.13. Soient a, b, c trois r´eels aveca6= 0. Soit u:I →R une fonction continue. Alors (E) : ay00+by0+cy=u(ou (E) : ay00(x) +by0(x) +cy(x) =u(x)) est une´equation diff´erentielle lin´eaire du second ordre (avec second membre u). Une solution de (E) sur l’intervalle I est une fonctiony:x7→y(x) d´efinie et deux fois d´erivable surI, telle que
∀x∈I, ay00(x) +by0(x) +cy(x) =u(x).
Nous noterons SolI(E) l’ensemble des solution sur I de (E). Nous noterons (E0) l’´equation diff´erentielle lin´eaire du second ordre homog`ene associ´ee, i.e. (E0) : ay00+by0+cy= 0.
Exemple 1.14.
(1) y00+y= sin (2) y00(x)−y(x) = 2x
(3) y00(x) +y0(x) +y(x) = expx
(4) y00(x)−4y0(x) + 4y(x) =x2exp(2x) (5) y00+ 4y0+ 3y= (x−4) exp(−x)
Th´eor`eme 1.15 (espace des solutions). Soitu:I →R continue et soit (E) : ay00+by0+cy=u une ´equation diff´erentielle lin´eaire du second ordre. Alors pour toute solution y0 de(E) on a :
SolI(E) =y0+SolI(E0)
Autrement dit pour toute solution z de (E0) sur I l’application y:=z+y0 est solution de (E) sur I. Et r´eciproquement pour toute solution y de (E) sur I l’application z :=y−y0 est solution de (E0) sur I.
Pour r´esoudre (E) le probl`eme est donc maintenant d’arriver `a trouver une solution particuli`ere y0.
2. Solutions particuli`eres avec second membre u(x) =P(x)esx et autres.
Pour certains types de seconds membres une observation simple permet de faire aboutir les calculs.
Supposons y(x) =Q(x) exp(sx), o`uQ est un polynˆome. Nous avons alors y0(x) =Q0(x) exp(sx) +Q(x) sexp(sx)
= Q0(x) +sQ(x)
exp(sx)
de sorte que y0 a la mˆeme forme que y (sauf que Q(x) est remplac´e par Q0(x) +sQ(x)). On en d´eduit alors sans calcul suppl´ementaire:
y00(x) = [Q0(x) +sQ(x)]0(x) +s[Q0(x) +sQ(x)]
exp(sx) = Q00(x) + 2sQ0(x) +s2Q(x)
exp(sx) Supposons maintenant donn´ee une ´equation diff´erentielle lin´eaire du second ordre (E) : ay00(x) + by0(x) +cy(x) = P(x) exp(sx). Les calculs de d´erivations des fonctions de la forme Q(r) exp(sx) sugg`erent de chercher une solution particuli`ere sous la forme
y0(x) =Q(x) exp(sx) avec doncQun polynˆome `a d´eterminer en fonction de P ets.
On obtient
ay000(x) +by00(x) +cy0(x) = a[Q00(x) + 2sQ0(x) +s2Q(x)] +b[Q0(x) +sQ(x)] +cQ(x)
exp(sx)
= aQ00(x) + (2as+b)Q0(x) + (as2+bs+c)Q(x)
exp(sx) Et doncy0 solution de (E) ssi
(R) : aQ00(x) + (2as+b)Q0(x) + (as2+bs+c)Q(x) =P(x)
En g´en´eral as2+bs+c(= PE(s) !) est non nul, alors, par identification des coefficients, on peut trouver exactement un polynˆomeQ de mˆeme degr´e queP tel que la relation (R) soit satisfaite. Si PE(s) = 0 mais 2as+b(= PE0(s) !!) est non nul, alors on peut trouver exactement un polynˆome Q de degr´e un de plus que P tel que la relation (R) soit satisfaite, et de plus Q(0) = 0. Enfin si PE(s) =PE0 (s) = 0, alors commea6= 0 on peut trouver exactement un polynˆome Qde degr´e deux de plus que P tel que la relation (R) soit satisfaite, et de plus Q(0) =Q0(0) = 0.
On voit que dans tous les cas la m´ethode pr´ec´edente permet de trouver une solution particuli`ere.
Remarque 2.1. Certes il faut connaˆıtre l’origine de la m´ethode (i.e. les calculs de d´eriv´ees de Q(x) exp(sx)), mais dans la pratique, ce qu’il faut savoir c’est qu’on peut toujours chercher une solution particuli`ere de la forme (polynˆome) fois (exponentielle de mˆeme base) : un calcul g´en´eral du cours assure qu’on en trouvera une !
Ceci permet aussi de traiter des seconds membres de la formeu(x) =P1(x) exp(s1x)+P2(x) exp(s2x)+
· · ·+Pn(x) exp(snx), en vertu de la proposition suivante:
Proposition 2.2 (superposition des solutions). Soit u1 :I → R, u2 :I → R, . . . , un :I → R des applications continues et soit (E) : ay00+by0+cy=u1+u2+· · ·+un une ´equation diff´erentielle lin´eaire du second ordre. Si y1 est solution sur I de (E1) : ay00+by0 +cy =u1, y2 est solution sur I de (E2) : ay00+by0+cy =u2, . . ., yn est solution sur I de (En) : ay00+by0+cy =un, alors la somme y1+y2+· · ·+yn est solution surI de(E).
Exemple 2.3. R´esoudre surRl’´equation diff´erentielle (E) : y00(x)−4y0(x) + 4y(x) =xexp(2x)− 2x2exp(x).
On peut encore trouver une solution particuli`ere lorsque le second membre est de la forme u(x) = P1(x) cos(ϕx) +P2(x) sin(ϕx). La m´ethode est formellement la mˆeme que pr´ec´edemment.
En ´ecrivant cos(ϕx) = exp(iϕx)+exp(−iϕx)
2 et sin(ϕx) = exp(iϕx)−exp(−iϕx)
2i on voit que u(x) = P1(x)−iP2(x)
2 exp(iϕx) +P1(x) +iP2(x)
2 exp(−iϕx) = Re(P1(x)−iP2(x)
2 exp(iϕx))
Comme pr´ec´edemment il existe un polynˆomeQ`a coefficients complexes, soitQ(x) =Q1(x)+iQ2(x) avec Q1, Q2 `a coefficients r´eels, tel quez0(x) =Q(x) exp(iϕx) v´erifie
az000(x) +bz00(x) +cz0(x) = P1(x)−iP2(x)
2 exp(iϕx)
Alorsx7→y0(x) = Re(Q(x) exp(iϕx)) =Q1(x) cos(ϕx)−Q2(x) sin(ϕx) est solution particuli`ere de (E) sur I.
Ce qu’il faut retenir c’est que dans ce cas-l`a, il existe toujours une solution particuli`ere de la forme polynˆome cos(ϕx) + polynˆome sin(ϕx).
Nous admettrons le r´esultat suivant, que nous avons d´emontr´e lorsque u est une somme de fonctions de la forme P(x) exp(sx), Q(x) cos(ϕx), R(x) sin(ψx) :
Th´eor`eme 2.4. Soienta, b, c trois r´eels avec a6= 0. Soit u:I →R une fonction continue. Alors (E) : ay00+by0+cy=u admet toujours une solution surI.
2.1. Existence et unicit´e d’une solution avec conditions initiales fix´ees.
Th´eor`eme 2.5. Soient a, b, c trois r´eels avec a6= 0. Soit u :I → R une fonction continue. Soit t0 ∈I et soient (y0, y00)∈R2 quelconques. Alors (E) : ay00+by0+cy=u admet une et une seule solution y:I →R telle que y(t0) =y0 et y0(t0) =y00.
Proof. L’´equation (E) admet toujours une solution y1 sur I (voir Th´eor`eme 2.4), et toute autre solution y s’´ecrity =y1+z avec z solution de l’´equation diff´erentielle lin´eaire homog`ene associ´ee (voir Th´eor`eme 1.15. Il suffit donc de prouver le r´esultat pour les ´equations lin´eaires homog`enes.
Compte tenu du Th´eor`eme 1.9, un examen au cas par cas (deux racines r´eelles distinctes, une racine r´eelle double ou deux racines complexes non r´eelles mais conjugu´ees) permet de conclure - il s’agit de syst`emes lin´eaires 2×2 `a r´esoudre.