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Anthropologia helvetica : à propos d'un ouvrage du professeur Schlaginhaufen

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Anthropologia helvetica : à propos d'un ouvrage du professeur Schlaginhaufen

SAUTER, Marc-Rodolphe

SAUTER, Marc-Rodolphe. Anthropologia helvetica : à propos d'un ouvrage du professeur Schlaginhaufen. Archives suisses d'anthropologie générale , 1946, vol. 12, p. 136-158

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:97345

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1 / 1

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Tome XII. 1940.

Anthropologia Helvetica

A propos d'un ouvrage du professeur Schlaginhaufen.

Nous l'attendions avec impatience, cette œuvre capitale dont le pro­

fesseur Otto Schlaginhaufen, directeur de l'Institut anthropologique de l'Université de Zurich, s'était chargé: la publication des résultats obtenus par sa grande enquête (de 1927 à 1932) sur les jeunes Suisses assujettis au recrutement militaire. Cette publication vient de paraître sous forme de deux volumes supplémentaires aux Archives de la Fondation Julius­

Klaus 1; un copieux volume de texte et un atlas comptant une grande série de cartes de distribution géographique (par canton) et 504 portraits en buste, de profil et de face. On a enfin une vue d'ensemble� et de détail - sur la population de toute la Suisse, basée sur une étude systématique et homogène. Certes, comme toutes les enquêtes sur de jeunes recrues (nous emploierons dorénavant ce terme, par mesure de commodité, mais il est entendu qu'il s'agit de jeunes hommes pris avant la sélection du recrn­

tement), on peut faire des réserves sur la,valeur des résultats anthropolo­

giques, puisque la moyenne d'âge des 35.5rr sujets examinés est de 19 ans 3 mois et 9 jours. Mais comme plusieurs pays ont déjà fourni de telles données, qu'on peut interpréter en tenant· compte de la croissance incom­

plète des sujets, et qui permettent des comparaisons directes, il faut _être trop heureux de posséder une telle masse documentaire. Du reste à 19 ans, bien des caractères physiques sont fixés.

Il nous a paru que l'importance de cet ouvrage était assez grande,

1 SCHLAGINHAUFEN, O., Anthr<>Pologia Helvetica, Ergebnisse anthropolog-ischer Untersuchungen an den schwei­

zeriscken Stellungspflichtigen. I. Die Anthropologie der Eidgenossenscha/1. A. Textband. B. Atlas. Archlv d.

Julius Klaus-Stiftung, Ergànzungsbd. zu Bd. XXI, 1946. 2 vol. in-8, Zurich, 1946. A, 700 pp., 499 tableaux, 144 fig.; B. 16 cartes et 168 pl.

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sur le plan scientifique comme sur le plan national, pour justifier plus qu'un simple compte rendu critique. Nous résumerons l'essentiel des résul­

tats obtenus par le savant anthropologiste zurichois en ajoutant quelques remarques de notre cru.

I. HISTOIRE DE L'ENQUÊTE.

C'est en 1922 seulement que la nécessité d'une investigation systéma­

tique de la population suisse s'imposa assez pour donner lieu à autre chose qu'à des vœux pies. En effet, le 26 août de cette année, la Société suisse d'Anthropologie et d'Ethnologie, réunie en session annuelle à Berne, nomma une commission provisoire; qui réunit MM. Eugène Pittard, t Louis Rever­

din,

t

Fritz Sarasin, Otto Schlaginhaufen et Félix Speiser. Les travaux de cette commission d'étude amenèrent la Société, lors de sa session du 30 août 1926, à voter la résolution suivante:

(( La Société suisse d' Anthropologie et d'Ethnologie décide de mettre aussi rapidement que possible sur le chantier une enquête anthropolo­

gique sur la population suisse, et ceci à l'occasion des opérations sanitaires du recrutement, et de donner les pleins pouvoirs à la commission déjà nommée pour qu'elle prenne toutes les mesures nécessaires à l'exécution de cette tâche importante tant au point de vue scientifique que patriotique, tout en l'autorisant à se compléter éventuellement. ii

La question du financement d'une telle entreprise fut résolue par un appel à la Fondation Julius-Klaus à Zurich, ce qui eut une contre-partie restrictive: la Fondation se déclarait prête à soutenir financièrement l'en­

quête (qui coûta plus de n6.ooo francs), mais, se retranchant derrière son règlement, elle donnait la subvention, non pas à la Société suisse d'Anthropologie et d'Ethnologie, mais à l'Institut anthropologique de l'Université de Zurich. On nous permettra de regretter que celui-ci, en endossant la responsabilité totale de l'enquête, n'ait pas cru possible de faire appel, même temporairement, à des collaborateurs d'autres univer­

sités suisses, ce qui eût permis entre autres d'accroître, pour certains cantons romands par exemple, le nombre de sujets examinés.

Le Département militaire fédéral accorda les autorisations nécessaires à la condition que les opérations de recrutement ne soient en aucun cas troublées. La première campagne, effectuée dans le cadre de la 5e division, montra aux autorités de l'armée que cette condition était réalisable .

. L'enquête se poursuivit sous la direction du professeur O. Schlagin­

haufen, aidé chaque fois d'une secrétaire, d'un assistant, d'un ou deux

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photographes et de 31 à 61 enquêteurs recrutés parmi les étudiants zuri­

chois; il y eut six campagnes: d'avril à juillet 1927 pour la 5e division, d'avril à septembre 1928 pour la 6e, d'avril à septembre 1929 pour la 4e, de mars à octobre 1930 pour la 3e, d'avril à septembre 1931 pour la 2e, et d'avril à septembre 1932 pour 1re division.

Sur les 35.5n hommes observés, 7.456 furent photographiés.

Pendant le cours de l'enquête, les autorités militaires décidèrent quel­

ques changements dans l'âge des appelés: «l'année» de recrutement, de 13 mois en 1927, passa à 14 pendant les deux années suivantes, puis à 15, pour être ramenée à 12 pendant les deux dernières années. Cela eut pour résultat d'augmenter les variations d'âge, sans grand dommage.

Les mensurations et les observations suivantes furent relevées sur chaque fiche individuelle:

Tête: diamètres antéro-postérieur, transverse, frontal minimum; si possible de hauteur susauriculaire.

Face: diamètres bizygomatique, transverse de la mandibule, interoculaires interne et externe, nasal transverse, des hauteurs totale et supérieure, de h auteur nasale;

angle facial à l'extrémité du nez, les côtés de l'angle étant tangents au front et au menton.

Corps: taille totale; envergure; taille assise, si possible longueur du bras droit et largeur biacromiale.

Observations: couleur des cheveux (et de la barbe); forme des cheveux. Couleur des yeux. Profil du nez et de l'occiput.

Les indices suivants furent calculés :

Corps: indices skélique (taille assise/taille) et de l'envergure relative.

Tête: indices du diamètre antéro-postérieur et du diamètre transverse à la taille;

indices céphalique, fronto-pariétal transverse.

Face: indice du diamètre bizygomatique à la taille; indices faciaux total et supé­

rieur, fronto-zygomatique, mandibulo-zygomatique; céphalo-facial transverse, des distances interoculaires, nasal, naso-facial transverse, naso-facial sagittal, de largeur nasale à la hauteur faciale.

Puis, toutes ces données réunies, le professeur Schlaginhaufen s'inté­

ressa aux corrélations entre ces divers caractères. Il fut grandement aidé

<ians cette tâche, comme dans tout le travail statistique, par le Bureau fédéral de statistique, qui effectua, grâce au système des fiches perforées (Hollerith), les tris et les calculs nécessaires. Nous reviendrons sur ces corré­

lations.

(5)

2. VALEUR STATISTIQUE DE L'ENQUÊTE.

Nous nous sommes posé la question de savoir si le nombre des sujets examinés et leur répartition régionale (ici, cantonale) donnait une bonne idée de la population suisse. Nous ne considérons ici que la population mâle de nationalité suisse. Les 35.5II hommes mesurés représentent 1.97% de cette population de 1.801.779 hommes de tous âges (chiffres de 1930); en tenant compte des étrangers, on arrive à 1.81%. �n ne consi­

dérant que les hommes suisses de 15 ans et plus on monte à 2.68%. Ces

TABLEAU I.

Popula tian mâle Séries mesurées Séries

Cantons Suisses 1930 Population

N

1

%

1

N %

1

%

Zurich . 266.352 14.78 3.467 9.76 1.30

Berne 330.044 18.31 8.754 24.65 2.65

Lucerne 89.741 4.98 1.972 5.55 2.20

Uri II.069 0.61 275 0.77 2.48

Schwyz 29.548 1.64 717 2.02 2.43

Obwald 9.371 0.52 206 0.58 2.20

Nidwald 7.218 0.40 220 0.62 3.05

G l aris 15.239 0.85 348 0.98 2.28

Zoug. 15.403 0.85 238 0.67 1.54

Fribourg . 69.909 3.88 1.47o 4-13 2.10

Soleure. 67.341 3.74 1.145 3.22 1.70

Bâle-Ville 58.398 3.24 761 2.14 1.30

Bâle-Campagne 41.056 2.28 804 2.26 1.96

Schaffhouse 21.680 I.20 455 1.28 2.10

Appenzell Rh.-E. 22.182 1.23 675 I.90 3.04

Ap p enzell Rh.-I. 6.535 0.36 262 o.74 4.01

St-Gall 123.271 6.84 2.641_ 7.44 2.14

G risons 54.316 3.01 1.095 3.08 2.01

Argovie 120.729 6.70 2.983 8.40 2.47-

Thurgovie 60.038 3.33 1.325 3.73 2.21

Tessin 58.372 3.24 I.220 3.43 2.09

V aud 145.100 8.05 2.008 5:65 1.38

V alais 65.420 3.63 1.371 3.86 2.09

Neuchâtel 53.748 2.98 698 1.96 1.30

G enève. 59.699 3.15 401 1.13 0.67

Suisse I.80I.779 99.80 35.5n 99.95 I.97

(6)

140 FAITS ET DOCUMENTS

chiffres indiquent une proportion valable, et l'on peut affirmer que les résultats obtenus donnent une idée juste de l'image anthropologique de la Suisse. A titre de comparaison, rappelons que l'enquête homologue faite par Bryn et Schreiner en Norvège (1929) a donné les pourcentages suivants:

0.91% de la population mâle totale, 1.38% du total des hommes au-dessus de 15 ans; le matériel suisse offre donc une image relativement plus fidèle de la population que les 11.784 recrues norvégiennes.

En ce qui concerne la distribution numérique cantonale, nous sommes amené à faire quelques réserves, peu graves du reste. Le tableau I montre d'une part la répartition des sujets mesurés, par canton (tableau 4 de Schlaginhaufen); nous y avons indiqué d'autre part la population mâle suisse de chaque canton (en 1930) en chiffres absolus et en % de la popu­

lation mâle indigène de la Suisse. Nous avons calculé le même pourcentage pour le matériel humain mesuré, puis, pour chaque canton, la proportion que représente les séries examinées.

On voit que, dans la majorité des cantons, les séries dont le total forme la masse de 35.5n recrues, figurent un pourcentage supérieur à celui de la série totale (1.97%). Les cantons les moins bien représentés sont Genève, Neuchâtel, Bâle-Ville, Zurich, Vaud et Zoug. C'est surtout regrettable pour Genève (où, au lieu de 401 sujets il en eût fallu n76 pour arriver à 1.97%), pour Neuchâtel (698 au lieu de rn58) et Bâle-Ville (761 au lieu de n50) et Zoug (238 au lieu de 303). Quant à Vaud et Zurich, ils ont fourni des contingents statistiques suffisants. Nous nous empressons de dire que cette dissection n'a qu'un simple but informatif. Nous savons trop quelles contingences matér.ielles restreignent la liberté d'une telle investigation pour nous étonner des inégalités constatées; nous nous permettrons de penser cependant qu'une collaboration extra-zurichoise eût permis d'en atténuer quelques-unes.

3. (ARACTÈRES ANTHROPOMÉTRIQUES ET INDICES.

La taille, mesurée sur 35.374 individus, se répartit de III cm. à 197 cm.

La répartition donne, en mettant à part 6 sujets de moins de 130 cm.

(0.017%):

Petites tailles (130-159.9) Tailles moyennes (160-169.9) Grandes tailles (170-197) .

9.13%

49.03%

41.81%

La moyenne de 168.56 cm. s'inscrit dans la catégorie des tailles au-dessus de la moyenne (übermittelgross) et coïncide assez bien avec le sommet

:

(7)

de la courbe de fréquence (169 cm.) . En utilisant une division des tailles par catégories de 5 cm., on obtient :

- r59.9 1 60-164.C) 1 65-169.9

9. r 5 % I C). I 2 �,�

29.9 1 �,t

25.33%

4. 2 r %

La répartition géographique des tailles moyennes cantonales (qui varient de 164,63 (Appenzell Rhodes-Intérieures) à I j2 .02 (Bàle-Ville) met en

Korpergrosse

IIITIII] - 165cm

lm

/66- 167 "

� 168 - 169 •

� 1 70 - 1 7 1 "

- 1 72 -

F1G. I . - Carte de répartition des moyennes ca11to11alrs de la taill� 1 .

évidence un groupe régional inférieur à la moyenne suisse, en Suisse cen­

trale, orientale et méridionale : les cantons primitifs avec Lucerne (et à l'exception de Nidwalden) rejoignent St-Gall et surtout Appenzell - dont nous devrons parler à part, et qui a un chiffre moyen inférieur à celui de la taille moyenne - et, par-dessus le Gothard, le canton du Tessin (fig. r).

Le canton de Fribourg, avec sa taille aussi relativement faible, se ratta­

che de loin à cet ensemble. On ne s'étonnera pas de voir les cantons-villes de Bàle et de Genève présenter les moyennes les plus hautes. Il faut proba-

l Les cinq clichés qui illustrent cette note nous ont aimablement étC prêtés par Je professeur 0, Schl.:i.ginhaufen ; nous tenons à. lui en expdmer toute notre reconnaissance.

(8)

...

blement, pour Bâle, ajouter au fait mésologique (milieu urbain) une cause raciale, l'influence nordique se faisant sentir dans cette marche rhénane ; c'est elle qui place aussi Schaffhouse en troisième rang.

L'auteur remarque que les deux moitiés orientale et occidentale du pays se distinguent nettement, si l'on tire une ligne entre Kaiserstuhl sur le Rhin (Argovie) et le Pizzo Rotondo, qui marque la limite du Valais, d'Uri et du Tessin. A l'est de cette droite, 7 cantons ont un chiffre de stature inférieur à la moyenne générale, contre 5 à l'ouest; inversement, 5 à l'est . et 8 à l'ouest ont des moyennes supérieures. La région du Jura forme un tout que caractérise la haute taille: Genève, Vaud, Neuchâtel, Jura bernois (169,46), les deux Bâle, Soleure. Il faut y joindre Argovie, Zurich, Schaff­

house et Thurgovie.

Revenant sur la question de l'influence citadine sur la taille. nous devons souligner, avec l'auteur, que, si les plus hautes statures se trouvent dans les cantons-villes, à l'opposé, les plus basses tailles sont fournies par les cantons campagnards. Mais, toujours avec l'auteur, il faut dire que ce fac­

teur n'entre pas seul en ligne de compte. Comme il l'écrit, « notre matériel est classé par lieux d'origine (Bürgerorten) et ne pourra donc a.voir quelque valeur pour résoudre la question de l'influence du milieu urbain que pour les individus qui sont nés et ont grandi dans leur lieu d'origine ii.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les tailles, dans les cantons­

villes ont un moins grand degré de variabilité qu'ailleurs.

M. Schlaginhaufen s'attache à étudier de plus près la question de l'aug­

mentation de la taille en Suisse. Il apporte ainsi un précieux complément aux différents travaux anciens sur ce sujet, tels que celui de Pittard et Dellenbach en 1931. En utilisant les données fournies par les mensurations de recrues de 1887-i891 (I), et 1908-1910 (II), il constate que la taille moyenne des recrues suisses a augmenté de 5.1 cm. (I, 163.5; II, 165.7 ; III, 168.56). Les cantons qui marquent les plus fortes différences entre I et II sont ceux de Schaffhouse (

+

7.2), Glaris (

+

6.4), Zurich et Appenzell Rh.-Ext.

(+

6), Bâle-Ville

(+

5.9), Bâle-Campagne et Argovie (+ 5.8), Valais

(+

5.5), Berne et Zoug

(+

5.4) et Genève (+ 5.3). Parmi ceux qui se trouvent au-dessous de la moyenne générale, citons les extrêmes : Obwalden

(+

2.6), Nidwalden

(+

3.4), Tessin

(+

3.5) et Uri

(+

3.6).

Les causes de cette élévation progressive de la stature moyenne, dans tous les cantons suisses 1, l'auteur n'a pas tenté de les expliquer.

1 Une restriction relative à Genève. Nous avons recalculé la moyenne des soldats genevois dont Dunant a publié les détails en 1867, et nous avons obtenu le chiffre de 167,2. supérieUI à celui de 166,4, calculé SUI les résultats de 1884-1891; il est vrai qu'il s'agissait de sujets entre 20 et 35 ans donc en plein développement.

(9)

Enfin on aborde les comparaisons. Dans ce but il fa.ut corriger le chiffre moyen suisse obtenu sur le recrues en 1927�1932, par un coefficient qui donne le chiffre pour l'âge adulte: on obtient ainsi 169.56 cm. au lieu de 168.56. Il faut d'autre part corriger en plus les chiffres fournis par les enquêtes antérieures ou postérieures à 1930 (année moyenne de l'enquête Schlaginhaufen).

De ces comparaisons, retenons quelques cas : c'est ainsi que la moyenne de la série masculine mesurée par Mlle Bosshardt dans les vallées de Fruti­

gen et d'Engstligen dans l'Ç)berland bernois (165.6 avec la correction d'âge) est bien au-dessous du chiffre moyen de cette région et même de toutes les moyennes cantonales, la plus faible exceptée. La moyenne de la série observée par E. Büchi dans le Bas-Toggenbourg (Zurich S.)_ est encore plus bas�e (164 cm.) avec la correction chronologique.

Nous ne pouvons pas songer à commenter ici les comparaisons avec les données des pays limitrophes, .dont l'auteur publie 42 ; il les a réunies en un premier tableau général, dont il a répété des éléments en un second, où les moyennes de séries mesurées dans les territoires les plus proches de nos frontières sont mises en regard des moyennes des cantons voisins.

Après avoir analysé ces comparaisons, l'auteur conclut: « Tandis qu'à la frontière septentrionale, Schaffhouse mis à part, des groupes se font vis­

à-vis, qui correspondent à peu près, qu'à la frontière méridionale les diffé­

rences sont minimes, que du côté oriental les conditions sont différentes, la région occidentale s'oppose nettement, avec ses hautes statures, à la région française orientale, de petite taille. »

L'indice skélique (celui qui rapporte la taille assise à la taille totale) est, pour 35.322 sujets, de 52.34 (min. 38.5; max. 64.4). C'est la mésatiskélie qui prédomine, mais la brachyskélie est fortement représentée:

H yp ermacroskélie - 48.9 r. 48%

Macroskélie 49-50.9 13. 58%

Mésatiskélie 51-52.9 51.06%

Brachyskélie 53-54.9 31.08%

Hyp erbrachyskélie 55 - 2. 80%

La variation des moyennes est faible, la différence entre le chiffre le plus bas, celui de Nidwald (51.95) et celui du Tessin, le plus haut (52.80) n'étant que de 0.85, et toutes les moyennes se rangeant dans la catégorie mésatiskèle. Ce sont les cantons primitifs qui sont les plus macroskèles, avec Soleure, Bâle-Ville et Schaffhouse. La corrélation connue entre l'élé­

vation de la taille et la diminution de l'indice céphalique (c'est-à-dire la

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tendance à la macroskélie) se vérifie en gros dans le tableau des moyenr,es, quoique celui-ci soit insuffisant pour déceler les vraies nuances. C'est la raison pour laquelle on ne doit pas trop s'étonner de voir le canton de Vaud, dont nous avons dit la haute taille moyenne, manifester, avec 52-49 d'indice, une tendance à la brachyskélie.

La comparaison avec quelques chiffres étrangers, allemands, montre que ceux des régions limitrophes ou presque (Forêt de Bregenz, Sud de l'Allgau) sont plus macroskèles que tous les cantons suisses.

L'envergure, dont la moyenne de la �érie totale (35.073 sujets) est de 176.14, oscille de 4.58 cm. entre Appenzell Rh.-Int. (173.43) et Genève (178.01). Notons la grande envergure moyenne de Nidwald, qui est égale à celle de Genève. L'auteur rappelle le chiffre moyen des Français, publié que la plus faible moyenne cantonale. Les quelques moyennes de séries allemandes dépassent au contraire toutes les nôtres.

L'envergure relative (à la taille) est, pour 34.988 Suisses, de 104.51, de 1.16 plus élevée que chez les Norvégiens. Seuls 3.64% des Suisses mesurés ont un indice inférieur à 100 (6.3% chez les Norvégiens) . Cette fois, Appenzell Rh.-Int. est en tête avec 105.29, suivi de près par Nidwalden (105.28), tandis que les cantons de haute stature sont en queue (Bâle-Ville, 103.36 ; Genève, 103.69). Ce qui ne signifie pas que l'ordre croissant de ces moyennes cantonales soit inverse de celui des tailles. L'auteur met cela en évidence en donnant les rangs, pour la stature et pour l'envergure relative, de six cantons (Thurgovie, Grisons, Argovie, Bâle-Campagne, Nidwald, Zoug,) il obtient:

Taille 1 3 , 1 4 , 15. 16. 17. r 8

Envergnre relative ') , l ') , 7 . R , 24, 14

La carte de répartition des indices montre une zone d'indices relati­

vement faibles le long de la frontière septentrionale de Neuchâtel à Schaff­

house ; il serait intéressant de connaître le chiffre moyen des districts jurassiens du canton de Vaud, qui doivent probablement continuer cette bande et rejoindre Genève. Notons aussi la moyenne faible de !'Oberland bernois (104.32).

L'indice moyen relativement faible des cantons frontières du Nord-Ouest répond à celui que donna Collignon pour la France (104.39). Les régions germaniques, au contraire, n'ont fourni que des chiffres supérieurs à ceux de la Suisse.

;

(11)

Des observations faites sur les dimensions et des proportions de la tête, nous ne retiendrons aussi dans ce compte rendu que quelques-unes.

L'indice céphalique a pu être calculé pour une série totale de 35.418 hommes; le chiffre moyen, 81.31, indique une faible brachycéphalie, très proche de la limite des mésocéphales. La courbe de fréquence pour la série suisse totale présente une homogénéité prononcée; le sommet est à 80

. .

l 1

1

./R-1

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n • 3541 8 M •

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Vn • f; • V .

1 ).._

1 1 t--..

81.31 t 0.02 66,2 99,0 :!: 3,85 :!: 4.73

- - -

FrG. 2. - Courbe de fréquence des indices céphaliques en Suisse.

(10.40%), suivi de près (10_19%) par 8r, et la courbe n'est interrompue que par un ressaut brachycéphale à 83 (fig. 2). La répartition est la suivante :

H yp erdolichocépha.les 70.9 0.1 5%

}

7.35%

Dolichocép hales 7 1 -7 5.9 7. 20%

Mésocép hales 7 6 -80.9 40.68% 40.68%

Brachycép hales Hyp erbrachycép hales 8r 85.5 --85. 4 1 4 .29% 37 .68% } 51.97%

On y voit que si les brachycéphales (sensu lato) y prédominent nette­

ment, le contingent mésocéphale est très important. Le tableau des càntons montrera que les deux cantons-villes frontières (Bâle et Genève) se situent, avec Vaud, en tête de liste, avec les indices moyens les plus mésocéphales, tandis que les chiffres les plus brachycéphales concernent Appenzell Rhodes­

Intérieures et surtout le Tessin_

(12)

TABLEAU 2.

NI oyennes cantonales des diamètres horizontaux de la tête et indice céphalique, celui-c-i étant rangé en ordre croissant.

Bâle-Ville 1 9 1 . 7 152.5 79.60 Schaffhouse 190.0 1 54.4 8 1 . 3 8 Genève . 1 9 1 . 4 1 5 2 . 5 79.75 Zurich 1 89.3 153.9 8 1 .40 Vaud 190.4 1 5 1 . 9 79.85 Lucerne . 1 88.6 1 5 3 . 5 8 1 .44 Bâle-Campagne 1 89.4 1 5 2 . 3 80.48 Grisons . 188.4 1 5 3 . 3 81 .49 Obwald 1 88.2 1 5 1 . 5 80.57 Appenzell Rh.-E. 1 89 . 1 154.2 8 1 .60 Neuchâtel 1 89.5 1 5 2 . 6 80.64 Schwyz . 1 88.0 153.7 8 1 . 8 1 Fribourg . 1 89.4 1 5 2 . 7 80.70 St-Gall . 188.4 154.4 82.01

Zoug . 190.0 153.9 8 1 .08 Uri 186.6 153.0 82.06

Berne 1 89.2 153.4 8 1 . 1 6 Thurgovie 1 88.8 1 54 . 9 82. 1 4 Argovie 1 89.4 153.5 8 1 . 1 6 Valais 1 87.5 1 54.0 82.26 Soleure . 1 89.7 153.8 8 1 . 1 7 Appenzell Rh.-1. 187.5 15.5 . 2 82.85

Glaris 188.8 1 .53.3 8 r .29 Tessin 185.4 155.0 83 .66

Nidwald 1 88-4 1 53.0 81 .32 Suisse I89.u IjJ,j SI.JI

En calculant approximativement les pourcentages des brachycéphales et des mésocéphales des cantons extrêmes, nous avons obtenu des propor­

tions alternées assez nettes :

1

N 1 Mésocéphales Brachycéphales (-85,4)

% %

Bâle-Ville 761 48.8 2 9 . 1

Tessin . 1 2 1 4 19.6 5 2 . 1

M. Schlaginhaufen a porté les moyennes cantonales sur la carte en les groupant de deux façons (-79.9, 80-80.9, 81-81.9, 82-82.9, 83- et : -80.4, 80.5-81.4, 81.5-82.4, 82.5-83.4, 83.5-). Nous ne retenons ici que la première répartition : elle permet de mettre en évidence une région à moyenne méso­

céphale, s'étendant sur Genève, Vaud, Neuchâtel, Fribourg, Oberland bernois et Obwald. Le Jura bernois, avec un indice moyen de 81.18, sépare cette région occidentale des deux Bâles, aussi mésocéphales. La mention des deux régions alpines (géographiquement parlant) de l'Oberland bernois et d'Obwald, met en relief un fait sur lequel l'auteur insiste justement : cc L'image du territoire alpin suisse, citadelle de la brachycéphalie, doit donc être ramenée à une proportion plus modeste. » (fig. 3).

=

(13)

La comparaison des résultats obtenus en 1927-1932 ayec ceux des enquêtes régionales plus anciennes prouve que l'indice céphalique tend à diminuer : la ,, brachycéphalisation n séculaire, et pour l'explication de laquelle les théories s'affrontent, est arrêtée, et la marche reprend en sens inverse. L'auteur fait cette constatation sur une dizaine de séries, ce qui semble exclure le hasard malgré les différences de nombre entre les séries anciennes et celles de la dernière enquête. Il a calculé la variation annuelle

Liingenbreiten-/ndex des Kopfes Œinte,lung A]

ITlIIII1

- 79.9

m

80.0-809

81.0 - 8t 9

82.0 - 82.9

-

83.0 -

F1G. 3. - Carte de répartition des moyennes canto11rtlt'S cic l'indice cêphalique.

moyenne qui atteint 0.04 (0.0005-0.0723) ; il est intéressant de noter que le chiffre du Valais, calculé pour la période de 35 ans qui sépare l'enquête de Bedot de celle de Schlaginhaufen, est très proche de cette moyenne (0.0417) .

Quant aux groupes étrangers que l'auteur met à comparaître, ils mon­

trent en général un indice céphalique plus élevé que ceux des cantons suisses avoisinants. Il est vrai qu'on pourrait invoquer pour certaines séries, les différences chronologiques qui les sépàrent, surtout en ce qui concerne la France et la Suisse romande et le Jura. Mais l'explication ne suffirait pas, comme le prouve un tableau où l'auteur a placé, à côté des séries étrangères, les chiffres fournis par les cantons voisins, puis la différence qui devrait

(14)

séparer ces indices en utilisant un coefficient annuel moyen de 0.044. Il obtient ainsi encore des différences sensibles, surtout du côté de la Suisse occidentale. En voici quelques exemples:

Séries françaises Séries suisses

1

Différences corrigées

Rte-Savoie 86.25 Valais 82.26 1 .878

Vaud 79.85 4.288

Genève 79.75 4.388

Ain. 86.72 Genève 79.75 4.858

Vaud 79.85 4.758

Jura 88.20 Vaud 79.85 6.238

Doubs 86.05 Vaud 79.85 4.088

Nt:>.11,-.h8-1-i,,.1 Rn h .. ") ..,r\Q

....... ... "'t J · - � ....

Jura bernois 8 1 . 1 8 2.758 Haut-Rhin 83.8 Jura bernois 8 1 . 1 8 0.508 Bâle-Campagne 80-48 1 . 208

Bâle-Ville 79.60 2.088

Prenons prétexte de cette comparaison avec la France pour exprimer le vœu de voir ce pays entreprendre bientôt, avec des moyens dignes de sa mission culturelle et de ses grandes traditions scientifiques, l'enquête anthropologique qui s'impose, et qui donnera, enfin, une idée précise et moderne de la population entre l'Atlantique, le Rhin et les Alpes.

L'indice fronto-pariétal transverse est, pour 35.382 Suisses, de 69.42.

L'hypomésométopie que cet indice caractérise (65-69.9) représente les 50.29% des cas. Nidwald a l'indice le plus bas (68.72), Uri, le plus élevé (70.84.).

La face nous fournira, parmi d'autres données, l'indice facial total (morphologique), qui est, dans la série de 35.310 recrues, de 89-45 (66.4- n8.2). Ce sont les leptoprosopes qui sont les mieux représentés (35.76%), suivis des mésoprosopes (24.95) et des hyperleptoprosopes (24.59), les eury­

prosopes n'atteignant que les 12.59% (fig. 4). On peut donc parler du visage allongé des Suisses ; cet allongement est accentué à Bâle-Campagne (90. 78), à Obwald (90.66) et Nidwald (90.20) et dans le canton de Vaud (90.n).

Au contraire, on constate en Suisse nord-orientale une région à tendance mésoprosope (Appenzeli Rh.-Int., 88.12 ; Appenzell Rh.-Ext., 88.56;

Thurgovie, 88.56, St-Gall, 88.88); il est curieux de constater les faibles indices de Neuchâtel (88.75) et de Genève (88.98).

;

(15)

Les seules comparaisons étrangères concernent les reg10ns allemandes et autrichiennes ; à part quelques moyennes divergentes (due à une mensu­

ration aberrante de la hauteur faciale, par Saller), on peut dire que les moyennes de ces régions cadrent avec celles des cantons de la Suisse orien­

tale.

L'indice facial supérieur (physiognomique) moyen est, pour 35.329 sujets, de 55.84. Les moyennes cantonales passent de 55.25 (Appenzell

;1 M i

n

• 35310

'

i -r i M . 89,45 ! 0.03

; i / i I'\ i v, . 66,4

l

,,,

i i v •. 1 1 8,2

1 ' i l 1\ 1

! 5,40

i il i ' ',,, V t 6,04

1 /{

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l ) i i

1 / i 1 i j

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1 \

...-r 1

1 l i j

1

1 1 1 -.- , ...

.

'

FIG. 4. - Courbe de fréquence des indices faciaux en Suisse.

Rh.-Ext.) à 56.90 (Obwalden), et se placent donc toutes dans la catégorie mésènè, qui représente les 49.32% de la série totale.

Pour trois indices céphalo-faciaux et l'indice de distance bioculaire, nous reproduisons simplement des chiffres:

Il

1 JI, 1 M

1

minimum

1

Maximum

11

1

Ind. jugo-frontal 35.324 77.94 Obwald 77.15 Uri 79.74 Ind. jugo-mandib. 35.302 75. 7 1 Fribourg 74.86 Zoug 76.43 Ind. céphalo-fac. tr. 35.331 89.IO Tessin 88.33 Vaud 89.81 Ind. bioculaire 35.409 36.86 Genève 36.01 Obwald 38.46 1

L'indice nasal moyen, calculé sur 35.368 individus, indique la lepto­

rhinie: 62.95. C'est dans cette catégorie que se place la grande majorité des Suisses, comme le montre le tableau suivant:

(16)

Hyperleptorhinie -54 .9 I I .22%

Leptorhinie 55-69.9 74 -48%

Mésorhinie 70-84.9 14.88%

Chamaerhinie et 85-99.9

}

0-4 2%

Hyperchamaerhinie 100 -

Tous les cantons ont une moyenne leptorhinienne : de 61.44 pour Nid­

wald, à 64.16 pour Bâle-Ville. Les régions les plus leptorhiniennes sont éparses : à l'Ouest le canton de Vaud (62.06), au centre Ob- et Nidwald (61.55 et 61.44), à l'Est les deux Appenzell (61.83 et 62.07), au Sud-Est, les Grisons (61.96) et le Tessin (61.92).

Tous les groupes étrangers - surtout germaniques - dont l'auteur publie l'indice nasal ont une moyenne leptorhinienne, mais presque tous ûnt dünné u11 iuùice suIJérieur à celui àes cantons suisses. Les Français àe Collignon, avec 65.24, dépassent toutes nos moyennes cantonales. Nous pouvons ajouter- aux séries comparatives l'indice nasal moyen que nous avons obtenu sur 462 Italiens du Nord, âgés de 20 à 24 ans : 64.64 (65.05 pour no2 hommes de 20 à 39 ans) ; c'est presque 3 de plus que la moyenne tessinoise (61.92).

Un tableau suffira pour les trois indices naso-faciaux:

N Minimum .l\Iaximum

1

Ind. naso-fac. trans .. 35.315 24.64 Appenzell Bâle-

Rh.-I. 24.01 Camp. 25.09 Ind. naso-fac. sagitt. 35.36 3 44.06 Zoug 4 3.6 5 Neuchâ-

tel 44.76 Ind. larg. nas./haut. fac. 35.36 4 27.63 Nidw ald 26 .96 Valais 28.21

On n'a pu mesurer que sur 16.710 recrues l'angle facial total (Vollge­

sichtswinkel). Il est, en moyenne, de 136°.3, oscillant individuellement de 104° à 184°. Les variations cantonales sont sujettes à caution, vu l'inégalité des nombres : Glaris, 133°.4; Nidwald, 138°-4, Il semble, en gros, que la population des cantons romands présente un angle facial plus faible que celle des cantons alémaniques.

* * *

=

(17)

3. CARACTÈRES DESCRIPTIFS.

Nous devrons être encore moins prolixe en résumant les résultats publiés par le professeur Schlaginhaufen.

Le profil du nez, observé chez 35.326 sujets, s'est révélé droit, dans 53.06% des cas. Glaris monte même à 63.ro%, tandis que le Valais descend à 47.29 au profit des catégories extrêmes, concaves et convexes. Les nez convexes sont plus fréquents au Tessin (31.99%), à Genève (27.75%) et en Valais (27.24%).

Le profil occipital donne, pour 35.122 Suisses, les pourcentages suivants:

droit 9.01

droit à arrondi ro. 76

arrondi 64.1 5

arrondi à très arrondi 6 .7 5

très arrondi 9. 27

autres formes 0.06

La forme très arrondie est bien représentée à l'Ouest de la Suisse (Genève, 16.41%, Vaud, ro.78%), dans !'Oberland bernois (13.81%), dans le Nord (Bâle-Campagne, 11.15 ; Soleure, 13.39; Argovie, 11.07; Schaffhouse, 12.95) et à Schwyz (ro.50) ; l'occiput aplati dépasse rr% de la série à Berne­

Plateau et Soleure (13-48), à Schaffhouse (rr.61) et en Thurgovie (rr.66), enfin au Tessin (12.66).

La forme des cheveux est, dans 80.14% des cas, droite (schlicht), sur 34.980 sujets : Glaris, 87.46% ; Tessin, 70.26%. Au Tessin, le cheveu ondulé est mieux représenté.

Le degré de pigmentation a été noté pour les yeux et pour les cheveux.

Les yeux sont (selon l'échelle de Martin en 16 degrés, simplifiée ensuite) surtout mêlés (degrés 7 à 12-13) puisque cette catégorie groupe les 47.21%

des cas, tandis que les yeux clairs et bruns se tiennent, pour la fréquence : bruns, 27.32; clairs, 25.rr ; deux couleurs, 0.33%.

Les yeux bruns donnent aux Grisons et au Tessin, un fort pourcentage : 35.84 et 39.45. Notons aussi le chiffre élevé des yeux bruns genevois (33.65).

Les yeux clairs ne dépassent jamais les 30%, mais dépassent 28% en Argovie (28.34), à Soleure (28.65) et Berne (29.34).

La pigmentation des cheveux, classés à l'aide de l'échelle chromatique de Fischer-Saller, · donne, après blocage des catégories, la répartition sui­

vante (35.339 hommes):

Cheveux blonds (A à 0-P)

Cheveux bruns à brun noir (P à Y) Cheveux roux (I-V I)

Diverses combinaisons

30.64%

63.32 % 2.8 2 % 3.22 %

(18)

Le blond clair (A à E-F) est représenté chez r.80% de la série suisse ; c'est la Suisse centrale (Schwyz, 5.18%; Uri, 4.38% ; Obwald, 2.91%) avec !'Oberland bernois (2.99%) et Zurich (3.30%) qui figurent le domaine blond. La carte de répartition des blonds en général (A à 0-P) montre une distribution assez tranchée : les cantons aux plus faibles pourcentages se trouvent au Sud-Est, au Sud et au Sud-Ouest : Grisons, 2r.06% ; Tessin, 15.19% ; Valais, 19.14%; Vaud, 22.32%. On peut y adjoindre Fribourg (23.90%), Neuchâtel (25.95%), le Jura bernois (23.45%) et Bâle-Ville (25.95%). Le reste du territoire forme un bloc compact à tendance blonde.

L'auteur avait consacré en 1945, une petite étude particulière à la ques­

tion de l'érythrisme en Suisse. Il y revient en rappelant que les plus fortes fréquences se groupent en Suisse centrale (Zoug, 8.09% ; Uri, 8.03% ; Schwyz. 7.56�/0) et septentrionale (Zurich, Schaffhouse. Thurgovie, Appen­

zell).

* *

4. CORRÉLATIONS.

Pour déterminer des appartenances raciales, il est nécessaire de grouper les caractères morphologiques. C'est ce que le savant zurichois a fait avec un grand luxe de détail, en calculant les combinaisons de z, 3, 4, 5 puis 6 caractères.

On se contentera ici de signaler quelques-unes de ces combinaisons et les conclusions qui en découlent.

L'auteur publie une série de cartes où les corrélations de deux caractères sont répartis.

Prenons la combinaison: Grande taille (170-179.9) et mésocéphalie (76-80.9), qui se trouve, pour la série totale de 35.282 recrues, dans 16.12%

des cas ; c'est le groupe le plus fort, le suivant, de 13. 52%, étant celui de la grande taille et de la brachycéphalie. Ce groupe d'hommes grands et mésocéphales est surtout important dans la Suisse occidentale et septen­

trionale et aux Grisons. Les extrêmes cantonaux sont le Tessin (6.15%) et Appenzell Rh.-Int. (7.72%), d'une part, et Bâle-Ville (25.89%) et Genève (22.75%) (fig. 5).

La corrélation de la mésocéphalie et des cheveux bruns figure dans les 15.86% de la série suisse des 35.249 hommes (on compte 14.24% de bra­

chycéphales à cheveux bruns). Cette proportion est fortement dépassée par les cantons de Genève (20.75%), Vaud (zr.68%), Fribourg (20.48%),

=

(19)

pour la Suisse romande ; Soleure (19.27%) et surtout Bâle-Ville (22.76%) au Nord. Toute la Suisse orientale et le Valais sont au-dessous de 15%.

Le groupe des mésocéphales leptoprosopes, qui est le mieux fourni (15.21%

sur 35.229 sujets), varie de 7.94% au Tessin à 20.84% à Genève. On retrouve ici le noyau occidental de Genève, Vaud (18.48%) et Fribourg (18.85%).

Il y a un autre noyau en Suisse centrale, avec Uri (17.94%) et Obwald (18.44%).

Kategorien-Verbindung

DIIIIl] -1 1.08

� 1 1.09- 16.02

� 16.03- 20.96

� 20.97-

c=J

Kiirpergriisse 170.0- 179.9cm(gross)und Uingetibreiten- lndex 76.0- 80.9 (Mesokephalie)

FIG. 5. -Carte de répartition, par canton, de la catégorie grandes tailles-mésocépha1ie (en %).

Les mésocéphales leptorhiniens sont fortement représentés avec 29.92%

sur la série de 35.278 Suisses (suivis de 27.9% de brachycéphales leptorhi­

niens) . Le groupe romand (Genève, Vaud, Fribourg et Neuchâtel) dépasse 34 %- Les deux Bâle, Obwald et Zoug forment des îlots à forte fréquence.

Les leptoprosopes leptorhiniens (27.78% sur 35.188 hommes) dépassent 29% dans les cantons primitifs (sauf Nidwald et Lucerne) et à Fribourg.

Les hommes à cheveux bruns et droits (schlicht) prédominent avec 30.61% (50-45% si on ajoute les brun noir). La Suisse se divise très nette­

ment en deux parties, séparées par une ligne qui passe à l'Ouest des cantons de Zurich et d'Uri : la partie orientale, avec Obwald, présente des pourcen­

tages inférieurs à 27%.

(20)

154

Dans les nombreux tableaux qui combinent 3, 4, 5 et 6 caractères, avec chaque fois plusieurs jeux différents, glanons ce qui peut présenter un intérêt dans un résumé.

Rassemblant les individus qui présentent une analogie au quadruple point de vue de la taille et des indices céphalique, facial et nasal, on observe que les groupes les mieux représentés en Suisse (au-dessus de 4%) sont ceux-ci :

Taille

1

Indice céphalique Indice facial Indice nasal %

I . Moyenne mésocéphale leptoprosope leptorhinien 5 .59

2 . Grande

>l 5 .30

3. Mç,yenne brachycéphale

.

5.23

4. Grande 4.31

5. Grande mésocéphale hyperleptoprosope

"

4.12

6. Moyenne 4.09

7. Moyenne brachycéphale mésoprosope 4.01

En ajoutant la couleur des cheveux, on disperse encore plus; mais les groupes supérieurs à 2% sont ceux de la classification précédente, avec deux interversions 5, 4 et 7, 6. Un huitième groupe est celui des individus de grande taille, mésocéphales, mésoprosopes, leptorhiniens, bruns. Les blonds n'apparaissent qu'en 1ze rang, avec caractères : taille moyenne, mésocéphalie, leptoprosopie, leptorhinie (1.72%).

La sextuple combinaison (ajoutant la couleur des yeux aux 5 caractères précédents) donne les grands groupes suivants (au-dessus de 1%) :

1

Taille

!

cépha1ique Indice 1 Indice facial Indice nasal Yeux 1 Chev�

1

I . Grande mésocéph. leptopr. leptorh. mêlés bruns 1 .77

z. Moyenne )) )) )) ))

1 .67

3. )) brachyc. )) )) ))

1 .64 1

4. Grande mésocéph. hyperlept. )) ))

1 . 28

5 . Moyenne )) leptopr.

-

bruns

.

1 .22 1

6. Grande brachyc. ))

mêlés

,,

1 . 2 1

7 . Moyenne mésocéph. hyperlept. )) " 1 .20

8. )) brachyc. mésopr. »

• .

I . 20

g. )) )) leptopr. " bruns

1 . 1 3

1 0 . Grande mésocéph. ))

.

1 .05

I I . )) brachyc. ))

"

-

1 .04

=

(21)

5. DIAGNosi;: RACIALE.

Sur la base de toutes les combinaisons - dont nous n'avons extrait qu'une infime partie - M. Schlaginhaufen a tenté d'indiquer la répartition raciale de la population suisse. Il a utilisé dans ce but la division des six races de Deniker, en la nuançant des mQdifications apportées par Ripley, Günther (la caution n'est guère bourgeoise !) et von Eickstedt. En voici les conclusions.

I. Race nordique (Homo Europaeus) .

On se base sur la diagnose suivante : grande taille, mésocéphalie et dolichocéphalie, lepto- et hyperleptoprosopie, lepto-hyperleptorhinie, yeux clairs, cheveux blonds. On arrive à une fréquence de 1.571%.

2 . Race est-européenne (Osteuropide Rasse, Homo Vistulensis) .

Elle est très peu représentée en Suisse. En groupant les sujets de taille moyenne, brachycéphales, méso-eury- et hypereuryprosopes, méso-cha­

maerhiniens, blonds aux yeux clairs, on arrive au total de 0.285%, cer­

tainement exagéré, car le blondisme des Esteuropéens est particulier (blond cendré), et d'autre part la forme du profil nasal (concave) n'a pas été combinée.

3. Race ibéro-insulaire (Homo Mediterraneus) .

C'est la race méditerranéenne. En prenant les hommes petits, doli, chocéphales, ··rpéso-lepto-hypedeptoprosopes, méso-leptorhiniens, aux yeux et 11ux cheveux bruns, le pourcentage est très faible : 0.065%. Si l'on y inclut les mêmes catégories, mais pour les tailles moyennes, le total monte à 0.615%, ce qui paraît plus proche de la réalité, quoique trop élevé.

4. Race alpine (Homo Alpinus) .

L'auteur a réuni les individus de taille moyenne, brachy-hyperbrachy­

céphales, hypereµry-eury-mésoprosopes, mésorhiniens, aux yeux mêlés' et bruns, aux cheveux bruns. Le total est de 1.41%, et ne donne certainement pas une image juste de l'importance de la race alpine. Il f,i.udrait, selon l'auteur, ajouter des catégories leptorhiniennes, que Deniker exclut. Nous croyons qu'il faudrait tenir compte aussi des petites t�illes, ainsi que d'une partie des mésocéphales. On arriverait ainsi à dépasser largement le pour­

centage des Nordiques, ce qui sen;i.it plus conforme à la réalité raciale suisse.

(22)

5. Race littorale (Homo Atlanto-Mediterraneus) .

Caractérisée par la taille moyenne, la mésocéphalie, la lepto-hyperlepto­

prosopie, la lepto-mésorhinie, la pigmentation brune, elle serait bien repré­

sentée en Suisse : 2.47%. C'est beaucoup, et il faudrait peut-être nuancer la pigmentation, car Deniker parle de ·cheveux et d'yeux très foncés.

6. Race dinarique (Homo Adriaticus) .

Race aux grandes tailles, brachy-hyperbrachycéphale, lepto-hyper­

leptorhinienne, à pigmentation brune, elle fournit un total de 2.31%.

Là aussi, on aurait un pourcentage plus faible, en distinguant parmi ces brachycéphales les hommes qui présentent le caractère spécifique de la planoccipitalie. M. Schlaginhaufen rappelle que la corrélation nez convexe­

planoccipitalie figure da.ns r.65�� des cas.

-Récapitulons les pourcentages raciaux, en ordre décroissant : race littorale

race dinarique race nordique race alpine race ibéro-insulaire race est-européenne

2.47 %

2.31 %

r.571 %

1 .41 %

0.615 %

0.285 %

8.661 %

On voit qu'il ne faut pas attribuer à ces chiffres autre chose qu'une valeur indicatrice ; on peut penser que dans les 91.339% qui n'ont pas été classés, et qui seraient, à des titres divers des produits de métissage, il y a de quoi faire varier les proportions relatives des (( races pures ».

6. CONCLUSIONS ET REMARQl.'ES.

Le professeur Schlaginhaufen doit être vivement remercié du travail énorme qu'il a fourni, pour donner aux anthropologues une masse de documents où ils pourront puiser à larges brassées, en même temps que pour rendre aussi fidèlement que possible l'image raciale et physique de la population suisse. On ne pourra plus faire une étude anthropologique sur une région quelconque de la Suisse et de l'Europe centrale sans se référer à A nthropologia Helvetica.

;::

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