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Géographie Économie Société: Article pp.101-107 of Vol.14 n°1 (2012)

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Géographie, économie, Société 14 (2012) 101-107

géographie économie société géographie économie société

Comptes Rendus

Gabriel Blouin Genest, Frédéric Julien et Sylvie Paquerot, 2012, L’eau en commun. De ressource naturelle à chose cosmopolitique, Presses de l’Université du Québec, 166 p.

Trois auteurs pour ce petit ouvrage qui s’intéresse au statut (juridique) de l’eau en ce début de XXIe siècle. Ils défendent l’idée qu’il est primordial que l’eau ne soit plus uni- quement considérée sous le prisme de la ressource mais qu’elle fasse l’objet d’une mise en commun, par le biais d’une approche cosmopolitique.

Prévenons le lecteur : cet ouvrage traite moins de la question de l’eau que du statut juri- dique qu’elle endosse. L’ouvrage tente de poser les jalons théoriques et juridiques d’une autre forme de reconnaissance du caractère commun de l’eau : il s’agit dans cette optique d’un manifeste visant à modifier les modes dominants d’appréhension de l’eau. Ce travail théorique est présenté comme un prérequis pour enrayer la marchandisation de l’eau-ressource.

L’introduction, dont le sous-titre A qui appartient l’eau ? Une très vieille histoire ? résume bien le propos, défend l’idée qu’aux multiples représentations de l’eau ou des eaux forgées par les différentes sociétés au cours de l’histoire, s’est substituée une vision unique et utilitaire, à savoir celle d’une ressource destinée à satisfaire nos besoins. Cette vision de l’eau comme ressource a fait depuis longtemps l’objet de négociations dans les cadres étatiques et souverainistes, puisque l’eau circule et ne respecte pas les frontières…

Cette appréhension de l’eau comme ressource a pour conséquence de masquer un autre aspect, celui de l’accès à l’eau comme droit humain.

Les auteurs soulignent ensuite que s’est également imposée, avec les premières alertes sur l’environnement, la représentation d’une « crise mondiale de l’eau », liée à son utili- sation systématique comme poubelle et à ses usages excessifs. Cette représentation de la crise, qui est non pas une crise de l’eau mais bien une crise de notre rapport à l’eau, a elle- même impliqué des solutions gestionnaires : au lieu de réfléchir au caractère insoutenable de nos usages de la ressource, on a privilégié une approche restreinte aux méthodes de gestion. Le Canada est particulièrement visé par ces critiques. Le pays, richement doté en eau, a oscillé, nous disent les auteurs, entre une représentation souverainiste de l’eau et une autre plus libre-échangiste (l’eau pouvant être vendue et exportée). L’arbitrage s’est finalement fait en faveur de la vision souverainiste suite à de nombreuses controverses autour de l’application de l’ALENA. Pour autant, cette vision souverainiste ne se résout pas le problème : l’eau est toujours considérée uniquement comme une ressource, mais exclusivement à l’intérieur du territoire national. Au niveau international, le pays s’est

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d’ailleurs opposé à une résolution « visant à nommer un rapporteur spécial sur la question du droit à l’eau en tant que droit humain » (p. 9), à cause des éventuelles menaces que cela pourrait faire peser sur la souveraineté du pays.

Tout l’enjeu de l’ouvrage, dès lors, est de réfléchir aux moyens, notamment juridiques, de dégager l’eau de cette double conception très restreinte, à la fois objet de souveraineté et res- source. Les différents chapitres se déclinent dans cette optique, certains étant consacrés à une discussion théorique sur le cosmopolitisme ou aux limites des principes de souveraineté natio- nale face aux « commons », d’autres à une critique du concept de GIRE (Gestion intégrée des ressources en eau) et à des propositions pour ré-encastrer la conception de l’eau-ressource dans ses usages sociaux et écologiques. L’eau n’est en effet, nous disent les auteurs dans un ton que n’aurait pas renié Polanyi, pas uniquement une ressource : « elle est un système de soutien à la vie » (p. 120). Ainsi ses usages marchands devraient passer après une logique universelle, celle qui permet le maintien de la « vitalité des systèmes aquatiques » (p. 121) et l’accès à un minimum d’eau potable, et après une logique sociale, de satisfaction des besoins définis par les systèmes sociaux (en gros, quel prix de l’eau, quels services publics ? etc.).

Dans ce cheminement, on croise des outils comme celui de « l’eau virtuelle » (proche du bilan carbone) qui permet de prendre en compte le besoin d’eau dans la production d’un bien ou d’un service et rend donc visible cet usage combien d’eau est nécessaire à la production d’une tonne de blé ? Environ 1 000 tonnes rappellent les auteurs).

Les longs passages consacrés au cosmopolitisme, au droit international public, donnent au lecteur (parfois) une impression de distance au sujet, pourtant bien concret, des usages de l’eau. Peu d’exemples issus de travaux de terrain sont finalement donnés en ce qui concerne des problèmes pratiques liés au statut juridique de l’eau, par exemple dans les pays du Sud : or, ils auraient eu le mérite d’illustrer la dimension normative du propos des auteurs. La transformation des statuts juridiques de l’eau s’est en effet produite en de mul- tiples occasions et les liens entre le statut juridique et, par exemple, la conservation de la ressource, auraient pu être mieux mis en valeur. C’est donc dans cette déconnexion entre une approche théorique et juridique, qui est certes absolument nécessaire, et un manque d’applications concrètes que réside la principale faiblesse de l’ouvrage. On espère donc que ce livre-manifeste aura un second volet, fondé sur une approche plus socio-historique des pratiques et représentations de l’eau dans les différentes sociétés.

Paul Cary Ceries / Lille 3

© 2012 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Florent Le Bot et Cédric Perrin (dir.), 2011, Les chemins de l’industrialisation en Espagne et en France : les PME et le développement des territoires (XVIIIe- XXIe siècles), Bruxelles, P.I.E. Lang, Collection France contemporaine, 2011, 390 p.

La collection France contemporaine se consacre aux travaux ayant trait à l’histoire de la France du XIXe au XXIe siècle. Elle a pour objectif d’illustrer la fécondité des travaux se situant à la jonction de l’histoire politique et de l’histoire économique. Le présent ouvrage résulte d’une initiative de ses deux responsables qui ont réuni à une année d’intervalle

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(2009-2010) des historiens économistes espagnols et français spécialisés sur les questions industrielles. À la faveur de ces deux rencontres il a été possible de confronter les approches historiques françaises et espagnoles autour de la question des PME et des territoires, des systèmes de production localisés et des parcours conduisant à l’industrialisation. Ainsi, des contributions portant sur des exemples espagnols, des comparaisons franco-espagnoles ou des relations transnationales de part et d’autre des Pyrénées sont ici présentées. Le tout prend son appui sur les travaux aujourd’hui bien connus d’abord d’Alfred Marshall, ensuite, plus près de nous dans le temps, sur ceux des Italiens Brusco et Beccatini relatifs à la

« Troisième Italie » auxquels se sont référés les Américains Piore et Sabel dont les travaux se trouvent ici présentés.

Il est donc beaucoup question dans ces pages de districts industriels, de clusters et autres SPL, le tout présenté suivant un triple intérêt : 1_Une vue transversale de longue durée sur les rythmes d’industrialisation dans le secteur des biens de consommation (aliments, vête- ments, cuir, meuble…) ; 2_ Une mise en lumière de la place respective des PME dans la construction et le développement des SPL ; 3_ Le rôle des territoires en termes de proximité, comme fournisseur d’économies externes aux PME.

La responsabilité d’assembler et de coordonner les contributions des uns et des autres est revenue à Florent Le Bot et à Cédric Perrin. Le premier, docteur en histoire, est chercheur et enseignant à l’ENS de Cachan alors que le second, professeur agrégé et également docteur en histoire, est enseignant au Lycée Granmont et à l’Université François Rabelais à Tours.

Ils ont cru pertinent de partager cette œuvre collective en quatre parties, dont trois chapitres sont offerts dans la langue de Cervantes. Ils se partagent le premier chapitre de la première partie dont l’intitulé ne peut être plus simple : Cadre. Après avoir traité du paradigme du tout à la grande entreprise, ils passent au tournant postfordiste où Small is beautiful. Le lecteur se voit offrir une revue de la littérature où, aux noms sus-mentionnés plus haut, s’ajoutent ici les Courlet, Benko, Scott, Williamson, Veltz, Ganne, etc. Il importe de mentionner un nom qui m’était inconnu, même si son patronyme est célèbre à Roland Garros et à travers le monde : Jordi Nadal. Ce dernier aurait joué un rôle de pionnier dans les années 70 par la publication d’un livre considéré comme une référence majeure : El Fracasso de la revolución industrial en España. D’autres collaborateurs à cet ouvrage font référence à cet ouvrage.

Selon Le Bot et Perrin, l’intérêt de la comparaison entre les situations industrielles fran- çaises et espagnoles prend son appui sur deux axes : celui de l’approche selon les chemins de l’industrialisation, d’où le titre de l’ouvrage, et celui qui se rapporte à l’encastrement des PME au sein de leur territoire. En se basant sur ces deux axes, ils estiment que la comparai- son entre l’Hexagone et la péninsule ibérique permet de s’inscrire en faux contre certaines théories, dont celle des étapes de la croissance de Rostow. En effet, à leurs yeux, chaque pays emprunterait des chemins différenciés avec des rythmes et des modalités propres. Pour ne s’en tenir qu’à la France et l’Espagne, ces deux auteurs vont combler les lecteurs qui raffolent des notes de bas de page puisqu’ils leur en offrent pas moins de …162 dont certaines comptent pour plus d’une demi-page.

Le chapitre suivant, sous la plume de J. Catalan, intéressera plus particulièrement les lecteurs qui, en 2012, ne savent toujours rien de la contribution d’A. Marshall sur les dis- tricts industriels… quitte à recourir à un dictionnaire pour lire : Distritos y clusters en la indistrialización Espanola : uma visión de largo plazo. Puisqu’il est question de clusters, les non familiers avec la contribution du gourou d’Harvard, M. Porter, sauront tout ce qu’il

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importe de connaître. Quant aux autres lecteurs, s’ils en ont la patience, ils pourront assimi- ler une gamme variée d’information sur les SPL espagnols surtout s’ils portent attention aux 88 notes de bas de page. Et pour en savoir plus, l’auteur suggère 8 pages de bibliographie, comme quoi tout ne tombe pas du ciel.

Les trois autres parties sont à l’avenant en ayant pour titres : Études sectorielles, Des territoires des hommes et des réseaux, et… Biographies (21 p). Inutile de préciser que le tout ne se lit pas comme un roman. Il revient à chacun, suivant ses intérêts de puiser à travers la table des matières ou à l’intérieur de chacun des chapitres, les éléments susceptibles de l’intéresser.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières

© 2012 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Sylvain Barone (dir.), Les politiques régionales en France, Paris, La découverte, 2002, 325 p.

D’après leurs noms, seize des dix-sept auteurs semblent être français et rattachés à une université ou à un centre de recherche hexagonal. Leur ouvrage résulte d’une jour- née d’étude tenue à Montpellier à la fin de janvier 2010, sous l’égide du Centre d’études politiques de l’Europe latine en collaboration avec l’Association française de science politique. S. Barone, du CEMAGREF, en introduction, précise que l’incertitude qui entoure l’avenir des régions et le besoin d’un bilan, quelque trente ans après l’adoption des célèbres lois Deferre, ont justifié cette journée de réflexion qui a eu pour toile de fond la réforme territoriale de 2009-2010. Cette dernière, faut-il le préciser, se trouve dans le collimateur du Parti socialiste qui a promis sa remise en cause en cas de victoire aux législatives de 2012. Mais comme il s’agit d’une promesse électorale, il se peut que tout ne soit pas perdu. Dans l’une des deux introductions, B. Rémond, professeur à l’Insti- tut d’études politiques de Paris, soulève une batterie de questions qui ne trouveront pas réponse ici, beaucoup s’en faudrait : a-t-on atteint un point de non-retour suite à trente ans de décentralisation ? Peut-on concevoir une recentralisation ou une départementali- sation des politiques régionales ? Ces dernières, au contraire, sont-elles si inachevées et indécises que tout serait possible ? On l’aura deviné, le sempiternel affrontement entre Jacobins et Girondins accompagne le lecteur tout au long d’un ouvrage qui s’interroge sur l’existence véritable des régions comme acteurs politiques en présence d’un statut incertain et susceptible de faire l’objet de réformes continuelles.

Ce volume ayant deux introductions, comme pour en assurer une certaine symétrie, on y trouve également deux conclusions qui, par le rappel des diverses contributions, pourraient faire également office d’introduction. Ainsi, V. Simoulin, professeur de socio- logie à Toulouse 2, reprend le questionnement de départ sur le rôle actuel des régions en France en se référant à trois types de politiques régionales. Un premier type se rapporte au « noyau dur » de l’action des régions : leurs responsabilités à l’origine de leur implan- tation. Un deuxième type regroupe les politiques en cours de développement et marquées par leur caractère ambigu. Enfin le troisième type, de nature plus disparate, fait partie des politiques touchant différents niveaux territoriaux dans le but de faire « vivre » la région.

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On comprendra, comme le signale en entrée de jeu B. Rémond, que les régions fran- çaises sont fragiles et bien loin, institutionnellement, politiquement, fonctionnellement et financièrement de leurs « homologues » italiennes, espagnoles, belges, allemandes et britanniques auxquelles il sera fait occasionnellement allusion pour fins de comparaison, quitte à comparer pommes et oranges.

La première partie se consacre au soi-disant « noyau dur ». Elle intéressera avant tout le lecteur préoccupé par les sujets traités dans chacun des trois chapitres se rapportant respectivement à la formation professionnelle, à l’éducation et aux TER. Concernant les politiques ferroviaires régionales, S. Barone soutient que, contrairement à la formation professionnelle dont le processus de régionalisation demeure incomplet, avec le rail, on obtient un exemple de régionalisation effective où la collectivité locale occupe un rôle de premier plan. En effet, les conseils régionaux joueraient un rôle décisif au sein des sys- tèmes d’acteurs impliqués dans l’élaboration des politiques ferroviaires régionales. Dans une section sur l’empreinte des élus régionaux, on peut lire que les trains régionaux sont ni de droite ni de gauche (sic). Est-ce à dire qu’ils roulent au centre Mais, selon S. Barone, la thèse selon laquelle l’automobile serait de droite et le train (incluant j’imagine le tram) de gauche serait invalidée par l’analyse des politiques régionales et ce, à partir de l’étude minutieuse de quatre régions d’obédience politique différente dont la « droitière » Alsace.

À l’opposé, on a le Languedoc-Roussillon dont deux présidents de région, entre 1986 et 2010, vont jouer un rôle déterminant. Le premier est Jacques Blanc et le second, plus connu parce qu’aussi coloré que visionnaire, répondait jusqu’à il y a peu au nom de Georges Frêche. Il se dégage de ce chapitre que la réforme de la régionalisation ferro- viaire a débouché, dans ce domaine, sur une véritable affirmation des conseils régionaux.

La deuxième partie Au-delà des compétences régionales comprend elle aussi trois cha- pitres, chacun se rapportant à l’enseignement supérieur, à la culture et, ce qui ne peut manquer d’intéresser le lecteur de GES, aux contrats territoriaux, à l’aménagement et à la gestion du territoire régional. Dans ce dernier chapitre A. C. Douillet tire profit de sa thèse de doctorat pour traiter, entre autres, du programme européen LEADER qui, on le sait, a pour objet de stimuler le développement des zones rurales. Il est aussi question des pays avec cette loi de fin de siècle connu sous l’affreux acronyme LOADDT qui prévoit la possibilité de contrats entre l’État et les pays au nombre équivalent de fromages (avec parfois des noms aussi pittoresques) à travers la douce France.

La troisième partie, avec un titre plutôt asséchant Perspectives transversales, est celle qui m’a le plus intéressé, mais ce, pour des raisons on ne peut plus subjectives. En trai- tant de « régions » dotées de véritables gouvernements identitaires avec la Catalogne, l’Écosse et la Flandre - alors que l’on aurait pu ajouter le Québec (une province cana- dienne peut-elle se voir assimiler à une région ?) - A. Cole, professeur à l’Université de Cardiff, ne pouvait que retenir fortement mon attention. Qu’on en juge : il est ici question de nationalisme de minorité (les francophones minoritaires au Canada), de régions vues comme des échelons de gouvernement et des construits sociaux, de lieux où se dégage un fort sentiment d’identité, où la fédération prend la forme de gouvernement de moindre dénominateur commun, où l’on parle de nations. On en est loin dans une France rendue indivisible par la Révolution, qui donnera lieu au mal français, dont on ne sait guérir malgré toutes les tentatives. Mais pour l’observateur d’outre-manche, l’espoir est permis.

Il voit dans les efforts de décentralisation un processus évolutif d’apprentissage institu-

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tionnel, de renforcement des capacités politique et cognitive, des acquis d’expertise, et de l’expérimentation. Mais, bien sûr, l’État reste très présent sur le territoire de Marianne.

Paraphrasant Benko et Lipietz, de toute évidence sans le savoir, notre gentleman britan- nique évoque les régions qui réussissent… Ce sont celles qui projettent des « identités de projet » en mobilisant les citoyens sur la base d’un projet collectif inclusif. Aurait-il entendu parler des « régions de projets » ? Dans une section sur le néorégionalisme, caractérisée ici par cinq traits particuliers, notre auteur, sans se départir de son flegme, en admettant que le diagnostic d’une « Europe des régions » s’est avéré faux, considère par ailleurs que les régions et les localités sont devenues à ses yeux des acteurs à part entière de la gouvernance européenne. Suivent d’intéressantes considérations sur le concept de la gouvernance, locale, territoriale ou autre.

Enfin, il m’apparaît important de souligner le tout dernier chapitre dû à la plume de G. Gourges de l’Institut d’études politiques de Grenoble, sur la démocratie participa- tive en région. En quoi s’inscrit-elle dans le processus de mobilisation territoriale ? Il est question ici d’une sociologie que je ne croyais pas connaître : la sociologie de l’action collective régionale. Pourquoi pas ? Elle permettrait de penser la régionalisation non plus comme la seule montée en puissance des collectivités régionales mais comme une « mise en participation » du social par les autorités publiques.

Une bibliographie de 24 pages chapeaute un tout qui devrait intéresser les lecteurs de GES.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières

© 2012 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Michel Verpeaux, Les collectivités territoriales en France, Paris, Dalloz, 4e éd., 180 p.

Un « petit » Dalloz qui, par sa quatrième édition, fait la preuve de son utilité. Petit par le format et par le prix (11,90 €), soit ce genre d’ouvrage que l’on a du mal à retrouver dans sa bibliothèque parce que toujours calé entre deux briques. Que l’on retrouve tou- jours, cependant, avec ravissement car, ô combien ! ils ont leur utilité en nous rappelant un événement, une date, un article de loi etc. comme celui-ci dû à M. Verpeaux, professeur de droit public à Paris I qui, dans cette même collection (Connaissance du droit), a publié La région et La Constitution. La raison d’être du présent volume se comprend quand on sait, comme l’écrit l’auteur, que le nombre, la taille des collectivités territoriales, com- munes, départements et, plus récemment, régions, ont toujours fait l’objet de débats en France. Ce qui ne manque pas d’ailleurs de faire sourire l’observateur étranger, conscient qu’il est en présence d’une pièce de théâtre qui demeurera inachevée. Bien sûr, comme dans tout ouvrage similaire (voir ma recension de Les politiques régionales en France), l’auteur ne peut éviter le rapprochement avec les länder allemands, les régions italiennes et les communautés espagnoles, sans toutefois insister, n’étant pas l’objectif ici poursuivi.

L’histoire des collectivités territoriales débute avec la Révolution. Une loi du 22 décembre 1789 divise le territoire afin de permettre l’élection des députés du corps législatif et d’organiser les assemblées administratives. Mais il ne faut pas alors s’at- tendre, avec la création des départements, à des instances décentralisées. Les Jacobins veillent au grain, l’œil bien ouvert (Brissot s’en est rendu compte). C’est pourquoi il

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faudra attendre aussi loin que le 27 février 2002 pour que soit votée une loi incitant les entreprises à s’implanter sur un territoire donné, les départements et les communes pou- vant désormais participer au financement des aides dans le cadre d’une convention passée avec la région. Les pages se rapportant aux compétences des régions, des départements et des communes sont, j’ose espérer, surtout utiles pour les amis de la France, étant donné que les lois de la décentralisation ont été votées en 1982 et 1983. On peut dont passer à deux lois identifiées par leurs dates d’adoption (comme celle du 31 juillet 1889, interdi- sant d’afficher sur les murs : incontestablement la loi la plus connue et la moins respectée de tous les Hexagonaux) et identifiées par le nom de leur porteur, très familières aux lecteurs de GES : la « loi Voynet » du 25 juin 1999 et la « loi Chevènement » du 12 juillet de la même année. La première, faut-il le rappeler, oriente le développement durable et l’aménagement (beau programme !) et la seconde veille au renforcement et à la simplifi- cation (sic) de la coopération intercommunale.

L’argent, ce nerf de la guerre. Dans une section sur les moyens financiers, l’auteur, sans surprise, évoque la faiblesse des moyens financiers accordés par un État ayant ten- dance à transférer de nouvelles charges sans contrepartie suffisante. C’est ce que l’on désigne au Québec par l’expression « pelletage de responsabilités » sans compensation financière. En France, les recettes fiscales représentent 40 % des ressources des collecti- vités territoriales parmi lesquelles les impôts directs comptent pour 80 %. Ici, l’auteur fait allusion aux « quatre vieilles » dont l’origine remonte aussi loin qu’à la Révolution : taxe d’habitation, sur le foncier bâti, sur le non bâti et taxe professionnelle.

Le lecteur intéressé pourra se rapporter à la loi du 22 juillet 1982 pour savoir que le préfet ne dispose, pour les actes qu’il reçoit, que la possibilité de saisir le tribunal admi- nistratif d’un recours baptisé déféré, et ce, dans un délai de deux mois suivant la trans- mission de l’acte. Et, que les partisans du centralisme se rassurent, l’article 72, alinéa 3 détermine les contours et les limites des missions du représentant de l’État. Le lecteur trouvera des dizaines de pages remplies d’informations aussi captivantes, qui me font me demander quel plaisir peut tirer l’auteur de la rédaction de tels passages. L’esprit du devoir ou de sacrifice, à n’en pas douter, sert ici de mobile. Mais, comme je l’ai écrit plus haut : un usage approprié de la table des matières permet d’éviter les sections les plus obscures en allant droit à l’information recherchée. Cet ouvrage fournit des réponses à d’inévitables interrogations sur un sujet toujours d’actualité.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières

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