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Géographie Économie Société : Article pp.227-232 du Vol.14 n°2 (2012)

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Géographie, économie, Société 14 (2012) 227-232

géographie économie société géographie économie société

Comptes Rendus

Mario Bédard, Jean-Pierre Augustin et Richard Desnoilles (2012), L’imaginaire géographique. Perspectives, pratiques et devenirs, Québec, Presses Universitaires du Québec, Collection Géographie contemporaine.

Les images et les récits au travers desquels notre monde est mis en sens structurent les imaginaires géographiques qui fondent notre rapport à l’espace. Ces imaginaires, fruit de la manière dont – à partir de ces matériaux – nous imaginons l’ici et l’ailleurs, contribuent à modifier nos pratiques de l’espace et à intensifier notre mobilité. Dans un mouvement de retour, les aménageurs, les politiques, les industries du tourisme et de l’immobilier, mais également les artistes, voire les acteurs associatifs, produisent de l’imaginaire de manière à façonner tout en le signifiant le paysage de nos villes et de leurs périphéries. C’est de ces processus complexes de transformation et de sémantisation de l’espace, à l’interface entre plusieurs mondes du social, que le présent ouvrage entend rendre compte en se saisissant de ces questions à travers trois grands axes thématiques.

Dans une première partie, les auteurs s’intéressent à la manière dont les imaginaires géographiques contribuent à redessiner et à signifier nos paysages, et partant, à définir le sens de notre présence sur Terre. C’est notamment ce qu’entreprend Mario Bédard qui, partant d’une critique du « paradigme cognitif et logique moderne », interroge les normes de la geste paysagère contemporaine. La pensée moderne, nous dit l’auteur, est généra- trice « de valeurs qui nous obligent à transformer et à détruire peu à peu le milieu naturel et le tissu social » (p. 47). Aussi c’est à un projet paysager – qui par nombre de ses aspects s’apparente à un véritable projet de société – que Mario Bédard nous invite à réfléchir, à travers une mise en question des « valeurs et [des] modalités qui président à [la] mise en image [des paysages], notamment pour voir si les habitants des lieux […] choisis et représentés y trouvent véritablement leur compte » (p. 44). Ce sont des préoccupations analogues qui guident la réflexion de Daniel Le Couedic. Partant de l’ouvrage inaugural de Camillo Sitte1, cet auteur retrace l’émergence du New Urbanism, courant urbanistique et architectural qui emprunte au local ses éléments pittoresques en vue d’édifier des « pro- ductions gorgées d’images évocatrices d’un passé idéalisé » (p. 22). Ce faisant, il relate les débats violents qui opposèrent les tenants du Mouvement moderne à ceux du New Urbanism. Pointant les dévoiements du projet de Sitte qui, dans certaines de ses adapta-

1 Camillio Sitte, 1889, Der Städtebau nach seinen künstlerischen Grundsätzen.

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tions les plus contemporaines, en vient à « ronger les cloisons séparant le permanent de l’exceptionnel, le complexe du superficiel, le lent de l’immédiat, le réel de l’imaginaire » (Le Couedic, 2012, p. 42), Le Couédic plaide pour une dialectique susceptible de conci- lier les principes des courants Moderne et pittoresque en vue de donner naissance à des

« métissages encore inconnus » aujourd’hui et peut-être porteurs de l’urbanité de demain.

Les deux articles qui suivent portent plus spécifiquement sur la nécessité de tenir compte de la pluralité des imaginaires dans l’aménagement. Partant du postulat que les imaginaires géographiques sont pluriels, Sylvain Paquette et Philippe Poullaouec-Gonidec s’interrogent sur les « moyens [qui] peuvent être mis en place pour stimuler et engager [ces] imaginaires pluriels […] afin d’enrichir la planification » (p. 59). S’appuyant sur des cas concrets de mise à contribution des habitants, élus et professionnels dans les proces- sus de réaménagement des territoires périurbains, les auteurs soulignent la nécessité de penser des projets de paysage plus soucieux de prendre en compte à la fois la singularité des espaces sur lesquels ils opèrent et la pluralité des imaginaires qui s’y rattachent.

Mayté Banzo, Eva Bigando, Laurent Couderchet et Frédéric Tesson prennent quant à eux comme point de départ de leur analyse l’étude du projet de réaménagement du parc des Jalles au nord de l’agglomération bordelaise et nous montrent comment les imaginaires des élus et des aménageurs, largement conditionnés par le « mythe vertueux de la nature en ville », se heurtent à celui des usagers et des riverains du parc. À travers cette étude de cas, ces auteurs nous donnent en réalité à voir les méfaits de l’imaginaire dès lors que celui-ci s’institue en norme, enfermant l’action des aménageurs « dans une reproduction bridée de « bonnes pratiques » qui fixent les images dans une forme définitive et qui inter- disent à l’imagination de donner sa pleine mesure » (p. 81).

Concluant cette première partie, l’article de Martine Freedman met en évidence la manière dont la rencontre des imaginaires de différents groupes sociaux a permis de faire aboutir le projet de commémoration de la présence chinoise dans le quartier de Saint- Roch de la ville de Québec. Exposant les interventions urbaines et narrations que ce projet commémoratif a générées, elle analyse la création d’un imaginaire qui, bien que peu en lien avec les réalités que couvrait la présence chinoise à Saint-Roch (celle-ci ayant été de faible importance), est cependant porteur de sens aux yeux de ses habitants.

S’il est question, dans la deuxième partie de l’ouvrage, de comprendre la manière dont les imaginaires se mettent au service de la re-sémantisation du local, il nous semble également que c’est du caractère fluide, conquérant, voire transposable de l’imaginaire dont traitent certaines de ces contributions. Ainsi en est-il de l’article de Lucie K. Morisset qui nous invite à découvrir l’histoire de la « fiction architecturale » de la montagne Tremblante, lieu de vil- légiature situé au Nord de Montréal, surgi de terre à la fin des années 1930. S’attachant tout d’abord à décrire la manière dont l’architecture a été mise au service d’un « mythe à travers lequel l’imaginaire d’un village typiquement québécois […] est devenu réalité » (p. 138), l’auteure entend montrer comment, empruntant des éléments pittoresques à la Province du Québec puis à la région des Laurentides, les concepteurs sont finalement parvenus à faire de la station de ski de la montagne Tremblante « le plus important conservatoire d’imagi- naire de la province » (p. 158 et 159). C’est d’une autre forme de mise en circulation des imaginaires dont traite Olivier Lazzarotti dans son article. Prenant comme point de départ de son analyse une carte postale rédigée en 1930 par une fillette en vacances sur la Côte d’Opale, cet auteur nous montre comment la « mise en désir de soi-même imaginée aux

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yeux des autres » à travers le récit de l’ailleurs est devenu l’un des ressorts fondamentaux de nos pratiques contemporaines de l’espace. S’intéressant pour sa part à l’imaginaire géo- graphique de Los Angeles présent dans l’œuvre de Charles Bukowski, Marc Brosseau nous montre comment l’imaginaire de l’écrivain peut à la fois être interprété comme un imagi- naire conquis et un imaginaire conquérant qui, par sa portée, sa cohérence et son efficacité, est parvenu à « changer les images exotiques de Los Angeles pour des images banalement familières d’un quotidien très ordinaire » (p. 228). Et c’est encore de cette idée de conquête ou de colonisation des imaginaires dont traite le texte de Suzanne Paquet. S’intéressant à la manière dont la photographie et le développement des réseaux de communication ont donné lieu à « un imaginaire fortement façonné par les images » qui conditionne aujourd’hui nos pratiques et nos modes de production de l’espace, cette auteure nous enjoint à réfléchir à la nécessité de « composer un mode alternatif de constitution d’imaginaires urbains por- teurs d’utopies, c’est-à-dire de manières de montrer des possibles » (p. 238). Et c’est, selon elle, à travers l’art urbain qu’un tel pari devient possible, les pratiques artistiques urbaines contribuant à faire de la ville l’« œuvre perpétuelle des habitants ». Illustrant son propos d’exemples concrets, Suzanne Paquet nous donne finalement à voir comment la pratique de l’art urbain permet aujourd’hui de déjouer les pièges « d’un mode stéréotypé de production de l’espace » tout en restituant à l’urbanité ses qualités « participatives et flexibles ».

Les deux articles suivants s’attachent, quant à eux, à montrer comment l’imaginaire peut être mis à contribution au sein d’entreprises de ré-enchantement du local. S’intéressant à la manière dont les imaginaires géographiques propres à des groupes sociaux parti- culiers interagissent pour donner corps et sens à l’action locale, Michel Favory nous convie à explorer les processus ayant trait à la production de représentations sociales à l’occasion « de l’élaboration d’une politique d’urbanisme patrimonial » dans la ville de Bazas, située en Sud-Gironde. Empruntant ses outils conceptuels et méthodologiques aux sciences cognitives, l’auteur entend « comprendre la part des représentations sociales dans un système d’actions localisées, et plus précisément (…) cerner dans ces représenta- tions les relations interactives entre le spatial, le social et le cognitif » (p. 195). Dans une perspective quelque peu similaire, Sandra Breux se propose d’analyser la manière dont les représentations construites autour d’un projet urbain par les promoteurs et les urba- nistes s’apparentent à « un vaste « récit multirationnel » de l’action » (p. 116). Analysant les mises en récits du projet de réaménagement de Griffintown2 et la réception de ces récits au sein des populations locales, elle met en évidence la difficulté de « tisser des liens entre la façon dont est présenté un projet urbain et la manière dont il est reçu par les habitants » (p. 114) et interroge les raisons qui font que l’imaginaire aménageur contem- porain ne parvient plus à atteindre la population.

Dans la dernière partie de l’ouvrage, il s’agit de comprendre la manière dont les valeurs, les images et les modèles véhiculés par les imaginaires des aménageurs, des promoteurs et des politiques peuvent contribuer à lutter contre ou, au contraire, à intensifier les pro- cessus de fragmentation sociale et spatiale auxquels sont sujets les espaces urbains et périurbains. Ainsi les articles d’Anne-Marie Séguin, d’une part, et de Michel Parazelli et Charles Robitaille, d’autre part, explorent-ils les effets de sécession et d’exclusion géné- rés par la production de l’espace urbain dans le contexte contemporain. C’est via l’analyse

2 Un arrondissement Sud-ouest de la ville de Montréal.

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Séguin entend déterminer si le modèle des enclaves résidentielles est en voie de s’implan- ter dans le contexte montréalais. Revenant sur les valeurs qui sous-tendent l’habiter en de tels quartiers3, elle se propose d’en débusquer la présence au sein d’un corpus de discours publicitaires envisagés ici « comme un prisme à travers lequel il est possible de cerner les représentations sociales de l’habitat, notamment celles du « vivre-ensemble » » (p. 278). Dans leur article « La rue radieuse. Imaginaire collectif et gestion de l’urbanité en marge », Michel Parazelli et Charles Robitaille traitent quant à eux de la manière dont les villes tendent à réorganiser leur espace en privilégiant l’édification de quartiers récréotouristiques susceptibles d’attirer investisseurs et nouveaux résidents. Toutefois, comme le montrent ces auteurs, ces opérations de réaménagement urbain s’apparentent bien souvent à un processus d’appropriation de l’espace qui se fait au détriment de popu- lations marginales et non désirées dans ces espaces en cours de reconversion. Analysant un corpus d’articles de presse traitant du cas du quartier des spectacles de Montréal, ils mettent en évidence l’émergence d’un imaginaire écosanitaire assimilant les sans-abri à « une menace pour l’équilibre urbain » et justifiant ainsi des pratiques répressives qui n’en demeurent pas moins indéfendables dans une société démocratique.

Les deux autres chapitres de cette dernière partie nous invitent à réfléchir à la manière dont il convient de penser le réaménagement d’espaces en déshérence afin que ces der- niers soient réinvestis de sens. Revenant sur la manière dont ont été planifiées les infras- tructures destinées à recevoir les Jeux Olympiques de Montréal de 1976, Romain Roult, Sylvain Lefebvre et Julien Laurent se proposent d’expliquer l’échec de la reconversion d’un des éléments phares de ces équipements sportifs de prestige : le stade olympique.

Fruit des rêves de grandeur du maire de Montréal, le stade fut, dès sa conception, un projet grandiose déconnecté des besoins réels de la ville. Pâtissant d’un manque d’inté- gration à la trame urbaine montréalaise et cumulant les problèmes techniques, ce stade est progressivement devenu le lieu de cristallisation des ressentiments de la population locale – exaspérée par les coûts faramineux inhérents à son entretien – alors même qu’il prétendait susciter sa fierté. Les auteurs nous proposent ici de s’interroger sur les possibi- lités de réaménager et le stade et ses espaces environnants afin de « refonder le sentiment de fierté qui devrait être associé à ces installations olympiques » (p. 273) et à cet élément clé que constitue le stade olympique. Pour clore cette partie, Jean-Jacques Wunenburger s’attache à explorer les imaginaires qui s’adossent à deux figures extrêmes du périurbain : les lotissements des aires périurbaines et les bidonvilles. Nourris des rêves de retour à la nature et d’accession à la propriété pour les uns, et de la volonté de « s’approcher de la ville pourvoyeuse de richesses » pour les autres, ces imaginaires poussent des populations à investir un ailleurs conçu comme plus propice à leur épanouissement. Bien souvent, cependant, la réalité de ces espaces génère nombre de désillusions. Comment démystifier ce rêve et concevoir le développement « de ces lieux incertains » (p. 316) ? Telle est la question à laquelle Wunenburger entend répondre. Mettant en garde contre le recours à une utopie qui, s’affranchissant des réalités locales, recombinerait, « en toute liberté, les paramètres de la vie collective », l’auteur préconise de partir de l’existant afin de

3 À savoir « la recherche de la sécurité par la fermeture des quartiers », la « privatisation des équipements et services publics » et « l'appartenance à un milieu résidentiel » socialement homogène (p. 277)

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concevoir les modalités d’« un urbanisme alternatif, plus poétique, qui prenne en compte d’abord la sensibilité, l’imaginaire et la mémoire des hommes » (p. 321).

Bon nombre des textes qui composent cet ouvrage semblent s’entendre sur le fait que les formules suscitant une plus grande participation des acteurs (experts, élus, habitants) aux pro- jets de valorisation des territoires et de développement urbain serait productrice de consensus.

Or, comme le soulignent Paquette et Poullaouec-Gonidec : « Entre les imaginaires de la ville qui se donne à voir et les imaginaires de la ville qui est vécue, « [il] y a plus que variété […]

de récits. Il y a lutte et concurrence pour orienter, par l’imaginaire, le devenir de la ville » » (p. 77). Dès lors que l’on admet le caractère concurrentiel des imaginaires, on est en droit de se demander ce que cache la façade consensuelle. Les expérimentations qui engagent la par- ticipation habitante ne sauraient certes être réduites à de simples instruments de légitimation des projets de valorisation des territoires et de développement urbain. Toutefois, il est à notre sens essentiel d’explorer, d’une part, ce que ces expériences génèrent en termes de négocia- tions ou de conflits et de documenter, d’autre part, la manière dont est gérée l’inégalité de fait qui détermine le poids de chacun des acteurs dans ces espaces de participation, et partant, leur légitimité à faire valoir leurs visions et aspirations de la ville en devenir. C’est là le reproche que nous pourrions formuler à l’encontre de cet ouvrage qui permet cependant de se faire une idée somme toute complète des grands enjeux (à la fois symboliques, sociaux, politiques, économiques et environnementaux) qui sous-tendent la mobilisation des imaginaires géogra- phiques dans l’aménagement de l’espace urbain et périurbain.

Marie Hocquet Docteur en sociologie et anthropologie politique Université jean Monnet, Saint-Étienne Centre Max Weber (UMR 5283)

© 2012 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

André Torre et Jean-Eudes Beuret, 2012, Proximités territoriales. Construire la gouver- nance des territoires, entre convention, conflits et concertation. Paris, Economica, 105 p.

L’ouvrage, coécrit par deux économistes de formation, est à la fois une contribution scientifique à l’applicabilité de la notion de proximité et un manuel pratique de son opé- rationnalité. Respectivement directeur de recherches à l’INRA (Paris) et professeur à l’école d’agronomie de Rennes, André Torre et Jean-Eudes Beuret examinent l’évolution récente des territoires, en tant qu’espaces non neutres, par le prisme des proximités. D’un point de vue économique principalement (mais pas seulement), la notion de proximité est un prétexte central qui fait graviter autour de lui les questions de gouvernance territoriale, de gestion concertée, coordonnée et/ou conflictuelle des territoires.

Les travaux de l’équipe Proximités de l’INRA (UMR SADAPT, co-dirigée par A. Torre), notamment inspirés par les travaux de Philippe Aydalot (considéré comme un pionnier français de l’économie territoriale), transparaissent dans le développement de l’argumentation. Cette vingtaine de chercheurs tente de prouver la valeur de la variable spatiale dans les théories éco- nomiques tout en expliquant la nature des effets de proximité dans les relations entre acteurs des territoires ruraux et périurbains, en particulier dans le secteur de la production agricole.

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Les auteurs considèrent les territoires comme des espaces dont l’histoire connaît des tran- sitions et des ruptures, traduisant des modifications plus ou moins brusques de leur gouver- nance. La proximité constitue alors un angle d’attaque pour analyser cette gouvernance qui semble connaître aujourd’hui d’importantes mutations (hétérogénéité croissante des acteurs ; progression de la participation active et volontaire de la population, formalisée ou non ; varia- bilité et diversité des échelles à considérer pour l’action). De nouveaux besoins apparaissent en matière de coordination des acteurs : d’un gouvernement territorial hiérarchisé (autorité pyramidale dominée par l’Etat), on passe à une gouvernance de projet pour le développement territorial. L’objectif de l’ouvrage est de montrer qu’opérationnaliser la notion de proximité donnerait des clés pour la gouvernance multi-acteurs et multi-niveaux des territoires.

L’ouvrage, composé de six chapitres, donne à voir dans un premier temps le position- nement des auteurs dans le champ scientifique de l’étude de la proximité. La proximité géographique (spatiale) et la proximité organisée (non spatiale), s’appréhendent comme des concepts neutres, sans connotation a priori. Mobilisée par les acteurs d’un territoire, la proximité géographique peut être recherchée ou subie, et la proximité organisée s’ins- crit dans une logique d’appartenance et/ou de similitude. Ces quatre variables de la proxi- mité sont rarement indépendantes. Elles s’accommodent ou se méconnaissent, pondérées par la mobilité des acteurs qui influencent l’espace considéré, pour former une relative proximité territoriale. Le deuxième chapitre analyse la gouvernance territoriale par le jeu des proximités. Il en ressort une construction continue de diverses formes de territoires, régie par les proximités. Les auteurs constatent l’inadaptation des territoires administra- tifs et proposent d’observer la gouvernance territoriale comme un moyen d’orienter la dynamique des territoires, via l’interaction des variables de la proximité.

Les chapitres trois, quatre et cinq se focalisent sur trois dispositifs de gouvernance des terri- toires : les conventions, caractéristiques d’une régularité de comportement parmi des acteurs, hors de toute règle spécifiée ; la concertation, processus (et non procédure!) fait de coopération (travail d’un collectif), de construction collective (créer de nouvelles interactions) et de traduc- tion (partager un langage) ; le conflit, remise en question active d’un état antérieur. Le dernier chapitre montre que ces trois dispositifs de gouvernance bousculent ou confirment continuel- lement les proximités géographiques et organisées. En cela, ils contribuent à dynamiser les territoires, à alimenter des proximités nouvelles et la gouvernance des territoires.

Cet ouvrage succinct présente, dans son premier quart, de multiples définitions qui posent le contexte réflexif de manière claire. Au-delà de son orientation économiste, il interroge la thé- matique territoriale et rassemble des analyses scientifiques qui pourront nourrir de nombreux autres travaux universitaires. A partir de démonstrations théoriques mais aussi d’exemples concrets, Proximités territoriales permet d’appréhender aisément des notions et des résultats importants mais donne également des pistes opérationnelles aux acteurs des territoires en quête de compréhension et de recul sur leur activité professionnelle. Les développements et résultats contribuent grandement au champ scientifique de l’étude des proximités qui, bien que prisé, reste peu investi par la recherche de manière intelligible et pertinente.

© 2012 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Sabine Bognon Doctorante, Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne UMR Géographie - Cités

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