A NNALES DE L ’ UNIVERSITÉ DE G RENOBLE
L AURENT S CHWARTZ
Généralisation de la notion de fonction, de dérivation, de transformation de Fourier et applications
mathématiques et physiques
Annales de l’université de Grenoble, tome 21 (1945), p. 57-74
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Généralisation de la notion de fonction, de dérivation,
de transformation
deFourier
et applications mathématiques
et physiques
par M. Laurent SCHWARTZ.
Introduction.
Depuis
l’introduction du calculsymbolique,
lesphysiciens
se sontcouramment servis de certaines notions ou de certaines formules dont le succès était
incontestable,
alorsqu’elles
n’était pasjustifiées mathématiquement.
C’est ainsi que la fonctiony(x)
de la variableréelle ~,
égale
à o pour xC
0, à i pour x > o, est couramment considérée commeayant
pour dérivée la « fonction de Dirac »y’(x)
=a(x),
nulle pour x-/--
o,égale
à + Do pour x -- o, et telle que, deplus )-00 ~+00 à(x)dx---+- i.
Un tel « abus delangage »
estmalgré
toutincompatible
avec la notion habituelle de fonction et de dérivation ! i Et que penser alors de la considération des dérivées successives de la fonction de Dirac ! Etpourtant
de telles expres- sions rendent de constants services en électricité et sont trèsadaptées
à l’étude de la transformation de
Laplace
ou de Fourier et de lamécanique
ondulatoire. Le but de cet article est de faire un très bref résumé(et
sansdémonstrations)
d’un travailqui
serapublié
ulté-rieurement sous
forme
de mémoire ou demonographie
etqui apportera une justification complète
aulangage précédente).
Il se(1) J’ai exposé ces idées dans des leçons a~i Collège de France (Cours Peccot. janvier-
avril H)46).
trouve que ce
langage,
ainsi réhabilité dans le domaine del’analyse,
est fécond dans
beaucoup
dequestions
diverses : électricité etphy- sique mathématique,
transformations de Fourier etLaplace, équa-
tions et-
inéquations
aux dérivéespartielles (dont
la théorie des fonctionsharmoniques
etsurharmoniques),
étudethéorique
desvariétés et formes différentielles. J’ai obtenu
jusqu’à présent
enparticulier beaucoup
desimplifications
oud’explications
remar-quables
de formules connues, et sans vouloir faire des affirmationsprématurées, je
pensequ’il
y a intérêt à utiliser ce formalisme dansun
grand
nombre de domaines del’analyse (’).
§
1. - Généralisation de la notion de fonction.Les éléments sur
lesquels
il faut raisonner sontplus généraux
que des fonctions. Ainsi
(x)
n’est pas unefonction,
c’est unemesure ou distribution de masses, d’un
type particulièrement simple :
elle
comporte
une masse + iplacée
àl’origine.
Une distribution de masses(u.)
est entièrement définie par la connaissance de la masse~~ (a, b)
contenue dans tout intervalle(a, b)
; c’est un nombre réel designe quelconque
ou même un nombrecomplexe.
,,j.(a, b)
nepeut
pas être une fonctionquelconque d’intervalle,
elle doit vérifierune condition
qui exprime
que la somme des modules des massesest finie et une condition d’additivité.
(~~) permet
de définir unefonction d’ensemble A par
et
plus généralement
une fonctionnelle;~ (~)
définie au moins pourtoute fonction continue
c (x),
nulle en dehors d’un intervalle fini :Par
exemple,
si ~ est la distribution de Dirac formée d’une masse + I àl’origine,
La formule
(i)
se trouve être la mieuxadaptée
à la définition(1) L’exposé que je vais faire ici vise avant tout à la simplicité ; l’exposé ultérieur, plus détaillé, emploiera un langage plus purement mathématique d’analyse fonctionnelle,
d’espaces
vectoriels, etc.même d’une distribution de masses. On voit que
~(~~)
est une«fonc-
tionnelle linéaire de r.~ et que, si ~~ reste nul era dehors d’un intervalle
fini fixe
et convergeuniformément
vers 0,>.(-) converge
vers o.Réciproquement C)
toute fonctionnelle vérifiant cespropriétés
estde la forme
(1)
et désormais nous neparlerons plus
d’une distri-bution de masses autrement que comme
définie
par laforme
linéairecontinue
y(c).
En
quoi
une fonctionf(x)
est-elle un casparticulier
d’unemesure ? En ce
qu’elle
définit une mesure de (( densité »f(x)
pourlaquelle
la masse contenue dans un intervalle(a, b) est / /(a;)c ;
;plus généralement,
la fonctionnelle définie dans la formule(i)
s’écritdans ce cas :
(2) ~
~ 00.f(x)(x)dx
que nous
appellerons f(c~).
Dans lasuite
nous identifierons unefonction f(x)
à la mesurequ’elle définit,
et nous dironsfréquem-
ment : la mesure se réduit à la
fonction f,
cequi
voudra dire quef+ y (x) d,,i-
_%+(x),Î(x) dx
y _ ce t~ oo
f(x)
est alorsn’importe quelle
fonction sommable sur tout intervalle fini et elle est définie à un ensemble de mesure nulleprès.
Commenous l’avons dit
plus
haut, la mesure () n’est pas une fonction.Il est ensuite nécessaire de définir des distributions
plus générales
que des distributions de masses et
qui correspondent
aux « couchesmultiples » (couches
de doublets oudipôles
et couchesplus compli- quées) employées
dans la théorie dupotentiel. Qu’est-ce qu’un
« doublet » de « moment » +
placé
àl’origine
P On lereprésente
comme formé de deux masses
-h-
et? placées respectivement
aux
points
E et o, étant un infinimentpetit.
La fonctionnelle linéaire définie par une telle distribution vérifieTEC)
_~ (~)
-
~ (°) ,
E
Elle n’a de limite pour a-- o que
si o
est dérivable et l’on a alors(3) T)=(o).
(1) Théorème classique de F. Riesz Voir par exemple Banach, K Théorie des opérations
linéaires )), Monografie Matematyczne, Varsovie, 1932. pp. ~~~-6~.
Un doublet définit donc une fonctionnelle linéaire pour des fonc-
tions o
dérivables, deplus T(o)
ne converge vers o que si la dérivéec~’
converge vers o. Des couchesmultiples
d’ordresplus
élevés fontintervenir les dérivées suivantes de ;?.
Dans le cadre d’une absolue
généralité,
nous sommes ainsi amenés à ne considérer que des fonctions c~, nulles en dehors d’in- tervalles finis et indéfiniment dérivables. Par ailleurs onpeut
considérer des distributions dans
l’espace
à ndimensions,
decoordonnées
~1, x_, ... x,i. Nous donnerons alors les définitionsprécises
suivantes :Définition
1. -’~P sera l’ensemble des fonctionsc(x,
x~, ...xn)
de n variables
réelles,
indéfiniment dérivables et nulles en dehors d’ensembles bornés. Achaque
fonction ocorrespond
un « noyau », ensemblecompact,
dont lecomplémentaire
est leplus grand
ensembleouvert sur
lequel
c~ - o.Définition
2. -- Onappellera
« distribution » del’espace
à ndimensions toute fonctionnelle ou forme linéaire
T()
définie pourtoutes les c~ de ~, et vérifiant de
plus
la condition de continuité suivante :Si une suite de fonctions o;, ont leurs noyaux contenus dans un
compact
fixe et si ellesconvergent
uniformément vers o, ainsi que chacune de leursdérivées,
alors lesT (c?i) convergent
vers o.On
appelle
noyau de T leplus petit
ensemble fermé « contenant toute ladistribution )) ;
c’est-à-dire que soncomplémentaire
est leplus grand
ensemble ouvert tel que, pour toute fonction oayant
sonnoyau dans cet ouvert,
T()
soitnul. (Ainsi
le noyau de la mesure de Dirac est réduit àl’origine.)
Le noyau d’unedistribution, toujours
fermé, n’est
engénéral
pasborné,
donc pascompact ;
ilpeut
êtretout
l’espace.
.
-
Une distribution T
peut
être, comme casparticulier,
une mesurea.; cela
signifie
queT(Di)
converge vers o si les o,gardant
leursnoyaux contenus dans un
compact fixe, convergent
uniformémentvers o, aucune
hypothèse n’ayant
besoin d’être faite sur la conver-gence des dérivées des c?. Comme cas
plus particulier
encore, cettemesure ~.
peut
être unefonction f,
sommable dans touterégion
bornée
(et
définie à un ensemble de mesure nulleprès).
Définition
3. -Les distributions T forment elles-mêmes un espace vectorielpuisqu’elles peuvent
être additionnées etmultipliées
par des nombres réels oucomplexes ;
nousl’appellerons i~,
espace desdistributions,
~ 2.
- Dérivation des distributions.Soit
f
une fonction continue et dérivable à dérivées continues.Définie comme une
distribution,
elle satisfait àSa
dérivée fx,
en tant quedistribution,
satisfait àCette
intégrale
est étendue à toutl’espace, mais o
est nul en dehorsd’une
région bornée ;
iln’y
a aucune difficulté àintégrer
parparties :
-Telle est
l’égalité
fondamentale vérifiée par une fonction continueet dérivable et sa dérivée
ft,
au sens usuel du mot. Cetteégalité
permet
degénéraliser
la notion de dérivée et dedéfinir
la dérivéeTx.
d’une distributionquelconque
T comme une nouvelledistribution,
entièrement connue comme fonctionnelle :(5)
’
T~i (~) - T -- ,,~
.Ainsi toute distribution est
indéfiniment
dérivable et onpeut
inter-vertir l’ordre des dérivations en
employant
la notation de Leibniz :Il en
résulte,
enparticulier,
que toute fonction continue(ou
mêmesommable sur toute
région bornée)
est indéfinimentdérivable ;
engénéral
sa dérivée n’est ni une fonction ni même une mesure, c’estune distribution.
Cependant,
sif
est dérivable au sens usuel dumot et si
‘~f
estcontinue,
sa distribution dérivée s’identifie bienxi
ôf
avec sa fonction dérivée usuelle
af , d’après ( l~).
a " ’
Donnons
quelques exemples,
dans le cas d’une seule variable.i Calculons la dérivée de
y(x),
fonctionégale
à o pour x‘
o,à i pour x ~ o.
y’
est donc bienégale
à la distribution de Dirac.Nous voyons toute la richesse de cette dérivation. Non seulement elle est
toujours possible,
mais toutes lessingularités
de la distribu- tion se retrouvent dans sa dérivée. Au sens usuel dumot, y’
estnul pourx > o et pour x o, nulle à droite et à
gauche
pourx = o, de sorte que rien dans la dérivée usuelle ne
permet
deretrouver la discontinuité + 1 de y
(x)
àl’origine ;
ici cette disconti-nuité se retrouve dans la masse + 1
placée
àl’origine.
La dérivée suivante
y’
est la dérivée ~’ de la mesure de Dirac :C’est donc en vertu de
(3)
un doublet de moment - 1placé
àl’origine.
Plusgénéralement,
la dérivée ~(n est définie par :20 Soit
f(x)
une fonction indéfiniment dérivable par morceaux.Cela
signifie qu’on peut partager
l’axe réel en intervallespartiels
dans chacun
desquels f
est indéfinimentdérivable, f
et toutes sesdérivées
ayant
donc des discontinuités depremière espèce
auxextrémités de ces intervalles. La distribution dérivée
première
estla somme de la fonction dérivée usuelle
f’(x)
et d’unsystème
demasses
ponctuelles
aux extrémités desintervalles,
chacune étantégale
à la discontinuité def.
La distribution dérivée seconde est lasomme de la fonction dérivée seconde usuelle
f’(x),
d’une distribu- tion de doublets dont les moments sont lesopposés
des disconti-nuités de
f, et
d’une distribution de massesponctuelles égales
auxdiscontinuités de
f’,
etc.3° Voici un
exemple
de nature différente. La dérivée de la fonc-tion f (x),
nulle pour x--
o,égale
ài lx
pour x > o, n’est certai-nement pas la fonction dérivée
usuelle,
nulle pourx -- o, égale
à- - I
x- ’pour x > o, car cette fonction n’étant pas sommable au
voisinage
de x =: o, ne définit pas une distribution.Le calcul direct donne :
On obtient donc ce que M.
Hadamard (’)
aappelé
la «partie
finie )) d’une
intégrale divergente
etqu’il
a noté par lesymbole :
De sorte que nous pouvons considérer
que f’
est unepseudo-
fonction que nous
représenterons
par o pour xC
o, et parOn démontrerait de même, en utilisant
toujours
lesymbole
deM.
Hadamard,
que la dérivée d’ordre k de la fonction nulle poura?
o,égale
àa?" pour
x > o,(cc > - i)
est nulle pourx --.
o, etreprésentée
par lapseudofonction :
La dérivée de la fonction
loglxl
est lapseudo-fonction
v. p.
désignant
la valeurprincipale
deCauchy
Les dérivées des fonctions usuelles donnent des
types d’intégrales généralisées
d’une richesse trèsgrande
commepeuvent
le montrerces
quelques exemples.
§
3. - Intégration des distributions.Dans la théorie
usuelle,
une fonction continue à dérivées nullesest une constante. Mais la fonction
y (x),
nulle pour xC
o,égale
à(1) Hadamard, ( Le problème de Cauchy et les équations aux dérivées partielles du type hyperbolique ». Paris, Hermann, tg3a,
p.
t63-ao6.64
1 pour x > o, n’est pas une constante bien que sa dérivée soit nulle. Dans
l’espace
dedistributions, y’(:v)
n’est pasnulle, puisque
c’est la mesure ~ de Dirac. On
peut
démontrer cequi
suit :THÉORÈME. - Une distribution dont les dérivées du I~r ordre sont
nullès est
une fonction
constante(’).
L’intégration
des distributions d’une variable x esttoujours
pos-sible,
laprimitive
d’une distribution est définie à une constanteprès.
La théorie des dérivations et
intégrations
d’ordre non entier devient iciparticulièrement simple
etélégante.
Dans le cas deplusieurs
variables,
onpeut
traiter diversproblèmes ;
parexemple (en
nousbornant au cas de 2 variables x,
y)
trouver une distribution S véri-fiant,
T étantdonnée, âs
ôa?= T.Le
problème
atoujours
dessolutions,
et la différence entre deux 1. , .fi 7BQd..b’ ’d’ d
solutions,
vérifiant 1â~ = o,
oa? est « une distributionqui
nedépend
quedey
», c’est-à-dire invariante par toute translationparallèle
à x’x.On
peut
ensuite chercher une distribution Svérifiant,
A et B étant deux distributions donnéesS’il y a une
solution,
elle est définie à une fonction constanteprès.
Mais il y a unecondition
decompatibilité.
Ce résultat est
remarquable.
Si A et B sont des fonctions conti-nues,
(11)
est la condition usuelle pourqu’elles
soient les dérivéespartielles
d’une fonction continue S(x, y);
; mais cettecondition,
habituellement,
n’a de sens que si A et B sontdérivables,
cequi
n’a.
d, A d 1 bl’ r .. aA aB
aucune raison d’être dans le
problème posé ; ici,
~ y
et~x
ôa? ont tou-jours
un sens en tant quedistributions,
et(i i)
est la condition pour que l’onpuisse
trouver S. Même en restant dans le cadre deA, B, S,
fonctionscontinues,
la condition(i i)
rendobligatoire
lelangage
des distributions.
(1) Une distribution T est nulle si c’est la distribution identique à la fonction o, ou si T(~) = o quelle que soit c~.
La résolution des
équations
aux dérivéespartielles
telles quen’offre aucune difficulté. Ce
qui
estintéressant,
c’est que l’onpeut
définir ainsi des solutions discontinues
d’équations
aux dérivéespartielles.
Ainsi la solutiongénérale
de(t2) )
est
où A est une distribution
indépendante
de y, B une distributionindépendante
de x. A et Bpeuvent
être enparticulier
des fonctions sommables discontinues ou des fonctions continues non dérivablesau sens
usuel,
S n’en est pas moins solution de(12).
Nous sommes ainsi amenés à l’étude des
équations
différentielleset aux dérivées
partielles.
Je me contenterai d’énoncer le résultat suivant : dans le cas d’uneéquation
différentielle à unevariable,
iln’y
a pas d’autres solutions que les solutionsusuelles,
fonctions continues et dérivables.Dans le cas
d’équations
aux dérivéespartielles,
c’est tout diffé-rent ; une
équation
telle que(12), hyperbolique,
a des solutionsnouvelles,
localement trèsirrégulières ;
de mêmel’équation :
a pour solution
générale:
où A et B
sont
desdistributions,
donc enparticulier peuvent
êtredes fonctions sommables discontinues ou continues non dérivables
au sens usuel. Une telle circonstance se
produira toujours
pour deséquations
du 1 er ordre à coefficients réels.Au
contraire,
uneéquation elliptique
telle que celle deLaplace
ou celle des fonctions
polvharmoniclues
n’a pas d’autres solutions (lue les solutions
usuelles,
fonctions ana-lytiques (à
unchangement près
sur un ensemble (le mesurenulle).
§
4. - Structures algébriques dans l’espace des distributions.On
peut
donc dansl’espace
desdistributions,
définir diversespropriétés
et structures intéressantes.10 On
peut
définir une structure d’ordre en définissant une dis- tribution~
o :T ~ o si, quelle
que soitca o, T (c) o.
THÉORÈME. - Toute distribution
~
o est une mesure(ou
distribu-tion cle
masses) ~
o.Une
application
intéressante concerne les fonctions surharmo-niques ;
onappelle
ainsi une fonction sommable semi-continue infé- rieurement dont la valeur enchaque point majore
la moyenne surtoute
sphère
centrée en cepoint.
Si c’est une fonction continue et 2 fois
dérivable,
le fait pour T d’êtresurharmonique
estéquivalent
àl’inéquation :
(16) GT o.
La définition donnée est
plus générale, puisque
valable pour des fonctions non dérivables. Mais dansl’espace-
desdistributions,
toutest
dérivable ;
on montre que les distributions solutions de(16)
sontjustement
les fonctions (( presquesurharmoniques »
c’est-à-direégales
presquepartout
aux fonctionssurharmoniques,.
cequi
réha-bilite le
laplacien! Remarquons
qued’après (16)
et le théorèmeci-dessus,
T est une mesure,qui joue
un rôleimportant
dans ladécomposition
deRiesz,
que nous verronsplus
loin. Cettedécompo-
sition de Riesz sera d’ailleurs
généralisable
à toutes lesinéquations
aux dérivées
partielles analogues
à(16).
2° On
peut multiplier
une distribution par une fonction indéfini-ment dérivable : 7-T est une nouvelle distribution définie par
Le
produit
se dérive suivant larègle
habituelle67 Exemple.
- Dans If~ cas d’xnpvariable
étant la distribution de Dirac : v’ - - car3" On
peut
définir leproduit
tensoriel de 2 distributions.Dans le cas de fonctions d’une
variable,
leproduit
tensoriel desdeux fonctions J’et g
est la fonction de deux variablesf (x) y (y).
Leproduit
tensoriel des deux mesures Il. et est la mesureproduit
àdeux variables
y(xv(y)
parrapport
àlaquelle l’intégrale
d’unefonction c~
(x, y)
est :De même le
produit
tensoriel d’une distributionS (x1,
x2, ...xm~
à m variables par une distribution
T (y1,
y,, ...y n)
à n variables estune distribution à m + n variables xlx2 ... xmyly2 ~ .. yn
qu’on repré-
sente par
S > T.
Pour la connaître, il faut connaître(S > T) (,D) -
pour toute fonction
c (xl,
x2, xm, Yi... Y,,);
on montre queS > T
est entièrement déterminée par le fait que si
On montre, d’autre
part,
que leprocédé
de calcul deFubini, qui permet
deremplacer
uneintégration multiple
parplusieurs
inté-grations simples successives,
est valable. Ainsi :est une fonction de xi ... x"~ indéfiniment
dérivable,
à noyaucompact,
et l’on a
~° Mais le
produit
leplus important
dans toute la théorie est leproduit
decomposition (f( Faltung ))).
Pour deux fonctions d’une variablef(x), g
on le définit d’ordinaire par la relation :Ce
produit
decomposition
est associatif et commutatif:La
composition joue
un rôle essentiel dans un nombre croissant de domaines del’analyse ;
elle n’est passpéciale à
la droite ou àl’espace
à ndimensions,
elle est liée à la structure de groupe(’).
Dans
(18),
h n’existe quesi f et
décroissent assezrapidement
àl’infini ;
nous supposeronstoujours
que dans unproduit
de compo-sition,
tous lesfacteurs,
sauf un auplus.
sont à noyauxcompacts.
Dans ce cas, ce
produit
a un sens si les facteurs sont des distribu- tionsquelconques.
Pour le définir on remarque que sif,
g,h,
sont des fonctions continues :de sorte que
(o)
est la valeur de la fonctionnelle linéaireproduit
tensoriel
f(u) X (v)
pour la fonction de deux variablesc?(cz-;-v).
Plus
généralement,
siS (x1,
x~ ...x,,), T (xi, x, ... n)
sont deuxdistributions sur le même espace à n dimensions
(l’une
au moinsétant à noyau
compact,
pour éviter toute difficulté àl’infini)
nousappelerons produit
de-composition
S * T une nouvelledistribution
dans le même espace à ndimensions,
définie comme une fonction- nellelinéaire, prenant
pour lafonction (x1,
x2 ...a?,,),
la valeur queprend
leproduit
tensorielSUI,
u~, ... un >GTl),,
"2, ... v" pour la fonction de211, variables
cp (u
+ i, U. --4- V21 ...Utt’-I- Vn).
Nous écrirons :que l’on
peut remplacer, d’après Fubini,
par :Il est
impossible
de donner ici les nombreusesapplications
duproduit
decomposition
ainsi étendu. Sonimportance
vient engrande partie
de ce que la dérivation est uneopération
decomposi-
tion. Si ~ est dans
l’espace
à n dimensions la masse + i àl’origine,
on démontre aisément que fi ~ T ---- T.
(’) Pour l’étude générale du produit de composition, voir A. Weil : « L’intégration dans
les groupes topologiques et ses applications ~. Act. se. et ind. n~ 86g, Paris, ig4o, p. 46-60.
69
Car
Autrement dit ~ est
l’opérateur
unité de lacomposition.
On
peut
voir ensuite queAussi est-il commode de
remplacer
l’écriture~
par~
tout court ; dans leproduit
decomposition
c’estpurement
etsimplement l’opérateur
de dérivation etàT --à * T.
On en déduit des formules telles que la suivante :axi J
axl 1Choisissons seulement une
application particulièrement apte
àmettre en évidence les
qualités
du formalisme : la formule de Poisson pour lespotentiels
et ladécomposition
de Riesz pour les fonctionssurharmoniques.
-~--y --i- z
2Dans
l’espace
à 3dimensions,
la fonctiont/r==:::- i ~~,~x2 + y~ + z2
est
sur harmonique ;
son il estdonc C o (16),
c’est une mesurenégative.
CommeA(t/A’)===o
en dehors del’origine,
cette mesureest concentrée à
l’origine ;
c’est donc une masse -- kplacée
à l’ori-gine.
On démontre que A ==:-+- (t~rDans cette
formule,
A,opérateur laplacien,
veut dire la distribu- tion A."A
Dans les
opérations
decomposition - ~~
eti/r
sont doncinverses l’un de l’autre. 4 r~
Soit alors T une distribution
quelconque,
à noyaucompact.
Lepotentiel électrique
créé par cette distributionserait,
si T était unefonction
p(x,
y,z)
:ou
Nous maintiendrons cette formule pour une distribution
quel- conque T:
C’est la formule
classique
de Poisson pour lespotentiels.
Mais elleest vraie
ici,
non seulement pour lepotentiel
d’une couchesimple
continue,
mais pour lepotentiel
d’une couchequelconque !
Considérons maintenant la distribution
correspondant à
une fonc-tion S
surharmonique (donc
une fonctionsommable).
AS -
o est unemesure C
o, que nousappellerons
-47!IJ., (1.
étantune
mesure ~
o.Mais si
U~,
est lepotentiel
de y, on a,d’après (2!t)
On a alors immédiatement :
Alors
A (S U~) == o ; d’après (14),
S -U,~
vaut presquepartout
une fonction
harmonique
H au sens usuel du mot et on a même par- tout,puisque
deux fonctionssurharmoniques égales
presque par-tout sont
égales partout :
C’est la
décomposition
de Riesz : toute fonctionsurharmonique
7
est somme du
potentiel
d’unemesure
o et d’une fonction har-monique.
La démonstration est devenue unesimple
écriture dequelques lignes algébriques.
~ 5.
~ Structure topologique dans l’espace des distributions.Il est intéressant d’introduire une
topologie
dansl’espace
desdistributions,
afin depouvoir
dire que lesdistributions f convergent
vers une distribution limite
T,
ou cequi
revient au même, que lesTi - T convergent
vers o.La
topologie
laplus
intéressante est telle que :Des distributions
T~ convergent
vers osi, quelle
que soitles Ti(c) convergent
vers o, et cela uniformément parrapport
à toutensemble de
fonctions o
à noyaux contenus dans uncompact fixe,
et bornées dans leur ensemble ainsi que chacune de leurs dérivées.
Cet énoncé n’est
compliqué qu’en
apparence, l’examen de la convergence est engénéral
facile. Ainsi on voit immédiatement que la dérivée d’une distributionpeut
être définie comme la dérivéed’une fonction usuelle :
et que le
développement
limité deTaylor
est valable pour toutes les distributions :e étant une distribution
qui
tend vers o avec h.On
peut
alors donner deux théorèmesqui
sont, dans lapratique,
les critères les
plus
commodes de convergence :THÉORÈME I. - Si cles
fonctions
continuesfi convergent
vers unefonction
continuef, uniformément
sur toutcompact,
les distributionsfi convergent
vers la distributionf.
THÉORÈME 2. - La dérivation est une
opération
linéaire continue.Autrement dit si des distributions
T~ convergent
vers T, lesDTi convergent
vers D’l’, D étant unsymbole
de dérivationquelconque.
Ce deuxième théorème
permet
de se débarrasser de toutes les difficultés inhérentes habituellement â la dérivation. Onpeut
dansune
suite,
unesérie,
uneintégrale convergente,
dériver sansprendre
de
précautions.
Il estpourtant
bien connu que des fonctions déri-vables Ji peuvent
converger uniformément vers o sans que leursdérivées~’~
aient delimite ; mais
dansl’espace topologique
des dis-tributions, les
f ~ convergent
vers o. On déduit de la immédiate-ment que les solutions d’une
équation
aux dérivéespartielles
formentun ensemble fermé : une limite de solutions est une solution.
On
peut
démontrer lespropriétés
suivantes :Dans toute
région bornée,
une distribution est une dérivée d’ordre fini d’une fonction continue. Aufond,
nous avons introduit ces dis- tributions pourpouvoir
dériver toutes les fonctionscontinues ;
maisnous avons introduit le minimum d’éléments nouveaux
puisqu’il n’y
a que les dérivées d’ordre fini des fonctions continues.
Dans
l’espace
desdistributions,
les fonctions continues et indéfi- niment dérivables sont denses. Celapermet
degénéraliser simple-
ment aux distributions certaines des
opérations qu’on
sait faire surdes fonctions continues ou
dérivables ;
on montre que cesopérations
sont uniformément continues
lorsque
les fonctions dérivables sontconsidérées dans
l’espace topologique
desdistributions,
et on pro-longe
à toutes les distributions par continuité. Onpeut
montrer sim-plement
comment construire une suite de fonctions indéfiniment dérivablesayant
pour limite une distribution donnée T. Sip est
indéfiniment dérivable et à noyau
compact,
on montre queT * est
une fonction indéfiniment dérivable. Il suffit alors de construire une
suite de fonctions
pi>
o dont les noyauxconvergent
versl’origine,
et telles que
~~ ~ ~ ~ %
o(x~
,... xn) dxi,
...dxn
tende vers i ; dans l’es-pace des
distributions,
lestendent
vers~,
donc lesT * Pi
versT * ~ -- T. T
apparaît
bien comme la limite de ses «régularisées »
indéfiniment dérivables T * pi.
Donnons
quelques exemples
de la convergence dans le domaine de la série et del’intégrale
de Fourier.THÉORÈME.
- Quel
que soit le nombre réel Y-, lesfonctions
t"eUxconvergent
vers o pour t -~ ± x~ .Cet
exemple
est d’autantplus curieux
quepour tI. >
o, lesmodules, 1 tl".
de ces fonctionsconvergent
vers + oc .La démonstration est
immédiate ;
si n est un entier ~ ~ les73
convergent
uniformément vers o ; et, à un l’acteurprès,
les fonctionsétudiées en sont les dérivées n-ièmes.
De même, et pour la même
raison,
la série deFourier, -vaellix
estconvergente,
dèsque an(=-- O ( nja), x
réel ~ oquelconque.
De laon déduit
simplement
ceci : toute distributionT(x) périodique
et depériode
2 7r, a des coefficients de Fourierqui
se calculent suivant la méthode habituelle(si en(x)
est la fonctionégale
à e"’ dans unepériode
et nulleailleurs,
on aura parexemple ane - I ’r ~ e~
27
1)
et la série de Fourier formée à
partir
de ces coefficients convergevers
T(x)
dansl’espace
des distributions. Iln’y
a dès lorsplus
lieude conserver la distinction
pénible
entre séries de Fourier et sériestrigonométriques qui
ne sont pas des séries de Fourier,quoique convergentes
par unprocédé
de sommation vers une fonctionplus
ou moins bien
définie ;
une sérietrigonométrique
esttoujours
etd’une seule manière la série de Fourier d’une distribution vers
laquelle
elle converge dansl’espace
des distributions(’).
Résultats
analogues
avecl’intégrale
de Fourier. Pour me borner à unexemple simple :
si pour
l’intégrale
de Fourier estconvergente :
/~+B
Cela
signifie que f+B eilXf(x)dx, qui
est une fonction de t,- A
converge vers une limite dans
l’espace
des distributions de la variable t,quand
A et B oo. Il existe une formule de réci-procité, mais
elle estplus compliquée
que dans le cas oùf(x)
estsommable. -
Ces considérations nous amènent donc à l’étude
générale
destransformations de Fourier et de
Laplace.
Il n’est paspossible
detraiter ici la
question.
Si l’on veut se borner aux cas lesplus
utiles,CI) Du moins sous la seule réserve vue plus haut I, ~"’ - 0 (it"). On peut lever cette res- triction, comme je l’indique plus loin, mais il faut alors introduire de nouveaux tvpes de distributions. Signalons que M. Bochner a déjà défini une généralisation de la transfor- mation de Fourier qui est au fond celle-ci, mais le formalisme est beaucoup moins
maniable. (Bochner : « Vorlesungen über Fouriersche Integrale M. Leipzig, 1932,
p. nn-t6c).)
74
ceux de la transformation d’une fonction
j’ex)
à croissance lente à l’infini(lf(x) 1
~ 0(IJ:B ")),
onpeut
rester dans le cadreindiqué
danscet article. Mais il est
également possible d’élargir beaucoup
lechamp d’application
des transformations de Fourier etLaplace,
etde définir les transformées de toutes les
distributions, quels
que soient leurirrégularité
et leurcomportement
àl’infini ;
on est alorsobligé
d’introduire une nouvelle famille de distributions d’un manie-ment nettement
plus compliqué
et moins intuitif. Une fonction telle que ex a alors pour transformée une masse + 1 aupoint
d’abscisseimaginaire 1(~) ~
la transformée de ex2 estégalement
intéressante.L’étude de cette transformation de
Fourier-Laplace générale paraît
surtout utile dans des
questions d’équations
aux dérivéespartielles
et
d’équations intégrales ; je publierai prochainement
un mémoiresur les fonctions
moyenne-périodiques
où ces diverses notions sontavantageuses.
(1) Dans le cadre des distributions introduites jusqu’ici, les points réels seuls inter-
viennent. Les distributions sur une droite complexe ou dans un espace complexe, néces-
saires pour les transformations de Fourier-Laplace, ne satisfont plus du tout aux propriétés
énoncées dans cet article.