S UREMAIN DE M ISSERY
Analise algébrique. Résolution des équations littérales, par une nouvelle méthode, directe et générale
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 7 (1816-1817), p. 257-269
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257
ANALISE ALGÉBRIQUE.
Résolution des équations littérales , par
unenouvelle
methode, directe
etgénérale;
Par M. SUREMAIN
DEMISSERY , ancien officier d’artillerie,
membre de plusieurs sociétés
savantes(*).
R É S O L U T I O N
DESÉQUATIONS.
QUOIQUE
notre méthode soitégarement applicable à
deséquations
complètes,
nous les supposerons , àl’ordinaire , dépourvues
deleur
second terme ; ce
qui simplifiera
les calculs d’une manière notable.Et ,
attendu quel’équation
du seconddegré, privée
de sonsecond terme, se résout
immédiatement ,
nous passerons de suite à celle du trois’wme.,.,Résolution de l’équation du
troisièmedegré.
I.
Nommant a , b , c
les racines de laproposée x3+px+q=o;
on a, par la théorie
générale
deséquations ,
(*) Ce qu’on va lire n’est que l’extrait d’un mémoire beaucoup
plus
étenduque l’auteur a bien voulu réduire à ce
qu’il
renfermait d’essentiel.J. D. C.
Tom. VII , n.° IX, I.er mars I8I7.
35258 R É S O L U T I O N
partant
ou , en faisant
b+c=y , b-c=z ,
Eliminant y6
entre le cube dela première équation
et lequarré
de ia
seconde ,
on obtient’d’où l’on tire
ajoutant
etretranchant enfin
cetteéquation successivement
àl’équation
le
premier membre
del’équation
résultante sera un cubeparfait ;
et en
conséquence
elleprendra
cette formeDES É Q U A T I O N S. 259
On tire de là
ce
qui
donnepuis
ce
qui
donne ultérieurementexpressions qui,
avec lasuivante,
(*) Il
est difficile de penser que M.
deMissery
eût pu deviner toutes ces transformations , s’il n’eût connu, à l’avance , la forme des racines du 3.me degré. Le propre d’une bonne méthode paraît êtrecependant
de neprésupposer
aucune connaissance acquise sur ce qu’on
cherche.
J. D. G.
260
B É S O L U T I O N
sont
les
trois racines de laproposée , en y
remettantpour
et nles
quantités
connues dont elles sont lessymboles.
2.
Comme , jusqu’à présent,
on n’a puparvenir
à résoudre leséquations
duquatrième degré
sans l’intermédiaire d’uneréduite ;
nous
allons ,
pour uneplus grande uniformité , chercher
la réduitequi répond à l’équation du troisième degré.
D’après
ccqui précède,
il est aisé de voir qued’où
faisant
donc
on aura
d’où la réduite
et les
valeurs
qui
, toutesdeux ,
sont lesracines
dela réduite ,
considérée commeéquation
du seconddegré. Après quoi
le calculs’achève
commeci-dessus ,
avec les deuxéquations qui
donnent met n , c’est-à-
dire ici s et t , en fonction de y et z.
DES
É Q U A T I O N S. 26I
On a donc ainsi les racines de Ja
proposée,
enfonction
des ra-cines de la réduite.
3.
On trouve, d’après
cequi précède ,
Cette
expression remarquable, qui
montre que27q2+4p3
doitêtre
le dernier terme de
l’équation
auxquarrés
des différences des ra- cines deta proposée,
prouve évidemment que,lorsque
les trois racinesa , b , c
de laproposée
sontréelles ,
leursexpressions ,
en fonctiondes
coefficiens ,
doivent êtrecompliquées d’imaginaires ; propriété qui
estréciproque,
ainsi que nous le dironsplus loin ;
elle montreaussi que
l’équation 3 4q2+I 23p3=o exprime -la condition d’égalité
entre deux racines de la
proposée 4.
On trouveencore
et
telles
sont lesexpressions, très-symétriques,
des trois racinescubiques
des3=I 2q+I 4q2+I 27p3.
En
y changeant
lesigne
de-3,
cequi changera
aussi men n, on aura les
expressions analogues
des trois racines cubes det3=I 2q-I 4q2+I 27p3.
On
a donc tes racines de la réduite en fonction desracines de
262 R É S O L U T I O N
la proposée, Lagrange n’y est arrivé que par
le calculdifférentiel ,
et d’une manière
plus longue (*).
5. De là il suit que
l’expression
de l’unequelconque
destrois
racines de la
proposée
lescomprend
toutes ; carl’expression
donne ,
par la substitution des valeurs de s et t , en fonction dea , b , c
et il en serait- de même de chacune des deux autres
expressions
pourvu
qu’on
eût soin de ne combiner ensemble que desvaleurs
de s et t telles que
st=-I 3p,
ainsi que cela doit être(2).
6.
Comme
on as3t3=-I 27p3, ce qui
donneil s’ensuit que la méthode résout, non seulement l’équation proposée
dont
les racines
sontmais encore
l’équation conjuguée
(*) Ce n’est
presque
pasla peine
dedire que Lagrange
se sert du calcul différentiel en cet endroit ; il nel’emploie que par pure élégance ; et l’usage
qu’il en faitpourrait
facilement êtresupplée
par le théorème des racineségales.
J. D. G.
DES
ÉQUATIONS. 263
.dont
les racines sontet
pareillement l’équation conjuguée
dont les racines sont
7. Si les racines de la
proposée
seprésentant
toutes sous uneforme embarrassée
d’imaginaires,
cequi
arrivelorsque I 4q2+I 27p3
estnégatif , c’est-à-dire, lorsque
les racines de laréduite ,
considéréecomme
équation
dusecond degré ,
sontimaginaires ;
on sait que lespremières
sont toutes réelles : en voiciune
démonstration directeet
rigoureuse.
D’après
la théoriegénérale
deséquations , l’équation
du troisièmedegré,
à titred’équation
d’undegré impair,
doit avoir au moinsune racine
réelle ;
ce queje pourrais
d’ailleursdémontrer
par mtsformules.
Une
des
troisracines a b c 1
est doncréelle ; mais , lorsque I 4q2+I 27p3
estnégatif,
une de ces racines nepeut
êtreréelle ,
sansque les deux autres ne le soient aussi.
En
effet ,
si a est.réelle , b+c=-a
est aussi réel.D’ailleurs ,
q=(b+c)bc
estréel ; donc , puisque b+
c estréel ,
bc doit l’êtrepareillement.
Deplus,
on ad’où
264 RÉSOLUTION
or, le
premier
membre de cetteéquation
estréel;
donc le second l’estaussi ;
mais le facteur2(b+c)+bc
estréel, puisque b+c
etlie le sont; donc Vautre facteur b-c l’est de même ; et,
puisque b+c
etb-c
sontréels ,
b et c le sontnécessairement ;
donc enRn.les
trois
racines a, b , c sont réelles.Je ne crois pas que la réalité des trois
racines,
dans le cas irrl-ductible ,
aitjamais
été sicomplètement
ni si directementdémontrée.
Résolution de
l’équation
duquatrième degré.
I.
Nommant a , b , c , d ,
les racines de laproposée x4+px2 +qx+r=o,
on a, par la théoriegénérale
deséquations ,
partant
En
faisantces
équations deviennent
-2y2
265 DES
ÉQUATIONS.
ce
qui
donned’où
la réduiteet les valeurs
pour les trois racines de cette
réduite ,
considérée commeéquation
du troisième
degré ;
valeurs danslesquelles
A et Bdésignent
desfonctions connues des coefficiens de cette même réduite.
Cela
posé ,
on adonc
Tom. VII.
36266
R É S O L U T I O N
expressions qui
donneront lesquatre
racines de laproposée ,
si l’ony met pour y une des six valeurs connues
représentées
par±l ,
±m , ±n , n’importe laquelle.
2.
Mais,
pourexprimer les
racines de laproposée
en fonctionde eelles de la
réduite ,
nous observerons que cetteréduite , d’après
la théorie des
équations ,
donneet que, de cette dernière
équation ,
on tirele
signe supérieur
ou lesigne
inférieurayant lieu , suivant
queq
estpositif
ounégatif ;
car nous supposonsl ,
m , n les racinespositives de ,
m2 , n2.Nous
prendrons
d’abord 9positif ,
parce que, s’il étaitnégatif ,
les racines de la
proposée
seraient les mêmes auxsignes près.
Substituant donc ces valeurs de -2p et de
+q
dans celles dea , b , c , d,
etprenant
arbitrairementy =1 ,
ces dernières de-pendront
DES ÉQUATIONS. 267
formules
qui
donneront les racines de laproposée , lorsque q
estpositif.
Et par
conséquent
les doubles formulesprises
avec lesigne supérieur
ou avecl’inférieur ,
donneront res-pectivement
les racines de laproposée,
suivant que q serapositif
ou
négatif.
On a donc les racine-s de la
proposée ,
enfonction
des racinesde, la réduite.
3. On trouvera
d’où
268
R É S O L U T I O N.
On a donc les racines de la
réduite ,
en fonction des racines de laproposée.
4. Observons que la
première expression
des quatre
racines de laproposée, comprend
tacitementOr
si ,
dans la formuleon substitue les valeurs de -2p et
de q , comme
on l’a fait( Art. 2 ) ;
et que , deplus,
on prenne successivement pour y les six valeurson
trouverad’où l’on voit que la
première
des quatre formules des racines de laproposée
lescomprend
toutes ; et il en est de même de chacunedes trois autres.
Ainsi,
unequelconque
desexpressions
des quatre racines de laproposée
lescomprend
toutes.5. Comme on a
lmn=±q,
il est aisé de voir que la méthoderésout ,
non seulementl’équation proposée
dont les racines sont
DES
ÉQUATIONS. 269
mais encore
l’équation conjuguée
dont les racines sont
6. Si les racines de la
proposée
seprésentent
sous une formeembarrassée
d’imaginaires ,
cequi
arrive si les racines de laréduite ,
considérée comme
équation
du troisièmedegré,
sont , ou toutestrois réelles et
positives ,
ou toutes trois réelles et une seule po-sitive ;
on sait que, dans lepremier
cas , elles sont toutesréelles ,
et , dans le
second,
toutesimaginaires (*).
Voici une démonstration directe etrigoureuse
de la réalité des racines dans lepremier
cas.Si les racines
/2 ,
m2 , n2 , de laréduite,
considérée commeéquation
du troisièmedegré,
sont réelles etpositives ,
les racines1 ,
m, n de cette mêmeréduite ,
considérée commeéquation
dasixième
degré ,
sont aussi réelles.Donc, puisqu’on a
les
racines a , b , c , d
de laproposée
sont toutes réelles.Cette démonstration de la réalité des quatre
racines ,
dans lecas
irréductible,
esttrès-simple
etdéjà
connue. Je ne l’ai repro- duite ici que pour conserverl’analogie
entre le troisième et lequatrième degré.
(*) Cependant , deux d’entre elles deviendront réelles , si l’on a l=m , on
l=n,
ou m=n.( Note de