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Géographie Économie Société : Article pp.263-284 du Vol.10 n°2 (2008)

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Géographie, économie, Société 10 (2008) 263-284

GÏOGRAPHIE ÏCONOMIE SOCIÏTÏ GÏOGRAPHIE ÏCONOMIE SOCIÏTÏ

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) : une chance

pour le développement du monde arabe Information and Communication

Technologies (ICT): a chance for development for the Arab World

Kamel Touati

1

16 rue Michel Chevalier, 87100 Limoges

Résumé

Cet article démontre que l’accès aux TIC reste limité dans le monde arabe. Il montre que cette région souffre d’une « double fracture numérique ». Une première entre les monarchies du Golfe et le reste du monde arabe liée essentiellement aux différences de revenus et du capital humain qui caractérisent ces deux sous-régions. Toutefois, l’étude empirique montre que la relation entre le revenu national brut par habitant (RNB/tête) et la diffusion des TIC au sein du monde arabe est statistiquement significative, tandis que celle entre le capital humain et la diffusion des TIC ne l’est pas. Une deuxième fracture existe entre les pays arabes pris dans leur ensemble et le reste du monde en particulier les pays de l’OCDE. L’insuffisance des infrastructures, le coût élevé de l’accès, le manque de création locale de contenus, les problèmes culturels et politiques et leurs effets sur l’ac- cès aux informations et sur la liberté d’expression et la capacité inégale de tirer parti, aux niveaux économique et social, d’activités à forte intensité d’information retardent l’assimilation des TIC

1 Doctorant à l’Université de ParisX-Nanterre. Ecole doctorale “Economie, Organisation, Société”. L’auteur tient à remercier Bernadette Madeuf, Professeur à l’Université de Paris-X Nanterre, ainsi que Alain Angora enseignant à l’Université de Limoges, pour les commentaires et les corrections qu’ils ont apportés à cet article.

Ils ne sont évidemment pas responsables d’éventuelles erreurs qui subsistent.

*Adresse email : touati_kamel@yahoo.fr

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par les pays arabes et le développement de la société arabe de l’information. Enfin, cet article met l’accent sur les bénéfices en matière de développement que les Etats arabes peuvent tirer des TIC mais également les défis qu’ils devraient relever à cause de cette « révolution » technologique.

© 2008 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Summary

This study shows that access to ICTs is limited in the Arab world and demonstrates that the region suffers from a “double digital divide”. The first divide separates the Arab Gulf monarchies, which are more economically-able and advanced with respect to ICTs, from the rest of the Arab world, where access to these technologies remains a challenge. This digital divide is a reflection, essentially, of deeper inequalities of revenues and differences of human capital between these two sub-regions.

Empirical results of this study suggests that income (represented as Gross National Product –GNP per Capita) significantly impacts the diffusion of ICTs (connection to Internet) while human Capital does not. The second divide - which now exists between the Arab nations and the rest of the world, in particular the OECD countries - basically emanates from the insufficiency of infrastructures, often prohibitive costs of ICTs, lack of local creation of contents, cultural and political problems and their effects on access to information and on freedom of expression, and unequal capacity to take advantage, at both economic and social levels from activities with high intensity of informa- tion, which effectively postpone the assimilation of ICTs by Arab countries and the development of the Arab society of information. Lastly, about the impact of ICT on the development of the Arab world, this paper also shows that ICTs are potential sources of economic and social development in the area but at the same time pose challenges to be faced in terms of risk management incurred from the process of development in Arab countries because of this technological “revolution”.

© 2008 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Mots-clés : TIC, Internet, développement, fracture numérique, monde arabe, capital humain, revenu.

Keywords: ICT, Internet, development, digital divide, Arab World, human capital, revenue.

Introduction

Dans le monde d’aujourd’hui l’accès aux TIC continue de se développer rapidement.

Dans le même temps, l’importance croissante du rôle des TIC comme moteur de dévelop- pement socio-économique pour les économies périphériques, y compris donc arabes, est devenue cruciale. Or, comme on le verra dans cet article, la fracture numérique quant à l’utilisation et l’accès (sans même parler de production!) à ces TIC aussi bien à l’intérieur du monde arabe ainsi qu’entre les pays arabes et les pays développés ne fait que s’accroî- tre. A partir de notre analyse il paraît que le retard économique soit le facteur essentiel, en plus des rôles des facteurs institutionnels, politiques et culturels, qui expliquent cette frac- ture. S’il semble a priori vrai que l’intégration des pays arabes aux TIC soit une condition nécessaire à leur développement, il faut indiquer l’existence sinon d’un paradoxe, mais d’une sorte d’interdépendance : le faible développement des TIC dans la région résulte de différents obstacles – dont le niveau de développement - et en contrepartie dans le monde actuel le développement suppose comme préalable les TIC et l’accès aux TIC.

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Cet article propose tout d’abord un état des lieux des TIC et de leur diffusion dans la région, en mettant l’accent sur l’existence d’une fracture numérique au sein du monde arabe. Dans la même section sera mis en avant l’existence d’une autre fracture entre les pays arabes et les pays de l’OCDE. Ensuite, dans la deuxième partie, seront exposées les raisons qui empêchent le développement de la société arabe de l’information. Enfin, dans la section trois, on montre comment les pays arabes peuvent tirer profit des TIC, tout en relativisant l’apport des ces dernières étant donnée les défis qu’elles imposent aux pays de la région.

1. Les disparités de la diffusion des tIc dans le monde arabe : état des lieux des fractures numériques

La définition de la fracture numérique au sens stricte du terme, proposée par l’OCDE (2001), et à laquelle se réfère la plupart des études2, renvoie à une inégalité dans l’accès aux TIC, entre ceux qui disposent de cet accès et ceux qui ne l’ont pas. Mais l’expres- sion même de « Digital Divide » aurait été évoquée en 1995 par Long-Scott3 mettant en évidence les risques d’exclusion des plus pauvres et des minorités communautaires aux États-Unis des TIC du point de vue de la participation à la vie démocratique. Nous déclinons ici cette fracture au niveau inter-arabe et au niveau international entre les pays arabes et les pays de l’OCDE.

1.1. Fracture numérique entre les pays arabes

Désormais, tous les pays arabes sont connectés au réseau mondial, mais ils ne l’ont pas rejoint de façon uniforme. Ce n’est que depuis 1997 qu’ils ont vraiment connu une croissance importante du nombre des internautes. Dans plusieurs pays arabes, l’accès à Internet augmente rapidement. Avant 1997, les chiffres étaient purement et simplement insignifiants. A cette même époque la Syrie, la Palestine, la Libye, le Soudan et l’Algérie ne sont pas encore connectés. Ce n’est qu’au début de 1999 que ces pays vont faire une entrée plus ou moins timide sur Internet. Sans oublier que parmi les trois derniers pays au monde qui n’étaient pas connectés à la toile figure l’Irak qui compte une population de près de 25 millions d’habitants! La raison est en grande partie imputable aux désastres politiques que connaît ce pays.

Selon les chiffres les plus récents, la progression rapide se confirme et tend même à s’accélérer. Ainsi au sein du Maghreb4, le nombre d’internautes5 a plus que quadruplé en cinq ans en Algérie. Il est passé, selon la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), de 200 000 en 2001 à 845 000 en 2005 selon la CIA (Central Intelligence Agency). Pendant la même période, le nombre d’internautes tuni-

2 Voir Montagnier, Muller, Vickrey (2002), World Economic Forum (2002) et Johnston (2001).

3 Long Scott (1995), “Access denied?”, Outlook, Vol. 8., N°1.

4 Ensemble regional regroupant l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie.

5 Le nombre d’internautes dans les pays arabes est calculé en multipliant le nombre d’abonnés par un coeffi- cient représentant la moyenne des internautes utilisant le même abonnement. En 2000, ce coefficient est de 8 par exemple en Egypte et de seulement 2,5 aux pays du Golfe. Bien évidemment ce coefficient est sujette à caution (voir Nada Chalhoub (2003), “Mesurer la société de l’information dans le monde arabe”.

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siens a plus que doublé. Il est estimé respectivement à 350 000 par l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) et 835 000 par la CIA (2006), et celui des internautes marocains est passé de 220 000 (selon le site Internet ajeeb.com) à 3,5 millions (selon la CIA), soit une multi- plication de plus de 10 du nombre d’internautes en cinq ans.

Au sein du Maghreb, les pays les plus dynamiques sont la Tunisie et le Maroc. Fin 2006, ce dernier devance tous les pays de la région avec un taux de pénétration d’Internet de 15,2 % de la population branchée. Le Maroc est suivi par la Tunisie avec un taux de 9,5 %. D’ailleurs, un organisme spécifique l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) a été créé pour promouvoir l’Internet dans ce pays, fait qui mérite à cet égard d’être signalé.

L’Algérie et la Libye sont à la traîne, avec respectivement, des taux de pénétration d’In- ternet de seulement 5,.8 % et 3,3 % (voir tableau 1).

Dans le monde arabe, les pays les plus dynamiques sont ceux du Golfe6, qui sont aussi les plus prospères en termes de revenu national brut par habitant (RNB/tête) de la région. Les gouvernements de ces pays ont entrepris depuis plusieurs années une vaste politique visant à orienter les revenus de la rente pétrolière vers la mise en place d’infrastructures de communication et de haute technologie. C’est là d’ailleurs que l’on compte le plus d’internautes. Fait intéressant à relever: certains pays du Golfe affichent un taux de pénétration d’Internet comparable à celui des pays occidentaux et devançant ainsi largement le reste du monde arabe. A la tête de ces monarchies on trouve les Émirats Arabes Unis (EAU), avec un taux de pénétration d’Internet avoisinant 25 % de la population connectée fin 2001. Ce taux dépassait la moyenne européenne à la même époque7. Fin 2006, il a déjà atteint près de 40 %. A cette même période les EAU étaient suivis du Qatar avec un taux de pénétration d’Internet de 26,94 %, puis du Koweït avec un taux de 26,6 %, devancé lui-même par le Bahreïn avec un taux de pénétration d’Internet de 21,3 % de sa population. Loin derrière se trouve l’Arabie Saoudite, avec un taux de 10,8 %.

Non loin de la région du Golfe, au Machrek8, c’est le Liban qui occupe une place importante, avec un taux de pénétration d’Internet de 19,5 %. En bas de l’échelle se trouve la Syrie, longtemps méfiante vis-à-vis d’Internet, avec un taux qui n’excède pas 5,8 %. La Jordanie elle se situe entre ces deux derniers, avec un taux de 11,9 %. Les États situés en marge de cette « révolution » sont parmi les plus pauvres du monde arabe: les Comores, Djibouti, la Somalie, le Yémen et la Mauritanie. Le taux de pénétration d’Inter- net dans ces cinq pays avoisine zéro. Ils partagent les tristes records respectifs de 3,33 %, 1,26 %, 0,7 %, 0,65 % et 0,6 % de leur population connectée à Internet (voir tableau 1).

Enfin, s’agissant du profil de l’Internaute arabe, l’accès au réseau reste encore réservé à une élite, composée d’étudiants branchés sur les forums de discussion, les conversations (chats) ou l’envoi de courriers électroniques, etc. A cela s’ajoutent les universitaires, les plus aisés tels que les fonctionnaires libéraux (les avocats, les hom- mes d’affaires, les médecins libéraux...), souvent à la recherche d’informations portant sur leur pays diffusées à l’étranger mais censurées à l’intérieur. Les internautes arabes sont le plus souvent jeunes, vivant au milieu urbain et ont fait des études supérieurs. Ils

6 La région du Golfe comprend: l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les EAU, le Koweït, le Qatar et Oman.

7 Voir Mazen E. Coury (2003), “ICT challenges for the Arab world”. New York: Oxford University Press, 2003.

8 Ensemble régional constitué par l’Egypte, l’Irak, la Jordanie, le Liban, la Palestine, le Soudan et la Syrie.

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sont répartis comme suit: 4 % ont un doctorat, 44 % ont le baccalauréat et 18 % ont un diplôme universitaire toutes disciplines confondues9. Un mode d’accès aux technolo- gies qui reproduit une division de la société fondée sur la richesse, l’éducation, l’âge, le sexe et l’urbanisation. Précisons également que le nombre de diplômés de l’enseigne- ment supérieur toutes disciplines confondues est estimé à près de 15 millions en 2004, soit près de 5 % de la population arabe.

Le fossé numérique entre les monarchies du Golfe et le reste du monde arabe persiste au-delà du taux de pénétration d’Internet. Il ne perd pas de son acuité que l’on considère aussi l’accès aux services du secteur des télécommunications (une des composantes les plus importantes des TIC modernes), qui pourrait être principalement illustré par le nom- bre de lignes téléphoniques fixes ou encore le nombre d’abonnés au service mobile.

Ainsi, en 2005, dans le domaine de la téléphonie mobile, le taux de pénétration dans les monarchies du Golfe oscille entre 22,8 % à Oman et presque 90 % aux EAU, qui se trouve du coup au premier rang de ces monarchies pour ce qui du nombre d’abonnés à la téléphonie mobile pour 100 habitants. Ces chiffres diffèrent fortement de ceux du reste du monde arabe dont les taux de pénétration des téléphones mobiles varient entre presque 0 (0,3 %!) aux Comores et 37 % en Tunisie. Malgré que ce dernier taux consti- tue la meilleure « performance » d’un pays arabe hors monarchies du Golfe en matière de connexion au téléphone mobile, toutefois, il ne représente même pas la moitié du taux atteint par les EAU. De même, les chiffres du nombre d’abonnés au téléphone fixes montrent que l’accès à ce service est très largement inégal entre les pays du Golfe et ceux du reste du monde arabe. Les taux de pénétration les plus élevés s’observent toujours dans la région du Golfe. En tête de peloton de ce classement on trouve encore les EAU avec un taux de 27,7 %. A titre de comparaison, on retiendra que le taux le plus élevé atteint par un pays hors ceux du Golfe est celui du Liban: 15,6 %. Ce taux ne dépasse que légèrement celui d’Oman parmi les pays du Golfe (tableau 1).

En effet, les monarchies du Golfe bien qu’elles soient sous peuplées – elles représentent à peine 11 % de la population arabe – comptent néanmoins à elles seules près de 56 % de la population qui a accès à Internet, 60 % de la population qui a accès au téléphone mobile et près de 50 % de celle aux lignes téléphoniques fixes. Donc, les TIC et leurs utilisateurs sont concentrés au sein d’une minorité de pays, notamment les six monarchies du Golfe.

En revanche, l’accès aux TIC et en particulier Internet dans le monde arabe, échappe par- fois au maillage national à travers le rôle que ces technologies ont pu jouer dans la propagation d’un phénomène particulier: le terrorisme. Il semble qu’en ce qui concerne cette région la toile a permis le développement des réseaux terroristes tant sur le plan de l’organisation (les facili- tés de la toile globale pour la mise en circulation de financements illicite) que pour l’exécution de leurs actes (utilisation des techniques de cryptage sophistiquées pour la communication de directives par exemple10). L’outil électronique se révèle le moyen le plus adapté. Il est transnational et il est en adéquation avec leur idéologie: comme elle, il est clandestin. Les TIC s’adaptent parfaitement à cette clandestinité (technique pour effacer l’adresse IP par exemple).

Ces groupes se montrent particulièrement doués dans ces techniques11. Donc, ils s’approprient

9 Voir Christophe VARIN, “Société de l’information et pays arabes. Quand ancienne et nouvelle économies se rencontrent”. Beyrouth: Proche-Orient, études en management , n°13, 2000.

10 Cf. Maghreb Machrek, (2003-2004, n°178), “L’Internet arabe”.

11 Walter Akmouche, (2006), “La mouvance salafiste internationale et l’ Internet”.

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l’outil électronique, car ils y trouvent les caractéristiques fonctionnelles qui leur ressemblent:

couverture globale, origines « intraçables », et relais (liens) en réseau.

Cela dit, cette évolution des TIC - plus particulièrement l’accès à Internet - dans les pays du Golfe et ceux du reste du monde arabe, nous conduit à essayer de comprendre les raisons de cette situation.

Tableau 1 : Accès de la population arabe au téléphone fixe, au téléphone mobile, à Internet et nombre de fournisseurs d’accès à Internet en 2005.

Pays total de la

population (millions)

Nombre de fournisseurs

Internet

Population accédant aux

lignes fixes (%)

Population ayant un téléphone mobile (%)

Population accédant à Internet (%)

(2006) Algérie

Arabie-Saoudite Bahrein Comores Djibouti Égypte EAU IrakJordanie Koweït Liban Libye Maroc Mauritanie Oman Qatar Somalie Soudan Syrie TPATunisie Yémen

32,0 23,00,7 0,80,8

694 23,33

5,0 2,05,0 31,05,6

3,03,0 9,940,7 34,018,0 10,04,0 20,0

25 421*

1*1*

501*

1*5 223 28 1*5 1*1*

24 1012 1*

9,9 26,8*15,9

1,7*1,5*

13,827,7 2,89*

11,7 20,215,6 13,6*

4,3 1,39,1 26,1*

1,1 13,23,1

8,312 3,6

15,1 39,590 0,3*3,4*

1186 27,24,4 85,517,8 30,52,3 12,322,8 76,90,4 14,12,2 30,337,3 3,7

5,84 21,3310,8

3,331,26 36,17 11,90,1 19,5726,6 15,253,3 0,6511,1 26,94

0,7 5,787,8 9,517,5 1,1

TPA = Territoires palestiniens occupés. Notes: “..”: données non disponibles.* : données de l’année 2000. Sources: PNUD (”Information and communication for development, 2006”), pour la colonne 1; colonne 2: CIA (Central Intelligence Agency, données de 2006 ou de l’année la plus récente disponible); PNUD (“Rapport mondial sur le développment humain”, New York, 2005) pour les colonnes (3 et 4), et Internet World Stats pour la colonne 5.

1.2. Les déterminants de la diffusion des TIC dans le monde arabe

La fracture numérique qui existe au sein du monde arabe est fort probablement liée, d’une part au RNB/tête, et d’autre part au développement du capital humain, mesuré à la fois par le taux net de scolarisation dans l’enseignement secondaire et le taux brut de

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scolarisation dans l’enseignement supérieur qui caractérisent chaque pays12. Ainsi, le tableau 2 montre que la part de la population accédant à Internet augmente significative- ment avec l’élévation du RNB/tête. Par exemple, les pays les plus prospères de la région du Golfe tels que les EAU, le Bahreïn et le Koweït, qui ont le RNB/tête le plus élevé, possèdent également la population la plus branchée sur Internet. Tandis que les pays les plus pauvres tels que le Yémen et Djibouti, ayant le RNB/tête le plus faible, ont un accès limité à Internet.

De la même façon, ce tableau indique que la population accédant à Internet augmente avec le développement de leur capital humain. C’est ainsi que la Jordanie et le Qatar, par exem- ple, qui ont les pourcentages parmi les plus élevé des élèves inscrits dans l’enseignement secondaire, comptent aussi à leur actif le pourcentage le plus élevé de population connectée à Internet. De même, les taux de scolarisation importants dans l’enseignement supérieur, par exemple en Tunisie et en Jordanie, s’accompagne par un pourcentage plus important en internautes. Et vice versa pour les pays disposant d’un capital humain faible.

Tableau 2 : Pourcentage de la population accédant à Internet, le RNB/tête, le nombre moyen d’années de scolarité, le taux net de scolarisation dans le secondaire et le taux brut de scolarisation dans le supérieur pour certains pays (2000-2005).

Pays % de la population accédant à Internet (a)

RNB/tête (méthode Atlas) selon la banque

mondiale (2005)b

Nombre moyen d’années de scolarité(c)

(2000)

taux net de scolarisation dans le secondaire d

(%, 2002)

taux brut de scolarisation

dans le supérieur e

(%, 2003) Algérie

Arabie- Saoudite Bahraien EAUEgypte Jordanie Koweït Liban Libye Maroc OmanQatar Djibouti Syrie Tunisie Yémen

10,85,8

21,136,1 11,97 26,615,5 15,23,3 10,120,7 7,84,2 9,31,1

6 600 11 770 14 370 23 770 1 250 2 500 24 040

6 180 5 530 1 730 9 070 ....

1 380 2 890 600

4,72..

6.09nd 5,057,37 7.05...

2,87..

....

5,74..

4,02..

63,81 55,29 88,71 67,32 79,08 82,30 77,59 ....

33,95 72,25 76,18 15,31 38,13 67,36 ..

19,05 25,90 34,90 22,48 28,53 34,97 22,26 44,71 56,23 10,47 17,80..

1.56..

26,16 9,24

Notes: données non disponibles. Sources: (a)www.ajeeb.com,(b)Banque Mondiale (2006), (c) Barro et Lee (2001) et (d, e) UNESCO Institute for Statistics.

12 Le manque de statistiques récentes détaillées sur le monde arabe, empêche de mener à bien une étude sur le capital humain. Les données proviennent de sources internationales. Elles sont doublement problématiques:

d’abord elles représentent généralement des estimations en vue d’établir des indicateurs caractérisant les diffé- rentes régions du monde, alors que même les données correspondantes pour chaque pays pris individuellement ne sont pas disponibles, ensuite les organisations internationales classent différemment les pays arabes, ce qui rend toute comparaison incohérente.

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Toutefois, la régression, sur la période 2000-2004, du pourcentage de la population accédant à Internet comme variable dépendante et le RNB/tête, le pourcentage des élèves poursuivant des études secondaires et des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur comme variables indépendantes montre des résultats quelque peu différents. Le tableau 3 résume les résultats de la régression.

Il montre que la diffusion des TIC est statistiquement corrélée de manière signi- ficative avec le revenu par tête d’habitant, mais de manière non significative avec le développement du capital humain. Ce dernier résultat pourrait laisser envisager une explication: celle d’une neutralisation, même partielle, de l’effet du niveau de l’édu- cation par la pauvreté dans certains pays comme l’Égypte et la Jordanie, par exemple.

Tandis qu’ils aient un taux de scolarisation dans le supérieur et le secondaire (et aussi un nombre moyen d’années de scolarité en 2000) qui dépasse celui des pays du Golfe (en particulier celui des EAU!), néanmoins le taux de pénétration d’Internet dans ces deux pays est largement en deçà de celui des premiers. Comparés aux trente pays les plus développés au monde13, la même étude empirique montre que dans ces derniers aussi bien le revenu par habitant que le capital humain sont statistiquement signifi- catives (tableau 4). Ce résultat pourrait corroboré celui d’une neutralisation partielle de l’effet de la scolarisation par celui de la pauvreté dans le monde arabe. Bien qu’il faut dire que ces deux variables (revenu et capital humain) ne paraissent pas comme facteurs explicatifs déterminants dans les pays développés (R2 faible) contrairement aux pays arabes(R2 élevé).

Il ne faut pas enfin perdre de vue que quelque soit les déterminants de la diffusion des TIC dans les pays arabes, ces derniers accusent un important retard vis-à-vis du reste du monde et en particulier par rapport à ces pays développés (Tableau 3).

13 Notre échantillon comporte les 30 pays les plus développés au monde (membres également de l’OCDE, excepté la Turquie), classement selon l’IDH élaboré par le PNUD.

Tableau 3 : Résultat de le régression pour les pays arabes 2000-2004 Dependent Variable: INT

Method: Least Squares Sample(adjusted): 3 106 Included observations: 39

Excluded observations: 65 after adjusting endpoints

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

GNI 0.012798 0.000956 13.38255 0.0000

ESUP 1.346071 0.914543 1.471851 0.1500

ESEC -0.190127 0.412354 -0.461077 0.6476

C -14.10732 13.39914 -1.052852 0.2996

R-squared 0.873041 Mean dependent var 68.87890

Adjusted R-squared 0.862158 S.D. dependent var 90.64994

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Tableau 4 : Résultat de la régression pour les 30 pays les plus développés au monde 2000-2004

1.3. Caractéristiques de la fracture numérique entre les pays arabes et les pays développés Globalement, la fracture numérique entre les pays développés et les pays arabes, bien qu’elle soit imparfaitement mesurée, s’est aggravée de manière brutale au moment où les TIC ont connu une forte expansion dans les premiers14. Le creusement de la fracture numérique est, sans conteste, un facteur supplémentaire d’accentuation de la divergence des trajectoires nationales de développement, alors même que la maîtrise des nouvelles technologies occupe une place centrale dans les modes de croissance économique et d’in- sertion dans l’économie internationale (OCDE, (2000), OCDE (2001), Oliner. S, Sichel.

D (2000) etc.). Ainsi, les pays développés se sont imposés au niveau de l’innovation de biens et de services, comme à celui de la qualité de l’environnement technologique (réseaux à haut débit, faible coût d’accès et ingénierie). Et même si certains d’entre eux (notamment les pays européens non scandinaves) accusent un léger retard dans la diffu- sion des TIC, par rapport aux États-Unis, en raison d’une moindre maîtrise technologique et d’un moindre investissement, occupent néanmoins une forte position concurrentielle dans certains domaines tels que l’infrastructure et équipements de télécommunication15.

La carte mondiale du développement technologique montre combien sont gigantes- ques les inégalités entre les pays en développement en l’occurrence les pays arabes et les pays développés, non seulement en termes d’innovation et de possibilité d’accès, mais aussi concernant l’éducation et les compétences requises pour utiliser efficacement la technologie. Du côté des pays arabes, force est de constater aujourd’hui que la plupart des dirigeants politiques arabes – en particuliers ceux des EAU, de la Jordanie, de l’Egypte

14 Le rapport du PNUD (2001) sur le développement humain fait référence à cette forte disparité internatio- nale en matière d’usage des TIC.

15 Voir M. Mezouaghi (2003).

Dependent Variable: INT Method: Least Squares Sample(adjusted): 2 139 Included observations: 90

Excluded observations: 48 after adjusting endpoints

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

GNI 0.005516 0.001427 3.865695 0.0002

ESUP 4.139459 0.948531 4.364074 0.0000

ESEC -4.432862 2.246878 -1.972898 0.1000

C 409.8041 206.3120 1.986332 0.0502

R-squared 0.243579 F-statistic 9.231114

Adjusted

R-squared 0.217192 Prob(F-statistic) 0.000023

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et de la Tunisie - manifestent un intérêt vis-à-vis des TIC. Les initiatives qui en témoi- gnent sont diverses. Et les objectifs affichés sont généralement les mêmes: la fourniture d’un environnement plus propice à la R&D en matière de technologie, la création d’un environnement adéquat pour le développement du commerce, la création d’emplois et l’amélioration des transferts technologiques entre les secteurs publics et privés.

Au Maghreb, se sont multipliés ces dernières années les technopoles spécialisés dans les TIC. Le parc technologique El-Ghazala a été créé en 1999 en Tunisie, plus récemment, en 2001, le Maroc a ouvert son technoparc, situé à Casablanca. Quant à l’Algérie son cyberparc de Sidi Abdallah est en cours d’aménagement. Il faut noter que ces technopoles font partie des plans de développement qui incluent aussi la création des instituts de recherche. Pour mettre en œuvre ces plans les pays du Maghreb – et aussi le Liban – s’appuient notamment sur une coopération avec la France. Leur objec- tif principal est le transfert de technologie, car il leur permettrait de promouvoir une recherche locale tout en utilisant des talents locaux. Ces pays visent aussi à multiplier les structures de recherche avancée. Pour cela, des accords de partenariats entre le sec- teur public et le secteur privé de ces pays ont été signés avec des universités françaises et des institutions, comme le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) (Mazen E. Coury, op.cit (2003)).

Ce choix de l’installation de ces parcs technologiques questionne, à plusieurs égards, les mécanismes d’ancrage territorial d’activités industrielles et de service liées aux TIC dans les économies périphériques, en l’occurrence arabe. L’hypothèse théorique de base liée à ce choix suppose que la polarisation des forces sur un espace donnée libère un ensemble d’externalités, source de gains de productivité et d’in- novation technologique. Dès lors, le territoire, dans lequel sont installées les indus- tries, n’est pas neutre, dans la mesure où les relations de proximité déterminent les choix de localisation des entreprises. Déjà présente dans les travaux fondateurs d’A.

Marshall16, la notion de proximité est fondamentale pour comprendre les interdé- pendances entre les acteurs locaux. Selon l’intuition marshallienne, les entreprises ont intérêt à se localiser à proximité d’autres entreprises pour bénéficier des gains de la division spatiale du travail et pour avoir accès à un bassin d’emplois qualifiés.

Toutefois, l’origine de la dynamique de proximité est restée longuement inexplorée et elle a connu des développements récents. C’est ainsi que le courant de la nouvelle économie géographique sous l’impulsion de P. Krugman17, a mis l’accent sur l’arbi- trage entre coût de transport et rendements d’échelle croissants pour expliquer les phénomènes d’agglomération et de dispersion des forces productives. La localisation des entreprises dans un espace donné est déterminée par la possibilité de susciter des externalités pécuniaires. Les effets d’agglomération se traduisent par une baisse des coûts marginaux de production qui résulte d’un surplus de demande de biens locaux en raison de flux migratoires stimulés par l’attractivité du site de production18. En ce sens, la baisse des coûts de transport, à la suite d’un groupement d’entreprise sur un

16 Marshall A. (1906), “Principes d’économie politique” Gordon et Breach, Paris, Londres, New York 1971, tome 2.

17 Krugman P., (1991), “Increasing returns and economic geography”, Journal of Political Economy 99, 3, p.483-499

18 Voir Krugman (1991, 1998), Fujita et Thisse (1997).

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même site de production permet de dégager des économies d’échelle, et ce d’autant plus que la localisation de la production est proche du marché qui engendre les effets d’entraînement les plus élevés. De surcroît, les gains en termes de coûts reposent sur les interdépendances inter-industrielles amont/aval.

L’évocation des conditions de cette édification de ces trois parcs, permettent de saisir plus facilement, l’esprit dans lequel chacun des pays tente de son côté de se doter de ces TIC. Bien que de petite taille par rapport à ceux de Sidi-Abdellah et du Maroc et pou- vant sans doute engendrer difficilement des effets d’entraînement conséquents sur le tissu industriel local, le parc technologique ElGhazala est susceptible d’assumer une fonction autre par rapport aux premiers. La Tunisie disposant d’une aptitude particulière sur ce plan compte tenu de l’ouverture traditionnelle de son système socio-économique et d’exporta- tion de produits manufacturés, qui lui permet de bénéficier plus aisément des TIC. Ainsi tendrait-elle à maîtriser celles-ci non pas dans un but essentiellement de consommation interne, mais en vue aussi d’en faire un secteur devant alimenter ses échanges extérieurs.

D’où ses efforts en vue de l’exportation en direction de pays avoisinants au Maghreb et en Afrique et du développement d’un partenariat méditerranéen, ce qui correspond bien à la structure et à la logique de son économie avec des PME/PMI tournées vers l’expor- tation, dans le cadre notamment de la sous-traitance. De plus en rapport avec cet objectif de concevoir et de réaliser des techniques destinées à être diffusées hors du pays, ce parc est destiné au niveau national, essentiellement au rapprochement des entreprises avec les établissements de haut niveau ainsi que de recherche (Noureddine Abdi, 2007)..

Quant aux monarchies du Golfe, qui disposent d’importantes ressources financières des recettes pétrolières, les plans portant sur les TIC font partie intégrante de leurs pro- grammes nationaux de développement. Les gouvernements de ces monarchies jouent un rôle actif dans la promotion des TIC et du commerce électronique19. La plupart de ces pays ont traduit leurs plans portant sur les TIC en instituts de recherches, technopoles et parcs technologiques. L’enjeu pour les EAU consiste évidemment à devenir la plaque tournante de toutes les activités liées aux TIC dans la région. Pour cela, dans la ville de Dubaï, les autorités ont inauguré des zones franches spécialisées dans les TIC: Internet City (octobre 2000) et Media City (début 2001). En Arabie Saoudite c’est la King Abdul Aziz City for Science and technology qui a vu le jour. Le Qatar, avec la célèbre chaîne de télévision par satellite Al-jazira, n’est pas en reste sur l’échiquier des médias dynamiques de la région. D’autres zones franches ont été créées dans le monde arabe, comme Smart Village en Egypte et Silicon Hills en Jordanie.

Toutefois, on remarque que peu de pays ont une approche réellement prospective en matière des TIC, en tant que vecteur d’une stratégie globale de développement économi- que et social. La Jordanie avec son programme REACH (Regulatory framework, Estate (infrastructure), Advanced programs, Capital, Human resource development) est l’un des rares pays à prendre conscience des bénéfices des TIC. En effet, il y a quelques années, la Jordanie a vu en l’industrie des TIC une source génératrice d’investissements directs étrangers (IDE), de transfert de technologies et de création d’emplois. Le programme

19 La valeur des échanges commerciaux réalisés par le biais d’Internet dans les pays arabes du Golfe a atteint 1,2 milliard de $US sur un total de 3 milliards réalisés lors des transactions commerciales en ligne dans l’ensem- ble du monde arabe (Source: Al Wasat 19 février 2001, site Internet www.alwasatnews.com).

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au nom significatif REACH (atteindre), lancé en 1999 en coopération avec Microsoft, s’inscrit dans cette logique. Ce programme vise essentiellement à bâtir en Jordanie un secteur des TIC orienté vers l’exportation. La Jordanie espère ainsi devenir un centre d’excellence dans la région: création de logiciels, arabisation de leur contenu et fourniture de services de consultation. Ceci lui permettra de conquérir des marchés arabes à la fois sous-développés et mal servis. D’autres pays n’ont reconnu que tardivement leur impor- tance. Oman, par exemple, a amendé son plan de développement initial (2001-2005) afin d’y inclure les TIC.

Le secteur privé reste quant à lui en marge et ne consacre pas davantage de ressources pour la promotion du développement des TIC. Sa participation reste limitée conséquence d’un environnement fermé et contrôlé. De plus, le manque d’intérêt du secteur privé est lié pour lui aux faisabilités strictement économiques des TIC sans prise de considération du bénéfice social global.

Bien que la plupart des gouvernements arabes aient sur leurs agendas des programmes qui portent sur les TIC, il est important de noter qu’une fracture numérique existe entre les pays arabes et les pays développés et même le reste du monde. Cette fracture est mesurable au moyen de toute une batterie d’indicateurs statistiques, tels que le nombre de lignes téléphoniques, d’ordinateurs personnels, d’internautes et de sites Internet. La région arabe fait partie de la tranche inférieure de ces classements statistiques. En réalité, les pays arabes renoncent aux opportunités des TIC en supportant des coûts élevés en bâtissant des infrastructures nationales à la fois incomplètes et incohérentes. Il n’existe aucune stratégie arabe commune en matière des TIC. Les approches des Etats dans ce domaine sont souvent concurrentielles et fragmentées.

Résultat: le monde arabe apparaît comme la région du monde la plus marginalisée en matière d’accès aux TIC. En ce qui concerne Internet, bien que des progrès aient été réali- sés ces dernières années, cette région est loin derrière non seulement les pays de l’OCDE, les pionniers de la toile mais également le reste des autres régions du monde. Fin 2006, seuls un peu moins de 8 % de la population arabe utilisaient Internet, l’un des plus faibles taux dans le monde, et très largement inférieur à celui des pays de l’OCDE (53,4 %).

En cette même année, la Corée (94 %), l’Islande (83 %) affichaient la proportion la plus importante de ménages connectés à l’Internet. Le nombre de sites sur la Toile pour 1 000 habitants constitue un indicateur plus précis du développement relatif des contenus natio- naux. En 2000, on compte en moyenne 17,2 sites Web pour 1 000 habitants, contre 31,4 sites en juillet 2002 au sein de l’OCDE20. Tandis que le nombre de sites Internet en langue arabe, en cette même année n’était que de 0,27 pour 1 000 habitants et n’a atteint que 1,29 en 2005! Donc, le monde arabe se classe très loin dernière les pays développés pour les deux indices les plus importants pour déterminer le niveau de développement de l’infor- mation et de la société attachée aux technologies.

Dans les pays membres de l’OCDE, le pourcentage de la population ayant accès au téléphone mobile en 2004 est de 71,4 %, contre 16,9 % dans les pays arabes. Donc, le nombre de lignes téléphoniques mobiles dans les pays arabes représentent à peine un qua- trième de celui existant dans les pays les plus avancés. Le nombre de lignes téléphoniques fixes à la même période s’établit à 49,1 pour 100 habitants au sein de l’OCDE et 9,1 %

20 Source OCDE (2003), “Perspectives des communications”, édition 3.

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dans les pays arabe, soit à peine un cinquième de celui des pays de l’OCDE. De même l’accès au média numérique compte parmi les plus faibles dans le monde. Il y a seule- ment 25 ordinateurs pour 1 000 habitants contre 400 pour les pays à revenus élevés. Et seulement une infime minorité de faible taux est connectée à Internet. En 2001, le nombre d’ordinateurs connectés à Internet est de 1,56 pour 100 habitants dans les États arabes contre 33,2 pour les pays de l’OCDE21.

Cette comparaison laisse à penser que de nombreux produits TIC se sont banalisés au sein de l’OCDE. Cependant, la croissance très rapide se limite maintenant à des produits nouveaux ou qui visent des créneaux spécialisés, aux services ainsi qu’aux marchés géo- graphiques émergents. Mais si le monde arabe reste en marge du mouvement il y a bien des raisons à cela22.

2. Les obstacles à l’essor de la société arabe de l’information

Comme rappelé plus haut, d’une manière générale, le fossé numérique peut être défini comme une inégalité face aux possibilités d’accéder et de contribuer à l’information, à la connaissance et aux réseaux, ainsi que de bénéficier des capacités majeures de dévelop- pement offertes par les TIC. En réalité, ces éléments sont quelques-uns des plus visibles du fossé numérique, qui se traduit en réalité par une combinaison de facteurs socio-éco- nomiques plus vastes, en particulier l’insuffisance des infrastructures, le coût élevé de l’accès, le manque de création locale de contenus et la capacité inégale de tirer parti, aux niveaux économique et social, d’activités à forte intensité d’information23. Or les pays arabes souffrent justement de ces multiples problèmes qui retardent leur assimilation des TIC et le développement de la société arabe de l’information.

La production des TIC est le fruit de la R&D, or les pays arabes possèdent les niveaux de financement de la recherche les plus faibles au monde. La part des dépenses dans la recherche scientifique par rapport au PIB (produit intérieur brut) ne dépassait guère 0,20 % dans le monde arabe en 2002, soit un rapport de 1 à 12 de la moyenne des dépen- ses de l’OCDE (2,4 %). Ce taux atteint même parfois près de 4 % (Suède, 3,8 %). A cette même année, la dépense de R&D par habitant dans la région arabe s’établissait à 6 dollars contre 953 aux USA, 779 au Japon. Le monde arabe demeure la région la moins dynami- que, et de loin, en matière de R&D. Plus spectaculaire encore la différence en termes la dépense intérieure brute de R&D (DIRD) mondiale: 0,2 % contre...80 %, en 200024!

L’infrastructure des télécommunications joue un rôle essentiel dans n’importe quelle stratégie en matière des TIC. Dans plusieurs pays arabes cette infrastructure est malheu-

21 Voir PNUD, op.cit (2003) et FADES (Fonds arabe pour le développement économique et social).

22 Seule consolation pour le monde arabe: il est mieux loti que l’Afrique-subsaharienne. Une région qui peut être qualifiée sans la moindre hésitation d’un désert numérique par rapport au reste du monde (le taux de pénétration des ordinateurs est de 0,7 %, 2 % des télécommunications et 0,3 % d’Internet mondial (Source : le mensuel du réseau TIC des missions économiques, op.cit (2003)).

23 Voir Elie Michel (2001),”Le fossé numérique. L’Internet, facteur de nouvelles inégalités?”, Problèmes politiques et socieux, La documentation française, N°861, août 2001, p.32.

24 Ces chiffres sur le R&D sont cités dans un rapport de l’UNSCO, “Global Investment in R&D”, 2003. On peut noter aussi que les dépenses des pays arabes en matière de R&D représentent moins d’un septième de la moyenne mondiale. De même, en Amérique latine on dépense 42 et 40 en Chine, la moyenne mondiale est de 124 dollars/habitant.

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reusement inappropriée. Depuis la fin des années 90, presque tous les pays arabes ont entrepris des réformes dans ce secteur. Ces réformes vont de la simple restructuration à – comme c’est souvent le cas – la privatisation des opérateurs historiques. L’objectif est de créer une concurrence plus efficiente dans des segments de ce marché et de moderniser les structures de contrôle et de régulation. Et pour cela, des autorités de régulation indépendantes ont été mises en place. Cependant, malgré une assise légale relativement forte, ces nouvelles institutions font face à d’énormes défis. Elles souffrent principalement d’un manque d’autonomie adéquate et d’un mandat clair pour mettre en application des décisions clefs à l’abri des interférences politiques25. A cela s’ajoute un manque de coordination dans l’acquisition de réseaux de télécommunications, qui empêche l’unification et la connexion des pays arabes. Pour ne citer qu’un exemple, l’incompatibilité des réseaux de téléphonie mobile signifie que les abonnés ne peuvent pas utiliser leurs téléphones hors de leur réseau d’origine.

L’accès à Internet est aussi tributaire du marché des fournisseurs. Aujourd’hui le plus grand nombre des pays arabes a, au moins, partiellement libéralisé ce secteur, ou en cours de le faire26. Et le nombre de fournisseurs d’accès augmente rapidement.

Toutefois, certains blocages subsistent. Ainsi, un nouvel entrant dans le marché des fournisseurs d’accès au services Internet devra, encore aujourd’hui, demander des licences dans certains pays (en Jordanie et en Algérie par exemple). Et même s’il existe en théorie un marché ouvert, la compétition entre les prestataires de services reste faible et elle est donc loin de jouer en faveur des internautes.

Certaines raisons socio-culturelles ne plaident guère en faveur d’une réduction de la frac- ture numérique. Mais il ne faut toutefois pas oublier le caractère politiquement sensible de l’accès à l’information et de la liberté d’expression dans le monde arabe. En effet, habitués à imposer des restrictions aux médias et à contrôler étroitement l’information, les régimes autoritaires arabes hésitent à proposer une grande masse d’informations nationales en ligne et cherchent à ne pas perdre totalement le contrôle du contenu, même des sites Internet nationaux existants. Le cas de l’Arabie Saoudite offre une bonne illustration de cette situa- tion. Ce pays consent un effort important en vue d’expurger du Net des sites à caractère illi- cites, tant sur le plan sexuel que religieux27. La difficulté de contrôler certains sites Internet qui ne respectent pas les valeurs sociales, religieuses et politiques du pays se traduit par leur fermeture pure et simple. C’est ce qu’ont subi dans ce pays les clubs connectés sur le site

“Yahoo”, par exemple, en 2000. Selon le directeur du centre de sécurité d’Internet de la ville des sciences et de la technique à l’époque: « toutefois, pour peu que les clubs branchés sur le site yahoo s’engagent à respecter les règles de la Sharia (loi islamique), les clubs fermés pourraient être autorisés à rouvrir leurs portes28». Pire encore, plusieurs dispositifs juridi- ques ont été élaborés par les États arabes en vue de réglementer (limiter!) l’accès et l’usage de l’Internet. Et les internautes ne peuvent pas se concevoir que dans un cadre restreint. Ce

25 Banque Mondiale, “Benchmarking Regulators : Making Telecom Regulators more Effective in the Middle East. Washington” D.C., Banque mondiale, 2002.

26 The World Bank (2006), “Information and Communicatons for Development: Global Trends and Policies”.

27 Pour plus d’informations sur la censure d’Internet dans le monde arabe, voir par exemples, REPORTERS SANS FRONTIERES, « Les ennemis d’Internet. Les entraves à la circulation de l’information sur Internet », Paris: éd.oohoo.com, 200.

28 Citation tirée d’un article du journl Al Hayat, 14 août 2000, site Internet: www.english.daralhayat.com.

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cadre étant constitué de principes explicites et surtout implicites que l’État se réserve le droit de délimiter et d’apprécier selon le sens qu’il donne à des notions tels que l’ « intérêt général » et l’ « ordre public ». Cette situation a transformé aujourd’hui Internet dans les pays arabes en un nouvel espace de répression pour les citoyens (et du coup le monde arabe en la région la plus répressive au monde en matière d’Internet29), au lieu que ce soit un espace d’émancipation.

Bien que près de 300 millions d’habitants parlent la langue arabe à travers le monde, ce qui la place au sixième rang des langues les plus parlées, or comme souligné plus haut le nombre de sites Web en langue arabe représentait moins de 1 % du nombre total des sites Internet en 2001 (contre 43 % en langue anglaise et 32 % pour les autres langues européennes30). Donc, seule une élite éduquée pourrait accéder aux connaissances en lan- gue anglaise, une langue qui n’est pas maîtrisée par la majorité de la population à la fois analphabète et en partie francophone.

Néanmoins, les difficultés de nature culturelle ne sont pas à sous-estimer. L’accès aux TIC en fonction du sexe est l’autre aspect culturel de la segrégation, dont les femmes sont souvent les victimes. Les femmes arabes restent socialement marginalisées et souf- frent d’une inégalité due à la persistance d’attitudes sociales fondées sur la discrimination sexuelle qui lui refuse de réaliser pleinement son potentiel. Le monde arabe compte près de 60 millions d’analphabètes (soit presque un cinquième de la population totale!), dont les deux-tiers sont des femmes, tandis que ce chiffre est de seulement 8 millions (moins de 1 % de la population totale) dans les pays de l’OCDE31. En 2004, la situation est particulièrement critique. Le taux d’analphabétisme des femmes adultes (+ de 15 ans) atteint 66 % de la population arabe32 loin des 49 % au sein des pays développés (chif- fres à rapprocher bien évidemment de la population totale dans les deux régions...). Par contre, l’indice de parité des sexes (IPS) du taux d’alphabétisme, pour les adultes, lui il reste le plus faible au monde. Cet indice est de 0,69 contre 1, soit une égalité entre les deux sexes33. Quant au taux d’analphabétisme des jeunes (15-24 ans), le monde arabe bat tous les records de médiocrité au monde: 67 % des jeunes analphabètes sont des femmes.

De même, en terme d’Indicateur de participation des femmes (IPF), on constate que le monde arabe souffre d’un retard flagrant. Les pays de l’OCDE occupent la première place, donc devançant largement le monde arabe qui lui par rapport aux autres six régions se retrouve à l’avant-dernier rang, juste avant l’Afrique sub-saharienne sur l’échelle de

29 Voir, «The Internet In the Arab World: A New Space of Repression? », disponible sur le site: http://www.

hrinfo.net/en/reports/net2004.

30 Voir Kamel TOUATI (Avril, 2007) , “Le défi des TIC pour le monde arabe”, Futuribles (2007), N°329.

31 Il convient toutefois de noter que la comparaison des taux d’analphabétisme entre les pays arabes et les pays industrialisés peut être trompeuse, étant donné que les définitions qu’on donne de l’alphabétisation et de l’analphabétisme sont aujourd’hui extrêmement variables : les statistiques de l’UNESCO portant sur les pays industrialisés ne sont plus considérées comme valables par l’OCDE.

32 Il faut préciser que ce taux est le deuxième taux le plus élevé par région au monde après l’Europe orientale et centrale. (Source: Institut de la statistique de l’UNESCO (ISU, 2006), Section Alphabétisme et Education Non Formelle et PNUD (2001), “Rapport mondial sur le développement humain”, New York.

33 L’IPS dans les pays arabes est donc bien en déça de la moyenne mondiale 0.89, de la moyenne des pays en développement 0.84 et même de celle des pays de l’Afrique subsaharienne 0.77!

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l’IPF34. Dans ce contexte il n’est pas étonnant que leur accès à Internet reste limité. Les femmes ne représentent que 5 % des internautes en Arabie-saoudite par exemple35.

En ce début du XXIe siècle, si le monde arabe reste à l’écart de la « révolution » des TIC, il serait judicieux de dire que cette situation ne peut pas être dissociée du contexte d’un monde arabe se trouvant à la croisée des chemins en général – et en matière de développement en particulier –. Certes il existe d’énormes disparités entre ses différents pays par région. Alors que les pays du Golfe ont progressé en termes de revenu et de richesses matérielles, toutefois le développement reste faible dans beau- coup de sociétés arabes. En quoi les TIC peuvent être alors utiles au développement de cette région? Et quelles sont les défis qu’elles posent pour elle?

3. Les TIC : opportunités et défis pour le développement dans le monde arabe 3.1. Les TIC : opportunités pour le développement

L’idée selon laquelle l’utilisation des TIC peut être mise au service du développe- ment a largement été soutenue par les organisations internationales. En raison de la transversalité de ces technologies, des gains d’efficacité et de productivité pourraient alors être dégagés dans de nombreux domaines. Ceci est possible d’autant plus que, la faiblesse de la place des TIC dans les activités productives d’un pays n’implique pas nécessairement que les avantages économiques qu’il peut tirer de l’utilisation de ces technologies soient eux-mêmes faibles, puisqu’il lui est possible d’importer les biens et services sans les produire36. La contribution des TIC au développement de cette région qui affronte de graves défis économiques et sociaux se traduit par plu- sieurs aspects:

1) Les TIC semblent présenter de nouvelles perspectives de création de nouveaux créneaux d’activités. Par conséquent des nouvelles chances sur le marché du travail apparaissent dans une région touchée par le fléau du chômage, qui atteint une moyenne de 15 % de la population active37. Un taux parmi les plus élevés dans le monde en déve- loppement. Ces nouvelles chances pourraient être saisies par les pays arabes du fait de l’avantage comparatif que leur confère le coût bas de leur main d’œuvre qualifiée: ingé- nieurs, techniciens, etc. Et ces pays pourraient ainsi s’inspirer de l’exemple indien38 en matière de sous-traitance. Activité qui connaît un essor dans ce pays grâce notamment aux communications par satellite et Internet. C’est dans ce cadre que le Maroc, par exemple, profitant d’une proximité géographique et culturelle avec l’union européenne

34 Indicateur établi par le PNUD qui mesure les inégalités entre hommes et femmes en fontion de trois aspects de la responsabilité des individus et des groupes : participation à la vie et aux décisions économiques, participation à la vie et aux décisions politiques et contrôle sur les ressources économiques. Pour le classement voir RDH (1995).

35 Le mensuel du réseau TIC des missions économiques, op.cit (2003).

36 Voir Cette et al. (2000), “L’impact des TIC sur la croissance”, Futuribles, N°259, décembre et Navaretti (2001).

37 Voir PNUD.op.cit (2003).

38 Le poids de l’industrie des TIC en Inde a augmenté de 40,5 % par an entre 1994 et 1999. Le secteur représente aujourd’hui 15 % des exportations indiennes. Les deux principales activités sont le traitement de données pour le ompte d’entreprises américaines et la prestation de services informatiques et de développemnt de logiciels, ces deux dernières activités rapportent 400 millions de dollars par semaine.

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ambitionne de devenir un des fournisseurs majeurs de services à distance dans l’es- pace euro-méditerranéen à destination des marchés francophones et hispanophone39. La même chose peut être dit à propos du site Elghazala en Tunisie qui figure sur la liste des sites qui peuvent jouer un rôle de premier plan dans ce sens dans la région, car il se distingue par ses performances prometteuses à l’exportation40. Ce marché des services à distance pourrait représenter près de 500 milliards de dollars dans le monde d’ici 2008 (PNUD, 2001). Rappelons également que le service à distance est considéré comme une des trois options possibles d’une intégration des économies périphériques, donc y compris arabes, à l’industrie mondiale.41

2) Par le biais des TIC, l’information circule majoritairement entre égaux en court- circuitant les voies hiérarchiques ou institutionnelles, cette dernière particularité explique d’ailleurs l’appréhension voire la résistance au développement de la société de l’informa- tion dans les pays arabes, à savoir qu’elle gêne certains pouvoirs établis et craignent par dessus-tout la libre circulation de l’information qui permet la transparence. Pour remédier à de telles situations les TIC et par leur spécificité de puissants outils de communication qui remettent profondément en cause les schémas de transmission verticale du pouvoir et du savoir42, ces techniques constituent une solution aux problèmes de développement du monde arabe où le modèle libéral est encore à l’état embryonnaire puisqu’elles permet- tent d’assurer une meilleure interaction entre l’état, ses institutions et le public. Elles sont porteuses d’efficacité et de transparence contribuant ainsi à une amélioration du proces- sus de démocratisation, en facilitant l’ouverture du débat démocratique et la circulation des idées. Cet apport est très utile au monde arabe car ce dernier dans son développe- ment humain est entravé par trois déficits essentiels qui peuvent être considérés comme caractéristique dont le déficit en matière de libertés en est l’un. Ainsi parmi sept régions du monde, les pays arabes ont enregistré l’indicateur de libertés le plus faible de toutes les régions du monde à la fin des années quatre-vingt-dix43. Un faible niveau de liberté dans la région arabe confirmée par un ensemble d’indicateurs de « liberté d’expression et de responsabilité politique », fourni par une base de données internationales (Kaufman et al., 1999b). Cet ensemble inclut plusieurs indicateurs qui mesurent différents aspects du processus politique, des libertés civiles, des droits politiques et de l’indépendance des médias. La région arabe enregistre le plus faible taux en matière de liberté d’expression et de responsabilité politique de toutes les régions du monde! (PNUD , 2003).

3) Après l’échec de la politique de substitution aux importations poursuivie après l’in- dépendance (dont l’exemple le plus flagrant est celui de l’Algérie (industrie industriali- sante44)), les gouvernements des pays arabes prennent des mesures visant à améliorer cette

39 Voir Mezouaghi (2002).

40 Selon la revue Economica (n°19, mai 2002), ses exportations des services informatiques sont passées de 13 millions de $US en 1999 à 25 millions de $US en 2000 et atteingnaient 40 millions de $US en 2001.

41 Voir Moati et Mouhoud E.M. (1994), « Information et organisation de la production : vers une division cognitive du travail, Economie appliquée, tome XL VI, n°1, PP ; 47-73 ;

42 Voir Paul Christian (2000), “ Du droit et des libertés sur l’Internet. La co-régulation, contribution fran- çaise pour une régulation mondiale. Rapport au premier ministre. Mai 2000.

43 Les deux autres déficits sont : un déficit en matière de l’autonomisation des femmes et un déficit en matière de capacités humaines et du savoir par rapport au revenu.

44 G de Bernis, “Industrie industrialisante et option algérienne”, Tiers Monde TXII, n°47, 1971 et “Où va l’Algérie?”, sous la direction de Robert Mahiou et Jean Robert Henry (2001), Karthala,

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situation en cherchant à favoriser l’essor commercial comme moteur de développement économique et technologique. La création de la Zone Arabe de Libre Echange (ZALE), l’accès d’un nombre de plus en plus élevé de pays à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et l’association avec l’Union Européenne (UE) sont autant d’expressions officiel- les des politiques visant à favoriser le commerce et à assurer l’intégration à l’économie mondiale. Les TIC, via le commerce électronique, offrent de grands avantages à ces pays.

Perçu simplement comme une forme particulière du commerce en générale, l’opportunité du e-commerce dans les pays arabes peut être rattachée aux vertus de l’ouverture commer- ciale sur la croissance mises en évidences par de nombreux travaux (Grossman et Helpman, 1990 ; Rivera-Batiz et Romer, 1991). Outre son incidence financière à travers la balance des paiements, le commerce est alors aussi présenté comme un important vecteur de transfert technologique (Kim, 1999). Mais le principal argument à l’appui d’une corrélation posi- tive entre le commerce et la croissance économique consiste à associer une plus grande ouverture et une concurrence plus ouverte sur les marchés internationaux à une efficacité renforcée à la fois sous l’effet d’une meilleure affectation des ressources dans le champ économique et sous l’effet des pressions concurrentielles et d’une meilleure utilisation des ressources à l’échelon des entreprises. L’opportunité d’investir dans le e-commerce dans les pays arabes tient justement au fait que, tout en contribuant au renforcement de cet effet com- pétitivité généralement défini par rapport à l’international, il peut permettre de reproduire assez aisément le même schéma d’émulation de l’efficacité transactionnelle à l’intérieur de chaque pays. Il ne semble cependant pas intéressant de s’appesantir plus longuement sur les sentiers suffisamment bien battus par les multiples études sur la relation entre le commerce et le développement45.

4) Les pays arabes pourraient également profiter des TIC pour lutter contre l’anal- phabétisme. Car elles peuvent accélérer la diffusion des connaissances et du savoir- faire technologique à un coût réduit, qui est l’un des fondements essentiels d’une dynamique de développement46. Elles peuvent étendre l’économie basée sur le savoir en augmentant l’efficience du système d’éducation en bénéficiant de l’enseignement à distance47, le développement du système de communication à travers la fourniture plus rapide de services à la fois moins chers et plus efficients, et enfin l’amélioration des compétences et le développement des ressources humaines à travers le système d’éducation et de formation. Il apparaît que si depuis le milieu du vingtième siècle, les pays arabes ont réalisé des progrès sur le plan quantitatif en élargissant l’accès à l’enseignement, la situation générale de l’enseignement reste néanmoins modeste, et ce, comparée aux progrès réalisés par d’autres pays, dont des PVD, ou comparée aux besoins du développement humain. L’élargissement quantitatif de l’accès à l’ensei- gnement reste encore insuffisant, du fait de l’augmentation du taux d’analphabétisme

45 Voir l’un des principaux économistes contemporains de la nouvelle théorie du commerce international Paul Krugman., par exemple, “La mondialisation n’est pas coupable : vertus et limites du libre-échange”, ((en) Pop internationalism) éd. La Découverte (2000) et “Économie internationale”, éd. Pearson Education (2006).

46 Voir Asian Development Bank Institute.

47 A titre d’exemple, l’Université virtuelle de Naïrobi, diffuse des cours par satellites dans 15 pays africains, avec l’objectif de relever le taux d’inscription dans l’enseignement supérieur, d’améliorer la qualité des forma- tions scientifiques et technique sur tout le continent. Les étudiants peuvent communiquer avec les enseignants par téléphone, par fax ou par courrier électronique (Françoise Nicolas et Nicolas Occis).

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