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Géographie Économie Société : Article pp.517-521 du Vol.10 n°4 (2008)

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Géographie, économie, Société 10 (2008) 517-521

géographie économie société géographie économie société

Comptes Rendus

Frémont A., Allemand S., Heurgon É., eds., 2008, Aménagement du territoire, changement de temps, changement d’espace, Caen, Université de Caen Basse- Normandie, 385 p.

L’ouvrage intéressera essentiellement ceux pour qui l’aménagement du territoire joue un rôle dans leurs vies. C’est un livre collectif, édité par la Délégation Interministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité de Territoires (DIACT).

L’ouvrage se compose d’un quarantaine d’auteurs, et il est partagé en six grandes par- ties : L’État aménageur; Régions, villes, Europe… d’autres acteurs de l’aménagement;

Le point de vue des aménagés; Un enjeu de l’aménagement du territoire : l’université;

Un laboratoire de l’aménagement du territoire : la Normandie; Rapport d’étonnement. La centaine de personnes présentes dans les débats sur les divers aspects de l’aménagement, a réussi à mener une véritable analyse.

Cerisy-la-Salle, un petit village d’un millier d’habitants, situé en plein Cotentin, a abrité l’événement sur l’aménagement. Les deux choses indissociables sont le temps et l’espace. Le débat a été long sur les années soixante, qu’on a nommé « l’âge d’or de l’aménagement du territoire ». Le libéralisme économique s’installe dans les années quatre-vingt-dix, et la question devient la compétitivité et la citoyenneté. Mais après les questions théoriques, les grands thèmes pratiques ont occupé les participants et particu- lièrement l’aménagement et les universités, la recherche, l’innovation. Dans la bonne ambiance dans laquelle le colloque s’est tenu, des discussions et explications ont com- plété le débat.

Je ne peux pas résumer le contenu de près de 400 pages, mais ce travail est riche en pensée, et les intervenants n’attendent qu’une prochaine réunion.

Georges Benko CEMI–EHESS

© 2008 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Leiggener R., 2008, Interagir pour innover : une technologie médicale au cœur du réseau, Bern, Peter Lang, SA, 292 p.

Cet ouvrage émane d’une thèse de doctorat en géographie dirigée par notre ami Antoine

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Bailly de l’Université de Genève. Régina Leiggener, en situation de mid carreer woman, comme on dit dans la langue de Shakespeare, a relevé avec brio le défi de rédiger une thèse sur l’innovation. On en veut pour preuve le prix Aydalot qu’elle a reçu en 2005. Ce prix est attribué par l’Association de science régionale de langue française (ASRDLF) à la meilleure thèse soumise annuellement à son jury. Une reconnaissance que l’auteure doit sûrement à la façon dont elle a fait le lien entre sa recherche et les travaux du géographe suédois Torsten Hägesrstand. La thèse de ce dernier fut publiée au début des années 1950 et traduite en anglais de façon maladroite - selon son auteur - quelque 15 ans plus tard.

Régina Leiggener, par son travail présenté de façon convaincante, contribue à remettre les pendules à l’heure par cette sorte d’hommage rendu au géographe suédois. Ce faisant, elle adhère pleinement à la démarche qui veut que toute action collective ou individuelle demeure liée au reste du monde (…) si bien que l’on ne peut écarter le fait qu’une autre entité - matérielle ou humaine - occupe déjà une position. En effet, pour Hägerstrand :

« Les individus, les lieux, et les choses ne disparaissent pas parce que personne ne les regarde. Ils sont tout simplement là (…) et pas nécessairement désireux de coopérer. »

Comme le titre le laisse entrevoir, l’étude de cas dont il est question tout au long de l’ouvrage se rapporte à une innovation qui n’a rien d’un geste isolé puisque qu’elle se situe dans un processus impliquant une gamme variée d’acteurs intervenant à l’intérieur de réseaux en existence ou créés pour les besoins de la cause. Comme l’auteure s’inspire des travaux du Groupe de recherche européen sur les milieux innovateurs (GREMI), elle a situé son terrain d’étude à l’intérieur de l’Arc lémanique qui s’étend de Neuchatel à Genève. L’originalité du travail consiste à montrer comment, à travers les convergences et les divergences qui s’observent inévitablement à l’intérieur des réseaux, il est possible de faire progresser une idée pour innover dans le sens schumpeterien du terme. À l’aide d’un tableau, l’auteure présente la nature de ces convergences et divergences à partir d’une demi-douzaine de définitions qui vont de l’innovation elle-même jusqu’à l’objectif spécifique visé en passant par les modes d’interaction et le rôle du local.

Le volume se divise en trois parties. La première, Les relations technologiques, se rap- porte aux différents courants d’analyse des relations technologiques qui caractérisent les travaux des géographes tout en faisant appel à la contribution d’auteurs associés à la nou- velle sociologie économique. Il est donc question ici des travaux de celui qui se voit pré- senté comme la figure de proue de cette dernière école : Mark Granovetter. On comprend alors que l’entrepreneur est vu ici comme un collectif d’acteurs hétérogènes, et l’innovation dont il est porteur se positionne à l’intérieur d’un processus interactif dans le cadre d’un projet modulé dans le temps et l’espace. Sur la base des relations technologiques, Leiggener dégage le constat suivant :

– L’innovation, en tant que processus, est caractérisée par l’incertitude et la dimension temporelle. Elle est aussi importante à étudier que la dimension spatiale;

– L’action d’innover et l’interaction priment sur la position (proximité) sur le mouve- ment dans la constitution des réseaux et du savoir;

– La diffusion de l’innovation dans le temps et dans l’espace est indissociable de la construction des réseaux.

L’innovation étant vue ici comme un processus, l’auteure la définit en conséquence comme une expérience commune et un état des mondes technique et relationnel en pré- sence et non comme une simple application de connaissances.

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La deuxième partie, L’étude d’une technologie, se rapporte au cas faisant l’objet de la recherche : ColoStim. Il s’agit du long et lent processus susceptible de conduire à la mise en marché d’un appareil électrique destiné à stimuler le système digestif (le colon) d’individus victimes de constipation. Les acteurs en réseaux ne manquent pas : médecins, ingénieurs, agents de développement, commerciaux, techniciens éleveurs de porcs (sujets d’expérimen- tation). Leiggener voit dans ColoStim une longue suite de faits dont la synthèse se présente ainsi : infrastructure, compétence, diversité et décision. Comme toute innovation technolo- gique, celle qui fait l’objet de cet ouvrage s’inscrit dans le long et le court termes, dans le local (un espace d’intérêts partagés) et le non local. Le local exprime le rapport dynamique entre une sociabilité et une spatialité propices à un projet d’innovation. Il recouvre une variété d’entités spatiales comme le territoire du quotidien ou le système de production.

Aux yeux de l’auteure, comme on le devine, pour que l’innovation parvienne à ses fins, il importe que les différents acteurs se rencontrent et se confrontent en un lieu donné, surtout en période de tension. Une figure, intitulée Le projet de l’intention à l’action, montre un scénario en diverses phases : le temps, le projet anticipé, les intérêts multiples, le ques- tionnement, les technologies complémentaires / concurrentes et les compétences. De cette partie, il se dégage, entre autres choses, qu’un processus de sélection naît de l’interaction et fait que l’on n’innove pas n’importe comment, avec n’importe qui, n’importe où.

La troisième partie La dimension locale permet à l’auteure de se distinguer. Après avoir parlé de lieu et de milieu, vient alors la question : le concept de territoire se veut-il incontournable? Alors que les concepts de lieu, de milieu et de territoire sont en appa- rence similaires, l’auteure perçoit une différence dans leur temporalité. En se référant aux travaux d’Olivier Klein, Leiggener signale que, dans le développement des technologies médicales, le territoire dépasse sa dimension productive en s’ouvrant à d’autres acteurs que les politiques et les producteurs. Or, écrit-elle, entre les concepts de réseau et de ter- ritoire, le cœur du géographe balance. Si les deux ont une mémoire, le territoire constitue en fait un lieu de mémoire. Ces précisions s’avèrent intéressantes lorsque vient le moment d’identifier ce qui distingue une région d’un territoire.

Le dernier chapitre constitue rien de moins qu’un hommage à l’œuvre d’Hägerstrand dont les réflexions (time space geography), lorsqu’elles sont bien interprétées, sont de nature à faire avancer la compréhension conjointe de l’élaboration des innovations et de la construction sociale des réseaux dans le processus de diffusion de ces mêmes innovations.

Il se dégage de ces réflexions que, pour bien comprendre le rôle de l’espace, il importe de prioriser l’interaction sociale dans des milieux sociaux et des contextes spatiaux différents.

Dans les toutes dernières lignes, on lit que si le lieu mérite d’être observé, il demande à être organisé par un acteur qui reconnaît en lui un passage obligé. Pour Régina Leiggener, ce faisant, le géographe deviendrait un facilitateur d’interaction. J’ajouterais, grand bien lui en fasse, mais qu’il se garde de se croire sur une chasse gardée.

Cet ouvrage captivant, on l’aura bien saisi, montre combien les choses ont changé depuis Louis Pasteur, dans le domaine médical comme dans tous les autres. Malgré les Steve Jobs (Apple) de ce monde, ce n’est plus dans son sous-sol ou son garage que l’on innove.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rvières

© 2008 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

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Leriche F., Daviet S., Sibertin-Blanc M., Zuliani J.-M., eds., 2008,

L’économie culturelle et ses territoires, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 381 p.

Les ouvrages dans le domaine de la géographie culturelle sont assez rares sur le mar- ché. En voici un, de grande valeur, qui peut satisfaire bien des exigences. Le livre est intitulé « L’économie culturelle et ses territoires », ce qui révèle d’une part la largesse des contributions, et de l’autre le grand nombre des textes présentés dans le champ de la

« culture » avec vingt-cinq articles. Notons qu’on y trouve trente-deux auteurs différents et que la bibliographie est regroupée à la fin de l’ouvrage avec environ quatre cent réfé- rences. Quelques illustrations, cartes, tableaux, schémas, mettent en valeur ce volume.

Frédéric Leriche et ses amis ont voulu nous fournir un livre de haut niveau.

L’ouvrage contient un bon nombre d’auteurs intéressants et apportant des éléments cultu- rels et géographiques. On y découvre des auteurs comme A. J. Scott, D. Power, ou encore A.

Markusen ou R. Kloosterman, avec des textes de divers horizons, qui sont également l’avan- tage du livre. La première partie de l’ouvrage est consacrée à la diversité d’un champ scienti- fique émergent, et on y déniche des papiers sur Hollywood, sur la mode, sur le vin, ou encore sur le marché culturel de la « périphérie ». La deuxième tranche s’attache aux filières, firmes et clusters, avec des articles sur Amsterdam ou sur la « Silicon Alley » à New York. La troisième partie est consacrée aux artistes, aux classes créatives et au marché du travail, notamment avec l’excellent papier de Ann Markusen. Finalement on passe aux questions sur le patrimoine, les politiques culturelles et le développement des territoires, et on découvre entre autres la Sicile et ou le regard franco-britannique. L’ouvrage est conclu par une postface d’Alain Lefèbvre.

L’ensemble des articles sont de qualité, ce qui est rare dans les ouvrages collectifs.

L’ouvrage a oublié d’inviter quelques grands personnages de la géographie culturelle française : je pense notamment à Paul Claval ou Jean-François Staszak. Ces personnes ont une contribution majeure dans les ouvrages et dans les revues de cette géographie, et l’ont animé depuis la création du périodique « Géographie et cultures », une revue qui arrive à 17 années de publication avec des auteurs très variés, comme N. Thift, T. Barnes ou D. Massey et des dizaines d’autres. En outre, le livre de Claval sur la Géographie culturelle, édité une première fois en 1995, est un succès considérable. J.-F. Staszak a écrit trois ouvrages et un nombre important d’articles notamment Espaces domestiques (2004), Géographie de Gauguin (2003), Gauguin voyageur du Pérou aux îles Marquises (2006), caractéristiques de ses activités. Il y a donc eu oubli de l’« école » parisienne de géographie.

Si on regarde l’ensemble du livre, il s’agit une opération formidable pour la géographie culturelle, à travers la richesse de sa pensée et la diversité des articles. Les analyses prennent en compte la diversité des échelles territoriales, et ils savent analyser la constitution de ter- ritoires culturels. Cette diversité presque mondiale a permis la visite de plusieurs coins de la planète, comme Los Angeles, New York, Amsterdam, ou encore Montréal et Mexico entre les villes citées, avec une dizaine d’autres qu’on pourrait mettre dans le paquet. On peut rajouter la diversité des activités en donnant des exemples à travers le monde.

Le livre offre un grand intérêt pour comprendre la pensée géographique et l’interpré- tation du monde. Très agréable à lire, cet ouvrage fait preuve d’une remarquable homo- généité malgré le grand nombre d’auteurs associés à cette initiative. L’objectif fixé est

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largement atteint et l’ouvrage offre un exemple parfait de valorisation et de diffusion des résultats d’un programme de recherche soutenu par les instances européennes. C’est une géographie plus vivante et plus actuelle que beaucoup d’études contemporaines attachées aux phénomènes des modes, si éphémères. Les représentations, les discours, les espaces vécus et les espaces interprétés, le regard de l’autre et l’invention de l’ailleurs, c’est tout cela, entre autres, que les auteurs nous offrent dans cet ouvrage. Voici une géographie nouvelle, déjà bien loin de la nouvelle géographie. Un mélange à faire aimer la géogra- phie. À l’antipode des manuels ennuyeux pour « nuls », à faire dormir les pauvres étu- diants, il est vibrant, passionnant, incontournable.

L’ouvrage édité par Leriche et compagnie présente une grande fraîcheur, comme souvent dans les travaux de ces géographes. Ils dépoussièrent la vieille géographie. L’idée est origi- nale, la sélection des auteurs est pertinente (variété des disciplines et des approches, et diver- sité géographique), les thèmes sont variés et attractifs. Les apports théoriques et les examens empiriques se complètent bien. Enfin on ne s’ennuie plus en lisant de la géographie !

Georges Benko CEMI–EHESS

© 2008 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Paquot Th., ed., 2008, Banlieues. Une anthologie, Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, 162 p.

Thierry Paquot, dans un petit livre (de 13 chapitres), tente de retracer l’évolution des banlieues en France. Son expérience semble intéressante, malgré les défauts de l’ouvrage.

Regardons d’abord les problèmes de ce bref ouvrage. L’auteur a utilisé dix papiers de pré- sentation et trois articles personnels. De ce point de vue, il n’y a pas trop de problème, tout le monde peut se faire une idée de son travail, aussi bien sur « Banlieue, un singulier pluriel », ou encore la « «Bibliothèque », ou « Les banlieues au cinéma : filmothèque ». Mais la question qu’on peut se poser, c’est de savoir si ces papiers ont vraiment leur place dans un ouvrage qui traite réellement de la question urbaine. Ainsi, dans l’introduction, on a une vision assez écla- tée de la banlieue, aussi bien au niveau thématique de l’objet, que dans la présentation tempo- relle du travail. Si on regarde le chapitre « cinéma » qui est un fleuve de renseignements, il est présenté sans découpage des parties, ou sans autre formule de division, et ne parlons pas de la diversité de contenu. La « bibliothèque » pose le même type de problème. Il est dommage que les étudiants soient soumis à une lecture difficile pour ces textes.

Le choix des articles reproduits retrace des idées importantes. Globalement les textes sont bons, et évoquent les périodes différents, sous divers aspects. Ce qu’on peut repro- cher à l’ensemble, c’est le manque de diversité, puisque ce sont exclusivement des ten- dances « à gauche » qui dominent. Néanmoins, les idées sont variées et ils apportent à un public jeune des connaissances nouvelles. On y trouve par exemple Pierre George (deux fois), ou encore Henri Sellier, Paul-Henry Chombart de Lauwe, Annie Fourcaut…

L’ensemble du livre est d’une présentation agréable, accessible aux étudiants et aux profes- sionnels. Il est un peu dommage que certains chapitres soient plus difficiles à lire que d’autres.

Georges Benko

CEMI–EHESS

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Références

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