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Sciences associées à l'archéologie

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Academic year: 2022

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Sciences associées à l'archéologie

CHAIX, Louis

CHAIX, Louis. Sciences associées à l'archéologie. In: Bonnet, Charles. Sauvegarde et conservation du patrimoine archéologique . Zürich : SLSA, 2000. p. 21-25

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:106326

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A

Sciences associées

à

l'archéologie

Dr. Louis Chaix, Genève

Département d'archéozoologie, Muséum d'histoire naturelle

Dans le cadre de ce colloque, patronné par la Fondation Suisse-Liechtenstein, nous présenterons quelques aspects particuliers des sciences associées à l'archéologie, dans le cadre des recherches pratiquées à l'étranger et plus pré- cisément dans les pays du tiers-monde.

En guise d'introduction, on peut déjà s'étonner du statut spécial accordé aux diverses disciplines associées à l'archéologie, qu'elles étudient le milieu minéral (géoarchéologie), végétal (archéobotanique) ou animal (archéozoo- logie et anthropologie physique). Le statut même de l'archéologie est en cause puisque dans ces définitions, on lui dénie le titre de science.

C'est un débat que nous n'engagerons pas ici, mais on peut se demander quelle est la définition la plus adéquate de l'archéologie, synthèse ou juxta- position de connaissances, les disciplines associées figurant souvent comme des auxiliaires ou, pis encore, comme des annexes de la recherche archéologique.

Cette seule constatation mériterait à elle seule un vaste débat.

Si l'on considère la recherche archéologique dans une perspective histo- rique, on voit que depuis assez longtemps, les préhistoriens et les protohisto- riens intègrent les méthodes et les résultats des disciplines associées que nous avons citées plus haut.

Parallèlement à ces grands domaines de recherche, on voit actuellement se développer des techniques sophistiquées comme la biogéochimie isotopique ou la génétique moléculaire dont les applications au matériel archéologique et particulièrement aux ossements humains et animaux apportent des informa- tions nouvelles et importantes sur la vie des hommes du passé.

Depuis quelques années, les archéologies classique et historique mon- trent une évolution de leurs conceptions, basées autrefois essentiellement sur les bâtiments et les objets, alors qu'aujourd'hui, \'environnement, qu'il soit sédi- mentaire, végétal ou animal est pris en compte et contribue à une meilleure connaissance des conditions d'existence de nos ancêtres.

On note ainsi, sur plusieurs grands chantiers de fouilles classiques, la pré- sence de sédimentologues, de palynologues et d'archéozoologues. Ces spé- cialistes travaillent sur le terrain en étroite collaboration avec l'archéologue res- ponsable du chantier.

A

1

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1 Reconstruction du spectre alimentaire d'après les données archézoologique de Petra (Jordanie).

2 Amas de crânes de bovidés prélevés sur le site de Kerma (Soudan).

Cependant, et on peut le regretter, les études spécialisées ne sont parfois effectuées que pour résoudre un problème particulier, sans être intégrées dans un programme plus ambitieux.

Dans une perspective encore lointaine et peut-être idéale, il faut souhai- ter que toutes les équipes de fouilles archéologiques comprennent des spé- cialistes de géoarchéologie, d'archéobotanique et d'archéozoologie. En effet, le contact permanent avec le terrain est irremplaçable, aussi bien pour la réso- lution de problèmes immédiats comme la lecture d'une stratigraphie complexe ou la découverte d'un squelette en connexion. Un contact permanent avec l'archéologue et un dialogue avec les autres membres de l'équipe sont indis- pensables.

C'est à ce prix que l'on aura une meilleure compréhension de la forma- tion d'un site, de son organisation spatiale et du rôle qu'y jouent les divers éléments mis au jour.

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Une fois la fouille terminée vient le moment de la publication des résul- tats. Nous voudrions rappeler ici la difficulté de mettre sur pied un travail réel- lement interdisciplinaire. Bien souvent en effet, les publications finales ne sont qu'une succession d'articles spécialisés, sans liaison entre eux et la synthèse, écrite le plus souvent par l'archéologue, intègre peu les informations issues des disciplines associées ou passe sous silence les contradictions souvent inévitables.

Un vrai travail pluridisciplinaire et la publication qui en découle doit être précédé de nombreuses confrontations entre les auteurs, d'une écoute atten- tive des résultats des autres et d'un exposé des problèmes, parfois irrésolus.

Une telle conception de l'archéologie est hélas encor~ trop rare et, il faut le dire, fort difficile à réaliser.

Nous voudrions maintenant aborder quelques aspects de la recherche, plus particulièrement dans le domaine de l'archéozoologie, dans le cadre de fouilles à l'étranger.

Actuellement, plusieurs équipes qui oeuvrent dans divers domaines géo- graphiques et chronologiques, intègrent dans leur groupe un spécialiste en archéozoologie. Nous pouvons citer les fouilles d'EI Kown en Syrie, celles de Petra (Jordanie), de Kerma (Soudan) et d'Erétrie (Grèce). Sur ces sites presti- gieux, la présence du spécialiste permet d'aborder les divers aspects de l'éco- nomie, mais aussi les domaines rituels et religieux ainsi que les données issues de l'art. Il s'agit là d'une situation très réjouissante, d'autant plus que ces chantiers permettent des fouilles de longue durée et que la recherche peut y être faite en profondeur et en détail.

Dans d'autres cas (Italie du Sud, Egypte, Russie), le spécialiste ne parti- cipe pas au travail sur le terrain mais étudie le matériel rapporté par l'archéo- logue. Il est cependant souhaitable et nécessaire que l'archéozoologue puisse venir au moins une fois quleques jours sur le site afin de se faire une idée des problèmes particuliers qu'il présente.

Dans ce cas, le problème de l'échantillonnage se pose et il est important qu'une bonne concertation existe entre l'archéologue et le spécialiste afin qu'un protocole précis soit appliqué pour la récolte, le stockage et l'envoi des divers matériels.

Si l'on quitte le domaine de l'archéozoologie, on peut constater que d'autres disciplines naturalistes comme la palynologie, l'anthracologie et l'étude des macrorestes végétaux sont hélas encore peu souvent associées aux grands chantiers extra-européeens, alors que dans de nombreux cas, les tami- sages attestent la présence de restes botaniques parfois abondants.

Il faut également souligner ici la rareté des spécialistes dans ces disci- plines, rareté qui tient aussi bien à l'énorme variété des espèces végétales qu'à la diversité des régions géographiques.

Un autre aspect important concerne la sauvegarde et la conservation des vestiges issus de la fouille (échantillons de sol, restes végétaux, coquillages, ossements, etc).

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Dans de nombreux pays, l'exportation de tels vestiges est strictement interdite. L'étude doit donc être impérativement faite sur place sans bénéfi- cier, le plus souvent, d'une collection de comparaison valable.

Cette dernière est, il faut le rappeler, l'outil de base de /'archéozoologue et il y a sans cesse recours pour résoudre des problèmes de détermination.

Les collections de comparaison sont inexistantes ou embryonnaires dans la plupart des pays du Tiers-Monde. Cela s'explique par une situation politique, financière et économique souvent catastrophique. L'archéologie et les disci- plines associées ne sont pas, on peut le comprendre, une des priorités des gou- vernements.

Actuellement, et cette situation est paradoxale, de nombreuses et impor- tantes collections comparatives provenant de pays du Tiers-Monde sont sau- vegardées dans les grands musées européens et nord-américains. Il est navrant mais vrai de dire qu'elles y sont mieux préservées et gérées qu'elles ne pour- raient l'être dans leurs divers pays d'origine.

A cela, il faut ajouter que la formation d'archéologues et de spécialistes est tributaire des conditions politiques et économiques. Les gens, formés dans les pays riches et industrialisés, choisissent le plus souvent, au terme de leurs études, de ne pas revenir dans leur pays incapable de leur offrir des conditions de vie et de travail satisfaisantes (cf. tableau 1).

Il faut aussi stigmatiser les diplômes trop souvent octroyés par complai- sance à l'étudiant étranger, afin de ménager à l'archéologue formateur des possibilités de recherche dans le pays du candidat.

Les capacités de recherche dans le domaine archéologique et plus parti- culièrement de I' archéozoologie témoignent de différences considérables essentiellement liées au niveau économique du pays.

Le tableau 1, à l'aide de quelques données publiées par l'ICAZ (Interna- tional Conference for Archaeozoology), illustre cette situation.

Pays Nombre d'habitants Nombre d'archéozoologues (en millions) (professionels) (%)

Suisse 7 15 2.1

Angleterre 50 55 1.1

Canada 24 25

France 55 30 0.5

USA 226 112 0.4

Chine 1023 2 0.0001

Inde 748 8 0.01

Brésil 139 2 0.01

E te 50 0 0

Soudan 26 0 0

Tableau 1

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Comme on peut le voir, au niveau des archéozoologues professionnels, il existe une différence très importante entre les pays riches et les autres. Nous ne présentons ici que quelques données basées sur le nombre d'archéozoo- logues par rapport à la population du pays. Il faudrait également considérer la surface des pays et leur richesse archéologique. Quoi qu'il en soit, la diffé- rence saute aux yeux.

Le dernier aspect que nous aimerions évoquer ici concerne les spécialistes qui travaillent sur les fouilles à /'étranger.

En Suisse, en archéozoologie, seules quatre personnes occupent une posi- tion stable dans une institution (Muséum ou Université), les autres sont au bénéfice de contrats temporaires plus ou moins longs. Il en va de même de plusieurs personnes employées sur des chantiers «exotiques», dont le salaire et les frais de voyage ne sont souvent pas pris en compte dans le budget des fouilles. En plus du caractère aléatoire d'un tel emploi, on peut déplorer aussi que cet état de fait pose de sérieux problèmes pour la constitution d'une équipe capable de gérer les problèmes d'une fouille menée de façon moderne à /'étranger.

Pour conclure, nous voudrions souligner quelques points qui nous parais- sent importants pour le futur:

Tout d'abord, il faut se réjouir de voir les sciences associées de plus en plus aux recherches archéologiques qu'elles soient préhistoriques, classiques ou historiques. Le contact entre archéologues et archéomètres ne peut être qu'enrichissant et bénéfique pour une meilleure connaissance de la vie du l'homme du passé, but ultime de ces recherches.

Le problème se pose de manière beaucoup plus cruciale pour les pays du Tiers-monde.

En faisant abstraction, ce qui est impossible et faux, des conditions poli- tiques et économiques de ces pays, on note que la formation des archéologues et des archéomètres y est encore embryonnaire ou mauvaise, les outils sou- vent absents ou concentrés ailleurs, dans des zones économiquement plus développées.

Pour le futur, on ne peut qu'espérer et souhaiter que cette situation s'amé- liore et que les chercheurs de tous horizons puissent trouver dans leur propre pays à la fois les moyens et les aides qui leur permettent de mieux connaître et comprendre le passé de leurs ancêtres, passé dont nous commencons à sai- sir l'intérêt pour notre propre développement.

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