Agréé par décret du Ministère de la Santé depuis juillet 2007
Mémoire en vue de l’obtention du Diplôme d’Ostéopathe*
LES APPORTS DE L'OSTÉOPATHIE DANS LA PRISE EN CHARGE CONVENTIONNELLE DES
PATIENTS PORTEURS DU VIH
Étude sur la qualité de vie
Soutenu le 01 juillet 2020 à Labège
Par : Diane RÉVEILLÉ
Directeur de Mémoire : Pierre-Luc L’HERMITE (D.O.)
Année 2019-2020
*
diplôme enregistré au niveau 7 au RNCP
REMERCIEMENTS
Tout d’abord, je souhaite remercier mon directeur de mémoire, Pierre-Luc L’Hermite, pour sa disponibilité et son investissement durant ces deux années de travail.
Un grand merci aux associations Aides et Act-up sans qui rien n’aurait été possible.
A Malika Geslin pour ses précieux conseils et sa disponibilité.
A ma famille qui m’a permis de faire ces études et de découvrir un métier qui me passionne.
Enfin, merci aux personnes qui m’ont accompagnée durant ces 5 années de formation, Sarah et Éloïse, avec une pensée particulière pour Lucile qui m’a soutenue sans faille pendant ces études et qui est devenue bien plus qu’une collègue de formation.
Table des matières
1. INTRODUCTION 4
1.1 Problématique 4
1.2 Revue de littérature 8
1.2.1 Le VIH et les multithérapies 8
1.2.2. Action de l'ostéopathie sur des troubles similaires aux effets indésirables des traitements. 12
1.2.3 L'ostéopathie et les personnes vivant avec le VIH 14
2. MATERIEL ET METHODE 16
2.1 Population 16
2.1.1 Recrutement de la population 16
2. 1. 2 Critères d’inclusion 16
2.1.3 Critères de non-inclusion 16
2.1.4 Critères d’exclusion 17
2.2 Lieu de réalisation de l'étude 17
2.3 Critères d’objectivation 17
2.2 Méthode 19
2.2.1 Design expérimental 19
2.2.2 Protocole 19
2.2.3 Recueil des données 20
3. RÉSULTATS 21
3.1 Description de la population 21
3.2 Statistiques descriptives 25
3.2.1 Résultats de l’indicateur principal : Questionnaire SF36 25
3.3 Statistiques inférentielles 33
3.3.1 Vérification de la normalité pour les différents scores 33
3.3.2 Test de Student pour échantillons appariés 34
3.3.3 Test des rangs signés de Wilcoxon : 36
4. DISCUSSION 38
4.1 Analyse des résultats 38
4.1.1 Caractéristiques de la population 38
4.1.2 Analyse des résultats du SF-36 38
4.1.3 Analyse des résultats de la fiche d’évaluation des symptômes/ effets indésirables VIH 42
4.2 Critique de l’étude 42
4.3 Prospectives 47
5. CONCLUSION 48
RÉFÉRENCES 49
LISTE DES ABRÉVIATIONS 54
LISTE DES TABLEAUX 55
LISTE DES FIGURES 57
LISTE DES ANNEXES 58
1. INTRODUCTION
1.1 Problématique
Une intervention ostéopathique peut-elle améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le Virus de l'Immunodéficience Humaine et bénéficiant d’une prise en charge conventionnelle ?
Si la découverte du SIDA par les scientifiques (1981) et les débuts de l'épidémie semblent loin, le VIH reste aujourd'hui encore un enjeu de santé publique majeur. En effet, en France, en 2015 environ 6 000 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH. [1] [2] De plus, on estimait en 2017 que 172 700 personnes vivaient avec le VIH (PVVIH) dans l’Hexagone. Dans les premières années de l’épidémie, l’urgence résidait dans la survie et la compréhension de l’infection. De nombreuses associations (Aides, Act-up) ont été de grandes actrices du développement des premiers essais thérapeutiques et de la sensibilisation auprès du grand public. Aujourd’hui, leur principal cheval de bataille est le dépistage et la prévention dans le but de mettre un terme à l’épidémie du VIH. L’objectif pour L’ONUSIDA est le « 90- 90-90 » d’ici 2020 : « A l’horizon 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique. A l’horizon 2020, 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement anti rétroviral durable. A l’horizon 2020, 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée. »1
Si dans les années 80, la recherche était dirigée vers le contrôle de l’infection afin d’éviter le développement d’infections opportunistes, le but est aujourd’hui d’éradiquer le virus de l’organisme. Ces recherches ne sont pas encore abouties, et ne le seront probablement pas avant des années, même si de nouvelles découvertes sont faites chaque jour.
Aujourd'hui, en France, l'espérance de vie des personnes vivant avec le VIH a considérablement augmenté depuis le début de l'épidémie, du fait de l'émergence des multithérapies. [3] Cependant, l’infection par le VIH reste une pathologie pour laquelle il n'existe pas de traitement curatif : c'est une pathologie chronique.
Depuis quelques années, en France, il apparaît une augmentation des pathologies
1 https://www.unaids.org/fr/resources/documents/2014/90-90-90
chroniques due principalement à l'augmentation de l'espérance de vie et aux progrès médicaux considérables qui ont été faits ces dernières années. « Plus de dix millions de personnes, soit 16,6 % de la population, souffrent ainsi d’une des trente-deux affections de longue durée (ALD) reconnues par la sécurité sociale. » [4] Ce constat pose la question d'une autre prise en charge de la maladie, notamment la modification de la relation soignant/ soigné. Il ne s'agit plus seulement de donner un traitement curatif au patient mais de l'accompagner dans les changements que la maladie entraîne sur sa vie. Par ailleurs, les maladies chroniques, de par les répercussions qu’elles entraînent sur la qualité de vie, ne nécessitent plus seulement une prise en charge individuelle par un médecin spécialiste mais plutôt l'association de plusieurs professionnels de la santé de compétences variées et complémentaires. [5]
La hausse du nombre de maladies chroniques est un sujet majeur pour l’État et la sécurité sociale puisque les coûts qui en résultent sont considérables. Ainsi, en 2014, ils se sont élevés, pour les seules ALD, à 94,2 Milliards d’euros, soit 61,6 % du total des remboursements de l’assurance maladie. [4]
Si, il y a quelques années (dans le cas du VIH) l'enjeu était de maintenir en vie les patients, il convient donc aujourd'hui de s'intéresser à leur qualité de vie.
L'OMS définit la qualité de vie comme “ La perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lequel il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement ».
Plusieurs études tendent à montrer que la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH est inférieure à celle des personnes séronégatives. [6]
Dans ce cadre-là, nous nous intéressons à ce que l’ostéopathie peut apporter dans la prise en charge de ces personnes et notamment, si elle peut améliorer la qualité de vie des patients atteints. Pour commencer, nous allons faire un petit rappel du cadre et des concepts de cette médecine non conventionnelle.
L'OMS a défini en 2010 l’ostéopathie : « L’ostéopathie (également appelée médecine ostéopathique) se fonde sur le contact manuel pour tout diagnostic et tout traitement. Elle respecte la relation qui existe entre le corps, la pensée et l’esprit et l’esprit sains et malades.
Elle accorde une importance considérable à l’intégrité structurelle et fonctionnelle du corps et à la tendance intrinsèque du corps à l’auto-guérison. » [7]
Cette activité de soin possède une existence législative depuis 20022, par la suite des décrets et des arrêtés énoncés en 2007 et 2014 ont permis de définir l'ostéopathie de manière juridique et de déterminer le champ de compétence de l'ostéopathe.
Par ailleurs, l'ostéopathie s’insère de plus en plus dans le parcours de soin de nombreux patients puisque qu'en 2014, un français sur deux affirmait avoir déjà consulté un ostéopathe.3
Pourtant, à ce jour, l’ostéopathie ne s'est que peu penchée sur la question du suivi des patients vivant avec le VIH. Le nombre d'études menées sur ce sujet reste faible. L'ostéopathie permet pourtant de prendre en charge des troubles fonctionnels de l'organisme4, ce qui invite à réfléchir à ce sujet.
Il est intéressant pour les ostéopathes d'étudier le VIH afin de mesurer l’efficacité d'un traitement ostéopathique sur une pathologie chronique. En effet, la pathologie chronique a une évolution plus linéaire que la douleur aiguë, qu’elle soit stable ou évolutive. Ainsi, si une intervention ostéopathique fait varier son évolution, il est plus facile d’envisager l’hypothèse que le changement trouve son origine dans la prise en charge ostéopathique.
L’étude de cette pathologie permet aussi de s’interroger sur l’effet d’un traitement ostéopathique sur une personne qui suit un traitement médicamenteux quotidien comprenant plusieurs principes actifs.
Par ailleurs, le faible nombre d’étude sur le VIH, contrairement aux études sur les lombalgies par exemple, rend d’autant plus intéressante la recherche sur ce sujet. Sur PubMed la recherche des termes osteopathy/Lumbago/low back pain donne 997 résultats. Alors que la recherche de VIH et osteopathy contient 1 résultat. Ce dernier fait simplement état d’un regroupement de deux articles concernant deux études différentes : l’une sur l’ostéopathie et l’autre sur le VIH.
Enfin, les traitements antirétroviraux comportent un certain nombre d'effets indésirables qui impactent eux aussi la qualité de vie. Ce mémoire se penchera donc aussi sur
2 Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé
3 Selon un sondage Opinion Way pour le SFDO auprès d’un échantillon de 1055 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus en 2014
4 Alinéa 1 du décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d'exercice de l'ostéopathie
l’effet de l'ostéopathie vis à vis des effets indésirables liés aux médicaments antirétroviraux.
Le VIH est actuellement classé en France comme une affection de longue durée (ALD 7), bien que tous les PVVIH n'aient pas recours à cette prise en charge. Ces affections longues durées impliquent des remboursements de santé particuliers par la sécurité sociale. Il est donc intéressant d'évaluer la diminution des effets indésirables des médicaments afin de montrer notre efficacité et de pouvoir, peut-être, être inclus dans ce parcours de soin particulier par la suite. [8]
Pour les patients vivant avec le VIH, la diminution des effets secondaires permettrait d'améliorer significativement la qualité de vie. Cela ouvrirait peut-être, en accord avec l'équipe médicale, la possibilité d’une diminution de prise de médicaments visant à soulager ces symptômes indésirables.5 Par ailleurs, diminuer les effets indésirables des médicaments antirétroviraux constitue un réel enjeu dans l'observance des traitements.
Ainsi, à la lueur de ces constats, « Évaluer l’effet de la prise en charge ostéopathique sur la qualité de vie des PVVIH » constitue la finalité de cette recherche qui s’attachera à en mesurer les conséquences au niveau du bien-être tant physique que mental et sociétal des patients vivant avec le VIH.
5 Cette intervention conjointe est désormais facilitée du fait du décret n°20016-994 relatif aux conditions d’échanges et de partage d’informations entre professionnels de santé et autres professionnels des champs social et médico-social et à l’accès aux informations de santé à caractère personnel.
1.2 Revue de littérature
Comme nous allons pouvoir le constater par la suite dans les différentes études présentées, peu de recherches ont été réalisées en ostéopathie sur l'intérêt d’un traitement ostéopathique pour les personnes vivant avec le VIH.
Avant de réfléchir à la place de l’ostéopathie dans le suivi des personnes séropositives, il est indispensable d’en connaître davantage sur l’infection. En effet le VIH et ses mécanismes pathogènes sont souvent méconnus des professionnels de la santé, notamment les ostéopathes, qui ne travaillent pas au quotidien avec des personnes séropositives ou qui ne le savent pas. Cette méconnaissance peut gêner la bonne compréhension de la pathologie, mais aussi du vécu des patients. De plus les nombreuses idées reçues sur la maladie peuvent fortement impacter la qualité des soins reçus par les patients et renforcer les discriminations.
Il est donc important de parler de ce virus, de ses cellules cibles et de ses mécanismes pathogéniques afin de mieux comprendre l'infection et les traitements utilisés pour la combattre.
Par ailleurs, cet apport théorique permet d’ouvrir la pratique ostéopathique à d’autres pathologies que celles habituellement étudiées. Comprendre le VIH sera aussi l’occasion de faire un rappel théorique sur les infections virales dans leur ensemble et sur les réponses immunitaires que l’organisme est capable de mettre en place pour y faire face.
Il nous a donc semblé important de rédiger un paragraphe inhabituellement long qui expliquera l'infection par le VIH. [9][10][11]
1.2.1 Le VIH et les multithérapies
Le Virus de l’Immunodéficience Humaine est composé de nombreuses protéines qui lui permettent, notamment, de se fixer sur les cellules exprimant la protéine membranaire CD4 c'est à dire les lymphocytes TCD4, les macrophages et les cellules dendritiques. Suite à cette fixation, l'ARN du virus est intégré dans la cellule (protéine gp41).
Le VIH est un rétrovirus, c’est à dire qu’il possède une protéine, la transcriptase inverse, qui transforme, dans le cytoplasme de la cellule infectée, l’ARN du virus en ADN proviral.
Il appartient aussi au groupe des lentivirus du fait de l'évolution lente de la pathologie, à l'opposé par exemple, du virus de la grippe.
Une fois l'ARN converti en ADN, une protéine appelée intégrase permet d'intégrer l'ADN proviral à l'ADN de la cellule.
Par ailleurs, le VIH possède des protéines de régulation (ou protéines accessoires) lesquelles permettent notamment, de contrecarrer les mécanismes de défense de la cellule.
Certaines protéines réduisent l'expression des marqueurs de l'immunité (CD4/CMH de la classe I) afin de rendre la cellule non repérable par le système immunitaire et de bloquer l'apoptose.6
La réplication du virus, quant à elle, se fait par la production de protéines inscrites dans le nouveau génome de la cellule. Ainsi, se crée un virus immature ou virion. Par la suite, ce dernier subit différentes étapes qui permettent l'assemblage, le bourgeonnement et enfin la maturation finale du virus. Ainsi, une seule cellule infectée est capable de produire des millions de virus avant de s’éteindre.
Il existe deux grands types de VIH : le VIH-1 et le VIH-2 et de nombreuses sous catégories. Le virus majoritaire en Amérique du nord et en Europe de l’ouest est le VIH-1 de type B.
La transmission de ce virus se fait par contact avec le sang, les fluides sexuels ou encore le lait maternel. Ce sont les seules voies de transmission puisqu’il est aujourd'hui démontré que le risque d'une infection par les larmes ou la salive est statistiquement trop faible pour constituer une voie de contamination. 7[12]
Chronologiquement, l'infection par le VIH commence par la primo infection. On observe une augmentation très importante et très rapide de la charge virale: cela correspond à des morceaux de gènes du VIH circulant dans le plasma (donc hors des cellules infectées).
Lors de la seconde phase, le système immunitaire réagit et on observe une destruction par les LTCD4/ LTCD8 des cellules infectées. Celle-ci entraîne une baisse de la charge virale et des lymphocytes TCD4.
Parallèlement, l'apparition d'anticorps permet de tester la présence du virus. Les premières cellules infectées sont les LTCD4 du tissu lymphoïde intestinal.
La troisième phase correspond à une période de latence, celle-ci peut durer de plusieurs mois
6 L'apoptose est un mécanisme de mort cellulaire programmée, soit à la fin de « vie » de celle-ci ou lors d'une infection
7 S’il est besoin de le préciser, le toucher nécessaire à une consultation ostéopathique ne peut donc être en aucun cas une voie de transmission.
à plusieurs années ; lors de cette phase le nombre de lymphocytes ré-augmente, bien qu’il n’atteigne pas le taux pré-infection.
L'immunodéficience provoquée par le virus résulterait principalement de la mort des cellules infectées par le virus. Cependant, il semblerait également que différentes anomalies de fonctionnement apparaissent dans les cellules de l'immunité. Par ailleurs, le VIH mute constamment dans l'organisme, ce qui oblige le système immunitaire à devoir perpétuellement s’adapter. Les ganglions lymphatiques constituent des réserves importantes de virus. Ce qui entraîne une infection rapide en raison du passage de nombreuses cellules immunitaires par ces ganglions.
Lorsque le nombre de lymphocytes TCD4 chute en dessous de 200 cellules par mm³ de sang, on parle alors de SIDA. Les infections, pathologies opportunistes font leur apparition : candida, tuberculose, sarcome de Kaposi, cytomégalovirus, etc. Ce sont ces pathologies, conséquence de l’affaiblissement immunitaire, qui, sans traitement, conduisent au décès.
Au niveau des traitements, les méthodes actuelles de contrôle du VIH ont pour but de bloquer certaines protéines du virus. On trouve donc des inhibiteurs de la transcriptase inverses, des protéases, de l'intégrase ou encore des inhibiteurs d'entrée. Les traitements antirétroviraux additionnent plusieurs de ces molécules afin d’empêcher, à différents stades, l'infection des cellules ou la reproduction du virus.
S'il est important de souligner l'énorme progrès des thérapies actuelles, il convient de préciser que, de par leurs actions sur les cellules, les traitements induisent un certain nombre d'effets indésirables aujourd'hui reconnus. Ceux-ci impactent fortement la vie des personnes vivant avec le VIH et peuvent induire une diminution de l'observance du traitement. [13]
Un traitement cherche donc, d’une part à faire remonter le nombre de lymphocytes et, d’autre part à faire baisser la charge virale dans l’objectif de diminuer le risque de transmission du virus. Une charge virale nulle rend la transmission du virus improbable. [14]
Il est ainsi aujourd’hui prouvé qu’une personne sous traitement antirétroviral avec une charge virale indétectable ne peut pas transmettre le virus. C’est la notion U=U, Undetectable
= Untransmittable, pour Indétectable = Intransmissible en Français.
Cela ne signifie pas pour autant que la personne est exempte de virus. En effet, il existe dans le corps de la personne infectée ce que l’on appelle des réservoirs viraux (principalement dans les ganglions lymphatiques et organes lymphoïdes). Les traitements actuels n’ont pas d’action sur ces réservoirs et aujourd’hui, la recherche s’oriente
principalement dans cette direction.
Les effets secondaires des médicaments sont très variés en fonction des molécules utilisées. Un certain nombre d’entre eux sont cependant récurrents.
Le document de CATIE [15] (Source d’information sur le VIH et l’hépatite C au Canada) présente différents effets indésirables liés aux traitements. Parmi ceux-ci, on retrouve les modifications de la masse et de la morphologie, souvent mentionnées comme le syndrome de lipodystrophie. Il peut s'agir de perte de graisse (lipoatrophie) dans différentes régions du corps et d'augmentation (lipohypertrophie) dans d'autres.
Ce guide mentionne aussi un certain nombre de troubles d'ordre digestif tels que la diarrhée, les gaz, les ballonnements ou encore la nausée et les vomissements. Les personnes vivant avec le VIH sous trithérapies/multithérapies peuvent être atteintes de « maux de tête » et de fatigue chronique. Des problèmes neuropsychiques, tels que des vertiges, des troubles du sommeil comme l’insomnie ou la somnolence, ont aussi été rapportés. Des perturbations de l’activité onirique (cauchemars, rêves anormaux) sont également cités. [16]
Une étude réalisée sur 400 patients atteints du VIH confirme un certain nombre des effets déjà cités. [17] A cela peuvent s’ajouter des éruptions cutanées mais aussi des douleurs musculaires, articulaires ou des neuropathies.
À plus ou moins long terme, les médicaments utilisés peuvent par ailleurs entraîner une anémie et une neutropénie, une hépatotoxicité, une néphrotoxicité, une acidose lactique et une majoration des troubles cardiovasculaires. [19]
Bien que ces effets indésirables soient majoritairement retrouvés au début d'un traitement ou lors d’un changement de celui-ci, un certain nombre d'entre eux peuvent persister au-delà de quelques mois.
Il semble important de souligner que de nombreuses études décrivent une présence plus marquée d'anxiété et de dépression chez ces patients vivant avec le VIH. Un article écrit en 2008[18], reprenant les données nationales sur la qualité de vie des PVVIH en France, mentionne notamment qu’une personne sur cinq vivant avec le VIH indiquait avoir consommé des anxiolytiques dans les 12 derniers mois. Cette étude notait aussi une prévalence plus marquée des tentatives de suicides comparativement à la population générale : une personne sur cinq contre 8% dans la population générale.
Enfin, plusieurs études montrent que les personnes séropositives rencontrent des troubles de la sexualité. Ceux-ci sont notamment liés au mal-être dû à l'infection, à la difficulté de parler de ce sujet avec leur partenaire mais aussi aux modifications corporelles
que les patients subissent. (Cf. lipodystrophie) [19] [20]
1.2.2. Action de l'ostéopathie sur des troubles similaires aux effets indésirables des traitements.
Bien que la recherche en ostéopathie n’en soit qu’à ses premiers pas, un certain nombre d’études ont déjà été réalisées dans divers domaines ou pathologies afin d’évaluer l’efficacité de consultations ostéopathiques. A grande échelle, leur nombre est réduit. Il existe cependant des pistes de recherches sur des symptômes similaires à ceux retrouvés chez les personnes vivant avec le VIH. Nous allons donc présenter en premier lieu des études qui ne concernent pas le VIH mais qui abordent les symptômes que nous avons cités plus haut.
Comme il est cité précédemment, de nombreux effets indésirables concernent le système digestif.
Une étude sur un échantillon de 18 patients a été mise en place à la Polyclinique de Poitiers pour évaluer « l'apport de l'ostéopathie dans la prise en charge des troubles fonctionnels intestinaux (TFI) de l'adulte ». [21] L'étude, réalisée sur trois consultations espacées d'un moi, a utilisé une échelle d'évaluation de la douleur et une échelle numérique pour évaluer l'impact de symptômes sur la vie quotidienne. La douleur semble avoir été diminuée significativement (p=0,0002 et p=0,003) à l'exception de celle ressentie lors d'une période de crise. Par ailleurs, l'impact du traitement a été significatif sur les troubles du transit (diarrhée/constipation) et ce, surtout entre la première et la deuxième consultation.
Cependant aucun résultat significatif n’est mis en évidence au niveau des ballonnements et des gaz. Cette étude est intéressante à mentionner en raison de la similitude des symptômes rapportés par les patients sous traitements antirétroviraux.
Une autre étude semble confirmer ces résultats positifs. [22] Les résultats obtenus ont, de plus été comparés avec un groupe recevant des massages dorsaux superficiels. La baisse du score de sévérité du SII était plus marquée chez les patients traités en ostéopathie. Cette différence disparaît cependant trois semaines après l’arrêt du traitement.
Concernant les douleurs musculaires et l'anxiété, une étude sur 13 patients atteints de fibromyalgie a été réalisée en 2012. Les patients ont bénéficié de 6 consultations espacées de trois semaines. [23] Bien que cette étude ne concerne pas le VIH, elle apparaît elle aussi intéressante à mentionner au vu des effets positifs significatifs sur la qualité de vie, les douleurs associées à cette pathologie (douleurs musculaires diffuses) ainsi que sur l'anxiété.
Ces symptômes peuvent en effet être retrouvés chez des patients vivant avec le VIH. Ces résultats demeurent cependant à relativiser en raison d’écarts types très élevés, ce qui traduit des différences individuelles importantes. Par ailleurs, le faible nombre de patients ne permet pas de conclure à un effet certain sur ces symptômes chez tous les patients, mais permet de suggérer une amélioration possible de certains symptômes.
Dans les effets indésirables, plusieurs troubles du sommeil ont été mentionnés tels que l'insomnie ou encore la modification de l'activité onirique.
Un mémoire a été réalisé en Allemagne sur 24 patients atteints de dépression et présentant des troubles du sommeil.8 Plusieurs aspects du sommeil ont été évalués : la qualité du sommeil, sa durée ou encore l'utilisation de somnifère. Ces aspects ont obtenu des améliorations significatives (p=0,007) après trois consultations ostéopathiques. Par ailleurs, une autre étude a été réalisée au sein d'un service de réanimation sur 10 patients endormis artificiellement. [24] Les paramètres physiologiques du sommeil, avant et après une consultation ostéopathique, ont été évalués. Le pourcentage du sommeil paradoxal a significativement augmenté et le nombre de micro-réveils a diminué. Ces résultats apparaissent très intéressants tant sur l’amélioration des troubles du sommeil que sur la fatigue puisque le sommeil paradoxal joue un rôle important dans la récupération.
Peu d'études ont été réalisées sur les liens entre ostéopathie et système immunitaire.
Cependant une étude publiée dans le JAOA a évalué les taux de IGA9 dans la salive après une consultation ostéopathique. [25] L'immunoglobuline A semble empêcher la colonisation par des organismes pathogènes ; de plus il a été mis en évidence que le taux d'IGA diminue lors d’une période de stress. Dans cette étude, une augmentation significative (p<0,025) du taux d'IGA a été relevée. Ces résultats constituent une piste intéressante pour l'effet positif de l'ostéopathie tant sur le stress que sur le système immunitaire.
Un travail a été réalisé sur 84 patients présentant des céphalées de tensions. [26] Ils ont été répartis dans 4 groupes différents en fonction du traitement effectué : inhibition des tissus mous sous occipitaux, travail sur les vertèbres CO-C1-C2, combinaison des deux techniques
8 Gruber J. Effectiveness of individual osteopathic treatment in patients with depression and associated sleep disturbance. A pre-post study [Mémoire] Allemagne : Akademie für Osteopathie ; 2017
9ImmunoGlobuline A : protéine ayant des fonctions d'anticorps
précédentes et enfin un groupe « contrôle » qui n'a reçu aucun traitement, les patients restant simplement allongés sur le dos pendant 10 minutes. Des résultats significatifs ont été observés dans les trois premiers groupes en comparaison au groupe contrôle et les améliorations ont été maintenues au moins jusqu’à une évaluation effectuée 2 mois plus tard. Bien que cette étude ne concerne que les céphalées de tension, son intérêt réside dans le nombre de patients concernés et dans le maintien des résultats positifs sur plusieurs semaines.
S'il existe peu de grands travaux sur l'apport de l'ostéopathie sur la qualité de vie des patients atteints du VIH, quelques études et mémoires intéressants ont été réalisés.
1.2.3 L'ostéopathie et les personnes vivant avec le VIH
Une étude, faite sur la prise en charge de personnes porteuses du VIH, a été effectuée sur 18 sujets. Ses auteurs se sont penchés sur la qualité de vie et les troubles du sommeil. Elle a été mesurée par le questionnaire MOS-HIV. [27] Trois consultations séparées de 15 jours ont été réalisées. Elles comprenaient un TOG ainsi que des techniques de pompage du sternum, d'équilibration du diaphragme, de pompage de la rate, un travail sur la racine du mésentère ainsi qu'une technique hépatique. Un des résultats intéressants a été la diminution des troubles du sommeil. En effet, si 44 % des patients présentaient ces symptômes avant le traitement, aucun des patients ne présentait plus ces troubles lors de la seconde consultation.
Parmi les différentes catégories du questionnaire MOV-HIV, les résultats se sont montrés significatifs (p<0,05) pour « la vie et relation avec les autres », « l'énergie et la fatigue », « la santé mentale et la qualité de vie » ainsi que pour « la détresse due à l'état de santé ». Dans la discussion, les auteurs proposent après lecture d'un mémoire sur les manipulations de la rate, l’évaluation du taux de LTCD4 avant et après traitement afin de mesurer l'effet de l'ostéopathie sur le système immunitaire.
En effet, un article a été publié en 2001 sur une étude menée sur 25 adolescents atteints du VIH. [28] Il révèle que le nombre de CD4 a augmenté chez les adolescents ayant reçu 12 semaines de soin : « massage therapy ». La significativité de l'étude n'étant pas précisée, il semblerait intéressant d'évaluer l'impact de l'ostéopathie sur le système immunitaire.
Par ailleurs, pour son mémoire rédigé en 2013, Thibault Chantel10 a prodigué à 10 patients vivant avec le VIH une consultation d'ostéopathie. Il a choisi d'effectuer le suivi par un profil santé de Duke et une évaluation des effets indésirables. Si les résultats ne présentent pas un calcul de leur significativité, ils semblent néanmoins prometteurs surtout au niveau de la diminution des vomissements, des douleurs articulaires et de la fatigue. Ce mémoire présente l’avantage d'évaluer à la fois symptômes et fréquence d’apparition.
Dans son mémoire11, Natasha Hulak a, quant à elle, effectué un travail qualitatif. Ce choix s'est imposé, puisque les patientes qui ont participé ne parlaient pas toutes correctement français, ce qui a compliqué la mise en place d'un questionnaire unique. Le retour des patientes apparaît positif, notamment au niveau de leur bien-être émotionnel.
Toutes les études abordées dans ces deux parties ne concernent pas la prise en charge des PVVIH, elles abordent cependant l'effet de l'ostéopathie sur des symptômes similaires à ceux ressentis par les personnes séropositives sous traitement. Considérant l'effet positif du traitement ostéopathique sur la majorité des symptômes liés au VIH et à son traitement allopathique, nous posons l’hypothèse qu’une prise en charge ostéopathique pourrait avoir un impact positif sur la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH, notamment sur les effets secondaires liés aux multithérapies.
10 Chantel T. Étude visant à évaluer l’efficacité de l’ostéopathie dans la prise en charge des patients séropositifs [Mémoire]. Paris, France : L’Institut Dauphine d’Ostéopathie ; 2013
11 Hulak N. Prise en charge de personnes vivant avec le VIH dans le cadre de l'amélioration de leur qualité de vie [Mémoire]. Paris, France : L’Institut Dauphine d’Ostéopathie ; 2015
2. MATERIEL ET METHODE
2.1 Population
2.1.1 Recrutement de la population
Le choix a été fait dès le début du mémoire de solliciter deux types de contacts : à la fois les associations au vu de leur implication dans le suivi des PVVIH mais aussi des médecins ou structures hospitalières.
Parmi les personnes contactées dès les débuts de cette étude, afin d’y diffuser une notice explicative du mémoire, nous pouvons citer : AIDES, Act-Up, Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, Diverséniors ainsi que le service d’infectiologie de l’hôpital de Purpan.
Au cours du mémoire, des feuilles d’informations ont été envoyées à d’autres associations comme Grisélidis et Le Planning Familial. (Voir fiche de suivi de contact en annexe.)
Puisque les consultations ostéopathiques faisaient partie d'un projet de recherche, une notice d'information a été distribuée aux patients afin qu'ils disposent de toutes les informations nécessaires pour accepter de participer ou non à ce mémoire.12
2. 1. 2 Critères d’inclusion
- Être majeur.
- Être volontaire.
- Être suivi pour une infection par le VIH et traité par des traitements conventionnels.
- Ont été inclus dans cette étude, les patients présentant des douleurs/gênes liées à l’infection par le VIH, ou présentant des effets secondaires liés à leur traitement.
- Avancement de la maladie : les patients à tout stade de l'infection ont été acceptés.
- Les patients ont pris connaissance de la notice d'information et y ont consenti.
2.1.3 Critères de non-inclusion
- Les patients dont l’état de santé aurait été trop critique et pour lesquels l’ostéopathie aurait été une entrave au bon fonctionnement de la prise en charge conventionnelle n’ont pas été
12 Loi n° 2012-300 du 5 mars 2012 relative aux recherches impliquant la personne humaine
inclus dans cette étude.
2.1.4 Critères d’exclusion
- Une personne ayant reçu un autre traitement ostéopathique durant le protocole.
- Une personne n’ayant pas suivi la totalité du protocole.
2.2 Lieu de réalisation de l'étude
Les traitements ont été réalisés à l’UCO de Labège, encadrés par un ostéopathe D.O.
2.3 Critères d’objectivation
Nous avons choisi d’utiliser, comme critère d’objectivation, un questionnaire principal le SF-36 et un questionnaire secondaire appelé « Fiche d’évaluation des symptômes VIH /effets secondaires ».
Le questionnaire SF-36 [29] est un auto-questionnaire qui permet d'établir un score de qualité de vie généraliste validé pour une utilisation en langue française. Ce questionnaire explore les domaines de la santé physique, mentale et sociale à travers différents items. Il permet donc d'évaluer les différents aspects de la qualité de vie.
Il permet d’obtenir neuf sous-scores et deux scores globaux.
Dans ce mémoire, nous avons choisi d’utiliser les termes anglais classiques pour désigner les 9 sous-scores, dont voici la traduction en français. [30]:
• PF → physical functioning : activité physique (fonctionnement)
• RI → role physical : limitations (du rôle) liées à la santé physique
• BP → bodily pain : douleur physique
• GH→ general health : santé générale
• VT → vitality : vitalité (énergie / fatigue)
• SF → social functioning : fonctionnement ou bien-être social
• RE → role emotional : limitations (du rôle) liées à la santé mentale
• MH → mental health : santé mentale
• HT → reported health : modification perçue de l'état de santé
« Les 8 dimensions du SF-36 ont été regroupées en 2 scores synthétiques : un score physique (Physical Component Score, PCS) regroupe les 8 dimensions selon une pondération qui favorise la composante physique, alors que le score mental (Mental Component Score, MCS) résume la part mentale des scores des dimensions. (Ware et al, 1994) » [29]
Les neuf sous-scores vont de 0 à 100, 100 étant la meilleure qualité de vie possible. Les scores physique et mental sont calculés par pondération des sous scores. [31] Leur minimum et maximum sont différents. Nous avons calculé leur minimum et maximum en prenant l’exemple d’un patient ayant le score de 0 à tous ces sous scores et d’un autre ayant 100. Pour le PCS le score minimum est 20,13 et son maximum 57,87. Quant au MCS ses valeurs bornes sont 17,33 et 62,13.
La fiche d’évaluation des symptômes VIH effets secondaires [32] est un questionnaire qui permet de référencer les douleurs et gênes liées à l’infection et au traitement antirétroviral.
Celui-ci est basé sur les différents effets secondaires rapportés par les études médicales et comporte tous les effets secondaires dont il est fait mention dans le préalable. Ce questionnaire a permis ainsi d'évaluer l'impact de ces effets secondaires sur la qualité de vie.
Ses auteurs ne recommandent pas un calcul de score à partir de ce questionnaire mais plutôt une analyse des effets secondaires par individu pour aider à l’accompagnement des patients.
Pour cette raison, il est ici utilisé comme critère de jugement secondaire ainsi que comme une aide à l’anamnèse.
Il a aussi été utilisé par de nombreuses études [33] pour comparer les fréquences des symptômes sur une population, ou encore le nombre de symptômes ressentis ou le nombre de symptômes dérangeants par individu en fonction du temps. [34] [35] C’est cette dernière analyse que nous avons choisi de retenir. Le questionnaire se présente sous forme de 20 symptômes, et de 5 items : 0 : Je n’ai pas ce symptôme/ 1 : J’ai ce symptôme et cela ne me dérange pas / 2 : J’ai ce symptôme et cela me dérange un peu / 3 : J’ai ce symptôme et cela me dérange beaucoup / 4 : J’ai ce symptôme et cela me dérange énormément. Pour l’analyse de ce questionnaire nous avons compté le nombre de symptômes « dérangeants » c’est à dire 2, 3, 4 avant et après la consultation et le nombre total de symptômes (1→ 4).
Le choix a été fait de ne pas utiliser de critères comme des résultats biologiques, ou le dossier médical du patient. En effet, ces données peuvent être difficiles d’accès et par ailleurs, la recherche s’oriente ici vers la qualité de vie, critère subjectif lié aux ressentis du patient.
2.2 Méthode
2.2.1 Design expérimental
2.2.2 Protocole
Lors d’une première phase, toutes les personnes acceptant de participer à l’étude ont été choisies en fonction des critères d’inclusion et de non-inclusion. Une notice d’information leur a été remise afin de laisser libre le choix de participer ou non à l’étude.
Lors de la prise de contact un numéro d’anonymisation a été donné aux patient-es afin qu’il-elle puisse remplir les questionnaires en ligne.
Si un patient exprimait un frein à l'accès à internet, il lui a été remis une copie des deux questionnaires sous format papier ainsi qu'une enveloppe pré-timbrée afin de faciliter le retour du questionnaire.
Figure 1- Design expérimental du protocole
Les participants ont rempli une première fois les deux questionnaires puis ont reçu deux consultations espacées de 1 mois.
Il a été choisi de ne pas mettre en place un protocole particulier pour ces consultations.
Chaque consultation s’adaptait donc au patient et à ses problématiques, à l’image d’une consultation ostéopathique classique. Toutes types de techniques (apprises en cursus fondamentales) ont été utilisées : du structurel au fascia en passant par le crânien et le viscéral.
2.2.3 Recueil des données
Le recueil des données a été fait à partir de Google Forms via des questionnaires envoyés aux participants. Tous les résultats ont été anonymisés sur internet, la feuille où sont inscrits le nom des patients et leur numéro d'anonymisation est restée sous format papier afin de protéger leurs données.
L'objectif a été de comparer les résultats aux questionnaires avant et après les deux consultations afin de mesurer l’effet d’un traitement ostéopathique sur la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH.
L’analyse des données a été réalisée avec le logiciel Excel et grâce aux tests statistiques proposés par le site BiostaTGV13.
Nous avons utilisé le test de Shapiro-Wilk afin de vérifier la normalité de la distribution des différents scores. Puis, le test de Student pour échantillons appariés a été utilisé pour compa- rer la différence des moyennes avant/après traitement pour les données suivant la loi normale.
Pour les données ne remplissant pas les conditions du test de Shapiro-Wilk, nous avons utilisé le test de Wilcoxon.
13 https://biostatgv.sentiweb.fr/
3. RÉSULTATS
3.1 Description de la population
Ventilation de la population
La population traitée a été prise en charge au sein de l’Unité Clinique Ostéopathique de Labège. Dans cette population, deux patients ont été exclus de l’étude. Parmi les douze patients recrutés, un patient a vu, au cours du protocole, un autre ostéopathe. Le second a rempli le premier questionnaire mais n’a pas poursuivi le protocole.
La population présentée ci-dessous est la population per protocole, c’est-à-dire la population ayant réalisé la totalité du protocole.
Figure 2 - Diagramme de flux de la population étudiée
Répartition de la population en fonction des âges.
Tableau I - Descriptif de la répartition de l’âge au sein de la population
N= 10
Age
Moyenne 47,2
Écart-type 10,67
Minimum 30
Maximum 61
Médiane 47
L’âge des patients est compris entre 30 et 61 ans. La moyenne d’âge est de 47,2 ans.
Répartition de la population en fonction du genre La part des femmes dans cette étude est de 30 %.
Répartition par nombre d’années depuis l’initiation du premier traitement antirétroviral.
Tableau II - Descriptif de la population en fonction du nombre d’années de traitement antirétroviral
Répartition par nombres d’années de
traitement Population
N= 10
Nombre d'années depuis le début du
traitement
Moyenne 10,8
Minimum 1
Maximum 26
La durée moyenne de traitement antirétroviral dans notre population est de 10,8 années.
Tableau III - Répartition de la population en fonction du nombre d’années de traitement antirétroviral
Nombre de personnes traitées depuis (en années)
[0-1] 1 10%
[2-5] 3 30%
[6-10] 1 10%
[11 et plus] 5 50%
L’effectif de la population est de n=10. La part de la population étant traitée depuis plus de 10 ans est de 50 %. Une seule personne a initié son traitement dans l’année précédant le protocole.
Figure 3 - Répartition de la population en fonction de la durée de traitement antirétroviral
Type de traitement antirétroviral
Tableau IV - Description des traitements antirétroviraux par patient
N°
d’anonymat - patient
Nom du
traitement Nom des molécules
30 Genvoya Elvitégravir, emtricitabine, ténofovir alafénamide, Cobicistat--> potentialisateur pharmaceutique
46 / Abacavir, darunavir, ritonavir
60 Odefsey Emtricitabine + Ténofovir alafénamide + Rilpivirine 14 Genvoya Elvitégravir +emtricitabine +ténofovir alafénamide +
Cobicistat--> potentialisateur pharmaceutique 28 Atripla Efavirenz + Emtricitabine + Ténofovir disoproxil 56 Truvada
Tivicay
Emtricitabine/ténofovir Dolutégravir
51
Kivexa Norvir Reyataz
Abacavir/Lamivudine, Ritonavir, Atazanavir
18 ? Lamivudine, Nevirapine
45
Norvir, Truvada
prezista
Ritonavir
Emtricitabine/ténofovir Sarunavir
3 NC
Ce tableau montre la diversité des traitements antirétroviraux des patients. Bien que certaines molécules reviennent dans plusieurs traitements, le nombre de molécules différentes ne permet pas d’en faire une analyse.
3.2 Statistiques descriptives
3.2.1 Résultats de l’indicateur principal : Questionnaire SF36
Comme indiqué dans notre protocole, nous avons utilisé comme outil d’évaluation principal le questionnaire de qualité de vie SF36. Nous utilisons l’abréviation Q1 pour marquer le temps du premier questionnaire à J0 et Q2 pour marquer le temps du deuxième questionnaire à J60.
Voici les résultats des scores globaux physique et mental :
Tableau V - Statistiques descriptives du score PCS dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart-type Minimum Maximum
SF36-PCS-Q1 43,60 4,16 37,09 51,02
SF36-PCS-Q2 48,21 6,51 35,71 56,32
Q1 = Premier questionnaire à J0 Q2 = Deuxième questionnaire à J60
La figure 4 représente une box-plot. Les bornes externes représentent le 1er quartile et le 3ème. La barre centrale quant à elle représente le deuxième quartile ou médiane. La croix centrale représente la moyenne. Les extrémités représentent les minimums et maximums.
Le tableau V et la figure 4 semblent indiquer une augmentation de la moyenne du score Physique du SF36 suite au protocole.
Figure 4- Comparaison de la distribution du PCS avant/après traitement ostéopathique
Tableau VI - Statistiques descriptives du score MCS dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart-type Minimum Maximum
SF36-MCS-Q1 33,25 6,51 19,14 56,32
SF36-MCS-Q2 40,96 8,60 28,01 52,07
Le tableau VI et la figure 6 semblent présenter une augmentation de la moyenne du score mental du SF36 entre Q1 et Q2. Nous notons par ailleurs la présence d’outliers sur la distribution du questionnaire 1. Les outliers ou données aberrantes sont des valeurs qui diffè- rent grandement des autres valeurs de la même variable. Elles sont ici sorties des calculs de quartiles et de médiane afin de ne pas fausser les résultats.
Figure 5 - Comparaison de la distribution du MCS avant/après traitement ostéopathique
Voici les résultats des sous-scores de la population pour le score SF-36 :
Tableau VII - Statistiques descriptives du score Physical Functioning dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart type Minimum Maximum
SF36-Physical functioning (PF)-Q1 76,50 4,74 70,00 85,00
SF36-Physical functioning (PF)-Q2 79,00 13,50 45,00 95,00
Tableau VIII - Statistiques descriptives du score Role limitations due to physical health dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart-type Minimum Maximum SF36-Role limitations due to
physical health (RI) - Q1 37,50 37,73 0,00 100,00
SF36-Role limitations due to
physical health (RE) - Q2 72,50 32,17 0,00 100,00
Tableau IX - Statistiques descriptives du score Rôle limitations due to emotional problems dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart type Minimum Maximum SF36-Role limitations due to
emotional problems (RE) - Q1 33,29 38,49 0,00 100,00
SF36-Role limitations due to
emotional problems (RE) - Q2 66,67 35,14 0,00 100,00
Les tableaux VII, VIII et XIX ainsi que la figure 7 semblent révéler une augmentation des moyennes des sous scores Physical Functionning, Role limitations due to physical health, et Role limitations due to emotional problems. Nous notons, par ailleurs, que pour le score PF la médiane et le 1er quartile sont identiques, expliquant ainsi la particularité de la distribution.
Pour ce qui est du score RE la médiane et le troisième quartile sont très proches.
Tableau X - Statistiques descriptives du score Energy/fatigue dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart type Minimum Maximum
SF36-Energy/fatigue (VT)-Q1 41,50 13,13 20,00 60,00
SF36-Energy/fatigue (VT)-Q2 49,50 14,03 25,00 65,00
Tableau XI - Statistiques descriptives du score Emotional well-being dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart type Minimum Maximum SF36-Emotional well-being (MH)-
Q1 43,20 17,36 8,00 72,00
SF36-Emotional well-being (MH)-
Q2 57,60 14,26 36,00 80,00
Tableau XII - Statistiques descriptives du score Social Functioning dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart-type Minimum Maximum
SF36-Social Functioning (SF)-Q1 53,75 22,09 25,00 100,00
SF36-Social Functioning (SF)-Q2 65,00 23,42 25,00 87,50
Les tableaux X, XI et XII ainsi que la figure 8 montrent quant à eux l’évolution des scores Energy (VT), Emotional well-being (MH) et social Functionning (SF). Nous observons une possible augmentation des moyennes et des médianes de ces trois scores. A noter, la pré- sence d’outliers pour la distribution en Q1 du score SF. Sur cette même distribution, nous no- tons que la médiane et le 1er quartile sont égaux.
Tableau XIII - Statistiques descriptives du score Pain dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart-type Minimum Maximum
SF36-Pain (BP)-Q1 43,50 21,64 22,50 77,50
SF36-Pain (BP)-Q2 74,75 20,33 45,00 100,00
Tableau XIV - Statistiques descriptives du score General Health dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart-type Minimum Maximum
SF36-General Health (GH)-Q1 51,50 16,34 20,00 70,00
SF36-General Health (GH)-Q2 51,00 14,30 35,00 75,00
Figure 7 - Comparaison des distributions des sous score 2 avant/après traitement ostéopathique
Tableau XV - Statistiques descriptives du score Health Change dans la population aux différents temps du traitement
Indicateurs Moyenne Écart-type Minimum Maximum
SF36-Health Change (HT)- Q1 52,50 29,93 25,00 100,00
SF36-Health Change (HT)- Q2 72,50 21,89 25,00 100,00
Ce graphique et les 3 tableaux présentés ci-dessus semblent montrer une augmentation des moyennes des sous scores Bodily pain et Health change et une diminution de la moyenne du score General Health.
Figure 8 - Comparaison des distributions des sous scores 3 avant/ après traitement ostéopathique
3.2.2 Résultats de l’indicateur secondaire : Fiche d’évaluation des symptômes VIH - effets secondaires
Tableau XVI - Statistiques descriptives du nombre de symptômes rapportés dans la population aux différents temps du traitement
Questionnaire effets secondaires Moyenne Écart-type Minimum Maximum
Nombre de symptômes (1→ 4) Q1 10,5 4,65 5 18
Nombre de symptômes (1→ 4) Q2 8,30 3,43 4 14
Le tableau et le graphique semblent montrer une diminution de la moyenne du nombre de symptômes après les traitements ostéopathiques.
Tableau XVII - Statistiques descriptives du nombre de symptômes dérangeants rapportés dans la population aux différents temps du traitement
Questionnaire effets secondaires Moyenne Écart-type Minimum Maximum Nombre de symptômes dérangeants
(donc supérieur à 2) Q1 8,3 3,23 4 13
Nombre de symptômes dérangeants
(donc supérieur à 2) Q2 5,2 2,7 0 10
Figure 9 - Comparaison de la distribution du nombre de symptômes avant/après traitement ostéopathique.
Le tableau XVII et la figure 11 semblent indiquer une baisse de la moyenne du nombre de symptômes dérangeants après les consultations ostéopathiques. Nous notons au temps Q2, la présence d’outliers dans la distribution.
Figure 10 - Comparaison de la distribution du nombre de symptômes dérangeants avant/après traitement ostéopathique
3.3 Statistiques inférentielles
3.3.1 Vérification de la normalité pour les différents scores
Nous avons utilisé le test de Shapiro-Wilk afin de vérifier la normalité des différents scores : dans ce test, si la p-value est supérieure à 0,05, nous assumons que la distribution des données suit la loi normale.
Score P-value Les données suivent la loi normale
PCS 0,92 Oui
MCS 0,88 Oui
Nombre d’effets secondaires totaux
0,50 Oui
Nombre d’effets secondaire dérangeants
0,15 Oui
Sous Score SF-36 / Non
Les distributions des scores PCS, MCS et les effets secondaires suivent une distribution normale. Nous utiliserons donc le test Student pour échantillons appariés.
Pour les sous scores du SF-36, la majorité d’entre eux ne suivant pas la loi normale, nous utiliserons pour ces scores, le test des rangs signés de Wilcoxon.
3.3.2 Test de Student pour échantillons appariés
Nous avons posé l’hypothèse H0 : La différence moyenne, entre les deux mesures avant la prise en charge ostéopathique (J0) et en fin de protocole (J60), est nulle et H1 : La différence moyenne entre les mesures est significative. Nous prenons un seuil de décision à 5 % c’est à dire que les tests sont donc statistiquement significatifs à partir de p-value <0,05 (il y a alors moins de 5% de chances que les différences observées soient dues au hasard).
Questionnaire SF-36 :
Tableau XVIII - Résultats du test de Student pour échantillons appariés sur les scores globaux du SF-36
SF36
Moyenne Evolution entre J0-J60
J0 J60 Test de Student pour
échantillons appariés P-value Validation de l’hypothèse PCS 43,60 48,21 H0 : La différence moyenne
entre les deux mesures est nulle
H1 : La différence moyenne entre les mesures est
significative.
0,01 soit 1 % H1 validée au risque de 5 %
MCS 33,25 40,96 0,054 soit
5,4 %
Rejet de l’hypothèse H1, Validation
de H0
Le test de Student pour échantillons appariés montre que le score Physique PCS augmente de manière significative après deux consultations ostéopathiques avec une p-value de 0,01. En revanche ce même test ne démontre pas de variation statistiquement significative du score mental MCS.
Fiche d’évaluation des symptômes
Tableau XIX - Résultats du test de Student pour échantillons appariés sur le nombre de symptômes rapportés
Fiche d’évaluation des
effets secondaires
Moyenne Evolution entre J0-J60
J0 J60 Test de Student pour échantillons
appariés P-value Validation de
l’hypothèse
Nombre total de
symptômes 10,5 8,3
H0 : La différence moyenne entre les deux mesures est nulle H1 : La différence moyenne entre
les mesures est significative.
0,15
Rejet de l’hypothèse H1, Validation
de H0
Le test de Student pour échantillons appariés, effectué à partir de la fiche d’évaluation des effets secondaires, ne montre pas de différence significative pour l’évolution du nombre total d’effets secondaires.
Tableau XX - Résultats du test de Student pour échantillons appariés sur le nombre de symptômes dérangeants rapportés
Fiche d’évaluation des
effets secondaires
Moyenne Evolution entre J0-J60
J0 J60 Test de Student pour échantillons
appariés P-value Validation de
l’hypothèse Nombre de
symptômes dont le score est supérieur à 2 («
dérangeant »)
8,3 5,2
H0 : La différence moyenne entre les deux mesures est nulle H1 : La différence moyenne entre
les mesures est significative.
0,0455 Soit 4,55%
H1 validée au risque de
5 %
Le test de Student pour échantillons appariés, effectué à partir de la fiche d’évaluation des effets secondaires, montre une différence significative pour l’évolution du nombre d’effets secondaires dérangeants, p-value = 0,04.
3.3.3 Test des rangs signés de Wilcoxon :
Tableau XXI - Résultats du test des rangs signés de Wilcoxon sur les sous scores du SF-36
SF36 Sous scores
Moyenne Evolution entre J0-J60
J0 J60 Test de Wilcoxon P-value Hypothèse
statistique
PF 76,5 79
H0 : La différence moyenne entre les deux mesures est
nulle
H1 : La différence moyenne entre les mesures est
significative.
0,24 Rejet de
l’hypothèse H1, Validation de H0
RI 37,5 72,5 0,02 H1 validée au
risque de 5 %
RE 33,29 66,67 0,03 H1 validée au
risque de 5 %
VT 41,5 49,5 0,23 Rejet de
l’hypothèse H1, Validation de H0
MH 43,2 57,6 0,06 Rejet de
l’hypothèse H1, Validation de H0
SF 53,75 65 0,10 Rejet de
l’hypothèse H1, Validation de H0
BP 43,5 74,75 0,009 H1 validée au
risque de 5 %
GH 51,5 51 0,95 Rejet de
l’hypothèse H1, Validation de H0
HT 52,5 72,5 0,03 H1 validée au
risque de 5 %
Les résultats du test des rangs signés de Wilcoxon, montrent une augmentation des sous scores RI (limitations liées à la santé physique), RE (limitations liées à la santé mentale) et HT (modification perçue de l’état de santé) statistiquement significative (les p-value de ces scores sont inférieures à 0,05). L’évolution du sous score BP est statistiquement très significative (p-value < 0,01).
Les autres sous scores ne varient pas de manière statistiquement significative.
4. DISCUSSION
Il convient tout d’abord de rappeler ici l’hypothèse de ce mémoire : « Une prise en charge ostéopathique pourrait avoir un impact positif sur la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH, notamment sur les effets secondaires liés à la multithérapie. »
4.1 Analyse des résultats
4.1.1 Caractéristiques de la population
La population présente dans ce mémoire est composée de 30 % de femmes et de 70 % d’hommes. Peu d’études se sont penchées sur la prévalence de l’infection chez les hommes et les femmes. L’analyse de l’infection se fait surtout par l’orientation sexuelle ou le mode d’infection. Cependant selon l’étude de Santé Publique France de 201914, « En 2018, les femmes représentent 35% des découvertes de séropositivité VIH. ». Le site Vih.org15 estimait en 2014 à 40000 le nombre de femmes vivant avec le VIH (sur 153 400 personnes environ vivant avec le VIH en 2013), soit 26 %. La proportion hommes-femmes de cette étude se rapproche donc de la réalité française.
Selon le rapport « Épidémiologie de l’infection à VIH en France » [1], l’âge médian des personnes suivies en 2015 est de 49,7 ans, celui de notre population est de 47 ans. Parmi notre population, 2 personnes soit 20 % ont commencé leur traitement avant 1997, selon ce rapport « Il faut noter que 35 % des personnes suivies en 2015 ont été diagnostiquées avant 1997 et que 19 % ont commencé les antirétroviraux avant 1997. »
Sur ces caractéristiques notre population, bien qu’étant un faible échantillon, semble proche de la population des PVVIH vivant en France.
4.1.2 Analyse des résultats du SF-36
Rappelons tout d’abord qu’une augmentation des scores du SF36 indique une meilleure qualité de vie, 100 étant le maximum possible.
Le score physique PCS augmente entre J0 (avant les consultations) et J60, après deux consultations, en passant de 43,60 à 48,21 (p-value = 0,01). Cela suggère qu’une prise en
14 Bulletin de santé publique. 9 octobre 2019
15 https://vih.org/20140514/linfection-a-vih-chez-les-femmes/
charge ostéopathique pourrait améliorer la qualité de vie physique des personnes vivant avec le VIH.
Pour ce qui est du score MCS, les résultats du test de Student apparié ne montrent pas de différence significative entre les moyennes, nous ne pouvons donc pas conclure sur l’intérêt d’une prise en charge ostéopathique pour la qualité de vie mentale à ce stade. Nous avons réalisé un calcul du nombre de sujets nécessaires via le site Statulator 16 (Sample Size Calculator for Comparing Paired Differences) qui permet de calculer le nombre de patients minimum pour que l’évolution des moyennes soit significative. Avec les moyennes obtenues avant et après le protocole, il serait nécessaire de réunir un groupe de 14 patients (différence attendue = 7, écart type = 9, puissance = 0,90, risque alpha = 0,05).
Nous avons choisi de garder l’analyse par sous-score du SF36 car il semble important d’analyser quel sous-score évolue favorablement avec une prise en charge ostéopathique.
Dans cette étude, 4 des 9 sous scores sont statistiquement significatifs, l’item Bodily pain, soit la douleur, est la sous partie la plus significative (p-value < 0,01). La moyenne de ce sous score augmente de 31,35 points après les deux consultations.
Par ailleurs, si nous n’observons pas de modification statistiquement significative du fonctionnement physique ou de la santé mentale, les limitations liées à la santé mentale et à la santé physique diminuent de manière significative. Il semble donc, pour cette étude, possible de poser l’hypothèse que si les patients présentent toujours des gênes physiques ou émotionnelles, celles-ci impactent moins leur quotidien. En effet, la moyenne du score de la limitation liée à la santé physique augmente de 35 points. Quant au score concernant la limitation liée à la santé mentale, il double en passant de 33,27 à 66,67.
De plus, comme nous avons pu le constater plus haut, si la santé générale n’est pas modifiée il s’avère que la perception de l’état de santé évolue. Cet item demande au patient de comparer sa santé actuelle au regard de celle de l’année précédente. Les patients de notre étude semblent avoir une meilleure perception de leur santé en comparaison à l’année précédente après les consultations ostéopathiques. En effet, la moyenne de ce sous-score augmente de 20 points.
En l’absence de groupe témoin, nous avons cherché à comparer notre population au reste de la population française VVIH sur les scores de qualité de vie.
16 http://statulator.com/SampleSize/ss2PM.html
Nous avons tout d’abord trouvé une étude réalisée en 2004 sur « L’évaluation de la satisfaction des patients hospitalisés-mesure de la qualité de vie des patients » qui évalue la qualité de vie avec le SF-36 en calculant les sous scores que nous avons présentés. [36] Voici leurs résultats comparés à ceux de notre population en Q1 et Q2.
Tableau XXII - Comparaison des sous scores du SF-36 de l’étude de 2004 en Auvergne avec ceux de notre population
Sous-score du SF36
Étude de 2004 - réalisé en Auvergne sur 75
patients
Q1 Q2
Activité physique : PF 73,8 76,5 79
Limitation de l'état de santé due aux
problèmes physiques : RP 61,3 37,5 72,5
Limitation de l'état de santé due aux
problèmes mentaux RE 56,3 33,29 66,67
Énergie/absence de fatigue : VT 52,7 41,5 49,5
Bien-être émotionnel : MH 54,4 43,2 57,6
Bien-être social : SF 63,3 53,75 65
Absence de douleur/ Douleur : BP 67,0 43,5 74,75
Perception de la santé en général -GH 47,3 51,5 51
Perception du changement d'état de
santé -HT 54,1 52,5 72,5
Nous remarquons que sur les 9 sous scores du SF-36, notre population a au départ une plus faible qualité de vie (Q1) pour 7 d’entre eux.
Afin de pouvoir comparer notre étude aux études de référence VESPA (réalisée sur 2072 personnes) et VESPA2 (réalisée sur 2267 personnes) qui ont évalué la qualité de vie des PVVIH en France en 2003 et 2011, nous avons converti nos questionnaires SF36 en questionnaires SF12. Une étude réalisée en 2014 a comparé l’évolution de la qualité de vie des PVVIH entre les deux études VESPA. Dans cette étude, les auteurs recalculent le SF36 de