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4.1.1 Caractéristiques de la population

La population présente dans ce mémoire est composée de 30 % de femmes et de 70 % d’hommes. Peu d’études se sont penchées sur la prévalence de l’infection chez les hommes et les femmes. L’analyse de l’infection se fait surtout par l’orientation sexuelle ou le mode d’infection. Cependant selon l’étude de Santé Publique France de 201914, « En 2018, les femmes représentent 35% des découvertes de séropositivité VIH. ». Le site Vih.org15 estimait en 2014 à 40000 le nombre de femmes vivant avec le VIH (sur 153 400 personnes environ vivant avec le VIH en 2013), soit 26 %. La proportion hommes-femmes de cette étude se rapproche donc de la réalité française.

Selon le rapport « Épidémiologie de l’infection à VIH en France » [1], l’âge médian des personnes suivies en 2015 est de 49,7 ans, celui de notre population est de 47 ans. Parmi notre population, 2 personnes soit 20 % ont commencé leur traitement avant 1997, selon ce rapport « Il faut noter que 35 % des personnes suivies en 2015 ont été diagnostiquées avant 1997 et que 19 % ont commencé les antirétroviraux avant 1997. »

Sur ces caractéristiques notre population, bien qu’étant un faible échantillon, semble proche de la population des PVVIH vivant en France.

4.1.2 Analyse des résultats du SF-36

Rappelons tout d’abord qu’une augmentation des scores du SF36 indique une meilleure qualité de vie, 100 étant le maximum possible.

Le score physique PCS augmente entre J0 (avant les consultations) et J60, après deux consultations, en passant de 43,60 à 48,21 (p-value = 0,01). Cela suggère qu’une prise en

14 Bulletin de santé publique. 9 octobre 2019

15 https://vih.org/20140514/linfection-a-vih-chez-les-femmes/

charge ostéopathique pourrait améliorer la qualité de vie physique des personnes vivant avec le VIH.

Pour ce qui est du score MCS, les résultats du test de Student apparié ne montrent pas de différence significative entre les moyennes, nous ne pouvons donc pas conclure sur l’intérêt d’une prise en charge ostéopathique pour la qualité de vie mentale à ce stade. Nous avons réalisé un calcul du nombre de sujets nécessaires via le site Statulator 16 (Sample Size Calculator for Comparing Paired Differences) qui permet de calculer le nombre de patients minimum pour que l’évolution des moyennes soit significative. Avec les moyennes obtenues avant et après le protocole, il serait nécessaire de réunir un groupe de 14 patients (différence attendue = 7, écart type = 9, puissance = 0,90, risque alpha = 0,05).

Nous avons choisi de garder l’analyse par sous-score du SF36 car il semble important d’analyser quel sous-score évolue favorablement avec une prise en charge ostéopathique.

Dans cette étude, 4 des 9 sous scores sont statistiquement significatifs, l’item Bodily pain, soit la douleur, est la sous partie la plus significative (p-value < 0,01). La moyenne de ce sous score augmente de 31,35 points après les deux consultations.

Par ailleurs, si nous n’observons pas de modification statistiquement significative du fonctionnement physique ou de la santé mentale, les limitations liées à la santé mentale et à la santé physique diminuent de manière significative. Il semble donc, pour cette étude, possible de poser l’hypothèse que si les patients présentent toujours des gênes physiques ou émotionnelles, celles-ci impactent moins leur quotidien. En effet, la moyenne du score de la limitation liée à la santé physique augmente de 35 points. Quant au score concernant la limitation liée à la santé mentale, il double en passant de 33,27 à 66,67.

De plus, comme nous avons pu le constater plus haut, si la santé générale n’est pas modifiée il s’avère que la perception de l’état de santé évolue. Cet item demande au patient de comparer sa santé actuelle au regard de celle de l’année précédente. Les patients de notre étude semblent avoir une meilleure perception de leur santé en comparaison à l’année précédente après les consultations ostéopathiques. En effet, la moyenne de ce sous-score augmente de 20 points.

En l’absence de groupe témoin, nous avons cherché à comparer notre population au reste de la population française VVIH sur les scores de qualité de vie.

16 http://statulator.com/SampleSize/ss2PM.html

Nous avons tout d’abord trouvé une étude réalisée en 2004 sur « L’évaluation de la satisfaction des patients hospitalisés-mesure de la qualité de vie des patients » qui évalue la qualité de vie avec le SF-36 en calculant les sous scores que nous avons présentés. [36] Voici leurs résultats comparés à ceux de notre population en Q1 et Q2.

Tableau XXII - Comparaison des sous scores du SF-36 de l’étude de 2004 en Auvergne avec ceux de notre population

Nous remarquons que sur les 9 sous scores du SF-36, notre population a au départ une plus faible qualité de vie (Q1) pour 7 d’entre eux.

Afin de pouvoir comparer notre étude aux études de référence VESPA (réalisée sur 2072 personnes) et VESPA2 (réalisée sur 2267 personnes) qui ont évalué la qualité de vie des PVVIH en France en 2003 et 2011, nous avons converti nos questionnaires SF36 en questionnaires SF12. Une étude réalisée en 2014 a comparé l’évolution de la qualité de vie des PVVIH entre les deux études VESPA. Dans cette étude, les auteurs recalculent le SF36 de

l’étude VESPA (2003) en SF12 afin de pouvoir la comparer avec l’étude de 2011. [37] Nous avons choisi de comparer nos résultats avec l’étude la plus récente (VESPA2).

Tableau XXIII - Comparaison de la qualité de vie de notre population avec la population de l’étude VESPA2

SF12 VESPA2 Q1 Différence

VESPA2-Q1 Q2 Différence

VESPA2-Q1

PCS 47,5 41,0 6,5 46,76 -0,74

MCS 44,3 37,45 6,85 44,96 0,66

Nous notons que notre population semble avoir, avant le traitement, une qualité de vie physique et mentale plus faible que la population VVIH en France en 2011, puisqu’il existe une différence de 6 points entre les deux.

Après traitement ostéopathique, notre population tend à se rapprocher de la population générale puisque les différences sont inférieures à 1.

Il ressort par ailleurs de cette étude que l’évolution de la qualité de vie ne change que peu en 8 ans (2003-2011) puisque la qualité de vie mentale augmente de deux points en passant de 42,3 à 44,3 tandis que la qualité de vie physique diminue d’environ deux points de 49,6 à 47,5.

Plusieurs pistes ont été explorées pour comprendre cette différence.

Selon l’étude Équipier [38] qui a évalué la qualité de vie avec le questionnaire ProQOL-HIV, les personnes avec des difficultés de logements et financières ont des qualités de vie plus faibles que ceux stables socialement et ce, dans tous les aspects de la qualité de vie étudiée : physique, mentale et sociale. Ils ont évalué la stabilité avec le score EPICE. S’il est vrai qu’un certain nombre de personnes de notre population n’avait pas de situation stable, il semble difficile d’affirmer pour autant qu’elle diffère de manière significative des « normes » de cette étude ou de celles de l’étude VESPA.

Une autre hypothèse aurait pu être que notre population subissait davantage de discriminations du fait d’une part importante de personnes d’origine étrangère. En effet, une étude a montré que d’autres discriminations que la sérophobie impactent la qualité de vie. Ces discriminations sont notamment très marquées vis à vis des femmes d’origine sub-saharienne.

[39] Cependant l’étude VESPA interroge aussi ces questions mais là encore il ne semble pas que notre population soit différente.

Il est aussi possible que notre échantillon soit simplement trop faible pour que leurs scores atteignent les scores des études VESPA.

Enfin, en dernière hypothèse, nous posons que ce sont particulièrement les personnes avec une plus faible qualité de vie qui se sont montrées intéressées par une prise en charge ostéopathique.

4.1.3 Analyse des résultats de la fiche d’évaluation des symptômes/

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