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Touche pas À mon. Equilibrer le pouvoir dans le monde. Genève vue du ciel. Nous vivons dans des sociétés de la connaissance très particulières

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Academic year: 2022

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ISSN 1660-3192 CHF : 15.– � : 9.–

La Revue Durable

savoirs • sociétés • écologie • politiques publiques

LaRevueDurable

pERSpEctIvE

GeoRGe MoNBIoT

Equilibrer le pouvoir dans le monde

RENcONtRE

doMINIque peSTRe :

Nous vivons dans des sociétés de la connaissance très particulières

mINIDOSSIER

Hiroshima :

soixante ans déjà

DOSSIER

Touche pas À mon liTToral

NUmÉRO 16 • JUILLEt - AOÛt 2005 • BIMESTRIEL INItIAtIvE

Genève vue du ciel

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Résoudre les défis du Développement Durable Urbain : un événement majeur autour de solutions concrètes

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ÉDItORIAL par Susana Jourdan et Jacques Mirenowicz

Recherche

et consommation durable : des ponts sont à invente r

D’un côté, le citoyen-consommateur peut se sentir investi d’un sentiment de puissance lorsqu’il soutient, par son acte d’achat, une filière vertueuse dans l’alimentation, l’habitat, les transports ou les loisirs. De l’autre, certains choix majeurs qui déterminent en ce moment la trajectoire du monde au XXIe siècle lui échappent complètement. Un évincement patent en matière d’orientation de la recherche.

Ce numéro de LaRevueDurable évoque les crimes d’Hiroshima et de Nagasaki qui, selon le mot du physicien Robert Oppenheimer, sont le « péché originel » des scientifiques. Dans le sillage de ce sombre héritage, un mouvement scienti- fique pacifiste voit le jour (voir le minidossier, page 51). Un peu plus tard, dans les années 1970, toujours dans des cercles universitaires, une critique des choix de recherche scientifique apparaît. Aujourd’hui, des groupes beaucoup plus radicaux expriment leur rejet de ce qu’ils qualifient de « nécrotechnologies », c’est-à-dire avant tout les technologies de l’information, les biotechnologies modernes et les nanotechnologies1.

Cette critique radicale glisse toutefois sur les déséquilibres dans le finance- ment de la recherche. Sur un sujet d’une importance aussi extrême pour l’avenir de l’humanité que le littoral, il est pourtant stupéfiant de constater la faiblesse de la recherche et des connaissances (voir le dossier, page 13). En réalité, les sociétés contemporaines sont autant des sociétés de l’ignorance que de la connaissance.

Avec plus de tact, Dominique Pestre ne dit pas autre chose en les qualifiant de

« sociétés de la connaissance très particulières » (voir son interview, page 9).

Sans doute une des clefs de la construction d’un monde plus juste, humaine- ment viable et finalement durable réside-t-elle dans le mariage entre la réflexion en cours sur la consommation et la critique des choix de recherche. Or, il existe un lieu de rendez-vous pour un tel mariage : les organismes génétiquement modifiés (OGM). Cela fait bientôt dix ans qu’ils associent une critique de na- ture scientifique à un rejet consumériste au profit d’une agriculture plus douce et plus saine et d’une humanité plus prudente. Sans cette alliance entre ces deux courants sociaux, les agriculteurs de la Confédération paysanne en France, d’Uniterre en Suisse, de la Coordination paysanne en Europe et de la Via Cam- pesina dans le monde auraient été mis en minorité comme ils le sont sur la po- litique agricole commune en Europe et l’Organisation mondiale du commerce partout dans le monde.

Les OGM sont ainsi un laboratoire social des plus intéressants, à toutes les échelles pertinentes. Mais peut-on étendre les enseignements de ce cas exem- plaire à d’autres domaines ? En principe oui. Et l’électricité est sûrement un bon exemple. Car les temps sont mûrs pour créer un contre-pouvoir aux ponctions totalement déséquilibrées qu’exerce la filière nucléaire, en France et dans le monde, sur les budgets de recherche liés à l’électricité au détriment des écono- mies d’énergie et du photovoltaïque (voir le coup de projecteur, page 7).

Pour créer un rapport de force qui change la donne dans un secteur techno- logique, l’existence d’une alternative est cruciale. Or, de Chambéry en France, de Berne et de Genève en Suisse, et plus encore d’Allemagne et du Portugal, les nouvelles indiquent que le photovoltaïque gagne du poil de la bête (voir page 6).

Reste au mouvement consumériste à s’emparer et à renforcer cet essor pour donner un poids social au rejet des énergies non durables d’une envergure équi- valente à celui qui se manifeste à l’encontre des OGM.

1 www.piecesetmaindoeuvre.com Une publication de CERIN Sàrl

Rue de Lausanne 91, 1700 Fribourg, Suisse Tél : + 41 26 321 37 10, Fax : + 41 26 321 37 12 www.larevuedurable.com

Rédacteurs responsables : Susana Jourdan et Jacques Mirenowicz Responsable de la rubrique Imaginaire : Cornélia Mühlberger de Preux

Mise en page, iconographie et maquette de couverture : Jean-Christophe Froidevaux Photo de couverture : Matthew Maaskant Illustrations : Tom Tirabosco

Cartographie : Marie-Claude Backe-Amoretti Correction : Anne Perrenoud

A également participé à ce numéro : Céline Martin

Abonnements, marketing et publicité : Hélène Gaillard

Tirage : 11 000 exemplaires

Maquette : Nicolas Peter et Marc Dubois Impression : Atar Roto Presse SA, Genève Papier : 50 % recyclé, blanchi sans chlore Avec le soutien de la Banque Franck, Galland & Cie SA et de l’association Les amis de LaRevueDurable

ÉDI tORIAL

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Agir ensemble pour un développement économique régional profitant à l’ensemble de la population.

Ecopolis21, Av. de Mauborget 12, CH-1003 Lausanne

Tél. ++ 41 21 320 40 54 ; www.ecopolis21.ch; info@ecopolis21.ch

Nos services s’adressent aux collectivités publiques, aux promoteurs immobiliers, aux architectes entrepreneurs et aux entreprises générales.

Prestations en matière de : Gestion de projets multi-acteurs, Systèmes d’information géographique, Analyses statistiques, Création d’indicateurs, Evaluation de politiques publiques, Plans de zone, de quartier et de mobilité.

Agir ensemble pour un développement économique régional profitant à l’ensemble de la population.

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Adhérer à 4D

donne accès librement à l'espace René Dumont, aux «Mardis de 4D» et à leurs actes, à un réseau d'échange, aux activités du projet observatoire

donne accès à tarif préférentiel aux formations du développement durable

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SO MMAIRE

4 AGENDA 6 BRèvES sur l’énergie

7 COUP DE PROJECTEUR

Malgré les raisons de le remettre en cause, Iter devrait passer comme une lettre à la poste 8 RENCONTRE

DOMINIQUE PESTRE – Nous vivons dans des sociétés de la connaissance très particulières DOSSIER

TOUCHE PAS À MON LITTORAL 13 Sommaire du dossier

14 Indicateurs

17 Puissance et fragilité du littoral

18 En Somalie, le tsunami fait remonter un trafic de déchets toxiques et radioactifs à la surface 20 Les mangroves offrent la meilleure protection

contre les tsunamis

23 Des initiatives internationales tentent de sauvegarder les récifs coralliens

26 Le recul des côtes pousse au repli des infras- tructures vers les terres

30 Le Conservatoire du littoral court contre la montre depuis trente ans

33 A Almeria, sur la côte espagnole, l’eau est surexploitée de façon spectaculaire 34 En bord de mer, des agriculteurs préservent

les terres pour le bien de tous 36 Le tour de France du littoral

38 L’équilibre de l’étang de Thau se joue dans l’arrière-pays

40 Les autoroutes de la mer

43 Les marées noires ne constituent qu’un dixième du pétrole qui souille les océans

47 Le littoral en mal d’engagement 48 Guide

49 Lexique 51 MINIDOSSIER

Hiroshima n’a rien perdu de son horreur soixante ans après

JEAN-MARIE COLLIN, SIMON ROGERS et LRD 58 PERSPECTIVE

Équilibrer le pouvoir dans le monde GEORGE MONBIOT

62 CORRESPONDANCE 63 BRèvES

sur la consommation 65 AGENDA

66 LIVRES (à lire sur une chaise longue)

67 IMAGINAIRE

Le joyau de grès rose Texte : YANNE DIMAY

Illustration : PIERRE-ALAIN BERTOLA 70 INITIATIVE

Genève vue du ciel LRD

18 En Somalie, le tsunami fait remonter un trafic de déchets toxiques et radioactifs à la surface

LRD

20 Les mangroves offrent la meilleure protection contre les tsunamis

LRD

26 Le recul des côtes pousse au repli des infrastructures vers les terres

HERVÉ PICHON

30 Le Conservatoire du littoral court contre la montre depuis trente ans

CATHERINE GARRETA

43 Les marées noires

ne constituent qu’un dixième du pétrole qui souille les océans

LUCIEN LAUBIER

38 L’équilibre de l’étang de Thau se joue dans l’arrière-pays

LRD

40 Les autoroutes de la mer, solution

simple et écologique pour désengorger les routes

LRD

58 Hiroshima n’a rien perdu de son horreur soixante ans après

JEAN-MARIE COLLIN, SIMON ROGERS, LRD

A Bramwell

58 Réorganiser le Conseil de sécurité pour équilibrer le pouvoir dans le monde

LRD

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LE GUINNESS DU pHOtOvOLtAïqUE

Chambéry

L’été arrive et le soleil brille. En particulier pour l’énergie photovoltaïque, qui multiplie les records. Le 1er juin, Chambéry inaugure la plus grosse centrale photovoltaïque en France. Deux tranches, l’une de 860 m2 de capteurs installés sur des réservoirs d’eau pota- ble, l’autre de 150 m2 posés sur un bâtiment proche, produiront 120 000 kilowattheures (kWh) par an, de quoi alimenter en électricité trente foyers de quatre personnes. Un cinquième de la production est desti- née aux pompes du réservoir, le reste à Electricité de France. La ville de Chambéry se rapproche ainsi de son objectif de parvenir à 4800 m2 de panneaux photovol- taïques d’ici à 2010. Elle en compte pour l’instant 1700 m2. La Savoie en profite pour conforter sa position de département le mieux loti en termes de panneaux solaires en France.

Berne et Genève

Le toit solaire du stade du Wankdorf, à Berne, aura détenu le record de la plus grande centrale photovol- taïque de Suisse quarante-cinq jours. Inaugurée le 6 mai, cette installation des Forces motrices bernoises (FMB) – 8000 m2 et 0,85 mégawatt (MW) de puissance – générera 700 000 kWh par an. Depuis le 20 juin, la centrale de Verbois, à Russin, près de Genève, l’a détrô- née. Le nouveau bijou des Services industriels gene- vois (SIG) dispose d’une puissance installée de 1 MW.

Reste au Wankdorf le titre de plus grande surface photovoltaïque au monde à équiper un centre sportif.

Les deux entreprises publiques écoulent leur courant solaire à ceux qui leur achètent de l’électricité verte.

Et les FMB annoncent que si la demande suit, l’instal- lation ira jusqu’à 12 000 m2 et 1,2 MW de puissance.

Le marché solaire sort d’un long hivernage. Dans son bilan 2004 du solaire en Suisse, l’association Swissolar constate que la vente de panneaux photovoltaïques a crû de 43 % par rapport à 2003. En 2004, les cap- teurs photovoltaïques ont produit de quoi couvrir les besoins de 5000 ménages environ.

Allemagne et Portugal

Un consortium allemand compte pulvériser tous ces records d’ici à 2009. Il planifie de construire au Portugal la plus grande centrale photovoltaïque au monde, à Beja. Selon une information parue dans le Journal de Negocios le 5 mai reprise par The Guardian, cette installation passe par l’investissement de 425 mil- lions d’euros et devrait fournir 250 emplois pour une puissance installée de 116 MW apte à alimenter 130 000 foyers. L’un des lieux les plus ensoleillés d’Europe, Beja est aussi l’un des plus pauvres du continent. C’est là, dans la Mina Sao Domingos, mine de pyrite abandon- née depuis 1960, que pousseront les 250 hectares de panneaux solaires et l’usine qui les fabriquera.

pLUS cOOL qUE LA cLIm

Philippines

Le confrère indien Down to Earth rapporte que le Gouvernement philippin a introduit un plan d’écono- mies d’électricité fort populaire : « travailler moins ».

Il consiste à raccourcir la semaine de travail des fonctionnaires de cinq à quatre jours en avril et mai, les deux mois les plus chauds de l’année. Objectif : réduire de 10 % les besoins en climatisation. A leur plus grand regret, la police et les hôpitaux ne pour- ront pas participer à ce louable effort patriotique pour épargner les ressources de la nation.

Japon

Le défi s’annonce plus difficile pour le Gouvernement japonais, qui veut imposer la tenue « cool biz » du 1er juin au 30 septembre. Fonctionnaires, hommes d’affai- res et cadres sont priés de laisser leur costard cravate dans l’armoire et d’adopter les manches courtes ou tout autre accoutrement qui permet de bien vivre à 28°C, nouvelle norme plus élevée de température dans les bureaux. La mesure vise à aider le pays à respecter ses objectifs du protocole de Kyoto. Pour faire accepter ce typhon culturel, le PDG de Toyota, Hiroshi Okuda, a défilé devant les caméras. Manière de montrer que le tee-shirt n’empêche pas de diriger la plus grande entreprise de l’archipel nippon.

Genève

A Genève, où la mode vestimentaire en milieu alter- natif peut difficilement être plus cool, le café-librairie Les recyclables a remporté la bourse cantonale du dévelop- pement durable. Son mérite ? Le voici : en plus d’offrir de succulents gâteaux et friandises cuisinés à partir de pro- duits bio et équitables dans une ambiance sans fumée, il a renoncé à sa climatisation. A la place, un remarquable déphaseur thermique rafraîchît les locaux en consom- mant beaucoup moins d’électricité et d’eau.

LE NUcLÉAIRE fAIt pARLER DE LUI

France

Tout est prêt pour la construction du nouveau réacteur à eau sous pression EPR : inscrit dans le projet de loi d’orientation sur l’énergie, qui doit être voté en juin 2006 au Parlement, les travaux sont fixés au début 2007 et certains partenaires déjà choisis. Et voilà que ce projet fera l’objet d’une consultation de la population, de mi-octobre 2005 à mi-février 2006, organisée par la Commission nationale du débat public (CNDP) saisie pour la première fois sur un équipement nucléaire. Le réseau Sortir du nucléaire dénonce cette « parodie de démocratie » qui coûtera entre 1 et 1,5 million d’euros à la charge d’EDF.

Suisse

Selon une étude d’Axpo, premier distributeur d’électricité en Suisse, si rien n’est entrepris, une pénu- rie d’électricité se fera sentir entre 2012 et 2019 en rai- son de la hausse continue de la consommation d’élec- tricité. Pour assurer l’approvisionnement du pays, Axpo veut construire une nouvelle centrale nucléaire.

Greenpeace juge l’idée irresponsable et demande de mieux utiliser le potentiel énergétique actuel. La Fondation suisse de l’énergie émet des critiques sem- blables : selon elle, Axpo cherche à empêcher l’essor des énergies renouvelables. De son côté, le conseiller fédéral en charge de l’énergie Moritz Leuenberger a rappelé son scepticisme à l’égard de l’énergie nucléaire.

Lui aussi veut encourager les énergies renouvelables.

Royaume-Uni

Outre-Manche, les centrales nucléaires four- nissent 20 % de l’électricité britannique. Or, toutes arrivent en fin de vie et seront fermées d’ici à 2023.

Un déficit de capacité de 2000 MW se profile. Mais le Gouvernement britannique écarte pour l’heure la relance du nucléaire. Principal conseiller scientifique du gouvernement et responsable de la recherche et développement sur l’énergie, Sir David King a indi- qué que les spéculations sur un éventuel come-back de l’énergie nucléaire sont prématurées. « Le point de vue du gouvernement est que nous devons nous con- centrer sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, les deux grands gagnants pour mieux sécuriser l’approvisionnement », a-t-il déclaré.

Un laboratoire pour Bandajvski

La Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad) lance une souscription internationale pour réunir 110 000 euros afin d’acheter, aménager et équiper un labora- toire biomédical en Biélorussie, pays le plus touché par Tchernobyl. Le but est de donner les moyens au professeur Youri Bandajvski et à sa femme Galina de poursuivre leurs recherches sur les effets sur la santé des doses à faible intensité auxquelles les popula- tions locales restent exposées. Depuis mai 2004, Youri Bandajvski est assigné à résidence pour avoir montré que la nourriture, le lait en particulier, ne sont pas

« propres » à la consommation comme le préten- dent les autorités de Minsk (voir Dix-sept ans après Tchernobyl, la recherche de la vérité doit prévaloir sur le dogme, LaRevueDurable juillet-août-septembre 2003, n°6). Sa condamnation expire le 6 janvier 2007.

La création du laboratoire est un moyen de contraindre les autorités biélorusses à laisser le scientifique libre de continuer ses recherches. La Criirad se porte garante de la compétence, l’indépendance et la transparence de ce nouveau laboratoire qu’elle compte gérer comme son propre laboratoire de Valence, en France. Les dons se font par tranches de 50 euros.

www.criirad.org

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lRd

Malgré les raisons de le remettre en cause, Iter devrait passer comme une lettre à la poste

Après avoir été à la mode dans les secteurs in- dustriel et bancaire, la fusion fait ces temps der- niers surtout parler d’elle dans le domaine de la physique nucléaire. Ainsi que Jacques Chirac l’a annoncé durant la campagne du référendum sur la Constitution européenne, Iter, puisque tel est son nom de code, devrait bientôt obtenir le feu vert en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. De façon éclatante, ce projet illustre à quel point une démocratie adulte sur les enjeux scientifiques et technologiques reste à inventer au XXIe siècle. A fortiori à l’échelle mondiale.

Sur fond de budgets de recherche forcément limités, tous les ingrédients intellectuels sont présents pour qu’Iter suscite un débat de société majeur. Les critiques fortes et fondamentales ne manquent en effet pas. Elles portent sur la sûreté de l’installation, ses priorités, son bien-fondé fa- ce aux autres options de recherche sur l’énergie, sans parler de ce qu’incarne ce projet en termes de vision de société.

Pourquoi, dès lors, la discussion publique sur Iter ne prend-elle pas un tant soit peu d’ampleur ? Parce que rien n’est conçu ni prévu pour qu’elle décolle dans les pays qui investissent massive- ment dans la recherche d’une manière générale et dans ce projet en particulier. En l’occurrence, les pays membres de l’Union européenne, la Rus- sie, les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Même là où la démocratie formelle est la plus avancée, les peuples font majoritairement confiance aux mégaprojets du type Iter, avec la bénédiction systématique des élus locaux à l’af- fût des mannes financières en jeu.

pression populaire

Etant donné l’échelle de temps à laquelle les problèmes écologiques et énergétiques se pose-

ront avec de plus en plus d’acuité, il est pourtant légitime de remettre en cause cet Iter hérité d’un autre âge, celui de la fin de la guerre froide et de la réconciliation Etats-Unis-Union soviétique. Mal- heureusement, bien que sans cesse battu en brè- che, l’utopisme technicien perdure dans les esprits – cette idée que l’on résoudra tout par la tech- nique1 –, continuant à faire miroiter les mirages d’une énergie du futur propre et abondante, voire illimitée, celle-là même qui fait briller les étoiles.

Pourtant, avec Iter, il est impossible d’envisager une application industrielle de la fusion avant le milieu du siècle. Et encore, seulement dans l’hy- pothèse la plus optimiste compte tenu des dif- ficultés à résoudre. Or, en attendant, le vrai défi est de tout faire pour réduire la consommation et la demande énergétique le plus vite possible.

Le meilleur moyen d’assurer l’avenir des sociétés est de les rendre les moins dépendantes possible de l’énergie, d’abord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ensuite pour ne pas avoir

à compter sur des projets technologiques aussi incertains et coûteux qu’Iter, qui concentrent en outre la plupart des moyens financiers et des in- telligences humaines disponibles.

Selon les physiciens français Sébastien Balibar, Yves Pomeau et Jacques Treiner2, la France de- vrait investir environ 130 millions d’euros par an pendant dix ans pour la construction d’Iter, da- vantage peut-être. Soit, soulignent-ils, « le double de l’ensemble des moyens financiers de tous les laboratoires de physique ou de mathématiques qui sont associés au CNRS (Centre national de recherche scientifique) (57 millions en 2003) ».

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le budget national français de la recherche dans les économies d’énergie était, en 2002, d’en- viron 22 millions d’euros, soit cinq fois moins que ce que draine Iter. Et si l’on suit la piste technique, celui de la recherche dans les énergies renouve- lables (y compris l’hydraulique) était, toujours en 2002 et selon l’AIE, de 27 millions d’euros.

Pourquoi l’Etat français n’est-il pas capable de faire mieux ? Parce que la pression po- pulaire et politique est trop faible. Et parce que le milieu de la recherche, sauf excep- tions, s’accommode de cette situation. g

1 Les utopies technologiques : alibi politique, infantilisation du citoyen ou lendemains qui chantent ?

Les cahiers de Global Chance n°20, février 2005.

2 La France et l’énergie des étoiles,

Le Monde, dimanche 24-lundi 25 octobre 2004.

Selon toute vraisemblance, Cadarache, en France, accueillera les installations du projet Iter (pour International Thermonuclear Experimental Reactor). Le but d’Iter est de reproduire sur Terre la fusion entre atomes qui fait briller le soleil, étape néces- saire avant d’envisager la commercialisation de l’électricité produite selon un tel procédé. Les milliards investis dans Iter pourraient servir à financer des recherches en phase avec une autre vision de la durabilité, mais le débat n’a pas lieu.

Sébastien Balibar, Yves Pomeau et Jacques Treiner estiment qu’Iter passe à côté de deux problèmes essentiels « à toute mise en œuvre à l’échelle industrielle » : la production des éléments devant fu sionner et la tenue des matériaux des enceintes de confinement.

Professeur honoraire de l’Uni- versité de Tokyo et Prix Nobel de physique 2002, Masatoshi Koshiba s’inquiète lui aussi du confinement. « Dans Iter, la

réaction de fusion produit des neutrons de grande énergie, de 14 MeV (mégaélectronvolts) », niveau jamais encore atteint, indique-t-il à l’AFP en 2004.

Or, « ces neutrons de 14 MeV sont tout à fait nouveaux et per- sonne à l’heure actuelle ne sait comment les manipuler ». Pour résoudre ce problème, il faut

« construire des murs ou des absorbeurs », solution très coû- teuse, avertit-il. « S’ils doivent remplacer les absorbeurs tous les six mois, cela entraînera un arrêt

des opérations qui se traduira en un surcoût de l’énergie. » Et d’ajouter : « J’ai peur. Je souhaite que le Gouvernement français ait l’honneur d’accep- ter Iter dans son propre pays […] Les scientifiques et les ingénieurs français ont plus de connaissances et d’expérience que ceux des autres pays pour s’attaquer à ce nouveau pro- blème de neutrons 14 MeV. »

LRD

des critiques fortes et fondamentales

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Nous vivons dans des sociétés de la connaissance très particulières

* Dominique Pestre est directeur du Centre Alexandre Koyré et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, en France.

Historien des sciences, Dominique Pestre s’intéresse à la manière dont le social s’organise pour produire et réguler les savoirs.

En plus d’étudier son domaine de prédilection, l’époque qui va de la « seconde révolution industrielle », à la fin du XIX

e

siè- cle, aux années 1960, ce physicien de formation étudie les rela- tions étroites que les sciences entretiennent avec les règles du jeu de la mondialisation en cours et les institutions militaires.

Comprendre cette organisation, c’est se donner une chance de changer les savoirs qui dominent.

Directeur du Centre Alexandre Koyré à Paris, Dominique Pestre œuvre au croisement de plusieurs disciplines académiques : l’histoire, la sociologie, la philosophie des sciences et des tech- niques. Ce qui lui a notamment permis de définir la notion de

« régime de savoirs ».

LaRevueDurable : Une partie centrale de votre travail porte sur la notion de « régime de savoirs ». Que recouvre-t-elle et pour- quoi lui accordez-vous tant d’importance ?

Dominique Pestre : Cette notion désigne l’agencement social qui se fait autour des savoirs, la façon dont ils sont produits, appropriés et régulés, leurs conséquences sur le social. Depuis les années 1970, le régime de savoirs et de propriété mis en place un siècle plus tôt, notamment autour de la chimie organique et de l’électricité, a été profondément bouleversé. La question essen- tielle pour moi est de comprendre ce bouleversement. D’autant que les savoirs actuels créent des problèmes nouveaux. Un exem- ple : les biotechnologies et leur pouvoir de transformer l’agricul- ture ou la médecine.

LRD : Cela ne concerne donc pas seulement l’organisation so- ciale : les biotechnologies ont une capacité d’intervention iné- dite, par exemple sur les plantes.

DP : Absolument. Et aussi sur le corps humain et, sans doute, sur les relations entre humains. En même temps, les régulations économiques et politiques ont été bouleversées : l’Etat nation n’est plus le principal régulateur du social. La forme sociale do- minante centrée sur des Etats nations en guerre permanente et la conception de l’ordre politique issu de la fin du XIXe siècle ont

cessé de prévaloir. En Europe, la Commission européenne et le Parlement européen occupent une place nouvelle. De même, au niveau mondial, la Banque mondiale, le Fonds monétaire inter- national et l’Organisation mondiale du commerce. Il m’intéresse de comprendre le régime de savoirs qui résulte de l’arrivée de technosciences qui renouvellent les capacités de refaire le monde et, de façon concomitante, de la transformation des grands mo- des de régulation sociale.

Entre désastre annoncé et optimisme

LRD : A propos de ces bouleversements, vous citez deux phi- losophes, Paul Ricœur et Jürgen Habermas, et un sociologue, Ulrich Beck, qui évoque « la technoscience industrielle comme désastre annoncé ». Etes-vous d’accord avec ce diagnostic ? DP : Je suis partagé. Dans un livre récent1, Jürgen Habermas se demande si les biotechnologies entraîneront un nouveau type d’eugénisme. Il se penche sur le clonage, et sur la manière dont le social se l’approprie. Y a-t-il péril ? Si l’on suit la psychanalyse et nos savoirs habituels, la réponse est oui, car ce qui devient possible va à l’encontre de ce qui nous semble nécessaire à une

« bonne vie ». Mais on peut aussi être plus optimiste et se dire que l’humain s’adaptera. Autre exemple, Ulrich Beck défend la thèse qu’à l’échelle internationale, le pouvoir des grandes entreprises surpasse celui des Etats en termes de régulation sociale2. Ce qui est vrai. Cette situation favorise-t-elle une gestion prudente de l’environnement ? Ma première réaction est de penser que non.

C’est aussi l’avis de l’économiste indien Partha Dasgupta, qui met très bien le doigt sur cette affaire3. Le marché ultracompétitif et rapide, indique-t-il, minimise l’estimation des coûts environne- mentaux, là où il n’a pas affaire à un interlocuteur assez fort pour lui demander des comptes. Il y a donc bien péril, mais à cette réserve près : la sociologie des pratiques montre que des acteurs nouveaux peuvent émerger et se constituer en réels contrepoids.

LRD : Ces acteurs peuvent être des chercheurs qui identifient des données qui ne sont

pas immédiatement visibles pour le grand public.

DP : Cela n’est pas faux, mais sans relais social, leur poids reste faible.

C’est au mouvement social ou au poli- tique de former

des contrepoids aux grands ac- teurs économi- ques que sont Microsoft ou Nestlé.

Ces acteurs peuvent être des chercheurs qui identifient des données qui ne sont

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uuu LRD : Mais sans chercheurs qui poin-

tent les problèmes, cela ne marche pas non plus : le social ne peut pas s’appuyer sur des données solides.

DP : Oui, mais les choses sont-elles aussi séparées entre savants et

« ignorants » ? Les savants sont-ils les seuls à pouvoir pointer les problèmes et produire des données ? L’allongement de la scolari- sation augmente la part de la population ayant un

haut niveau de connaissance. Ces populations ne sont pas constituées de scientifiques de profession, mais elles peuvent très bien juger des effets des technosciences. Le meilleur exemple est celui du sida, qui a touché des populations homosexuelles très éduquées. Ces populations ont pu influer sur la manière dont la recherche sur cette maladie est

menée, comme sur le comportement des entreprises pharmaceu- tiques. On ne fait désormais plus les essais cliniques comme on les faisait avant le milieu des années 1980.

LRD : C’est un très bon exemple, mais n’est-il pas trop sou- vent cité par rapport à l’ampleur des défis de la durabilité ? La recherche dans sa globalité n’est absolument pas organisée pour y faire face. A cet égard, il est tentant de reprocher à la communauté scientifique de ne pas prendre à bras-le-corps ce problème…

DP : Poser l’enjeu ainsi, c’est faire comme si cette communauté était suffisamment homogène, différente et indépendante des

autres groupes sociaux pour peser en tant que telle. Or, je ne pense pas que cela soit le cas : les scientifiques sont tenus par les arrangements sociaux, ils ne forment pas un pôle de référence politique autonome, ils se distribuent sur toutes les positions du spectre politique et social. La plupart des scientifiques qui travaillent sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) agricoles, par exemple, le font dans de grandes entreprises, et pour eux, OGM = science = progrès. En France, un acteur central de l’opposition aux OGM est la Confédération paysanne, et c’est ce syndicat paysan qui coordonne les scientifiques qui sont proches de lui. Ces derniers travaillent pour elle comme d’autres œuvrent dans des think tanks militaires. Autre exemple, dans un Etat aussi nu- cléaire que l’Etat français – le complexe industriel- militaire-nucléaire français est l’un des plus puissants du monde –, l’écrasante majorité des physiciens qui ont à voir avec lui sont des pronucléaire qui s’étonnent du manque de confiance à leur égard.

La communauté scientifique organisée est aussi très dépendante de l’Etat qui la finance. Les institutions sécrètent toujours à leur sommet des orthodoxes politiques. Qui écrit pour l’Académie des sciences française les grands rapports sur le nucléaire ? L’ancien haut-commissaire du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ! Les scientifiques qui conseillent les associations antinucléaires sont l’exception.

En préambule à Science, argent et politique, son essai d’inter- prétation sur les relations entre sciences et société1, Dominique Pestre écrit : « D’un point de vue personnel, cet essai a aussi son origine dans la misère du monde et les oubliés de la prospérité – très certainement parce qu’ils sont les miens et parce que leur sort me touche et m’émeut. » La misère du monde, l’expres- sion rappelle un ouvrage de Pierre Bourdieu2. Or, ce n’est

pas un secret que le sociologue récemment disparu n’a jamais porté dans son cœur la sociolo- gie des sciences, courant auquel Dominique Pestre se rattache et dont Bruno Latour porte très haut les couleurs en France. Et pourtant, si Dominique Pestre se réfère à la « microsociologie » des pratiques scientifiques, qui consiste à observer avec minu- tie les savants au travail, il cite aussi Pierre Bourdieu en réfé- rence à la branche des sciences

sociales qui regarde les grandes structures et leurs interactions, notamment les grandes structu- res économiques.

« La microsociologie est un acquis capital des sciences sociales, explique Dominique Pestre. Toutefois, à trop rester à ce niveau « micro », le risque est réel de perdre de vue les régulations macroéconomi- ques ou macropolitiques. Il faut donc profiter des acquis de la

microsociologie tout en sachant qu’elle n’est qu’une manière de regarder les choses, qui peut en masquer d’autres. Adopter une approche kaléidoscopique comme je le prône, c’est accep- ter qu’il n’existe pas un niveau privilégié d’analyse. »

LRD

1 Voir la bibliographie.

2 Bourdieu P. La misère du monde, Le Seuil, collection Libre examen, 1993.

De la misère du monde comme motivation

La seule option, c’est de

construire un autre rapport

de force

pas non plus : le social ne peut pas s’appuyer sur des données solides.

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LRD : Le politique dit

la même chose. C’est le cas de la directrice de l’Agence de l’environ- nement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), Michèle Pappalardo qui, pour affronter la crise climatique, place la technologie au premier rang et relègue la nécessité de changer de mode de vie au second plan4. Pour-

quoi n’arrive-t-on pas à se détacher de ce discours ?

DP : Ce qui fonde la nouveauté de la science moderne, dès le XVIIe, c’est la croyance que, par l’étude exhaustive de questions simplifiées en laboratoire, on va comprendre les phénomènes et les maîtriser. A chaque fois, les scientifiques se heurtent toutefois au fait que la vie réelle est beaucoup plus compliquée. Pour y faire face, ils réitèrent la même opération et retournent au la- boratoire. C’est là l’essence du travail scientifique – et cela présuppose qu’il existe toujours une solution technique.

Les sciences ne sont pas non plus indépendantes des contextes dans lesquels elles se déploient. Or, le contexte actuel est celui d’une grande confiance en la technologie. C’est un paradoxe. La plupart des scientifiques, des grands acteurs économiques et des politiques continuent de croire au progrès. Ils pensent que cha- que problème se résoudra toujours par un progrès supplémen- taire. Il n’existe que des poches de résistance, dont vous faites Un discours hérité du XIXe siècle

LRD : Le discours dominant, en particulier celui des pouvoirs publics, relève du scientisme hérité du XIXe siècle qui a triom- phé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, durant les Trente Glorieuses. On sait pourtant pertinemment que le pro- grès technologique avance moins vite que les dégâts dus à l’ex- plosion de la consommation dans tous les secteurs : logement, transport, alimentation, loisirs, tourisme, etc. Comment com- prendre que la communauté scientifique n’alerte

pas l’opinion publique sur ce problème comme elle le fait en matière de changement climatique ? Pourquoi le discours général reste-t-il positiviste alors que preuve est faite, depuis plusieurs dé- cennies, que les technologies n’ont pas le pouvoir d’annuler les méfaits du développement actuel ? Pourquoi les discours sont-ils en retard d’un siè- cle sur la réalité ?

DP : Cette question est d’une extrême actualité et importance.

Ma réponse est la suivante : ne demandez pas aux scientifiques, plus qu’à la moyenne de la population, d’avoir le sentiment que ce discours est dépassé. A mon sens, ils ont encore moins ce sentiment que les autres, car il est dans l’ordre de leur système de croyance de penser que ce qu’ils font mène au progrès. Dans leur majorité, ils seront sans doute les derniers à se séparer de cette notion.

« La force de l’idéologie du progrès est qu’elle est portée par des acteurs sociaux extrê- mement puissants que sont les entreprises. Et la libéralisation financière à l’échelle mondiale a permis à cette idéologie de devenir dominante, rappelle Dominique Pestre. Nos socié- tés sont des démocraties de marché. Dès lors, la question de savoir quelle philosophie poli- tique nous mobilisons pour penser l’articulation entre le politique, les technosciences et les régulations marchandes est capitale. Pour apporter un élément de réponse, j’ai fait un inventaire des modes de régulation pour voir où le politique se situe par rapport

aux autres formes de régu- lation et comment peser sur les régulations marchandes : financiarisation de l’économie, transformation des régimes de propriété intellectuelle, etc.1 C’est pour cette raison que j’aborde la question des bre- vets avec autant d’insistance.

Que s’est-il passé dans les années 1980 aux Etats-Unis, qui a fait qu’on a changé la nature de la propriété intel- lectuelle au point de pouvoir maintenant breveter un gène ? Il y a trente ans, une telle idée aurait été surréaliste. Et qu’est- ce que cela signifie pour le système qui s’est mis en place autour de ce nouveau droit de propriété ? »

« Peut-être vivons-nous dans des « sociétés de la connais- sance », mais ce qui m’inté- resse, souligne Dominique Pestre, c’est le fait qu’une part croissante des savoirs soit aujourd’hui produite dans un univers marchand. Le résultat est une science qui suit des pistes particulières et en oublie d’autres. Changez la politique des brevets et une autre science apparaîtra. Ce qu’il faut com- prendre, c’est que c’est le cadre dans lequel la science est placée qui détermine ce qui est étudié et la manière dont il l’est. » L’une des forces du mouve- ment altermondialiste est d’ar- ticuler les deux dimensions

des sciences et de l’économie.

De Seattle à Porto Alegre, il est le vecteur d’une forte cri- tique des dérives technoscien- tifiques. Grâce notamment à l’association Attac, il engage un bras de fer contre les abus du système économique et financier international. « Il est frappant que la réorientation du regard sur les questions macro-économiques et macro- politiques autour des sciences et des techniques se soit faite dans la foulée du mouvement altermondialiste », reconnaît Dominique Pestre.

LRD

1 Science, argent et politique. Voir la bibliographie.

Le politique dit

quoi n’arrive-t-on pas à se détacher de ce discours ?

Des sociétés de la connaissance oui, mais lesquelles ?

Changez la politique des brevets et une

autre science apparaîtra

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partie, dont je fais partie je crois, qui pointent que rien n’est aussi simple.

LRD : Des poches qui restent marginales…

DP : Oui, et l’arrivée de l’administration Bush est intéressante de ce point de vue. Elle n’est pas en rupture radicale avec l’adminis- tration Clinton mais, plutôt que de laisser traîner en longueur, elle a dit qu’elle ne signerait pas le protocole de Kyoto. De toute façon, soutient-elle, la solution ne peut pas être de réduire la croissance. Et limiter les émissions de gaz à effet de serre renché- rit les systèmes productifs. Elle y est donc opposée. Son approche

« Allons de l’avant. Peu importe si nous n’avons pas la réponse aujourd’hui. Nous l’avons toujours trouvée dans le passé et il n’y a pas de raison que cela change » est pour elle évidente.

LRD : Pourtant, il arrive que les avancées scientifiques mar- quent le pas. La fusion nucléaire, par exemple, est sans cesse renvoyée à dans cinquante ans. En attendant, les milliards in- vestis dans ce projet pourraient l’être ailleurs.

DP : Vu les sommes que le projet Iter5 engloutit, je suis con- vaincu qu’on pourrait faire d’autres choses plus intéressantes.

Et je suis pour qu’on pose ces questions. Mais le fait est que les grands lobbies, pétroliers et nucléaires, sont assez

forts, au niveau international, pour imposer leur agenda. La seule option, c’est de construire un autre rapport de force.

LRD : Voyez-vous une évolution du rapport de force en faveur de ceux qui voudraient orienter les choses différemment ?

DP : Deux tendances sont à l’œuvre. A partir des

années 1980, le social a commencé à se réapproprier la question des techniques, de la croissance et de l’environnement grâce au travail de multiples associations et à la mise au point de métho- des délibératives, telles que les conférences de consensus. Internet est aussi un grand facteur de contrôle social, diffus, mais efficace.

En même temps, depuis quelques années, un mouvement de réaction va très explicitement dans l’autre sens, disant : « Tout ça, c’est de la foutaise écolo, ces gens nous ennuient avec des trucs et des machins sans importance. » Les deux tendances sont présen- tes, même si la seconde a repris de l’importance depuis l’arrivée de George W. Bush au pouvoir.

Les militaires à la pointe de la recherche

LRD : Toutes sortes de mouvements sociaux minoritaires criti- quent et rejettent toutes sortes de technologies, mais comment comprenez-vous que la dimension militaire des technologies génère si peu d’attention, alors même que c’est certainement là que se préparent les pires horreurs ?

DP : Le militaire finance énor- mément de recherche – notam- ment sur les systèmes liés à l’in- formation –, mais il n’est plus en première ligne depuis la fin de la guerre froide. La perception des risques les plus importants a chan-

gé. Depuis un quart de siècle, la prise de conscience de la menace sur le système Terre monte en puissance. Certes, lorsque les mi- litaires procèdent à un test nucléaire, cela n’arrange rien, mais tout porte à croire que ce ne sont pas eux qui sont en train de

« détraquer » la planète. Monsanto pourrait avoir des responsa- bilités plus grandes. Les déchets nucléaires proviennent en partie des activités militaires, mais leur origine est surtout civile. Le système qui a produit la vache folle n’implique pas les militaires, ni l’usage de l’amiante, etc.

LRD : Qu’est-ce qui vous intéresse, dans le militaire ?

DP : Mon principal sujet d’étude est le système science et la façon dont il se développe dans le social. Et là, les militaires jouent un rôle primordial. Depuis cinq siècles, ils sont les premiers à faire du développement technologique un impératif. Un exemple : le transistor. Au début, c’est un dispositif peu fiable qui coûte cher et les civils lui préfèrent les lampes. Les militai- res, eux, sont très intéressés, car dans une tête de missile, notamment, la lampe résiste mal à l’ac- célération. Et c’est parce qu’ils ont massivement acheté des transistors et qu’ils ont financé leur développement technique que le prix de revient des transistors a baissé suffisamment pour qu’ils puissent s’imposer. Les militaires sont toujours technophiles parce que tout progrès technique est un avantage sur l’adversaire. Il n’y a pas que les technologies dans la guerre, mais elles sont décisives. La Seconde Guerre mondiale l’a abondamment montré. Avec les militaires, tout ce qui est possible doit et peut advenir : ils transforment toute possibilité scientifique en nécessité technologique, politique et sociale. Bien sûr, ils n’interviennent pas seuls : depuis la fin du XIXe siècle, la logique industrielle et celle des Etats nations sont mues par la même motivation.

LRD : Même si la partie non militaire de la recherche est deve- nue plus visible et mobilisatrice, la partie militaire reste-t-elle prépondérante pour son orientation ?

DP : Elle reste absolument décisive, surtout aux Etats-Unis.

Juste après la chute du mur de Berlin, il y a eu un rétrécisse- ment des crédits. Mais ils ont remonté et les budgets de re- cherche qui croissent le plus vite sont les budgets militaires.

L’Europe, sur ce point, est très en décalage. Les budgets de recherche militaires français, par exemple, ont baissé sur les quinze dernières années.

Avec les militaires, tout ce qui est

possible doit advenir

gé. Depuis un quart de siècle, la prise de conscience de la menace

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le CeRN, alfred Kastler et la bombe

LRD : Vous avez travaillé six ans au CERN et vous êtes spécia- liste de la recherche militaire. Quelle est votre opinion sur La quadrature du CERN6, ouvrage qui accuse le CERN, temple de la recherche pure et pacifiste, de mener des recherches mi- litaires ?

DP : Le lieu le plus décisif pour les progrès militaires en scien- ces et techniques aux Etats-Unis pendant la guerre froide, c’est l’université. Puis vient l’entreprise. C’est entre ces deux institu- tions que les systèmes d’armes se conçoivent. C’est là que ça se passe. Le CERN, lui, n’a jamais eu de lien avec le militaire, même indirect.

LRD : Mais les militaires peuvent toujours y trouver des choses qui leur servent…

DP : Bien sûr ! La guerre froide est une guerre technologique.

Tout ce qui se situe à la frontière des savoirs scientifiques et tech- nologiques est potentiellement important. En ce sens, le CERN a été décisif. De la même façon, en France, l’exemple d’Alfred Kastler, à l’Ecole normale supérieure, est canonique. En 1964, il reçoit le Prix Nobel pour des travaux qui conduisent aux lasers, et dont on pressent qu’ils peuvent avoir des usages militaires.

Cela n’empêche pas Alfred Kastler d’être un homme de gauche et un pacifiste. Où est le malentendu ? Il est qu’il travaille sur un problème très général de physique qui, comme souvent, per- met une gamme nouvelle de technologies. Cela implique-t-il que Kastler est responsable des bombes à guidage laser ? Non, mais il a accepté que des chercheurs de l’industrie viennent travailler dans son laboratoire et qu’ils puissent développer des lasers, que ce soit pour faire de la chirurgie oculaire ou guider des bombes.

De même, pourquoi le CERN est-il important pour les militaires ? A l’origine, les militaires européens ne veulent pas financer le CERN. Dix ans plus tard, en revanche, ils sont heureux qu’il soit là.

Pas pour qu’il leur fournisse des armes, mais parce que le CERN est à l’évidence un lieu de formation pour une élite technique et scientifique de haut niveau, très innovante en logiciels, par exem- ple, et dans certaines technologies réutilisables dans un contexte militaire. Ce qui m’intéresse, c’est cette situation de mélange in- trinsèque dans laquelle la science se trouve prise, à laquelle elle ne peut échapper. g

1 Habermas J. L’avenir de la nature humaine, vers un eugénisme libéral ? NRF Essais, Gallimard, Paris, 2002.

2 Beck U. La société du risqué, Alto Aubier, Paris, 2001.

3 Dasgupta P. Science as an Institution : Setting Priorities in an New Socio-economic Context, World Conference on Science, Science for the 21st century. A new Commitment, Unesco, Paris, 264-271, 2000.

4 Emission Le Téléphone sonne, France Inter, à l’occasion de l’entrée en vigueur du proto- cole de Kyoto, le 16 février 2005.

5 Iter pour International Thermonuclear Experimental Reactor. www.iter.gouv.fr Voir aussi le coup de projecteur, page 7 de ce numéro.

6 Grinevald J, Gsponer A, Hanouz L, Lehmann P. La Quadrature du CERN, Editions d’En Bas, 1984.

Tout le monde peut constater que le nucléaire provoque de très graves problèmes, de même que les OGM. Mais, tout comme les cordonniers sont les plus mal chaussés, les artisans de ces inventions seraient-ils les plus mal placés pour le comprendre ? C’est exactement cela, répond Dominique Pestre, parce que face à l’éventualité d’un désastre lié aux technosciences, explique- t-il, « les scientifiques pensent qu’ils sauront toujours trouver la parade scientifique. Si vous dites « Peut-être va-t-on dans le mur ? », ils rétorquent « C’est

une vue pessimiste, nous trou- verons des solutions. Les déchets radioactifs ? Nous résoudrons le problème. »

« Dans l’ensemble, continue Dominique Pestre, les scienti- fiques diront que Tchernobyl tient plus à la dégénérescence de l’Etat soviétique qu’à la techni- que ou à l’aptitude à la contrôler.

Le scientifique est un être fon- damentalement confiant dans sa capacité à maîtriser les cho- ses. Toute la science moderne s’est construite sur ce pacte : il est fondé sur l’idée qu’on sera

toujours capable de maîtriser ce qu’on déplace dans les équilibres naturels, sociaux et humains. »

« Je ne crois pas que les scien- tifiques aient une responsabi- lité particulière vis-à-vis des problèmes qu’ils contribuent à créer, insiste-t-il, pas plus que les industriels ou les politiques.

Je ne vois pas pourquoi un phy- sicien des hautes énergies, par exemple au CERN, aurait une vision plus claire des problè- mes qui dépassent son domaine d’expertise. Rien ne prédispose les scientifiques à mieux com-

prendre les questions non scien- tifiques. Je sais que la question a souvent été posée de cette façon, notamment après Hiroshima.

Mais pourquoi, sous prétexte qu’ils sont scientifiques, ces gens seraient-ils mieux placés que d’autres pour juger de questions d’emblée sociales ou politiques ? Ce sont souvent les perdants de l’histoire qui, parce qu’ils les subissent, comprennent le mieux les conséquences de cer- tains choix. Les gagnants, eux, voient infiniment moins bien. »

LRD BIBLIo GRa phIE

Dahan A, Pestre D. Les sciences pour la guerre, 1940-1960, Editions de l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris, 2004.

Pestre D. Science, argent et politique. Un essai d’interpréta- tion, sciences en questions, Inra Editions, Paris, 2003.

les scientifiques ne sont pas plus responsables que les autres

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DOSSIER

Touche pas à mon littoral

13 ÉDITORIAL DU DOSSIER 14 INDICATEURS

16 Illustration TOM TIRABOSCO

17 Puissance et fragilité du littoral LRD

18 En Somalie, le tsunami fait

remonter un trafic de déchets toxiques et radioactifs à la surface

LRD

20 Les mangroves offrent la meilleure protection contre les tsunamis LRD

23 Des initiatives internationales tentent de sauvegarder les récifs coralliens BERNARD SALVAT

26 Le recul des côtes pousse au repli des infrastructures vers les terres HERVÉ PICHON

30 Le Conservatoire du littoral court contre la montre depuis trente ans CATHERINE GARRETA

33 A Almeria, sur la côte espagnole, l’eau est surexploitée de façon spectaculaire LRD

34 En bord de mer, des agriculteurs pré- servent les terres pour le bien de tous LRD

36 Le tour de france du littoral LRD

38 L’équilibre de l’étang de Thau se joue dans l’arrière-pays

LRD

40 Les autoroutes de la mer, solution simple et écologique pour désengorger les routes

LRD

43 Les marées noires ne constituent qu’un dixième du pétrole qui souille les océans

LUCIEN LAUBIER

47 Le littoral en mal d’engagement LRD

48 Guide LRD 49 Lexique

La rédaction est responsable des titres, des intertitres et des introductions aux articles.

Les gens savent-ils seulement que le sable des plages vient des rivières ? Il est probable que l’ignorance sur l’utilité du littoral et la méconnaissance de sa fragilité expliquent l’extrême désinvolture avec laquelle les sociétés traitent la majeure partie de leurs côtes. Elles hébergent pourtant des écosystèmes aux vertus infinies, puisqu’ils procurent de la nourriture en grandes quantités, du bois pour toutes sortes d’usages, le support à de multiples loisirs et la source de plaisirs esthétiques uniques.

Ce seizième dossier de LaRevueDurable au titre provocateur prône le respect du rempart que constitue le littoral pour l’intérieur des terres.

Plus simple à dire qu’à accomplir, tant le littoral est convoité et, trop souvent, maltraité de façon irréversible. Néanmoins, comme toujours, des pistes existent. Elles ont besoin de l’engagement de tous ceux qui veulent transmet- tre un patrimoine écologique digne de ce nom à leurs descendants.

LRD

* LES MOTS EN ITALIQUE ET MARQUÉS D’UN ASTÉRISQUE SONT DÉFINIS DANS LE LEXIQUE, PAGE 49

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Le littoral est la bande de 100 km de large qui longe la mer et s’étend jusqu’à 50 mètres sous le niveau de la mer. Il comprend des récifs coralliens, des mangroves, des zones intertidales*, des estuaires et des marais.

En 1997, l’écologue et économiste états-unien Robert Cos- tanza estime la valeur monétaire des services que l’ensemble des écosystèmes de la planète fournit à 33 000 milliards de dollars par an, soit le double du produit intérieur brut mon- dial. Certains mécanismes naturels n’ayant pas de prix, a for- tiori ceux qui, vitaux, sont impossibles à imiter ou à remplacer, l’exercice est absurde. Pourtant, il n’est pas inintéressant de no- ter que cette évaluation considère que les écosystèmes côtiers sont ceux qui ont la plus grande valeur. Selon Costanza, leur activité apporterait chaque année l’équivalent de 12,6 milliards de dollars à l’humanité, soit presque la moitié de toute la va- leur monétaire mondiale (Costanza et coll., The Value of the World’s Ecosystem Services and Natural Capital, Nature (387), 15 mai 1997).

A quoi sert donc le littoral à part à attirer des pêcheurs et des touristes ? D’abord à protéger la terre ferme. Marais salants, mangroves, récifs coralliens et autres zones humides boisées sont des lignes de défense contre les tempêtes et les tsunamis.

Ils en atténuent les effets en réduisant l’action du vent, des vagues et des courants, tandis que les racines des plantes main- tiennent les sédiments en place.

Les littoraux sont le lieu d’importants transferts d’eau, de sédiments, d’énergie et d’organismes vivants entre la terre et la mer. La vie marine côtière bénéficie de flux de nutriments d’origine terrestre et marine, les courants marins faisant re- monter des profondeurs vers la surface des eaux particuliè- rement riches. C’est ainsi que les zones côtières comptent pour 25 % de la productivité biologique globale et abritent les aires de reproduction et de croissance des juvéniles (jeunes poissons) de la majorité des espèces (poissons, coquillages, crustacés) ayant un intérêt halieutique. On estime que 90 % des poissons de la planète dépendent des zones côtières à un moment ou à un autre de leur cycle de vie (Raphaël Billé, La gestion intégrée du littoral se décrète-t-elle ? Thèse de doctorat, Engref, Paris, 2004).

Les récifs coralliens sont des nids à biodiversité. Ils abritent le quart de toutes les espèces marines. Le nombre total d’espèces associées aux récifs coralliens pourrait dépasser plusieurs mil- lions. Celui de la Grande Barrière, en Australie, héberge 1500 espèces de poissons et 4000 espèces de mollusques. Estuaires, deltas, zones humides et prés salés, entre autres, sont d’une richesse tout aussi marquée pour les oiseaux, les mammifères, les batraciens, la flore et toutes sortes de ressources naturelles (Convention Ramsar sur les zones humides, Notes d’informa- tion sur les valeurs et fonctions des zones humides, 2001).

L’urbanisation, le changement climatique et la pollution perturbent très gravement cette complexe machinerie côtière.

urbanisation

Environ la moitié des villes de plus de 500 000 habitants se situe à moins de 50 km des côtes. La densité de la population est, sur le littoral, 2,6 fois plus élevée que dans les terres (Mille- nium Assessment, 2005). Huit des dix plus grandes mégalopo- les sont au bord de la mer.

Part de la population mondiale vivant à moins de 200 km d’une côte

10 30 50 70 90%

2030 2000

lRd

Situation des littoraux dans le monde

Source : Co-Chairs’ Report – The Global Conference on Ocean and Coasts at Rio + 10, Unesco, 2001.

La pêche et l’agriculture ne sont plus les activités dominantes sur le littoral : 80 % des populations littorales sont citadines et l’in- dustrie y est désormais très présente. Bombay, Hô Chi Minh-Ville, Sao Paulo, Shanghai et Tokyo sont à la fois des ports et des villes hyperindustrielles. Dépendante de l’acheminement de sa matière première avant tout par bateau, l’industrie pétrolière et pétrochi- mique s’installe souvent sur la côte. La Méditerranée totalise 44 raffineries. Le littoral français accueille 150 sites Seveso, classés dangereux à cause des risques de pollution. La côte abrite aussi une partie importante des infrastructures électriques. En France, 25 % de la puissance électrique est installée sur le littoral. Au Royaume- Uni, une seule centrale nucléaire n’est pas en bord de mer.

Pourtant, aussi forte soit-elle, l’emprise de l’industrie sur le littoral n’arrive pas à la cheville de celle du tourisme. En France, le tourisme est de très loin la première manne financière du littoral métropolitain. Le tourisme littoral y pèse quinze fois le chiffre d’affaires des ports, douze fois celui de la pêche et huit fois celui de la marine marchande. Il génère près de 200 000 emplois, soit 46 % des emplois maritimes. La capacité d’accueil sur le littoral français se monte à 7,6 millions de lits et 1 million de résidences secondaires.

Conséquence de toute cette urbanisation, la part du linéaire côtier artificialisé en France passe de 39 % en 1960 à 61 % dans les années 1990. En Méditerranée, 65 % de la côte est bétonnée.

Le modèle d’urbanisme côtier accapare les terrains pour des résidences individuelles en zones naturelles desservies exclu- sivement par l’automobile. Les résidences secondaires consti- tuent un gaspillage flagrant, n’étant occupées en moyenne que 40 jours par an. Pourtant, ce type d’habitat se développe : de 1990 à 1999, il a augmenté de 20 % sur la côte française.

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