J. B. D URRANDE
Géométrie. Démonstration élémentaire des principales propriétés des hexagones inscrits et circonscrits au cercle, suivie de la
solution de divers problèmes de géométrie
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 14 (1823-1824), p. 29-62
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29
GÉOMÉTRIE.
Démonstration élémentaire des principales propriétés
des hexagones inscrits
etcirconscrits
aucercle,
suivie de la solution de divers problèmes de géométrie ;
Par M. J. B. DURRANDE , professeur de physique
aucollège royal de Cahors.
DISSERTATION
SURLA GÉOMÉTRIE
PURE.Dissertation
préliminaire.
DANS
unmémoire , publié
au commencement du XI. e volume des Annales demathématiques, j’ai
avancé que lagéométrie
pure,impro-
prement appelée géométrie synthétique,
tellequ’elle
a été cultivée par lesanciens, pouvait
s’élever à toute lagénéralité
et à toute lasimplicité
des autres méthodes connues. Pour appuyer cette assertion par des
faits, j’ai démontrée
en l’endroitcité,
lesprincipales propriétés
du contactdes
cercles,
etj’ai
traité leproblème
du cercle tangent à trois autres d’une manièretrès-générale
et en même temps très-élémentaire. Jeme propose
aujourd’hui
de corroborer encore monopinion
sur cepoint,
enprouvant ,
par de nouveauxexemples ,
tout cequ’on
peut
retirer de cettegéométrie qui,
bien que restreinte dans ses moyens y n’en est pas , pourcela , moins féconde
en résultats im-portans,
etqui jouit
en outre dugrand avantage
d’être à laportée
des commençans comme de toutes les autres classes de
géomètres;
avantage que n’ont pas au même
degré
les diverses méthodes dont Tom.XIV,
n.°II ,
I.er aoûtI823.
530 DISSERTATION
les modernes ont enrichi la science de l’étendue. Je
le répète
encore ,comme je
le disaisalors, je
neprétends
pas ici mettre lagéométrie
élémentaire au-dessus de ces
méthodes,
dontje
ne conteste ni l’uti-lité ni le
mérite ; je
veux seulement prouverqu’elle peut parvenir
comme
elles ,
et avec la mêmeélégalce ,
aux mêmesrésultats ;
etqu’elle
ne mérite pas lereproche
de stérilitéqu’on
lui a adxessétant de
fois ,
etqu’on
luiadresse
encore tous lesjours,
avec bienpeu
defondement ,
à cequ’il
me semble.On me
permettra
sans doute de revenir de nouveau sur cesujet, puisque
lesreproches
dont ils’agit
viennent eux-mêmes d’être re-nouvelés ,
avec une sorted’autorité ,
dans un ouvrage très-remar-quable, qui
a paru il y a peu detemps ,
etqui place
son auteur,M.
Poncelet ,
au nombre desgéomètres distingués qui
honorent àla fois leur
patrie
et l’école célèbrequi
les a formés. M. Poncelet avaitdéjà
émis cetteopinion
dans un article des Annales demathématiques ( tom. VIII,
pag.I4I);
et M.Gergonne ,
dans un autrearticle, oit
il combattaitquelques
assertions de cegéomètre ( pag. I56 ).
avait
aussipartagé
ses idées sur lagéométrie d’Euclide ;
et ces deux habilesgéomètres,
différant d’ailleurs sur tous les autrespoints
s’étaient accordés à
regarder
cettegéométrie
commedépourvue
degénéralité
et d’uniformité dans sesprocédés,
et commeétant, dans
quelques cas y
d’une rebutantecomplication.
Sans examiner ici s’il ne serait pas
possible
derétorquer
cesdivers reproches ,
et de faire voirqu’ils seraient ,
dans certainescirconstances .
tout aussi bienapplicables
aux diverses théoriesgéo- métriques auxquelles
on veut attribuer exclusivement lesavantages que
l’on refuse à celles desanciens, je
me contenterai de faire voit de nouveau , parquelques exemples,
combien cesreproches
sontpeu
fondés. Je ferai remarquer, en outre ,qu’on
apeut-être
tortde
reprocher
à lagéométrie
élémentairel’obligation
étroite où ellese trouve de ne
jamais perdre
de vue les différenteslignes
decons-
truction
desfigures
que l’on estobligé
deconsidérer ,
et depasser
Successivement en revue tous les cas
particuliers qui peuvent
seSUR
LA GÉOMÉTRIE PURE. 3I
présenter, puisqu’on
retire souvent de cet examen attentif la con-naissance
des modificationsimportantes
despropriétés auxquelles
onavait
précipitamment
accordé unegénéralité
trop absolue. Je displus,
c’est que leprincipe
de la continuité introduit par M. Pon-celet,
bien loin dedispenser
de cet examen , le réclame au contraireimpérieusement.
Il est vrai que, pour rendre la
géométrie proprement
dite tout-à-fait
irréprochable ,
il faudrait la traiter d’une manière un peuplus large qu’on
ne l’afait j usqu’ici ;
et elle ne devrait pasêtre
bornée ,
comme elle l’est encore , dans sapartie élémentaire ,
àquelques propositions
isolées les unes des autres y et déduites de lacomparaison
destriangles
ou dequelques
autresfigures ,
pro-positions qui
semblentn’y
être admises que comme moyen deparvenir
à la mesure des aires et des volumes. Je
n’adopte
nullement ladistinction que MM.
Gergonne
et Poncelet ont voulu établir entrece
qu’ils appellent
lagéométrie d’Euclide ,
deViète,
deFermat,
etc.,et la
géométrie
deMonge :
l’une et l’autre ne sont que desprocédés
divers de la
géométrie
pure , et elles luiappartiennent également ; aussi ,
bien loin de ladépouiller
et de lamorceler ,
comme onFa fait jusqu’ici,
bien loin de vouloir faire de chacune de sesparties
une science à
part ,
sous le nom de méthode desprojections ,
méthode des
transversales 3
méthode deMonge ,
etc. , ne serait-ilpas
plus profitable
de réunir ces diverses méthodes en un seul corps de doctrinequi présentât
enfin un traitécomplet
de la science de l’étendue ? Sans entrer ici dans le détail de tout ce que devrait renfermer unpareil
ouvrage ,je
dirai seulementqu’il
serait àsouhaiter
qu’on
y insistâtbeaucoup plus qu’on
ne le fait commu-nément dans les démens sur les belles
propriétés
destriangles, quadrilatères
et autrespolygones ;
notamment sur celles de ces pro-priétés qui
établissent des relations entre leslignes
lesplus
remar-quables
de cesfigures ;
comme aussi sur celles de ceslignes qui
se coupent en un même
point
et sur ceux de cespoints qui
appar- tiennent à une mêmedroite
32 DISSERTATION
. On devrait
également
y fairefigurer
les diversespropriétés des
cercles,
celles de leurstangentes
communes de leurs contactsdes pôles
etpôlaires ,
des centres et axes desimilitude,
des axes etcentres
radicaux
, despolygones
inscrits etcirconscrits
et, en par-ticulier ,
de ceux de cespolygones qui
n’ont pasplus
de six côtés.Les
problèmes
lesplus remarquables
de lagéométrie plane
de-vraient aussi
s’y
trouver résolus. La détermination destriangles ,
des
quadrilatères
et des autrespolygones,
au moyen de certainesconditions
leproblème
du cercletangent
a trois autres , celui dutriangle
ou dupolygone
inscrit ou circonscrit dont les côtéspassent
par despoints
donnés ou dont les sommets sont sur des droitesdonnées ,
et tous les autresproblèmes qui
servent decortège
àceux-là. J’en dirai autant des
problèmes
de maxumums et de rni-nimums,
ainsi que de tant d’autresqui
se trouventépars
dans lesdivers ouvrages
publiés
sur lagéométrie ,
et enparticulier
dansles
Annales,
etqui
devraient tous désormais fairepartie
destraités élémentaires de
géométrie
tels queje
lesconçois.
Mais,
pourpouvoir remplir
cebut ,
il faudrait étendre conve-nablement les moyens de la
géométrie ordinaire ,
enemployant
tourà tour, suivant
l’occasion ,
les diversprocédés qui
lui sont propres ,tant ceux
qui
nous ont été transmis par les anciens que ceux quenous avons vu , pour ainsi
dire ,
éclore sous nosyeux. Ainsi 3
bienloin de vouloir bannir de son
domaine ,
comme le voudrait M.Gergonne
,l’usage
desproportions ,
instrumentprécieux
par sa sim-plicité ,
etqu’il
faudraitremplacer
par tout autreéquivalent,
dansles
questions
où l’on se propose d’établir des relationsmétriques
entre les diverses
parties
desfigures ,
ilfaudrait ,
aucontraire,
y introduire la théorie desprojections,
celle des transversales et sur-tout celle
des lignes appelées trigonmériques, envisagées unique-
ment comme établissant des rapports entre les
lignes
et lesangles,
et
indépendamment
de leurapplication
à la résolution destriangles.
Il n’a été nullement
question p
dans cequi précède ,
de lagéométrie
àtrois dimensions,
etc’est pourtant
cellequi réclame
33
SURLA GÉOMÉTRIE
PURE.le plus
dedéveloppemens ;
car ce que l’on en a donnéjusqu’ici,
dans les traités
élémentaires,
se borne presqueuniquement
à laïnesure des volumes.
Ainsi ,
la méthode desprojections
dans l’es- pace devrait êtresoigneusement développée
dans lesélémens ,
et,avec son secours , on résoudrait facilement les
principaux problèmes
de la
géométrie
à troisdimensions
enpartant
despropriétés
desfigures planes,
et en s’élevant à celles des corpsqui
leurcorrespondent,
par une méthode fort
simple
et fort souventpratiquée
par les an-ciens
géomètres ;
comme aussi despropriétés
de l’étendue à troisdimensions on
pourrait
redescendre à celles desfigures planes ,
parcette méthode de l’école de
Monge, préconisée
avec tant de raisonpar MM.
Gergonne
etPoncelet ,
dans les articlesdéjà cités;
etquelle
riche moisson de théorèmes et deproblèmes
ne déduirait-on pas de la combinaison et del’emploi simultané
de ces divers moyensd Investigation ?
Voilà pour ce
qui
concerne lapartie proprement
élémentaire de lagéométrie : vient
ensuite la théorie des courbesplanes
et dessurfaces
courbes
, et enparticulier
celle deslignes
et surfaces dusecond ordre
qui
en même tempsqu’elle
s’offre lapremière
dansl’ordre de
simplicité ,
estsusceptible
de tant d’utilesapplications
etsi féconde en beaux résultats. La théorie
purement géométrique
deslignes
du second ordre n’estplus
àdésirer ;
elle existedepuis long-
temps,
quoiqu’on
l’aitsingulièrement négligée depuis
que lagéo-
métrie
analitique
a été introduite dansl’enseignement élémentaire.
, Les traités de sections
coniques
desanciens ,
etquelques
ouvrages du même genre dus auxmodernes
, contiennent à peu de chosesprès
tout ce
qu’on
peut dire d’utile sur cesujet.
Il nes’agit
doncplus
que de réunir et de coordonner entre eux les matériaux dont on est actuellement en
possession ,
et les ouvrages de MM. Poncelet etBrianchon,
enparticulier ,
ne pourrontqu’aider puissamment à
l’exécution d’une telle
entreprise. Quant
aux surfaces du secondordre,
on n’en
possède
pas encore une théorie purementgéométri que ; et,
à
l’exception
dequelques propositions dnes à MM. Chasle , Hachette,
34 DISSERTATION
Brianchon et
Poncelet, ç’a toujours
été l’analisequi
aprésidé
ex-clusivement à la recherche de leurs
propriétés.
Dans la vue deremplir
cettelacune , je
me propose dedévelopper ,
dans une suited’articles des
Annales ,
l’essai d’une théoriecomplète
et purement élémentaire des surfaces du secondordre ,
àlaquelle je
suis parvenudéjà depuis long-temps ,
etqui
ne suppose que la connaissance despropriétés
deslignes
du mêmeordre ,
et lesprincipes
contenus dansles élémens ordinaires de
géométrie.
On
pourrait
enfincompléter
ces élémens degéométrie
pure parl’exposition
despropriétés
des courbes ditestranscendantes,
et dequelques
autresqui
ont été étudiées par lesanciens ,
et par la théoriegénérale
des contacts , desdéveloppées
desosculatrices ,
des rayons
de courbure ,
etc. On yajouterait
la théoriegénérale
des
surfaces, d’après
les beaux travaux deMonge, Meusnier,
Lan-cret,
Dupin y Hachette,
etc.Si l’on considère
présentement
de combien de volumes un ouvrage tel que celui dontje
viensd’esquisser
leplan pourrait
tenirlieu 5-
on ne pourra que
désirer,
dans l’intérêt de ceuxqui
se livrent àl’étude des
mathématiques,
quequelque
habilegéomètre
veuille biens’en occuper. Il est
impossible y
eneffet, qu’au
milieu de tant d’ac-quisitions
dont lagéométrie
s’est enrichie de nosjours , les
élémensd’Euclide,
cetantique
monument de la méthode desanciens,
etleurs sections
coniques puissent
suiîire aux besoins actuels de lascience ;
et il est nécessaired’agrandir
enfin lechamp
des traités destinés àl’enseignement
élémentaire de lagéométrie.
Cettenécessité, qui
se faitdéjà
sentirdepuis long-temps,
aurait dûproduire quelques
améliorations
dans les traités que l’on met entre les mains de lajeunesse
studieuse de nosécoles ;
etcependant
tant estpuissant l’empire
d’unelongue habitude ,
de tous les auteurs, entrès-grand
nombre , qui
dans ces derniers temps, ont écrit des élémens degéométrie, il
n’en est pas un seulqui
ait osé sortir du cadre étroit tracé par legéomètre
grec.Aussi ?
pour s’instruire des découvertesmodernes y
faut-il recourir à ungrand
nombred’ouvrages , très-
35 SUR LA
CÉOMÉtRIE PURE.
volumineux,
ctconséquemment
très-chers pour laplupart ;
et ce n’estpas
là,
pour le dire enpassant ,
un des moindres inconvéniens attachés à l’étude desniathématiques.
On
prétend
queLagrange,
considérant les immensesprogrès
dessciences
mathématiques , pensait
«qu’on
nepouvait guère ,
àl’avenir,
» attendre
de grands
et véritables succès dans cette branche de nos» connaissances que de la part de ceux à
qui
le défaut de fortune» et de l’existence
qu’elle
procure dans le monde servirait comme» d’un
aiguillon
constantqui
leur ferait surmonter tous les obstacles.» Il ne
pensait
pas que , sans un motif aussi pressant , onpût
» apporter aux travaux
préalables
. devenus silongs
et sipénibles,
» toute la suite et toute la ténacité
qu’ils exigellt, quand
on veut» aller
beaucoup plus
loin.»Si tel est, en
ellèt ,
comme on n’en saurait d’ailleursdouter ,
l’avenir réservé aux sciences
mathématiques ;
etsi d’après l’opinion
du
grand
etprofond géomètre que je
viens deciter,
elles nepeuvent
désormais attendre de nouveauxprogrès
que de ceux-là seuls que la fortune n’a pas favorisés de cesdons ,
ne doit-on pas craindre de les voir bientôt tout-à-fait stationnaires ? car, comment concilier le défaut de fortune avec ladépense
que nécessitel’acquisition
desnombreux et volumineux ouvrages que ceux
qui
cultivent ces sciencessont contraints d’avoir sans cesse sous la main ? et , pour ne pas sortir du
sujet qui
nous occupe , combien demémoires ,
de recueilset
d’ouvrages particuliers
ne doit-il pasconsulter,
pour se mettrebien au courant de tout ce
qui
a été découvert dans la seulegéométrie pure ?
et encorel’intelligence
de ces ouvragesexigera-t-elle
souvent des connaissances
préliminaires qu’il
faudrapuiser
dansd’autres. Nouvelle source
d’embarras ,
nouveaux obstaclesqui
ontpeut-être
arrêtéplus
d’une fois et détourné pourjamais
de l’étudede la
géométrie
desjeunes-gens
nés d’ailleurs avec lesdispositions
les
plus propres à
en reculer les limites.Frappé
des nombreux iuconvéniensqui
résultent de l’excessivedisproportion qui
existeactuellement
entre les connaissancesacquises
36
DISSERTATION
et celles
qui
fontla
matiè re desélémens , je
me suisproposé d’ap- peler
sur cepoint
l’attention de ceuxqui écrivent
pour les commen- çans, etgénéralement
de tous ceuxqui
s’intéressent à lapropagation
de la
science ;
etje
me suiségalement proposé
de faire rentrer ,autant
qu’il
serait enmoi,
dans le domaine del’enseignement
leplus élémentaire,
les connaissances réservées ordinairement pourl’enseignement supérieur ,
ou mêmequ’il
fautacquérir
sans le se-cour s d’aucun
guide , après
la sortie desécoles ,
du moinslorsque
ces connaissances
peuvent
servir de base àd’importantes
théories.C’est
dans
cette vue quej’ai publié ,
il y aquelque
temps , un mémoire sur les contacts( Annales,
tom.XI ,
pag. i) ;
et c’estdans la même vue que
je publie
leprésent
mémoire.J’espère pouvoir
encore montrer dans la
suite ,
parbeaucoup
d’autresexemples ,
toute la fécondité et toutes les ressources de la
géométrie
pure, et rendre ainsi tout-à-fait élémentaires des théoriesqui jusqu’ici
ontpassé
pour assezélevées ,
ouqui
même n’ont été’ traitées que par l’analise. Telle est , enparticulier
la théorie des surfaces du second ordre quej’ai
mentionnéeplus
haut et queje
me propose d’amenerau
plus
hautdegré
desimplicité ;
heureux sije puis parvenir
àmettre ainsi
à
laportée
de toutes les classes degéomètres d’impor-
tantes théories
qui jusqu’ici
n’ont été .accessiblesqu’au plus petit
nombre d’entre eux ;
plus
heureux encore si ce quej’ai
dit ci-dessus peut enfin déterminer
quelque
habilegéomètre
à exécuterle traité de
géométrie
dontj’ai essayé
de tracer leplan ;
ouvragequi épargnerait
une foule de recherches et dedépenses
inutiles àceux
qui
se trouvent y par les circonstances danslesquelles
ilssont
placés ,
ainsi queje
l’aitoujours
étémoi - même ,
réduitsà étudier
uniquement
dans leslivres,
etprivés
ditpuissant
secoursdes
leçons
et des conseils d’unprofesseur.
Le nombre desgéomètres
dans cette
position
atoujours
été assezgrand ;
l’histoire de la sciencenous en offre des
exemples
très -remarquables,
etl’opinion
deLagrange, qui
est ici d’un sigrand poids,
nousexplique
suffisammentpourquoi
ce nombre devient dejour
enjour plus considérable.
Le
SUR LA
GÉOMÉTRIE
PURE.37
Le
sujet
queje
me propose de traiterici ,
par lagéométrie
élé-mentaire et par les
principes exposés
dans mon Essai sur les contactsdéjà cité ,
a étél’objet
des recherches deplusieurs
célèbresgéomètres.
On sait en effet que Pascal avait
découverte
sous le nomd’hexagramme mystique,
la bellepropriété
del’hexagone
inscrit à uneligne
dusecond
ordre,
et avait même fait de cettepropriété
la base d’untraité de sections
coniques qui
ne nous estpoint
parvenu. M. Brian-chon, après
avoir découvert lapropriété correspondante
del’hexagone circonscrit,
a démontré l’une et l’autrepropriétés
dans les Journauxde l’école
polytechnique,
et en a déduit desconséquences
nom-breuses et
importantes.
Il adepuis
considérablement étendu cettematière dans des traités
particuliers.
D’autresgéomètres
ont démentiépostérieurement
ces mêmespropriétés
de diverses manières. Jeciterai,
comme les
plus remarquables
par leursimplicité et
leurélégance,
la démonstration de M.
Carnot,
déduite de la théorie des trans-versales,
et celle de M.Gergonne (Annales,
tom.IV, pag. 78),
tirée de la considération des
projections
centrales. Je me propose d’en donner une démonstration nouvellequi
meparaît
ne le céderen rien à celles que
je
viens deciter ,
etqui
conduit aux diversesconséquences
découvertes par MM. Carnot et Brianchon. J’en dé- duirai aussi la solution d’unproblème qui
aoccupé
lesgéomètres, depuis Pappus
d’Alexandriejusque
nous , etqui, aujourd’hui même ,
passe encore pour difficile. Je veux
parler
del’inscription
à un cercled un
triangle
dont les côtéspassent
par despoints donnés ,
et dela
circonscription
au même cercle d’untriangle
dont les sommetssoient sur des droites données. L’histoire de ce
problème
est tropgénéralement
connue pourqu’il
soit nécessaire de mentionner ici lesgéomètres qui
en ont fait lesujet
de leurs recherches. Je neparlerai
que de la constructioningénieuse
que M.Gergonne
a dé-duite de la
géométrie analitique (Annales,
tom.VII,
pag.325),
et que l’on verra , dans ce
qui
vasuivre, déduite,
d’une manièretoute
simple,
de lagéométrie
laplus
élémentaire.Enfin
j’ajouterai
de nouveauxdéveloppemens
auxpropriétés
deTom. XIV. 6
38
DISSERTATION
Fhexagramme mystique
dePascal ;
etje parviendrai ainsi à quel- ques porpos tions déjà
connues pour laplupart ,
et dues à M.Brianchon. J’en déduirai ensuite la solution de trois
problèmes
pro-posés
dans les Annales demathématiques.
Lepremier
de ces pro-blèmes, présenté
sous la forme de deuxporismes (
tqm.I ,
pag.64-)
conduit à ce beau théorème de
géométrie élémentaire ,
énoncé dansle même volume
( pag. 149 ),
savoir que la distance entreles
centres des cercles inscrit et circonscrit à un même
triangle
rec-tiligne
est moyenneproportionnelle
entre le rayon du circonscritet l’excès de ce rayon sur le diamètre de l’inscrit. Ce
théorème,
qui paraît
du à M.Maisonneuve, ingénieur
desmines ,
a étél’objet
des recherches de MM.
Kramp,
Lhuilier et Garnier. M.Gergonne
m’en a
communiqué
dans letemps
une démonstrationanalitique très-éiégante ;
etje regrette beaucoup qu’il
ne l’ait paspubliée
danss on recueil. Il y avait lieu de croire que des théorèmes
analogues
devaient avoir
lieu .
tant pour la distance entre les centres dessphères
inscrite et circonscrite à un même tétraèdre que pour l’arc degrand
cerclequi joint
lespôles
de deuxpetits cercles ,
inscritet circonscrit à un même
triangle sphérique.
C’estpourquoi
M.Gergonne, ayant proposé
dans les Annales( tom. VI ,
pag.30),
de trouver cette distance et cet arc, proposa
aussi,
à la suite dessoldions
qui
furent données dans le même volume( pag.
221et 225),
de découvrir si ces distance et arc ne
pourraient
pas êtreexprimés
par de
simples
fonctions des rayons et distancespolaires.
Aucun descollaborateurs des Anriales n’avait encore
répondu
à cetappel
lors-que
j’ai
été assez heureux pour déduire des divers théorèmes queje
me propose dedémontrer
ici la solution de ces deuxquestions ,
comme
je
le ferai voir dans cequi
va suivre.Pour
abréger ,
nous convenons dedésigner simplement,
par la lettre 0placée
à son centre , le cercleauquel
seront inscrites etcirconscrites les diverses droites que nous aurons à considérer. Nous
désignerons également
par la seule lettre de leur centre les cercles dont ’les rayons seront destangentes
au cercle 0.SUR LA
GÉOMÉTRIE
PURE.39
Il est presque
superflu
deprévenir qu’en
vertu de ce que M.Poncelet a
appelé prropriétés projectives des figures,
tout cequi
vaêtre démontré du cercle le sera , par là
même,
d’une section co-nique quelconque.
§.
I.Propriétés
deshexagones
inscrits et circonscrits au cercle.THÉORÈME
I. Dans touthexagone
inscrit aucercle,
lespoints
de concours des directioas des côtésopposés appartiennent
tous trois à une même
ligne
droite.Démonstration. Soit ABCDEF A
( fig. 2 )
unhexagone quelconque
inscrit au cercle 0. Soient
LM, MG, GH, HI IK
,KL ,
respec-tivement ,
les côtés del’hexagone
circonscrit au même cercle dont lespoints
de contact sont aux sommetsA , B , C , D , E , F de
l’inscrit. Soient
respectivement P, Q,
R lespoints
de concours desdirections des côtés
opposés
AB etDE,
BC etEF ,
CD et FAde
l’hexagone inscrit ;
ils’agit
de démontrer que ces troispoints appartiennent
à une mêmeligne
droite.Soient pour cela
T , U , V , respectivement
lespoints
de concoursdes directions des côtés
opposés
GH etKL,
HI etLM,
IK etMG,
del’exagone
circonscrit.Le cercle M touche extérieurement en B le cercle
V ,
et inté-rieurement en A le
cercle U ;
d’où il suit que AB passe par lecentre de similitude interne des cercles U et V.
Pareillement ,
lecercle 1 touche extérieurement en D le
cercle U,
et intérieurementen E le cercle
V ;
d’où il suit que DE passe aussi par le centre de similitude interne des deux cercles U etV , lequel conséquem-
ment ne saurait être que le
point
Pde
concours des directionsde AB et DE.
Par un raisonnement tout-à-fait
semblable , appliqué
tour à touraux
deux
cercles K etG,
on prouvera queBC
et EFpassent
40 THÉORÈMES
toutes deux par le centre de similitude
interne
des deux cercles Tet V , lequel conséquemment
ne saurait être autre que lepoint Q
de concours des directions de BC et EF.
Enfin
le cercle H touche intérieurement les cercles T et U enC et
D,
et le cercle L touche extérieurement les deux mêmes cerclesen F et
A,
d’où il suit que les droites CD et FA contiennent l’uneet l’autre le centre de similitude externe des deux cercles T et
U, lequel conséquemment
ne saurait être autre que lepoint
R deconcours des directions de ces deux droites.
Ainsi,
lestrois points P , Q ,
R sont ,savoir ;
les deuxpremiers
les centres de similitude
internes ,
et le dernier le centre de simi-litude externe du
système
des trois cerclesT , U , V ;
donc cestrois
points appartiennent à
l’un des trois axes de similitude internes de ces troiscercles ,
etconséquemment
à une mêmeligne
droite.Un foisonnement
analogue s’appliquera
à tous les cas et à toutesles sortes
d’hexagones qui
pourrontêtre
inscrits à un cercle même à ceux dont des côtés secouperaient
entre leursextrémités
, ainsiqu’il
arrive pour lespolygones
étoilés. Il pourra seulementarriver,
dans certains cas , que les
points
de concours soienttous
trois descentres de similitude externes ,
auquel
cas ilsappartiendront
à l’axe,de similitude externe des trois cercles.
Si l’on forme tous les
hexagones
inscritsqu’il
estpossible
deconstruire avec les mêmes sommets
donnés ;
chacun d’euxjouissant
de la
propriété qui
vient d’êtredémontrée 3
on en verra écloresoixante
systèmes
de troispoints appartenant
à une mêmeligne
droite.THÉORÈME
II. Dans touthexagone
circonscrit aucercle ,
lesdiagonales qui joignent
les sommetsopposés
concourent toutes troisen un même
point.
Ddmonstration. Au moyen de la théorie des
pôles
etpolaires,
ce théorème devient une
conséquence
fortsimple
duprécédent.
Soit en effet GHIKLMG un
hexagone
circonscrit au cercle 0 etduquel
il faut démontrer que lesdiagonales GK , HL ,
IMqui
joignit
les sommetsopposés
concourent en un mêmepoint.
ET
PROBLÈMES. 4I
Soient
respectivement C, D, E, F, A,
B lespoints
de contactdes côtés
GH, HI, IK , KL, LM, MG ;
et soientP , Q, R,
respectivement
, lespoints
de concours des directions de AD etDE,
BC et
EF,
CD et FA.Farce que M et 1 sont les
pôles respectifs
de AB etDE ,
MIdoit être la
polaire
dupoint P ;
pour de semblablesraisons
GKet HL doivent être les
polaires respectives
.despoints Q
etR ; puis
donc que , par le
précédent théorème p
ces troispoints appartiennent
à une même
ligne droite,
il s’ensuit que leurs troispolaires MI, GK , HL
, doivent concourir en un mêmepoint , pôle
de cettedroite.
Ce théorème a
évidemment
la mêmegénéralité
que leprécédent ,
et
s’applique
indistinctement à toutes les sortesd’hexagones
circons-crits au
cercle ,
même à ceuxqui renfermeraient point
la circon-férence entre leurs
côtés.
Si l’on forme tous les
hexagones
circonscritsqn’il
estpossible
deconstruire par les intersections des six mêmes
tangentes données ,
considérées comme droites
indéfinies ;
chacun d’euxjouissant de
lapropriété qui
vient d’êtredémontrée ,
on en verra éclore soixantesystèmes
de troisdroites ,
concourant en un mêmepoint.
On se convaincra facilement que, dans tous les cas , si l’hexa- gone inscrit a ses sommets aux
points
de contact ducirconscrit .,
le
point
de concours desdiagonales joignant
les sommetsopposés
de ce dernier sera constamment le
pôle
de la droite contenant lespoints
de concours des directions des côtésopposés
dupremier.
Remarquons
encore que de même que nous avons déduit le second théorème dupremier, à
l’aide de la théorie despôles
et po-laires,
onparviendrait également,
à l’aide de la mêmethéorie ?
àdéduire le
premier
dusecond,
si ce dernier était démontré di- rectement42 THÉORÈMES
§.
II.Propriétés
despentagones
inscrits et circonscrits au cercle.Tout
pentagone inscrit au cercle peut
être considéré comme un
hexagone
inscrit danslequel
un descôtés ,
d’unelongueur nulle ,
est
dirigé
suivant latangente
à l’unquelconque
des sommets dupentagone.
Pareillement ,
toutpentagone
circonscrit au cercle peut être con- sidéré comme unhexagone
circonscrit danslequel
un desangles, égal
à’ deuxangles droits, a
son sommet aupoint
de contact del’un des côtés du
pentagone.
En modifiant donc les énoncés des Théorèmes I et
II,
conformé-ment à cette circonstance
particulière ,
on obtiendra les deux théo- rèmessuivans ,
dont un , ausurplus , pourrait
être directement démontré par un raisonnementanalogue
à celui que nous avonsappliqué
au ThéorèmeI,
et dont chacunpeut
être facilement dé- duit de l’autre à l’aide de la théorie despôles
etpolaires.
THÉORÈME
III. Dans toutpentagone
inscrit aucercle,
lespoints
de concours des directions de deuxpaires
de côtés nonconsécutifs quelconques ,
et lepoint
de concours de la directiondu
cinquième
côté avec la tangente au sommetopposé , appartien-
nent tous trois à une même droite.
THÉORÈME
IV. Dans toutpentagone
circonscrit au cercle lesdiagonales qui joignent
deuxpaires
de sommets nonconsécutifs quelconques, et
la droitequi joint
lecinquième
sommet aupoint
de contact du côté
opposé ,
concourent tous trois en un mêmepoint.
On
conçoit
que ces deux théorèmes ont la mêmegénéralité
que les Théorèmes I etII,
et sont comme euxapplicables
à toutesles sortes de
pentagones qu’on peut
inscrire ou circonscrire à uncercle ,
même auxpentagones
inscrits dont les côtés secoupent
ET
PROBLÈMES. 43
entre leurs extrémités ’et aux
pentagones circonscrits qui
n’embrassentpas la circonférence.
Si l’on forme tous les
pentagones
inscrits et circonscritsqu’il
estpossible
de construire soit avec lescinq
mêmes sommets, soit avec lescinq
mêmestangentes donnés,
chacun d’euxjouissant
de la pro-priété
énoncée par le Théorème III ou par le ThéorèmeIF,
onen verra éclore douze
systèmes
de troispoints appartenant
à unemême
ligne
droite ou douzesystèmes
de trois droites concouranten un même
point.
Il est en outre facile de se convaincre que si le
pentagone
ins-crit a ses sommets aux
points
de contact ducirconscrit ,
chacundes
points
de concours de trois droites sera lepôle
de chacunedes droites
qui
contiendront les trois mêmespoints.
§.
III.Propriétés
desquadrilatères
inscrits et circonscrits au cercle.Tout
quadrilatère
inscrit au cerclepeut
être considéré comme unhexagone
inscrit danslequel
deux côtésopposés quelconques,
d’unelongueur nulle,
sontdirigés suivant
lestangentes
à deux sommetsopposés
duquadrilatère.
Pareillement ,
toutquadrilatère
circonscrit au cerclepeut
être considéré comme unhexagone
circonscrit danslequel
deuxangles op- posés quelconques , égaux
à deuxangles droits ,
ont leurs sommetsaux
points
de contact de deux côtésopposés
duquadrilatère.
En modifiant donc les énoncés des Théorèmes I et
II,
confor-mément à cette circonstance
particulière,
on obtiendra les deuxthéorèmes