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Moyennes harmoniques

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Texte intégral

(1)

ANNALES

DE LA FACULTÉ DES SCIENCES

Mathématiques

FERNANDOALCALDECUESTA

Moyennes harmoniques

Tome XIX, no3-4 (2010), p. 493-512.

<http://afst.cedram.org/item?id=AFST_2010_6_19_3-4_493_0>

© Université Paul Sabatier, Toulouse, 2010, tous droits réservés.

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cedram

Article mis en ligne dans le cadre du

Centre de diffusion des revues académiques de mathématiques

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pp. 493–512

Moyennes harmoniques

Fernando Alcalde Cuesta(1)

R´ESUM´E.— Nous introduisons une notion de moyenne harmonique pour une marche al´eatoire sur une relation d’´equivalence mesur´ee graph´ee, qui en´eralise la notion classique de moyenne invariante. Pour les graphages

`

a g´eom´etrie born´ee, une telle moyenne existe toujours. Nous prouvons qu’une moyenne harmonique devient invariante lorsque la marche al´eatoire sur presque toute orbite jouit de bonnes propri´et´es asymptotiques telles que la propri´et´e de Liouville ou la r´ecurrence.

ABSTRACT. We introduce a notion of stationary mean for random walks on graphed measured equivalence relations, which generalizes the classical notion of invariant mean. For graphings of bounded geometry, such mean always exists. We prove that any stationary mean becomes invariant if the random walk on a.e. orbit has good asymptotic properties such as triviality of Poisson boundary or recurrence.

1. Introduction

Les groupes moyennables furent introduits par J. von Neumann en 1929, mais l’´etude des moyennes invariantes remonte aux travaux de H. Lebesgue qui posa la question de l’existence d’une mesure finiment additive invari- ante par translation sur R. Ce ne fut que vingt ans plus tard que M. M.

Day interpr´eta une moyenne invariante commeune forme lin´eaire continue

() Re¸cu le 12/12/2008, accept´e le 28/05/2009

Ce travail a ´et´e financ´e par les minist`eres espagnols de la Science et de la Technologie BFM2002-04439-C01 et de l’ ´Education et de la Science MTM2004-08214

(1) Departamento de Xeometr´ıa e Topolox´ıa, Universidade de Santiago de Compostela, E-15782 Santiago de Compostela (Espagne)

fernando.alcalde@usc.es

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sur l’alg`ebre de Banach des fonctions essentiellement born´ees qui est posi- tive, unitaire et invariante par translation. Il d´emontra que la donn´ee d’une moyenne invariante est ´equivalente `a celle d’une suite de moyennes asymp- totiquement invariantes, ainsi que le th´eor`eme de point fixe qui porte son nom [13, 25, 31]. Nous nous contenterons de rappeler la premi`ere condition pour un groupe discret d´enombrable Γ [15, 17] :

(CD0)Il y a une suite de mesures de probabilit´eλn surΓtelle que la norme λn−γ.λn10pour tout γ∈Γ.

Soit Γ un groupe d´enombrable d’automorphismes d’un espace bor´elien standard X, muni d’une mesure de probabilit´e quasi-invariante µ. Sup- posons que l’ensemble de points fixes est de mesure nulle. L’action de Γ surX induit une action de Γ surL(X, µ) d´efinie par l’op´erateur de Koop- man (γ.f)(x) = f1(x)) pour tout γ Γ et tout x X. De mˆeme, l’action diagonale sur Γ×X induit une action surL×X,µ) o` uµest le produit de la mesure de comptage sur Γ parµ. D’apr`es les travaux de R. J.

Zimmer [30, 31], la moyennabilit´e de l’action de Γ surX est ´equivalente `a la donn´ee de :

(M G1) une application L(X, µ)-lin´eaire m: L×X,µ)→L(X, µ) qui est positive, unitaire et ´equivariante pour les actions naturelles deΓ;

(M L1)un syst`eme mesurablemde moyennesmxsur les orbitesΓ.xtel que pourµ-presque tout x∈X et touty∈Γ.x, on amx=my.

Pour ´etendre la condition de Day, il suffit de remplacer chaque mesureλn par un syst`eme mesurable de mesures de probabilit´e sur les orbites : (CD1)Il existe une suite de syst`emes mesurables λn de mesures de proba- bilit´e λxn sur Γ.xtelle que λxn−λyn1 0 pour µ-presque toutx∈X et touty∈Γ.x.

L’action de Γ surX s’identifie avec la relation d’´equivalenceR d´efinie par les orbites car (β, α) : (γ, x)Γ×X (x, γ−1(x))∈X×X d´efinit un isomorphisme de groupo¨ıdes bor´eliens entre le groupo¨ıde transformationnel Γ×X et le graphe deRhors d’un ensemble satur´e n´egligeable. Les crit`eres ci-dessus s’´etendent donc facilement aux relations d’´equivalence mesurables discr`etes. SoitX un espace bor´elien standard, muni d’une mesure de proba- bilit´e µ. Une relation d’´equivalence R sur X est mesurable discr`ete si le graphe deRest un bor´elien deX×X et toute classe d’´equivalenceR[x] est d´enombrable. La mesureµestquasi-invariantesi le satur´e d’un bor´elien de

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mesure nulle reste de mesure nulle. On dit alors que (R, X, µ) est unerela- tion d’´equivalence mesur´ee discr`ete[9]. En identifiantRavec son graphe, on peut munirRde la mesureµobtenue par int´egration de la mesure de comp- tage contreµ. Pour tout bor´elienA deR, on a donc µ(A) =

|Ax|dµ(x) o`u |Ax| est le nombre d’´el´ements de Ax = {y X/(x, y) A} ⊂ R[x].

Si on note δ la d´eriv´ee de Radon-Nikodym de µ par rapport `a son im- ageµ−1 par l’inversionι(x, y) = (y, x), alorsµ(A) =

1A(x, y)dµ(x, y) = 1A(x, y)δ(x, y)dµ(y, x) =

|Ay|ydµ(y) o`uAy ={x∈X /(x, y)∈A} ⊂ R[y] et|x|y=δ(x, y). En fait, toute relation d’´equivalence mesur´ee discr`ete est d´efinie par l’action d’un pseudogroupe mesurable Γ, engendr´e par une famille d´enombrable Φ d’isomorphismes bor´eliensϕi : Ai →Bi entre par- ties bor´eliennes de X qui pr´eservent les ensembles de mesure nulle. Grˆace au syst`eme de g´en´erateurs Φ, on peut r´ealiser chaque classe R[x] comme l’ensemble de sommets d’un grapheRΦ[x], muni de la distancedΦd´efinie par la longueur des Φ-mots. Il suffit de relier deux sommetsy=zpar une arˆete (et l’on ´ecrira y Φ z avec dΦ(y, z) = 1) s’il existe un g´en´erateur ϕ Φ tel que z = ϕ±1(y). On dira que Φ est un graphage de R. Il est `a g´eom´etrie born´ee si le nombre vΦ(x) d’arˆetes in- cidentes `a x et le cocycle de Radon-Nikodym δ(x, y) = dµ(x)/dµ(y) avec x∼Φy sont uniform´ement born´es pourµ-presque toutx∈X.

D’apr`es un th´eor`eme de A. Connes, J. Feldman et W. Weiss [6], une re- lation d’´equivalence mesur´ee discr`ete (R, X, µ) est moyennable si et seule- ment si elle est hyperfinie, i.e. il existe une suite croissante de relations d’´equivalence finies Rn telle que R[x] =

n∈NRn[x] pour µ-presque tout x∈X. Ce r´esultat est l’aboutissement d’une longue suite de travaux. Dans [7], H. A. Dye a d´emontr´e que toute action libre deZpr´eservant une mesure de probabilit´e sans atome d´efinit une relation d’´equivalence hyperfinie, puis il a ´etendu ce r´esultat aux groupes `a croissance polynomiale [8]. Plus tard, C. Series a prouv´e l’analogue pour les relations d’´equivalence mesurables [28], alors que M. Samu´elid`es a enlev´e la condition d’invariance rendant le r´esultat valable pour toute mesure quasi-invariante [27].

Dans ce travail, nous introduirons une notion demoyenne harmonique sur une relation d’´equivalence mesur´ee graph´ee (R, X, µ,Φ), d´egag´ee de [6], dans l’esprit des mesures harmoniques d´efinies par L. Garnett [12]. Il s’agit d’une moyenne qui n’est plus pr´eserv´ee par les transformations partielles de R, mais par la marche al´eatoire sur les orbites de Φ. Cela veut dire qu’on choisit un pointx∈X au hasard pourµ, puis on se d´eplace au hasard dans RΦ[x] avec une certaine probabilit´e de passage d’un sommet `a l’un de ses voisins. Comme les mesures harmoniques, les moyennes harmoniques“ont l’avantage d’exister”mais le prix `a payer est leur d´ependance de la marche

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al´eatoire. Cela comporte la perte d’une propri´et´e importante des moyennes invariantes, `a savoir qu’une relation d’´equivalence induite sur une partie bor´elienne h´erite d’une relation d’´equivalence moyennable une moyenne in- variante, mais c’est le cœur du travail. En fait, bien que l’existence d’une moyenne invariante soit une propri´et´e dynamique, la plupart des crit`eres connus d´ependent de propri´et´es m´etriques des orbites. Nous verrons qu’une moyenne harmonique devient invariante lorsque les orbites g´en´eriques jouis- sent de bonnes propri´et´es asymptotiques telles que lar´ecurrence(i.e. toute fonction superharmonique positive est constante) ou lapropri´et´e de Liou- ville(i.e. toute fonction harmonique born´ee est constante), cf. [6, 18]. Nous retrouverons ainsi les r´esultats de C. Series et M. Samu´elid`es, ainsi que leurs g´en´eralisations en termes de croissance sous-exponentielle [17] et de nombre de branchement [3] lorsqueµest harmonique.

2. D´efinitions et pr´eliminaires

Soit (R, X, µ,Φ) une relation d’´equivalence mesur´ee graph´ee. Avant d’in- troduire la notion de moyenne harmonique, nous aurons besoin de quelques pr´eliminaires.

2.1. Marche al´eatoire sur R

Unnoyau de transition est une application mesurableπ`a valeurs dans ]0,1], d´efinie sur les arˆetes des orbitesRΦ[x] et dont la restriction aux arˆetes issues de µ-presque tout point x est markovienne, i.e.

xΦyπ(x, y) = 1. Nous venons d’identifier abusivement l’ensemble des arˆetes avec K = {(x, y)∈ R/x∼Φy}. L’application induite surKs’´etend en une application surR, not´ee encoreπ, qu’on identifie au syst`eme mesurable de mesures de probabilit´eπ(x,−) sur R[x] o`uπ(x, y) est la probabilit´e de passage dex`a y six∼Φy etπ(x, y) = 0 sinon.

On appelle marche al´eatoire sur RΦ[x] l’ensemble des trajectoires Z = {Zn}n∈N, muni de la σ-alg`ebre engendr´ee par les cylindres {Z ∈ R[x]N/Z0 =x0, . . . , Zn =xn} o`u x0, . . . , xn ∈ R[x] et de la mesure de probabilit´e

Px[Z0=x0, . . . , Zn =xn] =πx0(x0)π(x0, x1). . . π(xn−1, xn) (2.1) o`u πx0 est la mesure de Dirac en x. On appelle distribution de la marche al´eatoire au temps n la mesure de probabilit´e πn(x,−) = (αn)Px in- duite par la projection αn : Z ∈ R[x]N Zn ∈ R[x]. Les mesures π0x et π(x,−) sont donc les distributions de la marche al´eatoire aux temps

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n = 0 et n = 1. La marche al´eatoire sur R est la moyenne pour µ des marches al´eatoires sur les orbitesRΦ[x] [26], c’est-`a-dire l’ensemble des tra- jectoires Ω =

x∈XR[x]N, muni de laσ-alg`ebre engendr´ee par les cylindres C={Z Ω/Z0∈B0, . . . , Zn∈Bn}o`uB0, . . . , Bn sont des bor´eliens deX et de la mesure de probabilit´eP =

Pxdµ(x) donn´ee par : P(C) =

Px(C∩ R[x]N)dµ(x). (2.2) Dans le langage probabiliste, c’est une chaˆıne de MarkovZ d’espace d’´etats X avec probabilit´e de transitionπet distribution initialeµ.

Exemples 2.1. —i) Si les orbites RΦ[x] sont localement finies, on peut supposer que le passage d’un sommet `a l’un de ses voisins est ´equiprobable.

On obtient ainsi le noyau de transitionπ(x, y) = v 1

Φ(x) d´efinissant lamarche al´eatoire simple. La marche al´eatoirer´eversibleest caract´eris´ee par la donn´ee d’une fonction mesurablec:X →]0,+∞[ telle quec(x)π(x, y) =c(y)π(y, x) pourµ-presque toutx∈Xet touty∼Φx. On appelleconductancede l’arˆete reliantx`a y la quantit´ec(x, y) =c(x)π(x, y) et conductance totale dexla quantit´ec(x) =

yΦxc(x, y).

ii) Soit Γ un groupe discret d´enombrable, muni d’une mesure de proba- bilit´eπ. On appellemarche al´eatoire `a droitela chaˆıne de Markov d’espace d’´etats Γ ayant probabilit´e de transitionπR(γ, η) =π(γ1η) avec γ, η∈Γ [19]. Cela signifie qu’un ´etatγn de la marche al´eatoire au tempsns’obtient

`

a partir d’un ´etat initial γ0 par composition `a droite avec des ´el´ements ϕ1, . . . , ϕn choisis au hasard. L’ensemble des ´el´ements de Γ qui sont at- teignables `a partir de l’´el´ement neutre e co¨ıncide avec le semi-groupe en- gendr´e par le support de π. De mˆeme, la marche al´eatoire `a gauche est d´efinie en rempla¸cant πR parπL(γ, η) =π(ηγ−1) ouπpar ˇπ(γ) =π(γ−1).

Le choix d’une distribution initialeπ0permet de munir l’ensemble ΓNd’une mesure de probabilit´e

P[Z0=γ0, . . . , Zn =γn] =P(Cγ01,...,γn) =π00)π(γ01γ1). . . π(γn−11 γn) obtenue comme l’image de la mesureπ0(

i=1π) sur ΓN= Γ×(

i=1Γ) par l’application (γ0, ϕ1, ϕ2, . . .)∈ΓN0, γ0ϕ1, γ0ϕ1ϕ2, . . .)∈ΓN. Siπ0 est la mesure de Dirac en e, alors la distribution de la marche al´eatoire au temps n0 se r´eduit au produit de convolutionπn =π∗ . . .n ∗π. Enfin,π d´efinit une structure de graphe orient´e sur Γ de mani`ere que deux sommets γ, η Γ sont reli´es par une arˆete si π(γ−1η)> 0. Si π est non d´eg´en´er´ee (i.e. Γ est ´egal au semi-groupe engendr´e par son support), ce graphe est connexe.

(7)

2.2. Mesures harmoniques

On appelleop´erateur de diffusionl’op´erateur markovien Dπ:L(X, µ)→L(X, µ)

d´efini par :

Dπf(x) =

y∼Φx

π(x, y)f(y). (2.3)

On appellelaplacienl’op´erateur ∆π :L(X, µ)→L(X, µ) d´efini par :

πf(x) =Dπf(x)−f(x) =

y∼Φx

π(x, y)f(y)−f(x). (2.4) L’op´erateur Dπ agit par dualit´e sur les mesures sur X. En particulier, les it´er´es de l’op´erateur dual Dπ appliqu´es `a µ redonnent les distributions (αn)P. En effet, les distributionsπn(x,−) = (αn)Px co¨ıncident avec les mesures (Dπ)nπx0 obtenues par diffusion deπx0 et donc

n)P(B) =

(

1B(Zn)dPx(Z) )dµ(x)

=

(

xiΦxi+1

π(x, x1). . . π(xn−1, xn)1B(xn) )dµ(x)

=

Dπn1B(x)dµ(x)

= (Dπ)nµ(B).

pour tout bor´elienB deX.

D´efinition 2.2. — Une mesure quasi-invariante m sur X est dite π- harmoniqueouπ-stationnaire [12, 19, 26] si elle v´erifie l’une des deuxcon- ditions ´equivalentes suivantes :

i)m est pr´eserv´ee par l’op´erateurDπ;

ii) pour toute fonction mesurable born´eef :X R, on a

πf dm= 0.

Soith : X R la fonction int´egrable (essentiellement born´ee lorsque Φ est `a g´eom´etrie born´ee) d´efinie par h(x) =

yΦxπ(y, x)δ(y, x) et q ui v´erifie :

h(x)dµ(x) =

y∼Φx

π(y, x)δ(y, x)dµ(x) =

1X(y)dµ(y) = 1. (2.5)

(8)

De mˆeme, pour toute fonction mesurable born´eef :X R, on a :

Dπf(x)dµ(x) =

h(y)f(y)dµ(y) (2.6) et donc h est la d´eriv´ee de Radon-Nikodym de Dπµ par rapport `a µ. Si on pose | |x= δ(−, x), alors Dπδ(−, x)(y) =

z∈R[y]Dπ1{y}(z)δ(z, x) =

zΦyπ(z, y)δ(z, x) =h(y)δ(y, x) pour touty∈ R[x]. Il en r´esulte que : Lemme 2.3. — Les trois conditions suivantes sont ´equivalentes :

i) la mesureµ estπ-harmonique ; ii) la fonctionh=1X presque partout ;

iii) pourµ-presque tout x∈X, la mesure | |x est π-harmonique.

La mesure de probabilit´e P d´efinie par la formule (2.2) se projette par l’application (α0, α1) : Ω→ R ⊂X×X en une mesure de probabilit´eµsur R. Ses images par les projections

β: (x, y)∈ R →x∈X etα: (x, y)∈ R →y∈X

co¨ıncident avec les distributions µ et Dπµ aux temps n = 0 et n = 1 respectivement. Si σ : ΩΩ est le d´ecalage σ({Zn}) ={Zn+1}, alors la distribution de P au temps n= 1 co¨ıncide avec la distribution de σP au tempsn= 0. Ces deux remarques impliquent le r´esultat suivant [12, 26] :

Lemme 2.4. — Les trois conditions suivantes sont ´equivalentes : i) la mesureµ estπ-harmonique ;

ii) les mesures de probabilit´eαµ etβµ surX sont ´egales ;

iii) la mesure de probabilit´eP surest invariante par le d´ecalageσ.

2.3. L1-extension, dualit´e et diffusion sur R

Si Φ est `a g´eom´etrie born´ee, l’op´erateurDπs’´etend `aL1(X, µ) et l’exten- sion est donn´ee par :

Dπg(x) =

y∼Φx

π(x, y)g(y) (2.7)

pour tout g ∈L1(X, µ). C’est un op´erateur lin´eaire continu avec Dπ h, qui pr´eserve les fonctions constantes et qui est positif sur les fonctions

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positives. L’op´erateur dualDπ:L(X, µ)→L(X, µ) est donn´e par : Dπf(x) =

yΦx

π(y, x)f(y)δ(y, x) (2.8)

pour toutf ∈L(X, µ). Il s’agit encore d’un op´erateur lin´eaire continu, qui pr´eserve les fonctions positives, mais tel queDπ(1X) =h. Il est markovien si et seulement siµestπ-harmonique. En fait,Dπ est l’op´erateur de diffusion Dπˇ o`u ˇπ(x, y) =π(y, x)δ(y, x) siy∼Φxet ˇπ(x, y) = 0 sinon.

Tous ces op´erateurs s’´etendent sans peine au graphe d’une relation d’´equi- valence mesur´ee graph´ee (R, X, µ,Φ). D’abord, on appelleop´erateur de dif- fusion `a gauche sur R l’op´erateur markovienDπ :L(R,µ) →L(R,µ) d´efini par :

DπF(x, z) =

yΦx

π(x, y)F(y, z) (2.9) pour toutF∈L(R,µ) et µ-presque tout (x, z) ∈ R. Si Φ est `a g´eom´etrie born´ee,Dπest extensible `aL1(R,µ), i.e. sa restriction ` aL1(R,µ)∩L (R,µ) l’est. En effet, par analogie avec la formule (2.7), l’extension est donn´ee par :

DπG(x, z) =

y∼Φx

π(x, y)G(y, z) (2.10)

pour tout G∈ L1(R,µ) et µ-presque tout (x, z) ∈ R. C’est un op´erateur lin´eaire continu avecDπh, qui pr´eserve les fonctions constantes et qui est positif sur les fonctions positives. Par analogie avec la formule (2.8), l’op´erateur dual est donn´e par :

DπF(x, z) =

y∼Φx

π(y, x)F(y, z)δ(y, x) (2.11)

pour tout F L(R,µ) et µ-presque tout (x, z) ∈ R. Dans ce cas, on a Dπ(1R) =βh. Comme d’habitude, on peut d´efinir unop´erateur laplacien

`

a gaucheπ sur L(R,µ), une extension ∆π `a L1(R,µ) et un op´erateur dual ∆π surL(R,µ).

Soient β : L(X, µ) L(R,µ) et α : L(X, µ) L(R,µ1) les plongements isom´etriques induits par les projections β(x, y) = x et α(x, y) = y. Soit ι : L(R,µ) L(R,µ1) l’isom´etrie induite par l’inversionι(x, y) = (y, x). Notons encoreαet ι les applications obtenues en rempla¸cantµ−1 parµ.

(10)

D´efinition 2.5. — Une fonction F L(R,µ) est dite invariante `a droite (resp. `a gauche) si F appartient `a l’image de β (resp. α), i.e.

F(x, z) =F(x, w) (resp.F(z, x) =F(w, x)) pourµ-presque tout point x∈ X et tout couplez, w∈ R[x]. Elle est diteharmonique `a gauchesiπF = 0.

Toute fonction invariante `a gauche est harmonique `a gauche.

2.4. Syst`emes de mesures de probabilit´e et convolution

Tout syst`eme mesurable λ=x}xX de mesures de probabilit´eλxsur R[x] s’identifie avec la fonction mesurable λ : (x, z) ∈ R → λx(z) R.

Ces fonctions forment un sous-ensemble convexeP(R) deL1(R,µ), qui est pr´eserv´e parDπ. Siπ0∈ P(R) s’identifie au syst`eme de mesures de Dirac πx0, alorsπ=Dππ0∈ P(R) est la fonction d´efinie par le noyau de transition sur R. Plus g´en´eralement, la fonction πn =Dnππ0∈ P(R) correspond aux distributions πn(x,) = (Dπ)nπ0x.

Pour conclure, nous verrons que les op´erateurs de diffusion surRsont d´efinis par convolution. Consid´erons les actions par convolution de P(R) surL(X, µ) etL1(X, µ) induites par l’action `a gauche deRsurX :

L(λ)(f)(x) = (λ∗f)(x) =

y∈R[x]

λ(x, y)f(y), (2.12) L(λ)(g)(x) = (ˇλ∗g)(x) =

y∈R[x]

λ(y, x)g(y)δ(y, x), (2.13)

o`uλ∈ P(R),f ∈L(X, µ),g ∈L1(X, µ) etx∈X [4]. AlorsDπ =L(π) et Dπ =L(ˇπ) lorsque µestπ-harmonique. De mˆeme, pour toutλ∈ P(R), on d´efinit des op´erateurs de convolution :

L(λ)(F)(x, z) = (λ∗F)(x, z) =

y∈R[x]

λ(x, y)F(y, z) (2.14) L(λ)(G)(x, z) = (ˇλ∗G)(x, z) =

y∈R[x]

λ(y, x)G(y, z)δ(y, x) (2.15)

o`uF ∈L(R,µ), G∈L1(R,µ) et (x, z)∈ R. Les op´erateurs de diffusion `a gauche sur L(R,µ) etL1(R,µ) co¨ıncident avec L(π) etL(ˇπ) respective- ment.

3. Moyennes harmoniques

Nous introduirons ici la notion de moyenne harmonique pour une re- lation d’´equivalence mesur´ee graph´ee (R, X, µ,Φ), munie d’un noyau de

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transitionπ. Le graphage Φ sera toujours suppos´e `a g´eom´etrie born´ee dans la suite.

D´efinition 3.1. — On appellemoyenne globaleun op´erateurL(X, µ)- lin´eaire continum:L(R,µ) →L(X, µ), qui est positif et unitaire. Une telle moyenne est π-harmonique ou stationnaire pour la marche al´eatoire sur R si m pr´eserve les fonctions harmoniques, i.e. pour toute fonction F L(R,µ) harmonique `a gauche, la fonction m(F) L(X, µ) est harmonique.

D´efinition 3.2. — Un syst`eme de moyennes locales est un syst`eme m = {mx}x∈X de moyennes mx sur les classes R[x]. C’est-`a-dire mx∈l(R[x]) est une forme lin´eaire positive et unitaire. Un tel syst`eme est mesurable si pour toute fonction mesurable F : R → R, la fonction m(F) : X R d´efinie par m(F)(x) = mx(F(x,)) l’est aussi. Il est π-harmoniquesimx=

y∼Φxπ(x, y)my pourµ-presque tout x∈X.

D´efinition 3.3. — Consid´erons une suite de syst`emes mesurables λn = xn}xX de mesures de probabilit´e λxn sur les classes d’´equivalence R[x]. Ils sontasymptotiquementπ-harmoniquessi

y∼Φx

π(x, y)λyn−λxn10

pour µ-presque toutx∈X. Si on identifie chaque syst`eme λn =xn}x∈X

avec une fonctionλn∈ P(R), alors πλn1 = Dπλn−λn1

=

|

y∼Φx

π(x, y)λn(y, z)−λn(x, z)| dµ(x, z) (3.1)

=

y∼Φx

π(x, y)λyn−λxn1dµ(x).

Les fonctionsλn∈ P(R)sont doncasymptotiquementπ-harmoniquessi et seulement si πλn1=Dπλn−λn10.

Th´eor`eme 3.4. — Soit (R, X, µ) une relation d’´equivalence mesur´ee discr`ete, munie d’un graphageΦ`a g´eom´etrie born´ee et d’un noyau de tran- sition π. Les conditions suivantes sont ´equivalentes :

(M G) Il existe une moyenne π-harmoniquem:L(R,µ) →L(X, µ).

(12)

(M L) Il existe un syst`emeπ-harmonique de moyennes localesm={mx}x∈X. (CD) Il existe une suite de syst`emes mesurables asymptotiquementπ-harmo- niquesλn=xn}xX de mesures de probabilit´eλxn sur les classes R[x];

D´emonstration. — Pour avoir l’´equivalence (M G)(M L), il suffit de remarquer qu’une moyenne globalemet un syst`eme mesurable de moyennes localesm={mx}xXsont reli´ees par l’´egalit´em(F)(x) =mx(F(x,−)) avec F ∈L(R,µ) et x∈X.

Pour montrer l’implication (CD) (M L), on consid`ere une suite de fonctionsλn ∈ P(R) dont chacune d´efinit une moyenne globale surR. En effet, `a chaqueF∈L(R,µ), on lui associe la fonctionλn(F)∈L(X, µ) d´efinie parλn(F)(x) =λxn(F(x,)) =

z∈R[x]F(x, z)λxn(z) pourµ-presque tout x∈X. On d´efinit la moyenne localem(F)(x) =mx(F(x,−)) comme lalimite m´ediale[22] des moyennesλn(F)(x) =λxn(F(x,−)). Ce syst`eme de moyennes locales est mesurable carm(F) est mesurable d’apr`es le th´eor`eme 2 de [22]. Si les fonctionsλnsont asymptotiquementπ-harmoniques, les fonc- tions (∆πλn)(F)(x) =

y∼Φxπ(x, y)λyn(F(x,−))−λxn(F(x,−)) convergent vers 0 dansL1(X, µ) et leur limite m´ediale est nulleµ-presque partout [22].

Pour d´emontrer la r´eciproque (M L)(CD), consid´erons le plongement isom´etrique deP(R) dansL(R,µ) 1+ induit par l’inclusion canonique de L1(R,µ) dans son bidual L(R,µ). `A chaque fonction λ∈ P(R), on lui associe la forme lin´eaire positive et unitairel(λ)∈L(R,µ) ∗+1 d´efinie par :

l(λ)(F) =

F(x, z)λ(x, z)dµ(x, z) =

λx(F(x,−))dµ(x) (3.2) pour toutF ∈L(R,µ). La dualit´ e entre les op´erateursDπetDπ agissant surL1(R,µ) et L(R,µ) implique que l(Dπλ)(F) =l(λ)(DπF) et donc

l(∆πλ)(F) =l(λ)(∆πF). (3.3) De mˆeme, tout syst`eme mesurable de moyennes locales m = {mx}xX

d´efinit une forme lin´eairel∈L(R,µ) ∗+1 donn´ee par l(F) =

mx(F(x,−))dµ(x).

Par application du th´eor`eme de Hahn-Banach, l appartient `a la fermeture faible de l’image deP(R) [4]. Simestπ-harmonique, alors :

lπ =lDπ−l= 0 (3.4)

(13)

car

l(F) =

mx(F(x,))dµ(x)

=

y∼Φx

π(x, y)my((F(x,))dµ(x)

=

y∼Φx

π(x, y)my((F(x,))δ(x, y)dµ(y)

=

my(

x∼Φy

π(x, y)F(x,−)δ(x, y))dµ(y)

=

my((DπF)(y,−))dµ(y) = l(DπF).

Pour conclure, consid´erons le sous-ensemble convexeQ={πλ / λ∈ P(R)} de L1(R,µ). Les conditions de compatibilit´ e (3.3) et d’harmonicit´e (3.4) impliquent que 0 appartient `a la fermeture faible de l’image de Q dans L(R,µ) . Il s’ensuit que 0 appartient `a la fermeture faibleQdansL1(R,µ).

Par convexit´e deQ, d’apr`es le th´eor`eme de Mazur, 0 appartient `a la ferme- ture normique deQ. Il existe donc une suite de fonctions λn ∈ P(R) telle queπλn10. D’o`u le th´eor`eme.

Chacune des conditions ci-dessus peut ˆetre vue comme le pendant har- monique des conditions d’invariance (GM), (LM) et (AI) de [15]. Quel que soit le noyau de transition consid´er´e, ces conditions entraˆınent les condi- tions (M G), (M L) et (CD). Notre but est de prouver la r´eciproque lorsque le noyauπjouit de bonnes propri´et´es.

Pour illustrer les d´efinitions ci-desssus, nous allons revenir sur l’exemple 2.1. Consid´erons un groupe d´enombrable Γ, muni d’un syst`eme fini de g´en´erateurs Φ. Pour simplifier, supposons que Φ est sym´etrique et qu’il ne contient pas l’´el´ement neutree. Alors Γ est l’ensemble de sommets d’un graphe non orient´e, sans boucle, ni arˆete multiple, appel´e legraphe de Cay- ley de Γ, o`u deux sommetsγ, η∈Γ sont reli´es par une arˆete siγ1η Φ.

La marche al´eatoire simple sur ce graphe co¨ıncide avec la marche al´eatoire

`

a droite sur Γ, muni de la mesure de probabilit´eπ= |Φ|1 1Φ, non d´eg´en´er´ee de p´eriode d= 2. Pour toutn0, on a :

πn =π∗. . .n ∗π= 1

|Φ|n1Φn

o`u Φn est l’ensemble des Φ-mots de longueurnayant la mˆeme parit´e q ue n. Doncπn etπn+1 sont mutuellement singuli`eres avecπn+1−πn1= 2.

(14)

N´eanmoins, si on ajoutee`a Φ (ce qui revient `a ajouter une boucle `a chaque sommet), π devient ap´eriodique, πn et πn+1 ne sont plus mutuellement singuli`eres et

ππn1=Dππn−πn1=πn+1−πn10. (3.5) En g´en´eral, les mesuresπn= πn2n+1 et πn+1=πn+12 n+2 v´erifient :

ππn1=πn+1−πn10. (3.6) Les mesures πn ou πn d´efinissent des moyennes dans l(Γ)1+. Par com- pacit´e faible del(Γ)1+, ces moyennes ont un point d’accumulationm. Les conditions (3.5) et (3.6) montrent que m(∆πf) = 0 pour toute fonction f ∈l(Γ). Ceci nous am`ene `a introduire la d´efinition suivante :

D´efinition 3.5. — Soit (Γ, π) un groupe d´enombrable mesur´e. Nous dirons qu’une moyenne m est π-harmonique `a droite ou stationnaire pour la marche al´eatoire `a droite sur (Γ, π) sim(∆πf) = 0 pour toute fonction f ∈l(Γ).

Nous venons de prouver qu’un graphe de Cayley admet toujours une moyenne stationnaire pour la marche al´eatoire simple. De mˆeme, nous avons la condition suffisante suivante (dont la r´eciproque s’obtient en proc´edant comme dans la preuve du th´eor`eme 3.4) :

Proposition 3.6. — Pour qu’un groupe d´enombrable Γ poss`ede une moyenne harmonique `a droite pour une mesure de probabilit´e π, il faut et il suffit qu’il existe une suite de mesures de probabilit´e λn sur Γ telle que πλn10.

Pour les graphes de Cayley, l’existence d’une moyenne harmonique d´ecou- le d’un calcul direct qui illustre la loi 0-2 pour les op´erateurs markoviens [11, 24]. Nous allons rappeler ici une version discr`ete d’un r´esultat de S. R.

Foguel sur les it´er´es d’une convolution [10]. Dans notre contexte, si π est une mesure de probabilit´e non d´eg´en´er´ee de p´erioded1, alors les mesures πn et πn+k sont mutuellement singuli`eres avec πn+k −πn1 = 2 pour tout n N et tout 0k < d, mais limn→+∞ πn+d−πn= 0. Comme auparavant, les mesuresπn= πn+...+πd n+d v´erifient :

n→+∞lim ππn1= lim

n→+∞ πn+1−πn1= 0

carπn etπn+1 ne sont pas mutuellement singuli`eres. Nous aurons donc :

(15)

Proposition 3.7. — SoitΓun groupe d´enombrable, muni d’une mesure de probabilit´e non d´eg´en´er´eeπ. Alors la marche al´eatoire `a droite sur(Γ, π) poss`ede une moyenne stationnaire.

4. Existence de moyennes harmoniques

Le but de cette section est de prouver qu’une relation d’´equivalence mesur´ee graph´ee (R, X, µ,Φ), munie d’un noyau de transition π, poss`ede toujours une moyenne π-harmonique. Dans un premier temps, nous appli- querons la mˆeme d´emarche utilis´ee pour les groupes d´enombrables. Pour cela, rappelons que le produit de convolution `a droite parπd´efinit une con- traction positive Dπ :l1(Γ)→l1(Γ) dont l’op´erateur sous-markovien dual est l’op´erateur de diffusionDπ :l(Γ)→l(Γ). Le r´esultat de Foguel est donc une extension de la loi 0-2 pour les op´erateurs markoviens ergodiques et conservatifs agissant sur L1 prouv´ee dans [24]. En g´en´eral, l’op´erateur de diffusion Dπ : L(X, µ) L(X, µ) agit par dualit´e sur l’espace de mesures sur X. Puisque les mesures finies absolument continues par rap- port `aµs’identifient aux ´el´ements de L1(X, µ), on obtient une contraction positiveT =Dπ:L1(X, µ)→L1(X, µ) qui envoie chaque d´eriv´ee de Radon- Nikodymg=dν/dµsurT(g) =dDπν/dµ. L’op´erateur sous-markovien dual T:L(X, µ)→L(X, µ) co¨ıncide avecDπ.

D´efinition 4.1 ([24]). — La contractionT =Dπ:L1(X, µ)→L1(X, µ) (resp.T=Dπ:L(X, µ)→L(X, µ)) est diteergodique conservativesi la somme

i=0 Tig(resp.

i=0Diπf) est soit infinie, soit nulle pour toute fonction g∈L1(X, µ)(resp.f ∈L(X, µ)) positive ou nulle.

D’une part, T = Dπ et T = Dπ sont ergodiques si µ est ergodique.

Pour montrer qu’elles sont conservatives, il faut consid´erer les op´erateurs de Perron-Fr¨obenius σ et de Koopmanσ induits par le d´ecalage σ de la marche al´eatoire surR. Avec les notations pr´ec´edentes, pour toute fonction g∈L1(X, µ) positive ou nulle, la mesureDπν est la distribution initiale de l’image parσde la mesure de probabilit´e sur Ω ayant comme distribution initiale ν. Si l’op´erateur σ est conservatif, la somme

i=0 Tig ne prend que les valeurs +ou 0 (car il en est ainsi pour

i=0 σi(gα0)). Pour toute fonctionf ∈L(X, µ) positive ou nulle, la fonctionDπf est la moyenne des σ(fα0)∈L(Ω, P) pour le syst`eme mesurable de mesures de probabilit´e Px sur les fibres α−10 (x) de la projection α0 : R → X. Si l’op´erateur σ est conservatif, la somme

i=0 Diπf ne prend encore que les valeurs +∞

ou 0 (car il en est ainsi pour

i=0(fα0)σi). On sait d’ailleurs que les op´erateurs σ et σ sont conservatifs si et seulement si le d´ecalage σ est

(16)

conservatif, i.e. il n’admet pas d’ensemble errant de mesure positive [20].

Nous dirons alors que la mesure µestπ-conservative. En particulier, toute mesureπ-harmonique estπ-conservative.

Th´eor`eme 4.2. — SoitRune relation d’´equivalence mesurable discr`ete sur un espace bor´elien standard X, munie d’un graphage Φ `a g´eom´etrie born´ee, d’un noyau de transitionπet d’une mesure de probabilit´eπ-conserva- tive µ. Alors il existe une moyenneπ-harmonique.

D´emonstration. — D’abord, quitte `a remplacer µ par chacune de ses composantes ergodiques, nous pourrons supposer queµest ergodique. Soient πn = Dπnπ0 ∈ P(R) les fonctions obtenues par diffusion `a gauche de la fonction de Diracπ0. Pour toutx∈X, on a :

ππn(x,−) =Dn+1π π0(x,−)−Dnππ0=πn+1(x,−)−πn(x,−).

D’apr`es la loi 0-2, la suite ππn 1 =

ππn(x,−)1dµ(x) con- verge soit vers 0, soit vers 2. Si la limite est nulle, les fonctionsπn ∈ P(R) sont asymptotiquement π-harmoniques. C’est le cas si l’op´erateur de dif- fusion Dπ sur L(X, µ) est ap´eriodique. En g´en´eral, puisque la proba- bilit´e d’emprunter une arˆete est positive, cet op´erateur est soit ap´eriodique, soit de p´eriode 2. N´eanmoins, pour ´eviter le probl`eme de l’existence d’une p´eriode, D. Ornstein et L. Sucheston d´emontrent que la loi 0-2 reste vala- ble pour les contractions conservatives de L1 (ou de L) d´efinies par un noyau stochastique dont tous les it´er´es sont ergodiques [24]. Dans notre cas, les puissances impaires deDπsont ergodiques. En fait, toutes les puis- sances deDπ= Id+D2 π sont ergodiques. Enfin, nous consid´erons les fonctions

πn=Dπnπ0∈ P(R) telles que :

πn+1−πn=Dππn−πn=∆ππn

2

D’apr`es le th´eor`eme 3.4 de [24], la suiteπn+1−πn1converge vers 0, ou bien la norme πn+1−πn1 = 2 pour tout n N. Il en r´esulte que les fonctionsπn sont asymptotiquementπ-harmoniques.

En r´ealit´e, aucune contrainte n’est vraiment n´ecessaire pour prouver l’existence d’une moyenne harmonique :

Th´eor`eme 4.3. — Toute marche al´eatoire sur une relation d’´equivalence mesur´ee graph´ee admet une moyenne stationnaire ou harmonique.

D´emonstration. — Consid´erons les sommes de C`esaro λn=π0+. . .+πn1

n ∈ P(R)

(17)

des produits de convolution πn ∈ P(R). Ces fonctions sont asymptotique- ment π-harmoniques car la suite πλn1 = n1 πn−π01 2n tend

vers 0.

5. Crit`eres de moyennabilit´e

Nous d´emontrerons ici que toute moyenne harmonique devient invariante lorsque la marche al´eatoire se comporte bien. Grˆace `a cette propri´et´e, nous retrouverons quelques crit`eres de moyennabilit´e.

5.1. Propri´et´e de Liouville

Nous dirons qu’une marche al´eatoire sur une relation d’´equivalence mesu- r´ee graph´ee (R, X, µ,Φ) a lapropri´et´e de Liouvillesiµ-presque toute orbite RΦ[x] n’a pas de fonction harmonique born´ee non constante. Dans [6], on d´emontre que cette propri´et´e implique la moyennabilit´e deRpourµ. En fait, cela est valable pour tout groupo¨ıde mesur´e d’apr`es [18]. Nous retrouvons l’implication grˆace au r´esultat ´el´ementaire suivant :

Lemme 5.1. — Soit(R, X, µ,Φ)une relation d’´equivalence mesur´ee gra- ph´ee, munie d’un noyau de transition π. Si la marche al´eatoire surRa la propri´et´e de Liouville, alors toute moyenne π-harmonique sur Rest inva- riante.

D´emonstration. — Soitm={mx}x∈X un syst`eme de moyennes locales π-harmonique. Pourµ-presque toutx∈X, `a chaque fonctionf ∈l(R[x]), on lui associe une fonctionhf ∈l(R[x]) d´efinie parhf(y) =my(f) pour touty∈ R[x]. Puisque les moyennesmy sontπ-harmoniques, la fonctionhf l’est aussi. En effet,Dπhf(y) =

z∼Φyπ(y, z)hf(z) =

z∼Φyπ(y, z)mz(f)

=my(f) =hf(y) pour tout y ∈ R[x]. Par hypoth`ese, hf est constante et doncmy=mx pour touty∈ R[x].

Th´eor`eme 5.2 ([6]). — Soit(R, X, µ,Φ)une relation d’´equivalence me- sur´ee graph´ee, munie d’un noyau de transitionπ. Si la marche al´eatoire sur Ra la propri´et´e de Liouville pourµ, alors Rest moyennable pour µ.

D´efinition 5.3. — Une relation d’´equivalence mesur´ee graph´ee (R, X, µ,Φ) est dite `a δ-croissance polynomiale (resp. sous-exponentielle) si pourµ-presque tout point x∈X, la fonction de volume

vx,δ(n) =|BdΦ(x, n)|x=

dΦ(y,x)n

δ(y, x)

(18)

est `a croissance polynomiale (resp. sous-exponentielle), i.e.vx,δ est domin´ee par un polynˆome (resp. Grδ(x) = lim infn→+∞1nlog(vx,δ(n)) = 0). C’est la d´efinition employ´ee par M. Samu´elid`es dans [27]. Si µest invariante, alors vx,δ est le volume usuelvx(n) =|BdΦ(x, n)|et cette d´efinition co¨ıncide avec la d´efinition usuelle. En g´en´eral, siµest ergodique, le tauxde δ-croissance exponentielleGrδ(x)est constantµ-presque partout [3].

D’apr`es [14], si R est croissance sous-exponentielle et si µ est har- monique, alors R a la propri´et´e de Liouville pour µ. En combinant ce r´esultat avec le th´eor`eme 5.2, nous retrouvons les r´esultats de C. Series [28] et V. Kaimanovich [17] rappel´es dans l’introduction :

Corollaire 5.4. — SoitRune relation d’´equivalence mesurable discr`e- te sur un espace bor´elien standard X, munie d’un graphage Φ `a g´eom´etrie born´ee, d’un noyau de transition r´eversible πayant un syst`eme de conduc- tances minor´e et major´e et d’une mesure de probabilit´eπ-harmoniqueµ. Si Rest `a croissance sous-exponentielle pour µ, alors Rest moyennable pour µ.

Dans les conditions du corollaire, la mesure µ est de fait invariante.

Cependant, grˆace au th´eor`eme 1.1 de [29], il reste valable quand on rem- place la condition de croissance sous-exponentielle par celle deδ-croissance sous-exponentielle (et l’on retrouve ainsi le r´esultat de [27] dans le cas har- monique). En effet, l’entropie de la marche al´eatoire sur R devient nulle [3, 16] et doncRa la propri´et´e de Liouville pourµ.

Par ailleurs, il y a une mani`ere de d´efinir le nombre moyen d’arˆetes issues d’un sommet d’un arbre d’apr`es R. Lyons [21]. Cette quantit´e, appel´enom- bre de branchement, joue un rˆole important dans certains processus proba- bilistes comme la marche al´eatoire et la percolation. Dans [3], on ´etend cette notion aux relations d’´equivalence mesur´ees graph´ees et on prouve un crit`ere de moyennabilit´e plus g´en´eral que ceux de C. Series et V. Kaimanovich :

Corollaire 5.5. — Dans les conditions du corollaire 5.4, si le nombre de branchement de Rest ´egal `a1, alors Rest moyennable pourµ.

5.2. R´ecurrence

Nous dirons qu’une marche al´eatoire sur une relation d’´equivalence mesu- r´ee graph´ee (R, X, µ,Φ) estr´ecurrentesi µ-presque toute orbiteRΦ[x] n’a pas de fonction superharmonique positive non constante. L’effet de cette

(19)

propri´et´e sur les moyennes π-harmoniques est identique `a celui de la pro- pri´et´e de Liouville :

Lemme 5.6. — Si la marche al´eatoire surRest r´ecurrente pourµ, alors toute moyenne π-harmonique sur Rest invariante.

Le nombre de bouts des orbites est une autre propri´et´e m´etrique em- ploy´ee dans l’´etude de la moyennabilit´e des relations d’´equivalence. Dans [1], S. Adams d´emontre qu’une relation d’´equivalence mesur´ee arbor´ee est moyennable si presque toute orbite a un nombre fini de bouts. L’arborage est essentiel si les orbites ont 1 bout, mais il est inutile dans le cas o`u les or- bites g´en´eriques ont 2 bouts [5]. Pour toute relation d’´equivalence mesur´ee graph´ee, les relations d’´equivalence induites sur les r´eunions des orbites finies et des orbites ayant un nombre fini de bouts>2 sontdissipatives, en ce sens qu’il existe des bor´eliens qui rencontrent chaque orbite suivant un point. Toute moyenne harmonique est invariante sur la r´eunion des orbites finies. Par approximation, il en est de mˆeme pour toute relation dissipative [2]. Grˆace au r´esultat suivant, qui regroupe ces remarques, nous pourrons supposer que les relations d’´equivalence consid´er´ees sont conservatives :

Lemme 5.7. — Toute moyenne π-harmonique est invariante sur la par- tie dissipative de R.

Pour voir l’effet du nombre de bouts sur la marche al´eatoire, nous nous servirons du crit`ere de r´ecurrence de Nash-Williams [23] :

Lemme 5.8. — Soit (R, X, µ,Φ) une relation d’´equivalence mesur´ee graph´ee `a g´eom´etrie born´ee, munie d’un noyau de transition r´eversible π ayant un syst`eme de conductances major´e. Siµ-presque toute orbiteRΦ[x]

est un arbre ayant un nombre fini de bouts, ou bien siµ-presque toute orbite RΦ[x]a exactement2 bouts, alors la marche al´eatoire surRest r´ecurrente.

D´emonstration. — Chaque orbiteRΦ[x] est la r´eunion d’une suite crois- sante de graphes finis Fn dont le bord ΦFn = {(y, z) ∈ K/y Fn, z /∈ Fn} est une s´eparatrice (i.e. tout rayon issu de x contient une arˆete deΦFn) et l’extr´emit´e de toute arˆete deΦFnappartient `aFn+1. SiRΦ[x]

v´erifie l’une des conditions ci-dessus, le nombre d’´el´ements deΦFnest ma- jor´e. Si le syst`eme de conductances est major´e, la somme des conductances est aussi major´ee. Si l’on notec(∂ΦFn) cette quantit´e, le r´eseau ´electrique d´efini par le syst`eme de conductances surRΦ[x] estlentement rempliau sens de [23] car la s´erie

i=1 1

c(∂ΦFn) diverge. D’apr`es le crit`ere de r´ecurrence de [23], la marche al´eatoire surRΦ[x] est r´ecurrente.

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