Th´eor`eme de Sylow
LauraGay
R´ef´erence :Perrin: Cours d’alg`ebre p. 18
Contexte : SoitGun groupe d’ordren=pαm, o`upest un nombre premier,n∈Net p-m.
On se servira souvent du fait queS est unp-Sylow de G⇔S est unp-groupe et [G:S] est premier `a p.
Lemme 1
GLn(Fp) a unp-Sylow.
Preuve du Lemme 1 :
D´ej`a,|GLn(Fp)|= (pn−1)(pn−p)· · ·(pn−pn−1) = 1(pn−1)(pn−1−1)· · ·(p−1)
| {z }
m
pn(n−1)2 o`up-m.
SoitP l’ensemble des matrices triangulaires sup´erieures strictes :
P :={A= (aij)/ aij = 0 sii > j et aii = 1}
Pouri < j, lesaij sont quelconques2 donc|P|=p.p2.· · · .pn−1=pn(n−1)2 .
Ainsi,P est unp- Sylow deGLn(Fp).
Lemme 2
Soient H < G,S p-Sylow deG, alors∃a∈Gtel que aSa−1∩H soit unp-Sylow deH.
Preuve du Lemme 2 :
Gagit par translation `a gauche sur G
/
S3 (on multiplie `a gauche).Le stabilisateur deaS estaSa−1 (se montre par double inclusion). Mais commeH op`ere lui aussi sur G
/
S par restriction, pour cette action restreinte, le stabilisateur deaS est aSa−1∩H.Il reste `a voir que l’un de ces sous-groupes est un Sylow deH.aSa−1∩H est un sous-groupe deaSa−1car cette intersection est non vide (neutre). Donc
Sa−1∩H divise
aSa−1
=|S|=pαdoncSa−1∩H est unp-groupes.
On veut donc montrer que, pour una∈G,
H
/
(aSa−1∩H)est premier `ap.
La formule des classes donne
H
/
(aSa−1∩H)= |H|
|aSa−1∩H| =|orbite deaS pour l’action de H|. Or : G
/
S =[(orbite deaS pour l’action deH) Supposons par l’absurde que∀a∈G, p|
H
/
(aSa−1∩H). Alors p|
G
/
S. Absurde carS est un p-Sylow de G. Donc∃a∈Gtel queaSa−1∩H soit unp-Sylow deH. Lemme 3
SoitS unp-groupe op´erant sur un ensembleX. Alors|X| ≡ XS
[p].
Preuve du Lemme 3 : On noteω pour l’orbite.
1. On a
n−1
Y
i=0
(pn−pi) =
n−1
Y
i=0
pi(pn−i−1) = (pn−1)· · ·(p−1)
n−1
Y
i=0
pi= (pn−1)· · ·(p−1)pPn−1i=0i= (pn−1)· · ·(p−1)pn(n−1)2
2. Premi`ere ligne : 0 case, Deuxi`eme ligne : 1 case, ...,n-i`eme ligne :n−1 cases
3. Attention,Sn’est pas forc´ement distingu´e, doncG/Sn’est pas n´ecessairement un groupe. Cela d´esigne simplement l’ensemble des classes `a gauche moduloS.
1
Six∈XS, ω(x) ={x}car c’est un point fixe.
Six /∈XS, |ω(x)|>1 et comme|ω(x)| | |S|,p| |ω(x)|.
On a, commeX peut s’´ecrire comme partition disjointe de ses classes (orbites) :
|X|= X
x∈XG
|ω(x)|
| {z }
|XG|
+ X
x /∈XG
|ω(x)|
| {z }
divisible parp
D’o`u le r´esultat.
Th´eor`eme (Sylow-1872)
1. Il existe unp-Sylow dansG.
2. SiH est unp-sous-groupe deG, il est contenu dans unp-SylowS.
3. Lesp-Sylow deGsont tous conjugu´es entre eux. (i.e. siH et Ksont deuxp-Sylow deG, alors il existe un ´el´ementg dansGv´erifiantgHg−1=K)
4. SiS est unp-Sylow deG, on a,SCG⇔np= 1.
5. Soitnp le nombre de p-Sylow deG. Alorsnp≡1 [p] et donc np|m.
Preuve du Th´eor`eme :
1. Comme|G|=n, on plongeGdansSn. Puis on plongeSn dansGLn(Fp) par u: Sn −→ GLn(Fp)
σ 7−→ uσ o`uuσ(ei) =eσ(i), (ei)i base canonique
Ainsi, on r´ealiseGcomme sous-groupe de GLn(Fp). Ce dernier a unp-Sylow (Lemme 1) doncGaussi (Lemme 2).
2. SoitH unp-sous-groupe deGetS unp-Sylow deG(possible car on a montr´e en 1. l’existence). Il existe, par le Lemme 2, a∈G tel que aSa−1∩H soit unp-Sylow de H. Or, commeH est un p-groupe (son cardinal est un pβ) donc unp-Sylow c’est forc´ement toutH ieaSa−1∩H=H ieH ⊂aSa−1, ce dernier
´
etant un p-Sylow.
3. Si de plusH est un Sylow, on a exactementH =aSa−1 ie les Sylow sont tous conjugu´es.
4. Comme ils sont tous conjugu´es et queS est distingu´e Ok...
5. On fait op´erer Gpar conjugaison sur l’ensembleX de ses p-Sylow. SoitS unp-Sylow, S op`ere lui aussi surX et leLemme 3donne|X|=np≡
XS [p].
Il reste `a voir que XS
= 1.
D´ej`a, sis∈S, on a clairementsSs−1=S doncS∈XS. Il faut montrer que c’est le seul.
SoitT un autrep-Sylow. On suppose queT ∈XS ie∀s∈S, sT s−1 =T.
SoitNle sous-groupe deGengendr´e parSetT.SetT sont a fortiori desp-Sylow deN(s’´ecrit facilement).
Mais par construction deN et deT ∈XS on aTCN et le 3. donne queT est l’unique p-Sylow deN ie T =S. Doncnp≡1 [p].
Commenp| |G|etnp∧p= 1 on a (th´eor`eme de Gauss)np|m.
Application
[Ulmer p.88] Un groupe d’ordre 15 est toujours cyclique et isomorphe `aZ/15Z. En effet, par le th´eor`eme on a n5|3 et n5≡1 [5]. Doncn5= 1. De mˆeme, on an3 = 1. NotonsPi lei-Sylow qui est distingu´e dans G. On a
|Pi|=ipremier donc lesPisont cycliques. etG∼= 4P3×P5∼=Z/3Z×Z/5Z∼=Z/15Zpar le th´eor`eme chinois.
4. C’est un th´eor`eme car ils sont distingu´es etGest fini.
2
Notes :
XA l’oral, bla
X Rappel (d´efinition d’unp-groupe) : Soit p un nombre premier. On appelle p-groupe un groupe dont tout
´
el´ement a pour ordre une puissance dep.
XRappel (d´efinition d’unp-Sylow) : Soitpun nombre premier etGun groupe fini ; on d´efinit unp-sous-groupe de Sylow (ou p-Sylow) de G comme un ´el´ement maximal de l’ensemble des p-sous-groupes de G, au sens de l’inclusion. Autrement dit, c’est un p-sous-groupe deG qui n’est contenu dans aucun autre p-sous-groupe de G. Toutp-sous-groupe de Gest inclus dans un p-sous-groupe maximal, ce qui garantit l’existence dep-Sylow.
L’ensemble (non vide, donc) de tous lesp-Sylow pour un entier premierpdonn´e est parfois not´e SylpG.
♣LudwigSylow(1832- 1918) est un math´ematicien norv´egien. Il ´etudia la th´eorie des groupes. Conjointement avecLie, il travailla sur les travaux d’Abelentre 1873 et 1881.
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