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Texte intégral

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ANGOULÊME

Angoulême, d'argent, érige dans l'azur Calme d'une nuée immobile et sereine

Son flambant campanile et, dans le soir plus pur, Apparaît, idéale, aux marges de la plaine.

J.-A. CATALA.

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JUSTIFICATION DU TIRAGE

Il a été tiré de cet ouvrage 50 exemplaires sur Japon des Manufactures Impériales, numérotés de I à 50, et 200 exemplaires sur Hollande Van Gelder, numérotés de 51 à 250, avec une suite de la couverture et des hors-texte en

couleurs.

Tous droits de reproduction et de traduction réservés pour tous les pays, y compris la Suède, la Norvège, la Hollande, le Danemark et l'U. R. S. S.

Copyright by Les Editions de la Salamandre », 1934

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L. BURIAS et J.-A. CATALA

ANGOULÊME

Préface de Jérôme et Jean THARAUD Couverture en couleurs de G.-J. FAUVEAUD.

Hors-texte en couleurs de Gaston BOUCART et G.-J. FAUVEAUD Cet ouvrage est orné de III héliogravures

LES ÉDITIONS DE LA SALAMANDRE M. MASSON, Editeur

COGNAC

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ANGOULÊME. VUE A VOL D'OISEAU DE LA VILLE, COTÉ SUD-OUEST. LA VALLÉE DE LA CHARENTE ET LES BOIS DE LA POUDRERIE.

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Q . LETTRE-PRÉFACE

QUE de choses vous m'avez apprises en une heure ! J'ai passé dix-huit ans de ma jeunesse entre la rue de Beaulieu, le chemin du Secours, la rue d'Iéna et le lycée, sans rien savoir, ou à peu près, de la magnifique histoire d'Angoulême que vous nous racontez d'une façon si alerte.

On nous apprenait tout au collège, vous le savez bien ! mais nous a-t-on jamais rien dit de cette province dont l'horizon s'étendait sous nos yeux. Pourtant, depuis l'âge de pierre, tout ici a laissé sa trace, et rien n'était Plus propre à nous donner une idée familière et vivante de notre histoire de France que l'histoire du pays angoumoisin. Vous l'avez fait avec compétence et gentillesse, ce dont tout le monde vous sera très obligé. Mais je regrette bien, pour ma part, de n'avoir pas connu tant de traits dramatiques ou charmants que vous nous rapportez sur la ville, et qui auraient bien agréablement animé le « tour » quoti- dien des remparts que je faisais, avec ma mère, lorsque j'étais enfant.

Au temps où, à treize ans, je nourrissais l'ambition si naturelle d'écrire une tragédie en cinq actes et en vers, quel beau sujet m'aurait fourni l'histoire du comte Aymar (d'autres l'appellent Adhémar, dites-vous, mais certainement j'aurai choisi Aymar !) et de sa fille Isabelle. Sous les ombrages du Jardin Vert et dans les rues toujours sans soleil qui donnent sur le rempart du Nord où la vieille ville rassemble ses maisons, et au milieu desquelles mon imagination poursuivait des chimères puériles, imaginez dans quels transports m'aurait plongé l'amour de Hugues, dixième comte de Lusignan, pour l'orgueilleuse Isabelle, fille unique du comte d'Angoulême.

Ils vont se marier. Adhémar, non, Aymar ! convoque toute la noblesse du Poitou et de l'Angoumois à venir assister aux noces, et aussi Jean-sans-Terre, duc d'Aquitaine et par-dessus le marché roi d'Angleterre. Voilà un personnage pour une tragédie, et justement celui que je cherchais dans les vieilles petites rues froides et le jardin désert!... Il accepte cette invitation, il entre dans la ville.

J'avais un camarade qui jouait dn violon et que j'avais chargé de composer la musique de mon drame futur. Sur son crin-crin la marche, qu'il n'aurait pas manqué d'écrire, eut été digne de mes vers. Le duc-roi, en sa qualité de prince le plus illustre de l'assemblée, est chargé de conduire Isabelle à la cathédrale.

Et voilà le coup de théâtre ! Après avoir suivi, pour se rendre à l'église, un chemin où j'ai soupiré moi-même après bien des Isabelle, Jean-sans-Terre, tombe soudain amoureux de la fiancée de Lusignan, la présente à l'évêque et dit : « Ce n'est pas Lusignan, c'est moi, roi d'Angleterre et duc d'Aquitaine, qu'elle

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épouse ! » Non, cher Monsieur, jamais je ne me consolerai de n'avoir pas connu cette histoire quand j'avais treize ans, et d'avoir privé, en doutez-vous ? la litté- rature d'un chef-d'œuvre.

Je n'aurais eu, d'ailleurs, que l'embarras du choix parmi tous les sujets que vous nous proposez. C'était également une très belle histoire et digne de mon jeune génie, Angoulême possédée par l'hérésie aryenne et par les barbares Wisigoths, et Clovis accourant de Reims, fort de l'eau du baptême, et les murs de la ville s'écroulant devant lui comme les murs de Jéricho... J'aurais pu être aussi tenté d'écrire une élégie sur les malheurs de la jeune et charmante duchesse d'Epernon, l'infidélité de son mari, le tombeau qu'il lui fit bâtir quand elle fut morte, à trente ans, de chagrin, et cette messe qui pendant deux cents ans a réveillé chaque matin, à six heures, les bourgeois de la ville, et dont les coups sonnés lentement comme un glas faisaient dire : « Voici les larmes d'Epernon... » On bien encore j'aurais ajouté quelques fleurs à la « Guirlande de Julie », si je n'avais ignoré jusqu'à hier que la fille de la précieuse marquise de Rambouillet avait durant quelques années habité la tour du château d'Angoulême, dont son mari était le gouverneur, et où déjà la Marguerite des Marguerites avait laissé un pénétrant parfum de poésie.

Eh bien, voyez ! au lieu de ces sujets brillants, le hasard m'a fait choisir bien plus tard, et à l'âge où la pensée ne vous vient plus d'écrire des tragédies eu vers, la sombre histoire de Jean-François Ravaillac, pauvre maniaque doulou- reux, chez qui le ciel, comme dans tout le pays qui l'entourait, tenait plus de place que la terre.

Vous avez dit dans votre livre tout ce qu'il faut dire de cette ville inconnue des touristes, et du pays qui l'environne. La blancheur de ses pierres, ses tuiles décolorées et rosies par la lumière, son climat, la couleur du ciel, une certaine indolence qu'il serait peut-être hardi d'attribuer au long séjour que firent ici les Maures (mais nous pouvons bien y penser, si ça nous amuse !), une campagne tantôt riante et copieuse, tantôt sévère et désertique, lui donnent un caractère d'Orient. Né dans le Limousin romantique, j'ai longtemps préféré les prés mouillés, les bois de châtaigniers et ce qu'il y a là-bas de frissonnant et d'an- goissé, aux paysages de la Charente. Mais chaque fois que j'y reviens, je suis frappé davantage par l'agrément de ce pays où la sévérité s'allie si natu- rellement à la grâce. Et puis, au pied du fier rocher sur lequel s'est écoulée mon enfance, il y a un cimetière plein d'oiseaux, de vie en sommeil et d'inoubliables souvenirs...

Les Auffenais, 23 août 1934.

JÉRÔME et JEAN THARAUD.

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Le plateau domine la rivière de quatre-vingts mètres.

PANORAMA

L

ANCÉS à cent cinq à l'heure, les trains traversent la Charente, de part en part, osant à peine prendre le temps de souffler en gare d'Angou- lême. Plus vite, toujours plus vite; c'est le désir du voyageur : on part d'An- vers au petit jour et on couche le soir même à Saint-Sébastien. Angoulême n'est plus qu'un nom sur un indicateur dans une liste très brève et une escale de deux minutes sur un trajet dont l'horaire est tendu autant que faire se peut... jusqu'à ce qu'on fasse encore mieux, c'est-à-dire plus vite encore. Cependant, aux portes de la ville, tranquilles et indifférentes, dans les grasses prairies basses voisines de la lente Charente, à l'ombre allongée

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des grands peupliers, des vaches dodues ne regardent plus les trains; elles broutent sans lever la tête, appliquées à tondre le pré, régulièrement, comme si elles étaient aux pièces; elles broutent une herbe opulente et juteuse et tous les trains du monde pourraient bien traverser la Charente dans un fracas infernal et rouler encore plus vite, elles ne se troubleraient pas davantage;

que leur importe. Elles ont déjà une vieille habitude, beaucoup plus avancées en cela que les jeunes anglo-arabes de la plaine de Tarbes, toujours inquiets et pétulants et que l'on voit soudain dresser l'oreille et partir d'un brusque galop à l'approche d'un train.

Cependant comme le rapide d'après-midi qui va sur Bordeaux quitte la gare d'Angoulême et prend sa vitesse, une dame qui est partie le matin même de Douai découvre les quatre marronniers et le cyprès de Chavagnes nettement dessinés sur un ciel tendre et lumineux : « On voit bien que nous arrivons dans le Midi, dit-elle à son mari; ce cyprès est provençal et on commence à en voir beaucoup; on se croirait du côté d'Arles ». Le mari répond d'un petit air condescendant : « A quoi bon rouler, courir, voyager ? » Pour beaucoup le nom d'Angoulême s'attache à un souvenir de la leçon de géographie économique et la plupart évoquent des papeteries bruissantes au bord d'une rivière glauque; les littéraires pensent à Marguerite de Valois et les amateurs de friandises aux duchesses et aux chocolats à la fine cham- pagne; ceux qui ont lu les Tharaud évoquent « la tragédie de Ravaillac » et les anciens élèves de l'Ecole des Beaux-Arts savent qu'ici naquit Abadie, qui restaura abondamment Saint-Front de Périgueux et construisit le Sacré-Cœur; plus rares sont ceux qui se rappellent que Guez de Balzac, angoumoisin de naissance, légua sa fortune aux pauvres de la ville, ce qui lui valut d'être inhumé dans la chapelle de l'Hôpital, et que l'autre, le grand Balzac, inventa ses « Illusions perdues » au cours d'une aventure passionnée entre le port de l'Houmeau et la poudrerie dont le directeur avait une trop jolie femme; vers le même temps M. de Vigny faisait quelques emplettes chez les boutiquiers angoumoisins avant de s'en aller villégiaturer en son manoir du Maine-Giraud où la méditation de « la Bouteille à la mer » ne l'em- pêchait point de tenir un compte strict de sa récolte de vin, cependant qu'à.

la même époque Théophile Gautier trouvait à la vieille capitale de l'Angou- mois « une espèce de faux air italien, augmenté encore par les massifs d'arbres qui couronnent ses escarpements, et un grand pin évasé en parasol comme ceux des villas romaines ».

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Le touriste pressé, parle de papier à lettres ou à cigarettes, ou bien, rempli de souvenirs de guerre, de poudre, de gaz et de fonderie de canons; ou bien, précis, il indique à son entou- rage qu'il importe de ne pas quitter la ville sans avoir vu la cathé- drale « qui est célèbre, paraît-il » ; mais il a hâte de descendre vers le sud ou de gagner les plages de l'Océan et il oubliera de faire le tour de ce monument admirable de l'art roman et de goûter l'harmonieux poème que composent, dans l'ombre

discrète de la rue de l'Evêché, le clocher clair, le chevet mordoré et le fût sombre d'un cèdre majestueux; ou bien il prendra l'Hôtel de Ville pour une église et négligera de flâner à travers les vieux quartiers et surtout il craindra de perdre deux heures pour se promener nonchalamment sur les remparts d'où la vue embrasse un des plus beaux panoramas de plaine.

S'il prend son temps, une grande joie lui est réservée et il ne manquera pas de redire bientôt le vers de Vigny :

Papeteries.

« Les grands pays muets longuement s'étendront... » Heureux celui qui peut goûter les nuances si variées de la campagne épanouie au pied des remparts d'Angoulême; elles sont infinies et une pensée vient au flâneur — salarié ou non — qui déambule autour de la ville : pour- quoi aller chercher au loin ce qui est si près ?

Ce paysage se suffit à lui-même; il ne manque ni d'ampleur, ni d'harmo-

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nie ; il peut contenter un sage; mais pourra-t-il combler les aspirations du voyageur de passage qui embrasse d'un rapide coup d'œil le vaste panorama déroulé sous ses pieds comme une vivante tapisserie ? C'est peu probable.

Sans doute en goûte-t-il les proportions et l'équilibre, la douceur de ton et la perspective; mais il n'a pas le temps de méditer sur la qualité de ce paysage qui, dans un horizon indéfinissable, se fond avec le ciel. C'est par un jour gris qu'il faut le contempler longuement, lorsque une brume légère, bleutée et impalpable, voile si parfaitement les lointains que le ciel et la terre semblent confondus et qu'il pourrait paraître au plus averti que la mer doit déferler à quelques lieues à peine.

Pour goûter tout cela il n'est besoin ni de table d'orientation ni de plaque indicatrice et on peut bien dire que c'est un spectacle sans cesse renouvelé qui s'offre à celui qui sait « faire le tour des remparts ». On dira que c'est là le privilège de toutes les villes aériennes et des cités bâties sur une terrasse ; il en est peu cependant qui offrent une aussi grande variété de motifs réunis dans une si simple et si large harmonie.

Peut-être un jour ce paysage tentera-t-il les peintres davantage : ils ajouteront de nouvelles images à la collection des expressives et émouvantes grisailles de Léonard Jarraud; mais n'est-ce pas le musicien qui pourrait, mieux qu'aucun autre, traduire avec toute l'émotion désirable les harmonies du paysage découvert de la terrasse d'Angoulême ?

Quand les grandes ombres de l'automne, saison chère au peintre ermite de La Couronne, s'allongent davantage, vers le soir, le ciel de l'Angoumois est tendre et calme, à peine traversé de légères nuées, qui de temps à autre, laissent se lever un coup de vent, rapide et sec comme une nouvelle inat- tendue; puis l'atmosphère redevient paisible et rien ne trouble plus la majesté de la campagne où l'on vendange.

Vers le sud, quand on considère le large panorama déroulé au pied du rempart du Midi, l'air est limpide et les moindres détails de ce vaste paysage apparaissent avec plus de netteté. Une large bande d'ocre, lame d'acier, la divise, rails continus qu'écrasent, sonores, les rapides indifférents dont les sirènes troublent à peine les hautes demeures du Plateau et la sérénité des Angoumoisins qui flânent sur la place du Parc.

Regardez ce paysage immobile et vaporeux. La nuit va tomber. Une pluie légère a décapé le ciel. Vers l'ouest, la Charente, languide, apparaît comme une gerbe d'or rouge couchée au milieu d'un noir guéret. Plus loin

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Les trains passent sous la ville.

on entrevoit, à travers les arbres, une flaque rose où le jour semble mourir.

En remontant le fleuve, le regard découvre la masse sombre du pont de Saint-Cybard, rayé de l'entrecroisement des lumières des voitures; des ombres fugitives se jouent au delà; puis, dans la courbe du fleuve, d'acier mat comme un cimeterre, l'alignement des lumières de la ville s'appuie aux grandes masses sombres des usines assoupies; plus loin encore, c'est la débauche multicolore des gares et du faubourg de la Madeleine piqué de panaches de fumée. Sur l'horizon un train rampant ressemble à ces dragons que les Chinois promènent dans leurs fêtes et que les Annamites ont importés dans les petites garnisons du Midi pour la plus grande joie des enfants et l'étonnement des paisibles citoyens avides d'exotisme à bon marché.

Le voyageur, qui, venant du sud, aperçoit pour la première fois Angou- lême, se heurte aux blancs gradins d'une ville orientale et celui qui vient de l'ouest découvrant d'une lieue la ville érigée sur son socle, la compare, le jour, à une nef de verdure et de pierre, voguant sur la masse moutonnante

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« SÉRÉNITÉ ». — LA CHARENTE A ROFFIT.

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Le versant est et le pédoncule.

des frondaisons, et la nuit, à quelque gigantesque transatlantique fendant l'ombre noire, tous feux allumés.

Il faut aller contempler la ville du haut de la côte Sainte-Barbe, sur la route de Cognac : c'est bien là le lieu privilégié d'où Angoulême apparaît, par delà la vallée où coule la Charente presque somptueuse, mesurée et satisfaite, comme une ville de rêve ou comme une citadelle de légende et, suivant l'heure ou la saison, comme un Walhalla fumeux ou comme un Mont- salvat rayonnant. Tout y est fait pour plaire aux yeux et tout s'y compose, ville et champs, ciel et eau, arbres et pierres, pour former une large fresque de la nature pacifique.

Ou bien, par un jour humide et lourd de juin, il faut s'en aller vers l'est sur la route de Lavalette, à Peusec, et prendre le loisir de considérer l'énorme panorama aérien que forme la ville aperçue à la découverte, enchâssée entre les deux arcs de cercle que décrit la falaise et, sous un ciel d'acier, rehaussée de couleurs plus vives qui la font paraître comme suspen- due au-dessus d'un invisible abîme.

Ce lieu est fort beau, non point en soi, mais par la vue qui s'y étend sur un large horizon et le voyageur qui y arrive le soir, ayant couvert une

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longue étape, doit ressentir à ce spectacle toujours précieux, quelle que soit la saison, une impression de magnificence et d'équilibre à la fois; encore un plan à voir disparaître et il touchera enfin au port, cette ville glorieuse et tourmentée, dont les tours semblent autant de témoignages de grandeur passée, fière d'allure et hautaine de silhouette, solennelle un peu et guindée, grande dame au demeurant avec une pointe de mélancolie, comme si elle se rappelait le temps, combien lointain, mais historique, où un flot opulent, encore marin, battait la roche. Mais y avait-il là seulement un repaire ? Pour avoir une pleine possession du profil toujours romantique de la ville d'Angoulême — on pense aussi aux dessins de Robida pour les œuvres de Rabelais — il faut monter jusqu'au troisième virage de Baconneau : ce que l'on découvre de ce point complète parfaitement le splendide et classique panorama de la cité vue du haut de Sainte-Barbe.

Tous ces visages d'Angoulême dont les profils perdus sont pour la plupart étonnants d'ampleur et d'harmonie sont bien prenants. Sont-ils vraiment familiers ? Il faut bien le dire, on ne les contemple pas en général assez longuement, pressé que l'on est, soit qu'on s'éloigne de la ville de grand matin et qu'on ait hâte de fuir, soit qu'on y entre à la nuit close, alors qu'on n'a plus que la ressource de refaire une fois encore la comparaison tradi- tionnelle avec le vaisseau de haut bord.

Les villes, comme les femmes, veulent un long amour. Angoulême ne se livre point en un instant, ni en un jour. Qu'elle offre aujourd'hui le spectacle d'une étrave d'acier éventrant la nue ardente et divisant les orages venus de l'Océan, elle s'épanouira demain, toute fleurie de lilas, d'acacias et de giroflées chantant à ses vieilles murailles, jeune fille parée d'un chapeau de printemps. Ici les jardins ont masqué le rempart auquel ailleurs sont adossées les usines; un céramiste a transformé en musée la borderie des évêques et une vieille synagogue se dissimule au fond d'une cour obscure de la rue des Juifs; dans le jardin de la cathédrale, une fine colonne de la Renaissance évoque le souvenir du gouvernement du duc d'Epernon et sur le mur de l'Evêché que domine, porteur d'un écu, un singe héraldique — le « singe laid » des Saint-Gelais, amis du calembours dans leurs armes vraiment par- lantes — court un cordon épiscopal, si délicatement sculpté que l'on regrette d'avoir perdu le nom de l'artiste qui le noua et que l'on s'étonne de ne pas voir cette œuvre toute de grâce et d'habileté autrement célébrée : le fameux

« Cordon » du palais du gouverneur à Burgos ne saurait être comparé à cette

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Les relevés photographiques de cet ouvrage sont dus à MM. : J.-A. CATALA, Angoulême

Photographies des pages 29, 30, 54, 57, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 78, 79, 80, 81, 83, 85, 86, 87, 88, 92, 93, 94, 97, 101, 121, 123, 127.

GILBERT. photographe, à Soulac-sur-Mer

Photographies des pages 6, 11, 13, 17, 27, 31, 33, 34, 35, 36, 37, 43. 44, 48, 49. 51, 53, 58, 60, 61, 75, 89, 90, 91, 103, 105, 106, 107, 108 haut, 109, 115, 119, 120, 126, 133.

Tous les autres relevés photographiques appartiennent aux « Editions de la Salamandre ».

Les documents des pages 5, 26, 39, 40, 41, 47, 53, 56, 62, 100, 104, 110, 112, 113, 117, 118, 132, 134, ont été obligeamment communiqués par les Archives de la ville d'Angoulême et du département de la Charente et reproduits par les soins de M. Peytoureau, photographe

à Angoulême.

GRAVURE ET IMPRESSION SAD AG BELLEGARDE (AIN)

MCMXXXIV

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Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

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