Quand la fiction de´passe trop visiblement la re´alite´
En cherchant des me´dications franc¸aises contenant de l’e´chinace´e, vedette de notre nouvelle « Matie`re me´dicale pratique », qui remplace les Monographies me´dicalise´es, notre ami Re´my Lejeune a trouve´ des pre´parations a` contenu mal pre´cise´ sur la substance utilise´e, mais aussi sur le dosage e´ventuel.
Parmi les associations, nous avons eu la surprise de trouver des associations qui sont le fruit de la simple imagination. L’intuition est source de de´couvertes souvent inte´ressantes, mais certaines associations en phytothe´rapie sont le fruit d’une matie`re me´dicale mal
maıˆtrise´e. Ou, et cela est plus grave, d’une de´sinformation ou d’une malhonneˆtete´
presque de´lictueuse.
De´ja` dans un nume´ro pre´ce´dent, Chantal Ollier avait dresse´ un « real portrait » du noni1qui montrait ses effets re´els et ceux que l’on pouvait en attendre. L’art de la falsification avec des donne´es ethnobotaniques errone´es, voire mensonge`res, a e´te´ l’œuvre d’un Neil Solomon qui a, dans plusieurs ouvrages, donne´ des raisons totalement errone´es de prendre du jus de noni dans de nombreuses affections qui e´chappent souvent a` la me´decine classique.
Pour compliquer la recherche de la ve´rite´, il a e´te´ pre´tendu que le noni e´tait soumis a` un processus de transformation lie´e a` la me´decine traditionnelle chinoise. Le succe`s commercial a fait le reste. Mais pas la sante´ de ceux qui le consomment !
Nos plantes et leurs pre´parations ont des re´sultats. Mais soyons humbles et en meˆme temps avides de meilleurs re´sultats dans nos traitements. L’imagination en the´rapeutique est source de progre`s, mais ne´cessite une confirmation in vivo !
Les enseignants du Dumenat de Phytothe´rapie, tout comme votre revue, essaient de passionner les lecteurs et e´le`ves a` la re´alite´ de la confrontation entre pathologie et phytothe´rapie. Les succe`s existent, les insucce`s aussi, mais nous devons respecter ceux qui ont un proble`me de sante´ et qui de´sirent le re´soudre avec les plantes. Pas d’alle´gations fausses ! On donne aux me´decins la liberte´ de choisir le traitement le plus adapte´, on ne donne pas la liberte´ de disposer de la sante´ d’autrui. Souvent nous sommes las de nous retrouver devant des plantes
1C. Ollier (2006) Le noni aux risques de l’analyse. Phytothe´rapie vol 4(1): 31-42.
Phytothe´rapie (2008) 6 : 273–274
©Springer 2008 10.1007/s10298-008-0335-x
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me´dicinales ou des comple´ments alimentaires (quelle hypocrisie !) pour lesquelles l’alle´gation est impossible ou tre`s restreinte. Heureusement, pourrait- on dire aussi.
La gemmothe´rapie fait son entre´e dans notre formation continue. Celle-ci a e´te´
fonde´e par notre confre`re Pol Henry, me´decin belge. Son ide´e de ge´nie a pour base une observation de la phytosociologie et des re´sultats des examens par isofloculation sur le sang des patients. Cette base n’est pas partage´e par tout le corps me´dical, mais l’expe´rience montre que les bourgeons ont e´te´ une avance´e en phytothe´rapie, dont nous ne pouvons nous priver.
Nous serions heureux et enchante´s si plus de phytothe´rapeutes donnaient leurs avis sur ces alle´gations que nous formulons, car la profession manque de symposiums et colloques pour exposer nos expe´riences, bonnes et mauvaises.
Participez, ne restez pas simples lecteurs. Aidez-nous pour remonter l’image de la phytothe´rapie spe´cifiquement franc¸aise. Nos remerciements anticipe´s.
Dr Paul Goetz Re´dacteur en chef
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