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(1)

Processus avec sauts et applications au march´ e de l’´ energie

Jean-Franc ¸ois DELMAS

11 mars 2014

(2)

2

(3)

Table des mati` eres

1 Introduction 5

1.1 Exemples . . . 5

1.1.1 Mouvement brownien . . . 5

1.1.2 Processus de Poisson . . . 6

1.1.3 Processus de Poisson compos´e . . . 6

2 Lois infiniment divisibles 9 2.1 Exemples . . . 9

2.2 Propri´et´es . . . 9

2.3 Formule de L´evy-Khintchine (cas r´eel) . . . 11

2.4 Formule de L´evy-Khintchine (cas vectoriel) . . . 15

3 Description des PAIS 17 3.1 Semi-groupe de convolution . . . 17

3.2 Propri´et´es trajectorielles et propri´et´e de Markov fort . . . 18

3.3 Mesures ponctuelles de Poisson . . . 19

3.4 Mesures ponctuelles de Poisson et processus de Poisson compos´e . . . 22

3.5 Structure des PAIS . . . 24

3.6 G´en´erateur infinit´esimal . . . 25

4 Annexe 27 4.1 Mesure et transformation de Fourier . . . 27

4.2 Convergence ´etroite, convergence en loi . . . 28

3

(4)

4 TABLE DES MATI `ERES

(5)

Chapitre 1

Introduction

On souhaite d´ecrire un processus al´eatoire X = (Xt, t ∈ R+), d´efini sur un espace probabilis´e (Ω,F,P), `a valeurs dansRcontinu `a droite avec des limites `a gauche (cad-lag) qui mod´elise un bruit avec les propri´et´es suivantes :

Accroissements ind´ependants. Pour tout t, s∈R+, la variable al´eatoireXt+s−Xsest ind´e- pendante de la tribu engendr´ee par (Xu, u∈[0, s]).

Accroissement stationnaires Pour toutt, s∈R+, la variable al´eatoireXt+s−Xsa mˆeme loi queXt.

Mesurabilit´e. Le processus (ω, t)→Xt(ω) est mesurable par rapport `a la tribuF × B(R+), o`u B(R+) d´esigne la tribu bor´elienne surR+.

De tels processus sont appel´es processus `a accroissements ind´ependants et stationnaires (PAIS). Ils interviennent dans de nombreuses mod´elisations.

Remarquons que siX est un PAIS, alors pour toutn≥2, on a :

Xt=Xt/n+ (X2t/n−Xt/n) +. . .+ (Xt−X(n1)t/n). (1.1) En particulier pour tout entiern,Xtest ´egal en loi `a la somme denvariables al´eatoires ind´ependantes.

On dit que la loi de Xtest infiniment divisible.

Dans la suite de ce chapitre, paragraphe 1.1, on donne quelques exemples de PAIS. Dans le chapitre 2, on se concentre sur l’´etude des lois infiniment divisibles, en donnant en particulier la formule de L´evy-Khintchine. En utilisant ces r´esultat, on d´ecrit enti`erement les PAIS dans le chapitre 3. Enfin, quelques ´el´ements sur la convergence ´etroite des mesures sont rappel´es dans l’annexe, chapitre 4.

Pour la bibliographie, on renvoie aux ouvrages [3, 6, 7, 1, 2], voir aussi l’introduction [5].

1.1 Exemples

Nous donnons quelques exemples bien connus de PAIS, avec en particulier la fonction caract´eris- tique du processus `a un instant tdonn´e.

1.1.1 Mouvement brownien

SoitB = (Bt, t∈ R+) un mouvement brownien r´eel. Il s’agit d’un processus al´eatoire continu `a valeurs dans R`a accroissement ind´ependants et tel queBt est de loi gaussienneN(0, t) de moyenne nulle et de variance t. Soit σ∈R. Alors le processus (σBt, t∈R+) est un PAIS. En particulier on a pour toutt∈R+ :

E eiuσBt

= etu2σ2/2. 5

(6)

6 CHAPITRE 1. INTRODUCTION

1.1.2 Processus de Poisson

Soit (Tk, k ∈ N) une suite de variables al´eatoires ind´ependantes de loi exponentielle de mˆeme param`etreθ >0. On poseSn=Pn

k=1Tk pourn∈N et pourt∈R+ : Nt= X

nN

1{Snt}.

D´efinition 1.1.1. On dit queN = (Nt, t∈R+)est un processus de Poisson de param`etre θ >0.

Typiquement si Tk d´esigne la dur´ee de vie d’une machine, et si on utilise les machines les unes apr`es les autres sans les r´eparer, alorsNtrepr´esente le nombre de machines tomb´ees en panne avant l’instantt.

En utilisant la propri´et´e d’absence de m´emoire des lois exponentielles (P(T1 > t+s|T1 > t) = P(T1> s) pourt, s∈R+), on peut montrer que le processus (Nt, t∈R+) est un PAIS.

Lemme 1.1.2. La loi de Ntest la loi de Poisson de param`etre θt.

D´emonstration. On rappelle que la fonction caract´eristique deT1estE eiuT1

=θ/(θ−iu). On a par ind´ependance :

E eiuSn

=E eiuT1n

= θ

θ−iu n

.

On en d´eduit que Sn est de loi gamma de param`etre (θ, n). En particulier la loi de Sn poss`ede la densit´e :

t→ θn

(n−1)!tn1eθt1{t>0}. Pourk≥1, on a :

P(Nt=k) =P(Nt≥k)−P(Nt≥k+ 1)

=P(Sk ≤t)−P(Sk+1 ≤t)

= Z t

0

θk

(k−1)!sk1eθs−θk+1 k! skeθs

ds

= θk

k!skeθs t

0

= θktk k! eθt.

On a ´egalementP(Nt= 0) =P(T1> t) = eθt. On en d´eduit queNtest de loi de Poisson de param`etre θt.

On d´eduit de ce qui pr´ec`ede que, pourt∈R+ : E

eiuNt

= etθ(eiu1).

1.1.3 Processus de Poisson compos´ e

SoitN = (Nt, t∈R+) un processus de Poisson de param`etreθ >0 et (Yk, k ∈N) une suite de variables al´eatoires `a valeurs r´eelles de mˆeme loi ind´ependantes et ind´ependantes deN. On noteGla loi de Y1 : G([a, b]) = P(Y1 ∈[a, b]) pour tout a, b∈ R. On consid`ere le processus Z = (Zt, t∈R+) d´efini pourt∈R+ par :

Zt=

Nt

X

k=1

Yk, avec la convention queZt= 0 si Nt= 0.

(7)

1.1. EXEMPLES 7 D´efinition 1.1.3. On dit queZ est un processus de Poisson compos´e de param`etre (θ, G).

Il est imm´ediat de v´erifier que le processusZ = (Zt, t∈R+) est un PAIS. On noteϕla fonction caract´eristique de Y1 :E[eiuY1] =ϕ(u). On a pourt∈R+ :

E eiuZt

=E E

eiuZt|Nt

=E

ϕ(u)Nt

= eθt(ϕ(u)1)= eRR(eiux1)G(dx). En particulier, on en d´eduit, que si Y1 est int´egrable :

E[Zt] =tθ Z

x G(dx), (1.2)

et siY1est de carr´e int´egrable : E[Zt2] =tθ

Z

x2G(dx) +

tθ Z

x G(dx) 2

. (1.3)

On d´eduit des paragraphes pr´ec´edents que siB est un mouvement brownien etZ un processus de Poisson compos´e de param`etre (θ, G) ind´ependant deB alors le processusX = (Xt, t∈R+), o`u :

Xt=bt+σBt+Zt, avecb, σ∈R, est un PAIS.

(8)

8 CHAPITRE 1. INTRODUCTION

(9)

Chapitre 2

Lois infiniment divisibles

On consid`ere dans ce chapitre des mesures de probabilit´e sur (Rd,B(Rd)).

Siµest une mesure finie, on note ˆµsa transform´ee de Fourier (voir la d´efinition 4.1.2).

D´efinition 2.0.4. On dit qu’une mesure de probabilit´e µ est infiniment divisible (ID) si pour tout n≥2, il existe une mesure de probabilit´eµn surRtelle queµˆnn = ˆµ.

Autrement dit, siX est une variable al´eatoire r´eelle, alors sa loi est ID si pour toutn≥2, il existe des variables al´eatoires r´eellesX1n, . . . , Xnnind´ependantes et de mˆeme loi telles quePn

k=1Xkna mˆeme loi queX.

2.1 Exemples

1. La loi gaussienne est ID. En effet, si µ est la loi gaussienne N(m, σ2) alors si µn est la loi gaussienne N(m/n, σ2/n), on a ˆµnn = ˆµ. On aurait pu d´eduire ce r´esultat de l’exemple du paragraphe 1.1.1.

2. La loiµde Poisson compos´e de param`etre (θ, G) o`uθ >0 estGest une mesure de probabilit´e surRs’interpr`ete comme la loi de Z1d´ecrit dans la d´efinition 1.1.3. En particulier, elle a pour fonction caract´eristique ˆµ(u) = eθRR(eiux1)G(dx). On en d´eduit que siµn est la loi de Poisson compos´e de param`etre (θ/n, G), alors on a ˆµnn= ˆµ. La loi de Poisson compos´e est donc ID.

3. La loi de Cauchy de param`etrea >0,µ, a pour densit´e aπ x2+a1 2 et pour fonction caract´eristique ˆ

µ(u) = e− |u|a. On en d´eduit que siµnest la loi de Cauchy de param`etrea/n, alors on a ˆµnn = ˆµ.

La loi de Cauchy est donc ID.

4. La loi gamma de param`etre (θ, α)∈]0,+∞[2,µ, a pour densit´eΓ(α)1 θαxα1eθx1{x>0}et pour fonction caract´eristique ˆµ(u) =

θ θ+iu

α

. On en d´eduit que siµn est la loi gamma de param`etre (θ, α/n), alors on a ˆµnn= ˆµ. La loi gamma est donc ID.

2.2 Propri´ et´ es

On a le lemme suivant.

Lemme 2.2.1. Si µest une mesure de probabilit´e ID, alors on a µ(u)ˆ 6= 0 pour toutu∈Rd. Remarque 2.2.2. La r´eciproque du lemme 2.2.1 est fausse : on peut construire une mesure de probabilit´e µqui ne soit pas ID et telle que ˆµ(u)6= 0 pour toutu∈Rd. (Consid´erer une mesure de probabilit´e de support{0, a, b}pour un choix judicieux deaetb.) ♦

9

(10)

10 CHAPITRE 2. LOIS INFINIMENT DIVISIBLES D´emonstration. Remarquons que si Y et Y sont des variables al´eatoires ind´ependantes et de mˆeme loiν, alors la loi deY −Y a pour fonction caract´eristique|νˆ|2.

Pourn≥2, on noteµn une mesure de probabilit´e telle que ˆµnn= ˆµ. On d´eduit de ce qui pr´ec`ede qu’il existe une mesure de probabilit´eνn telle que ˆνn=|µˆn|2=|µˆ|2/n. On en d´eduit que :

nlim+νˆn(u) =

(1 si ˆµ(u)6= 0, 0 si ˆµ(u) = 0.

Comme ˆµest continue en 0 et que ˆµ(0) = 1, on en d´eduit qu’il existeA >0 tel que limn+ˆνn(u) = 1 pour|u|< A. On d´eduit du th´eor`eme 4.2.6 de L´evy que limn+νˆn est une fonction caract´eristique.

Elle est donc continue. Elle est donc constante ´egale `a 1. On en d´eduit donc que ˆµ(u)6= 0 pour tout u∈Rd.

On admet le lemme suivant sur la d´efinition et la continuit´e du logarithme complexe.

Lemme 2.2.3(Logarithme complexe). On a les propri´et´es suivantes.

(i) SoitO un vosinage ouvert de0etϕune fonction continue d´efinie surO `a valeurs dansCtelle queϕ(0) = 1etϕ(u)6= 0pour toutu∈O. Alors il existe une unique fonctionf continue d´efinie sur O `a valeurs dans C telle que f(0) = 0 et ϕ = ef sur O. On dit que f est le logarithme complexe de ϕ.

(ii) Soit (ϕn, n∈ N) et ϕ des fonctions v´erifiant les propri´et´es du point (i) et (fn, n ∈ N) et f leur logarithme complexe respectif. Si la suite (ϕn, n∈N) converge uniform´ement sur tous les compacts de O vers ϕ, alors la suite (fn, n∈N)converge uniform´ement sur tous les compacts de O vers f.

On d´eduit des lemmes 2.2.1 et 2.2.3 que siµest une mesure de probabilit´e ID, alors il existe une unique fonction continueψnulle en 0 telle que ˆµ= exp(ψ).

Le corollaire suivant assure que la propri´et´e ID est stable pour la convergence en loi.

Corollaire 2.2.4. Soit(µn, n∈N)une suite de mesure de probabilit´e ID qui converge en loi vers une mesure de probabilit´eµ. Alors µest ID.

PourA >0, on noteBA ={x∈Rd;|x|< A}la boule ouverte de rayonAcentre´e en 0.

D´emonstration. Soitp≥2. Il existe une mesure de probabilit´eµn,p telle que ˆµpn,p= ˆµn. Les fonctions ˆ

µn et ˆµn,p ´etant continues et ne s’annulant pas, il existe d’uniques fonctions ψn,p et ψn nulles en 0 telles que ˆµn= exp(ψn) et ˆµn,p= exp(ψn,p). En particulier, on a :

en,p = eψn. Par unicit´e on en d´eduit quepψn,pn.

Par ailleurs, le th´eor`eme 4.2.6 de L´evy assure que la suite (ˆµn, n∈N) converge uniform´ement sur tous les compacts deRd vers ˆµ. La fonction ˆµest continue et vaut 1 en 0 ; il existe doncA >0 tel que ˆ

µne s’annule pas surBA. On d´eduit du point (ii) du lemme 2.2.3 que la suite (ψn, n∈N) converge uniform´ement sur tous les compacts deBAversψqui est le logarithme complexe de ˆµ. On en d´eduit donc que pouru∈BA:

ˆ

µn,p(u) = eψn(u)/p −−−−−→n+ eψ(u)/p. (2.1) On d´eduit du lemme 4.2.7 que la suite (µn,p, n ∈N) est relativement compacte. Il existe donc une suite (nk, k∈N) `a valeurs dansNstrictement croissante et une mesure de probabilit´eµp telle que la sous-suite (µnk,p, k∈N) converge en loi versµp. On en d´eduit que :

ˆ

µpp= lim

k+µˆpnk,p= lim

k+µˆnk= ˆµ.

Ceci ´etant vrai pour toutp, on obtient que la mesure de probabilit´eµest ID.

(11)

2.3. FORMULE DE L ´EVY-KHINTCHINE (CAS R ´EEL) 11 Remarque 2.2.5. On d´eduit de la d´emonstration du corollaire 2.2.4 que si µ est une mesure de probabilit´e ID, alors il existe une unique mesure de probabilit´e µn telle que ˆµnn = ˆµ. De plus, la

mesure de probabilit´eµn est ´egalement ID. ♦

La proposition suivante assure que toute mesure de probabilit´e ID est limite de loi de Poisson compos´e.

Proposition 2.2.6. Toute mesure de probabilit´e ID est limite de lois de Poisson compos´e.

D´emonstration. Soitµune mesure de probabilit´e ID etψson logarithme complexe. La premi`ere partie de la d´emonstration du corollaire 2.2.4 assure que eψ/pest la fonction caract´eristique de la mesure de probabilit´eµp telle que ˆµpp = ˆµ. On consid`ereνp la loi de Poisson compos´e de param`etre (p, µp). On a :

ˆ

νp= ep(ˆµp1)= exp

p(eψ/p−1) .

On en d´eduit que limp+νˆp= exp(ψ) = ˆµ. La suite (νp, p≥2) de mesure de probabilit´e ID converge en loi versµ.

2.3 Formule de L´ evy-Khintchine (cas r´ eel)

On consid`ere dans ce paragraphe des variables al´eatoires r´eelles. On dit quehest une fonction de troncation surRsihest d´efinie surR, `a valeurs dansR, mesurable born´ee, `a support compact et telle que h(x) =xsur un voisinage ouvert de 0. Soit hune fonction de troncation fix´ee. On consid`ere la fonction suivante d´efinie sur R:

ψb,c,F(u) =iub−c 2u2+

Z

R

eiux−1−iuh(x)

F(dx), (2.2)

o`u le triplet (b, c, F) v´erifie les conditions suivantes :

b∈R, , c≥0 etF mesure surRtelle queF({0}) = 0 et Z

R

min(1, x2)F(dx)<+∞. (2.3) Remarquons que la condition d’int´egrabilit´e sur F assure que la fonction ψb,c,F est bien d´efinie. De plus, la fonction ψb,c,F est continue est nulle en 0.

Remarque 2.3.1. On peut facilement v´erifier que les logarithmes complexes des fonctions caract´eristiques des lois ID des exemples 1 et 2 du paragraphe 2.1, sont de la forme (2.2) o`u le triplet (b, c, F) v´erifie les hypoth`eses (2.3).

1. Si µ est la loi gaussienne N(m, σ2), alors le logarithme complexe de ˆµ est ium−σ2u2/2. Il correspond `a la fonction d´efinie par (2.2) avec le triplet (m, σ2,0).

2. Si µ est la loi de Poisson compos´e de param`etre (θ, G), alors le logarithme complexe de ˆµest θR

R(eiux−1) G(dx). Il correspond `a la fonction d´efinie par (2.2) avec le triplet (b,0, θG) o`u b=θG(h).

♦ Le principal r´esultat de ce paragraphe est la formule de repr´esentation de L´evy-Khintchine, voir le th´eor`eme 2.3.6, qui assure que le logarithme complexe de la fonction caract´eristique d’une loi ID est de la forme (2.2) et est caract´eris´ee par un triplet (b, c, F) v´erifiant les hypoth`eses (2.3).

Plusieurs r´esultats interm´ediaires sont n´ecessaires pour la d´emonstration de ce th´eor`eme. Le lemme suivant assure que le triplet (b, c, F) caract´erise la fonctionψb,c,F.

Lemme 2.3.2. Si (b, c, F)et(b, c, F)sont deux triplets distincts qui v´erifient (2.3), alors les fonc- tions ψb,c,F et ψb,c,F sont distinctes.

(12)

12 CHAPITRE 2. LOIS INFINIMENT DIVISIBLES D´emonstration. Soit (b, c, F) un triplet v´erifiant (2.3). On noteψ=ψb,c,F. On souhaite montrer que l’on peut calculerb, cetF `a partir deψ.

Soitw∈R. On d´efinit la fonction ˆHw surRpar : Hˆw(u) =ψ(u)−1

2 Z 1

1

ψ(u+tw)dt.

Apr`es des calculs ´el´ementaires, il vient : Hˆw(u) =cw2

6 +

Z

R

F(dx) eiux

1−sin(wx) wx

= Z

R

eiux Hw(dx), o`u la mesureHw est d´efinie par :

Hw(dx) = cw2

6 δ0(dx) +

1−sin(wx) wx

F(dx).

CommeF int`egre min(1, x2), on en d´eduit que la mesureHw est finie. On obtientc= 6Hw({0})/w2 etF =

1−sin(wx)wx

1

(Hwcw62δ0). On en d´eduit que cet F sont d´etermin´es parHw et donc par ψ. On obtientb `a partir de (2.2). La fonctionψcaract´erise donc le triplet (b, c, F).

Remarque 2.3.3. Remarquons que pour une fonctionψdonn´ee par (2.2), et donc associ´ee au triplet (b, c, F) et la fonction de troncationh, alors pour la fonction de troncationhla fonctionψest associ´ee au triplet (b, c, F) avec :

F =F, c=c et b−b =F(h−h).

♦ Lemme 2.3.4. Si le triplet (b, c, F) v´erifie les hypoth`eses (2.3), alors il existe µ une mesure de probabilit´e ID dont le logarithme complexe est donn´e par ψb,c,F (i.e. µˆ = exp(ψb,c,F)) d´efinie par (2.2).

D´emonstration. Soitn∈N. On poseIn={x;|x|>1/n}. On consid`ereµn la loi deXn d´efini par Xn=b−

Z

|x|>1/n

h(x)F(dx) +Y +Zn,

o`u Y et Zn sont des variables al´eatoires ind´ependantes,Y de loi gaussienneN(0, c) et Zn de loi de Poisson compos´e de param`etre (θn, Gn) avec :

θn=F(In) et Gn(dx) = 1 θn

1In(x)F(dx).

On a :

ˆ

µn= exp(ψn) et ψn(u) =iub−c 2u2+

Z

In

eiux−1−iuh(x) F(dx).

Comme les lois deY et Zn sont ID et que Y etZn sont ind´ependantes, on en d´eduit que µn est ID.

Par convergence domin´ee, on a limn+ψnb,c,F et donc limn+µˆn= exp(ψb,c,F). Comme la fonction exp(ψb,c,F) est continue en 0, on d´eduit du th´eor`eme de L´evy 4.2.6 qu’il existe une mesure de probabilit´eµ telle que ˆµ= exp(ψb,c,F) et (µn, n∈N) converge en loi vers µ. On d´eduit alors du corollaire 2.2.4 queµest ID.

Le th´eor`eme suivant ´etablit un lien entre la convergence des triplets et la convergence en loi des loi ID.

(13)

2.3. FORMULE DE L ´EVY-KHINTCHINE (CAS R ´EEL) 13 Th´eor`eme 2.3.5. Soit hune fonction de troncation fix´ee continue. Soit(µn, n∈N)une suite de me- sure de probabilit´e ID dont les logarithmes complexes sont de la forme (2.2) avec les triplets respectifs (bn, cn, Fn)v´erifiant les hypoth`eses (2.3). Soitµune mesure de probabilit´e ID. Les deux propri´et´es a) et b) suivantes sont ´equivalentes o`u :

a) La suite (µn, n∈N)converge en loi vers µ.

b) Il existe un triplet(b, c, F)v´erifiant les hypoth`eses (2.3) tel que le logarithme complexe deµˆ est donn´e parψb,c,F d´efini dans (2.2) ; et le triplet (b, c, F)est caract´eris´e par :

(i) b= limn+bn.

(ii) Pour toute fonctionf continue born´ee, nulle sur un voisinage de0,F(f) = limn+Fn(f).

(iii) c+F(h2) = limn+cn+Fn(h2).

De plus, les conditions (i) et (ii) impliquent la condition (ii’) suivante : Pour toute fonctionf continue born´ee telle que f =o(x2)en0 (i.e.limx0f(x)/x2= 0),F(f) = limn+Fn(f).

D´emonstration. Montrons que b) implique a).

Grˆace au th´eor`eme de L´evy 4.2.6 et au lemme 2.3.4, il suffit de d´emontrer que limn+ψbn,cn,Fn= ψb,c,F.

On pose ˜cn=cn+Fn(h2) et ˜c=c+F(h2). On remarque que ψbn,cn,Fn(u) =iubn−c˜n

2 u2+ Z

R

ϕu(x)Fn(dx) =iubn−˜cn

2u2+Fnu), o`u

ϕu(x) = eiux−1−iuh(x) +u2 2 h2(x).

La fonction ϕu est continue born´ee et ϕu = o(x2) en 0 car h(x) = x sur un voisinage de 0. Si la condition (ii’) est satisfaite alors on a limn+ψbn,cn,Fnb,c,F et donc b) implique a).

Il reste donc `a montrer que les conditions (i) et (ii) impliquent la condition (ii’). Soitf continue born´ee telle quef =o(x2) en 0. Soit η >0. Comme f =o(x2) en 0, il existeε >0 (petit) tel que :

|f(x)|1[ε,ε](x)≤ηx21[ε,ε](x)≤ηh2(x).

Soitgεune fonction continue positive born´ee par 1, nulle sur [−ε/2, ε/2] et ´egale `a 1 sur ]−ε, ε[c. On a :

Fn(f) =Fn(f gε) +Fn(f(1−gε)).

La propri´et´e (ii) assure que limn+Fn(f gε) =F(f gε). On a ´egalement :

|Fn(f(1−gε))| ≤Fn(|f|1[ε,ε])≤ηFn(h2)≤η˜cn. De mani`ere similaire|F(f(1−gε))| ≤η˜c. On en d´eduit donc que :

lim sup

n+ |Fn(f)−F(f)| ≤2ηc.˜ Commeη >0 est arbitraire et ˜cest fini, on en d´eduit que :

nlim+|Fn(f)−F(f)|= 0.

Ceci assure que (ii’) est v´erifi´e.

Montrons que a) implique b).

On noteψnbn,cn,Fn. Le corollaire 2.2.4 assure queµest ID et le point (i) du lemme 2.2.3 que logarithme complexeψde ˆµest bien d´efini. Le th´eor`eme 4.2.6 de L´evy assure que (ˆµn, n∈N) converge vers ˆµ uniform´ement sur les compacts. Le point (ii) du lemme 2.2.3 assure alors que (ψn, n ∈ N) converge versψ uniform´ement sur les compacts. On consid`ere les mesures

Hn(dx) = cn

6 δ0(dx) +

1−sin(x) x

Fn(dx).

(14)

14 CHAPITRE 2. LOIS INFINIMENT DIVISIBLES Les hypoth`eses 2.3 surFn impliquent que la mesureHn est finie. Les calculs de la d´emonstration du lemme 2.3.2 assurent que :

n(u) =ψn(u)−1 2

Z 1

1

ψn(u+t)dt.

Comme (ψn, n∈N) converge versψuniform´ement sur les compacts, on en d´eduit que la suite ( ˆHn, n∈ N) converge simplement vers la fonctiongd´efinie par :

g(u) =ψ(u)−1 2

Z 1

1

ψ(u+t)dt.

La fonctiong´etant continue en 0, on d´eduit du th´eor`eme 4.2.6 de L´evy qu’il existe une mesure finie H telle que ˆH =g et (Hn, n∈N) converge ´etroitement versH. On d´efinit de mani`ere unique c≥0 etF par :

H(dx) = c

0(dx) +

1−sin(x) x

F(dx), o`uF({0}) = 0 etF int`egre la fonction min(1, x2). En effet, on a :

Z

R

F(dx) min(1, x2) = Z

R\{0}

H(dx) min(1, x2) 1−sin(x)x

<+∞.

Soitf continue born´ee telle que limx0f(x)/x2 existe. On consid`ere la fonctionϕf, d´efinie par : ϕf(0) = 6 lim

y0f(y)/y2 et ϕf(x) = f(x) 1−sin(x)x

pourx6= 0.

La fonctionϕf est continue born´ee surR. On a donc : cn

6 ϕf(0) +Fn(f) =Hnf) −−−−−→n+ H(ϕf) = c

f(0) +F(f). (2.4) Il est imm´ediat d’en d´eduire les propri´et´es (ii) et (ii’).

Avecf =h2, on aϕh2(0) = 6 et la fonctionϕh2 est continue est born´ee. On d´eduit donc de (2.4) que :

cn+Fn(h2) =Hnh2) −−−−−→n

+ H(ϕh2) =c+F(h2).

Ceci assure la propri´et´e (iii).

On pose :

k(u) =ψ(u) +c 2u2

Z

R

F(dx) eiux−1−iuh(x) .

Remarquons que :

k(u) =ψ(u) +c+F(h2) 2 u2

Z

R

F(dx)

eiux−1−iuh(x) +h(x)2 2 u2

.

On d´eduit de (ii’) et (iii) que :

nlim+iubn= lim

n+ψn(u) +cn+Fn(h2)

2 u2

Z

R

Fn(dx)

eiux−1−iuh(x) +h(x)2 2 u2

=k(u).

Ceci assure la convergence de la suite (bn, n ∈ N) vers une limite b et donc la propri´et´e (i). On en d´eduitk(u) =iubetψ=ψb,c,F. Le logarithme complexe deµest donc donn´e parψb,c,F. Ceci termine la d´emonstration de b).

(15)

2.4. FORMULE DE L ´EVY-KHINTCHINE (CAS VECTORIEL) 15 On ´enonce le r´esultat principal de ce chapitre.

Th´eor`eme 2.3.6. Soit µ une mesure de probabilit´e ID. Alors, pour une fonction h de troncation fix´ee, il existe un unique triplet (b, c, F)v´erifiant (2.3) tel que :

ˆ

µ= exp (ψb,c,F). (2.5)

D´emonstration. Soitµune mesure de probabilit´e ID. La proposition 2.2.6 assure queµest limite de loi de Poisson compos´e. L’exemple 2 de la remarque 2.3.1 assure que le logarithme complexe de la fonction caract´eristique d’une loi de Poisson compos´e est de la forme (2.2) o`u le triplet caract´eristique v´erifie les hypoth`eses (2.3). Le th´eor`eme 2.3.5 assure alors qu’il existe un triplet (b, c, F) v´erifiant les hypoth`eses (2.3) tel que le logarithme complexe de ˆµest donn´e parψb,c,F d´efini dans (2.2). L’unicit´e d´ecoule du lemme 2.3.2.

2.4 Formule de L´ evy-Khintchine (cas vectoriel)

On consid`ere dans ce paragraphe des variables al´eatoires vectorielles. On note h·,·i le produit scalaire de Rdet |·|la norme correspondante.

On dit que h est une fonction de troncation sur Rd si h est d´efinie sur Rd, `a valeurs dans Rd, mesurable born´ee, `a support compact et telle queh(x) =xsur un voisinage ouvert de 0. Soithune fonction de troncation fix´ee. On consid`ere la fonction suivante d´efinie sur R:

ψb,c,F(u) =ihu, bi −hu, cui

2 +

Z

R

eihu,xi−1−ihu, h(x)i

F(dx), (2.6)

o`u le triplet (b, c, F) v´erifie les conditions suivantes :

b∈Rd, c est une matrice de tailled×dsym´etrique positive (i.e. hu, cui ≥0 pour toutu∈Rd) et F est une mesure sur Rdtelle que F({0}) = 0 et

Z

R

min(1,|x|2)F(dx)<+∞. (2.7) Les th´eor`emes 2.3.5 et 2.3.6 restent vrais pour des lois de probabilit´es d´efinies sur Rd, avec (2.2) et (2.3) remplac´es par (2.6) et (2.7).

On utilisera la d´efinition suivante.

D´efinition 2.4.1. Soit µ une mesure de probabilit´e ID (r´eelle ou vectorielle) et (b, c, F) le triplet d´efini par µˆ= exp (ψb,c,F) est appel´e triplet caract´eristique deµ.

(16)

16 CHAPITRE 2. LOIS INFINIMENT DIVISIBLES

(17)

Chapitre 3

Description des PAIS

On donne la d´efinition suivante.

D´efinition 3.0.2. SoitX = (Xt, t≥0)un processus `a valeurs dansRdd´efini sur un espace probabilis´e (Ω,F,P). On dit queX est un processus `a accroissements ind´ependants et stationnaires (PAIS) si :

(i) Pour touss, t≥0,Xt+s−Xt est ind´ependant de σ(Xu, u∈[0, t]).

(ii) Pour touss, t≥0,Xt+s−Xta mˆeme loi queXs.

(iii) La fonction(t, ω)→Xt(ω) est mesurable par rapport `a la tribu F ⊗ B(R).

On d´eduit de (1.1) que siX est un PAIS alorsXtest ID.

3.1 Semi-groupe de convolution

On donne la d´efinition suivante.

D´efinition 3.1.1. On dit qu’une famille de probabilit´es (µt, t ≥ 0) sur Rd est un semi-groupe de convolution si, pour tous t, s ≥ 0, on a µˆt+s = ˆµtµˆs. On dit que le semi-groupe de convolution (µt, t≥0)est mesurable si pour tout bor´elien Al’application t→µt(A)est mesurable.

La proposition suivante ´etablit le lien entre semi-groupe de convolution et loi ID.

Proposition 3.1.2. On a :

(i) Si(µt, t≥0)est un semi-groupe de convolution alors µtest une mesure de probabilit´e ID.

(ii) Siµest une mesure de probabilit´e ID alors il existe un semi-groupe de convolution(µt, t≥0) tel queµ1=µ.

D´emonstration. Le point (i) est imm´ediat car ˆµt= (ˆµt/n)n. Pour le point (ii), le th´eor`eme 2.3.6 assure que :

ˆ

µ= exp (ψb,c,F).

pour un certain triplet (b, c, F) v´erifiant (2.7). Soitt≥0. On remarque que : tψb,c,Ftb,tc,tF,

et le triplet (tb, tc, tF) v´erifie (2.7). Ceci assure que exp (tψb,c,F) est la fonction caract´eristique d’une mesure de probabilit´eµt, et on a :

ˆ

µt= exp (tψb,c,F).

Il est alors ´evident que (µt, t≥0) est un semi-groupe de convolution.

On rappelle le r´esultat suivant (voir [4]).

17

(18)

18 CHAPITRE 3. DESCRIPTION DES PAIS Lemme 3.1.3. Soit a = (a(t), t ≥ 0) une fonction r´eelle mesurable telle que, pour tout t, s ≥ 0, a(t+s) =a(t) +a(s). Alors pour toutt≥0, on a a(t) =t a(1).

On en d´eduit le corollaire suivant.

Corollaire 3.1.4. Si(µt, t≥0)est un semi-groupe de convolution mesurable, alors il existe un unique triplet(b, c, F)v´erifiant (2.3) tel que :

ˆ

µt= exp (tψb,c,F). De plus(µt, t≥0) est continu pour la convergence ´etroite.

D´emonstration. Commeµtest ID, son logarithme complexeψtest uniquement d´efini, et ˆµt= exp(ψt).

Comme ˆµt+s= ˆµtµˆs, on en d´eduit que (par unicit´e du logarithme complexe, voir le lemme 2.2.3), que, pour toutt, s≥0 etu∈R, on aψt+s(u) =ψt(u) +ψs(u). La mesurabilit´e du semi-groupe implique la mesurabilit´e de la fonctiont→ψt(u). On d´eduit du lemme 3.1.3 queψt(u) =tψ1(u). Ceci donne la premi`ere partie du corollaire. La continuit´e du semi-groupe pour la convergence ´etroite d´ecoule de la continuit´e (ent) de ˆµt(u).

On en d´eduit donc le th´eor`eme suivant.

Th´eor`eme 3.1.5. On a :

(i) Si X= (Xt, t≥0) est un PAIS alors(µt, t≥0), o`uµt est la loi deXt, est un semi-groupe de convolution mesurable.

(ii) Si (µt, t ≥ 0), o`u µt est un semi-groupe de convolution mesurable, alors il existe un PAIS X = (Xt, t≥0) tel queµt est la loi deXt.

D´emonstration. La point (i) est imm´ediat et le point (ii) d´ecoule du th´eor`eme d’extension de Kolmo- gorov, voir [3].

3.2 Propri´ et´ es trajectorielles et propri´ et´ e de Markov fort

On a le lemme suivant.

Lemme 3.2.1. SiX = (Xt, t≥0) est un PAIS alorsX est continu en probabilit´e.

D´emonstration. On consid`ere la continuit´e `a droite. On a les ´equivalences suivantes : Xt

−−→tP

s Xs⇐⇒Xt−Xs

−−→tP

s 0⇐⇒Xt−Xs

−−→tloi

s 0⇐⇒Xts

−−→tloi

s 0⇐⇒µˆts −−→t

s 1.

La continuit´e `a gauche est similaire.

Pour d´emontrer qu’un PAIS est un processus `a trajectoires continues `a droite avec des limites `a gauche (cad-lag) il faut utiliser le th´eor`eme suivant que nous admettrons.

Th´eor`eme 3.2.2. Soit M = (Mt, t≥0) une sous-martingale continue `a droite en probabilit´e. Alors il existe une version de M (i.e. un processus mesurable(Mt, t≥0) tel que pour toutt ≥0,P(Mt = Mt) = 1) cad-lag.

La proposition suivante assure que les PAIS sont cad-lag, quitte `a les remplacer par leur version cad-lag.

Proposition 3.2.3. Tout PAIS poss`ede une version cad-lag.

(19)

3.3. MESURES PONCTUELLES DE POISSON 19 D´emonstration. On donne la d´emonstration dans le cas r´eel. SoitX = (Xt, t≥0) un PAIS. On pose pour u∈Ret t≥0 :

Mtu= eiuXttψ(u).

Les martingalesMu= (Mtu, t≥0) sont continues en probabilit´es. On en d´eduit que pourufix´e, p.s.

le processus (Mtu, t∈Q+) admet des limites `a droite et `a gauche en toutt∈R+. Ainsi, p.s. (enω) et du-p.p. (pour la mesure de Lebesque surR), le processus (Mtu, t∈Q+) admet des limites `a droite et

`

a gauche en tout t∈R+.

Remarquons que exp(iub) peut s’interpr´eter comme la transform´ee de Fourier de la masse de Dirac enb. En reprenant la d´emonstration du lemme 4.2.7, on remarque que si (exp (iuan), n≥0) converge vers exp (iua), quandntend vers l’infini,du-p.p., alors la suite (δan, n≥0) est relativement compacte.

Ceci implique que la suite (an, n≥0) est relativement compacte. Sib est une valeur d’adh´erence de la suite on en d´eduit que exp (iub) = exp (iua) p.p., puis pour toutu∈R par continuit´e. Comme la transform´ee de Fourier d’une mesure la caract´erise, on en d´eduit que b=a. Donc la suite (an, n≥0) converge versa.

On d´eduit de ce qui pr´ec`ede que p.s. (Xt, t∈Q+) admet des limites `a droite et `a gauche en tout t ∈ R+. Pour t ∈R+\Q+, on pose Xt = limst;sQ+Xs. Le processus (Xt, t ≥0) est alors cad-lag.

CommeX est continu en probabilit´e, on en d´eduit queX est une version deX.

Le th´eor`eme suivant sur la propri´et´e forte de Markov, que nous admettrons, se d´emontre en utilisant des approximations discr`etes croissantes des temps d’arrˆet.

Th´eor`eme 3.2.4. Soit T une temps d’arrˆet fini p.s. et soit X = (Xt, t ≥ 0) un PAIS. Alors le processus Y = (Xt+T −XT, t≥0)a mˆeme loi queX et est ind´ependant de σ(Xu, u∈[0, T]).

3.3 Mesures ponctuelles de Poisson

La notion de mesure ponctuelle de Poisson est tr`es utile pour la repr´esentation des PAIS et pour d´efinir des int´egrales stochastiques par rapport aux PAIS.

D´efinition 3.3.1. Soit µ une mesure σ-finie sur (Rd,B(Rd)) non atomique (i.e. pour tout x∈Rd, µ({x}) = 0). On dit queN est une mesure ponctuelle de Poisson d’intensit´eµ si :

Mesure al´eatoire. La mesure N est al´eatoire : A→ N(ω, A) est une mesure et ω → N(ω, A) est mesurable pour tout A∈ B(Rd).

Mesure ponctuelle. La mesure N est ponctuelle : N(ω, dx) = X

iI(ω)

δxi(ω)(dx), o`u p.s.xi6=xj pouri6=j.

Ind´ependance. Pour tout suite au plus d´enombrable de bor´eliens (Ak, k ∈K)deux `a deux dis- joints, les variables al´eatoires (N(Ak), k∈K)sont ind´ependantes.

Intensit´e. Pour tout bor´elien A, on aE[N(A)] =µ(A).

On a le th´eor`eme suivant qui motive la r´ef´erence `a la loi de Poisson.

Th´eor`eme 3.3.2. Soit N une mesure ponctuelle de Poisson d’intensit´e µ (non-atomique) et A un bor´elien.

(i) Siµ(A)<+∞alors N(A)est une variable al´eatoire de Poisson de param`etreµ(A).

(ii) Siµ(A) = +∞ alors p.s. on aN(A) = +∞.

D´emonstration. Le point (ii) d´ecoule du point (i). En effet soit A un bor´elien tel queµ(A) = +∞. Comme µ est non-atomique il existe une suite de bor´eliens (An, n ∈ N) disjoints deux `a deux tels que S

nNAn ⊂Aet µ(An) = 1. Le point (i) assure que les variables al´eatoires (N(An), n∈N) sont

(20)

20 CHAPITRE 3. DESCRIPTION DES PAIS ind´ependantes de loi de Poisson de param`etre 1. On d´eduit de la loi forte des grands nombres que p.s.

N(A)≥P

nNN(An) = +∞.

La d´emonstration du point (i) se fait en trois ´etapes. On consid`ereϕA la transform´ee de Laplace de la loiµA deN(A), pour λ≥0 :

ϕA(λ) =Eh

eλN(A)i .

En particulier, on a :

0≤1−ϕA(λ) =Eh

1−eλN(A)i

≤λE[N(A)] =λµ(A). (3.1)

Etape 1. On montre que la loi de´ N(A) est ID.

Soitn≥2. Commeµest sans atome, il existe (Akn,1≤k≤n) bor´eliens disjoints deux `a deux tels queSn

k=1Akn =Aet µ(Akn) =µ(A)/n. On a, en utilisant (3.1) : ϕA(λ) =

n

Y

k=1

ϕAkn(λ) = ePnk=1log

1(1ϕAk

n(λ))

= ePnk=1

1ϕAk

n(λ)

+o(1)

= en

1 n

Pn k=1ϕAk

n(λ)1

+o(1).

On en d´eduit donc :

nlim+en

1 n

Pn k=1ϕAk

n(λ)1

A(λ).

Le membre de gauche correspond `a la transform´ee de Laplace d’une loi de Poisson compos´e de pa- ram`etre (n, Gn) o`uGn= n1Pn

k=1µAkn. On en d´eduit donc que la loi deN(A) est limite de loi ID. Le corollaire 2.2.4 assure que la loi deN(A) est ID.

Etape 2. On montre que la loi de´ N(A) est une loi de Poisson compos´e.

Soit (b, c, FA) le triplet caract´eristique associ´e `a la loi de N(A). On suppose que la fonction de troncation est nulle surBc1/2. On reprend les notations de l’´etape 1. Comme les variables al´eatoires N(Akn) sont `a valeurs dans N, on en d´eduit queµAkn est une mesure de probabilit´e sur Net doncGn

aussi. Le triplet caract´eristique associ´e `a la loi de Poisson compos´e de param`etre (n, Gn) est donc (0,0, nGn). En particulierGn(h2) = 0. L’´etape 1 et le th´eor`eme 2.3.5 assurent queb= 0 etc= 0. De plusFA est une mesure surN comme limite de mesures surN etFA est finie car elle v´erifie (2.3).

Etape 3. On montre que la loi de´ N(A) est la loi de Poisson de param`etreµ(A).

La variableN(A) a mˆeme loi quePR

k=1Yk o`u les variables al´eatoires (Yk, k ∈N) sont ind´epen- dantes de loi FA/FA(N) et R est de loi de Poisson de param`etre FA(R) =FA(N). On d´eduit de l’´etape 2 que :

Eh

eλN(A)i

= exp Z

N

FA(dx)(eλx−1)

. En faisant convergerλvers +∞, on obtient :

P(N(A) = 0) = eFA(N)=P(R= 0).

On a ´egalement

P(N(A) = 1) =P(R= 1)P(Y1= 1) = FA({1})

FA(N)FA(N) eFA(N)=FA({1}) eFA(N).

Pour tout n ≥ 2, on se donne des bor´eliens (Akn,1 ≤ k ≤ kn) disjoints deux `a deux tels que µ(Akn) ≤ 1/n et soit diam (Akn) ≤ 1/n (bor´elien de petit diam`etre) soit d(0, Akn) ≥ n (bor´elien `a

(21)

3.3. MESURES PONCTUELLES DE POISSON 21 distance grande de l’origine). Par d´efinition des mesures ponctuelles de Poisson et les propri´et´es des processus de Poisson compos´e, on aPkn

k=1FAkn=FA, car les bor´eliens (Akn,1≤k≤kn) sont disjoints deux `a deux. CommeN est une mesure ponctuelle finie, on a :

(3.2)

nlim+P(N(Akn)∈ {0,1}, pour tout 1≤k≤kn) = 1.

Par ailleurs, on a :

P(N(Akn)∈ {0,1}, pour tout 1≤k≤kn) =

kn

Y

k=1

P(N(Akn)∈ {0,1})

=

kn

Y

k=1

eFAkn(N) 1 +FAkn({1})

= eFA(N)e

Pkn

k=1log 1+FAk

n({1})

.

Comme :

FAkn({1}) =P(N(Akn) = 1) eFAkn(N

)

≤E[N(Akn)] eFA(N)= µ(Akn)

P(N(A) = 0) ≤ 1 nP(N(A) = 0), on en d´eduit que :

kn

X

k=1

log 1 +FAkn({1})

=

kn

X

k=1

FAkn({1}) +o(1).

On obtient :

P(N(Akn)∈ {0,1}, pour tout 1≤k≤kn) = eFA(N)+FA({1})+o(1).

On d´eduit donc de (3.2) que FA(N) =FA({1}) et doncFA =FA(N1. Ceci assure queN(A) est de loi de Poisson de param`etreE[N(A)] =µ(A).

Exercice 3.3.3. Soit (Nt, t ≥ 0) un processus de Poisson d’intensit´e θ > 0. On d´efini la mesure ponctuelle N =P

t01{Nt−6=Nt}δt. Montrer queN est une mesure ponctuelle de Poisson d’intensit´e

θ1{x0}dx.

Le th´eor`eme suivant permet de construire explicitement des mesures ponctuelles de Poisson.

Th´eor`eme 3.3.4. Soit µ une mesure sur Rd non-atomique. Soit (Ei, i∈I) une partition de Rd en un nombre au plus d´enombrable de bor´eliens tels que0< µ(Ei)<+∞. On noteµi=1Ei

1

µ(Ei)µ. Soit Xi etYi,k pouri∈I etk∈N des variables al´eatoires ind´ependantes, avec Xi de loi de Poisson de param`etre µ(Ei)etYi,k de loi µi. La mesure al´eatoireN d´efinie par

N(dx) =X

iI Xi

X

k=1

δYi,k(dx) est une mesure de ponctuelle de Poisson d’intensit´e µ.

D´emonstration. La mesure al´eatoireN est ponctuelle si pour tout (i, k)6= (j, ℓ) on aYi,k 6=Yj,ℓ. On a :

P(∃(i, k)6= (j, ℓ);Yi,k=Yj,ℓ)≤ X

(i,k)6=(j,ℓ)

P(Yi,k =Yj,ℓ).

Commeµest non-atomique et queYi,k etYj,ℓ sont ind´ependantes, on en d´eduit queP(Yi,k =Yj,ℓ) = 0 et donc N est une mesure ponctuelle.

(22)

22 CHAPITRE 3. DESCRIPTION DES PAIS Soit (Aj, j ∈ J) une suite au plus d´enombrable de bor´eliens disjoints deux `a deux. Quitte `a consid´erer (Aj∩Ei, i ∈ I) plutˆot queAj, on peut supposer que pour tout j ∈ J, Aj ⊂ Eij pour un certain indiceij ∈I. On pose θi =µ(Ei). En utilisant l’ind´ependance, et en conditionnant par (Xi, i∈I), il vient pour (λj, j∈J) des r´eels positifs :

Eh

ePj∈JλjN(Aj)i

=Y

iI

X

nN

θni eθi n! E

exp(− X

j;ij=i

λj n

X

k=1

1Aj(Yi,k))

=Y

iI

X

nN

θni eθi n!

 Z

µi(dx) exp(− X

j;ij=i

λj1Aj(x))

n

=Y

iI

exp Z

Ei

µ(dx)h e

P

j;ij=iλj1Aj(x)

−1i

= exp Z

µ(dx)h

ePj∈Jλj1Aj(x)−1i

= exp

 Z

µ(dx)X

jJ

1Aj(x)

eλj−1

=Y

jJ

exp µ(Aj)

eλj−1 .

Ceci assure que les variables al´eatoires (N(Aj), j ∈ J) sont ind´ependantes et de loi de Poisson de param`etreµ(Aj), et doncN est une mesure ponctuelle de Poisson d’intensit´eµ.

On d´eduit du th´eor`eme 3.3.2 le corollaire suivant.

Corollaire 3.3.5. Soit N une mesure ponctuelle de Poisson d’intensit´e µ (non-atomique). Soit (Ak, k∈K)une partition deRd au plus d´enombrable. Alors les mesures al´eatoires(1Ak(x)N(dx), k ∈ K)sont des mesures ponctuelles de Poisson ind´ependantes et d’intensit´e respective 1Ak(x)µ(dx).

Si µest une mesure surRd, on noteµ(f) =R

f(x)µ(dx).

Lemme 3.3.6. Soit f une fonction mesurable positive d´efinie surRd. SoitN une mesure ponctuelle de Poisson d’intensit´eµ(non-atomique). On a :

Eh

eN(f)i

= exp Z

µ(dx) (ef(x)−1)

. (3.3)

D´emonstration. On d´eduit de la d´emonstration du th´eor`eme 3.3.4 que la formule (3.3) est vraie pour des fonctions simples positivesi.e.de la formeP

jJλj1Aj o`u les (Aj, j∈J) sont deux `a deux disjoints, les (λj, j∈J) sont positifs etJ est au plus d´enombrable. Toute fonction bor´elienne positive est limite croissante de fonctions simples positives. Des arguments de convergence monotone et domin´ee assure alors que (3.3) est vraie pour toute fonction bor´elienne positive.

3.4 Mesures ponctuelles de Poisson et processus de Poisson compos´ e

On peut construire des processus de Poisson compos´e `a l’aide des mesures ponctuelles de Poisson.

Proposition 3.4.1. Soit µ une mesure finie surRd. SoitV(dsdy) =P

iIδ(si,Yi)(dsdy) une mesure ponctuelle de Poisson d’intensit´e1{s>0}ds µ(dy). Le processusU = (Ut, t≥0) d´efini par :

Ut=X

iI

1{sit}Yi,

(23)

3.4. MESURES PONCTUELLES DE POISSON ET PROCESSUS DE POISSON COMPOS ´E 23 est un Processus de Poisson compos´e de param`etre (θ, G) o`u θ=µ(Rd)etG=1θµ.

D´emonstration. Soit t > 0 fix´e. Le corollaire 3.3.5 assure que (Yi, si ≤ t) et (Yj, sj > t) sont ind´ependants. En particulier, pour s ≥ 0, Ut+s−Ut est ind´ependant de (Uu, u ∈ [0, t]). Enfin la mesure al´eatoire P

iI1{t<sit+s}δ(sit,Yi)(dsdy) est une mesure ponctuelle de Poisson d’intensit´e 1[0,s](r)dr µ(dy). Elle a donc mˆeme loi queP

iI1{sis}δ(sit,Yi)(dsdy). On en d´eduit queUt+s−Ut

a mˆeme loi queUs. Le processus (Ut, t≥0) est donc un PAIS. La formule (3.3) assure que pourλ≥0 : E

eλUt

= exp Z

dsµ(dx)1[0,t](s)(eλx−1)

= exp

t Z

µ(dx) (eλx−1)

.

On en d´eduit que (Ut, t≥0) est un Poisson compos´e de param`etre (µ(Rd), µ/µ(Rd)).

Si µ({0}) = 0, on en d´eduit que{si, i∈I} repr´esente l’ensemble des temps de saut du processus U : {si, i∈ I} ={s; ∆Us 6= 0}, o`u ∆Us =Us−Us. De plus,Yi repr´esente le saut `a l’instant si : Yi = ∆Usi. En particulier, on peut reconstruire la mesure ponctuelle V `a l’aide de U. Par abus de notation, on ´ecrira ´egalementV sous la forme :

V = X

∆Us6=0

δ(s,∆Us).

On a le lemme suivant associ´e aux processus de Poisson compos´e.

Lemme 3.4.2. Soit U = (Ut, t≥0) un processus de Poisson compos´e de param`etre(θ, G). On note F =θG. Soitf une fonction mesurable. On pose :

Ntf = X

st,∆Us6=0

f(∆Us).

(i) Si f ∈L1(F), alors Mf = (Mtf, t≥0)o`u Mtf =Ntf −tF(f) est une martingale (par rapport

`

a la filtration naturelle de U).

(ii) Si f ∈L2(F), alors

(Mtf)2−tF(f2), t≥0

o`u Mtf =Ntf−tF(f) est une martingale (par rapport `a la filtration naturelle deU).

D´emonstration. Par construction (Ntf, t ≥ 0) est une processus de Poisson compos´e de param`etre (θ, Gf), o`u Gf est la loi def(Y) quandY est de loiG. On a :

|Ntf| ≤ X

st,∆Us6=0

|f(∆Us)|.

Commef ∈L1(F), on d´eduit de (1.2) que : E[|Ntf|]≤t

Z

|f(x)|F(dx)<+∞. Le processusMf est donc int´egrable. Il vient :

E[Mt+sf |Ft] =Ntf−(t+s)F(f) +E[Nt+sf −Ntf|Ft]

=Ntf−(t+s)F(f) +E[Nt+sf −Ntf]

=Ntf−(t+s)F(f) +E[Nsf]

=Mtf,

o`u on utilise que Nf est `a accroissements ind´ependants pour la deuxi`eme ´egalit´e, que Nf est `a accroissements stationnaires pour la troisi`eme ´egalit´e et (1.2) pour la quatri`eme.

Références

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