M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
B. J AULIN
Mesure de la ressemblance en anarchéologie
Mathématiques et sciences humaines, tome 26 (1969), p. 33-43
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1969__26__33_0>
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MESURE DE LA RESSEMBLANCE EN ANARCHÉOLOGIE
par B.
JAULIN 2
RÉSUMÉ
Le mot anarchéologie a été utilisé pour la première fois, semble-t-il, par J.-C. Gardin, dans un sens légèrement différent de
celui que nous lui donnons. En effet, on se préoccupe simplement ici de certaines pratiques que l’on rencontre maintenant en archéo-
logie : il s’agit de l’usage des algorithmes de calcul qui permettent, à partir d’une description des objets rencontrés dans les fouilles, de définir des classifications de ceux-ci. Le manque de justification dans l’emploi anarchique de ces procédures peut se manifester à différents moments. L’on s’intéresse plus particulièrement aux hypothèses relatives à la détermination des inégalités entre les
« ressemblances» des objets.
Les
algorithmes
de calcul utilisés enarchéologie,
bien que serapportant
àl’analyse
desobjets
rencontrés dans les
fouilles,
sont souvent élaborés defaçon abstraite,
ou,plutôt, indépendamment
de lavisée des
archéologues,
comme s’ilpouvait
y avoir destechniques
de calcul universelles pour lesproblèmes qui
se posent dans cettediscipline.
Aussi est-ilparfois
difficile àl’archéologue
de donner un sens auxrésultats obtenus de cette
façon.
Il a été
question
lors de cecongrès
des méthodes de calcul relatives auproblème
de la sériationdes
objets
et à celui de leur classification. Lesquestions qui
se posent enarchéologie
à propos de la notion de type, notamment cellesanalysées
par M. Borillo pour la statuairearchaïque
grecque, montrent clairement la nécessité d’étudier lespropriétés
des modèles àpartir desquels
on définit lesalgorithmes
permettant d’obtenir des classifications.
Les
principaux algorithmes
de classification dont ondispose
maintenant supposent définis sur l’ensemble fini desobjets
une structure, parexemple
une distance ou encore, unpré-ordre
sur l’ensembledes
paires d’objets
visant àreprésenter
lescomparaisons
entre les « ressemblances». Ce sont pour laplupart
desprocédures d’approximation :
on rend compte au « mieux» de la structure donnée par une classification ou une hiérarchie departitions. Or,
la notiond’approximation correspond
à unetechnique
et non pas à un
principe
du genre de ceuxqui
permettent, enstatistique
parexemple,
d’accorderquelque
crédit ou
d’interpréter
les résultats obtenus.Aussi S.
Régnier
a étudié leproblème
de savoir si deshypothèses uniquement probabilistes
surles données
permettraient d’apporter
uneréponse
auproblème
de la classification dans les casqui
nousintéressent. Il
postule simplement
que les classes que l’on recherche sont caractérisées par des distri- butions différentes dans l’ensemble desdescriptions
et montre, dans le cas nonparamétrique,
c’est-à-dire celui rencontrélorsque
l’on utilise des codesdescriptifs
constitués detraits,
que le modèlestatistique
du maximum de vraisemblance conduit à un ensemble de classification défini par une
partition
dunombre des
objets.
Il semble doncnécessaire,
dans ce cas, deprendre
en compte une « structure» surl’ensemble des
objets
si l’on veut construire par le calcul une classification.Toutefois si l’on considère des
exemples géométriques simples,
ensemble fini depoints répartis
dans le
plan
pourlesquels
on connaît lesinégalités
entre leur distanceeuclidienne,
il n’est pastoujours
1. Ce texte correspond à celui d’un exposé fait à l’occasion d’un congrès organisé par le C.N.R.S. sur le thème : « Emploi
des calculateurs en archéologie. Problèmes semiologiques et mathématiques», Marseille, 7-12 avril 1969.
2. École Pratique des Hautes Études. 6e section.
raisonnable de construire une
partition
àpartir
d’une telle donnée. D’où leproblème
abordé dans(2)
par I. C.
Lerman,
de la construction d’un test permettant dejuger
de la « classificabilité » d’un ensemble dont l’ensemble descouples
est muni d’unpré-ordre.
Mais est-on sûr que les codes
descriptifs
rencontrés enarchéologie
permettent de définir lesinégalités
entre les « ressemblances desobjets ?
La notion de ressemblance est eneffet,
dupoint
de vuede
l’archéologue,
liée à une visée : on peut être ressemblant dupoint
de vue dustyle,
sans l’être dupoint
de vue de
l’usage
ou del’époque,
etc., et, bien souvent,l’interprétation
donnée aux classifications construites par le calculcorrespond
à une de cespréoccupations. Ainsi,
on peut craindre que le souci d’ « exhaustivité »qui préside
dans laplupart
des cas à la construction des codes soit enopposition
avecla
pratique
desalgorithmes
declassification,
du fait de laprise
en compte de traits ayant des statuts différents vis-à-vis de ces diversesvisées,
et, il semble nécessaire desavoir, lorsque
l’on utilise de tellesprocédures,
si les traits que l’on considère pour décrire lesobjets
sont en accord avecl’interprétation
ou
l’usage
que l’on fera des classifications obtenues.Mais que
signifie «
être en accord » dans ce contexte. C’est ce que nous avons tenté depréciser
dans le cadre d’un modèle
théorique
dedescription qui
nous a conduit àutiliser,
à lafaçon
d’unexercice,
certaines notions de
topologie générale. Ajoutons
donc iciquelques explications
afin dejustifier,
dupoint
de vue del’archéologue,
laprise
en compte de ces notions.Une des
caractéristiques
des codes utilisés enarchéologie
est que lespropriétés
ou traitsqui
lesconstituent sont nommés dans le
langage,
ou, àdéfaut, spécifiés
par un dessinpris
comme modèle.L’ensemble des formes
(vases, haches, etc.) qu’une
telle liste depropriétés
entend« coder » a un caractèrede « continu »
(au
sens intuitif duterme)
alors que l’ensemble desdescriptions possibles
est fini si l’onutilise un nombre fini de traits. On admet donc que
chaque propriété
existant dans un code peut être« affinée », c’est-à-dire est la
conjonction
d’un nombre fini depropriétés.
Ainsi lapropriété «
avoir uneanse »
peut
donner lieu auxpropriétés «
avoir une anse concave )> et « avoir une anse convexe », chacune de cespropriétés
pouvant elle-même êtreprécisée,
etc. On est donc conduit à introduire la notion de code infini hiérarchisé. Pour ceci on utilise unalphabet
finiY,
Y ={YI’
...,yT}
et l’ensembleL(Y)
desmots que l’on
peut
construire avec cetalphabet
afin de nommer lespropriétés
constituant le code de telle sorte que lapropriété
de nom f(f
étant un mot constitué de lettres appartenant àY)
est laconjonc-
tion des
propriétés
de nomfyi,
yi appartenant àY, fyi
étant ce mot obtenu en faisant suivre le mot fde la lettre yi. Ainsi si Y =
{YI’ y2}
est réduit à deuxéléments,
on pourrafigurer
un tel code par un arbre du type de celuiindiqué
sur lafigure 1.,
la flèche entre le sommet de nom YI y, et celui de nomYl y2 y,
signifiant simplement
que lapropriété
de nom y, y, yiimplique
lapropriété
de nom Y, y,.On voit sur ce dessin
apparaître
la notion de niveaud’analyse,
mesurée par lalongueur
desmots que l’on utilise pour
désigner
lespropriétés.
Ainsi lapropriété
de nom YI y, y, est associée autroisième niveau
d’analyse.
Cette notion de niveaud’analyse
estd’usage fréquent
enarchéologie
etun des
problèmes qui
se posent dans ses termes est de savoir « àquel
niveau on doit arrêter ladescrip-
tion ». La
réponse
à cettequestion dépend
évidemment del’usage
que l’on fait des codes. Si cette ques- tion est liée à lapratique
desalgorithmes
de classificationqui
utilisent comme donnée initiale lesinégalités
entre les ressemblances desobjets,
on verra, dans le cadre des modèles que nous décrironsplus
bas danslesquels
on donne un sens au motressemblance, qu’il
existe un niveaud’analyse
fini telque les informations fournies par le code constitué des
propriétés
associées à ce niveaud’analyse
permettent
de définir lesinégalités
entre « les ressemblances » d’un nombre finid’objets.
Cette notion de niveau
d’analyse
est, sous des noms variés et selon lessituations,
très courante.Elle intervient notamment en
analyse numérique
dans l’étude desproblèmes d’approximation.
Elle estégalement
liée à la «perception »
des formes dans leplan,
dans la mesure où ellepourrait représenter l’aptitude
àregarder
deplus
ou moinsprès.
Ainsi si l’on ne retient d’une forme duplan
que sa trace surune «
grille
», et si l’on fait varier le pas de lagrille,
on obtiendra un code infini hiérarchisé pourlequel
un trait
correspond
au faitqu’une
forme coupe ou ne coupe pas un carré défini par lagrille.
Comme ilfallait
s’y attendre,
le niveaud’analyse correspondra, ici,
à lagrandeur
du pas de lagrille (cf. fig. 2).
Ces deux
exemples
de code infini hiérarchisésuggèrent
d’introduire une notion de ressemblanceentre les
objets
àpartir
de la seulehypothèse suivante, qui
semble être couramment admise dans lapratique
des codesdescriptifs :
deuxobjets
sont d’autantplus ressemblants,
que leurdescription (ou trace)
sont les mêmes à des niveauxd’analyse
d’autantplus
fins. On examinera cettehypothèse qui
conduit à l’introduction d’une
topologie
sur l’ensemble desobjets
dont lamétrique
est « bienapproximée »
si l’on
prend,
à un niveaud’analyse
fini suffisammentgrand,
le coefficient de la « différencesymétrique
Fig. 1
Fig. 2
cumulée» dans l’ensemble des
représentations.
Toutefois cettetopologie
est de dimension zéro et peut être définie en prenant comme seulehypothèse
que tous les traits constituant le code sont tels que si x est unobjet qui possède
untrait,
toutobjet «
suffisamment voisin» lepossédera également
et telle enoutre que si x est un
objet qui
nepossède
pas untrait,
toutobjet
« suffisamment voisin» ne lepossédera
pas non
plus.
Enfait,
latopologie T,
est la moins fine ou la moins riche pourlaquelle
tous les traitssatisfont,
vis-à-vis de la notion devoisinage qui
lui estassociée,
ces deuxpropriétés.
On voitapparaître
ici la notion de
voisinage
et l’on remarque alors que cette caractérisation de latopologie Tl
ne fait inter-venir que le statut des traits vis-à-vis de cette notion. La notion de ressemblance en
archéologie
étantsubjective,
on est conduit alors à introduire sur X d’autrestopologies
caractérisées seulement par les liensqu’entretiennent
chacun des traits du code avec une notion devoisinage
dont onpostule
l’existencesur l’ensemble des
objets.
Lestopologies
les moins fines satisfaisant à ces diverseshypothèses
ne sont pas,en
général,
«approximables»
par destopologies
définissables par des écarts. Aussi étudierons-nous lescas où ces
topologies
coïncident avec cellecorrespondant
à lapremière hypothèse
mentionnée ci-dessuset l’on verra que ceci se
produit
« assezfréquemment».
1. - DESCRIPTION DE LA SITUATION ET EXEMPLES.
Soit X un ensemble infini et Y un ensemble fini. On utilise les éléments du monoïde libre L
(Y)
au-dessus de Y pour indexer une famille
(Ci) fE L (y)
de sous-ensemble de X(que
l’onappellera parfois
uncode infini
hiérarchisé) possédant
les deuxpropriétés
suivantes :1)
Si e est le mot vide de L(Y), Ce
=X ; 2)
Pour tout f E L(Y),
Exemple
1.Cet
exemple correspond
à la situation que nous considérions dans l’introduction etqui
peut seprésenter
enarchéologie lorsque
l’on utilise despropriétés
que l’on « afline » pour décrire desobjets.
Les
propriétés 1)
et2)
mentionnées ci-dessus étant définies dans un modèle de la théorie desensembles,
nous devons rendre compte de cette situation dans les termes de cette théorie. Il
s’agit
là d’une traductionsans intérêt
qui
acependant,
pour notre propos,l’avantage
de mettre en évidence le caractère « syn-taxique »
de la notion depropriété
et celui «sémantique »
de celled’objet.
On peut se satisfaire de ceci : Soit U ununivers,
Y = ..., un ensemble fini et X un ensemble infini de U.Soit
(Tr)fEL(Y)
une famille de formules à une variable libre de la théorie des ensembles indexée(dans U)
par des éléments deL(Y)
telle que siCf
= {ala e X et Tf (a)
est vrai dansU }
on obtiennedans U une famille d’ensembles indexée par les éléments de
L(Y)
satisfaisant lespropriétés (1)
et(2),
c’est-à-dire criblant l’ensemble X.
(Ainsi
dans la mesure où lesobjets
considérés enarchéologie
sontdes formes de
l’espace
et où les traits considérés dans lapratique
sontexprimables
dans la théorie desensembles,
on peut rendre compte dans cette théorie de la situation que nous avons en vue. On peut admettre ainsiqu’il
existe un univers danslequel
onpuisse
trouver l’ensemble des haches commeélément de l’ensemble des
parties
de R3qui
existe dans toutunivers,
etexprimer,
dans cettethéorie,
lefait de
posséder
une arêteelliptique... Toutefois,
on ne voit absolument pas àquel
élément d’un universcorrespondrait
lapopulation
des «spartiates » (à
moins de les considérer comme « urs éléments»),
nicomment
exprimer
dans la théorie desensembles,
le fait pour une statue, d’avoir une hanchemarquée
ou non. Aussi faut-il être
prudent
quant àl’adéquation
de cequi
va suivre avec la situation rencontrée dans lapratique
des codes réels. Lesexemples qui suivent,
n’ont pas, de cepoint
de vuelà,
de caractèreambigu;
lesobjets
et lespropriétés qu’ils
mettent en cause sont bien du domaine de la théorie desensembles).
Exemple
2.L’origine
de cetexemple
est dans les recherchesentreprises
par lesspécialistes
des machines à calculerqui
sepréoccupent
de « reconnaissance des formes ».(On dispose
de «photocole
»,appareil qui
ne retient d’une forme dans leplan,
que sa trace sur unegrille
de pasvariable.)
Soit X =
/J1 ([O@ 1])2
l’ensemble desparties
fermées(pour
latopologie
usuelle duplan)
du carréayant pour côté le
segment
fermé[0, 1].
Soit Y = { a,
b,
c,d }.
Divisons ce carré en quatre autres(c égaux »
entre eux etfermés)
etnommons chacun d’entre eux par une lettre de Y.
Recommençons
cedécoupage
avec chacun despavés
obtenus...
(cf. fig. 3).
Fig. 3
Posons alors
Cf
= {X/X
c[0, 1]2
est unepartie
ferméequi
coupe le carré de nomf }.
Cetexemple
a une
parenté
avec leprécédent.
L’ensemble X que l’on considère est l’ensemble des cc formes » de[0, 1]2
et les
propriétés qui
servent à les décrirecorrespondent
au faitqu’une
forme coupe ou ne coupe pas un carré. L’on vérifie aisément que lespropriétés (1)
et(2)
sont bien satisfaites pour cette familleExemple
3.Soit : X = 2N l’ensemble des
parties
deN,
2 = {0, 1
}.Soit : Y
={a,b}.
On
désigne
parf(i)
la ieme lettre du mot f EL(Y).
Soit alors :
Cf
= {A /
A c2N,
pour tout i1(f), i
E A =>f(i)
= a }.On rencontre là encore un code infini hiérarchisé.
Remarque.
- Si l’ondésigne
parYn
l’ensemble des mots de n lettres construit surl’alphabet
Yet pn :
Yn+1-+
yn lasurjection qui,
à un mot de n + 1 lettres associe le mot constitué des npremières
lettres de ce mot - la famille F =
(Yn,
estappelée
un crible. Cette notion estutilisée,
notam-ment en
analyse numérique,
pour l’étude deproblèmes d’approximation
dans des espacesmétriques.
(On
associe à tout élément f deYn
un ferméCf
del’espace métrique,
de telle sorte que lespropriétés (1)
et
(2) ci-dessus,
soientvérifiées.)
2. -
PREMIÈRE HYPOTHÈSE
SUR LA NOTION DE RESSEMBLANCE.Les divers
exemples précédents suggèrent
d’introduire laterminologie
suivante. Pour i EN, (N désignant
l’ensemble des entiersnaturels),
onappelle
niveaud’analyse i,
la famille(Cf)frL(Y)
etl~f~~,1(f)
étant lalongueur
du mot f. D’autre part, on entendra pardescription
au niveaui, l’appli-
cation :
fi :
X - 2Y’ oùf~(x) = {h/l(h)
=i,
h e L(Y),
x eCh }.
Yidésigne
l’ensemble des mots de ilettres, i
e N.On dira que x et X ont même
description
au niveaud’analyse i,
x -x’,
si et seulement sifi (x)
=fi (x’).
iRemarquons
ici que si ij,
x - x’ x « x’. Ainsi la notion intuitive de « finessed’analyse »
1
est mesurée par la
longueur
des motsf qui
servent à nommer lespropriétés
considérées à un niveaud’analyse. Dans
le casde l’exemple 2,
lalongueur
de ces motsdéfinit
lagrandeur
du « pas de lagrille )>
et mesure, en un certain sens, la
précision
aveclaquelle
onregarde
une forme. D’autre part, dans cetexemple,
deux formes dans le carré ont mêmedescription
au niveaui,
si elles coupent les mêmescarrés,
c’est-à-dire si elles ont même trace sur lagrille
dont le pas p vaut1
21La
première
idée venant àl’esprit (notamment
dans le cas del’exemple 1)
pour définir une notion de ressemblance sur lesobjets
consisteà supposer
que deuxobjets
sont d’autantplus
voisins ou sem-blables
qu’ils
ont desdescriptions identiques
à des niveauxd’analyse
d’autantplus grand.
Aussi dira-t-on que deuxobjets
x et y sont « voisinsd’ordre i », i
EN,
si ils ont desdescriptions identiques,
x == y,i au niveau i
d’analyse.
Cette notion devoisinage
est celle associée à la structure uniforme U sur X dontune base fondamentale
d’entourage
est constituée de la famille(Vt)tEN
où :Si l’on
désigne
parUi
la structure uniforme sur X dont une base fondamentaled’entourage
estconstituée du seul sous-ensemble
Vi
de X XX,
on constate que U est bornesupérieure
des(Ui)iEN.
Or la
topologie Tl
associée àU~
peut être définie par l’écart :où : 1 ft (x) (0) fi (y) ~ 1 désigne
le cardinal de la différencesymétrique
dans Yi des sous-ensemblesfi (x)
et
fi (y).
Par
suite,
latopologie Tl
associée à la structure uniforme U est définie par l’écart :(Tl
est bornesupérieure
desTi, i
e N et s’identifie avec latopologie
induite sur ladiagonale
de II X~~où
Xi
est X muni de latopologie Ti).
Cette
hypothèse
sur la notion de ressemblance desobjets
est-elle suffisante dupoint
de vue de lapratique
des codes enarchéologie ?
N’est-il pas nécessaire de considérer d’autres écarts nonéquivalents
à ei. Afin de discuter cette
question,
nous étudierons enpremier
lieu lespropriétés
de latopologie Ti, puis
nous nous référerons àl’exemple (2)
pour constater que, bien souvent, les traits utilisés dans les codes enarchéologie
ont un statut, vis-à-vis de la notion devoisinage
associée àTi,
différent de celuiqui
leur est donné par cettetopologie.
3. -
PROPRIÉTÉS
DE LA TOPOLOGIETl.
On dira que le code infini hiérarchisé est discriminant ou fidèle si n où à
ZEN
désigne
ladiagonale
de X x X.Puisque
chacun desVi, i
eN,
s’écrit sous laforme u
fil (oc)
Xfil (ce),
(X c yt
dire que
(Cf)fEL(Y)
estdiscriminant,
c’est dire que pour toutcouple d’objets
x, y EX,
il existe unniveau
d’analyse i, i
E N tel que x ~ y, c’est-à-dire tel que x et y n’ont pas mêmedescription
à ceniveau
d’analyse.
Dans cesconditions,
latopologie Tl
estséparée,
l’écart Ci définitprécédemment
estdonc une distance.
(Remarquons
que pourl’exemple (2),
la famille(Cf)fEL(Y)
estdiscriminante,
cela résulte du fait que si A et B sont deux fermés distincts de[0, 1]2,
il existe x ~A,
x e B(par exemple)
tel que d
(x, B)
= min d(x, y)
soit strictementpositif,
ddésignant
la distance euclidiennehabituelle.)
YE B
Si l’on considère alors la
topologie
EN,
on constate que les ouverts pour cettetopologie
sont des réunions finies de sous-ensembles de la
forme, fil (oc),
(x eYe, puisque Ui
admet pour basefondamentale
d’entourage
le seul entourageVi
= Ufil (a)
xfil (a).
Par suite les sous-ensemblesCi
0153cYC
/ i B / / 1Bet
CCf
sont ouverts car ce sont des réunions defil (oc)
et commelogie Ti’
estengendrée
par lesCf
et lescomplémentaires
desCi,
f E Yi.’ ~~ -- ’ ’ ~ -- ’
Ainsi la
topologie Tl,
bornesupérieure
deTl
estengendrée
par lesCi
et lescomplémentaires
deCf,
f E
L(Y).
Cette
topologie Ti
admet une base131
dénombrable(puisque
Y estfini)
constituée d’ouverts fermés de la formef¡I (x),
car sifil (x)
n(P) 7~
0alors,
comme on le vérifiera aisément :T,
est donc totalement discontinue ethomomorphe
à latopologie
d’un sous-ensemble de l’en.semble
triadique
de Cantor2N,
c’est-à-dire à latopologie
d’un sous-ensemble de 2N muni de latopologie produit,
2 = {0, 1 }
étant muni de latopologie
discrète.En
effet,
siDl, D2’
... sont les ouverts fermés de la base131’
et si l’on posefi (x)
= 1 si x EDi,
fi (x)
= 0 si x ~Dt, fi : X -~ ~ 0, 1 }
est continuesi { o,1 }
est muni de latopologie discrète,
doncf = FI
f :
X - 2N estcontinue,
2N étant muni de latopologie produit.
En outre f estinjective
si laJEN
famille
(Cf)feL(Y)
est discriminante et f-1 :f (X) -
X est continue car :On remarquera que dans
l’exemple (3),
latopologie Tl
est exactement celle de cet espace.Pour étudier la
compacité
deT,
on utilise le lemme suivant faisant intervenir les notions intui- tivesd’arbre,
de branche d’unarbre,
de niveau d’un sommet dansl’arbre,
etc. « Si A est un sous-ensemblequelconque
de l’ensemble des sommets d’un arbre infini de type fini tel que pour toute brancheB, B n A #
0(B désignant
l’ensemble des sommets de la brancheB),
alors il existe n EN,
tel que pour toute brancheB, B fi An =1= 0,
oùAn
c Adésigne
les éléments de A ayant un niveau inférieur à n 1. »Si l’on
désigne
alors par Z l’arbre(de type
fini car Y estfini),
dont les sommetscorrespondent
aux éléments de la base la relation considérée étant l’inclusion entre ces sous-ensemble de
X,
on remarque que pour queTl
soitquasi
compacte, il faut et il suffit que pour toute branche deZ,
l’inter-section des ouverts fermés associés aux sommets de cette branche soit non vide. La condition est, évidemment nécessaire
(par
définition de lacompacité),
elle est suffisante car à tout recouvrement ouvertde X
correspond
dans ces conditions un ensemble A de sommets de l’arbre Zqui
coupe toutebranche,
donc en vertu du lemme
précédent,
il existe un sous-recouvrement fini. On dira dans ce caslà,
que le code estquasi-compact.
On en déduit : si
Tl
est compacte et sanspoint isolé,
elle esthoméomorphe
à latopologie
del’ensemble
triadique
de Cantor 2N. Eneffet,
direqu’elle
est sanspoint isolé,
c’est dire que pour tout niveaud’analyse i,
aucune classe pourl’équivalence
.--_. n’est réduite à un seul élément de X. Parsuite,
i
toutes les branches de l’arbre Z sont infinies et
correspondent
à un et seulpoint
de X(quasi-compacité
et
séparation
deTl)
et il n’existe pas de branches de Z telle que de tout sommet nepartirait qu’une
seulesous-branche.
(Par suite,
comme Y estfini,
on peut construire(par
regroupement àchaque
niveau dansl’arbre
Z),
une base131
pour latopologie Tl
constituée d’ouverts fermés tels que l’arbre Z associé vérifie les conditions deséparation
et dequasi-compacité
et en outre est telle que dechaque
sommet partent deux sous-branches. Ainsi si l’on numérote convenablement les éléments de cettebase,
on vérifie aisé-ment que
l’application
f : X - 2N définieprécédemment
est unhoméomorphisme).
Remarquons
que l’on peut obtenir très facilement destopologies Tl
non compactes.Ainsi,
siX C 0,1
est constitué des éléments rationnelsqui
ne sont pas de laforme a
2n on obtient latopologie
1. Ce lemme est une conséquence immédiate du fait qu’un produit d’espace compact est compact. En effet, si Z est un
arbre de type fini et si Ai désigne l’ensemble des sommets au niveau i, alors A = il Ai muni de la topologie produit est compact iEN
lorsque chacun des Ai est muni de la topologie discrète, puisque Ai est fini. Or l’ensemble X des branches de l’arbre Z s’identifie
A ~ A
avec un sous ensemble X fermé dans A, donc compact (car si x OE X, compte tenu du fait qu’une base de la topologie de A est
~ A -). -~ - n -
constituée des sous-ensembles de la forme w = { x / x E II A~ x > w } où w désigne un élément de II Ai et x > w signifiant
iEN ;=i
- n .
que prj x = prj w pour j = 1 à n, il existe n’est pas le commencement d’une branche de l’arbre, donc
(=1 A
i=l
A
X). Vu la nature de cette base de A, expliciter la propriété de compacité de X conduit à écrire le lemme.
usuelle de l’ensemble
Q
des rationnels endécoupant
en deux « morceauxégaux »
àchaque
niveau.De
façon générale,
onpeut
montrer, à l’aide d’unprocédé analogue
à celui utiliséprécédemment
et dufait
(supposé connu)
que latopologie
induite sur un sous-ensemble dénombrable dense de 2Nqui
necontient pas de suite
(de
0 et de1)
stationnaire est celle deQ,
que si X est dénombrable et si latopologie Tl
estséparée
et sanspoint isolé,
elle esthoméomorphe
à celle deQ.
On
vérifiera,
pour lesexemples (2)
et(3)
que latopologie Tl
est compacte et sanspoint
isolé. Elleest donc
homéomorphe
à celle de l’ensembletriadique
de Cantor 2N.Ainsi
l’hypothèse qui
a servi à introduire l’écart elconduit,
dans les deux cas que nous venons deconsidérer,
soit à latopologie
de l’ensembletriadique
deCantor,
soit à celle de la droite rationnelleQ.
En
fait, plus généralement,
si l’onimpose simplement
au code d’êtrediscriminant, la topologie
que l’on obtient est celle d’un sous-ensemble de 2N(elle
serait donc de dimension0). Or,
ceci n’estqu’une conséquence simple
du fait que latopologie Tl
estengendrée
par lesCr
et lescomplémentaires
desCf,
f E
L(Y).
Aussi notre propos maintenant est de considérer d’autrestopologies
sur X que l’on peut associer naturellement à un code infini hiérarchisé et pourlesquelles
les traitsTf
considérés dans le code auront, vis-à-vis de la notion devoisinage,
d’autrespropriétés
que celles que nous venons de mentionner.Auparavant,
considérons certainespropriétés
utilisées enarchéologie
pour décrire les formes dans leplan
etregardons,
à titre de curiosité etpeut-être
aussi pourjustifier
la définition des modèles que nousintroduirons dans le
paragraphe suivant,
leur statut vis-à-vis de latopologie Tl
définie pourl’exemple (2).
Ainsi on se rend compte aisément que les
propriétés
suivantes « être connexe », « avoir un trou » au sensintuitif,
c’est-à-direprésenter
une cavitéqui
contiendra un carré à un niveaud’analyse
suffisammentgrand,
« être uneligne polygonale
convexe ou concave de moins de n sommets », « être un arc de cercle », etc., définissent des ensembles de cc formes »qui,
pour latopologie Tl,
sont des fermés d’intérieur vide. Eneffet,
les sous-ensembles de/J1 [0, 1]2
dont les éléments satisfont lanégation
de cespropriétés,
sont
voisinages
de chacun de leurpoint,
car si x E/J1 [0, 112
ne satisfait pas l’une de cespropriétés,
ilexiste un niveau
d’analyse i
tel que toute formequi
aura mêmedescription
que x à ceniveau,
n’aura pas cettepropriété
et, d’autre part, ces ensembles sont denses pourTl,
car lesfil (oc),
oc cYi, i
EN,
consti-tuent une base pour cette
topologie
et que pour toutedescription
oc, il existe une forme ayant cettedescription qui
nepossède
pas l’une de cespropriétés. Ainsi,
si l’on utilise cespropriétés
dans un codedescriptif
pourreprésenter
les fermés de[0, 1]2,
on seraconduit,
si on leur faitjouer
le rôle d’ouvertsfermés,
à unetopologie T’
sur/J1 [0, 1]2
différente de celle obtenue dans le cadre del’exemple
2.Naturellement toutes les
propriétés
utilisées dans les codesdescriptifs
n’ont pas un statut, vis-à-vis de latopologie Tl,
de fermé d’intérieur vide. Ainsi« être un fermé dont la frontière est uneligne
continue », ou encore, ce
qui correspond
aux traits caractérisés par des dessinspris
commemodèles,
« être un fermé dont la frontière contient une
ligne
continuehomothétique
à uneligne
donnée », « êtreun fermé d’intérieur vide », etc.
Toutefois,
on a pu constaterlorsque
les traits utilisés dans lapratique
ont une définition suffisamment
précise,
que ceux-ci ne définissent pas des ouverts fermés pour latopologie Tl
del’exemple (2). (Ainsi
les ensembles de formes associées aux troispropriétés
mentionnées ci-dessus ne sont pas fermés pour latopologie Tl,
mais sont d’intérieurvide.)
Defaçon générale,
on peut dire que les traits considérés pour ladescription
des formes duplan
sont tels que leurnégation
a rarementle même statut du
point
de vue de latopologie Tl,
que lespropriétés
elles-mêmes.4. - AUTRES
HYPOTHÈSES
SUR LES RAPPORTS ENTRE UN CODE DESCRIPTIF ET UNE NOTION DE RESSEMBLANCEDÉFINIE
SUR L’ENSEMBLE DES OBJETS.On va considérer ici deux
topologies T2
etT3
associéesrespectivement
aux deuxhypothèses
suivantes :
a)
Toutobjet
x « suffisamment voisin d’unobjet
x’qui possède
lapropriété Cf,
f e L(Y), possède également
lapropriété
Cf.b)
Toutobjet
x « suffisamment voisin » d’unobjet
x’qui
nepossède
pas lapropriété Cf,
f EL(Y),
ne
possède
pas nonplus
lapropriété Cf.
Ainsi