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Et si malthus avait raison ?

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ACTUALITÉ

WWW.REVMED.CH

21 novembre 2018

2139

exigences sur le plan physique : le trans­

port et la logistique, le bâtiment, l’aide et les soins à la personne, la gestion des dé­

chets et le commerce. Ils supportent à eux seuls plus de la moitié du coût direct du

« mal de dos » et le risque d’être victime d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle y est de 1,5 à 2 fois plus élevé. Le port de charges est la première cause de survenue des lombalgies liées au travail (40 %), suivi de la manutention ma­

nuelle d’objets (23 %). A ces facteurs « phy­

siques » s’ajoutent les facteurs de risque psychosociaux qui peuvent aggraver le mal de dos ­ ou favoriser son passage à la chro­

nicité : mauvaises conditions de travail, stress, contraintes psychosociales, insatis­

1 Lombalgies récentes et exercices physiques.

Pas d’efficacité démontrée. Rev Prescrire 2018;38:851-3.

(pdf, réservé aux abonnés).

faction au travail, monotonie des tâches…

Ainsi donc, face à ces enjeux, les branches « Maladie » et « Risques profes­

sionnels » de l’Assurance Maladie fran­

çaise lancent une campagne de sensibili­

sation à destination des employeurs sur le thème publicitaire « Mal de dos ? Le bon traitement, c’est le mouvement ». Il s’agit ici d’encourager les employeurs à mettre en place des démarches de prévention collectives et à les orienter vers les solu­

tions existantes. Message : « Faites du bien à votre entreprise, agissez contre le mal de dos ». On peut le dire autrement : faire prendre conscience aux employeurs que lutter contre le mal de dos aura un effet positif tant sur la santé des salariés que

sur l’entreprise. Elaboré notamment en lien avec la Société française de médecine du travail, cette opération vise à donner les clés favorisant le maintien de l’activité professionnelle – ou sa reprise rapide – à l’ensemble des acteurs concernés. Sans oublier (sic) les professionnels de santé.

Qui manque à l’appel ?

ET SI MALTHUS AVAIT RAISON ?

Changer ses comportements, renoncer à la transhumance vacancière et adopter un style de vie plus frugal, c’est ce qui est préconisé de toutes parts pour sauver la planète des consé- quences catastrophiques du réchauffement climatique.

Mais avant de se séparer de son automobile, de se convertir au véganisme et de déchirer son billet EasyJet pour Majorque, le citoyen lambda pourrait se demander quelle est l’efficacité réelle de ces préconisations.

Cette analyse, des chercheurs des Universités de Lund et de Colom- bie-Britannique l’ont faite sur la base de 148 recommandations peer-reviewed visant à réduire l’empreinte carbone des individus dans les pays développés.1 A côté de nombreuses mesures peu efficaces – mais très souvent

recommandées – quatre actions sortent du lot car elles ont un impact important. Les voici par ordre croissant d’effet, avec l’indication du résultat en tonnes d’équivalent CO2 épargné par individu et par année (l’intervalle des valeurs exprime l’effet variable des actions suivant les pays développés considérés) : 1. adopter un régime végétarien ou végane : 0,3 – 1,6 ;

2. Renoncer à un voyage aérien au long cours : 0,7 – 2,8 ; 3. Vivre sans voiture : 1,0 – 5,3 ; 4. Avoir un enfant de moins : 23,7 – 117,7.

Les auteurs ont constaté que les mesures 1 à 3 figurent rarement dans les recommandations gouvernementales et les messages adressés aux adolescents par le biais du système scolaire. Quant à la quatrième mesure, elle est largement taboue. La réaction médiatique à cette étude l’a parfois passée sous silence ou agité le spectre du malthusianisme (voilà un spectre qui ne sert pas qu’à Halloween mais tous les jours de l’année !) ou encore insisté sur le fait que ce sont les popula- tions du Nord, prospères et gaspilleuses qui sont en cause, bien plus que les majorités du Sud, plus fécondes mais pauvres et peu consommatrices. Argument paradoxal, car il revient à se satisfaire de ce que ces popula- tions – et leurs descendants – restent dans la misère plutôt que de se rapprocher du niveau de vie occidental. Une autre réaction

courante est de sous-estimer l’énormité du problème car, croit-on, la transition démogra- phique ne manquera pas d’atteindre de proche en proche tous les pays de la planète. Argument illusoire sur le plan des dynamiques démographiques, car il sous-estime l’héritabilité de la fécondité : selon certains experts, la probabilité que la population mondiale se stabilise avant la fin du siècle est faible, peut-être de l’ordre de 5 % seulement.2

Le paradoxe de ce débat est celui-ci : plus une injonction d’autorestriction écologiquement vertueuse est inefficace pour réduire réellement l’empreinte carbone, plus elle est préconisée avec toute l’impériosité du moralisme contemporain. Tous responsables et tous coupables ! Mais la mesure de loin la plus efficace, à savoir se restreindre en matière de procréation, celle-là

est exemptée de tout appel à la responsabilité individuelle, au nom d’un droit illimité à procréer.

On peut donc être sceptique vis-à-vis des politiques publiques en matière de réchauffement climatique qui tablent sur les comportements individuels. Mais ça ne se dit pas. Nos autorités et nos intellectuels publics préfèrent le remède qui avait cours, paraît-t-il, dans les commandos de l’armée française : une pilule de Moraline et une de Motivex et on se sortira de la panade.

CARTE BLANCHE

Pr Alex Mauron

Professeur honoraire iEH2 (Institut Ethique Histoire Humanités)

Centre Médical Universitaire Rue Michel-Servet 1, 1211 Genève 4

1 Wynes S, Nicholas KA. The climate mitigation gap: education and government recommendations miss the most effective individual actions.

Environ Res Lett 2017;12:074024.

2 Collins J, Page L. The heritability of fertility makes world population stabilisation unlikely in the foreseeable future. Evolution and Human Behaviour 2018 ; in press.

D.R.

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