A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
H. B OUASSE
Sur les courbes de déformation des fils
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 2
esérie, tome 3, n
o2 (1901), p. 217-251
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SUR LES
COURBES DE DÉFORMATION DES FILS,
PAR
M.
H.BOUASSE,
Professeur à l’Université de Toulouse.
DEUXIÈME PARTIE.
CHAPITRE VIII.
SUR LES PHÉNOMÈNES DE RÉACTIVITÉ AU COUPLE NUL.
I. - DISCUSSION DES EXPÉRIENCES DE F. KOHLRAUSCH.
Nous allons
reprendre,
nouscentième,
l’étude duphénomène
de réactivité aucouple nul;
un filtordu,
ramené et maintenu aucouple
totalnul,
continuegéné-
ralement à se détordre. On considère comme
classiques
lesexpériences
deF. Kohlrausch
faites,
les unes en 1866(Pogg. Ann.,
t.CXXVIII ),
les autres en18~6 (ibid.,
t.CLVIII) ;
tous ceuxqui
ontrepris
laquestion
ontemployé
des rné-thodes et
appareils analogues
aux siens et obtenu desrésultats, je
ne dis pas aussiinexacts, je
dis aussi dénués de sens.L’hypothèse fondamentale, qui
seule peutexpliquer
latechnique
deKohlrausch,
estqu’il s’agit
de déterminer des constantes,analogues
aux densités et aux indices de réfraction descristaux, qui
caractérisentnon seulement un métal tel
qu’il
estemployé,
mais ce métal engénéral.
Onintroduit
conséquemment
dessimplifications expérimentales, illégitimes,
dès que l’on admet que lesphénomènes
actuels sont liés à toutesles opérations
anté- ,rieures.
Je vais
donc,
dans ceChapitre,
discuter lesexpériences
deKohlrausch,
décrirela
technique
correcte etrapporter
mes résultats.Résultats de Kohlrausch. - Voici d’abord la formule
qui
résume le Mémoirede 1866.
2I8
On tord un fil de
l’angle
ao, on maintient la torsion untemps T,
on ramène aucouple nul,
et l’on attend untemps
t; il y a undéplacement
azimutal x.On a,
d’après Kohlrausch,
Pour t = = o. Donc x est l’écart azimutal
compté
àpartir
de laposition d’équilibre définitive,
dont on serapproche asymptotiquement
dans le temps(les
lettres ici
employées
ne sont pas celles du Mémoireoriginal).
Lesquantités K, ~,
in sont des constantes. Or nous lisons dans les conclusions du Mémoire :
« 6. La
grandeur
na a une valeur différente pour les différentessubstances,
mais constante pour le même corps. On
peut
doncl’appeler coefficient
d’élasti-cité
résiduelle;
elle est de0,3875
pourl’argent ( t
enminutes).
» 7. Les
paramètres
Ket 03B2 dépendent
seulement del’espèce
du fil(Draht-
» 8. K
peut
êtrereprésenté
parl’expression K = K1(03B8+2I°,5)
où e est latempérature. »
Il serait
impossible
des’exprimer
autrement, s’ils’agissait
de constantes déter- minées une fois pour toutes, comme parexemple
lepoids atomique
del’argent.
Nous allons rechercher comment un observateur consciencieux a pu se tromper
assez
grossièrement
pour donner comme constants et énoncer àquatre
décimales desparamètres qui
peuvent varier de dix fois leur valeur.Choix et
préparation
dufil
étudié. -Kohlrausch,
sans s’endouter,
a limitéson étude à un cas très
particulier.
Il s’est astreint à n’étudierqu’un
seulpetit
bout de
fil
dont iln’indique
d’ailleurs ni la provenance ni l’état au début desexpériences.
Son fild’argent
avait12~n’, ~
delong
et un diamètre deomm ,092.
Les torsions étaientpoussées jusqu’à 34r°,
soitjusqu’à
2,ig millièmes.Ainsi,
ilopère
sur un fil
unique,
et les torsionsqu’il
lui fait subir sonttoujours petites.
Nouslisons enfin
au §
VI du Mémoire de 1866 : « Relativement àl’importance
de lagrandeur
de la limite d’élasticitéparfaite, je
dois confesser uneinconséquence.
Pour la
régularité,
toutes les torsions sont faites dans le même sens. Mais on n’a paspris
au début laprécaution d’éloigner
la limite d’élasticité dans ce sens, de manièrequ’ensuite
on n’aitplus
eu la crainte de ladépasser.
Celatient,
commeon l’a
dit,
à ce fait que le fil n’était destinéqu’à
des recherchespréliminaires.
))Il
s’agit donc,
dans lesexpériences
deKohlrausch,
d’un filpréparé
on ne saittrop
comment, mais tordutoujours
dans le même sens.Technique adoptée.
- La torsion et la détorsion se faisaient à lamain,
d’unemanière mal déterminée : « Il faut remarquer que, pour la
régularité,
comme ilest
impossible
d’obtenir des rotationsinstantanées,
on a fixé leur durée à 25; soiten
tordant,
soit endétordant,
la rotation commence une seconde avantl’époque
où elle est censée faite et se termine une seconde
après. »
Enconséquence,
nouspouvons définir comme suit les parcours utilisés : .
10 Torsion en 2S d’un
angle
2° Arrêt
pendant
untemps
T(qui
est, àproprement parler, supérieur
de 25 autemps
d’arrêtréel);
3° Détorsion
jusqu’au couple
nul d’unangle
a~ en 2S;4° Étude
de la détorsion aucouple nul.
Est-il
possible
de réaliser strictement cettetechnique
avecl’appareil employé, qui
estreprésenté fi y.
n Lapremière phase
del’expérience peut
à larigueur
êtreFig. i.
effectuée, puisque
le bras b quesupporte
lapièce
aasuspendue
au fil enexpé-
rience butte contre l’arrêt BB mobile autour de l’axe A.
On
peut,
à l’aide du brasCD,
faire une torsion d’unangle
connu.Cependant,
pour de
grandes torsions,
de l’ordre d’unecirconférence,
onrisque
deproduire
des
chocs,
si l’on ne veut pas que la durée de la torsion excède les 25 convenues.La troisième
phase,
laplus importante,
est inexécutable : il est, eneffet, impos-
sible de
prévoir
à l’avancel’angle
dont il faudrait détordre pour ramenerjuste-
ment le fil au
couple
nul. On estpris
entre deux alternatives : ou détordre lentement auvoisinage
ducouple
nul pour ne pas ledépasser,
ou détordre d’unangle rigoureusement égal
àl’angle
detorsion,
mais il seproduit
inévitablement des oscillations.L’angle
de détorsion aiqui
ramène aucouple
nul est, eneffet, toujours
quel’angle
de torsion autrement il ne seproduit
pas de détor- sionconsécutive,
lephénomène
à étudier est nul.°
C’est la seconde alternative que choisissait
Kohlrausch ;
aussi les oscillationsexistaient-elles, puisqu’il
nousprévient qu’elles
cessentpratiquement
losaprès
ladétorsion. A propos des effets de la
température,
il dit même que lapremière
détermination ne
peut
se faire que 3os ou~5’ après
la détorsion. Il est à noterque la manière dont on revient au
couple
nul a une influence considérable sur lesphénomènes qui
sepassent
aussitôt la détorsionfinie,
etqui
deviennentprédomi-
nants avec la
technique
de Kohlrausch.Nature des résultats que devait obtenir Kohlrausch. - Les résultats de Kohlrausch sont
peut-être
exacts, en ce sensqu’il
a fidèlement décrit lesphéno-
mènes
observés;
mais il ressemble à unexplorateur qui, parcourant
unerégion,
mesure avec
précision
la hauteur d’unpic, pris
au hasard et nonrepéré,
et déclareque tous les
pics
du pays ont la même hauteur. De telles observations sont par- faitementinutiles, puisqu’elles
n’aurontd’explication
quequand
un autre se seradonné la
peine
de tout recommencer; elles sontnuisibles,
en ce sensqu’elles
font croire
qu’une question
estdébrouillée, quand
rien n’est fait.La formule de Kohlrausch
(Chap. VI,
p.460)
conduit à une décroissance extrêmementrapide
duphénomène
de détorsionconsécutive;
elle donne uneimportance
énorme à cequi
se passe dans lespremiers
instantsqui
suivent la détorsion.J’ai montré
( passim,
parexemple, Chap. VII,
n°12,
p.10~ )
que, si l’on aug-mente la vitesse avec
laquelle
on décrit une courbe de torsion ou dedétorsion,
et si l’on arrête
brusquement
en unpoint,
la vitesse de variation ducouple (à
azimutconstant)
ou de l’azimut(à couple constant)
croîtquand
la vitesse de parcours croît : la vitesse de variation initialeaprès
l’arrêt est mêmeproportion-
nelle à la vitesse de parcours.
Après
un certain temps,pendant lequel
lecouple (ou l’azimut)
est demeuré constant, la vitesse de variation de l’azimut(ou
ducouple)
est presqueindépendante
de la vitesse de parcours au moment del’arrêt,
toutes choses
égales
d’ailleurs. Latechnique
de Kohlrausch le conduit donc àexagérer
extraordinairementl’importance
du début duphénomène;
ilopérait
avec des vitesses de détorsion
formidables, comparativement
à celles quej’ai employées
habituellement(par exemple
100, 200 foisplus grandes).
Je ne luireprocherais
donc pas sesrésultats,
s’il avait su en reconnaître la cause et s’il neles
généralisait
pas d’une manière fautive.Au
fond,
cequ’il
se borne àétudier,
c’est lephénomène
quej’ai appelé (Chap. VI,
p.458 A) déperdition rapide,
etqui dépend principalement
del’inclinaison de la tangente de la courbe de torsion au
couple
nul.Dans son Mémoire de
1866,
Kohlrausch donne la formule pourl’argent :
En
i8~6,
ilreprend
cesexpériences
sur le méme boutde fil d’aryent
ettrouve
Je ne transcris pas la valeur des constantes a et
b, qui
nesignifient
rien.Nous avons
déjà
montre(Historique, exposé
etdiscussion,
etc., Faculté deToulouse, 18g8, A.26) qu’une
telle formule est admissiblequand
Xo estpetit.
Elle serait absolument erronée si la torsion devenait
grande.
N’oublions pas que, pour évaluer lagrandeur
d’unetorsion,
il faut la transformer en millièmes.Détail des résultats de Kohlrausch. - Si l’on
peut s’expliquer,
comme ilprécède,
la nature des résultats deKohlrausch,
le détail en est faux.L’expérience
montre sans conteste que lagrandeur
duphénomène
ne croît pas indéfiniment avec1"; qu’elle
tend même assezrapidement
vers une valeur sensi- blement constante. La forme admise par Kohlrauschindique
le contraire.Si l’on fait varier la
température, l’expérience
montre que la loi tout entière duphénomène
estmodifiée;
il ne suffit pas demultiplier
les ordonnées par unesorte de binome de
dilatation; 6,
x° et T entrent dansl’expression
duphénomène
suivant une fonction
qu’il
estimpossible
dedécomposer
dans leproduit
de troisfonctions ne contenant chacune que l’une des variables.
Suivant que l’on
emploie
des filsplus
ou moinsétirés, plus
ou moinsrecuits,
les
phénomènes peuvent
varier deplusieurs
fois leur valeur : nous voici loin deces
paramètres
constantsqui
caractérisent une matière.Si l’on recommence
toujours
dans le même sens les mêmestorsions,
on trouvedes nombres
qui varient;
donc lephénomène dépend
desphénomènes
antérieurs.On
objectera
que les torsions étaient si faibles dans lesexpériences
de Kohlrausch que, d’uneexpérience
à lasuivante,
le fil revenaittoujours
dans le mêmeétat;
il suffisait d’attendre untemps
suffisant pourqu’un
parcours n’influe pas sur le suivant.Mais,
outre que rien n’est moinsprouvé (voir plus loin,
n°14), que
reste-t-il alors de la
généralité
de sa formule?Aussi
bien,
nous allons décrire nos propresexpériences :
le lecteur compareranos résultats avec ceux de
Kohlrausch ;
nousespérons qu’il
restera convaincu de l’inutilité de tantd’expériences informes,
dont le nombre augmentechaque jour.
Il
s’expliquera
ainsi le peu deménagement
que nous mettonsà juger
un de cesMémoires,
dont l’influence est rendue néfastepar la
notoriété de son auteur.II. - DESCRIPTION DES APPAREILS.
L’appareil qui
sert à tordre est dessinéschématiquement
en haut de laf g.
2 ;on trouvera sa
description complète
auChapitre VI,
page434.
On supposera que le mouvement est transmis par l’intermédiaired’appareils
àfriction,
décritspage
433;
deplus,
entre ces derniersappareils
etl’appareil
detorsion,
on ima-ginera
unembrayeur
dont la commande se faitélectriquement
et à distance. Larupture d’un courant permet, à l’aide d’un
système qu’il
n’est pas nécessaire dedécrire,
d’arrêterbrusquement
le mouvement derotation, quels
que soient d’ail- leurs sa vitesse et son sens.Le fil est
pris
en haut et en bas dans deuxpinces
~, etp2 (Chap. VI, p. 436).
A la
pince supérieure
est soudée uneplaque
de laiton E àlaquelle
est vissé unFig. 2.
cylindre
delaiton,
dont nous verrons le rôleplus
loin. A lapince inférieure,
onpeut
fixer,
suivant lebesoin,
différentsappareils.
La
fig.
2représente schématiquement
celuiqui
servira à l’étude actuelle desphénomènes
aucouple
nul. C’est unetige
aa portant : i° un miroir M(ou quel- quefois,
l’un sousl’autre,
deux miroirs faisant entre eux unangle connu);
2° unepaille
transversalebb;
3° un fil très fin adauquel
on attachera unpoids
conve-nable ; 4°
un fil deux fois recourbé dont les extrémitésplongent
dans une cuveannulaire
pleine
d’huilelégère.
Lepoids
attaché au fil adplonge
lui-même dans del’huile;
la cuve annulaire peut s’élever ous’abaisser, grâce
à unsupport
àcrémaillère non
représenté.
Le fil en
expérience
estlong
dei45~m
entre ses deuxpinces;
il agénéralement
un diamètre voisin de 55. Le fil ad a une
longueur
voisine de W et un dia-mètre de i 5. A identité de
métaux,
à la même torsioncorrespond,
pour le filinférieur,
uncouple
cent foisplus petit
que pour le filsupérieur. D’ailleurs,
lepremier
est libre par sapartie inférieure;
on nepeut
donc pas craindrequ’il gêne
sensiblement le fil
supérieur
dans sa détorsion. L’huile de la cuve annulaire arrête lespetites
oscillationsqui pourraient
seproduire;
le fil deux fois recourbé ypénètre
àpeine,
de manière à ne pas créer uncouple
résistantqui
ne soit pasnégligeable.
Avant de
produire
unetorsion,
on amène en contact avec lapaille
les buttoirs eequi
sont installés sur unappareil représenté schématiquement fig.
2.Imaginons qu’une disposition
convenablepermette
de mettre lapaille juste
en contact avecles deux buttoirs.
’
L’expérience
va donc consister : 1 ° à tordre par enhaut,
suivant une loiquel-
conque, mais connue, et dans un sens tel que la
partie
inférieure du fil soit caléeau moyen de la
paille
et desbuttoirs;
2° à détordre suivant une loiquelconque,
mais connue,
jusqu’au
moment où lapaille
lâche lesbuttoirs;
3° à ce momentprécis, simultanément,
àdésembrayer l’appareil
derotation,
àsupprimer
les but-toirs,
à mettre en marche uncompteur
à seconde. Onconçoit
que les deux pre- mièresopérations puissent
s’effectuer par la rupture du même courant, et que le même mouvement de l’observateurqui rompt
ce courant ferme un autre circuitsur
lequel
se trouvent unehorloge
mère et uncompte-secondes électrique.
Lecommutateur nécessaire à ces
opérations
est si facile àimaginer qu’il
n’est pasutile de le décrire.
’
.
L’observateur
regarde,
avec unelunette,
dans le miroirM,
une échelle circu-laire en bois de a~ de
longueur
située à 1 m du miroir. Ledéplacement
del’échelle entière dans le miroir
correspond
donc à une rotation du miroir d’un peu moins de 60°. Si l’on met un second miroir à 50° dupremier,
on pourra suivre lephénomène
de détorsion pour une rotation du miroir deplus
de 1000.Pour faciliter les
réglages,
la lunette d’observation est montée sur latige
d’uncathétomètre. L’échelle est éclairée par un bec Auer dont on
projette l’image,
àl’aide d’une lentille
mobile,
aupoint
de l’échellequ’on regarde.
Pour savoir à
quel
moment lapaille quitte
sesbuttoirs,
l’observateur n’aqu’à
déterminer le moment où
l’image
de l’échelle commence à sedéplacer.
Tl s’écouleà
peine
un ou deux dixièmes de seconde entre ce moment et celui où le mouve- ment de rotation estarrêté,
et où lecompte-secondes
est mis en marche. Cet inter- valledépend
de l’habileté de l’observateur.Il
s’agit
maintenanl desupprimer
les buttoirs. Eneffet,
adm.ettons que, pour détordrele fil,
il failleimprimer
audisque
D une rotationqui,
vue d’enhaut,
estdans le sens du mouvement des
aiguilles
d’une montre : il faudraitimprimer
à lapaille
bb une rotationqui,
vue d’enhaut,
serait en sens contraire..Lepremier
mouvement tend à
éloigner
lapaille
de ses buttoirs. Au moment où il cesse etoù,
parconséquent,
l’extrémitésupérieure
du fil devientfixe,
lecouple
devant resternul, l’expérience
montre que la détorsion doit continuer. Donc lapaille, après
avoir
quitté
un instant sesbuttoirs,
tendra à revenirs’appliquer
contre eux. Sidonc,
on veut que lecouple
restenul,
il fautsupprimer
lesbuttoirs,
aussitôtaprès
l’arrêt du mouvement de rotation du
disque
D.Lajig.3
montre ladisposition adoptée.
Latige tt
passe dans deux trouspercés
dans un cadre g g; elle est ainsi
guidée
verticalement. Elleporte :
i ° une minceFig. 3.
palette
d’acier equi
servira de buttoir et dont lafigure
donne laforme;
2° unelame de fer doux aa, servant d’armature à l’électro-aimant et dont les extrémités
guident
le buttoir en azimut englissant
lelong
des montants g ducadre,
ainsique le montre sa
projection
horizontale.Enfin,
un ressort R faitbrusquement
descendre la
tige tt
et lebuttoir, quand
le courant cesse de passer dans l’-électro- aimant. Deuxappareils identiques
sont fixés aux extrémités d’un même diamètre d’une circonférence horizontale dont latige
aa(fig. 2)
serait le centre,Quand
lapaille
bbs’appuie
contre lesbuttoirs,
elle seprojette
en b commel’indique
la 3. Le bas de la
fig.
2représente schématiquement
en e et gl’appareil
décrit
fig.
3. Undisque
ss repose sur troispieds
à vis calantes uu de 1 de hau-teur. Un secteur rnm tourne autour de l’axe du
disque ss
etpeut
se fixer dans uneposition quelconque
à l’aide d’unepince
et d’une vis derappel;
ilporte
norma-lement,
et par l’intermédiaire deglissières
horizontales et de vismicrométriques,
les
appareils
dela fig. ,3.
Il est donc très facile d’amener exactement lapaille
encontact avec les buttoirs ee à l’aide de ces
réglages.
Il y a des
précautions
àprendre
pour que lapaille
ne colle pas contre lebuttoir,
etc., mais ladescription
de ces détails nous entraînerait trop loin.Expériences
à latempérature
ordinaire et â - Cequi complique
encore
beaucoup l’appareil, déjà passablement complexe (il
ne faut pas oubliertoute la
partie mécanique qui
a étédéjà décrite),
c’est la nécessité depouvoir
porter le fil à 100° et le ramener à la
température
ordinaire. La 2 montre ladisposition employée.
De la vapeur ou de l’eaupeut
circuler dansl’espace
annu-laire
compris
entre les deux tubes [ et 7.’~ Tonte la difficulté consiste à avoir unappareil long
de environqui
doit êtreréglable
enposition, déplaçable
aisé-ment pour
pouvoir
installer etsupprimer
lefil,
etsurtout parfaitement
étanchemalgré
lesbrusques
etfréquents
passages de latempérature
ordinaire àToute goutte d’eau
qui
tombe sur lapaille
bb ou dans l’huile de l’amortisseur est une source de troubles.Le tube
T,
de 6cm dediamètre,
est soudé dans lespièces
P enbronze,
venuesde
fonte,
et danslesquelles
sont vissés les tubes de laiton t,, t’l’ [5, tfp Le tube t, de 2cm dediamètre,
enlaiton, porte, soudés,
deux colliers filetés i. On le visse dansun écrou 1 soudé à la
pièce
Pinférieure, puis
onproduit
le serrage en vissantl’écrou 1
qui
vients’appuyer
sur lapièce
Psupérieure.
Tous les pas de vis et lejoint supérieur
iI sont enduits d’un mastic à la céruse. Ons’imagine
difficilementaprès quels
tâtonnements nous sommes parvenu à construire cettepièce,
demanière à la rendre étanche. Nous utilisions d’abord des cuirs ou des caoutchoucs pour les
joints :
ils se détruisaientrapidement
à Nousessayions
de souderle tube t dans les
pièces P;
les dilatationsinégales
de t et T faisaient sauter lessoudures.
L’eau
provient
d’unréservoir,
entre parR~,
sort parR,
et se rend dans unevidange;
le robinetRa
sert àvider,
aubesoin,
le tube t2. vapeur estproduite
dans une chaudière en cuivre rouge d’une
quinzaine
de litres decapacité;
onpeut
maintenirl’appareil pendant plus
de trois heures à sans renouveler l’eau.La chaudière est à
plus
de2°’, 5
dumiroir,
de manière que les courants d’air chaud neparviennent
pas à celui-ci.Enfin,
sur le s’enfile ungodet
annu-laire F contenant de l’huile
H;
lecylindre E,
fixé à lapincer, fait
chicane dans l’huile et fermehermétiquement
lapartie supérieure
de t, sansgêner
les mouve-inents de rotation.
Il est bien clair
qu’on
ne peut pasrépondre
de latempérature
des extrémités du fil : lasupérieure,
parce que l’huile n’estjamais
ni à100°,
ni à latempérature ordinaire; l’inférieure,
parce que le dernier centimètre de fil est dans l’air. Mais le fil aI~~~m
delong;
i t’erreur est donc faible et tout à faitindifférente pour
lesexpériences
que nousfaisons,
où nous nousgardons
de déterminer despseudo-
constantes et où nous cherchons seulement la forme des
phénomènes.
Enfin,
it faut installer le fil etl’enlever;
l’énormepièce précédente
doit êtremobile,
et ici nous n’aurions su comment faire sans l’installationspéciale
denotre laboratoire. Elle est
prise
dans un cadre formé deplanches épaisses, qui
peut tourner autour de l’axe CC formé par des tirefonds
C,
englissant
de l’autrecôté sur les madriers
B,. Naturelleinent,
avant deproduire
cetterotation,
il fautséparer
lespinces
pi de l’axeA,
P2 de latige
aa. La rotation effectuée(environ 40°~,
on dévisse laplaque
E et l’on retire le fil et sespinces
par en haut.Je n’insiste pas sur la manière dont on fixe le cadre dans une
position
invariable’pendant l’expérience.
y °Il faut fixer Je tube T par
rapport
au cadre et, parconséquent,
à l’axe A. Delongues
vis V permettent très aisément de le faire.Enfin, pendant
larotation,
lestubes t, , [2, t5, tG doivent être
indépendants
de latuyauterie
fixe amenant etenlevant l’eau et la vapeur. Ils lui sont reliés par des raccords à vis.
Le
disque
D est divisé endegrés
et l’onpeut
lire d’enbas,
au moyen de réflexionsconvenables,
l’azimutpendant
la torsion ou la détorsion. .Manche
générale
desexpériences.
- On tord suivant une loidéterminée,
ondétord;
au moment où lecouple
devient nul et où lapaille
lâche sesbuttoirs,
on arrête le
détorsion,
onsupprime
lesbuttoirs,
on met en marche un compte- secondes. L’observation commence et continue suivant les cas destemps
variableset
qui
peuventdépasser
unjour.
Quand
lapaille quitte
sesbuttoirs,
lecouple
n’est pasnul,
maisnégatif.
Pourle
rapprocher
dezéro,
on donne à latige
bb le moment d’inertie leplus petit possible (on emploie
unepaille qui
est le tube leplus
résistant àégalité
depoids), on
réduit l’adhérence avec les buttoirs(en
les faisant comme des cou-teaux),
le frottement sur l’huile d’amortissement et enfin le diamètre du filtenseur ad.
Malgré
tout, le geste de l’observateur n’est pasinstantané, l’origine
duphéno-
mène et son début ne peuvent pas être déterminés exactement, si
incomparable-
ment
supérieure
quepuisse
être notretechnique
à celle de Kohlrausch.Pour ces
raisons,
nous commençons l’observationsystématiquement
255après l’origine
véritable duphénomène. L’expérience
montre que l’influence de toutes lesperturbations
initiales ci-dessus énoncées a cessélargement
et que le miroir apris
alors un mouvementparfaitement régulier.
Nouspourrions
commencer àobserver 2~ ou 3S
après l’origine,
car, avec notre manièred’opérer,
iln’y
a pasd’oscillations;
mais nous voulons éviter touteespèce
de contestation sur l’inter-prétation
desrésultats.
Pour les raisons que l’on
sait,
nous choisissons pourépoques
des observations destemps
formant uneprogression géométrique :
la raison choisie est 2. Les observations se font donc auxtemps a5% 5o%
100% etc.;généralement,
nous allonsjusque
32oos= 53m 20S.Nous appelons âpi
le chemin parcouru par le miroir ,entre 258 et
5os,
le chemin parcouru entre 5os et100%
etc.Les
~~
sont évalués en unités arbitraires u ; soitomm,
I de l’échelle.Nous poserons
Voici un Tableau donnant les concordances
numériques :
Dans toutes les
expériences qui
vont êtrerapportées,
le fil a54.5
dediamètre.
i tour centimètre vaut... millièmes de torsion
I tour sur I44cm » ... II89 millionièmes
» ... 3, 303 millionièmes ’ icm d’échelle à un mètre vaut une détorsion de.. o",2865 de miroir
Soit, en millièmes, pour ... 0°,2865 x 3,303 = 0,9462 millionièmes Une unité arbitraire = u vaut une détorsion de... 0,009462 millionièmes
Enfin,
dans ceMémoire,
comme dans le Mémoireprécédent,
nous étudieronsprincipalement
deux cas extrêmes : fil étiré notablement à lafilière,
filparfai-
tement recuit.
Toutes les
opérations
faites sur un fil doivent êtreenregistrées, puisqu’elles
influent toutes sur l’état actuel. Un fil ne servira donc
généralement qu’une fois,
pour que
l’interprétation
des résultats soitpossible. Aussi,
tandis que Kohlrauschfaisait,
à dix ansd’intervalle,
deux Mémoires avecI2~m,
5 defil,
ce seul Cha-pitre
VIII aexigé l’emploi
deplus
de450m
defil,
soit 300 bouts. La valeur d’un Travail n’est pasproportionnelle
à laquantité
de matièreemployée;
la compa- raison de ces nombres prouvesimplement quelles
idées contradictoires Kohl- rausch et moi nous faisons duphénomène.
III. - RÉSULTATS DES EXPÉRIENCES.
FIL ÉTIRÉ A LA FILIERR.
1. . Vitesses de torsion et de détorsion invariables.
Temps
d’arrêt nul à lafin de la torsion. Torsion variable. - On
donne,
dans le Tableausuivant,
lerésultat des
expériences
pour un fil étiré à la filière de 21, 5 pour 100 en unepasse à
partir
du fil recuit. Son diamètre est5.~5;
la vitesse de torsion est de1 tour en
I0s, 36 (1 13 , 8
millionièmes-seconde pour le diamètre et lalongueur utilisée);
la vitesse de détorsion est de i tour enig6s,8 (5,98
millionièmes-seconde).
Lepoids
tenseur est de37ogr,
il restera le même pour toutes lesexpé-
riences de ce
Chapitre.
Latempérature
est voisine de I5°. Voici les conclusionsqu’on
peut tirer des nombres transcrits :1 ° Si l’on compare entre eux les py
(c’est-à-dire
les rotations du miroir entre les temps 25S et32008),
on trouve que,exprimés
en fonction desangles
a, de détor-sion,
ils croissentbeaucoup plus
vite queceux-ci,
tant que la torsion ao nedépasse
pas 20 tours. Pour des torsions ao
égales
à i oo ou 200 tours, il semble que le fils’abîme,
pr tend à diminuer(ao=ioo tours)
et diminue effectivement L 200tours).
2° Même conclusion
quand
onexprime
P7 en fonction de ao, tant que a~ restepetit.
Mais la courbe(p, , qui présente
d’abord sa concavité vers lehaut,
atteint
rapidement
unpoint d’inflexion,
se confondpratiquement
avec une hori-zontale,
pour redescendre enfinquand
xo atteint des valeurscomprises
entre ioo et200 tours. Nous retrouvons donc
bien,
en un sens, les résultatsgénéraux
de.
Kohlrausch,
ainsiqu’il
a été ditci-dessus;
mais ces résultats n’embrassaientqu’une
trèspetite
fraction duphénomène
total. Nous allons voir d’ailleurs que les résultats suivants ne concordentplus.
3° La loi
qui
relie autemps
la détorsion consécutive à l’arrêtdépend
del’angle
de
torsion;
l’indice /z du maximum augmentequand
la torsion augmente.L’exception
queprésente
lapremière ligne
tient à cequ’il
est difficile de certifier les~p
à zu ou 3uprès.
Pour ao = 11 1 gO,
est maximum pour ncompris
entre5 et 6 et
plus
voisin de5;
pour xo _-_18 i 8°,
napproche
de6;
pour362; ~’, n > 6; enfin,
pour des valeursplus grandes
deattein t 7
et ledépasse.
Mêmeconclusion à tirer de la
comparaison
des~p
d’une mêmeligne ;
lequotient
par
exemple,
croîtquand
a~ croît. Les choses doivent t se passer de même pour lespetites torsions;
mais lesexpériences
sont nécessairement moinsprécises.
La loi de la détorsion aucouple
nul en fonction du temps nepeut
donc pass’exprimer
par leproduit
de deux fonctions contenant, l’une ao, l’autre t.4°
Lephénomène
ici étudié est énorme. Parexemple,
la détorsion aucouple nul,
entre 25S et 3200s =53"’ 20, après
une torsion de i oo tours et le retour aucouple nul,
est de4g°, 35.
Elle estgénéralement
5° Les résultats
légitiment
le choix que nous avons fait desépoques
d’observa-tion. Car si les
Op
d’une mêmeligne
ne sont pas constants, du moins ils sonttoujours
du même ordre degrandeur
et, comme ilsprésentent
unmaximum,
ilssont
pratiquement
constants pourplusieurs
valeurs consécutives de n. Cette seule remarque suffit à écarter toutes les formules du genre de celles de Kohlrausch.2.
Influence
de latempérature.
- Latempérature
influebeaucoup
sur lesphénomènes
que nous étudions. Il faut donc savoir s’il estpossible
de faire unecorrection. Les
expériences
ont été réalisées dans les conditions suivantes. Pourabréger,
on écrira vo=343, (J
=I93s, To=
o ; cela veut dire que la vitesse detorsion est de 1 tour en
345,
la vitesse de détorsion de i tour enIg3S
et l’arrêt aubout de la torsion nul.
On donne dans le Tableau le résultat de six
expériences,
trois à latempérature ordinaire,
trois à 1000 avec des torsions de3,
5 et 10 tours. On vérifie d’abord les résultats du à latempérature
ordinaire80.
Pour ao- 3 tours, c’estdp,, qui
estmaximum;
c’est~p~
pour 5 tours et pour 10 tours. Ondonne,
dansune troisième
colonne,
les rapports des mêmesâp
pour latempérature 9o
eti° Les
rapports
desA/?
de même indice pour la même torsion ne sont pas con- stants ; ils croissent à mesure que l’ind.ice croît.Donc, l’hypothèse
deKohlrausch, qu’il
existe un binome dedilatation,
est erronée. Lephénomène
diminue moins‘ vite à 100°
qu’à
latempérature
ordinaire.2° Ces
rapports
pour les mêmes indices et des torsions différentes ne sont pas les mêmes. Toutes choseségales d’ailleurs,
l’influence d’unetempérature plus.
élevée est d’autant
plus grande
que la torsion estplus petite.
C’est encore une deshypothèses
de Kohlrauschqui
tombe.3°
D’après
Kohlrausch et pourl’argent,
lagrandeur
duphénomène
varie sen-siblement de i à
4 quand
on passe de9o
à loo°. On trouve ici pour le cuivre des nombres de même ordre : 1 à 3 pour 3 tours; pour depetites torsions,
lavariation doit être
plus grande.
Il faut donc conclurequ’il
serait trèsimportant
de faire des corrections de
température,
mais que c’est à peuprès illusoire,
tantqu’on
ne connaîtra pas mieuxqu’aujourd’hui
l’ensemble desphénomènes.
On necomparera donc que des
expériences
faites sensiblement à la mêmetempérature.
3.
Influence
le la vitesse de torsion. - Ondonne,
dans le Tableausuivant,
les
résultats
desexpériences
ao=
J8a3°,
"J -1965,8
-5, 98 millionièmes-seconde,
cy variable.Dans le haut du
Tableau,
dans lebas, To=6o"B
Latempérature
estvoisine de i 5°. Pour faciliter les