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Cours fondamental d’algèbre avec exercices corrigés – Cours et formation gratuit

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Academic year: 2022

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Groupes, anneaux, corps

ALGÈBRE POUR LA LICENCE 3

Jean-Jacques Risler Professeur à l’université Paris 6 Pierre-et-Marie-Curie

Pascal Boyer Maître de conférences à l’université Paris 6 Pierre-et-Marie-Curie

p. I-II Risler Page I Jeudi, 26. janvier 2006 9:41 09

(3)

Conseiller éditorial : Sinnou David Illustration de couverture : DigitalVision®

© Dunod, Paris, 2006 ISBN 2 10 049498 8

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Table des matières

INTRODUCTION V

CHAPITRE 1 •L’ANNEAUZ

1.1 Définitions de base 1

1.2 L’anneauZ. Division euclidienne 7

1.3 Algorithme d’Euclide 8

1.4 L’anneauZ/nZ 10

Exercices 19

CHAPITRE 2 •MODULES DE TYPE FINI

2.1 Le langage des modules 25

2.2 Calcul matriciel sur un anneau principal 29

2.3 Modules libres de type fini 35

2.4 Modules de type fini sur un anneau principal 38

2.5 Modules indécomposables 41

Exercices 46

CHAPITRE 3 •RÉDUCTION DES ENDOMORPHISMES

3.1 L’anneauK[X] 49

3.2 Polynôme minimal 50

3.3 Espaces cycliques 52

3.4 Invariants de similitude 53

3.5 Forme réduite de Jordan 55

Exercices 60

(5)

CHAPITRE 4 •GROUPES

4.1 Généralités 65

4.2 Le groupe symétrique 68

4.3 Opération d’un groupe sur un ensemble 71

4.4 Quelques exemples liés à la géométrie 78

Exercices 89

CHAPITRE 5 •RACINES DES POLYNÔMES

5.1 Généralités, irréductibilité 97

5.2 Les racines réelles 101

5.3 Résultant et discriminant 106

5.4 Fonctions symétriques des racines 111

Exercices 115

CHAPITRE 6 •THÉORIE DES CORPS

6.1 Caractéristique 123

6.2 Groupe multiplicatif 124

6.3 Extensions 124

6.4 Corps de rupture 127

6.5 Corps finis 129

6.6 Compléments 134

Exercices 141

SOLUTIONS DES EXERCICES ET DES PROBLÈMES

Chapitre 1 147

Chapitre 2 160

Chapitre 3 171

Chapitre 4 177

Chapitre 5 187

Chapitre 6 200

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 208

INDEX 209

(6)

©Dunod.Laphotocopienonautorieestunlit.

Introduction

Ce livre correspond au cours fondamental d’algèbre professé à l’université Pierre et Marie Curie dans le cadre de la troisième année de la licence de mathématiques (niveau L3 du nouveau cursus LMD).

Le cours correspond à 12 ECTS (quatre heures de cours et six heures de travaux dirigés sur douze semaines).

Le parti pris pédagogique de cet ouvrage est l’inverse de celui habituellement adopté par les cours de mathématiques ; il va du « particulier au général », ce qui implique quelquefois des redites (par exemple les groupes commutatifs (chapitre 2) sont traités avant les groupes généraux (chapitre 4) et certains résultats valables dans les deux cas sont énoncés deux fois). De plus de nombreux résultats sont présentés sous forme d’algorithmes (en particulier les théorèmes du chapitre II).

D’autre part ce livre comprend après chaque chapitre un grand nombre d’exercices et problèmes classés par thèmes et tous corrigés.

Enfin certains développements sont marqués d’une astérisque ; ils concernent des no- tions un peu plus élaborées, plutôt à notre avis du programme de maîtrise que de licence, et ne sont donc pas enseignés dans le cours dont il a été question plus haut.

Cependant ces questions sont classiques et bien à leur place dans le cadre de cet ouvrage.

(7)

Le livre comprend six chapitres (plus une dernière partie consacrée à la correction des exercices) largement indépendants les uns des autres et qui exposent les notions fonda- mentales d’algèbre que tout professionnel des mathématiques (chercheur, enseignant, ingénieur mathématicien) se doit de connaître.

Le premier chapitre débute par une sorte de petit lexique dans lequel sont rassemblées toutes les définitions de base auxquelles le lecteur peut ainsi aisément se reporter ; il traite ensuite de l’arithmétique classique.

Le deuxième chapitre est consacré aux groupes abéliens de type fini et aux modules de type fini sur l’anneau de polynômesk[X]; la méthode consiste à utiliser le calcul matriciel à coefficients entiers présenté sous forme algorithmique.

Le chapitre suivant consiste en l’application classique des résultats du chapitre 2 à la réduction des endomorphismes d’un espace vectoriel de dimension finie (forme réduite de Jordan, décomposition de Dunford, etc.).

Le chapitre 4 traite des groupes généraux en évitant le plus possible les notions abs- traites conformément au parti pris de ce livre. Il traite essentiellement deux exemples fondamentaux ; le groupe symétrique et le groupe orthogonal en dimension 2 et 3.

Le chapitre 5 s’occupe des racines des polynômes à une variable ; toute la partie sur les racines réelles, pourtant fondamentale, n’est en général pas traitée dans les ouvrages d’enseignement et constitue une des originalités de ce livre.

Enfin le chapitre 6 est une introduction à la théorie des corps, en insistant sur les corps finis.

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©Dunod.Laphotocopienonautorieestunlit.

Chapitre 1

L’anneau Z

Ce chapitre, après une section qui rassemble les définitions de base, traite de l’arithmétique classique : factorialité de Z, groupes cycliques, petit théorème de Fermat, lemme chinois, etc.

1.1 DÉFINITIONS DE BASE

Cette section est conçue comme une sorte de lexique dans lequel sont répertoriées les définitions de base (groupes, sous-groupes, anneaux, morphismes, quotients, etc.) utilisées tout au long du livre, de façon à ce que le lecteur puisse s’y référer commo- dément.

1.1.1. Notations, conventions

• Un objet mathématique (par exemple une application entre deux ensembles, ou un morphisme de groupes) est dit canonique si sa définition ne nécessite pas de choix arbitraire (elle ne dépend que des données).

• La notation : «:=» au cours de la description d’un algorithme doit être lue comme

« doit être remplacé par ».

• Le symbole : signifie la fin d’une démonstration.

• Certains paragraphes sont précédés d’une astérisque ; ces astériques indiquent des résultats qui, bien que traitant de questions classiques qui s’insèrent naturellement dans les développements de ce livre, nous semblent dépasser le programme de Licence de mathématiques, et peuvent donc être omis en première lecture.

(9)

1.1.2. Généralités

Définition 1.1. Un groupe(G,)est un ensembleGmuni d’une loi de composition interneG×G−→G,(a, b)→a∗b, telle que :

1. il existe un élément neutree, i.e.tel que pour touta∈G,e∗a=a∗e=a; 2. la loi est associative : pour tousa, b, c∈G, on aa∗(b∗c) = (a∗b)∗c; 3. tout élémenta∈Ga un inverseatel quea∗a =a∗a=e.

La notation(G,) pour un groupe précise que la loi de groupe est notée. Si la loi de groupe est notée multiplicativement, le groupe est noté(G,×) ou simplementG car on omet en général le symbole ×. L’élément neutre se note alors 1, et l’inverse dease notea1. Pour un groupe(G,+)l’élément neutre se note 0, et l’inverse d’un élémentase note−a; par convention, la notation additive est réservée aux groupes commutatifs (cf. la définition ci-dessous).

Définition 1.2.

• SoientGetH deux groupes. On dit d’une applicationφ : G −→ H qu’elle est un morphisme de groupes si elle est compatible avec les lois de groupes (notées ici multiplicativement), i.e.pour tousxetydansG,φ(xy) =φ(x)φ(y). Cela entraîne queφ(1) = 1etφ(x1) = (φ(x))1. S’il n’y a pas d’ambiguïté possible, on dira simplement morphisme au lieu de morphisme de groupes.

• SiGest un groupe fini, le cardinal deG, noté|G|, s’appelle l’ordre deG.

• Si pour tousa, b∈Gon aab=ba, on dit que le groupe est commutatif ou abélien.

• Un sous-groupe d’un groupeGest un sous-ensemble qui contient l’unité et qui est stable pour la loi de groupe et pour l’opération de passage à l’inverse, autrement dit, un sous-ensembleH ⊂Gd’un groupeGest un sous-groupe si et seulement si 1∈Het∀x, y∈H, xy1 ∈H.

• Soient xi, (i I)des éléments d’un groupeGnoté multiplicativement. Le sous- groupe engendré par les élémentsxiest l’ensemble des produits finisxλi1i1. . . xλiik

k , lesλij parcourantZ. Ce sous-groupe est noté<(xi)iI>.

Siφ:G→Hest un morphisme, il est immédiat de voir que l’image deφ(notéeImφ) est un sous-groupe deH, et que le noyauφ1(e)deφ(notékerφ) est un sous-groupe deG.

Définition 1.3. SoitGun groupe,g ∈G. L’ordre deg, notéord(g), est le cardinal

|< g >|du groupe< g >si|< g >|est fini, sinonord(g) = +∞(cf. le lemme 1.34 plus bas).

Définition 1.4.

• Un anneau (commutatif et unitaire)Aest un groupe commutatif(A,+)muni d’une deuxième loi de composition interne (notée multiplicativement et appelée multipli- cation) vérifiant les conditions suivantes :

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©Dunod.Laphotocopienonautorieestunlit.

1.1 Définitions de base 3

1. la multiplication est associative, commutative, et possède un élément neutre noté 1 ;

2. la multiplication est distributive par rapport à l’addition, i.e. pour tous a, b, c∈Aon a :

a(b+c) =ab+bc.

• SiAetB sont deux anneaux (commutatifs et unitaires), une application φ:A−→B

est un morphisme d’anneaux si elle est compatible avec les opérations des deux anneaux, i.e. si :

1. φest un morphisme des groupes additifs(A,+)et(B,+); 2. φ(1) = 1et pour tousa, b∈A,φ(ab) =φ(a)φ(b).

Dans tout le livre, « anneau » signifiera « anneau commutatif unitaire » (un anneau non commutatif est tel que sa multiplication ne soit pas commutative ; l’addition est toujours commutative).

Définition 1.5. Un corps (commutatif)Kest un anneau tel que tout élément non nul soit inversible pour la multiplication.

Remarque 1.6. SoientAetBdeux groupes (resp. deux anneaux). Il existe un structure naturelle de groupe (resp. d’anneau) sur le produit cartésienA×B en définissant les opérations coordonnée par coordonnée. En revanche, siAet Bsont des corps commutatifs, l’anneau produitA×Bn’est pas un corps (par exemple les éléments(1,0) et(0,1) ne sont pas inversibles pour la multipli- cation).

Définition 1.7. Un idéalId’un anneauAest un sous-groupe de(A,+)tel queIsoit stable par la multiplication par les éléments deA, i.e.x∈Ietλ∈A=⇒λx∈I.

Il est immédiat de voir que le noyau d’un morphisme d’anneaux φ : A B est un idéal deA. Réciproquement, nous verrons au chapitre suivant (définition 2.3 et remarque 2.9) que tout idéal est le noyau d’un morphisme d’anneaux.

Définition 1.8. Soient xi (i I) des éléments d’un anneauA (resp. d’un groupe abélien(G,+)). L’ensemble des combinaisons linéairesΣnj=1j λijxij,ij ∈I,λij ∈A (resp.λij Z) est un idéal deA(resp. un sous-groupe deG). On dit que c’est l’idéal (ou le sous-groupe) engendré par lesxi; c’est aussi le plus petit idéal deA (resp.

sous-groupe deG) contenant lesxi. Sixi A (i I), on note

(xi)iI

l’idéal engendré par les élémentsxi. Cet idéal est aussi l’intersection de tous les idéaux deAcontenant tous lesxi. Siφ : A B est un morphisme d’anneaux etI ⊂Bun idéal,φ1(I)est un idéal deA.

Le cas des groupes non commutatifs sera traité au chapitre 4.

Exemple 1.9. Un sous-ensembleI Zest un idéal deZsi et seulement si c’est un sous-groupe de(Z,+).

(11)

1.1.3. Divisibilité dans un anneau

Rappelons que dans tout le livre les anneaux considérés sont commutatifs et unitaires.

Définition 1.10. SoitAun anneau.

• On dit queAest intègre s’il n’a pas de diviseur de 0, i.e. si pouraetbdansA, la relationab= 0impliquea= 0oub= 0.

• L’ensemble des éléments inversibles deA(pour la multiplication) se noteA. L’en- semble(A)est un groupe abélien.

• Soienta∈Aetb∈A. On dit queadiviseb(notationa|b) s’il existec∈Atel que b=ac. SiAest intègre etb= 0,cest unique s’il existe.

• Deux élémentsaetbdeAsont dits associés sia=λbavecλ∈A.

• Un élémenta ∈Aest irréductible s’il n’est pas inversible et si la relationa= bc impliqueboucinversible («an’a pas de diviseur strict »).

• Soienta∈Aetb∈A. On dit qued∈Aest un PGCD deaetbsi : 1. d|aetd|b(«ddiviseaetb») ;

2. toutx∈Aqui diviseaetbdivised.

Autrement dit, si l’on noteD(x)l’ensemble des diviseurs d’un élémentx∈A, on a D(a)∩ D(b) =D(d).

• On dit quep∈Aest un PPCM deaetbsi : 1. a|petb|p;

2. pour tout élémentx∈Atel quea|xetb|x, alorsp|x.

Remarque 1.11. Si A est intègre, il est immédiat de voir que si le PGCD (resp. le PPCM) de deux éléments existe, il est unique à multiplication par un élément deAprès.

Définition 1.12. Un anneauAest dit euclidien si :

Aest intègre ;

• il existe une fonctionφ:A\ {0} −→N(appelée « sthasme euclidien ») telle que :

∀a, b∈A\ {0}, il existe q et r tels que a=bq+r, φ(r)< φ(b)ou r= 0.

L’opération ci-dessus s’appelle la division euclidienne deaparb;qest le quotient et rle reste (avec ici un léger abus de langage, puisque dans la définition 1.12 on n’exige pas l’unicité du quotient et du reste).

Définition 1.13. Un anneauA est dit principal s’il est intègre et si tout idéal est engendré par un élément (un tel idéal est dit principal).

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©Dunod.Laphotocopienonautorieestunlit.

1.1 Définitions de base 5

Définition 1.14.

• On dit qu’un ensembleP d’éléments irréductibles deAest un « système représen- tatif d’éléments irréductibles » si pour toutp˜ Airréductible il existe un unique p∈ Ptel quep˜=λpavecλ∈A.

• On dit qu’un anneauAest factoriel s’il vérifie les trois conditions suivantes : 1. Aest intègre ;

2. (existence de la factorisation) : touta∈A,a= 0, s’écrita= λp1. . . psavec piirréductibles etλ∈A;

3. (unicité de la factorisation) : soitPun système représentatif d’éléments irréduc- tibles. Si on prend lespi dansP, l’écriture ci-dessus est unique (à permutation près).

Signalons que tout anneau principal est factoriel (théorème 1.30 dans le cas deZ; la démonstration est la même pour tout anneau principal).

Exemple 1.15. Nous verrons plus loin queZetK[X]sont principaux (et donc facto- riels). Dans le cas deZ, on prend en général pourP l’ensemble des nombres premiers

>0, et dans le cas deK[X]l’ensemble des polynômes irréductibles unitaires.

Définition 1.16. SoitAun anneau intègre. On considère sur le produitA×A\ {0} la relation d’équivalence suivante :

(a, b)(a, b)⇐⇒ab =ba.

Le quotient deA×A\ {0} par cette relation d’équivalence s’appelle le corps de fractions deAet se noteK(A). La classe d’équivalence d’un couple(a, b)se note ab. On définit surK(A)une structure de corps commutatif en posant :

a b + c

d= ad+bc

bd et a b × c

d = ac bd.

1.1.4. Structure quotient

Les propriétés des quotients seront revues et développées au chapitre suivant dans le cadre des modules sur un anneau, et au chapitre 4 pour les groupes non nécessairement commutatifs.

Définition 1.17. Soit(G,+)un groupe commutatif,H ⊂Gun sous-groupe. On note G/H l’ensemble des classes pour la relation d’équivalencex ∼y⇐⇒x−y ∈H.

La classe dexse notex. On a donc :

x=x+H={x+h|h∈H}.

Même définition pourA/Idans le cas oùAest un anneau etI un idéal.

(13)

L’ensemble G/H est alors muni canoniquement d’une structure de groupe abélien

« propagée » par celle deG, i.e.telle que l’application : π: G−→G/H

qui àxfait correspondre sa classex(on dit aussi classe moduloH) soit un morphisme (surjectif) de groupes.

De même, si I A est un sous-groupe (additif) d’un anneauA, le groupeA/I est muni d’une structure d’anneau commutatif propagée par celle deAsi et seulement si I est un idéal.

Voici une application de ce qui précède connue sous le nom de « théorème de La- grange ». Ce théorème est vrai aussi dans le cas non commutatif (chapitre 4).

Proposition 1.18. Soit(G,+)un groupe abélien fini d’ordre n,H G un sous- groupe. Soithl’ordre deH. Alors l’ordre deG/Hestn/h. En particulierhdivisen: l’ordre d’un sous-groupe d’un groupe finiGdivise l’ordre deG.

Démonstration. Soit a G. L’applicationτa (« translation par a») de Gdans G définie par τa(g) = a+g est une bijection, la bijection inverse étant τa. Cette application envoie le sous-groupe H sur l’ensemblea+H, classe deamodulo H, qui est donc de cardinalh. Les classes moduloH formant une partition deG, on en

déduit immédiatement la proposition.

Le quotientG/H est caractérisé par la propriété suivante, appelée « propriété univer- selle du quotient » :

Proposition 1.19. Soitφun morphisme deGdans un groupe (abélien)G1. Alorsφ se factorise en un morphismeφ:G/H G1(tel queφ= φ◦π) si et seulement si H kerφ. Siφexiste, il est unique.

Démonstration. Supposons H kerφ. On a alorsφ(x +h) = φ(x) pour tout x ∈Get touth H, puisqueφ(h) = 0. Le morphismeφest donc constant sur les classes d’équivalencex+HmoduloH. On peut ainsi définirφ:G/H −→ G1 par φ(x) =φ(x),xétant un élément quelconque de la classex, (carφ(x)ne dépend que de la classexdexmoduloH). Il est immédiat de voir queφest bien un morphisme de groupes, et on a par constructionφ=φ◦π.

Autrement dit, le diagramme suivant est commutatif : G

π

φ

""

EE EE EE EE E

G/H φ //G1

Réciproquement, si φ existe avec φ = φ π, on a pour h H : φ(h) = φ(π(h)) = φ(0) = 0, et donc H kerφ. Enfin la relationφ = φ◦π impliqueφ(x) =φ(x)pour toutx∈G, ce qui montre l’unicité deφ.

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©Dunod.Laphotocopienonautorieestunlit.

1.2 L’anneauZ. Division euclidienne 7

Corollaire 1.20. Sous les hypothèses de la proposition 1.19 les conditions suivantes sont équivalentes :

1. H = kerφ; 2. φest injectif.

De plusφest surjectif si et seulement siφl’est.

La démonstration, immédiate, est laissée au lecteur.

Remarque 1.21. La proposition 1.19 est encore vraie dans le cas du quotient d’un anneauApar un idéalI : Soitφun morphisme deAdans un anneauB. Alorsφse factorise en un morphismeφ:A/I B (tel queφ=φ◦π) si et seulement siI kerφ. Si φexiste, il est unique. De plus,φest injectif si et seulement sikerφ=I.

1.2 L’ANNEAU

Z

. DIVISION EUCLIDIENNE

Rappelons comment on définit une structure d’anneau sur le groupe(Z,+).

La structure de groupe deZpermet de définir canoniquement la multiplication : sia etnsont des nombres positifs, on pose :

na=an=a+· · ·+a

nfois

=n +· · · +n

afois

,

et on étend aux éléments deZen utilisant la règle des signes. Un sous-groupe deZ est ainsi toujours stable pour la multiplication par tout entier : c’est donc un idéal de l’anneauZcomme indiqué en remarque 1.6.

Théorème 1.22. L’anneauZest un anneau euclidien (définition 1.12).

Démonstration. Il est clair queZ est intègre. On prend pour sthasme φ la valeur absolue : φ(b) = |b|. Soient aet bdonnés avec b = 0. On cherche (q, r) tels que a=bq+r; 0 <|r|<|b|our = 0. On va en fait pouvoir imposer quer 0, ce qui entraînera l’unicité. L’algorithme suivant donne la réponse :

• initialisation :(0, a);

• si0r <|b|, fin ;

• sir|b|,(q, r) := (q+ 1, r− |b|),

• sir <0,(q, r) := (q1, r+|b|).

Comme l’on supposer0,qetrsont uniques (démonstration immédiate).

Proposition 1.23. Un anneau euclidien est principal (et donc en particulierZest un anneau principal).

(15)

Démonstration. Soient A un anneau euclidien, I A un idéal non réduit à {0}. Soitφle sthasme deA. Celui-ci étant à valeurs dansN, il atteint son minimum sur I. Il existe donc un élémentx I \ {0} tel queφ(x) soit minimal parmi tous les éléments (non nuls) deI. Montrons queI = (x), i.e. queI est engendré parx. Soit y I, y = 0; On peut divisery parxdansA:y = qx+r avecφ(r) < φ(x)ou r = 0. MaisI étant un idéal,r ∈I, ce qui impliquer = 0à cause de l’hypothèse sur

φ(x). On a doncy =qx.

Remarque 1.24. Dans le cas de Z, les notions de sous-groupe et d’idéal se confondent comme il a été vu plus haut, et donc tout sous-groupe est de la forme < n > (on notera plutôt nZ), engendré par un élément n Z. Inversement l’ensemblenZdes multiples denest un sous-groupe et un idéal.

1.3 ALGORITHME D’EUCLIDE

Proposition 1.25. Deux éléments a etb de Z (et plus généralement d’un anneau principalA) ont un PGCD et un PPCM (définition 1.10). Sidest un PGCD deaetb, il existe deux élémentsuetvdeAtels que

d=au+bv (1)

(relation de Bézout).

Démonstration. Tout générateurdde l’idéal(a, b)est un PGCD deaetb.

Remarques 1.26.

1. Rappelons (Remarque 1.11) que deux PGCD deaetbsont associés. Dans le cas deZ, les inversibles sont+1et1; le PGCD dansZest donc défini au signe près.

2. On dit queaetbsont premiers entre eux si(a, b) = (1).

3. Dans le cas deZ, siaetbsont deux entiers, on notea∧ble PGCD positif deaetb, i.e.le générateur positif de l’idéal(a, b).

4. Dans la relation (1) il n’y a pas unicité des nombresuetv. Remarquons que si l’on posea1 =a/detb1 = b/d, la relation (1) devient1 = a1u+b1v.

Le lecteur vérifiera à titre d’exercice (en utilisant le lemme de Gauss ci- dessous) que :

a) si on part de la relation (1)d=au+bv, toute les autres relations sont de la formed=au+bvavec

u =u+kb1 v =v−ka1 pourkparcourantZ.

b) Il y a unicité deuetvdans (1) si on impose par exemple que0u <|b1| (cf. l’exercice 1.7)

(16)

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1.3 Algorithme d’Euclide 9

Lemme 1.27. (dit « Lemme de Gauss »). Soienta,betcdes éléments deZ(ou plus généralement d’un anneau principal) tels quea divisebc et a∧b = 1 (i.e.a etb premiers entre eux). Alorsadivisec.

Démonstration. La relation de Bézout (1) s’écrit1 =au+bv, d’oùc=cau+bcv.

L’élémentadivise le second membre par hypothèse, il divise doncc.

Remarque 1.28. Si on supprime l’hypothèsea∧b= 1, le lemme est évidem- ment faux : le nombre 6 divise12 = 3×4mais ne divise ni 3 ni 4 !

Signalons le corollaire suivant dont la démonstration est immédiate par récurrence : Corollaire 1.29. Soienta1, . . . , an, bdes entiers tels queai∧b= 1pour1in.

Alors(a1. . . an)∧b= 1.

Passons maintenant au point de vue « effectif », i.e. algorithmique, pour calculer dans le cas deZle PGCD de deux nombresaetb, que l’on suppose>0pour simplifier.

On remarque d’abord que sia= bq+r, alors(a, b) = (b, r), d’où l’algorithme (dit

« algorithme d’Euclide ») pour calculer le PGCD>0a∧b, utilisant celui de la division euclidienne décrit plus haut :

• initialisation :r0=a, r1=b;

• siri = 0, alorsri1 =riqi+ri+1;

• siri = 0, alorsa∧b=ri1.

Le PGCD est donc le dernier reste non nul dans l’algorithme d’Euclide.

On peut aussi calculer les coefficientsuetv de la relation de Bézout (1) par l’algo- rithme d’Euclide « étendu » qui calcule récursivementuietvitels que :

ri=aui+bvi. (2)

L’algorithme utilise deux triplets(u, v, r)et(u, v, r):

• initialisation :(u, v, r)(u, v, r) := (1,0, a)(0,1, b);

• tant quer = 0,(u, v, r)(u, v, r) := (u, v, r)(u−qu, v−qv, r−qr),qétant défini par la division euclidienne derparr:r =qr+ (r−qr);

• sir= 0, alors(u, v)est le couple cherché.

Justification : si à l’étape i on a les triplets (ui1, vi1, ri1)(ui, vi, ri) tels que ri1 =aui1+bvi1etri =aui+bvi, alors on a

ri+1 =ri1−qiri= (ui1−qiui)a+ (vi1−qivi)b=ui+1a+vi+1b.

Le « théorème fondamental de l’arithmétique » (pour l’anneau A = Z) dit que Z est factoriel (définition 1.14) :

Théorème 1.30. SoitPl’ensemble des nombres premiers>0(le nombre 1 n’est pas un nombre premier par convention). Alors :

1. Touta Z,a = 0s’écrita = λp1. . . pr avecλinversible dansZ = ±1) et pi∈ P(non nécessairement distincts deux à deux) ;

2. cette écriture est unique à permutation près despi.

(17)

On peut aussi écrire la condition 1. sous la forme a = λ

pi∈Ppvipi(a) où les vpi(a)Nsont nuls sauf au plus un nombre fini.

Démonstration. Sin∈Z, l’existence d’une décompositionn=±p1. . . pr(où lespi sont des nombres premiers>1) est évidente. Pour l’unicité, on peut supposern >0.

On raisonne alors par récurrence surr.

Supposons que l’on ait deux décompositions d’un nombre entiern >0: n=p1. . . pr=p1. . . ps

lespiet lespj n’étant pas nécessairement distincts deux à deux. Sir = 1, le corollaire 1.29 du lemme de Gauss 1.27 (et une récurrence immédiate sur l’entier s) implique qu’il existei, 1istel quepi=p1. On a alorss= 1, d’où l’unicité dans ce cas.

Dans le cas général, si pour tout i, 1 i s on a pi = p1, le corollaire 1.29 implique quep1ne divise pas le produitp1. . . ps, ce qui est absurde. Il existe donci tel quep1 =pi, on peut diviser les deux membres parp1 et appliquer l’hypothèse de

récurrence.

Remarque 1.31. La démonstration ci-dessus (et donc le théorème 1.30) est valable pour tout anneau principal en prenant pourPun système représentatif d’éléments irréductibles.

1.4 L’ANNEAU

Z/NZ

1.4.1. Groupes cycliques

Le groupeZ/nZest le quotient du groupeZpar le sous-groupenZ. Le morphisme canonique π : Z −→ Z/nZfait correspondre à un entierx sa classex modulo n (on a par définition x = x+nZ). Si n = 0, on retrouve le groupeZ. Sin = 0, on a nZ = (−n)Z. Le groupe Z/nZ est fini d’ordre n. Ses n éléments sont 0,1, . . . , n1.

Définition 1.32. SoitGun groupe. On dit queGest monogène s’il est engendré par un élémentg. On dit queGest cyclique s’il est monogène et de cardinal fini.

Commençons par le cas d’un groupe(G,+). Soitg Gun élément deG. Considé- rons le morphismeφ:

Z−→G, m→mg = g+· · ·+g

mfois

.

Son image est le sous-groupe monogène< g >deGengendré parg. Son noyau est un sous-groupe deZdonc de la formenZpourn∈ Z. Le morphismeφse factorise alors par un morphisme injectifφ˜:Z/nZ−→G(corollaire 1.20) d’image< g >qui donne un isomorphisme deZ/nZsur< g >.

(18)

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1.4 L’anneauZ/nZ 11

De même, pour un groupe(G,×) (noté multiplicativement, et donc non nécessaire- ment commutatif) etg∈G, on pose

ψ:Z−→G, m→gm,

dont l’image est le sous-groupe de G engendré par g, aussi noté < g >, encore isomorphe à un groupe(Z,+)ou(Z/nZ,+)(suivant queψest injectif ou non). On a donc :

Proposition 1.33. Tout groupe monogène est isomorphe soit à (Z,+) soit à (Z/nZ,+)pour un entiern > 0. En particulier tout groupe cyclique est isomorphe à un groupe(Z/nZ,+)avecn >0.

On remarque donc que le sous-groupe< g > est commutatif, même si le groupeG ne l’est pas. Rappelons (définition 1.3) que l’ordre d’un élémentg ∈Gest l’ordre du sous-groupe< g >engendré parg.

Lemme 1.34. Soitg∈Gun élément d’ordre finir. Alors si la loi de groupe est notée additivement, on a :

r= inf{n∈N\ {0}, ng= 0}, et si la loi de groupe est notée multiplicativement,

r= inf{n∈N\ {0}, gn = 1}.

Démonstration. Considérons par exemple le cas additif. Le sous-groupe < g >

est d’ordre r par hypothèse, donc isomorphe à Z/rZ par la proposition 1.33. Le morphismeφ : Z →< g >, 1 g est par hypothèse surjectif. Il se factorise par un morphismeφ:Z/rZ →< g >qui est injectif (proposition 1.19), donc bijectif. Il suffit donc de voir que :

r= inf{n∈N, n1 = 0}

dansZ/rZ, ce qui est évident.

Étudions maintenant les sous-groupes et les groupes quotients d’un groupe cyclique.

Considérons d’abord le cas des sous-groupes.

Tout sous-groupe deZnon réduit à{0}est isomorphe àZ(cf. la remarque 1.24 : un sous-groupe deZest de la formenZ, et la multiplication parndonne un isomorphisme de groupes deZsurnZsin = 0). Pour les groupes cycliques, on a la proposition suivante :

Proposition 1.35. Tout sous-groupe d’un groupe cyclique est cyclique. Plus précisé- ment, soitnun entier>1.

1. Tout sous-groupe deZ/nZest cyclique engendré par la classebd’un diviseurbde n. Ce sous-groupe est d’ordrea=n/b.

2. Soita >0un diviseur den,b =n/a. Il existe alors un et un seul sous-groupe de Z/nZd’ordrea. Ce sous-groupe est engendré par la classe debmodulon; il est formé de l’ensemble des éléments deZ/nZdont l’ordre divisea.

(19)

Démonstration. 1. Soient π : Z −→ Z/nZ le morphisme canonique, et H Z/nZun sous-groupe. L’ensembleπ1(H)Zest un sous-groupe contenant kerπ = nZ; il est donc de la forme bZ avec b|n (remarque 1.24) ; H est donc engendré parb= π(b). Soitkl’ordre de l’élémentb. On aab =ab=n = 0ce qui montre queka; d’autre part, sia1est un nombre tel que0< a1< a, on aa1b < n et donca1b= 0, d’oùka.

2. L’élémentb est d’ordre a(cf. la démonstration de 1.). Il engendre donc un sous- groupeHd’ordrea. Donc sig H, son ordre divisea(proposition 1.18). Récipro- quement si un élémentg∈Z/nZa un ordre qui divisea, on aag = 0, soitag∈nZ, d’oùg∈bZetg∈H, ce qui montre l’unicité deH.

Considérons maintenant la cas des groupes quotients.

Proposition 1.36. Tout quotient d’un groupe cyclique est cyclique. Plus précisément, soitGZ/nZ. Tout groupe quotient deGest cyclique, isomorphe àZ/bZavecb|n.

Réciproquement, si b|n, il existe un et un seul groupe quotient deG de cardinal b, isomorphe àZ/bZ.

Démonstration. Soit H un groupe quotient de Z/nZ. Considérons le diagramme ci-dessous :

Z π1//Z/nZ π2 //H

π1etπ2sont les morphismes canoniques. Posonsφ=π2◦π1:Z→H. Le mor- phismeφest surjectif ; son noyau est donc de la formebZ, aveckerπ1 =nZ bZ, soitb|n. On a donc bienHZ/bZ.

Réciproquement soitbun entier tel queb|n,b Z/nZsa classe modulon. Il y a un et un seul quotient deZ/nZde cardinalb : c’est le quotient deZ/nZpar l’unique sous-groupe< b > d’ordrea = n/b. SoitH ce sous-groupe. On considère comme ci-dessus le diagramme :

Z π1//Z/nZ π2 //H

avecH = (Z/nZ)/ < b >. Il est immédiat de voir que le morphismeφ=π2◦π1est

surjectif de noyaubZ, ce qui montre queHZ/bZ.

Remarques 1.37.

1. On a ainsi une bijection entre les diviseurs>0denet les sous-groupes de Z/nZ.

2. Soitxun entier0,xsa classe modulon. Il résulte de la relation de Bézout (1) que dans l’anneauZ/nZon a la relation :

< x >=< x∧n > .

(20)

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1.4 L’anneauZ/nZ 13

3. Rappelons que si(G,+)est un groupe commutatif, on définit pourg ∈G etm∈Nl’élémentmgcomme :

mg = g+· · ·+g

mfois

et on prolonge àZen posant(−m)g=(mg)pourm0.

Siaetbsont dansZ, on alors dans le groupeZ/nZ: ab=ab=ba

comme on le voit immédiatement.

1.4.2. Inversibles deZ/nZ, applications arithmétiques

Le sous-groupenZde Zétant aussi un idéal, le groupe(Z/nZ,+) est muni cano- niquement d’une structure d’anneau propagée par celle deZ: si on note ala classe d’un entieramodulon, on pose pouraetbdansZ,a.b=ab. Cette opération est bien définie et fait deZ/nZun anneau commutatif avec unité1. La notation((Z/nZ),×) (ou simplement(Z/nZ)) désigne le groupe (multiplicatif) des éléments inversibles pour la multiplication de l’anneauZ/nZ. Cet ensemble n’est pas stable pour l’addi- tion (en particulier il ne contient pas 0), mais constitue un groupe (abélien) pour la multiplication.

Proposition 1.38. Soientn > 1 etadeux entiers,ala classe deamodulo n. Les conditions suivantes sont équivalentes :

1. a∧n= 1; 2. a∈(Z/nZ);

3. aengendre le groupe(Z/nZ,+).

Démonstration. Pour tout élémentx∈Z, on note icixsa classe modulon.

1.⇒2. Sia∧n= 1, il existe deux nombresuetvtels queau+nv= 1(1). On a doncau≡1 modn, soitau= 1, d’où 2.

2.⇒3. Il existe par hypothèse un élémentutel quea·u= 1. Pour1kn−1, les classes kasont alors toutes distinctes (car ka = ka pour1 k < k < n implique (k k)a = 0, ce qui est absurde car en multipliant par u, on trouve (k−k)1 = k−k = 0). Cela implique que tout élément deZ/nZest de la forme ka.

3.⇒1. SiaengendreZ/nZ, l’élément1est dans le groupe engendré para. Il existe doncu∈Ztel que1 =ua, soit1 =ua+vnpourv∈Z, et donca∧n= 1.

Corollaire 1.39. L’anneau Z/nZest un corps si et seulement si l’entier nest un nombre premierp. Le corpsZ/pZse note alorsFp.

Démonstration. Rappelons d’abord que par définition, l’entier 1 n’est pas un nombre premier. Sip > 0est premier, on aa∧p = 1pour tout a,0 < a < p, et donc tout élémenta = 0deZ/pZest inversible, ce qui veut dire queZ/pZest un corps.

(21)

Réciproquement, si q = 1, l’anneau Z/qZ n’ayant qu’un élément ne peut être un corps (par définition tout corps K possède un élément neutre 0 pour l’addition et (K\ {0},×)étant un groupe possède au moins un élément neutre1= 0).

Si q >1n’est pas premier, on aq = abavec1 < a < q,1 < b < q, d’oùab = 0 dansZ/qZ, aveca= 0etb= 0(on note toujours0l’élément neutre pour l’addition),

et doncZ/qZn’est pas un corps.

Définition 1.40. Pour n 2, on note ϕ(n) le nombre de générateurs distincts du groupeZ/nZ. C’est aussi d’après la proposition 1.38 le nombre d’entiersatels que 1 a < n eta∧n = 1ou encore l’ordre du groupe((Z/nZ)). On pose par conventionϕ(1) = 1. La fonctionϕs’appelle la fonction d’Euler (on dit aussi indicatrice d’Euler).

Exemple 1.41. Sipest un nombre premier,ϕ(p) =p−1puisqueFpétant un corps,

|Fp|=ϕ(p) =p−1.

Plus généralement, sin = k

i=1pνii, lespi étant des nombres premiers et les νi des nombres entiers>0, on a

ϕ(n) =

k

i

(pi1)pνii1 (remarque 1.56 ci-après).

Proposition 1.42. SoitGun groupe cyclique d’ordren. Alors pour toutd >0tel que d|n, il y a dansGexactementϕ(d)éléments d’ordred.

Démonstration. On peut supposer queG=Z/nZ(proposition 1.33). Soitd1tel qued|n. Il existe d’après la proposition 1.35, 2.un et un seul sous-groupeH Z/nZ d’ordre d, et l’on a H Z/dZ. De plus, H contient tous les éléments de Z/nZ d’ordred(unicité deH). Par définition deϕ, il y a doncϕ(d)éléments d’ordreddans H donc dansG. On notera que l’unique élément d’ordre 1 est l’élément neutre 0, ce

qui justifie la conventionϕ(1) = 1.

Corollaire 1.43. Soitn∈N\ {0}. La fonctionϕvérifie la relation suivante :

d|n

ϕ(d) =n. (3)

Démonstration. On considère lesnéléments deZ/nZ. Chaque élément non nul a un ordredqui divisen, et pour chaqued|n, il y aϕ(d)éléments d’ordred.

Exemple 1.44. Si p est un nombre premier, on aϕ(p) = p−1(exemple 1.41) et

d|pϕ(d) =ϕ(1) +ϕ(p) = 1 +p−1 =p.

(22)

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1.4 L’anneauZ/nZ 15

Voici maintenant quelques résultats arithmétiques classiques, conséquences immé- diates de ce qui précède. Rappelons que par le théorème de Lagrange (théorème 1.18), dans le groupe((Z/nZ))l’ordre (multiplicatif) de tout élément diviseϕ(n).

Notons tout d’abord que nous démontrerons au chapitre 6 (Proposition 6.1) que pour p premier le groupe multiplicatif (Z/pZ) est cyclique, donc isomorphe à (Z/(p1)Z,+).

Pour la structure de(Z/nZ) avecnquelconque, cf. le problème 2.2.

Proposition 1.45. (« théorème d’Euler ») Soientaetndeux éléments non nuls deN tels quea∧n= 1. Alors :

aϕ(n)1 modn.

Démonstration. Soitala classe deamodulon; on aa (Z/nZ) par la propo- sition 1.38 et donc l’ordre deadiviseϕ(n), d’oùaϕ(n) = 1, ce qui est équivalent à

aϕ(n) 1 modn.

Proposition 1.46. (« petit théorème de Fermat »). Soient p un nombre premier et a∈N\ {0}non divisible parp. Alors :

ap11 modp.

Démonstration. C’est une conséquence immédiate de la proposition 1.45 puisque si pest un nombre premier, on aϕ(p) =p−1(exemple 1.41).

Proposition 1.47. (« théorème de Wilson ») Soitpun nombre premier. On a alors : (p1)!≡ −1 modp.

Démonstration. Le casp= 2étant évident, on supposep >2. Considérons lesp−1 éléments de(Z/pZ)(en notant avec l’abus de langage habituel encore 1 la classe de 1 modulop) :

1,2, . . . , p1.

Leur produit vaut(p1)!; un de ces élémentsxest égal à son inverse si et seulement six2 = 1. Or, commep = 2, 1 ≡ −1 modpet l’équationX2 = 1 a exactement deux solutions dans le corpsZ/pZqui sont1etp−1 =p−1 =1; on a en effet la factorisationX21 = (X1)(X+ 1), et six∈Z/pZ,x =±1,(x1)(x+ 1) est non nul puisque l’anneauZ/pZétant un corps, il est intègre. On peut donc dans le produit1.2. . .(p1)grouper chaque élémentxiavec son inverse, sauf1et1qui sont chacun égaux à leur inverse ; on a ainsi :

1.2. . . . .(p1) = (p1)! = 1.(p1) xi× 1 xi

=p−1 =1.

On a donc bien(p1)!≡ −1 modp.

(23)

1.4.3. Théorème chinois

Théorème 1.48. « Lemme chinois »

Soitnun entier tel quen=m1m2, avecm1∧m2 = 1. Alors l’applicationψ: Z/nZ−→Z/m1Z×Z/m2Z (4) qui à la classekmodulond’un entierk∈Zfait correspondre l’élément(k1, k2)(ki étant la classe dekmodulomi) est un isomorphisme d’anneaux. (cf. la remarque 1.6).

Démonstration. Soientφle morphisme d’anneaux :

Z−→Z/m1Z×Z/m2Z x→(x1, x2)

(xi est la classexdansZ/miZ), πle morphisme canonique :Z Z/nZ. On a les inclusions suivantes d’idéaux puisquen=m1m2:nZ⊂m1ZetnZ⊂m2Z, d’où nZ m1Z∩m2Z. Cela implique que le morphismeφse factorise pour donner un morphisme d’anneauxψ:

Z/nZ−→Z/m1Z×Z/m2Z. tel queφ=ψ◦π(carnZkerφ=m1Z

m2Z; cf. la proposition 1.19). Autrement dit, le diagramme suivant est commutatif :

Z

π

φ

((Q

QQ QQ QQ QQ QQ QQ Q

Z/nZ ψ //Z/m1Z×Z/m2Z. Montrons queψest bijectif.

Pour montrer que ψ est injectif, il faut montrer que kerφ = nZ(corollaire 1.20), soit m1Z

m2Z = nZ. On a déjà vu que nZ m1Z

m2Z. Réciproquement, soit x m1Z

m2Z; on peut écrirex = λm1 = µm2; si x = 0, on ax nZ, et si x = 0,m1 diviseµpar le lemme de Gauss 1.27, d’oùx m1m2Z = nZ; le morphismeψest donc injectif. Il est aussi surjectif, puisque les deux ensemblesZ/nZ

etZ/m1Z×Z/m2Zont même cardinaln.

On a en fait le même résultat pour plusieurs entiersmipremiers deux à deux : Corollaire 1.49. Soitnun entier tel quen=m1. . . msavecmi >1,mi∧mj = 1 pouri=j. Alors l’applicationψ:

Z/nZ−→Z/m1Z× · · · ×Z/msZ

qui à la classekmodulond’un entierk∈Zfait correspondre l’élément(k1, . . . , ks) (kiétant la classe dekmodulomi) est un isomorphisme d’anneaux.

Démonstration. Immédiate par récurrence sur s, en remarquant que si lesmi sont premiers entre eux deux à deux, m1. . . ms1 et ms sont premiers entre eux par le corollaire 1.29, et en utilisant le théorème 1.48 pour ces deux entiers.

(24)

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1.4 L’anneauZ/nZ 17

Par exemple, sin= pα11. . . pαkk est la décomposition denen facteurs premiers, on a Z/nZk

i=1Z/pαiiZ.

Corollaire 1.50. Soitnun entier tel quen=m1. . . msavecmi >1,mi∧mj = 1 pour i = j. Alors pour deux entiers aet b, on a a bmodn si et seulement si a≡bmodmi (1is).

Démonstration. Sia−b≡0 modn, on a évidemmenta−b≡0 modmipour tout i. Réciproquement, sia−b 0 modmi pour touti, l’injectivité du morphismeψ

(corollaire 1.49) montre quea−b≡0 modn.

Remarques 1.51. 1) Pour avoir une version « constructive » du théorème chi- nois, il faut construire l’applicationginverse deψ. De plus la démonstration n’utilisera alors plus queZ/nZest de cardinal fini, et pourra s’appliquer à tout anneau principal, en particulier à l’anneauK[X], comme nous le verrons au chapitre 3.

Considérons le cas général oùn=m1. . . msavecmi∧mj = 1pouri=j.

Soitψle morphisme d’anneaux du corollaire 1.49. La construction de l’inverse gdu morphismeψse fait de la manière suivante :

• on détermine par l’algorithme d’Euclide étendu des nombres ui etvi tels que :

uimi+vin/mi = 1 (cf.(2))

ce qui est possible car les entiersmi etn/mi = m1. . . mi1mi+1. . . ms sont premiers entre eux (corollaire 1.29) ;

• on poseei= 1−uimi=vin/mi;

• on a donc :

ei 1 (modmi), ei 0 (modmj) (∀j =i);

• sixi Z/miZest la classe dexi Z, on poseg(x1, . . . , xs) = eixi ( modn).

Le fait quegest l’inverse deψest alors immédiat.

2) Le cas oùn∧m= 1est traité dans l’exercice 1.24.

Exemple 1.52. Soit x un nombre entier tel que x 3 mod 13 et x 7 mod 19. Si on veut trouver sa classe modulo 247 = 13 × 19, on cherche la relation de Bézout par l’algorithme d’Euclide : 19 = 13×1 + 6, 13 = 2×6 + 1, d’où 1 = 132(1973) = 3×132×19. On a alors :

x≡7.3.133.2.19 mod 247, soitx≡159 mod 247.

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