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Tout automorphisme de F q induit l’identité sur F p ;

Théorie des corps

1. Tout automorphisme de F q induit l’identité sur F p ;

2. le groupe des automorphisme deFq est cyclique, engendré par l’automorphisme de Frobeniusx→xp;

3. plus généralement, soientrun entier1,q1 =pr,q =q1n; on a doncFq1 Fq. Alors le groupe desFq1-automorphismes deFqest cyclique, engendré par l’auto-morphismex→xq1.

Démonstration.

1. et 2. découlent immédiatement de la proposition 6.36. Montrons 3.

L’automorphismex xq1 laisse fixes les éléments deFq1 puisque ceux-ci vérifient l’équationXq1−X = 0(proposition 6.36).

Réciproquement, soitφunFq1-automorphisme deFq;φest de la formex→xpspar 2. Remarquons d’abord que siα Fq1 est un élément primitif, l’entierrest le plus petit entierktel queαpk =αpuisque le polynôme minimal deαest de degrér. On en déduit tout entiersqui vérifieαps =αest un multiple der(car sis=ar+b, on

aαps =αpb).

Ce résultat permet d’illustrer la « théorie de Galois » dans le cas particulier des corps finis.

Proposition 6.40. Soitq = pr,G (Z/nZ,+)le groupe des automorphismes de Fqn surFq. Il y a une bijectionΦentre les corpsK tels queFq ⊂K Fqn et les sous-groupes de H G. À un sous-corps K correspond le sous-groupe H G des automorphismes de Fqn qui laissent fixes les éléments de K. Le groupe des automorphismes deKsur le corpsFqest alors isomorphe au quotientG/H.

Démonstration. SoitKun corps tel queFq⊂K⊂Fqn. Le corpsKest de cardinal qd avecd|n(c’est d’ailleurs l’unique sous-corps deFqn de cardinal qd(proposition 6.36).

On lui fait correspondre le sous-groupe H G des K-automorphismes de Fqn. Comme K Fqd, ce groupe est cyclique d’ordre n/d(corollaire 6.39, 3.) : c’est l’unique sous-groupe de G (Z/nZ,+) d’ordre n/d. Cela montre que Φest une bijection.

Montrons maintenant la fin de la proposition. Le groupeLdesFq-automorphismes de K est isomorphe àZ/dZ; on a une applicationψ:G→ Lqui à un automorphisme deFqn fait correspondre sa restriction àK. Pour achever de montrer la proposition, il suffit de montrer le lemme suivant :

Lemme 6.41. SoitH ⊂Gle sous-groupe des automorphismes qui laissent fixes les éléments deK. L’applicationψest un morphisme de groupes surjectif de noyauH.

L’applicationψest évidemment un morphisme de groupes, dont le noyau estH par définition (le noyau est l’ensemble des Fq-automorphismes de Fqn qui induisent l’identité sur K). Le morphisme ψs’interprète comme un morphisme de groupes : Z/nZZ/dZqui envoie la classe de 1 (modn) sur la classe de 1 (modd), puisqu’il envoie l’identité sur l’identité. Le morphisme ψest donc surjectif, et son noyau est

isomorphe àZ/sZavecs=n/d(proposition 1.36).

6.6.2. Carrés deFq

Pourq=pnfixé (pnombre premier), posons :

(Fq)2 ={x∈Fq| ∃y∈Fq, y2 =x}, Fq2 =Fq(Fq)2. Proposition 6.42.

• Sip= 2, on a(Fq)2=Fq. ;

• sip >2, on a|(Fq)2|=q+12 , |Fq2|= q21.

Démonstration. Si p = 2, l’applicationx x2 de Fqdans lui-même est le mor-phisme de Frobenius, donc un isomormor-phisme (il est donc en particulier surjectif ; cf. le lemme 6.37).

Sip >2, on a1=1et l’élévation au carré donne un morphisme surjectif : FqFq2

dont le noyau est le sous-groupe(−1,1)de(Fq,×). Cela montre que|Fq2|= q21, et donc|(Fq)2|= q+12 puisqu’il faut ajouter l’élément0.

©Dunod.Laphotocopienonautorieestunlit.

6.6 Compléments 137

Proposition 6.43. « Critère d’Euler »

x∈Fq2 ⇐⇒xq−12 = 1.

Démonstration. Notons

X={x∈Fq|xq−12 = 1}.

On a évidemmentFq2 ⊂X(car six=y2avecy∈Fq,yq1= 1, d’oùxq−12 = 1), et|X| q21 puisqu’il est constitué des racines d’un polynôme de degré q21. On a

doncX =Fq2.

Signalons deux corollaires classiques en théorie des nombres.

Corollaire 6.44. Soientp >2un nombre premier,nun entier,q=pn. Alors

−1∈(Fq)2⇐⇒q≡1 mod 4 Démonstration.

−1∈Fq2 (−1)q−12 = 1 q−1

2 0 mod 2⇔q≡1 mod 4.

Corollaire 6.45. Il existe une infinité de nombres premiers de la forme4m+ 1.

Démonstration. Soientnun entier arbitraire et p un facteur premier de(n!)2 + 1.

Alors on ap > n(sinonpdiviseraitn!) et la classe de(n!)2 + 1est nulle dansFp. Donc1est un carré dansFp (puisque1 = (n!)2) ce qui entraîne quepest de la forme4m+ 1d’après le corollaire 6.44. Commep > net quenest arbitraire, on en

déduit l’assertion.

6.6.3. La loi de réciprocité quadratique

Définition 6.46. Un entiera∈Zest dit un résidu quadratique modulonsi l’image a∈Z/nZest un carré.

Ainsi pour connaître, par exemple, les résidus quadratique modulo6, il suffit de faire la table des carrés dansZ/6Z:

x 0 1 2 3 4 5 x2 0 1 4 3 4 1

de sorte queaest un résidu quadratique modulo6 si et seulement sia 0,1,3,4 mod 6.

Rappelons que dans le corpsFq, 1 est un carré si et seulement si q 1 mod 4 (corollaire 6.44) ; donc sipest un nombre premier,1est résidu quadratique modulo psi et seulement sip≡1 mod 4.

Définition 6.47.

– Symbole de Legendre : pour p premier et a non divisible par p, on définit a

p

∈ {±1} comme étant égal à1siaest un résidu quadratique modulopet−1 sinon.

– Symbole de Jacobi : pourppremier etadivisible parp, on prolonge le symbole de Legendre en posant

(le produit est défini avec la multiplication dansZ).

Lemme 6.48. Le symbole de Legendre est multiplicatif, i.e. : ac

de sorte que le symbole de Jacobi est bi-multiplicatif (i.e. par rapport aux variablesa etb).

Démonstration. La multiplicativité du symbole de Legendre découle directement du critère d’Euler (proposition (6.43). En effet si x est non nul dans Z/pZ, x est un carré si et seulement si x(p1)/2 = 1 alors que dans le cas contraire on a x(p1)/2 = 1. Ainsi si x et y sont des résidus quadratiques non nuls modulo p, on a (xy)(p1)/2 = x(p1)/2y(p1)/2 1 mod 2 etxy est un résidu quadratique modulo p. Si x est un résidu quadratique modulo p alors que y n’en n’est pas un, l’égalité précédente donne que xy n’est pas un résidu quadratique modulo p.

Enfin si x et y ne sont pas des résidus quadratiques modulop, l’égalité précédente donne (xy)(p1)/2 1 modp etxy est un résidu quadratique modulo p, d’où la multiplicativité du symbole de Legendre et la bi-multiplicativité du symbole de Jacobi.

Lemme 6.49. Le symbole de Jacobia

b

est nul si et seulement siaetbne sont pas premiers entre eux. Par ailleurs sia∧b= 1et siaest un résidu quadratique modulo balorsa

b

= 1.

Démonstration. Supposons qu’il existeppremier divisanta∧b; on en déduit alors quea 0 modpet donc en déduit qu’il existepdivisantbtel que

a

Remarquons que la réciproque de la dernière assertion est fausse : soitb=p2etaqui n’est pas un carré modulop. On a par définitiona

b

= 1alors quean’est pas un carré modulobcar sinon il en serait un modulop.

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6.6 Compléments 139

Proposition 6.50. « Lemme de Gauss » (encore un !). Pour p premier impair et n∈Z, on appelle résidu minimal denmodulopl’unique entiern ]−p/2, p/2[tel quen≡n mod p. Soitm∈Nnon multiple dep; on noteµp(m)(ou simplementµ s’il n’y a pas de confusion possible) le nombre d’entiers parmi{m,2m,· · · , (p21)m} dont le résidu minimal est strictement négatif. On a alors

m

Notons tout d’abord que lesri (resp.si) sont distincts deux à deux. Supposons par exemple qu’il existe un couple(i, j)tel queri=sj, soit doncam≡ri≡sj ≡ −bm modpavec1 a, b (p1)/2. On obtient alorsam+bm 0et commemest premier avecp,a+best divisible parpce qui est impossible, d’où la contradiction.

On a ainsi :

Corollaire 6.51. (Le cas de 2) : pourppremier impair, on a 2

p

= (1)(p21)/8 et donc2est un carré modulopsi et seulement sip≡ ±1 mod 8.

Démonstration. Il s’agit de calculerµpourm = 2; on est donc ramené à compter les entiersltels quep/2 < 2l < p. On vérifie aisément que sip 1 mod 4(resp.

p≡3 mod 4) alorsµ=λ= p41 (resp.λ= p43 etµ= p+14 ). On vérifie alors que

p21

4 a la même parité queµ, d’où le résultat.

Théorème 6.52. (Loi de réciprocité quadratique). Pourpetqpremiers impairs on a : p

Énoncée la première fois par Euler en 1783, la première preuve est due à Gauss en 1798, qui en donnera 7 en tout. Aujourd’hui on en dénombre plus de 163! Nous proposons une preuve assez récente via le « symbole de Zolotarev ».

Notons d’abord que l’ensemble des bijections de Z/nZ dans lui-même s’identifie au groupeSn (cf. la remarque 4.11 : il suffit de choisir une bijection de l’ensemble {Z/nZ}sur{1,2, . . . , n}, par exemple la bijection{1, . . . , n} → {1,2, . . . , n}; si alorsm∧n= 1, la multiplication parmdansZ/nZest une bijection et correspond donc à un élément deSn.

Définition 6.53. Pourmpremier avecnon définit le symbole de Zolotarev en(m) comme la signature de la permutation correspondant à la multiplication parmdans Z/nZ.

Proposition 6.54. Pournetmdes nombres premiers impairs distincts, le symbole de Zolotarev est égal au symbole de Legendre.

Démonstration. Le résultat découle directement du lemme suivant :

Lemme 6.55. Le symbole de Zolotarev est multiplicatif en la variable m, i.e.

en(mm) = en(m)en(m). En outre pour n premier impair en(m) m(n1)/2 mod n.

Démonstration. La multiplicativité du symbole de Zolotarev en la variablemprovient du fait que la composition de la multiplication par mavec la multiplication par m correspond à la multiplication par mm et que la signature d’une composée est le produit des signatures.

Soit r l’ordre de m dans le groupe ((Z/nZ)) qui est cyclique puisque n est premier ; ce groupe se décompose alors sous l’action de la multiplication par m en (n1)/r orbites chacune de longueurr et sur ces orbites la multiplication parm induit un cycle de longueur r. On en déduit alors que le symbole de Zolotarev est (1)(r1)(n1)/r. Ainsi sirest pair on a :

m(n1)/2 = (mr/2)(n1)/r (1)(n1)/r mod n

carnétant premier,mr/2 ≡ −1 modn; sirest impair,n−1étant pair est divisible par2ret doncm(n1)/2= (mr)(n1)/2r1 mod nd’où le résultat.

Lemme 6.56. On fixenetmdes nombres premiers impairs distincts. On considère alorsσ(resp.τ) la permutation deZ/nZ×Z/mZdéfinie par(i, j) (mi+j, j) (resp.(i, nj+i)). On a alorsε(σ) =m

n

etε(τ) =n

m

.

Démonstration. La multiplication parm dansZ/nZétant injective, il est immédiat de voir que σ (resp. τ) est bien une permutation de Z/nZ×Z/mZ. La signature deσ restreinte àZ/nZ× {j}, comme composée de la multiplication parmet de la translation parjsur la première composante, est de signaturem

n

car la translation en question est de signature(1)n1 = 1(proposition 6.54). En outrejdécritmvaleurs de sorte que la signature deσestm

n

m

=m

n

. Par symétrieτ est de signaturen

m

. Lemme 6.57. Soit π : Z/nmZ −→ Z/nZ×Z/mZ l’isomorphisme du lemme chinois. On considère la permutationλdeZ/nmZdéfinie parmi+j →nj+i. On a alorsλ◦π1◦σ=π1◦τ etε(λ) = (−1)n(n−1)2 m(m−1)2 .

Démonstration. L’isomorphisme canoniqueπ:Z/nmZ Z/nZ×Z/mZvérifie π(mi+j) = (mi+j, j)etπ(i+nj) = (i, i+nj). Ainsi en notantλla bijection

©Dunod.Laphotocopienonautorieestunlit.

Exercices 141

deZ/mnZdéfinie parλ(mi+j) = i+njet qui correspond au passage de l’ordre lexicographique à l’ordre lexicographique inverse, on obtientλ◦π1◦σ=π1◦λ.

Pour le calcul deε(λ), il s’agit de compter le nombre d’inversions, i.e. le nombre de (i, j) < (i, j)pour l’ordre lexicographique soiti < i oui= i etj < j, tels que (i, j) >(i, j)pour l’ordre lexicographique inverse, i.e.j > jouj=jeti > i. On obtient alors les conditionsi < ietj > jsoitCn2Cm2 possibilités, d’où le résultat.

Preuve de la loi de réciprocité quadratique : on réécrit l’égalité du lemme sous la forme λ 1 σ π) = π1 τ π, d’où en prenant les signatures : (−1)(m1)(n1)/4m

n

= n

m

. On en déduit alors la loi de réciprocité quadratique pour le symbole de Legendre.

En outre on obtient aussi la multiplicativité pour la variablendu symbole de Zolotarev

et donc son égalité avec le symbole de Jacobi.

Exemple 6.58. Calcul de 713

1 009

. En appliquant la loi de réciprocité quadratique, on a : ( 713

1 009) = (1 009

713 )(1)1 008.7124 = (296

713)(+1) = (8.37

713) = ( 8 713)( 37

713);

par ailleurs on a(7138 ) = (7132 ) = 1car7131 mod 8. On calcule alors ( 37

713) = ( 5

37)(1)712.364 = ( 5

37)(+1) = (2

5)(1)4.364 et(25) =1et finalement(1 009713 ) = 1soit713est un carré modulo1 009.

EXERCICES

Les solutions des exercices et problèmes sont données en fin d’ouvrage.