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Submitted on 1 Jan 1956
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Fonctions indicatrices de spectres
Jean-Louis Destouches
To cite this version:
Jean-Louis Destouches. Fonctions indicatrices de spectres. J. Phys. Radium, 1956, 17 (6), pp.475-479.
�10.1051/jphysrad:01956001706047500�. �jpa-00235413�
FONCTIONS INDICATRICES DE SPECTRES Par JEAN-LOUIS DESTOUCHES,
Institut Henri-Poincaré, Paris.
Sommaire.
2014On indique un procédé commode pour représenter un spectre qui est connu soit expérimentalement, soit théoriquement. La partie continue du spectre est représentée par la fonction caractéristique de l’ensemble complémentaire. La partie discontinue du spectre est repré-
sentée par une fonction analytique uniforme qui admet pour zéros les valeurs spectrales; une telle
fonction est appelée fonction indicatrice du spectre. Elle permet une classification des spectres.
Pour un spectre qui n’a pas de points d’accumulation, on obtient ainsi une fonction entière. Pour
un spectre qui a des points d’accumulation, la fonction analytique présente des points singuliers
essentiels aux points d’accumulation. Elle peut s’exprimer par l’intermédiaire de fonctions entières.
Cette méthode s’applique encore au cas de systèmes ayant des niveaux quasi-stationnaires et susceptibles de se désintégrer. La partie réelle d’un zéro de la fonction indicatrice fournit la valeur de l’énergie d’un niveau, tandis que sa partie imaginaire fournit la constante radio-active associée à ce niveau.
17, 1956,
1. Position du problème.
--Qu’un spectre soit déterminé expérimentalement ou qu’il soit déter- miné par une théorie de quantification, le pro- blème se pose de caractériser un tel spectre d’une façon aussi simple et commode que possible. Nous
allons indiquer ici une caractérisation d’un spectre
au moyen d’une fonction qui semble bien répondre
à ces conditions. La grandeur énergie est une gran-
deur de rang 1 ; un résultat de mesure de l’énergie s’exprimera par un nombre réel. Le spectre d’éner- gie quantifiée AE,Q se représentera alors par un ensemble de nombres réels, c’est-à-dire par uns
ensemble de points sur une droite. Il en sera de
même pour le spectre de toute grandeur quantifiée
de rang 1. Un tel ensemble spectral sera en général
mixte comprenant une partie discontinue cons-
tituée par un ensemble infini dénombrable de
points et une partie continue constituée dans le
cas général par une suite d’intervalles et une ou deux demi-droites. Un spectre peut être entiè- rement continu, un spectre peut aussi être entiè- rement discontinu, ne comprenant qu’un ensemble
infini dénombrable de points ou même ne compre- nant qu’un ensemble fini de points. (Toutefois ce
dernier cas ne se présente pas pour la grandeur énergie.)
2. Propriétés des spectres.
-Les conditions de raccordement à la mécanique ondulatoire usuelle
nous fixent d’abord les propriétés suivantes pour les spectres : 11) si un spectre est mixte (en partie discontinu, en partie continu), la partie discontinue du spectre présente au moins un point d’accumulation (à distance finie). 20 Inversement, si un spectre discontinu (infini dénombrable) ne présente pas de
points d’accumulation (à distance finie) le spectre n’a pas de partie continue.
Mais on peut avoir un spectre entièrement
discontinu qui présente des points d’accumulation et même qui en présente une infinité. D’autre part,
en mécanique ondulatoire usuelle, pour un spectre entièrement discontinu, on peut, de l’ensemble des fonctions propres, extraire une suite infinie dénom- brable de fonctions formant une base complète
dans l’espace de Hilbert. La condition de raccor-
dement nous fixe alors :
30 Si un spectre est fini, (ne comprenant que n valeurs spectrales El, ..., jEn) alors il y a au moins
un niveau dégénéré d’ordre infini. (Ce cas ne peut
se présenter pour l’énergie, mais il se présente pour d’autres grandeurs, par exemple pour le spin ou le spin isotopique.)
40 Si un spectre discontinu ne comprend aucun
niveau dégénéré d’ordre infini, ce spectre est infini
dénombrable.
50 Un spectre d’énergie, soit entièrement discon-
tinu, soit en partie discontinu, est toujours tel que la
partie discontinue comprend un ensemble infini
dénombrable de points.
3. Fonction indicatrice d’un spectre.
-Nous
aurons avantage à représenter un spectre au
moyen d’une fonction. Cette représentation peut
être effectuée de diverses manières. Un ensemble
spectral peut être représenté comme tout ensemble,
par sa fonction caractéristique c(§) :
JC désignant le corps des nombres complexes.
Nous pouvons aussi, pour représenter un spectre, adopter la fonction caractéristique de l’ensemble complémentaire, c’est-à-dire représenter le spectre
par la fonction C(§) telle que
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01956001706047500
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alors pour tout point § appartenant au spectre, on
a C(§) = 0 et pour tout point n’appartenant pas
au spectre, on a C(t) = 1. Pour les applications
que nous aurons à faire de la fonction représentant
un spectre, cette seconde façon selon laquelle la
fonction représentative est nulle pour les valeurs
spectrales sera plus commode. Mais pour les
points x n’appartenant pas au spectre, la valeur de
la fonction représentative est sans importance
pourvu qu’elle soit non nulle. Nous appellerons fonction indicatrice d’un spectre donné, toute fonc-
tion S(x) remplissant les conditions suivantes :
10 S(x) est une fonction uniforme
Quand dans l’ensemble des fonctions S(x) satis-
faisant aux conditions précédentes, nous ferrons
choix d’une certaine fonction So(x), nous l’appel-
lerons fonction indicatrice typique du spectre. Ce
sera le cas par exemple si parmi les fonctions S(x)
se trouve une fonction usuelle.
4. Propriété de réunion.
2013Si un spectre A.&.,Q
est la réunion de deux ensembles Al et A2 de telle façon que ou bien A, et A2 sont sans partie com-
mune ou bien les éléments de la partie commune
sont comptés avec la somme des multiplicités qu’ils
ont dans l’un et l’autre ensemble, alors toute fonc-
tion indicatrice du spectre AA,Q est égale au.pro- duit d’une fonction indicatrice de l’un des spectres par une fonction de l’autre spectre :
En effet la fonction S1() est nulle et n’est nulle que pour les éléments de A1, de même 82(C) est
nulle et n’est nulle que pour les éléments de A2,
donc S(§) est nulle pour tout élément de AI u A2
et n’est nulle que pour les éléments de cet ensemble.
Sur l’ensemble complémentaire de A, u A2, S(§) prendra des valeurs arbitraires : si l’on a
choisi pour Si et S2 certaines fonctions indica- trices et si f (x) est une fonction arbitraire non nulle
(de la forme e’g(OJ si l’on fait la convention de se
limiter aux fonctions entières, G(x) étant entière)
on pourra poser
et ainsi on aura une fonction S() qui prendra des
valeurs arbitraires sur l’ensemble complémentaire deAluA2.
Réciproquement, étant donné un spectre AAQ,
on pourra toujours le décomposer en deux
ensembles A, et A2 et écrire toute fonction indi- catrice sous la forme (1), S1 et S2 étant des fonc-
tions indicatrices pour chacun des spectres partiels A, et A..
En effet il suffit de poser
où f 1 et /2 sont des fonctions arbitraires ne s’annu- lant pas, pour avoir des fonctions indicatrices pour chacune des parties Az et A2 du spectre.
Le produit S 1() . S 2() est bien une fonction indi-
catrice pour le spectre complet car elle n’est nulle que pour § e AA.,Q et prend des valeurs arbitraires hors du spectre. On peut alors choisir f 1 et f2 telles
que
f 1 et /2 étant arbitraires pour § appartenant au spectre. On a bien alors
Cette propriété de factorisation des fonctions indicatrices est très importante. On a donc ce
théorème :
THÉORÈME. Si un spectre AA.Q est considéré
comme la réunion de deux ensembles A 1 et A2,
toute fonction indicatrice du spectre peut s’écrire
comme le produit d’une fonction indicatrice du spectre A 1 par une fonction indicatrice du spectre A2, soit
Cela peut être fait pour toute décomposition du spectre AA,Q en deux parties Al et A2.
5. Cas d’un spectre entièrement continu.
-Soit
un spectre entièrement continu, donc formé soit d’une droite, soit d’une demi-droite, soit de deux demi-droites, soit, plus généralement, d’une suite d’intervalles. Une fonction indicatrice du spectre
est C(§), fonction caractéristique de l’ensemble
complémentaire. Nous obtiendrons toute fonction indicatrice du spectre en multipliant C(§) par une fonction uniforme f() définie pour tout § et qui
ne s’annulle jamais, soit
En effet ainsi S() est nul pour tout point § du spectre et seulement pour les points du spectre : dans le spectre C() - 0, hors du spectre, C(§) # 0 et f(Ç) =F 0. En outre toute fonction indicatrice S() peut être ainsi obtenue car si
Si(§) est une fonction indicatrice choisie arbitrai- rement, on peut toujours définir une fonction f 1() uniforme par
où tpi(t) est une fonction arbitraire non nulle
définie sur tout le spectre. Et ceci peut être fait
pour toute fonction indicatrice Si(§). Donc :
THÉORÈME : : Toute fonction indicatrice d’un spectre entièrement continu peut être écrite comme le
produit de la fonction caractéristique de l’ensemble complémentaire par une fonction arbitraire qui ne
s’annule jamais.
Nous conviendrons de nous restreindre aux fonc- tions f(§) entières. Alors on aura f(§) = eG(l;:) si G(1) désigne une fonction entière arbitraire qui peut s’annuler.
Avec cette convention, toute fonction indica- trice d’un spectre entièrement continu sera de la forme :
et comme fonction indicatrice typique nous adop-
terons
6. Cas d’un spectre mixte.
--Soit un spectre
mixte. Nous pouvons le décomposer en une partie
continue et une partie discontinue, soit :
Alors on a :
THÉORÉME : Toute fonction indicatrice d’un spectre mixte peut être écrite comme le produit d’une fonction indicatrice du spectre discontinu par la
fonction indicatrice typique du spectre continu (fonc-
tion caractéristique de l’ensemble complémentaire
du spectre continu).
En effet d’après le théorème précédent nous
pouvons décomposer le spectre en sa partie continue
et sa partie discontinue, soit
Pour la partie continue, nous nous trouvons dans le cas d’un spectre entièrement continu. On
peut donc poser
où f() est une fonction ne s’annulant pas.
Mais Sl.d().J() est une fonction indicatrice pour la partie discontinue ; en effet, elle s’annule
aux mêmes points que Si,d(§) et seulement en ces points. Posons alors :
On aura
ce qui établit le théorème.
7. Fonction indicatrice d’un spectre discontinu.
-