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Submitted on 1 Jan 1981
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Indice de réfraction de l’eau pure aux basses températures, pour la longueur d’onde de 5 893 Å
Ch. Saubade
To cite this version:
Ch. Saubade. Indice de réfraction de l’eau pure aux basses températures, pour la longueur d’onde
de 5 893 Å. Journal de Physique, 1981, 42 (2), pp.359-366. �10.1051/jphys:01981004202035900�. �jpa-
00209018�
Indice de réfraction de l’eau pure aux basses températures,
pour la longueur d’onde de 5 893 Å
Ch. Saubade
Laboratoire de Thermodynamique, Institut Universitaire de Recherche Scientifique,
Université de Pau et des Pays de l’Adour, Avenue Philippon, 64000 Pau, France (Reçu le 4 juillet 1980, révisé le 6 octobre, accepté le 30 octobre 1980)
Résumé.
2014L’utilisation du réfractomètre à immersion Zeiss aux basses températures a permis de déterminer l’indice de réfraction de l’eau pure au-dessous de la température ambiante (jusqu’à - 12 °C), pour la longueur
d’onde correspondant à la raie D du sodium. L’indice absolu de l’eau est trouvé présenter un maximum dans le domaine surfondu. Les résultats sont discutés et comparés avec d’autres valeurs de la littérature.
Abstract.
2014The use of Zeiss Immersion Refractometer at low temperatures allows to determine the refractive index of pure water below room temperature (down to 2014 12°C), at 5 893 Å wavelength. The absolute index of water is found to exhibit a maximum in the supercooled region. The results are discussed and compared with
literature data.
Classification Physics Abstracts
78.20D
1. Introduction.
-Pour une meilleure compréhen-
sion du comportement des liquides métastables,
l’examen du cas de l’eau et des solutions aqueuses au
moyen de mesures optiques s’avère particulièrement indiqué puisque l’indice de réfraction de l’eau passe par un maximum vers 0 °C à pression normale [1],
maximum lié aux effets structuraux intervenant au
sein du liquide. Les divergences que l’on peut constater
entre les diverses valeurs d’indice obtenues pour l’eau
en surfusion par différents expérimentateurs [2-6]
s’expliquent surtout par le fait que la température de l’appareillage a une influence non négligeable sur le
résultat de mesure. Tenant compte de cette remarque,
nous avons mis au point une technique de mesure permettant de déterminer avec précision l’indice de réfraction des liquides aux basses températures [7].
La présentation des résultats obtenus pour l’eau pure fait l’objet de cet article.
2. Technique expérimentale.
-L’élément de base du dispositif est le réfractomètre à immersion Zeiss
(muni de prismes thermostatiques) placé en atmosphère
d’azote sec pour éviter la condensation de vapeur d’eau ou le givrage de l’appareil aux basses tempé-
ratures, obtenues grâce à un thermostat à circulation
qui permet de fixer la température de l’échantillon.
Cette dernière est repérée au moyen d’un couple thermoélectrique relié à un microvoltmètre numé-
rique. Au niveau du prisme de mesure, la stabilisation
thermostatique (à 0,02 OC près) est suffisante pour permettre de bénéficier au maximum de la précision
du réfractomètre (mieux que 10- 5 d’après le construc- teur).
Nous avons montré par ailleurs [7] comment le
réfractomètre Zeiss, qui est un appareil commercial donnant l’indice correspondant à la raie D du sodium
et prévu pour utilisation au voisinage de la tempé-
rature ambiante, doit être employé pour des mesures en fonction de la température. Les résultats expéri-
mentaux doivent être corrigés afm de tenir compte de l’influence de la répartition des températures au
sein de l’instrument. Cette répartition n’est connue
avec précision que lorsque ce dernier a atteint l’équi-
libre thermique fonction de la température de l’échan- tillon et de la température ambiante. Il est nécessaire d’opérer à l’équilibre car les corrections ont été évaluées pour des conditions expérimentales bien définies.
Certaines corrections, qui dépendent de la tempé-
rature du prisme de mesure utilisé, ont pu être calculées
théoriquement. D’autres, liées au gradient de tempé-
rature apparaissant dans la lunette, ont été déter- minées à partir de mesures préliminaires, par compa- raison avec les valeurs d’indice de l’eau à température positive fournies par le National Bureau of Standards
des Etats-Unis [1] ; ces corrections sont valables
lorsque le réfractomètre à immersion est muni de
prismes thermostatiques, quel que soit le prisme de
mesure utilisé.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01981004202035900
360
3. Procédure et résultats.
-3. 1 Il a été indiqué
d’une part qu’un bon réglage thermostatique est
nécessaire pour bénéficier au maximum de la précision
du réfractomètre et, d’autre part, qu’il faut également
que ce dernier ait atteint l’équilibre thermique au
moment de la mesure. C’est pourquoi, lors de chaque
étude réfractométrique en fonction de la température,
nous avons procédé à des refroidissements ou
réchauffements lents par paliers de température qui permettent seuls de donner un sens au résultat.
Dans la plupart des cas, nous avons opéré au refroi- dissement, en explorant au maximum le domaine surfondu, jusqu’à congélation de l’échantillon.
L’eau utilisée lors de nos mesures est une eau très pure ayant une conductivité de l’ordre de
10 - ’ ÇI - ’. m - ’. Elle est obtenue, après passage sur des résines échangeuses d’ions, par une première
distillation sur permanganate alcalin éliminant tout substance organique ; le distillat passe ensuite sur
résines à lits mélangés, avant d’être distillé à nouveau
dans un appareil en quartz.
Notre travail , expérimental est constitué par
1088 déterminations d’indice (dont 264 dans le domaine surfondu) correspondant à 31 descentes en
température relatives à des échantillons distincts ayant congelé entre, - 6 et - 12 °C .
3.2 Il est intéressant de représenter chaque mesure
en fonction de la température par une expression mathématique commode. Un polynôme de degré 3
rend parfaitement compte du fait expérimental comme
le prouve la figure 1. L’indice de réfraction de l’eau,
mesuré au cours d’une descente en température, peut donc se mettre sous la forme :
où t est la température exprimée en OC.
Fig. 1.
-Indice de l’eau obtenu lors d’une descente en tempéra-
ture (échantillon no 25).
[Refractive index of water during cooling (sample n° 25).]
Si l’on examine l’ensemble des résultats exprimés de
cette manière, on constate qu’il apparaît une dispersion
notable sur les valeurs des coefficients. En fait, B(l), B(2) et B(3) fortement corrélés ne peuvent être consi- dérés séparément puisqu’ils traduisent les variations d’indice en fonction de la température pour une
mesure donnée. Par contre, les valeurs d’indice à 20 °C étant très voisines pour la totalité des échantillons,
il se trouve que le coefficient B(0) rend directement compte du maximum de dispersion des résultats, qui
a lieu au voisinage du maximum d’indice. La dispersion
sur les valeurs de B(0) est de l’ordre de 10-4. Il ne faut pas s’en étonner ; ceci découle de la difficulté que l’on a à maîtriser les conditions expérimentales aux basses températures.
Remarquons, à ce propos, que les précisions généra-
lement affichées dans la littérature ne doivent pas faire illusion. Les valeurs proposées résultent, la plupart
du temps, d’une moyenne effectuée sur une série de
mesures ; on omet généralement de préciser la distri-
bution des résultats. Lorsque les auteurs présentent
la totalité de leurs mesures, les écarts extrêmes sont en
général de l’ordre de 10-4 (même souvent au voisinage
de la température ambiante), écarts voisins de ceux
que nous obtenons à 0 °C.
3.3 DÉPOUILLEMENT DES RÉSULTATS.
-Chaque
mesure nous donne une valeur d’indice pour une
température donnée t. Pour la mesure i :
Si nous avons q mesures, la valeur moyenne s’écrit :
ou encore :
en posant
Ce résultat montre que pour obtenir la valeur moyenne de l’indice pour chaque température, il suffit
de considérer le polynôme ayant pour coefficients la moyenne des coefficients associés aux mesures
individuelles.
Après addition de 2 x 10- 6 pour avoir coïncidence
avec la valeur du N.B.S. à 20 OC, les valeurs d’indice découlant de l’ensemble de notre travail s’écrivent alors :
Cette formule est valable pour - 12 °C t 20 °C,
l’indice correspondant étant indiqué dans le tableau 1.
3.4 INDICE RELATIF ET INDICE ABSOLU.
-Le réfrac- tomètre Zeiss, comme tout appareil commercial indique l’indice de réfraction par rapport à l’air à la même température. Les résultats de la littérature sont, d’ailleurs, généralement exprimés sous cette forme.
Cependant, on remarquera que l’indice absolu carac-
térise bien mieux l’échantillon et que c’est lui qui
intervient dans toutes les formules relatives à la réfraction spécifique des corps.
L’indice absolu d’un échantillon s’écrit : n = nt4
n représentant l’indice relatif et y l’indice de l’air à la même température. Nous appuyant sur les remarques Tableau 1.
-Indice relatif et indice absolu de l’eau au-dessous de 20,OC, calculés à partir des relations (1) et (2).
[Relative and absolute index of water below 20 OC, calculated from equations (1) and (2).]
362
de L. W. Tilton [8], nous représenterons l’indice de l’air
par la formule :
L’indice absolu de l’eau pure déduit de notre étude s’écrit donc :
°
les valeurs de n étant reportées dans le tableau I.
Les formules (1) et (2) permettent également de
calculer la température du maximum d’indice de l’eau.
Pour l’indice relatif et l’indice absolu, on obtient respectivement : TMI = 0, 12 OC et rM7=-0,13oC.
4. Comparaison avec les données de la littérature.
-4. 1 MESURES EN FONCTION DE LA TEMPÉRATURE. - 4.1.1 Au-dessus de 0 oC, nous nous bornerons à comparer nos résultats à ceux obtenus par L. W. Tilton et J. K. Taylor [1] et considérés comme les meilleurs dans la littérature [9a, 10a]. Ces valeurs de référence, qui s’étendent de 0 à 60 OC dans tout le spectre visible,
découlent d’un grand nombre de mesures très soignées.
Pour la raie D du sodium, les auteurs donnent l’indice par rapport à l’air à la même tenipérature avec
7 décimales ; ces valeurs résultent d’un calcul mathé-
matique complexe, la précision revendiquée étant de
± 1 à 2 x 10-6. A température positive, notre indice
moyen correspond aux valeurs de référence à
± 1 x 10- 6 près (1); c’est pourquoi nous pensons,
en utilisant les valeurs moyennes, prolonger de façon
très satisfaisante le travail de Tilton et Taylor, au-
dessous de 0 OC, dans le domaine surfondu (précision
estimée : de 1 à quelques unités de la 6e décimale
lorsque t varie de 0 à - 12 OC).
4.1.2 Dans le domaine de l’eau surfondue, les
mesures sont extrêmement rares. Les seules valeurs relatives à la raie D dont nous disposons sont repré-
sentées figure 2, à côté de nos résultats expérimentaux.
Le peu de concordance existant entre les diverses déterminations mérite une explication.
C. Pulfrich [4] a utilisé un réfractomètre portant
son nom aux basses températures. Ses résultats sont
les valeurs brutes de lecture. L’auteur n’a pas étudié l’influence de la température sur la réponse fournie
par l’appareil. Ce fait explique pourquoi les valeurs ainsi obtenues sont plus élevées que les nôtres. Même remarque en ce qui concerne E. Ketteler [3] qui,
utilisant également un appareil à réflexion totale,
omet d’indiquer sa façon de procéder.
(1) Ceci est lié au fait que nos mesures sur l’eau ont préalablement
servi à l’étalonnage du réfractomètre ; cette concordance explique d’ailleurs pourquoi nous pouvons faire figurer l’indice avec 6 déci-
males dans le tableau 1.
Fig. 2.
-Valeurs de l’indice de l’eau déterminées pour la raie D par différents expérimentateurs aux basses températures.
[Refractive index of water
-for ÂD
-determined by various authors at low temperatures.]
N. Gregg-Wilson et R. Wright [5] rapportent des valeurs obtenues à l’aide du réfractomètre à immersion Zeiss (muni de prismes non thermostatiques). Ils signalent des difficultés expérimentales aux tempé-
ratures proches de zéro. Il semble que ces dernières n’aient pas été résolues de façon satisfaisante, au vu
de la très forte dispersion des résultats. De plus, ces
auteurs ont également négligé de tenir compte des effets de température qui jouent pourtant un rôle fondamental en réfractométrie de précision [11, 12].
En conclusion, il est normal que nos valeurs d’indice soient inférieures à celles signalées ci-dessus, puisque,
dans les trois cas, il s’agit de mesures effectuées à l’aide d’appareils commerciaux, sans corrections de
température. Par contre, l’indice que l’on peut déduire des mesures différentielles de J. B. Hawkes et R. W. Astheimer [6], effectuées avec un interféromètre de Jamin, est en bon accord avec nos résultats expéri-
mentaux.
4.2 TEMPÉRATURE DU MAXIMUM D’INDICE.
-Le
problème de la détermination précise de la tempé-
rature du maximum d’indice est très délicat et a fait
l’objet de nombreuses polémiques [1, 9b]. Le peu de
concordance des valeurs obtenues est illustré par la
figure 3, où nous avons regroupé les données de la
littérature et certaines valeurs que nous avons calcu- lées à partir des mesures d’indice effectuées au voisi- nage du domaine de surfusion de l’eau par divers
expérimentateurs. Certains auteurs fournissent des
représentations mathématiques rendant compte de leurs résultats et permettant de calculer la TMI [1,13- 16]. N. Gregg-Wilson et R. Wright [5] estiment la
position du maximum à - 0,5 OC. Dans tous les
autres cas, par souci d’homogénéité, nous avons
calculé la position du maximum en nous servant de
polynômes obtenus par la méthode des moindres
carrés; nous avons utilisé le 3e degré lorsque nous
disposions des valeurs de n(t) [3, 4,17-22] et le degré 2
lorsqu’il n’est indiqué que le coefficient thermo-
optique [6, 23]. Ajoutons que B. C. Damien [2], dont
les observations s’étendent jusqu’à - 8 OC, est le seul
à ne pas trouver de maximum. Il indique toutefois
des variations d’indice très faibles pour l’eau en
surfusion, en utilisant la méthode du prisme, pour 3 raies de l’hydrogène.
Fig. 3.
-Température du maximum d’indice de l’eau en fonction de la longueur d’onde, d’après les travaux de divers auteurs.
[Temperature of maximum index of water versus wavelength, from
results of various authors.]
On note, en général, une légère influence de la lon- gueur d’onde sur la position de la TMI [1, 14, 15, 22],
de l’ordre de 0,5 OC pour la largeur du spectre visible.
Le maximum se déplace vers les températures supé-
rieures lorsque la longueur d’onde augmente.
Une première explication de l’incompatibilité des
résultats réside dans la diversité des techniques employées. La méthode du prisme [1, 15-20], les
méthodes de réflexion totale [3-5] et les méthodes interférentielles [6, 13, 14, 21, 22, 23] sont utilisées.
Au vu de la figure 3, il ne semble pas qu’une catégorie
déterminée de techniques soit plus susceptible qu’une
autre de fournir de meilleurs résultats. Parmi les valeurs les plus sûres, on peut noter celles dues à L. W. Tilton et J. K. Taylor [1], ’T. P. Dale et J. H. Gladstone [17], R. Rühlmann [18] obtenues par la méthode du prisme et celles dues à L. Lorenz [14],
J. B. Hawkes et R. W. Astheimer [6], J. Conroy [21]
déduites de mesures interférentielles ; mais les
méthodes de réflexion totale peuvent aussi fournir de très bons résultats, à condition de tenir compte des effets de température, comme nous l’avons fait dans ce travail. Il semble, en fait, que la qualité de la
détermination dépende pour beaucoup du soin apporté
par l’expérimentateur à maîtriser les conditions expé-
rimentales.
Il est également probable que la position du maxi-
mum dépend du type de fonction utilisé pour ajuster
les résultats expérimentaux, en particulier lorsque
ceux-ci sont en petit nombre ou dispersés, surtout
si l’on n’a pas d’observation dans le domaine surfondu.
Comme les rares auteurs ayant opéré au-dessous
de 0 OC présentent des résultats suspects [2, 5], ou négligent de tenir compte des effets de température [3-5],
ou encore ne sont pas parvenus à des températures
très basses [6], nous pensons que notre travail, qui intègre des résultats nombreux et précis allant jusqu’à
-