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Indice de réfraction de l'eau pure aux basses températures, pour la longueur d'onde de 5 893 Å

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HAL Id: jpa-00209018

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00209018

Submitted on 1 Jan 1981

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Indice de réfraction de l’eau pure aux basses températures, pour la longueur d’onde de 5 893 Å

Ch. Saubade

To cite this version:

Ch. Saubade. Indice de réfraction de l’eau pure aux basses températures, pour la longueur d’onde

de 5 893 Å. Journal de Physique, 1981, 42 (2), pp.359-366. �10.1051/jphys:01981004202035900�. �jpa-

00209018�

(2)

Indice de réfraction de l’eau pure aux basses températures,

pour la longueur d’onde de 5 893 Å

Ch. Saubade

Laboratoire de Thermodynamique, Institut Universitaire de Recherche Scientifique,

Université de Pau et des Pays de l’Adour, Avenue Philippon, 64000 Pau, France (Reçu le 4 juillet 1980, révisé le 6 octobre, accepté le 30 octobre 1980)

Résumé.

2014

L’utilisation du réfractomètre à immersion Zeiss aux basses températures a permis de déterminer l’indice de réfraction de l’eau pure au-dessous de la température ambiante (jusqu’à - 12 °C), pour la longueur

d’onde correspondant à la raie D du sodium. L’indice absolu de l’eau est trouvé présenter un maximum dans le domaine surfondu. Les résultats sont discutés et comparés avec d’autres valeurs de la littérature.

Abstract.

2014

The use of Zeiss Immersion Refractometer at low temperatures allows to determine the refractive index of pure water below room temperature (down to 2014 12°C), at 5 893 Å wavelength. The absolute index of water is found to exhibit a maximum in the supercooled region. The results are discussed and compared with

literature data.

Classification Physics Abstracts

78.20D

1. Introduction.

-

Pour une meilleure compréhen-

sion du comportement des liquides métastables,

l’examen du cas de l’eau et des solutions aqueuses au

moyen de mesures optiques s’avère particulièrement indiqué puisque l’indice de réfraction de l’eau passe par un maximum vers 0 °C à pression normale [1],

maximum lié aux effets structuraux intervenant au

sein du liquide. Les divergences que l’on peut constater

entre les diverses valeurs d’indice obtenues pour l’eau

en surfusion par différents expérimentateurs [2-6]

s’expliquent surtout par le fait que la température de l’appareillage a une influence non négligeable sur le

résultat de mesure. Tenant compte de cette remarque,

nous avons mis au point une technique de mesure permettant de déterminer avec précision l’indice de réfraction des liquides aux basses températures [7].

La présentation des résultats obtenus pour l’eau pure fait l’objet de cet article.

2. Technique expérimentale.

-

L’élément de base du dispositif est le réfractomètre à immersion Zeiss

(muni de prismes thermostatiques) placé en atmosphère

d’azote sec pour éviter la condensation de vapeur d’eau ou le givrage de l’appareil aux basses tempé-

ratures, obtenues grâce à un thermostat à circulation

qui permet de fixer la température de l’échantillon.

Cette dernière est repérée au moyen d’un couple thermoélectrique relié à un microvoltmètre numé-

rique. Au niveau du prisme de mesure, la stabilisation

thermostatique (à 0,02 OC près) est suffisante pour permettre de bénéficier au maximum de la précision

du réfractomètre (mieux que 10- 5 d’après le construc- teur).

Nous avons montré par ailleurs [7] comment le

réfractomètre Zeiss, qui est un appareil commercial donnant l’indice correspondant à la raie D du sodium

et prévu pour utilisation au voisinage de la tempé-

rature ambiante, doit être employé pour des mesures en fonction de la température. Les résultats expéri-

mentaux doivent être corrigés afm de tenir compte de l’influence de la répartition des températures au

sein de l’instrument. Cette répartition n’est connue

avec précision que lorsque ce dernier a atteint l’équi-

libre thermique fonction de la température de l’échan- tillon et de la température ambiante. Il est nécessaire d’opérer à l’équilibre car les corrections ont été évaluées pour des conditions expérimentales bien définies.

Certaines corrections, qui dépendent de la tempé-

rature du prisme de mesure utilisé, ont pu être calculées

théoriquement. D’autres, liées au gradient de tempé-

rature apparaissant dans la lunette, ont été déter- minées à partir de mesures préliminaires, par compa- raison avec les valeurs d’indice de l’eau à température positive fournies par le National Bureau of Standards

des Etats-Unis [1] ; ces corrections sont valables

lorsque le réfractomètre à immersion est muni de

prismes thermostatiques, quel que soit le prisme de

mesure utilisé.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01981004202035900

(3)

360

3. Procédure et résultats.

-

3. 1 Il a été indiqué

d’une part qu’un bon réglage thermostatique est

nécessaire pour bénéficier au maximum de la précision

du réfractomètre et, d’autre part, qu’il faut également

que ce dernier ait atteint l’équilibre thermique au

moment de la mesure. C’est pourquoi, lors de chaque

étude réfractométrique en fonction de la température,

nous avons procédé à des refroidissements ou

réchauffements lents par paliers de température qui permettent seuls de donner un sens au résultat.

Dans la plupart des cas, nous avons opéré au refroi- dissement, en explorant au maximum le domaine surfondu, jusqu’à congélation de l’échantillon.

L’eau utilisée lors de nos mesures est une eau très pure ayant une conductivité de l’ordre de

10 - ’ ÇI - ’. m - ’. Elle est obtenue, après passage sur des résines échangeuses d’ions, par une première

distillation sur permanganate alcalin éliminant tout substance organique ; le distillat passe ensuite sur

résines à lits mélangés, avant d’être distillé à nouveau

dans un appareil en quartz.

Notre travail , expérimental est constitué par

1088 déterminations d’indice (dont 264 dans le domaine surfondu) correspondant à 31 descentes en

température relatives à des échantillons distincts ayant congelé entre, - 6 et - 12 °C .

3.2 Il est intéressant de représenter chaque mesure

en fonction de la température par une expression mathématique commode. Un polynôme de degré 3

rend parfaitement compte du fait expérimental comme

le prouve la figure 1. L’indice de réfraction de l’eau,

mesuré au cours d’une descente en température, peut donc se mettre sous la forme :

où t est la température exprimée en OC.

Fig. 1.

-

Indice de l’eau obtenu lors d’une descente en tempéra-

ture (échantillon no 25).

[Refractive index of water during cooling (sample 25).]

Si l’on examine l’ensemble des résultats exprimés de

cette manière, on constate qu’il apparaît une dispersion

notable sur les valeurs des coefficients. En fait, B(l), B(2) et B(3) fortement corrélés ne peuvent être consi- dérés séparément puisqu’ils traduisent les variations d’indice en fonction de la température pour une

mesure donnée. Par contre, les valeurs d’indice à 20 °C étant très voisines pour la totalité des échantillons,

il se trouve que le coefficient B(0) rend directement compte du maximum de dispersion des résultats, qui

a lieu au voisinage du maximum d’indice. La dispersion

sur les valeurs de B(0) est de l’ordre de 10-4. Il ne faut pas s’en étonner ; ceci découle de la difficulté que l’on a à maîtriser les conditions expérimentales aux basses températures.

Remarquons, à ce propos, que les précisions généra-

lement affichées dans la littérature ne doivent pas faire illusion. Les valeurs proposées résultent, la plupart

du temps, d’une moyenne effectuée sur une série de

mesures ; on omet généralement de préciser la distri-

bution des résultats. Lorsque les auteurs présentent

la totalité de leurs mesures, les écarts extrêmes sont en

général de l’ordre de 10-4 (même souvent au voisinage

de la température ambiante), écarts voisins de ceux

que nous obtenons à 0 °C.

3.3 DÉPOUILLEMENT DES RÉSULTATS.

-

Chaque

mesure nous donne une valeur d’indice pour une

température donnée t. Pour la mesure i :

Si nous avons q mesures, la valeur moyenne s’écrit :

ou encore :

en posant

Ce résultat montre que pour obtenir la valeur moyenne de l’indice pour chaque température, il suffit

de considérer le polynôme ayant pour coefficients la moyenne des coefficients associés aux mesures

individuelles.

Après addition de 2 x 10- 6 pour avoir coïncidence

avec la valeur du N.B.S. à 20 OC, les valeurs d’indice découlant de l’ensemble de notre travail s’écrivent alors :

Cette formule est valable pour - 12 °C t 20 °C,

l’indice correspondant étant indiqué dans le tableau 1.

(4)

3.4 INDICE RELATIF ET INDICE ABSOLU.

-

Le réfrac- tomètre Zeiss, comme tout appareil commercial indique l’indice de réfraction par rapport à l’air à la même température. Les résultats de la littérature sont, d’ailleurs, généralement exprimés sous cette forme.

Cependant, on remarquera que l’indice absolu carac-

térise bien mieux l’échantillon et que c’est lui qui

intervient dans toutes les formules relatives à la réfraction spécifique des corps.

L’indice absolu d’un échantillon s’écrit : n = nt4

n représentant l’indice relatif et y l’indice de l’air à la même température. Nous appuyant sur les remarques Tableau 1.

-

Indice relatif et indice absolu de l’eau au-dessous de 20,OC, calculés à partir des relations (1) et (2).

[Relative and absolute index of water below 20 OC, calculated from equations (1) and (2).]

(5)

362

de L. W. Tilton [8], nous représenterons l’indice de l’air

par la formule :

L’indice absolu de l’eau pure déduit de notre étude s’écrit donc :

°

les valeurs de n étant reportées dans le tableau I.

Les formules (1) et (2) permettent également de

calculer la température du maximum d’indice de l’eau.

Pour l’indice relatif et l’indice absolu, on obtient respectivement : TMI = 0, 12 OC et rM7=-0,13oC.

4. Comparaison avec les données de la littérature.

-

4. 1 MESURES EN FONCTION DE LA TEMPÉRATURE. - 4.1.1 Au-dessus de 0 oC, nous nous bornerons à comparer nos résultats à ceux obtenus par L. W. Tilton et J. K. Taylor [1] et considérés comme les meilleurs dans la littérature [9a, 10a]. Ces valeurs de référence, qui s’étendent de 0 à 60 OC dans tout le spectre visible,

découlent d’un grand nombre de mesures très soignées.

Pour la raie D du sodium, les auteurs donnent l’indice par rapport à l’air à la même tenipérature avec

7 décimales ; ces valeurs résultent d’un calcul mathé-

matique complexe, la précision revendiquée étant de

± 1 à 2 x 10-6. A température positive, notre indice

moyen correspond aux valeurs de référence à

± 1 x 10- 6 près (1); c’est pourquoi nous pensons,

en utilisant les valeurs moyennes, prolonger de façon

très satisfaisante le travail de Tilton et Taylor, au-

dessous de 0 OC, dans le domaine surfondu (précision

estimée : de 1 à quelques unités de la 6e décimale

lorsque t varie de 0 à - 12 OC).

4.1.2 Dans le domaine de l’eau surfondue, les

mesures sont extrêmement rares. Les seules valeurs relatives à la raie D dont nous disposons sont repré-

sentées figure 2, à côté de nos résultats expérimentaux.

Le peu de concordance existant entre les diverses déterminations mérite une explication.

C. Pulfrich [4] a utilisé un réfractomètre portant

son nom aux basses températures. Ses résultats sont

les valeurs brutes de lecture. L’auteur n’a pas étudié l’influence de la température sur la réponse fournie

par l’appareil. Ce fait explique pourquoi les valeurs ainsi obtenues sont plus élevées que les nôtres. Même remarque en ce qui concerne E. Ketteler [3] qui,

utilisant également un appareil à réflexion totale,

omet d’indiquer sa façon de procéder.

(1) Ceci est lié au fait que nos mesures sur l’eau ont préalablement

servi à l’étalonnage du réfractomètre ; cette concordance explique d’ailleurs pourquoi nous pouvons faire figurer l’indice avec 6 déci-

males dans le tableau 1.

Fig. 2.

-

Valeurs de l’indice de l’eau déterminées pour la raie D par différents expérimentateurs aux basses températures.

[Refractive index of water

-

for ÂD

-

determined by various authors at low temperatures.]

N. Gregg-Wilson et R. Wright [5] rapportent des valeurs obtenues à l’aide du réfractomètre à immersion Zeiss (muni de prismes non thermostatiques). Ils signalent des difficultés expérimentales aux tempé-

ratures proches de zéro. Il semble que ces dernières n’aient pas été résolues de façon satisfaisante, au vu

de la très forte dispersion des résultats. De plus, ces

auteurs ont également négligé de tenir compte des effets de température qui jouent pourtant un rôle fondamental en réfractométrie de précision [11, 12].

En conclusion, il est normal que nos valeurs d’indice soient inférieures à celles signalées ci-dessus, puisque,

dans les trois cas, il s’agit de mesures effectuées à l’aide d’appareils commerciaux, sans corrections de

température. Par contre, l’indice que l’on peut déduire des mesures différentielles de J. B. Hawkes et R. W. Astheimer [6], effectuées avec un interféromètre de Jamin, est en bon accord avec nos résultats expéri-

mentaux.

4.2 TEMPÉRATURE DU MAXIMUM D’INDICE.

-

Le

problème de la détermination précise de la tempé-

rature du maximum d’indice est très délicat et a fait

l’objet de nombreuses polémiques [1, 9b]. Le peu de

concordance des valeurs obtenues est illustré par la

figure 3, nous avons regroupé les données de la

littérature et certaines valeurs que nous avons calcu- lées à partir des mesures d’indice effectuées au voisi- nage du domaine de surfusion de l’eau par divers

expérimentateurs. Certains auteurs fournissent des

représentations mathématiques rendant compte de leurs résultats et permettant de calculer la TMI [1,13- 16]. N. Gregg-Wilson et R. Wright [5] estiment la

position du maximum à - 0,5 OC. Dans tous les

autres cas, par souci d’homogénéité, nous avons

calculé la position du maximum en nous servant de

polynômes obtenus par la méthode des moindres

carrés; nous avons utilisé le 3e degré lorsque nous

disposions des valeurs de n(t) [3, 4,17-22] et le degré 2

(6)

lorsqu’il n’est indiqué que le coefficient thermo-

optique [6, 23]. Ajoutons que B. C. Damien [2], dont

les observations s’étendent jusqu’à - 8 OC, est le seul

à ne pas trouver de maximum. Il indique toutefois

des variations d’indice très faibles pour l’eau en

surfusion, en utilisant la méthode du prisme, pour 3 raies de l’hydrogène.

Fig. 3.

-

Température du maximum d’indice de l’eau en fonction de la longueur d’onde, d’après les travaux de divers auteurs.

[Temperature of maximum index of water versus wavelength, from

results of various authors.]

On note, en général, une légère influence de la lon- gueur d’onde sur la position de la TMI [1, 14, 15, 22],

de l’ordre de 0,5 OC pour la largeur du spectre visible.

Le maximum se déplace vers les températures supé-

rieures lorsque la longueur d’onde augmente.

Une première explication de l’incompatibilité des

résultats réside dans la diversité des techniques employées. La méthode du prisme [1, 15-20], les

méthodes de réflexion totale [3-5] et les méthodes interférentielles [6, 13, 14, 21, 22, 23] sont utilisées.

Au vu de la figure 3, il ne semble pas qu’une catégorie

déterminée de techniques soit plus susceptible qu’une

autre de fournir de meilleurs résultats. Parmi les valeurs les plus sûres, on peut noter celles dues à L. W. Tilton et J. K. Taylor [1], ’T. P. Dale et J. H. Gladstone [17], R. Rühlmann [18] obtenues par la méthode du prisme et celles dues à L. Lorenz [14],

J. B. Hawkes et R. W. Astheimer [6], J. Conroy [21]

déduites de mesures interférentielles ; mais les

méthodes de réflexion totale peuvent aussi fournir de très bons résultats, à condition de tenir compte des effets de température, comme nous l’avons fait dans ce travail. Il semble, en fait, que la qualité de la

détermination dépende pour beaucoup du soin apporté

par l’expérimentateur à maîtriser les conditions expé-

rimentales.

Il est également probable que la position du maxi-

mum dépend du type de fonction utilisé pour ajuster

les résultats expérimentaux, en particulier lorsque

ceux-ci sont en petit nombre ou dispersés, surtout

si l’on n’a pas d’observation dans le domaine surfondu.

Comme les rares auteurs ayant opéré au-dessous

de 0 OC présentent des résultats suspects [2, 5], ou négligent de tenir compte des effets de température [3-5],

ou encore ne sont pas parvenus à des températures

très basses [6], nous pensons que notre travail, qui intègre des résultats nombreux et précis allant jusqu’à

-

12 OC, fournit une valeur plus digne de confiance.

5. Discussion des résultats.

-

5.1 ASPECT STRUCTU- RAL.

-

5. 1. 1 Absence d’« anomalies thermiques ».

-

L’ensemble de nos mesures permet de formuler une

remarque fondamentale en ce qui concerne une

question nous ayant préoccupés au début de notre

travail. Il s’agit du problème des anomalies thermiques

que de nombreux chercheurs ont cru déceler dans le cas

de l’eau et des solutions aqueuses ; encore nommées discontinuités ou kinks, on les attribuait à de véritables transitions d’ordre supérieur à l’état liquide se pro- duisant à des températures bien déterminées (voir [24-26]). S’il existe, ce renforcement progressif et

discontinu de l’état d’ordre devrait se manifester de

façon très marquée dans la région de l’eau surfondue ;

or même dans cette zone, nos mesures n’ont pas confirmé l’existence de tels phénomènes. Ce résultat est d’ailleurs en accord avec l’ensemble des plus récentes

données de la littérature (obtenues après amélioration des techniques de mesure) et correspond également

à la compréhension que l’on peut avoir de la nature

essentiellement statistique de l’eau liquide [27].

La confusion qui a régné dans les esprits pendant longtemps provient surtout du fait que l’on a souvent considéré le passage d’une propriété physique par un extremum lorsqu’on fait varier la température (voir § suivant) comme l’indice d’un changement brutal

d’ordre structural au sein du liquide, changement que l’on a essayé de confirmer à l’aide de diverses méthodes de mesure (alors que le phénomène est très progressif

comme le montre la figure 1 et n’intéresse en fait que la propriété en question). Dans le même ordre d’idées et récemment encore, certains auteurs [28] ont suggéré

l’existence d’une singularité thermodynamique pour

l’eau vers - 45 OC du fait qu’une grandeur physique

quelconque X peut être représentée dans le domaine

surfondu par la forme fonctionnelle

(7)

364

connue pour décrire son comportement anormal

au voisinage de la singularité localisée à 7g (ici 228 K).

L’indice de réfraction de l’eau en surfusion ne pouvant

en aucun cas être représenté par une expression de

ce genre (compte tenu de la précision des mesures

et de la présence du maximum), on peut également

émettre des réserves quant à la singularité en question.

5.1.2 Maximum d’indice.

-

On ne peut attribuer l’existence de la TMI de l’eau à un phénomène par-

ticulier intervenant au sein du liquide aux alentours de

0 °C puisque rien n’a été décelé dans cette région par la

mesure d’autres grandeurs physiques (cf. § précédent).

La présence de ce maximum n’a d’ailleurs rien d’éton- nant car on sait que la plupart des propriétés physiques

de l’eau liquide passent par des extrema si l’on fait varier la température ou la pression. Parmi les exemples

les plus caractéristiques, on citera le cas de la masse volumique (max. à 4 °C), de la chaleur spécifique (min. vers 34,5 °C [29]), de la compressibilité iso-

therme (min. vers 46,5 °C [30]) et adiabatique (min.

vers 64 °C [31]) ou encore de la vitesse du son (max.

vers 74 °C [32]) en ce qui concerne l’influence de la

température à pression normale ; à température cons,

tante, on note également des extrema lorsque la pression varie dans le cas de la viscosité [33], du

coefficient de self-diffusion [34-36], du temps de relaxation longitudinale du proton [37, 38], etc...

Toutes ces singularités découlent de la structure moléculaire de l’eau qui conduit à l’état solide à la structure tétraédrique bien connue du cristal de glace

dont le réseau est à la fois très aéré mais stable du fait des liaisons hydrogène [10b]. A l’état liquide, les molé-

cules d’eau ont aussi tendance à adopter une dispo-

sition tétraédrique comme l’indiquent les figures de

diffraction des rayons X [39-41] et des neutrons [42,43].

Cependant, comme dans l’eau l’énergie des liaisons

hydrogène ne représente que 4 à 5 fois l’énergie d’agi-

tation thermique, il en résulte pour le liquide une

structure labile, d’une durée de vie d’environ 10-11 à 10-12 s [44], se défaisant et se reformant continuel- lement à cause du caractère coopératif de la liaison

hydrogène [44, 45]. On conçoit que différents para- mètres conditionnant l’état physique du milieu (tempé-

rature, pression, ...) puissent influer sur la proportion

de molécules d’eau impliquées dans la constitution

d’agrégats par l’intermédiaire de liaisons hydrogène,

ou bien encore sur la répartition en taille et/ou en

nombre de ces derniers. Ceci permet de comprendre pourquoi, par suite de contributions antagonistes dues

aux entités structurées et non structurées, la plupart

des propriétés physiques de l’eau légère (et de l’eau lourde) présentent des extrema lors de variations de

température ou de pression. Un développement de l’aspect quantitatif de ce genre de phénomène, direc-

tement lié au problème du choix d’un modèle de structure approprié pour l’eau liquide, est d’ailleurs

tout à fait possible mais dépasse largement le cadre

du présent article.

5.2 Lois DE RÉFRINGENCE.

-

Au point de vue macroscopique;- le problème du maximum d’indice de l’eau peut être posé en termes de lois de réfringence.

En effet, on sait depuis longtemps qu’il existe une

relation semblant univoque entre l’indice de réfraction

n et la masse volumique p d’un fluide, tout au moins en première approximation [46]. La recherche de cette relation a donné naissance au concept de réfraction

spécifique qui serait donc une fonction de la masse volumique et de l’indice de réfraction, indépendante

de la température et de la pression, caractéristique de chaque substance et reliable à sa structure molécu- laire. Ainsi de nombreuses relations empiriques ont

été proposées. Les plus connues sont celles de Newton-

Laplace [46], Gladstone-Dale [47] et Eykman [48]

que nous rappelons ci-après :

La relation de Lorentz-Lorenz [49, 14] est la seule justifiée théoriquement et par conséquent la seule

dont le deuxième membre s’exprime en termes de grandeurs moléculaires. Cette dernière a été améliorée par Bôttcher [50] qui fait intervenir un deuxième

paramètre moléculaire en plus de la polarisabilité.

Il semble cependant que la relation de Bôttcher ne

soit guère supérieure à la précédente, tout au moins

en ce qui concerne la relation indice-température [51, 52]. D’autres chercheurs (Kirkwood en parti- culier) ont proposé des améliorations à ces formules

en faisant appel à la théorie statistique des fluides,

mais le plus souvent, hélas, aux dépens de la simplicité.

En fait, aucune des relations indiquées ci-dessus n’est tout à fait satisfaisante puisque dans ces différents invariants, le fait que le deuxième membre soit supposé (de façon plus ou moins explicite) indépendant de la température et de la pression entraîne que, pour l’eau à pression normale, l’indice de réfraction doit être maximum à la même température que celle corres- pondant au maximum de densité ; or il n’en est rien

comme le prouve notre travail.

Seule une relation du genre R(n, p) e avec 0

a priori fonction des paramètres intensifs fixant l’état du système pourra, après dérivation par rapport à la

température, rendre compte du décalage observé entre

la TMI et la T MD dans le cas, non seulement de l’eau

légère, mais encore de l’eau lourde et des solutions aqueuses diluées. C’est le cas de l’équation semi- empirique proposée récemment par H. Eisenberg [53]

qui s’écrit :

et décrit l’indice de l’eau entre 0 °C et 60 °C. Les

constantes A, B et C dépendent de la longueur d’onde

(8)

et seraient indépendantes de la pression au moins jusqu’à 1 100 bars.

Par dérivation par rapport à la température de cette expression, on obtient :

étant le coefficient thermo-optique et ce le coefficient de dilatation à pression constante. A 4 °C, oc

=

0 et

ce qui prouve que l’indice de réfraction sera maximum pour une température inférieure à la TMD. La TMI

se produira lorsque p q a = - 2013, i) ce qui correspond, q p

d’après l’auteur, à t = - 0,30 OC, résultat assez proche

de celui que nous avons obtenu expérimentalement.

En utilisant pour l’eau aux basses températures les

valeurs de masse volumique résultant de la compilation

de l’ensemble des données de la littérature indiquées

par G. S. Kell [30], on obtient par extrapolation de la

formule (3) les valeurs d’indice absolu représentées figure 4. Aux températures positives, elles devraient coïncider avec nos valeurs expérimentales puisque Eisenberg a utilisé les valeurs du N.B.S. pour déter- miner les coefficients de sa formule ; or il existe un

décalage de l’ordre de 10- 5 s’expliquant par le fait que l’auteur a utilisé des données anciennes pour la densité (celles dues à P. Chappuis [54] corrigées par L. W. Tilton et J. K. Taylor [55]). Ceci prouve qu’il

faudra réexaminer les valeurs dé A, B et C obtenues par

Eisenberg pour tenir compte des plus récentes déter-

Fig. 4. -,Comparaison des valeurs d’indice calculées à l’aide de

l’équation d’Eisenberg (pour la raie D du sodium) avec nos propres

résultats, aux basses températures.

[Refractive indexes calculated from Eisenberg equation

-

for À-D- compared with our data, at low temperatures.]

minations de masse volumique de l’eau. Dans le domaine surfondu, l’écart n’excède pas 5 x 10- 5,

ce qui est satisfaisant vu l’incertitude sur la masse

volumique dans cette zone.

En conclusion, on voit que toute expression du

genre de celle introduite par Eisenberg, c’est-à-dire :

permettra de rendre compte des propriétés optiques

de l’eau (et des solutions aqueuses) aux basses tempé-

ratures. Le problème du choix de la meilleure fonction de réfringence f(n) à introduire se pose toutefois;

cette question sera développée lors d’une prochaine publication.

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