HAL Id: jpa-00233248
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Études calorimétriques aux températures extrêmement
basses
W.H. Keesom
To cite this version:
ÉTUDES
CALORIMÉTRIQUES
AUXTEMPÉRATURES EXTRÊMEMENT
BASSES(*),
Par W. H. KEESOM.
Sommaire 2014 L’auteur donne un bref aperçu des résultats des études calorimétriques aux
tem-pératures obtenues avec l’hélium liquide en se bornant aux recherches effectuées dernièrement au
laboratoire de Leyde. Il décrit la méthode et donne quelques détails sur le thermomètre à résistance utilisé.
La chaleur spécifique de certains métaux (argent, zinc) montre une particularité aux températures
extrêmement basses à partir de 4 à 5° K. Elle dépasse la valeur qu’on devrait attendre si la loi de Debye restait valable. Des expériences spéciales ont démontré que cet effet est bien réel. L’hypothèse est
men-tionnée qu’aux températures les plus basses la capacité calorifique des électrons libres ou quasi-libres
entre en ligne de compte.
La chaleur spécifique des métaux supraconducteurs subit une discontinuité au point de transition de l’état supraconducteur à l’état non-supraconducteur. On vérifie une équation. déduite par M. Rutgers, et
qui relie cette discontinuité et la variation du champ magnétique seuil avec la température. Comme cette
équation suppose que la transition de l’état supraconducteur à l’état non-supraconducteur est réversible,
on en tire la conclusion que cette supposition est valable.
M. Kok et l’auteur ont mesuré pour le thallium la chaleur latente qui est liée à la transition de l’état
supraconducteur à l’état non-supraconducteur, si cette transition a lieu dans un champ magnétique. Les résultats vérifient encore l’hypothèse de la réversibilité de cette transition. Les divergences constatées dans certains cas s’expliquent par le fait que dans ces cas, ce n’était pas la totalité du bloc expérimental qui
avait subi la transition.
L’auteur donne ensuite un aperçu des résultats acquis concernant l’équation calorifique de l’hélium liquide, et qui ont été résumés dans un diagramme entropie-température dressé par Mlle Keesom et l’auteur. Ce diagramme montre clairement les particularités qui sont la conséquence du fait que la transition de l’hélium liquide I en hélium liquide II est une transition de deuxième ordre, c’est-à-dire une transition sans
chaleur latente ni discontinuité de densité, mais avec des discontinuités de la chaleur spécifique, de la compressibilité, du coefficient de dilatation thermique, du coefficient de pression.
Enfin l’auteur discute une méthode pour fixer l’échelle thermométrique au-dessous de 0,9° K, en
com-binant des expériences de démagnétisation adiabatique avec des mesures calorimétriques.
1. Introduction. -
L’exploration
du domaine despropriétés calorimétriques
des corps a été commencéedans le laboratoire
cryogène de Leyde en
1912environ,
d’abord par une étude des chaleurs devaporisation
del’oxygène
et del’hydrogène,
suivie ensuite d’unere-cherche sur les chaleurs
spécifiques
de certains mé-taux.On savait
déjà, d’après
les résultats despremières
expériences
de Behn(~),
ainsi que deDewar (2)
et,
enparticulier
des recherches de Nernst et ses élèves(3),
que la chaleurspécifique
décroît d’unefaçon
très nettelorsqu’on
abaisse latempérature.
Einstein1’)
avait donné uneexplication
de cephénomène
enpartant
de laconception
de Planck desquanta
d’énergie;
un peuplus
tard,
Debye
(5)
a donné à la théorie des chaleursspécifiques
des corps solides élémentaires uneforme,
qui
estaujourd’hui
encore universellementacceptée
comme la base de la théorie du mouvement
thermique
des constituants d’un réseau cristallin.On
pouvait,
dèslors,
prévoir
que des recherchesca-lorimétriques
aux bassestempératures
pourraient
mettre à
jour
des faits d’uneimportance
fondamentalepour notre connaissance des
propriétés
du réseauato-mique
des corpssolides,
ainsi que de la structure desliquides
pour autantqu’il
en existe encore aux bassestempératures.
Au cours des dernières années on est arrivé à
recon-naître que de telles recherches sont
susceptibles
égale-ment de fournir des
renseignements précieux
surce
qui
se passe à l’intérieur desatomes,
notammenten ce
qui
concerne desphénomènes
danslesquels
des passages d’un niveaud’énergie
à un autre inter-viennent.Je me propose de vous donner ici un bref aperçu
de certains résultats
obtenus,
en me bornant auxre-cherches effectuées dernièrement au laboratoire de
Leyde.
~?. Méthode. - En suivant la méthode élaborée par Nernst et Eucken
(6),
onapporte
à une masse déter-minée de la substanceétudiée,
thermiquement
isolée aussicomplètement
quepossible,
unequantité
nue
d’énergie,
à l’aide d’un courantélectrique
et l’onmesure l’accroissement de la
température qui
en ré-sulte.La
figure
1représente
ledispositif
expérimental
et montre clairement le bloc du métal à examiner. Dansun trou
ménagé
dans le bloc on a vissé un « noyau o,figure
2,
qui
contient le fil à résistance servant auchauffage,
et un ou deux thermomètres à résistancepour la mesure de l’accroissement de
température.
Fig. 1. -7
Dispositif expérimentalpour mesurer la chaleur
spé-cifique
d’un métal.Fig. 2. -
Noyau contenant le fil à résistance servant au
chauffage, et deux thermo-mètres à résistance.
Pour éviter que la résistance ne subisse des
change-ments à cause de déformations dues aux fortes
varia-tions de
température,
lors du refroidissement dusys-tème,
les thermomètres àrésistance,
au lieu d’être soudés aubloc,
sontsuspendus
dans uneatmosphère
d’hélium.
L’expérience
montre que néanmoins le ther-momètre suit immédiatement latempérature
du bloc. Il va de soiqu’on
mesureséparément
lacapacité
calo-rifique
du noyau.Pour isoler
thermiquement
le bloccalorimétrique
celui-ci estsuspendu
dans un espacequi peut
êtreporté
à un vide élevé au moyen d’une pompe degrande
ca-pacité.
Afin depouvoir
refroidir le bloc il est néces-saire d’admettre dans cet espace unepetite quantité
d’hélium gazeux
qui
doit être enlevée par la pompe avant de commencerl’expérience
calorimétrique.
A cause de certains doutes sur
lesquels
je
reviendrai,
nous avons élaboré l’année dernière une méthode de refroidissement
qui
évite l’admission de gaz dans l’es-pace isolant.Toutefois,
la réalisationd’un~isolement
thermique
suffisantcomporte
certaines difficultés par suite du fait que lescapacités
calorifiques
deviennent très fai-bles auxtempératures
extrêmement basses. Nous avons, M. Kok et moi(Î),
établi une méthodepermettant
de calculer lacapacité
calorifique
àpartir
des indications du thermomètre dans les cas où l’isolementthermique
n’est pas
complet.
Je n’entrerai pas ici dans les détails de cette méthode.J’ajoute quelques
mots concernant les thermomètres à résistance utilisés. Les thermomètres deplatine
ou à fil d’or ordinairementemployés
nepeuvent
pas servir auxtempératures
de l’héliumliquide,
parce que leur résistance y devientpratiquement
constante. Le ther-momètre deplomb
n’est pas utilisable nonplus,
parceque ce métal devient
supraconducteur.
Leconstantan,
au
contraire,
est un métalapproprié,
mais en dessous de 7°K il estsuipassé
en sensibilité par le bronzephos-phoreux,
qui
malheureusement ne convient pasau-dessus de cette
température,
parce que sa courbe derésistance y devient horizontale.
La
figure
3 donne la courbe des résistances d’unéchantillon de ce
métal,
jusqu’à
latempérature
Fig. 3. - Résistance
électrique du bronze phosphoreux.
Mais le thermomètre à bronze
phosphoreux
présente
également
undéfaut,
c’est que la chute de la résistancedeviennent
supraconducteurs
au-dessous de et donnent lieu à la diminution de la résistance.Or,
ceciimplique
que la résistancedépend
de l’intensité du courant de mesure et enoutre,
cequi
estplus
grave,Fig. 4. - Résistance
électrique du cérium
qu’elle
dépend
duchamp magnétique appliqué.
Cettedernière circonstance constitue un grave inconvénient dans les cas où des courants
persistants
peuvent
seformer. En
effet,
on est alorsplus
ou moins incertainquant
àl’intensité
duchamp
magnétique
danslequel
se trouve le thermomètre à résistance. On
souhaiterait,
pour ce cas,pouvoir
disposer
d’un thermomètreindé-pendant
duchamp
magnétique.
Tout récemment nous avons trouvé que le cériumpossède
une résistancequi
varie encore notablement aux
températures
de l’héliumliquide,
maisqui
nedépend
d’une manière sensible ni du courant de mesure, ni duchamp magnétique.
Lafigure 4
donne la résistance de ce métal en fonction de latempérature.
On y relève unelégère
déviation auxenvirons de
1,15°K
dueprobablement
à unelégère
contamination d’aluminium.
Malheureusement,
le cé-rium estun métal peu
maniable et facilementoxydable;
il est assez difficile de s’en procurer un fil d’uneépais-seur suffisamment réduite pour
pouvoir
servir à l’éta-blissement d’une résistanceconvenable;
enoutre,
on y attache difficilement les fils nécessaires pour lamesure de la résistance.
Toutefois,
ce sont des diffi-cultés d’ordreexpérimental qu’on
peut
espérer
sur-monter.
Voici, figure
5,
encore un autremétal,
lemagné-sium,
dont la résistance varie^d’unefaçon
très nette auxtempératures
de l’héliumliquides.
On remarquera,fait très
curieux,
que la résistance s’élèvelorsqu’on
abaisse latempérature.
Lemagnésium pourrait
doncégalement
donner un thermomètre assez sensible.Nous n’avons pas encore examiné si la résistance
dépend
du courant de mesure, ou duchamp
magné-tique a
~,
Fig. 5. - Résistance
électrique du magnésium.
3. Chaleur
spécifique
des métaux. - Les .mé-taux suivent engénéral
avec une très bonneapproxi-mation la loi de
Debye,
qui
pour lestempératures
très bassespeut
être écrite :où [3
est uneconstantes
latempérature
caractéristique
dite de
Debye,
c la chaleuratomique.
Certains écarts
faibles,
queje passerai
soussilence,
ont été constatés. Mais uneparticularité
intéressanteLa
figure
6donne,
pour diversmétaux,
les valeurs dea,
calculées àpartir
des valeurs mesurées de lachaleur
atomique,
ensupposant
la loi deDebye
va-lable. En
réalité,
ce sont des courbesqui
donnent ti
Fig. 6. - Valeurs de 0 ==
Tc 3
en fonction de la température.1
Tic 3
en fonction de latempérature.
Si la loi deDebye
estvalable,
on obtient une droite horizontale. On voit que pour certainsmétaux,
la courbeprésente
unepente
très inclinée auxtempératures
lesplus
basses. Lafigure
7 montre cephénomène
d’une manière très évidente pourl’argent.
Ce résultat est tout à fait
frappant,
onpourrait
mêmedire embarrassant. En
effet,
on étaitdisposé
à admettreque c’est
précisément
auxtempératures
lesplus
basses que la théorie deDebye
devrait le mieuxcorrespondre
à la réalité. Il était donc naturel de se demander si les résultats obtenus nepourraient
pas avoir été fausséspar
quelque
erreurexpérimentale.
Or,
onpeut
exclure lapossibilité
d’une erreurgros-sière dans les mesures ; une seule circonstance était
susceptible
de mettre en doute l’exactitude des résul-tats obtenus. C’était, enl’espèce, l’atmosphère
d’hélium que nous avons admisependant
le refroidissementpréalable
àl’expérience
calorimétrique.
Onpeut
sup-poser
qu’une
couche d’hélium est adsorbée sur lemétal,
et il ne serait pas
impossible
que cettecouche,
en sedésorbant de la surface du
métal,
absorbe unequantité
de chaleur suffisante pour donner
l’apparence
d’une chaleurspécifique
accrue. Je me réfère à unepublica-tion antérieure
(1),
pour lesarguments
qu’on
peut
citeren faveur de la thèse
qu’il
n’en est pas ainsi.Toutefois,
nous avons
jugé
prudent
deprocéder
à desexpériences
spéciales
pour examiner cepoint
deplus
près.
En
premier
lieu,
nous avons effectué une séried’ex-i
Fig. ’~. - Valeur de 8 =
Tc -:3
pour l’argent.
périences
calorimétriques
sur un bloc, de zinc avec unrapport
surface : masseplus grand.
Nous avonscons-taté
qu’en
effet lacapacité
calorifique
par unité demasse mesurée dans ces conditions était
légèrement
plus
élevée. La chaleur dedésorption
est doncmesu-rable. D’autre
part,
elle se montretrop
petite
pourexpliquer
l’effet dont ils’agit.
refroidissement du bloc ne nécessitant pas
l’interven-tion d’une
atmosphère
d’hélium gazeux. Lafigure
8 montre ledispositif imaginé.
Le blocmétallique
estsuspendu
dansl’espace
évacué à l’aide d’unetige A,
de sortequ’on peut
le faire descendre assez bas pourqu’il
vienne se poser sur le côned’argent
Bsoigneu-sement
poli
faisant corps avec lerécipient.
Lapression
que le bloc par son proprepoids
exerce sur lecône,
permet
de réaliser une conduction de chaleur suffisantepour le refroidissement.
Toutefois,
avec cetteméthode,
cinq
heures sont nécessaires pour atteindre latempé-rature de
l’hydrogène liquide.
Apartir
de cettetempé-rature, le refroidissement a lieu suivant une allure
plus
rapide (15 minutes)
à cause de la faible valeur de lacapa-Fig. 8. - Dispositif
pour refroidissement par contact. cité
calorifique
à cestempératures
extrêmement basses.Or,
les résultats obtenus dans ces conditions pourl’argent,
ontcomplètement
confirmé nos résultatsan-térieurs,
de sorte que lesexpériences
oousobligent
à considérer les écarts par
rapport
à la loi deDebye
aux
températures
lesplus
basses comme réels.Lorsqu’on regarde
les courbesreprésentant
0 enfonction de T
(fig. 6),
on estfrappé
par le faitqu’elles
semblent converger vers un mêmepoint
auxtempéra-tures les
plus
basses. Si ce fait seconfirme,
ilsigni-fiera que la chaleur
atomique
s’approche
d’une valeurqui
ePtindépendante
de la nature dumétal,
c’est-à-direqui
n’est pas déterminée par lepoids
atomique
et lesforces
interatomiques,
comme c’est le cas pour lacha-leur
atomique
auxtempératures plus
élevées.Quant
à la cause de l’écartconsidéré,
il est àremar-quer que
l’explication
donnée par M. Simon(l)
pour certainstypes
d’écarts à la loi deDebye,
savoir unpassage
quantique
d’un niveaud’énergie
à un autre peudifférent,
n’est pasapplicable
auphénomène
enquestion.
Eneffet,
l’effet estbeaucoup
plus
faible que celuicorrespondant
à la théorie de Simon. On serait forcé de supposer que seulement unepetite
fractiondes atomes subissent cette
transition,
cequi
est diffi-cile à admettre.On a émis
l’hypothèse
qu’aux températures
lesplus
basses,
lacapacité
calorifique
des électrons libres ouquasi
libres doit entrer enligne
decompte,
idéequi
semble
attrayante.
C’est la tâche des théoriciens d’éla-borer la théorie de l’étatmétallique,
dé- sortequ’une
vérificationquantitative
de cepoint
soitpossible.
Dupoint
de vueexpérimental,
il seraimportant
de mesu-rer la chaleurspécifique
de substances nonconduc-trices à ces
températures
très basses.4. Chaleur
spécifique
de métauxsupracon-ducteurs. -
Que
ledegré
de conductibilité d’un métal ait une certaine influence sur sacapacité
calori-fique
semble êtreprouvé
par la conduite des supracon-ducteurs. Pour l’étain, M. van den Ende et moi(’u)
avons constaté que la chaleur
spécifique
subit unevariation très
brusque, peut
être unediscontinuité,
aupoint
de transition à l’étatsupraconducteur,
c’est-à-direqu’aux températures
immédiatement au-dessous de cepoint,
la chaleurspécifique
estplus grande
qu’immédiatement
au-dessus. Avec la collaboration de M.Kok,
j’ai
puapporter
une confirmation de cerésul-tat
(1’)
en mesurant les chaleursspécifiques
avec deschauffages
de l’ordre degrandeur
de0,01
degré.
Lafigure
9 donne le résultat ohtenu. La chaleuratomique
de l’étain subit une chute de0,0078
à0,0054
lorsque
latem-pérature,
ens’élevant,
passe par lepoint
de transition.Récemment, M.
Kok et moiC2)
avons étudié lethallium.
A ~,36°K,
point
de transition de cemétal,
la chaleuratomique
tombe de0,013~
à0,0118.
Rutgers
(’ ~)
a obtenu uneéquation
qui
établit unrapport
entre la chute de la chaleuratomique
et la variation que latempérature
de transition à l’étatsupraconducteur
subit dans unchamp magnétique.
Le tableau 1 montre
jusqu’à quel point
cetteéquation
se trouve vérifiée par les données
expérimentales.
TABLEAU I. -Fquation
deRutgers
On voit que l’accord des chiffres calcules avec les valeurs
expérimentales
est très satisfaisant.Or,
l’éduation
deRutgers
a été établie enappliquant
les lois de la
thermodynamique
au passage de l’étatsupraconducteur
à l’étatnon-supraconducteur
etvice-versa, en admettant la réversibilité du
phénomène.
Jusqn’à
ces dernierstemps,
on n’avait pas admis quela transition dont il
s’agit
pourrait
être réversible.Fig. 9. - Chaleurs
atomiques de l’étain.
Après
lesexpériences
de Meissner et Ochsenfeld(4),
les vues ont
changé.
Eneffat,
les courantspersistants,
qui
existent éventuellement dans un métalsupracon-ducteur,
s’éteignent lorsque
ce métal passe à l’étatnon-supraconducteur.
Lesexpériences
mentionnéessuggèrent
l’idée formulée par Gorter et Casimir(1,~),
que,quand
le métal subit le passageinverse,
descou-rants
persistants
peuvent
naître dans le cas où le métal se trouve dans unchamp magnétique.
Cettemanière de voir réduit la difficulté de se
figurer
que lepassage mentionné soit réversible. Je n’ose pas dire
qu’elle
supprime
la difficulté.Quoi qu’il
ensoit,
onpeut
poser laquestion
suivante. Si le passage que nous considérons a lieu dans unchamp magnétique,
il seproduit
une certaineabsorp-tion,
ou, si le sens estrenversé,
un certaindégagement
dechaleur,
que nousdésignerons
par lesymbole r,
et que nousappellerons
la chaleur de transition.Consi-dérons la variation de
l’entropie S
et examinons siî-/
11 ou non. Nousappellerons
la transitions réver-sible sil’égalité
existe.Dans cet ordre
d’idées,
la validité del’équation
deRutgers
démontre non seulement que la transition del’état
supraconducteur
à l’étatnon-supraconducteur
estréversible si elle a lieu dans un
champ
magnétique
nul,
mais encorequ’il
en est ainsi dans deschamps
magnétiques
infiniment faibles. Plusexactement, que
0 pour H --
0,
si adésigne
la différence entre 0 S etr/ 1’.
M. Kok et moi
(16)
avons effectuéégalement
desrecherches sur le thallium dans un
champ magnétique
constant. La
figure
10 donne les résultats d’une série de cesexpériences.
De ces mesures, nous avons pudéduire pour un certain intervalle de
températures
la différence entre les chaleursatomiques
du thallium dans le cas où le métal estsupraconducteur,
et dans lecas où la
supraconductibilité
estempêchée
par unchamp magnétique
Lathermodynamique apprend
que la différence des variations del’énergie
libre dans cet intervalle detempératures,
prises
pour les deux états dumétal,
estégale
àl’énergie
due auchamp
magné-tique
dans le corpsétudié,
sous-entendu que la transi-tion d’un état à l’autre soit réversible. Ceci donne unmoyen pour vérifier cette condition de réversibilité pour des
champs magnétiques
finis. Les résultatsquestion posée.
Nous avonspoursuivi
les mesuresjus-qu’à
unchamp magnétique
de 60 gauss.Je faisais
déjà
allusion à la chaleur latente de transi-tison de l’étatsupraconducteur
à l’état non-supracon-ducteur. Cette chaleur latente avait étédéjà l’objet
d’une discussion au Conseil dePhysique
Solvay
de 1924(’7).
Onavait,
sous réserve de la réversibilité de la transitionconsidérée,
établi une relation entre la valeur de la chaleur latente et lapente
de la courbe de la valeur seuil duchamp
magnétique
Onpeut
déduire de cette relation que la chaleur de transition est nulle si la transition a lieu dans unchamp
magnétique
nul. Cetteconséquence
avait été vérifiéedéjà
d’une manière très exacte au cours de nos recherches surl’étain,
et fut confirmée par nos mesures sur le thallium. Maispour le thallium nous avons pu constater l’existence de cette chaleur de transition dans un
champ magnétique.
Nous en avons mesuré la valeur dans deux
champs
ma-gnétiques
différents.Si l’on
rapproche
les donnéesexpérimentales
de cequ’apprend
lathermodynamique,
on constatemainte-nant certaines
divergences.
Eneffet,
enappliquant
lesprincipes
de lathermodynamique
au casconsidéré,
onsuppose
qu’en passant
la courbe de la valeur seuil duchamp
magnétique
àtempérature descendante,
tout le métal passe à l’étatsupraconducteur
comme un corpshomogène.
Or,
il y a des raisons à peuprès
concluantes pour croire que dans nosexpériences
ce n’était pas lecas, que seulement une certaine fraction du métal a
subi la transition considérée. Je n’entrerai pas dans les
détails,
je
me bornerai à vous fairepart
de ma convic-tion que l’étudecalorimétrique
de l’étatsupraconduc-teur
qui
vient seulement d’êtreentreprise, parait
contenir des belles promesses pour l’accroissement denos connaissances relatives à cet état si intéressant.
Signalons
que nous avons encore fait desexpériences
calorimétriques
sur lethallium,
dans des étatsqui
ont été établis en variant lechamp magnétique,
le métalétant dans l’état
supraconducteur,
de sorte que des courantspersistants
déterminés
ont étéproduits.
J’es-père
que les résultats de cesexpériences,
dansles-quelles
ladisparition
des courantspersistants
se tra-duit par son effetcalorimétrique,
pourront
êtrepubliés
sous peu(17a).
Fig. 10. - Chaleurs
atomiques apparentes du thallium dans un
champ magnétique constant de 38,6 gauss appliqué à montrant l’existence d’une chaleur de transition.
5.
L’équation
d’étatcalorifique
de l’héliumliquide.
~- Ent924,
Kamerlingh
Onnes et Boks(18 )
consuatèrent laprésence
d’unesingularité
intéres-sante dans la courbe des densités de l’héliumliquide
(fig. il)
à latempérature
de2,19°!{
dans l’échelle detempérature
actuelle. En1927,
NI. Wolfke et moie 9),
en étudiant divers
phénomènes
seprésentant
à cepoint,
nous crûment autorisés àdistinguer
deux états différents de l’héliumliquide,
l’héliumliquide
1au-dessus de la
température
mentionnée,
l’héliumliquide
II au-dessous.Une nouvelle lumière fut
jetée
sur cephénomène
parles mesures
calorimétriques
exécutées avec la collabo-ration de M. Clusius(2°)
en 1932. Lafigure 12
repré-sente la courbe des chaleurs
spécifiques.
On ,constateun accroissement
rapide
de la chaleurspécifique
suivi par une chute instantanée aupoint
~,19°
K. Comme la courbe a la forme ducaractêre grec X,
nousappellerons
cepoint d’après
uneproposition
faite par M.Ehrenfest,
le
point
lambda.La
figure
13 montre les résultats d’une nouvelle série de mesures effectuées par Mlle heesom et moi(21)
avecdes échauffements de l’ordre de
grandeur
de 0,01degré
pour examiner de
plus
près
levoisinage
dupoint
A. Les résultatsprincipaux
de ces recherchespeuvent
être résumés comme suit : le passage de l’hélium
liquide
de l’état II à l’état 1 au
point
lambda a lieu sans aucuneexpéri-Fig.
il. - Densités de l’héliumliquide sous la pression de sa vapeur saturée, d’après Kamerlingh Onnes et Boks.
Fig. 12. - Chaleurs
spécifiques de l’hélium liquide sous
la pression de sa vapeur saturée.
mentales
(quelques
millièmes dedegré)
onpeut
consi-dérer comme instantanée.Une série de mesures fut encore faite sous une
pres-sion d’environ 19
atmosphères.
Les résultats n’ont pas étépubliés
à cause d’unpetit
défaut dans lesexpé-riences causé par le fait que la boîte contenant l’hélium
liquide
n’était pas absolument étanche. Une chuteana-logue
de la chaleurspécifique
futobservée,
mais à unetempérature
différente,
cequi correspond
au résultatobtenu au cours d’une autre recherche par M. Clusius
et moi
(2¿),
que lepoint
lambda sedéplace
sousl’in-fluence de la
pression.
En
rapport
avec ces résultats une étude futentre-prise
par Mlle Ileesom et moi(23)
sur la densité de l’hélium en fonction dela température
et de lapression.
Lafigure
14 résume les résultats dans undiagramme
lambda,
lieugéométrique
despoints
lambda,
qui
sépare
le domaine de l’hélium II du domaine de l’hélium I. Les autres courbes sont des
isochores,
lignes
de den-sité constantes.Je m’abstiendrai de commenter en détail les
points
intéressantsqu’on
peut
relever sur cediagramme.
J’attire seulement l’attention sur le fait que les isochores
présentent
unpoint anguleux
là où ilscoupent
lacourbe lambda. Cela veut dire que le coefficient de
pression
y subit une discontinuité. Lafigure
15qui
donne lediagramme
p, 7(densité-température),
et danslequel
les isobares ont ététracées,
montre que le coefficient de dilatation y subit aussi une discontinuité. Il s’ensuit que c’est encore le cas pour lacompressi-bilité.
La courbe lambda a l’allure d’une courbe de transi-tion entre deux
phases
différentes dans undiagramme
d’état. Il y a toutefois des différences essentielles. Le passage d’une courbe de transition ordinaire est lié à
une chaleur latente. Comme nous l’avons
déjà
remar-qué,
le passage de la courbe lambda ne l’est pas.D’au-tre
part,
ce dernier estaccompagné
de discontinuitésdans la chaleur
spécifique
et dans les coefficients dedilatation,
depression
et decompressibilité.
Vu le Fig.13. - Chute de la chaleur spécifique de l’hélium liquide.
382
changement brusque
que diversespropriétés
de la substance subissent enpassant
la courbelambda,
il ya tout lieu de considérer ce passage comme une transi-tion d’une
phase
dans une autre. Pourdistinguer
cetteFig. 15. - Isobares de l’hélium
liquide dans le diagramme p, T.
Fig. 1G. - Déduction d’une relation entre la
pente de la courbe lambda et les discontinuités de la chaleur spécifique et du
coefficient de dilatation thermique.
transition d’une transition de
phase
ordinaire M. Ehren-fest(2)
a introduit la nomenclature suivante. Lestransitions de
phase
connuesjusqu’à
maintenant,
et danslesquelles
les dérivéespremières
dupotentiel
thermique,
savoirl’entropie
et levolume,
sontdiscon-tinues,
s’appelleront
transitions depremier
ordre. Les transitions dephases
danslesquelles
les dérivées pre-mières dupotentiel thermique
restentcontinues,
tandis que les dérivées secondes sontdiscontinues,
sont appe-lées transitions de deuxième ordre.Le passage de l’hélium
liquide
à l’état de vapeur ouà l’état de solide est donc une transition de
premier
ordre,
la transition de l’hélium Il en hélium I une de deuxième ordre.Différentes autres transitions de ce dernier
type
sontconnues. Je ne mentionnerai que celle du
méthane,
383
donne pour les transitions de
premier
ordre unerela-tion entre la
pente
de la courbe de transition dans lediagramme
p, l’ d’unepart,
et les discontinuités del’entropie
et du volume d’autrepart
(équation
deCla-peyron).
D’une manièreanalogue,
on déduit pour lestransitions de deuxième ordre deux
équations qui
re-lient la
pente
de la courbe lambda aux discontinuitéscorrespondantes.
Je n’en citeraiqu’une :
Cette
équation
fut vérifiée(26) pour
l’hélium sous lapression
de sa vapeur saturée. De lapente
de la courbe lambda et de la discontinuité dans la chaleurspéci-fique
on calcule la discontinuité du coefficient dedila-talion. La
figure
17 montre que la valeur trouvée esten harmonie avec les résultats des mesures de
Kamer-lingh
Onnes et Boks.Fig. 17. - Vérification de la relation entre la
pente de la
courbe lambda et les discontinuités de la chaleur spécifique eL du coefficient de dilatation thermique par les mesures de Kamerlingh Onnes et Boks sur la densité de l’héliuin liquide.
Enfin,
lafigure
9 ~ résume dans lediagramme
entro-pique
les résultatsexpérimentaux acquis
pour l’héliumliquide.
Lediagramme
sedistingue
d’undiagramme
entropique
habituel en ce sensqu’il
est pour ainsi direFig. 18. -
Diagramme entropique de l’hélium liquide.
replié
lelong
de la courbelambda,
de telle sorte quedans un certain domaine deux feuilles du
diagramme
d’état se recouvrent. Je m’pbstienclrai de vous faire lire
sur cette
figure
les différentespropriétés
dont nousavons
parlé.
La
question
se pose s’il y aquelque explication qui
ferait
comprendre
cequi
se passe dans une transition de deuxième ordre. Pour des transitions comme cellesqui
seproduisent
dans le méthane etquelques
autressubstances,
Pauling (27)
trouve uneexplication
dans lasupposition
que les rotations libres des molécules ou(te certaines
parties
des moléculespassent,
en abaissantla
température,
à des mouvements rotatoires oscil-lants. Pourl’hélium,
cetteexplication
nepeut
pas êtreprise
en considération. Je me suispermis l’8)
desug-gérer
quepeut-être
l’héliumliquide
en traversant la courbe lamba àtempérature
décroissante passe dansun état
quasicristallin,
savoir que les atomes d’héliumse
disposent plus
ou moinsrégulièrement
dans unréseauqui,
toutefois,
dans ce cas, ne donne pas un toutrigide
régne-rait que dans des éléments de volume contenant un
nombre restreint et continuellement variable d’atomes. Mais
j’avoue
immédiatement queje
nepuis
pas don-ner desarguments
concluants pour cette manière devoir,
ni déduire de cettehypothèse
desprévisions
théoriques susceptibles
d’être
vérifiéespar comparaison
avec les résultats
expérimentaux.
Voilà encore unproblème
réservé aux théoriciens.G. Echelle des
températures
au-dessous deO,9nK. -
Je terminerai en faisant une dernièrere-marque. L’échelle des
températures
a été fixéejusqu’à
0,9"K
au moyen du thermomètre à hélium.Au-des-sous de cette
température,
le thermomèlre à hélium devien t viteimpropre
à cause del’adsorption
del’hé-lium sur la
paroi.
NI. Schmidt et moi(~9)
avons étudié cetteadsorption
pour voir s’il y avaitpeut-être
unmoyen d’éviter cet
inconvénient,
parexemple
en revê-tant laparoi
intérieure du thermomètre d’une couche d’un gaznoble,
mais ces efforts n’ont pas été couronnésde résullats
positifs.
La
question
se pose donc de savoir comment onpourra fixer l’échelle des
températures
dans larégion
destempératures
extrêmement basses où le thermo-mètre à hélium ne sertplus.
Nous éludions actuellement un thermomètre dont le
principe
se base sur les lois desphénomènes
thermo-moléculaires.Une autre manière pour fixer ces
températures
serait en
principe
le suivant. Lesexpériences
de MM. deHaas,
Wiersma et Kramers(3°)
et de M.Giauque
(31)
ont démontré que ladémagnéti-sation
adiabatique
de certains selsparamagnétiques
donne un moyen efficace pour obtenir destempéra-tures
ultra-basses,
comme l’avaientprévu
déjà
M.
Delaye
enet,
indépendamment
delui,
~I.
Giauque
en 1927.Or,
imaginons
que nous effec-tuons uneexpérience
dedémagnétisation
adiabatique
en
partant
deT,
H(fig. 19) ~
et encore une deuxièmeFig. 19. - Méthode de fixation de l’échelle thermométrique pour les températures ultra-basses.
expérience
enpartant
de7’,
Il+
el Il. Nous marquonsau moyen d’un
thermoscope
convenable les indicalionscorrespondant aux températures
obtenues,
I"eL7~-)-~7’B
Si nous connaissons à la
température
7’ la manièredont la
magnétisation
du selparamagnétique dépend
duchamp
et de latempérature,
la différence cl Speut
être calculée. Mesurons maintenant par une
expé-rience
calorimétrique
laquantité
de chaleur nécessaire pour chauffer le corps refroidi de l’une des deuxtem-pératures
à l’autre. Latempérature
sur l’échelle Kelvin s’obtient alors parSans
doute,
les difficultés d’ordreexpérimental
sontgrandes.
Maisje
ne les
considère pas commeinsur-montables,
tout au moins pas pour une certaine frac-tion du domaine detempérature envisagé.
Manuscrit reçu le 15 mai 1934. BIBLIOGRAPHIE
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(17) Rapp
Conseil de Physique Solvay 1924, p. 288.(17a) Voir Comm. Leiden, 1934, N° 232 a.
(18)
H. KAMERLINGH ONNES et J. D. A. BOKS, Comm. Leiden, 1924,No 170 b.
(19)
M. WOLFKE et W. H. KEESOM, Comm. Leiden, 1927, No 190 a,1928, No 192 a.
W. H. KEESOM et M. WOLFKE, Comm. Leiden, 1927, No 190 b.
(20)
W. H. KEESOM et K. CLUSIUS, Comm. Leiden, 1932, No 219 e.La figure 11 fut prise de la publication citée sous (21).
(21)
W. H KEESOM et Miss A. P. KEESOM, Comm. Leiden, 1932,No 221 d.
(22) W. H. KEESOM et K. CLUSIUS, Comm. Leiden, 1931, No 216 b. (23) W. H. KEESOM et Miss A. P. KEESOM, Comm. Leiden, 1933,
No 224 d et No 224 e, Suppl. 1933, No 76 b.
(24) P. EHRENFEST, Comm. Leiden Suppl., 1933, No 75 b. (25) K.CLUSIUS et A. PRRLICK, Z. Physik. Chem., B 1933, 24, 13. (26) W. H. KEESOM, Comm. Leiden Suppl., 1933, No 75 a.
(27) L. PAULING, Phys. Rev., (2), 1930, 36, 430.
(28) W. H. KEESOM, Comm. Leiden Suppl., 1932, No 71 e.
(29) W. H. KEESOM et G. SCHMIDT, Comm. Leiden, 1933, No 226 a
et b.
(30) W. J. DE HAAS, E. C. WIERSMA et H. A. KRAMERS, Physica.,
1933, 1, 175, Naturwiss., 1933, 24 467.