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Introduction. L'analyse des interactions pour la formation professionnelle: sous quelles conditions ?

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Introduction. L'analyse des interactions pour la formation professionnelle: sous quelles conditions ?

VINATIER, Isabelle, LAFOREST, Marty, FILLIETTAZ, Laurent

VINATIER, Isabelle, LAFOREST, Marty, FILLIETTAZ, Laurent. Introduction. L'analyse des interactions pour la formation professionnelle: sous quelles conditions ? In: I. Vinatier, L.

Filliettaz & M. Laforest. L'analyse des interactions dans le travail. Outil de formation professionnelle et de recherche . Dijon : Editions Raison et Passions, 2018. p. 9-21

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:108753

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1 / 1

(2)

Isabelle Vinatier, Laurent Filliettaz, Marty laforest (clir:)

Il analyse d es interactions

dans le travail

0util de formation professionnelle et de recherche

Erlitions Raison et Passiolts

(3)

Isabelle Vinatier, Laurent Filli ettaz, Marty Laforest (dit.)

L' artalyse de s interactions dans le travail

Outil de formation professionnelle et de recherche

Ediiions Roison et Possions 33 rue Philippe Genreou

21000 Dljon www. roison e f possio ns. fr

roison. possions @ free. fr 3u trimestre 20,l8

(4)

Sommoire

Introduction

Loanalyse des interactions pour la formation

professionnelle : sous quelles conditions ?

Isabelle Vinatier, Mary Laforest

&

Laurent

Filliettaz

9

L'intégration

de résultats de recherche à

un

programme

de formation : problématisation d'un processus

de

transposition Marty Laforest...

Quand

I'outil

des chercheurs devient celui des praticiens :

Un Groupe d'Analyse

des

Interactions en formation

de formateurs

Isabelle Durand, Dominique Trébert.

23

51

127

Croiser les

regards

: Les enjeux d'une

démarche

collaborative lors de la préparation d'un

atelier

interdisciplinaire

dans le champ de la petite enfance

Mariarme Zogmal

&

Myriam

Perret.

77

Enseigner I'interaction en formation

continue

universitaire : travailler

avec des élèves ayant

un trouble

du spectre de

l'autisme

Delphine

Odier-Guedj

103

Enseignement

du français aux publics

professionnels et

analyse des interactions au travail: un

rendez-vous manqué ?

Florence Mourlhon-Dallies

La part

des usagers

dans la formation aux métiers

de services : les apports de la perspective interactionnelle

Laurent

Fllhettaz.

150

(5)

Le

rôle des objets-frontières dans ra

formation

de novices

en situation de travail : de

Panaryse des

interactions

à

I'ingénierie de la

formation

céline Alcade-Lebrun, Marine pelé peycelon,_Laurent

veillard.

rg3

L'irruption

des émotions

entre

conseillers pédagogiques et enseignants débutants

:

quelle conception O"

f*-uiioo

pour les mettre à distance ?

Isabelle Vinatier

etIzaMarftsi...

Z0g

Conclusion :

Lointeraction comme

objet

de recherches et comme outir de

formation

LaurentFillietraz,Isabellevinatier

&Martylaforest.

z3s

Ont conlribué à cel ouvrqge

Céline Alcade-Lebrun Université Lyon 2 F.

Isabelle

Durand

Université de Genève CH.

Laurent Filliettaz

Université de Genève CH.

Marty

Laforest Université du Québec à Trois-Rivières Cnd.

Iza

Marfisi

Université du Mans F.

Florence

Mourlhon-Dallies

Université Descartes - Sorbonne F.

Delphine

Odier-Guedj

Université du Québec à Montréal Cnd'

Myriam Perret EVE

Secteur Université CH.

Marine

Pelé Peycelon Université Lyon 2 F.

Dominique

Trébert

Ecole de Travail Social et de la Santé-Vaud CH.

Laurent Veillard,

Université Lyon 2 F.

Isabelle

Vinatier

Université de Nantes F.

Marianne

ZogmalUniversité de Genève CH.

(6)

lnlroduction

L'onolyse des inlerqctions pour lq formoiion professionnelle

:

sous quelles condilions

?

lsqbelle Vinotier, Mory Loforesl

&

Lourenl

Filliettoz

L'ergonomie constitue le premier domaine de recherches qui a

mis en

évidence

la distinction

entre

travail

prescrit

(ce

que la hiérarchie prescrit dans une institution ou dans une enffeprise, par exemple à travers des fiches de poste) et travail réel (ce que font effectivement

les

professionnels

au

quotidien).

Les travaux

de Montmollin (1984) en témoignent alors même que Falzon et Teiger

(2011)

précisent, au-delà

de leur

préoccupation centrale

sur

la préservation de la santé et de la sécurité au travail, que I'ergonomie garde un lien

privilégié

avec le travail par l'attention portée à ses

formes

d'organisation,

à ses

contraintes,

à ses

moyens, aux

conditions

d'intervention en milieu

professionnel

et

notamment aux outils d'analyse du travail, bref, à

tout

ce

qui

contribue

à

sa

réalisation. Dernièrement, leurs travaux portant sur la définition des

situations de travail considérées comme favorables

au

développement

et à la

transmission des compétences

en

milieu professionnel (Pavageau, Nascimento et Falzon, 2007) rejoignent

ainsi les travaux qui, dans le champ de

la didactique professionnelle (Weill-Fassina

et

Pastré, 2004), mettent l'accent sur la dimension formative que peuvent avoir les activités de travail

et sur la nécessité de les analyser pour identifier

les

conceptualisations

des

opérateurs,

la plupart du

temps restées

implicites non

seulement

pour

eux-mêmes mais aussi dans leur champ professionnel. Ces conceptions s'opposent à l'idée courante

9

(7)

selon laquelle la pratique se réduirait à l'application d'une théorie,

ou d'une

technique, comme

le

pensent souvent

les

novices en formation.

À

ce

jour,

la collaboration entre le monde de la recherche et les univers professionnels est de plus en plus attendue sous la forme de recherche-action,

de recherche collaborative ou encore

de

recherche-intervention

(Vinatier, 2009 ; Vinatier et

Rinaudo,

2015).

Particulièrement développées

au canada, ces

modalités d'intervention visent

à

contribuer

à

l'émergence de compétences collectives et au développement d'environnements favorables aux apprentissages. cela étant dit, I'intervention directe des chercheurs dans les situations de travail etlou dans les dispositifs de formation professionnelle doit obéir à certaines conditions, notamment quand

il

s'agit de parvenir à une fécondation réciproque entre recherche et formation.

Cet ouvrage aborde spécifiquement la question des champs de recherches relevant

de

l'analyse des interactions

en

situation de travail

qui

se veulent au service de

la

formation.

ces

recherches sont en

plein

développement, que ce

soit

dans

le

domaine de la linguistique interactionnelle,

de la

didactique professionnelle ou encore

à travers

l'émergence

du courant du

Français Langue

Professionnelle. L'examen des fondements théoriques

des

interactions entre humains éclaire

les

rapports entre analyse de l'activité professionnelle et interactions en situations de travail.

En effet, les

interactions

ont pour

première caractéristique d'être considérées comme des actions à part entière pour agir avec

et

sur les personnes auxquelles

un

discours est adressé (Kerbrat-

orecchioni,

1990). Elles ont pour deuxième caractéristique de ne

pas pouvoir être comprises en dehors de leur

contexte

d'émergence, c'est-à-dire du lieu où elles s'exercent

et particulièrement

les lieux

professionnels.

Dit

autrement, elles acquièrent une signification seulement dans les conditions à la fois matérielles, pratiques

et

sociales

de leur

accomplissement, d'où

I'importance

d'analyser

les

situations

qui les portent pour

en révéler les enjeux. Les interactions ont pour autre caractéristique de relever d'une co-construction entre les interlocuteurs en préience.

c'est

peut-être cette caractéristique qui est la plus aisée à àdmethe,

mais aussi la plus ardue à mobiliser dans les démarches d'analyse.

Le

caractère conjointement construit et co-élaboré du contenu des interactions dialectiquement articulé avec

la

manière même de le transmettre constitue

la

dynamique même des échanges, laquelle est constitutive de toute interaction. Les travaux dans le champ de

l'analyse

conversationnelle

montrent que les

partenaires de

l'interaction négocient en perrnanence à la fois ce dont ils parlent et la manière dont

ils

le parlent et même dont

ils

se parlent. Enfin, un

dernier fondement théorique (Traverso, 2016) reconnaît

le caractère

certes langagier et mais surtout plus

généralement multimodal des processus par lesquels se co-construit et se négocie la signification des interactions.

Adopter

le point de vue de l'interaction sur les

activités de

travail et de formation, c'est

considérer

que les

<< discours en interaction

>

(Kerbrat-Orecchioni,

2005)

constituent,

pour

les chercheurs coûrme

pour les

opérateurs

au travail, à la fois

des

objets, des

méthodes et

des

outils

d'analyse

au

service

de

la compréhension

de l'activité

professionnelle

(Vinatier,

2013), du fonctionnement des collectifs, des manières de former en situation

(Filliettaz & Bronckart,2005; Filliettaz,

2014).

Si

l'analyse des

interactions a pour visée la transformation des situations de travail

et de formation elle peut aussi être mise au service

de

l'émancipation des opérateurs eux-mêmes.

En

effet,

du point

de vue des opérateurs, la maîtrise du discours et des interactions dans les activités professionnelles tient une place essentielle pour qu'ils aient un plus grand contrôle de ce

qu'ils

font dans leurs échanges avec leurs pairs en situation de collaboration, de tutorat, de conseil, ou encore avec des patients, des usagers, des clients, des formés,

des élèves. D'un autre point de vue, une

qualification professionnelle

peut

nécessiter

la maîtrise du

langage

et

des

interactions.

En effet,

les nouvelles organisations

du travail

font

appel à plus d'exigence

chez

les

formateurs

pour outiller

les professionnels

de

ressources

leur

permettant

de

décrypter les problèmes auxquels

ils sont

confrontés

dans les

interactions professionnelles, car c'est

par la

mise en scène de ces échanges

langagiers que se coordonnent les interactants et

que

s'accomplissent les activités.

10 1l

(8)

Par ailleurs, l'expertise dans I'analyse des interactions, outre son développement dans

le

cadre de recherches fondamentales, a

aussi

besoin de s'enrichir de l,observation, de l,analyse

des problématiques de terrain et des obstacles auxquels se confrontent

les

professionnels

pour saisir l'opportunité de concevoir

de nouvelles ressources ou de nouveaux dispositifs de formation basés sur l'analyse de ces interactions.

-

Ainsi, les chapitres rassemblés dans cet ouvrage témoignent du

fait

qu'une

telle

analyse

et

son appropriation peuvent

cùstituer,

sous certaines conditions d'intervention

de

chercheur

en

milieu professionnel, ou de didactisation de certaines caractéristiques des interactions, ou encore de modalités d'observation et d'anâlyse de

situations

de formation etlou de

sifuations

réelles de

travail (Laforest, 2016), une ressource au service de l'élargissement des possibilités d'action des professionnels et des chercheurs.

Dans la continuité de nos

quatre publications précédentes

(Balslev, Fillietlaz, Ciavaldini-Cartaut &. Vinatier,

2015;

Morrissette,

vinatier & Fllliettaz, 2016; vinatier, Filliettaz &

Kahn, 2012 et Khan,

Hersan

et Orange, 2010 à partir

d,un symposium organisé par

vinatier

dans le cadre du REF en 2009 à

Nantes), cet ouvrage fournit une occasion

d,échanges

pluridisciplinaires constituant ainsi une opportunité

de

questionnement

pour les formateurs en quête de

nouvelles perspectives, démarches, et outils. L'ouvrage s'adresse également

aux

chercheurs

qui s'interrogent sur l'intérêt des

recherches construites

en

collaboration avec

les

professionnels

autour

des inte-ractions etlou qui développent leurs travaux dans la conception de formations basées sur I'analyse des interactions en situation de

travail etlou au service du travail. Fondamentalement, dans chacun des chapitres se trouvent questionnées

les

circonstances

qui

ont

déterminé la

nécessité

même de procéder à I'analyù

des interactions tout en mobilisant des points de vue differenis sur la question.

Le premier chapitre, écrit par Marty Laforest de I'université de

Trois Rivière au Québec et intitulé : < L'intégration de résultats de recherche

à un

programme de

formation:

problématisation d,un processus de transposition >, aborde d'un point de

we

générique la

question de

l'apport

de la recherche aux démarches de formation professionnelle mobilisant l'analyse des interactions verbales. Son propos << vise à rendre compte de la complexité de ce processus

).

Complexité

liée

au

fait

que les disciplines de l'intervention telle

que l'ergonomie, ou encore la didactique

professionnelle,

conçoivent et expérimentent des théories fondées sur

la

collaboration entre praticiens

et

chercheurs

pour

augmenter leur pertinence.

A

contrario, les analyses interactionnelles de la parole

au travail sont

souvent menées

dans des

cadres disciplinaires associés à la recherche fondamentale

-

sociologie, linguistique, par exemple

-, dans

lesquels

prévalent les

modèles

de

recherche

traditionnels, qui accordent peu de valeur aux visées < pratiques >.

Prenant

appui sur le

compte rendu

d'un

parcours

de

recherche portant sur des appels médicaux d'urgence au Québec, l'auteure tente de répondre aux questions suivantes : Doit-on en conclure que

les

résultats

des

analyses interactionnelles conduites dans une

logique de

recherche

ne peuvent être mises à profit

dans la

formation

professionnelle

? Si tel n'est pas le cas,

peut-on modéliser la démarche du chercheur impliqué ponctuellement dans

un

processus

de

transposition

?

Comment cette démarche même

peut-elle être

entreprise

et quelles en sont les

conditions de

succès ?

Marty Laforest, parce qu'elle est linguiste et qu'elle s'est posée la question de

l'utilité

sociale de ses travaux, propose ainsi via son texte une opporfunité de saisir un certain nombre de points nodaux incontournables

qui signent la

conception

d'un dispositif

de formation basé sur l'analyse d'interactions dont l'intérêt tient à ce

qu'elles révèlent spécifiquement des dysfonctionnements dans le travail. Comme elle

l'indique,

ce n'est possible, entre autres, 9u'à

la

condition de pouvoir analyser les besoins des individus, et de saisir par I'analyse de leur activité, la manière dont eux-mêmes la conceptualisent implicitement quand

ils

opèrent

à leur

poste de travail.

Le

chapitre d'Isabelle Durand

et de

Dominique Trébert, de

I'université de

Genève, intitulé

:

< Quand

I'outil

des chercheurs devient celui des praticiens : un groupe d'analyse des interactions

en formation de

formateurs >>,

rend compte d'une

autre

l2 l3

(9)

problématique, celle des conditions à mettre en æuvre pour que les professionnels s'approprient

le

processus

même d'ànalyse

des

interactions proposé

par

des chercheurs.

Ainsi, leur teite

rend compte

du

processus

de

conception

et de mise en æuwe

d'un

"Groupe d'Analyse des Interactions" auquel les auteurs participent et

qu'ils

considèrent comme un <

outil di

formation coritinue > de formateurs visant I'analyse des interactions tutorales. Le recours à cet outil s'inspire des dispositifs d'analyse en groupes de travail des

situations d'interaction, mis en æuvre dans les

recherches s'intéressant à la compréhension des activités collectives effectives.

rl a

été proposé, en

effet,

à

un collectif

de formateurs de terrain æuwant dans

le

champ de l'éducation de I'enfance. prenant I'outil en main, les praticiens ont travaillé des éléments de méthode tels que I'usage de la transcription ou la pluralité des postures d'analyse.

Par ailleurs, I'analyse

en

groupe

a

permis

la mise

au

jour

d'un

phénomène

paradoxalement

resté inaperçu : la

dimension formative de la situation, telle qu'elle se construit dans I'interaction

au

cceur

de I'activité

professionnelle.

Le

Groupe d'Analyse des Interactions est désormais mis en æuvre dans d'autres contéxtes de formation continue.

Toujours dans une perspective

de

recherche collaborative et

dans le même champ

professionnel,

le chapitre de

Marianne Zogmal

et Myriam

Perret,

de l'Université de

Genève,

intitulé:

<< croiser les regards : les enjeux d'une démarche collaborative lors

de la préparation d'un atelier interdisciplinaire dans le champ de la

petite

enfance

),

étudie les processus

à l'æuvre

dans

ce qui

est appelé

une

démarche collaborative dans

un

contexte spécifique.

Les auteures s'intéressent notamment

à la

réalisation

dhn

atelier de < regards croisés >, impliquant des chercheurs de

l'université

de Genève et des praticiens travaillant dans

le

champ de l'éducation de l'enfance.

ce

texte montre

le

processus de co-construction de compréhensions partagées.

La

thématique des savoirs

et de

leur

légitimité est

complétée

par l'analyse des

transformations des

positionnements

des

participantes

à l,atelier. L,apport

d,une analyse interactionnelle

est ici

double.

Elle

constituè

un outil

théorique et méthodologique pour la mise en place d'une démarche collaborative.

Par

ailleurs,

la

perspective interactionnelle

vise

à

mieux << comprendre ce qu'un professionnel apprend de l'analyse de son activité > (Vinatier, 2010), mais également à rendre visible comment

la

participation active

d'un

chercheur dans une analyse

conjointe lui permet de

transformer

sa

compréhension

et

ses

pratiques.

Le chapitre de Delphine Odier-Guedj, de I'université

du Québec à Montréal, intitulé : < Enseigner I'interaction en formation continue universitaire : travailler avec des élèves ayant un trouble

du

spectre

de

l'autisme

>, défend la

nécessité

de former

les

enseignants

à

l'analyse des interactions verbales

en

raison des

enjeux que cela

représente

pour leurs élèves. En

effet,

l'enseignement auprès d'élèves ayant des troubles de l'interaction etlou

du

langage

a

ceci de particulier que I'enseignant se trouve souvent déstabilisé vis-à-vis

de

son

outil

premier

de

travail

:

le langage oral.

Il

ne peut pas comme à l'accoutumée co-construire l'apprentissage avec ses élèves sans autre support que sa

voix.

Un risque

latent est

alors

celui de la

minimisation

de

l'interaction (Filliettaz

&

Schubauer-Leoni, 2008; Specogna, 2007) alors qu'elle demeure

pour tout

élève

un

axe essentiel des

trois

missions de l'école

: qualifier, instruire et

socialiser.

Dans le cadre

d'un

diplôme d'études supérieures

spécialisées

à I'UQAM,

les

enseignantes

et

enseignants déjà en fonction, peuvent suivre une formation spécifique

qui vise à mieux

comprendre

ce

que sont I'interaction (Gumperz, 1982)

et

les pédagogies interactionnelles

qui

soutiennent

le

développement académique

des

élèves. Les enseignants et enseignantes s'observent dans leurs enseignements pour identifier leurs habitudes d'interaction afin d'établir un plan de changement qu'ils/elles mettront en æuvre ensuite tout au long

du DESS. Delphine

Odier-Guedj présente,

dans ce texte,

le

dispositif de formation

basé

sur

ses recherches

sur le

terrain, réalisées à partir d'une posture ethnographique et des analyses de pratique avec des enseignants et enseignantes L'auteure discute les enjeux du lien recherche-dispositif de formation et ceux liés au fait

d'<< enseigner >> donc d'< évaluer > à l'université l'observation des interactions

en

contexte

de

classe

qui, par

nature, sont toujours mouvantes et adaptatives.

t4

15

(10)

Toujours d'un point de vue

didactique,

la contribution

de Florence Mourlhon-Dallies,

de l'université de paris

Descartes, intitulée : << Enseignement du français aux publics professionnels et analyse des interactions

au travail: un

rendez-vous manqué ? >>,

interroge

la

place qu'occupe l'analyse des interactions dans les démarches d'enseignement

du

français, lorsque cette langue est enseignée

à

des

fins

professionnelles.

pour ce faire, elle

prend

appui sur l'étude des principaux manuels spécialisés édités depuis quinze ans en France ainsi que sur l'examen de quelques dispositifs multimédias conçus récemment

à la

demande d,organismes de

formation.

Le travail

de

l'oral

proposé en didactique

du

français professionnel

est ici mis en regard avec les lignes de

force théoriques de l'analyse de

l'activité

verbale en situation de travail.

Le tour d'horizon effectué sur la base du matériel didactique retenu pour ses investigations met en lumière un paradoxe : alors que les recherches sur les interactions professionnelles se sont multipliées ces

trente

dernières années,

leurs

résultats semblent ignorés (à quelques exceptions près)

du

matériel édité

et

labellisé

pour

le français

langue

étrangère

et

seconde

à

destination

de

publics professionnels.

Mais

comment expliquer cette situation

? À

ses

yeux c'est surtout

le

poids des représentations dominantes sur ce qu'enseigner et travailler veulent dire

qui

est à invoquer, comme exposé en deuxième partie.

ceci

explicité,

il

devient alors possible, dans

un

troisième moment, d'esquisser

ce

que

pourrait

être une séquence interactionnelle

type pour

l'enseignement

du

français professionnel.

À

cette o"curiôn, èlle invite à se questionner sur les conditions permettant aux matériels didactiques édités d'échapper à leur seule obsession transmissive.

Les

trois

derniers chapitres de

cet

ouvrage s'appuient

sur

la présence

de

chercheurs auprès des professionnels

de terrain

et démontrent,

par

les observations des chercheurs impliqués,

qu'il s'agit là d'une condition

nécessaire

à la conception

d,une

formation en

mesure

de fournir

des ressources

au

service des professionnels concernés.

Laurent Filliettaz, de l'université de Genève, dans son chapitre intitulé

:

<< La part des "usagers" dans la formation aux métiers de services : les apports de la perspective interactionnelle >>, évoque le

fait

que la littérature récente portant sur les rapports entre langage, travail et formation n'a que peu thématisé la question de la part des

<( usagers >> dans la formation aux métiers de services. Ce texte vise

à

dépasser ce paradoxe

et à

décrire

de

manière méthodique les

effets

que peuvent produire

sur les

pratiques

de formation

les situations de

travail qui

ne portent pas seulement sur des objets techniques

et

matériels, mais aussi sur des acteurs humains, des

o,lrugôr,

>>, dans

le

cadre de relations dites de services.

À

partir

d'une documentation vidéo-ethnographique d' interactions tutorales prenant

place

dans

deux

contextes

variés, en

I'occurrence des institutions de la petite enfance et un centre de radiologie en milieu hospitalier,

les

analyses produites montrent

que les

usagers

-

respectivement les patients et les enfants

-

contribuent activement

à faire

évoluer

les

situations

d'interaction et qu'ils

agissent de

manière significative sur les conditions de participation

des stagiaires

et

des tuteurs.

Le

chapitre montre également que ces

interventions

ne

sont pas sans effets

sur le plan

des enjeux de formation

: elles

transforment

les

conditions

d'utilisation et

la signification des objets matériels qui peuplent les environnements

de

travail

; elles

mettent

en visibilité

des contenus

de

savoirs

jusqu'ici traités

comme non-manifestes

par les

participants

;

et

enfrn, elles créent des opportunités

de

guidage

de l'activité

des

stagiaires par les tuteurs. Ces observations conduisent à repenser la place des usagers dans

la

formation professionnelle des métiers caractérisés par la prégnance des relations de service. Elles invitent

aussi à formuler des propositions

concrètes

en matière

de conceptions de formation,

à

même de considérer les

(

usagers

)

non plus

seulement comme des objets

ou

des destinataires du travail mais comme des ressources de la formation.

Céline Alcade-Lebrun, Marine Pelé Peycelon et

Laurent Veillard, de l'université de

Lyon2,

proposent un chapitre

intitulé:

<

Le rôle

des objets frontières dans

la

formation de novices en situation de travail

:

de l'analyse des interactions à I'ingénierie de la formation >>. Les auteures se questionnent sur la nature des outils

à

concevoir

qui

peuvent être mobilisés

en

formation

à

des fins

didactiques. Ancrée dans le champ de la

linguistique

interactionnelle (Fllliettaz, de

Saint-Georges,

& Duc,

2008)

I6 t7

(11)

appliqué à des

questionnements

de formation

professionnelle relevant des sciences de l'éducation, leur contribution prend appui

sur deux

recherches collaboratives.

Menées dans des

cursus supérieurs, elles portent respectivement sur la formation au service en restauration et

la

formation des tuteurs entreprise novices. ces

deux études postulent une construction et une

mobilisation collective des compétences ainsi qu'un rôle déterminant du langage dans

l'activité

de travail etlou de formation, dans les processus de transmission

et

d'apprentissage.

ce

postulat

a

conduit, dans les deux cas, à réaliser des observations au long cours et à mener des analyses des interactions langagières en situation formative etlou productiver. Les résultats de ôeJ analyses ont ensuite servi de base

à la création d'outils didactiques visant l'amélioration

des

formations

existantes.

Les deux études ont été

réalisées en collaboration avec des praticiens, dans

le

cadre

de liens

étroits entre des chercheurs

et

des institutions partenaires désireuses de perfectionner leurs pratiques didactiques. Dans cette perspective, les auteurs détaillent

: l)

comment l'étude des interactions situées entre différents acteurs,

lieux et

activités les

ont

conduits, d'une part,

à

repérer des objets-frontières

jouant un rôle clé

dans les situations analysées

;2)

comment, d'autre part,

ils

ont potentialisé

et enrichi cette circulation pour améliorer ra qualité

des apprentissages.

Enfin, le

dernier chapitre

d'Isabelle vinatier et rza Marfisi intitulé

<

L'imrption

des émotions entre conseillers pédagogiques et enseignants débutants : quelle conception de formation pour les meffre à distance ? >> est basé sur

la

collaboration entre reiherche

en

sciences

de l'éducation et

informatique,

pour

concevoir un afteraû numérique piloté par un formateur. La recherche s'appuie

sur

I'analyse

de l'activité

des conseillers pédagogiques

(CÊj

en France, lesquels suivent les professeurs des écoles débutants en venant plusieurs fois par an les observer en classe et mener ensuite

avec eux des

entretiens

de conseil relatifs à leurs

pratiques pédagogiques.

ce

faisant,

ils

se heurtent

à

des diffrcultès parmi lesquelles se découvre, par voie d'analyse des interactions, le rôle

joué

par les émotions. Comment en rendre compte

d'un point

de vue de didactique professionnelle (analyse des situations de travail

en \.ue de la

formation)

? Or, de

nombreuses études dans le

domaine du virtuel (De Servin et al., 2009)

proposent de

<< s'entraîner > à << gérer >> les émotions

via I'utilisation d'un

outil

de simulation réaliste appelé GRETA.

À

l'occasion du face à face des

CP

avec

l'agent virtuel

se révèle,

à

travers

les

immédiates

réactions des CP, la présence jusqu'alors inaperçue

de manifestations

de nature émotionnelle et cela, avarfi

même

l'entame de toute interlocution.

La

question se pose de savoir en

quoi et

comment

la

rencontre interdisciplinaire entre didactique professionnelle et numérique permet de construile une ressource au

service de la maîtrise d'émotions qui peuvent entraver

les interactions entre CP et enseignants débutants à visée formative.

On

le voit,

l'ensemble des contributions rassemblées dans cet ouvrage couvre un large spectre. Parce qu'elles interrogent, à partir

d'un

même anarage dans l'analyse interactionnelle, les différents positionnements

du

chercheur s'intéressant

aux

interactions en

milieu de travail et les

différentes formes

de

collaboration qui peuvent

s'établir

entre chercheurs et praticiens, elles offrent une

nouvelle illustration de la

pertinence

théorique des

concepts mobilisés

et

montrent concrètement

leur

apport

à la

formation professionnelle et à notre compréhension des activités de travail'

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