HAL Id: jpa-00206777
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Liaisons intermoléculaires dans les jets supersoniques.
Étude par diffraction d’électrons
Philippe Audit
To cite this version:
Philippe Audit. Liaisons intermoléculaires dans les jets supersoniques. Étude par diffraction d’électrons. Journal de Physique, 1969, 30 (2-3), pp.192-202. �10.1051/jphys:01969003002-3019200�.
�jpa-00206777�
LIAISONS INTERMOLÉCULAIRES
DANS LESJETS SUPERSONIQUES ÉTUDE
PAR DIFFRACTIOND’ÉLECTRONS (1)
Par PHILIPPE
AUDIT,
Laboratoire de Diffraction
Électronique,
Faculté des Sciences, 91-Orsay (France).(Reçu
le 14juin
1968, révisé le 23octobre.)
Résumé. 2014 On
analyse
par diffraction d’électrons la nature desparticules qui
constituent lesjets
moléculairessupersoniques
condensés deCO2,
Ar et Xe. On observe, dans le cas del’argon
et du xénon, despolymères,
des gouttesliquides
ou des cristaux. On étudie enparti-
culier la structure de la molécule
Xe2.
Abstract. 2014 An électron diffraction
analysis
of theparticles present
in condensed super- sonic molecular beams was made in the case ofCO2,
Ar and Xe.Polymers, liquid droplets
and
crystals
have beendistinguished.
Results on the structure of the Xe2 molecule arereported.
Introduction.
- Lesexperiences classiques
de dif-fraction
electronique
enphase
gazeuse permettent d’6tudier les molecules d’une enceinte a bassepression qui
effusent dans le vide a travers unsimple ajutage.
En utilisant comme cible un
jet
mol6culaire superso-nique,
on a puappliquer
latechnique
de la diffraction a 1’etude d’unprobl6me important
et mal connu dedynamique
des gaz : la detente libre dans le vide.Les résultats obtenus 6claircissent un peu ce
probl6me,
mais ils fournissent surtout a la diffraction des electrons des
sujets
d’6tude entierement neufs.I. (Migration d’un
jet
moleculairesupersonique.
- Le
syst6me
de detente en aval de la buse(fig. 1)
est d’abord caractérisé par la formation d’un
systeme
permanent d’ondes de
choc, qui comporte principa-
lement : une onde de choc lat6rale
ayant
comme axe desym6trie
celui de labuse,
et une onde frontale(le disque
deMach)
dont la distance xM a la buse de diametre D est reli6esimplement [1]
aurapport
de detentepolpl.
Dans laregion axiale,
leslignes
decourant ne sont pas
perturb6es,
et le nombre de Mach M croit avec la distance x a labuse,
tant que celle-ci reste inferieure a xM;cependant
que leregime
devient
subsonique
en aval dudisque
de Mach.L’utilisation, propos6e
par Kantrowitz etGrey [2],
de cette detente libre pour former un
jet
mol6culairesupersonique
en admettant dans une deuxieme cham-bre,
a travers undiaphragme conique appel6 selecteur,
la
partie
axiale de 1’6coulementpermet
de d6finir(1) Ce
travail a etepartiellement
subventionné par la D.R.M.E.géométriquement
etthermodynamiquement
1’etatparticulier
que l’on souhaite 6tudier. Dans ces condi-tions,
la valeur du fluxd6pendra
de la distance buse- s6lecteur xs( fig. 1).
Bier etHagena [3]
ont montreque pour les valeurs xs donnant un flux
optimum
il y a attachement au s6lecteur de l’onde de choc dont lesperturbations
n’affectent pas ainsi le fluxtransmis,
etl’on obtient une faible
dispersion
des vitesses des molecules tant en modulequ’en
direction.Si l’on admet que le
regime
devient mol6culaire enaval du
s6lecteur,
et que 1’extraction dujet
est unprocessus
isentropique,
il faut considerer que les condi- tionsphysiques
dans lejet
sont celles que l’on rencontre a l’entrée du s6lecteur. D’autrepart,
enregime d’équi-
libre
thermodynamique,
lespropri6t6s
dusysteme
dedetente
dependent
essentiellement du nombre deArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01969003002-3019200
Mach M au
point x
considere. Parexemple,
latemp6-
rature
d’équilibre
est donn6e[2]
par la relation :ou
To
est latemperature
du gaz dans la source. L’6tatthermodynamique
dans lejet
doit donc etre determinepar
MS (nombre
de Mach a l’entrée dus6lecteur),
c’est-h-dire par xs.
Cependant,
lespropri6t6s d’équi-
libre ne seront pas atteintes en Xs, s’il
n’y
a pas eu entre les molecules un nombre de chocs suffisant. Cecidepend
enparticulier
de la densite mol6culaire dans lesysteme, qui
est d6termin6e par lapression po
d’admission du gaz. Parconsequent,
si leparamètre Xs
fixe 1’6tat
d’6quilibre final,
uneaugmentation
pro-gressive
duparametre P0
doitpermettre
d’observer differents 6tats interm6diaires dusysteme
dedetente, pi6g6s
dans lejet
mol6culaire.Les valeurs de la
temperature
et de lapression
atteintes dans la detente
isentropique
pour des nom-bres de Mach suffisants permettent de
prevoir,
enregime d’6quilibre, 1’apparition
d’unephase
conden-s6e solide ou
liquide.
Ce sont ces etatsphysiques,
ainsi que des 6tats transitoires
instables,
que l’on sepropose d’etudier par diffraction d’electrons.
II. Mdthode
expdrimentale.
-L’usage
desjets
mol6culaires comme cibles dans les
experiences
decollisions sur les gaz est rendu tres difficile par la faiblesse des valeurs atteintes par le
parametre
essen-tiel, qui
est le nombre de molecules rencontr6es par unite de surface du faisceauelectronique
incident.Le
g6n6rateur
utilise(fig.
2oc)
a ete bati[8]
selonle modele de Kantrowitz et
Grey [2] applique
avecsucc6s par
plusieurs
auteurs[6, 7, 8]
pour l’obtention d’une valeur 6lev6e du flux N de molecules.Dans ce
dispositif,
le gaz a lapression P0
est d6tendua travers la buse B
(diametre 0,2 mm)
dans une pre-a) V, vanne ; Pl,
P2,
groupes de pompage ; B, buse ; S,selecteur ;
C, collimateur.p) P,,
pompage du canon; H.T., haute tension; W, wehnelt; A, anode ; L, lentillemagnetique ;
d,diaphragme;
c, condensateur.
y)
D, orifice du d6tecteur (mesureN) ;
K,capteur electronique (mesure
n).8) pl, plaques photographiques.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE. - T. 30. Nos 2-3. FÉVRIER-MARS 1969. 13
miere chambre maintenue a la
pression p, (10-1 torr)
par un groupe de pompage
(debit
1 850m3jh
à10-1
torr).
Un orificetronconique,
le s6lecteur S(diametre 0,5 mm),
assure l’admission d’unepartie
du gaz dans une chambre de collimation a la pres- sion
p2 (10-4 torr) :
le pompage est assure par unepompe a diffusion
(100 ljs
a 10-3torr),
et unpiege
d’azote
liquide.
Le collimateur C(diametre 0,65 mm)
definit enfin la
portion dujet qui
passe dans la chambred’utilisation,
ou lapression
reste inferieure a 10-5 torr.Un faisceau d’61ectrons de 40
keV,
d’intensite 50 nA,et ayant un diametre d’environ
0,15
mm a 308 mmde la
preparation diffractante,
est obtenu a 1’aide d’uncanon de
microscope electronique
aliment6 par ung6n6rateur électrostatique ( fig.
2P).
L’arrivée du fais-ceau sur la
preparation
est commandée par uneimpulsion rectangulaire appliqu6e
au condensateur C.Un capteur
electronique
et un d6tecteur D(fig.
2y)
permettent de mesurer
respectivement
la densité n(nombre
de molecules par unite devolume)
et leflux N
(nombre
de molecules s’6coulant par st6radianet par
seconde),
selon les m6thodes decrites dans les references[9]
et[10].
Onpeut
ainsi choisir les condi- tionsoptimales
de fonctionnement dujet
mol6culaire.L’6tude par diffraction
electronique
a ete faite selon des m6thodesclassiques
bien que l’intensit6 6lectro-nique
diffuseefut,
dans les meilleurs cas, environ 102 fois inferieure aux valeurs habituelles. Cela nous a amene a fixer dans lesexperiences
d6crites ci-dessous la distance xs a une valeur16g6rement
inferieure a x,(position
dudisque
deMach),
pourlaquelle
l’intensit6 dujet
mol6culaire et laqualite
desdiagrammes
dediffraction sont
optimum.
III.
Analyse
desdiagrammes.
Variation de la fonc- tion d’interférence. - Le faisceau d’61ectrons 6tantdirig6 perpendiculairement
aujet mol6culaire,
onrecueille l’intensit6
electronique
diffuseeI(s)
sur uneplaque photographique
dont le noircissement estensuite
analyse
a 1’aide d’un microdensitomètre. L’al- lure desdiagrammes
obtenuspeut
varier consid6ra- blement selon les conditions de formation dujet supersonique.
Lafigure
3 montre parexemple
lesenregistrements
dediagrammes
obtenus pour des valeurs differentes de lapression po,
dans le cas duxenon ; l’analyse
de cesdiagrammes
prouvequ’ils correspondent respectivement
a des dim6res et a des cristaux de xenon. Dans unedescription simplifiee
des
ph6nom6nes,
onpeut
écrire l’intensit6electronique
diffusée par un
agr6gat
de N moleculesmonoatomiques
de aa7 rq-reg sous la forme :
avec :
oil
f(s)
etS(s)
sont les facteurs de diffusionélastique
et
in6lastique
de 1’atome pour les electrons.G(s)
estFIG. 3. - Intensite
electronique
diffractée par unjet
condense de xenon :
1)
Cas de dimere ;2)
Cas du cristal.appel6e
la fonctiond’interference,
ellepeut s’expri-
mer
[4]
dans tous les cas sous la forme :ou
Aj represente
lamultiplicite
de la distance interato-mique
rj. On aura parexemple
dans le cas du gazparfait :
et dans le cas d’une molecule de N atomes dont les distances
interatomiques
sont toutes6gales
a r :Cette formule
presente
l’int6r6t depouvoir s’appli-
quer a tous les 6tats de condensation que l’on rencontre, mais elle
n6glige
un certain nombre de facteurscomme :
- l’influence
[5]
des liaisonsinteratomiques
sur ladensite
electronique
des atomes(approximation
de
Debye-Ehrenfest),
2013 1’influence des
vibrations,
- 1’effet des diffusions
multiples.
Les
diagrammes
de diffraction ont ete obtenus enfaisant varier le
parametre po,
et en fixant le para- m6tre xs a 11 mm. La fonctionG(s)
estrepr6sent6e
FIG. 4. - Variation de la fonction d’interférence avec Po, pour xs constant, dans le cas de
1’argon.
sur la
figure 4,
dans le domaine de sexplore,
pourquelques
valeurscaractéristiques
de lapression po,
dans le cas del’argon.
On ne retrouve pas, pour lespressions po 6lev6es,
une fonctionG(s),
reduite a unevaleur constante
(eq. (3 a)), qui
caractérise 1’etat gazparfait
dujet mol6culaire, pour Po 1
bar. Aucontraire,
nous montreronsci-apr6s
que les fonctions obtenues pour despressions P0 6gales
a2,5
bars et3 bars caract6risent des
jets
mol6culaires formesrespectivement :
de dimeres et deliquide.
PourP0
= 50bars,
la fonction caractérise nettement unsolide,
tandisqu’a
5 et 7 bars on note encore la tracede certains
pics caractéristiques
du cristal.IV.
Diagrammes
de diffraction despolycristaux.
- De la meme
faron
que pour1’argon,
on aobtenu, à Po
6lev6 et xs = 11 mm, pour le xenon et ledioxyde
de
carbone,
desdiagrammes
dont lespics
caract6risent 1’etat cristallin desparticules qui
constituent lejet
mol6culaire dans ces conditions de formation.
En
analysant
cesdiagrammes,
on cherchera succes-sivement a
pr6ciser :
la structurecristalline,
latemp6-
rature et les dimensions des cristaux dans les differents
cas.
a)
STRUCTURE ET TEMPERATURE DES CRISTAUX. -L’observation de la courbe d’intensité diffractee par le
dioxyde
de carbone(fig. 5)
montre que les anneauxsont nombreux et relativement fins. Les 6tudes ant6- rieures
[14],
par diffraction de rayonsX,
attribuentaux cristaux de
CO2
une structurecubique, qui
appar- tient au groupe desym6trie T 6;
on a observe ici par diffraction d’61ectrons 24 anneaux de diffraction. Le diametre 2r des anneaux est donne par la formuleapprochee :
FIG. 5. - Intensite diffractee par un
jet
deCO2
pour po = 50 bars.On
peut
noter dans le tableau I que lerapport
2r/ h2
+ k2+ 12
est constant a0,3 % pres
dans1’exp6rience decrite,
c’est donc que l’on obtient lastructure
classique.
W. Keesom etJ.
Kohler[15]
ont6tudi6 par diffraction de rayons X la variation de la maille cristalline de
CO2
avec latemperature ;
leursresultats satisfont la relation
experimentale :
Le coefficient de dilatation
thermique
est doncconsiderable. Portant la
precision
de la mesure à0,07 %,
on a obtenu une valeur de la maille par diffractionelectronique
a =5,616 :f: 0,004 k qui per-
met une estimation de la
temperature
des cristaux constituant lejet
mol6culaire. La valeur trouv6e est :Les
diagrammes
dediffraction,
que l’on obtient dans le cas des cristauxd’argon, comportent
lesanneaux
caractéristiques
d’une structurecubique
afaces centr6es. La mesure de la maille a ete
effectuee,
en
comparant
les diametres des anneaux lesplus
finsobtenus dans des conditions de diffraction exactement
TABLEAU I
identiques
pourdes jets
deCO2
etd’argon.
Les valeursobtenues pour les reflexions de faible
indice,
communesaux deux structures
cristallines,
sontconsignees
dansle tableau II
ci-dessous,
pour(po) co2
= 50bars,
et(po)argon
= 70 bars.TABLEAU II
Le
rapport
des mailles 6tant6gal
a l’inverse du rapport des diametresd’anneaux,
on a :et :
Utilisant les resultats r6cents de 0. G. Peterson
et al.
[16]
sur la variation des dimensions de la maille du cristald’argon
avec latemperature,
on peut esti-mer la
temperature
des cristaux dans lesjets d’argon
formes sous
po
= 70 bars :Les
diagrammes
de diffraction d’61ectrons par desjets
mol6culaires formes sous unepression
de xenonpo
= 5 barscomportent
les raiescaractéristiques
dela structure
cubique
a faces centr6es du cristal de xenon. Bien que la finesse des anneaux soit compa-rable,
certains anneaux sont moinss6par6s
que dans le cas de1’argon ( fig. 6),
vraisemblablement en raison de la valeurplus
6lev6e de la maille.FIG. 6. -
Diagramme
de diffraction d’unjet
de xenon(p,
= 5bars).
La dimension de la maille a 6t6 d6termin6e a
partir
de la mesure des diam6tres
d’anneaux,
parcomparai-
son avec un
diagramme
deCO2
obtenu dans les memes conditions.TABLEAU III
On trouve :
Les mesures de la maille de xenon par diffraction de rayons X sont peu
nombreuses,
on peut seulementTABLEAU IV
comparer la valeur trouv6e ci-dessus aux donn6es de la reference
[19] :
b)
TAILLE DES CRISTAUX. - Si les dimensions des cristaux sontcomprises
entre certaineslimites, l’inten-
site
electronique
diffractee peut etre calcul6e dans le cadre de la theoriecinematique.
L’intensit6 int6-gr6e I’ hk d’un
anneau de diffractions’exprime
alors[25]
par la relation :
où p
et(Dhkl
sontrespectivement :
le facteur de multi-plicit6
et le facteur de structure pour la reflexion hkl.Pour les cristaux de
C02,
le calcul de1’expres-
sion
(4)
a ete effectue en utilisant les facteurs dephase
cpo et CPc donnes dans la reference[26],
et lesvaleurs
th6oriques [12]
des facteurs de diffusion elec-tronique
du carbone et del’oxyg6ne;
on a :On compare dans le tableau IV les valeurs
I’ hki
ainsi calcul6es aux valeurs
expérimentales 1exp
quel’on obtient en
integrant graphiquement
les aires desanneaux sur les
microdensitogrammes.
La valeur du
rapport
des intensiteselectronique expérimentales
etth6oriques
varie notablement avecl’indice de la reflexion consideree. La theorie cin6ma-
tique
nes’applique
donc pas a ces cristaux deC02,
bien
qu’ils
aient une taille suffisante pour que lalargeur
des anneaux ne soit pas sensiblementplus grande
que lalargeur
propre du faisceauelectronique.
Dans le cas des cristaux
d’argon
de structurecubique
a faces
centr6es,
la formule(4)
se r6duit a :et dans le cadre de la theorie
cin6matique
les maximade la fonction d’interference ont
simplement
pourintensite :
D’autre part, le calcul de la fonction d’interference pour des cristaux de structure
cubique
a faces centreesde
petite
taille a ete effectue[17]
par P.Larroque.
Le calcul
porte
sur des cristaux de formecubique
dontles dimensions sont
comprises
entre a et 6a(a
est ladimension de la
maille);
ond6signe
parGsa,
parexemple,
l’intensit6 d’un maximum diffracte par un cube de cote 6a.On compare dans le tableau V les valeurs th6o-
riques,
pour differentes tailles de cristauxd’argon,
avec les valeurs
experimentales Cn1
des maxima obte-nus pour des cristaux formes sous
po
= 50 bars.TABLEAU V
On constate que les donn6es
expérimentales
sontsensiblement en accord avec les valeurs
pr6vues
parla theorie
cin6matique
et que la taille moyenne des cristaux estsup6rieure
a6a,
c’est-a-dire a 30A.
Les cristaux de
petites
dimensionsprovoquent
un61argissement (8r)
des anneaux de diffraction dont la valeur est li6e[18]
a la taille moyenne des cristaux par la relation :Limitant cette mesure aux anneaux les
plus intenses,
on obtient les valeurs du tableau VI : TABLEAU VI
On peut donc estimer que pour
po
= 50 bars la taille moyenne des cristauxd’argon
constituant lejet
moleculaire est de 100
A
a 15% pres.
V. Diflraction d’électrons par
l’argon liquide.
- Si l’on diminue lapression po
d’admission du gaz,on observe sur les
diagrammes
dediffraction,
que donnent lesjets
mol6culairessupersoniques d’argon,
une attenuation
progressive
des raiesqui
caracteri-saient la
presence
des cristallites. On peut ainsi notersur la
figure
4 quepour po
= 4 bars certaines ref lexions cristallinesapparaissent
encore faiblement : les r6flexions 220 et 311 parexemple;
tandis que pourpo
= 3 bars la fonction d’interf6rencepr6sente
desoscillations
r6guli6res, qui
traduisent ladisparition
dela structure cristalline des
particules
constituant lejet.
Il y a donc
apparition
dans lejet
d’une autre structuredes
particules constituantes,
et l’on montrera ci-des-sous
qu’il s’agit
d’un etatliquide.
La transitiondepuis
1’6tat cristallin s’est faite sans aucune solution de continuite en faisant d6croitre le
parametre po,
leparametre
xs restant constant.Pour 6tudier un
liquide
pardiffraction,
onplace g6n6ralement
l’échantillon dans unecellule;
malheu-reusement cette
technique
n’est pasapplicable
endiffraction d’electrons et les
experiences
ant6rieuresont ete limit6es a la diffraction des rayons X et des
neutrons. Les 6tudes les
plus
recentes de1’argon liquide
ont ete faites en diffraction de rayons X par N.Gingrich
et W.Tompson [20]
d’une part, et P.Mikolaj
et G.Pings [21]
d’autrepart;
en diffraction de neutrons, par D. Henshaw[22].
I1 faut noter que dans cesexperiences l’argon liquide
6tudi6 6tait a1’equilibre thermodynamique,
cequi imposait
cer-taines restrictions aux variations de la
temperature
etde la densite de 1’echantillon 6tudi6.
Les donn6es
expérimentales
sont souventpresentees,
dans le cas des
liquides,
a 1’aide de la fonction d’inter- ference normalis6ci(s), qui
est d6finie par la relation : La fonctiond’interference, qui
caractérise lesjets
mol6culaires
d’argon
dont lesparametres
sont : :po
= 3 bars et xs = 11 mm( fig. 7), presente
toutesles
caracteristiques
des courbes d’intensité diffractee par unliquide (cf. [4],
p.447),
soient :- une faible valeur de l’intensit6 aux
petits angles
due a une fonction d’interference
negative,
- un
premier
maximum intense suivi deplusicurs
maxima moins nets,
-
quand s croit,
la fonctioni(s)
tend vers0,
c’est-a-dire vers la fonction d’interference du gaz
parfait.
La
position
des maxima et des minima a 6t6 consi-gnee
dans le tableau VII.TABLEAU VII
Les conditions
expérimentales d’experiences
ant6-rieures de diffraction par
1’argon liquide
sont consi-gnees
dans le tableau VIII.On peut remarquer que ces
experiences
ont 6t6faites a
proximite
dupoint triple
ou dupoint critique
de
1’argon.
Les resultats obtenus auvoisinage
dupoint triple ([20]
et[22])
different notablement selon les auteurs, enparticulier
si l’on considere laposition
du
premier
maximum. On peut toutefois penser que lesdiagrammes
de diffraction d’électrons doivent etreplus proches
desdiagrammes
de neutrons que desdiagrammes
deRX, puisque
la diffusion est essentiel-lement
d’origine
nucl6aire dans les deuxpremiers
cas.On peut comparer sur la
figure
7 les fonctionsd’interference obtenues : soit avec de
1’argon liquide
par les auteurs cites
pr6c6demment,
soit avec lejet
mol6culaire
produit
dans les conditions mentionnees ci-dessus. Il existe entre cesdiagrammes
une nettesimilitude
qui
permet d’attribuer une structureliquide
aux
particules
constituant lejet;
les differences entreles
diagrammes s’expliquent parfaitement
si latemp6-
rature des
particules
est inferieure a 84 OK. Eneffet,
si l’on
neglige
les effets dus a une certaine incertitude(commune
aux 4 courbesrepr6sent6es)
des donn6esexperimentales
pour lesgrandes
valeursde s,
les troisTABLEAU VIII
FIG. 7. -
Comparaison
des fonctions d’interference del’argon liquide
obtenues par diffraction d’61ectrons,de rayons X et de neutrons.
caractéristiques principales
de la courbe due aujet
mol6culaire sont :
1)
Une accentuation desoscillations;
2)
Undeplacement
dupic principal
vers lesgrands angles;
3)
Une diminution de l’intensit6 diffractee auxpetits angles.
Ce sont IA exactement les effets observes par Gin-
grich ([27], p. 104) quand
il diminuait latemp6rature,
dans ses
experiences
de diffraction des rayons X par1’argon liquide;
les donneesqu’il
a obtenues sont6videmment limit6es aux
temperatures sup6rieures
a 84 OK
qui
est latemperature
dupoint triple
de1’argon.
L’abscisse du
premier
maximum est donc li6e a latemperature
duliquide diffractant,
malheureusement les donn6es decomparaison
par diffraction de neutrons sont rares pour une determination de latemperature
dans le
jet moleculaire;
elles se limitent h :On peut seulement affirmer que la
temperature
duliquide
constituant lejet
dans ces conditions estinferieure a 84
OK,
c’est-a-dire que leliquide
est ensurfusion.
Pour
pr6ciser davantage
la nature de ces gouttes deliquide
en surfusionqui
constituent lejet
mole-culaire,
on note queMikolaj
etPings ([21],
p.1406)
ont
remarque
que1’amplitude
dupremier
maximumde la fonction
i(s)
variait dans leursexperiences
àpeu
pres proportionnellement
a la densite de1’argon liquide
utilise. On trouve ici pourl’amplitude
norma-lisee
(6q. (6))
dupremier
maximum la valeur0,48;
une
comparaison
avec les donn6es cit6es ci-dessus fournit la valeur0,65 g. cm-3
pour la densite desparticules.
On
peut
utilement comparer ce resultat a la densite moyenne mesur6e[10]
dans lejet pour po
= 3bars,
soit5,7
X 1012Mol/CM3,
ou3,8
X 10-1°g . cm-3.
Laproportion
relative du volumeoccupe
par lesgouttes
n’est donc que0,59
X 10-9 du volume total. Si l’on consid6re en outre que le diametre dujet
est 1 200 y,on peut estimer que la taille des gouttes est certaine-
ment inferieure a
(0,59
X10-9)1/3
X 1 200 = 1 y.Les
jets
mol6culairessupersoniques d’argon
d6finispar les
parametres :
sont donc constitues par des
gouttelettes
deliquide
ensurfusion, qui
ont des dimensions inferieures au mi-cron. On a montre par cet
exemple
que 1’etude de certainsliquides
6taitpossible
par diffraction d’61ec-trons en
supprimant
lescontingences imposees
par le support materiel de 1’echantillonqui
est dans cesconditions
expérimentales remplace
par un bon vide.VI. Structure des molécules
diatomiques d’argon
et de xdnon. - Si l’on diminue lapression d’injection
du gaz
jusqu’à
lavaleur po
= 1bar,
on obtient alorsune courbe d’intensité diffractee
parfaitement regu- li6re, qui represente
le facteur de diffusion des atomesind6pendants,
et traduit l’absence d’interferencesinteratomiques,
donc de correlation entre lespositions
des differents atomes. On recueille alors l’intensit6 diffusee par un gaz
parfait.
Le passage dujet
mole-culaire de 1’6tat
liquide
a 1’6tat gazparfait
se faitgraduellement,
par d6croissance duparametre PO*
N6gligeant
1’etude des autres6tapes intermédiaires,
on souhaite 6tudier ici le d6but du processus de nuclea-
tion ;
cepremier
stade se traduit n6cessairement par lapresence
dans lejet
mol6culaire de dimeres apartir desquels
se construisent lesagr6gats plus importants.
On se propose
d’appliquer
a ces molecules tresparti-
culières que constituent les dimeres d’atomes de gaz
rares la m6thode d’6tude par diffraction
electronique
des molecules
classiques
a 1’6tat gazeux. Il faut pour cela extraire de l’intensit6 diffus6e la fonction d’inter- f6renceG(s).
Si l’on tient compte des vibrations intra-mol6culaires,
on a pour une moleculediatomique 1’expression :
ou r est la distance
interatomique
a1’6quilibre
etl
I’amplitude
moyenne de vibration.Dans le cas ou le
jet
moleculaire est constitue parun
melange
de monom6res et dedimeres, 1’expres-
sion
(7)
s’ecritsimplement :
ou ct est le nombre d’atomes libres par dim6re.
L’expression pr6c6dente
tend vers la valeurconstante
(2
+ce)
pour lesgrandes
valeurs de s. La fonctionG(s) expérimentale
6tant connue a uneconstante
multiplicative k pres,
on pourra obtenir laproportion
oc d’atomes non lies en mesurant sur lesdiagrammes
lerapport :
amplitude exp6rimentale
desoscillations
Se referant a
1’6quation (8),
on voit queR =1/ 2+ cx
2 + a’;la mesure de R
permet
donc de determiner la propor- tion de dimeres dans lejet.
Les autres
caractéristiques
int6ressantes des dia- grammesG(s)
sont laposition
des extremaqui
fournitla distance
interatomique
r et la valeur du facteur d’amortissement e-l282/2qui
mesureI’amplitude
moyenne de vibration 1.
L’6volution des
diagrammes
de diffraction en fonc- tion duparametre po
permet depr6ciser
le domaine d’existence du dim6re. Pour lespressions po
lesplus faibles,
la courbe d’intensité diffractee estparfaitement
monotone. Si l’on fait croitre
progressivement
le para- m6trepo,
ilapparait
pour la valeurp§
unepremiere oscillation,
dontl’amplitude augmente ensuite,
tandisqu’apparaissent
d’autres oscillations : il estimportant
de noter
qu’a
ce stade lap6riode
des oscillations estunique. Cependant,
pour une valeurp"0 plus
6lev6ede la
pression,
commence aapparaitre
une oscillationsuppl6mentaire qui
ne satisfait pas a laperiodicite pr6c6dente :
nous dirons dans ces conditionsqu’il
estapparu un
polym6re
d’ordresup6rieur
enproportion
notable. En
effet,
1’existence d’oscillations deperio-
dicité
unique
dans le domainep’0 p’0 A)
ne per-met d’attribuer
qu’une
seule distanceinteratomique
au
polym6re qui diffracte; l’apparition
d’une nouvelle oscillationpour po
>p"
r6v6le 1’existence d’une dis-tance
interatomique
differente de lapr6c6dente, qu’il
faut donc attribuer a un
polym6re
d’ordresup6rieur
au
precedent.
L’intervalle( po, po’)
definit donc le domaine d’existence d’unpolymere poss6dant
uneseule distance
interatomique. Cependant,
1’examen de la fonctionexpérimentale
d’interference nepermet
pas dedistinguer
un dimere d’un t6tram6re en forme de t6tra6drer6gulier qui
neposs6derait
lui aussiqu’une
distance
interatomique (cf.
formule(3 b)).
Pour levercette
incertitude,
on a pu remarquer que la valeur de lap6riode
des oscillations restaitinchang6e
dans ledomaine
(p’0, po’) ;
dans cesconditions,
cette moleculea distance
interatomique unique qui apparait
commepremiere 6tape
du processus de nucleation nepeut
etre que le dimere.
Dans les conditions de
1’experience (definies
par les valeurs des autresparametres),
les limitesapproxima-
tives du domaine
8po
d’existence du dimere etaient dans le cas de1’argon :
et dans le cas du xenon :
Les conditions les
plus
favorables d’obtention dediagrammes
de dimeresapparaissent pour p0 p’’0,
la mesure du
rapport R
permet alors d’estimer lesproportions
dedimeres;
on trouve :argon : xenon :
Ces resultats sont en accord avec les mesures par
spectrom6trie
de masse de Milne et Greene[28]
ouil
apparait qu’au
d6but de la nucleation laproportion
des
polymeres
d’ordresup6rieur
estn6gligeable
devantla concentration des dim6res.
Le
pouvoir
diffusant desjets
mol6culairesd’argon
est faible pour les conditions
expérimentales
définiesci-dessus. La courbe
expérimentale
d’interference obte-nue pour le dimere
Ar2
est ainsi peuprecise
et limit6ea un 6troit domaine du
paramètre s ( fig. 4).
Laposition
des extrema que l’on a pu determiner
(tableau IX)
TABLEAU IX
donne une valeur peu
precise
de la distance inter-atomique
r, soit :L’étude du dimere de xenon a pu etre menée dans de meilleures conditions
expérimentales, grace
a unfort facteur de
diffusion,
a la bassepression
dans laFIG. 8. - Fonction d’interference de la molecule
Xe2.
chambre de diffraction et a la valeur 6lev6e de la distance
interatomique, qui
provoque un r6tr6cisse-ment du
diagramme
dans un faible domaineangulaire.
Sur la
figure 8,
la courbe d’intensit6i(s)
du dimerede xenon
presente
un certain nombre d’oscillations dans le domaine de s limit6 ou elle a pu etreobtenue;
dans le tableau X
figurent
lespositions
des maximaet minima
observes,
et les valeurscorrespondantes
dela distance
interatomique.
TABLEAU X
La valeur de la distance
interatomique
a1’equilibre
de la molecule
Xe2
est donc :La variation avec s de
l’amplitude
des oscillations de la fonctioni(s) presente quelques irrégularités,
notamment pour s =
5,2 Å -I :
valeur de s ou appa- rait nettement un maximumsupplémentaire,
pourpo
= 500 torrs. C’est doncqu’il
existe des traces depolymères
d’ordresup6rieur
a deux dans lejet
mole-culaire pour
po
= 400 torrs.Si l’on
d6signe
parAle l’amplitude
du maximum ouminimum d’abscisse sk, la fonction
log (skAk)
doit 6trelin6aire en s2 avec une pente
6gale
a- l2/2.
La penteFIG. 9. - Determination de
1’amplitude
de vibrationde la molecule
Xe2.
de cette droite
(fig. 9)
6tant6gale
a5,6
X10-2,
ontrouve pour
1’amplitude
moyenne de vibration de la moleculeXe2
la valeur :Les
caractéristiques
des moleculesAr2
etXe2
sontétroitement li6es aux
potentiels
intermoléculaires Ar- Ar et Xe-Xe. Il est donc int6ressant de comparer les resultats de cette nouvelle methode avec les resultats ant6rieurs. La valeur de la constante a dupotentiel
de
Lennard-Jones g6n6ralement
admise pourl’argon
est
[29] :
On peut en d6duire la
position
r. du minimum de la fonctionpotentiel :
on peut remarquer que cette valeur est sensiblement inferieure a notre valeur
exp6rimentale.
Toutefois,
la moleculeAr2
ne ressembleguere
auxmolecules
diatomiques classiques. J.
K. Cashion[23]
a calcul6 a
partir
du modele deLennard-Jones
lesvaleurs de la constante
Bv
de rotationqui depend [30]
de la distance
interatomique
par la relation :oH y
est la masse reduite.Compte
tenu de la natureapproximative
du mod6leutilis6,
onpeut confondre
rr2>-1/2 et r >.
En
supposant
une distribution de Boltzmann entre les differents niveauxEv
devibration,
on a :et l’on peut donner a la
temperature
T la valeur 68 OK calcul6e par la formule(1)
pour la valeur du nombre de Machqui
permet d’amorcer la condensation dansune detente
isentropique.
On donne ainsi dans le tableau
XI,
pour lespremiers
niveaux de vibration
[23],
leurpopulation
et la dis-tance
interatomique
moyenne.TABLEAU XI
On remarque
l’importante
anharmonicit6 des vibra- tions de la moleculeAr2
et la fortepopulation
demolecules du
jet
a des niveauxexcites ;
celapermet
d’expliquer
que la valeur de cette distance interato-mique
moyenne mesur6e soitsup6rieure
a laposition
du minimum de la courbe de
potentiel
intermo-léculaire.
Dans le cas du
xenon,
les valeurs desparametres
eet d du
potentiel
deLennard-Jones
mesur6es ant6rieu-rement sont
beaucoup plus dispers6es (tableau XII).
On peut calculer la valeur moyenne de
l’amplitude
de vibration :
en utilisant la relation
[31] :
qui
relie lafrequence
de vibration auxparametres
dupotentiel
deLennard-Jones.
Les valeurs calcul6es de
l’amplitude
de vibration(tableau XII)
sont en bon accord avec nos valeursexpérimentales.
On peut remarquer que cetteampli-
TABLEAU XII
tude est extremement
grande : 2,5 %
en valeur rela-tive ;
elle traduit la faiblesse de la force de liaison intermoleculaire.Ceci constitue la
premiere
etude de la moleculeXe2
dont 1’existence a ete r6cemment mise en evidence de
faqon
indirecte[24].
Je
tiens a remercier M. le Professeur Marcel Rouault pour Inattention soutenue aveclaquelle
il a suivi larealisation de ce travail.
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