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Submitted on 1 Jan 1954
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Sur le spectre d’absorption de la vapeur d’eau dans
l’ultraviolet de Schumann
Andrée Johannin-Gilles, Boris Vodar
To cite this version:
223.
SUR
LESPECTRE D’ABSORPTION
DE LA VAPEUR D’EAUDANS
L’ULTRAVIOLET
DESCHUMANN
Par Mme ANDRÉE JOHANNIN-GILLES et M. BORISVODAR,
Laboratoire de Physique-Enseignement, Sorbonne, Paris
(France).
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. TOME
15,
MARS1954,
1Il existe encore actuellement une certaine confusion dans les données sur la bande
d’absorption
de lavapeur d’eau située dans l’ultraviolet de Schumann aux environs de i
700 À.
Pourtant cette bandepré-sente un_ intérêt à la fois
théorique
etpratique :
c’estla
première
banded’absorption
électronique
deH,O,
celle deplus
faibleénergie
et ellejoue probablement
un rôle dans
l’absorption
et laphotochimie
de la hauteatmosphère.
Des études
qualitatives
del’absorption
ont été faites parplusieurs
auteurs.Certains,
commeLeif-son
[1]
etHopfield [2]
mentionnentuniquement
laprésence
d’un fond continu. D’autressignalent
l’apparition
de bandes diffuses. Ainsi Rathenau[3]
observe un fond continu auxplus
faiblespressions
et voit
apparaître
une série de bandeslarges
et diffuseslorsque
lapression
augmente.
Price[4] qui,
cepen-dant,
annonce l’existence d’une structure auxenvi-rons de
i 6ooÂ,
commeprolongement
d’une sériede
Rydberg
voisine,
n’observe rien de tel avec unedispersion
de2,3 À /mm,
biensupérieure
à celle deRathenau
(16,9 À /mm).
Les seuls auteursqui
aientfait une étude
quantitative
de laquestion
sontWilkinson et Johnston
[ 5].
Ilsindiquent
laprésence
de trois bandes diffusessuperposées
à un fond continu.Il
apparaît
donc que la situation était loin ’d’êtreclaire. Nous avons
repris
l’étude de cette bande en étendant en outre les mesures auxtempératures
élevées.
Cette étude a été effectuée sur un
spectrographe
à vide
déjà
décrit[6].
Les cuves
d’absorption,
delongueurs
20 ;6,2
et I cmsont à fenêtres de
quartz.
Nous avons utiliséégalement
des fenêtres dé
FLi,
mais elles ont été vitedépolies
par l’eau. L’eau bidistillée utilisée est distillée unetroisième fois sous vide dans
l’appareil.
Lapression
dans la cuve
d’absorption
est définie par latempé-rature du
liquide
enprésence
dans unappendice.
Cet
appendice
estplacé
dans uncryostat qui permet
de stabiliser la
température
à1 /1 oe près.
Pourchaque
cuve, nous avons fait unevingtaine
despectres
enfaisant varier la
pression.
A une
température plus
élevée,
nous avonsplacé
les cuves dans des fours dans le vide à l’intérieur
de la tourelle centrale
d’absorption.
Latempérature
est
réglée
à ± 3° à l’aide d’unrégulateur
àthermo-couple.
1Les seules cuves utilisables’ à une
température,
plus
élevée sont naturellement des cuves soudées àfenêtres de
quartz
homosil ou dequartz
soufflé.Nous avons été
gênés
par la diminution de latrans-parence de
quartz
auxtempératures
élevées. Eneffet,
nous avons constaté uneaugmentation rapide
del’absorption
avec latempérature
aux courtesloin-gueurs d’onde. Nous avons étudié des échantillons
de
quartz
placés
dans les foursdéjà
cités et nous avonsobtenu les résultats résumés par la
figure
1. Les courbesreprésentent
lelogarithme
du coefncient d’extinc-tion duquartz
homosil à destempératures
allant de 20 à gooo. Bien que lequartz
soit le seul matériau utilisable en cuvessoudées,
nous avonsétudié,
à cette
occasion,
l’absorption
à hautetempérature
d’autres matériaux.L’absorption
du corindonaug-mente de la même
façon
que celle duquartz.
Celles de la fluorine du fluorure de lithium et du fluorure debaryum
restent invariables dans notrerégion jusqu’à
des. températures
limites de800,
600 et 7ooo, où ilssont, dépolis.
Il n’est évidemment pasquestion
d’uti-liser ces derniers corps enprésence
devapeur’d’eau.
L’absorption
de la vapeurd’eau,
aux environs de 1 700À,
seprésente
sous la forme d’unebande,
apparemment
continue avecplusieurs
maxima. Lesrésultats sont à peu
près
en accord avec les résultats deRathenau,
mais ne concordent pas avec ceux de Wilkinson et Johnstonqui
trouvent trois bandes224
et avec les mesures par
spectrophotométrie
photo-électrique
de Watanabe etMurray
Zelikoff[7] qui
ne trouvent
qu’une
seule bandelarge.
Deplus
nousavons constaté que la (oi de Beer-Lambert n’est pas
vérifiée,
cequi
n’avait pas étésignalé
parWilkin-son et Johnston. La
figure
2représente
le coefficientd’extinction :
lo
et I sont les intensités incidente ettransmise,
T la
température
endegrés
absolus. Lalongueur
dela cuve était i cm; les
pressions
3, 15; 4,3
et8,05
mmHg..
Le désaccord avec la loi de Beer-Lambert semble
indiquer qu’il s’agit
d’une bande non résolue. Eneffet,
les résultats obtenus ne sauraient être dusà des réactions
photochimiques
car, en faisant varierdans un
rapport
de i à 5 l’intensité del’irradiation,
on ne
peut
déceler,
dans larégion qui
nous concerne,aucun
changement,
cequi
élimineraitl’absorption
par OH ouH,O,.
Rathenau,
enprésence
de bandesdiffuses,
avaitdéjà parlé
deprédissociation.
Laprobabilité
de nonrésolution
qu’indique
l’écart à la loi de Beer-Lambertapporte
unargument
deplus
à cettehypothèse.
L’absorption
commence
du côté desgrandes
lon-gueurs d’onde vers i 880 .A.
environ,
cequi
fournit une valeur limite del’énergie
de dissociation de6,6
V. Rathenau considérait une valeur de6,9
V. La valeurde
6,6
V coïncide mieux que celle de Rathenau avecle
potentiel critique
de Lozierqui
est unpotentiel
de dissociation par
impact
d’électron,
suivant leprocessus :
En ce
qui
concerne laquestion
desproduits
dedissociation,
deuxhypothèses
sont enprésence.
Il a été fait allusion à uneprédissociation
enPour d’autres auteurs tels que
Rathenau,
l’absorption
continuecorrespondrait
à une dissociationAvec les données actuelles
empruntées
àHerzberg,
ces deux états
correspondent
à desénergies
respec-tivesde 7
et5,1
V.L’hypothèse
OH + Hparaît
laplus probable.
Eneffet,
l’énergie
de0(’D) + H2(7 V)
estsupérieure
àl’énergie
limite obtenuespectrosco-piquement (6,6 V).
D’autrepart,
selonHerzberg,
les atomes H n’étant pas liés directement dans lamolécule
H20,
il semble difficiles de croire que lamolécule
H2
puisse
êtreséparée
de l’ensemble par unsimple
processusd’absorption
de la lumière.Enfin,
les
expériences
de Terenin etNeujmin [8] qui
ontétudié
l’émission fournie en fluorescence par de lavapeur d’eau soumise à une irradiation ultraviolette
et
qui
ont constaté l’émission de bandesOH,
parirradiation dans l’intervalle
compris
entre les limites detransparence
duquartz
et du fluorure delithium,
mettent en évidence’ laprésence
de OH* dans labande
d’absorption correspondante
deH20.
Ilsem-blerait donc vraisemblable que le
palier
précédent
OH* + H,
c’est-à-dire celuicorrespondant
à la bande dei 700 A,
conduise à OH non excité + H.Lorsque
latempérature croît,
le fait nouveau estune
augmentation
del’absorption. Étant
donné lacomplexité
des bandes diffuses duspectre
d’absorp-tion de la vapeur d’eau dans cette
région,
et les diffi-cultés d’étude de cespectre,
nous avonsjugé
délicat de donner des valeursnumériques précises
del’ab-sorption.
A 3oool’absorption
est à peuprès multipliée
par un facteur 2.
L’hypothèse
laplus
vraisemblable pourexpliquer
cet effet semble être la suivante :l’absorption apparente
augmente
parce que lastruc-ture devient
plus
diffuse du fait de la réduction de la durée de vie de l’étatprédissocié
par suite del’augmentation
de latempérature.
D’autresméca-nismes,
qui pourraient
être aussi enprincipe
respon-sables de cet
effet,
semblent moinsprobables.
Comme à
température élevée,
de mêmequ’à
température
normale,
les effets sontréversibles,
l’absorption
accrue àtempérature
élevée,
ne doit pasêtre due à la formation de
H202
parexemple.
On saitqu’en
solution,
les radicaux OH sont trèsabsorbants,
mais à5730
ladécomposition thermique
seule ne donneraitqu’une
très faible teneur en OH libre. Il faudrait admettre une actioncatalytique
de laparoi
dequartz.
Pour
terminer,
signalons quelques
recherchesactuel-lement en cours en collaboration avec Mlle
Astoin,
sur l’étudequantitative
de la vapeur d’eau dans larégion
de 200 à 1200 A,
sur unspectrographe
àréseau
tangent.
Les mesures de
Henning [9],
Price etHopfield
nedescendent pas au-dessous de 600 À et
Rathenau,
bien que sa sourcepermette
de descendrejusqu’aux
environs de3ooÂ,
ne décrit pas nonplus
l’absorp-tion au-dessous de 600 A.
Sans
pouvoir
décrire la courbed’absorption
deH20
dans toute larégion
200-l200À,
nous pouvons direque nous trouvons dans la
région 300 À,
une série de bandes diffusessuperposées
à uneabsorption
continue croissante débutant vers340A
[10],
cequi pourrait
correspondre
auquatrième
potentiel
d’ionisationde 32 V calculé par Mulliken
[11].
BIBLIOGRAPHIE.[1] LEIFSON S. X. 2014 Astr.
J., 1926, 63, 73. [2] HOPFIELD J. 2014 Phys. Rev., 1950, 77, 560.
[3]
RATHENAU G. 2014 Z.Physik, 1934, 87, 32.
[4]
PRICE W. C. 2014 J. Chem.Phys., 1936, 4, 146. [5] WILKINSON et JOHNSTON. 2014 J. Chem.
Phy, 1950, 18, 190.
[6] GILLES A. et VODARD B. 2014 J.
Physique Rad., 1950,
11, 513.
[7]
WATANABE et MURRAY ZELIKOFF. 2014 J.Opt. Soc. Amer.,
1953, 43, 329.
[8] TERENIN A. et NEUJMIN H. 2014 J. Chem.
Phys., 1935, 3, 436.
[9] HENNING. 2014 Ann. Physik., 1932, 13, 599.
[10] ASTOIN N., JOHANNIN-GILLES A. et VODAR B. - C. R.
Acad. Sc., 1953, 237, 558.