A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
X. S TOUFF
Sur de nouvelles fonctions harmoniques à trois variables analogues aux fonctions thêtafuchsiennes
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 4, no1 (1890), p. A5-A19
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ANNALES
DELA.
FACULTÉ DES SCIENCES DE TOULOUSE.
SUR DE
NOUVELLES FONCTIONS HARMONIQUES
A TROIS VARIABLES
ANALOGUES AUX FONCTIONS THÊTAFUCHSIENNES;
PAR M. X.
STOUFF,
Professeur au Lycée de Grenoble.
.
I.
’
Dans son Mémoire sur les groupes
kleinéens,
M. Poincaréindique
la for-mation de groupes de substitutions à trois
variables, analogues
aux groupes fuchsiens. On est naturellement conduit à chercher des fonctions satisfai-sant à
l’équation
àV = o et subissant des transformationssimples quand
ony soumet les variables aux substitutions de ces groupes. Nous
désignerons
la
conjuguée
d’unequantité imaginaire
par la lettrequi désigne
cette quan- tité affectée de l’indice o. Posonsa,
b, c, d
étant quatre nombrescomplexes
satisfaisant àl’équation
l’expression générale
d’une substitution transformant en lui-même leplan
A.6 des xy est
Les substitutions de cette forme dans
lesquelles a, b, c, d
sont des entierscomplexes,
c’est-à-dire desquantités
danslesquelles
lapartie
réelle et lemultiplicateur
de i sontentiers,
constituent un groupeimportant
étudié par M. Poincaré et par M. Picard. Jem’occuperai
d’abord de celui-ci.Soit
Si
unequelconque
des substitutions de ce groupe. PosonsCes fonctions satisfont à
l’équation
AV = o. Pour ledémontrer, je
décom-pose la fonction 9nki en éléments
simples.
On aoù
Cf désigne
le nombre des combinaisons de kobjets
h à A. Les numéra-teurs des diverses fractions
qui
forment le second membre ne contiennent que x et y et satisfont évidemment àl’équation
ou, ce
qui
revient aumême,
à"-k+h
est une fonctionhomogène,
dedegré
n - k +Iz
dé x + biai0+aibi0 2aiai0et de v-+- ~ et l’on a
I
est
donc,
parrapport
a x + biai03B8+aibi03B8 2aiai03B8’ y + biai0-aibi0 2aiai0 , â’
une fonction
Vn
à indicenégatif.
Je dis maintenant que la série
où la somme est étendue à toutes les substitutions du groupe, est conver-
gente
pourn ~ 4.
Eneffet,
on a évidemmentpar suite
Or on a
en écrivant que la moyenne
géométrique
estplus petite
que la moyennearithmétique,
on aÀ
désignant
unequantité positive indépendantc de i.
Il suffit donc deprouver la convergence de la série
Considérons d’abord les substitutions
où ai
a la mêmevaleur;
dans lasérie
précédente,
l’ensemble des termesqui correspondent
à ces substitutionspeut
se mettre sous la formeFormons un
premier
groupe des termes où lapartie
réelle et lapartie imaginaire de bj
sont moindres que 2, un second groupe de ceux où ces deuxquantités
ne sont pas inférieures à 2 et sont moindres que22,
... ; lessommes des termes des différents groupes sont
respectivement
moindresque .
Nous voyons que ces derniers termes forment une
progression géomé- trique
dont la raison est 2~ ;
elle est convergente si ,et, comme n est
entier,
si nest ~ 4.
La sornme des termesoù ai
a la même valeur est, parsuite,
moindre que6 ne
dépendant
que de n. Le mêmeprocédé
montre que, pour n ~4,
est convergente. Nous en concluons que
représente
une fonctionde x,
y, z satisfaisant àl’équation
AV == o. Nous lareprésenterons
parSoit
S,;
une substitutionquelconque
du groupe, etSi S j
est la substitution obtenue enremplaçant
dansSi
les valeurs y, ~ par lesexpressions
que fournit la substitutionSy.
On a
’
La relation
peut
s’écrircOn voit donc que la substitution
S j
transforme uuo + Z2 enou, en réduisant et en
supprimant
le facteur + commun auxdeux
membres,
mais
Cette
quantité
se transforme donc enEnfin des calculs
analogues
montrent que~~
transforme rien ’ ~ .
Parsuite,
cpnki devient
Posons
nous aurons
Si l’on fait varier i de manière à obtenir pour
Si
une fois et une seulechaque
substitution du groupe,S~ reproduit
aussi une fois et une seulechaque
substitution de ce groupe, et, enajoutant
membre à membre toutesles
équations
en nombre infini ainsiobtenues,
il vientOn voit que les n + 1 fonctions
Znk (k
= o, 1, , ...,deviennent,
lors-qu’on
y fait la substitutionSy,
abstraction faite du facteur rj, des fonctions linéaireshomogènes
de leurs valeursprimitives.
C’est à depareilles
fonc-tions que M. Poincaré a donné le nom de
fonctions
Unsait, d’ailleurs,
que cegéomètre
aappelé fonction thêtafuchsienne,
unefonction
0 ( â ~,
telle queNotre
système zétafuchsien,
obtenu dans le cas de troisvariables,
offreune
analogie complète
avec lesystème
II.
Les groupes de substitutions à trois variables
qui
laissent invariables leplan
des xy, transformés par une substitutionconvenable,
laisseront inva- riable unesphère
de rayon 1ayant
pour centrel’origine.
Nous nommc-rons cette
sphère sphère fondamentale.
Voici d’abordl’expression générale
des substitutions
qui
nechangent
pas lasphère
fondamentale.Soient a, b,
c,d, a’, h’, c’, d’
huit nombres réels satisfaisant àl’équation
les trois coordonnées d’un
point,
etLa substitution aura pour
expression
On vérifie aisément l’identité
et l’on
voit,
à l’aide de cetteidentité, que x2
+y2
+ z2 se transforme enSi,
dans cettefraction,
ondéveloppe
le numérateur et le dénominateur etsi l’on suppose
x2 + y2 + ~2 égal
à 1, on voitqu’elle
se réduit à l’unité.Notre substitution laisse donc bien invariable la
sphère
de rayonqui
al’origine
pour centre. Je me propose maintenant de former la substitution Tproduit
d’une substitution donnée S par une autre substitution donnéeS, .
~’osons,
pourabréger,
yOn trouve que
X, Y, Z,
U se transformentrespectivement
enSoient
X2 -f- Y? + Z~ + U2
devientPosons
X’, Y’,
Z’ se transforment enPosons aussi
X’2 + Y’2 + Z’2 + Uf2 devient
Enfin,
enformant,
à l’aide des résultatsprécédents,
lesexpressions
de .z,y, z, on trouve que les
quantités X, Y, Z, U; X’, Y’, Z’,
U’ relatives à lasubstitution T sont
respectivement
les huit entiers relatifs à cette même substitution
s’expriment
donc par les formulesNous aurons encore besoin de la relation
suivante ;
soit Os un élémentd’arc,
és’ son transformé par une substitutionS
on aNous supposerons
désormais,
cequi
estpermis,
Considérons un groupe discontinu de ces
substitutions,
etdésignons
par
Si
une substitutionquelconque
du groupe. SoitLa fonction
r ,
et parconséquent
l’unequelconque
de ses dérivées par- tielles parrapport
à ai,bi,
ci,di, aJ ,
,b’i, c’i, d’i
satisfait àl’équation
AV == o.Je dis que la série
est
convergente
pourn ~
5.En
effet,
à.I. Poincaré aindiqué,
dans son Mémoire sur les groupes klei-néens,
comment onpeut partager
lasphère
fondamentale enpolyèdres
par des surfacessphériques orthogonales
à cettesphère,
de sorte que chacun deces
polyèdres
contienne unreprésentant
dechaque point
donné.Imaginons
dans l’intérieur d’un de ces
polyèdres
unepetite sphère n’ayant
aucunpoint
commun avec la
sphère fondamentale,
et dont nousdésignerons
le volumepar
V ;
soitVi
le volume de la transformée de cettesphère
par la substitu- tionSi.
La somme de tous les volumesVi
est moindre que le volume de lasphère fondamentale,
et parconséquent
finie. La sérieétendue à toutes les substitutions du groupe, est donc convergente. Or on a
l’intégration
étant étendue à tous lespoints
de lapremière sphère.
Dési-gnons le
point
que la substitutionSi
transforme dans lepoint
infini. On a
Le
point
est extérieur à lasphère
fondamentale. Soitun
point pris
à l’intérieur de lapetite sphère
considérée. Il résulte de la formeprécédente
deRi
quec~
désignant
laplus petite,
et v’ laplus grande
des normales communes à lapetite sphère
et à lasphère fondamentale;
doncSi donc la série
est
convergente,
la sérieou,
puisque v, v’,
V ne contiennentpas i,
la sériecst
convergente.
La série£ l,,
~io l’est CGfortiori
pour n>
6.On reconnaît
aisément,
en formant les dérivéespartielles
successivesde ) par rapport
à ai,bi,
ci, ...,qu’une
dérivée d’ordre n a pour numéra-teur un
polynôm.e
dedeg.ré
n, soit parrapport
à x, y, â entrantexplicite-
ment, soit par
rapport
àXi, Yl, Zi, Ul,
et pour dénominateurRi’t+’ ;
cettedérivée
peut
donc se mettre sous la forrneApqrs
étant unpolynôme
en x, y, ,~, par suiteindépendant
de 1. Orest évidemment moindre en valeur absolue que La valeur absolue de la dérivée
partielle
considérée est donc moindre quepour n +
r’__ 6,
pourn ? ~,
la sérieest
convergente.
Il en est donc de même de la série que nous avons en vue.Nous pouvons donc poser, sous cette
condition,
désigne
une fonctionde x,
y, z satisfaisant àl’équation ô~
= o.Or,
si dansI Rj on
fait la substitutionSj, Sj appartenant
augroupe, )
;sc transforme
Sg désignant
leproduit SiS
j. On pourra donc poseren sous-entendant que dans le
premier
membreRi
estexprimé
en fonction’
des nouvelles
coordonnées,
et dans le secondR j
etR~
en fonction des an-ciennes. Prenons les dérivées
partielles
des deuxmembres,
en observantque les coefficients de la substitution
S~
sont des coefficientslinéaires,
ho-mogènes
des coefficients de la substitutionSi
données par lesformules (2).
On aura
les
puissances indiquées
sont despuissances symboliques. Nous
auronsdonc
Les A étant des coefficients constants fonctions des coefficients de
Sy,
etla sommation étant étendue dans le second membre aux
fonctions 9 qui correspondent
à toutes les dérivéespartielles
d’ordre n Les fonc-tions o
forment donc unsystème
zétafuchsien.III.
La construction de fonctions subissant par les substitutions d’un groupe des transformations
plus simples paraît présenter
d’assezgrandes
diffi-cultés. Il n’est
possible
de trouverd’expressions analytiques
que dans cer-tains cas
particuliers.
Si l’onconsidère,
parexemple,
la fonctionelliptique sn ( u, k),
la fonction sn2 ~r K i logz)
est une fonction fuchsienne de z dont le h,i
groupe est
engendré
par la seule substitution z in zq2, q
étantégal
àLa fonction
satisfait à
l’équation
AF = o, nechange
pas de valeur par la substitutionet enfin ne
présente
que despôles simples.
Pour les groupes les
plus généraux,
ilparaît
nécessaire de recourir à des méthodesanalogues
à cellesqui
ont été données par MM. Schwarz et Neu-mann pour la démonstration du
principe
de Dirichlet.De
l’origine
des coordonnées comme centre, décrivonsquatre sphères S,
S’, S, , S’1
avec des rayonsR, R’, R1, R’1 (fig. I),
R’ etR’1
étantrespectivement
égaux
àRq2
et àR, q2
etR,
étantcompris
entre R et R’. Soit S une surfacecomprise
tout entière entre les deuxsphères
S’ etS, .
Je suppose que l’onsache résoudre le
problème
de Dirichlet pour les volumes V etV,
f limités par~,
S etS’; E, S,
etS~.
Je me propose de montrer comment onpeut
former une fonction
harmonique,
finie etcontinue, prenant
des valeurs données sur S et se transformant en elle-même par la substitution(1).
Je
m’appuierai
sur uneproposition
bien connue. Si la valeur d’une fonc- tionharmonique
et continue dans un volume donné est nulle sur unepartie
déterminée de la surface
qui
limite cevolume,
le maximum de sa valeurabsolue sur une surface contenue tout entière . à l’intérieur de ce volume et
n’atteignant
en aucunpoint
lasurface,
est moindre que le maximum de la valeur absolue de la fonction sur la surface limitemultipliée
par une con-stante
positive À
inférieure à1; À dépend
seulement de la surfacelimite,
dela
partie
de cette surface surlaquelle
lafonction
est nulle et de lasurface
intérieure.
Formons une fonction 90
prenant
sur 1 les valeursdonnées,
sur S des va-leurs
prises
arbitrairement( ~o )
et les mêmes valeurs auxpoints
correspon- dants deS’;
soient(03C61)
les valeurs queprend
90 surS, .
Formons une fonc-tion qJi prenant
auxpoints correspondants
deS,
et deS’1
les valeurs(9i)
etles valeurs données sur S. Soient
( ~~, )
les valeurs queprend
cette fonctionsur
S’;
nous formerons unefonction prenant
sur S et S’ les valeurs(~, )
et les valeurs données sur
~,
et ainsi de suite. Je dis que la fonction 92k aune limite
quand k
croit indéfiniment. Il suffit de prouver que la sérieest
convergente.
Eneffet,
le maximum de la valeur absolue de ~2h - ~~k-~.A.I9
est moindre que le maximum de la valeur absolue de
(~2k)-(’; ?k-2).
D’ailleurs,
enremarquant
que ~2k - c?~~~_~ sont nulssur,
on a
À et À ,
étant des constantespositives
moindres que idépendant,
lapremière
des surfaces
~~, S, , S ~ ,
la seconde des surfaces~, S,
S’. La série converge donc comme uneprogression géométrique ayant
pour raisonÀÀ1.
On démontrerait de même que 92k+1 a une limite. Enfin on voit immé- diatement que les valeurs de la différence ~~k - ~2h+, sur
S,
et sur S’ ten-dent vers o. Donc la fonction - ~2k+, tend vers o dans le volume limité par
S,,
par S’ et par I. Les limites de 92k et de 92k+1 sont donc deux fonc- tionsqui
sont leprolongement
l’une de l’autre.Désignons
par 9 la fonction ainsiobtenue ;
elleprend
sur S les valeurs données et auxpoints correspon-
dants de S et
de S’,
deS,
et deS~
les mêmes valeurs. Il en résultequ’elle
se
reproduit
par la substitution’(i).
Eneffet,
soit9’
ce quedevient ?
par la substitution( 1 ),
lafonction 9
-?’
est nulle sur S’ et surS;;
donc elle estnulle dans le volume limité par ces deux
sphères,
et la fonctionprolongée
est nulle dans tout