Possibilités de réduction des apports protéiques
chez le pintadeau de chair
grâce à la supplémentation
enlysine
et enméthionine
B. LECLERCQ J. C. BLUM
R. BONSERGENT Solange GUILLAUMIN
Station de Recherches avicoles, Cexztre de Recherches de Tours, I.N.I?.A.,
Nouzilly ,!738o Monxxaie (France)
Résumé
Deux expériences ont été entreprises afin de savoir dans quelle mesure il est possible de
réduire les apports de protéines chez le pintadeau de chair entre 4 et 8 semaines (période de crois- sance) et 8 et 12 semaines (période de finition), quand on utilise comme matières premières le
maïs et le tourteau de soja.
Dans la première expérience le taux protidique varie de i3,¢ à 18,3en croissance, les teneurs
en lysine et acides aminés soufrés étant maintenus égaux par supplémentation avec de la lysine
et de la méthionine purifiées. En finition il en est de même, mais le taux protidique varie de 9,6 à 14,9 p. cent.
Dans la seconde expérience, le taux protidique va de 14,7 à 18,4 p. loo en croissance, seul l’apport d’acides aminés soufrés étant maintenu constant. En finition, on fait varier le taux protidique de Il,l à 14,7 p. 100.
De l’ensemble de ces deux essais on conclut qu’entre 4 et 8 semaines il faut 280 g de pio- téines comprenant i 3, g de lysine pour que le pintadeau se développe avec une vitesse maxi-
mum. La supplémentation en L-lysine ne permet pas d’économiser du tourteau de soja.
De 8 à i2 semaines d’âge l’apport doit être au minimum de 260 g de protéines avec i2 g de
lysine. Il faudra accroître l’apport de protéines en le portant à 280 g lorsque le régime à base de
maïs et de tourteau de soja n’est pas supplémenté ?n lysine purifiée.
Introduction
Nous avons eu
l’occasion,
au cours d’essaisprécédents,
de constater chez lePintadeau que les
régimes
à base de maïs et de tourteau desoja présentaient
comme
premier
facteur limitant les acides aminés soufrés(L ECLERCQ ,
LARBIER etB
LUM
, 1975 ).
Par lasuite,
nous avonsprécisé
les besoins enlysine
et en acidesaminés soufrés entre les
âges
de 4 et 12 semaines(B LU Vt
etL ECLERCQ , 197 6).
Ilnous a semblé
logique
depoursuivre
ces études en recherchant le niveau leplus
bas que
pouvait
atteindre le tauxprotidique
desrégimes maïs-soja
destinés aupintadeau lorsqu’une
doublesupplémentation
satisfait les besoins en acides aminés soufrés et enlysine.
Le résultat obtenu nous a incités àrépéter l’expérience
avecune
simple supplémentation
en méthionine.Matériel et méthodes
Expérience
no rElle s’est déroulée en
période
estivale du 17juin
au 9septembre
1975. Pour l’ensemble de cetteexpérience,
les animaux sont de souche GALOR(France),
élevés selon les conditions décritesprécédemment (B LUM ,
GUILLAUMEet
LEC LERCQ , 1975 )
à raison de 52sujets
par case. Leur alimentation(régime
dedémarrage
dont lacomposition figure
au tabl.I )
estidentique jusqu’à l’âge
de4 semaines.
Nous avons
comparé
6régimes
enpériode
de croissance( 4 -8 semaines),
nedifférant que par leur taux
protidique.
Leurs teneurs enlysine
et en acides aminéssoufrés sont maintenues
identiques grâce
à lasupplémentation
par la DL-méthio- nine et lechlorhydrate
deL-lysine,
defaçon
à couvrir les besoins tels que nous lesavons déterminés. Nous les dénommons
I3 C, I qC, i 5 C, I 6C, I7 C
eti8C,
le nombreindiquant
le tauxprotidique théorique,
la lettre Csignifiant qu’il s’agit
de lapériode
de croissance. Ils sont constitués de maïs et de tourteau de
soja
enproportions
variables et
fabriqués
àpartir
de deuxrégimes
de basequi
sont lesrégimes
extrêmes(
I3
C
eti8C).
Les teneurs réelles en matières azotées totales(N
x6, 25 )
détermi-nées par
dosage
sont :I3C :
13,4 p. 100I4
C :
14,3 : p. 10015
C .
I5,5 p. 100 I6C :
1 6, 1
p. 100I7
C :
17,2 : p. 100 I8C .
I 8, 3
p. 100Les animaux
qui
ont reçu cesrégimes
en croissance sont alimentés par la suiteavec un même
régime qui
est lerégime
leplus
riche de lapériode
de finition.En
effet,
6 autresrégimes
sontcomparés
enpériode
de finition(8- 12 semaines).
Le
principe
de constitution de cesrégimes
estidentique
à celui de lapériode
decroissance,
si ce n’est que les tauxprotéiques
sontplus faibles,
ainsi que les teneursen
lysine
et en acides aminés soufrés. Ilportent
la dénomination :9 F, ioF, II F, i
2
F, 13 F
etI4 F
en fonction de leur tauxprotidique théorique.
Ils sontfabriqués,
eux
aussi,
parmélange
enproportions adéquates
des deuxrégimes extrêmes 9 F
et
14 F
dont lacomposition
faitl’objet
du tableau I.Après dosage,
les valeurs réelles des tauxprotidiques
sont :9
F 9,6
p. 100 ioF 10,7 p. 100 IIF II,4 p. 100 i2F 12,5 p. 10013
F
13,5 p. 10014
F
14,9 p. 100Les animaux mis en
expérience
pour cettepériode
de finition ont reçu de 4à 8 semaines lerégime
i8C.Expérience
n° 2Cette
expérience
a eu lieu du 2ojanvier
au 13 avril1 97 6.
Le
protocole
de cetteexpérience
ressemble très étroitement à celui de lapré-
cédente. La
principale
différence consiste à n’utiliser que la DL méthionine pour lasupplémentation
desrégimes.
Lesrégimes
à base de maïs et de tourteau desoja
contiennent les mêmesquantités
deminéraux, vitamines,
acides aminés soufrés( 0 , 77 %),
calories métabolisables( 3 0 6o Kcal /kg).
Enpériode
de démar-rage
( 0 - 4 semaines)
lespintadeaux reçoivent
la même alimentation. En croissance( 4
-8 semaines)
6régimes
différents sont distribués :i5C’, i6C’, y C’, 1 8C’, 19 C’
et 2oC’. Les valeurs réelles des taux
protidiques
sont :r5C’ :
i4!7 p. 100 i6C’ : 15,5 p. 100I7 C’
:
16 , 3
p. 100 i8C’ : y,4 p. 100r 9
C’ : 1 8, 0
p. 100zoC’ :
1 8, 4
p. 100Tous les animaux
qui
ont servi àl’expérimentation
au cours de cettepériode reçoivent
lerégime
i8C’ en finition.Six autres
régimes mF’, i2F’, 13 F’, y F’, i5F
et 16F’ sontcomparés
entreles
âges
de 8 et 12semaines(finition).
Ils assurent les mêmesapports
deminéraux, vitamines,
calories( 3
z3oKcal /kg)
et d’acides aminés soufrés( 0 ,56 %).
Les valeursréelles des taux
piotidiques
sont :mF’ n,1 p. 100 12
F’ m,7 p. 100
i 3
F’
12,5 p. 1001 4 F
’
13,7 p. 100i5F’
14,1 p. 100 i6F’ 14,7 p. 100Les animaux servant à cette dernière
expérimentation
ont reçu entre lesâges
de 4 et 8 semaines un même aliment de croissancequi
est le zoC’.Les
pintadeaux
issus de deux croisements commerciaux(B EGH rrr
etG ALOR )
sont
répartis
enproportions égales
danschaque
case, soit au totalq.8 sujets
parcase. Chacun des
régimes expérimentaux
est distribué à 4 cases( 4 répétitions).
Les
pintadeaux portant
desbagues,
onpeut
aisément reconnaître le croisementd’origine.
Mais ce dernier n’influenceguère
les résultats obtenus. Il n’en sera doncplus
faitmention,
étant entendu que nos résultats concernentégalement
les deuxcroisements.
Dans les deux
expériences,
les animaux sontpesés
individuellement auxâges
de q., 8 et 12 semaines. Lesaliments,
sous forme degranulés,
sontpesés
auxmêmes
âges.
Leurcomposition
en acides aminés est calculée àpartir
des tablesde PION et FAUCONNEAU
(1 9 68).
Résultats
Expérience
rc° iLes résultats de
l’expérimentation portant
sur lapériode
de 4 à 8 semainesfigurent
dansle tableau 2. Lepoids
vif croît avec le tauxprotidique
de l’alimentjusqu’à 1 6, 1
p. 100 deprotéines. Au-delà,
l’amélioration de lacroissance, quoique sensible,
n’estplus significative.
Enfait,
la différence entre les lotsy C
et 18Cparaît
accidentelle. Lespintadeaux
élevésconjointement
pour la mesure du besoin de finition nepèsent
pasplus
lourd que les animaux du lot17 C;
ilsdisposent
pour-tant du
régime
i8C(cf.
tabl.3 ).
L’indice de consommation évolue en sens inverse.Lorsqu’ils reçoivent
unrégime
de finition titrant 14,9 p. 100 deM.A.T.,
seuls les deux lots lesplus
retardési 3 C
etr 4 C
neparviennent
pas à compenser le retard de croissance induit par la déficienceprotéique.
Les
régimes expérimentés
en finition conduisent aux résultats du tableau 3. Les trois tauxprotidiques
lesplus
bas retardentlégèrement
maissignificativement
la
croissance,
entraînant une détérioration de l’indice de consommation.Sur l’ensemble de
l’essai,
on observe desperformances comparables
à cellesqui
sont obtenues enélevage
industriel :poids
vif à 12 semaines voisin de l 300 grammes, indice de consommationcompris
entre 3,2 et 3,3.Expe’rieiice
M° 2Nous
présentons
dans letableau q les performances
despintadeaux ayant
servi à
l’expérimentation
entre lesâges de q et
8 semaines. Lesquatre régimes
lesplus
richespermettent
desperformances
excellentes en valeur absolue et remar-quablement homogènes. Lorsqu’ils reçoivent
en finition unrégime
riche en pro- téines(iSC’)
tous les animauxparviennent
au mêmepoids
vif à 12semaines,
dontla valeur
dépasse
1300 g dans laplupart
des cas.Le tableau 5 contient les résultats de
l’expérience
de finition. Seul lerégime
le
plus
pauvre enprotéines
retardesignificativement
la croissance dupintadeau
et entraîne une
dégradation
de l’indice de consommation.Cette dernière
expérience
se caractérise pour l’ensemble des lots par des valeurs élevées de l’indice deconsommation;
aucun d’entre eux en effet ne descenden dessous de
3 ,6.
Discussion et conclusion
De l’ensemble de ces deux
essais,
il ressort clairement que lasupplémentation
des
régimes
à base de maïs et desoja
par des acides aminés desynthèse permet
d’abaisser les taux
protidiques
des aliments destinés aupintadeau
dechair,
parrapport
à cequi
estpratiqué
habituellement.Cependant,
une discussionplus pré-
cise des résultats est rendue difficile par les variations des
quantités
d’alimentingéré, qui
se traduisent par des indices de consommation très différents d’un essai à l’autre. Le tauxénergétique
nepeut,
à luiseul,
rendrecompte
de ces diver-gences. La
plus grande part
deresponsabilité
incombe sans doute à latempérature
ambiante. En
effet,
lapremière expérience
s’est dérouléependant
l’été 1975 aucours
duquel
nous avonsenregistré
dans le bâtimentd’élevage
destempératures
élevées
dépassant parfois 3 ô °C.
La seconde
expérience
a eulieu, elle,
enhiver;
latempérature
ambianteétait presque
toujours
inférieure à 2oO en dehors des éleveuses. La discussion des résultatsexige
donc de raisonner non pas sur les teneurs desrégimes
enprotéines
et en acides aminés
indispensables
mais sur lesquantités ingérées
en cours despériodes
étudiées. Ces deux essaispeuvent
ainsipermettre
depréciser
la valeurdes besoins en
protéines
totales et enlysine.
1
. - Le besoin en
protéines
ditpintadeau
La
figure
i illustre les relationsqui
existent entre lesquantités
deprotéines ingérées
entre lesâges de 4 et
8 semaines et legain
depoids
vif.Quelle
que soit la nature de lasupplémentation
en acides aminés desynthèse,
legain
depoids
vif maximum est atteint avec 280 g de
protéines. Apparemment,
lasupplémen-
tation par la
lysine
nepermet
pas d’économiser desprotéines.
Eneffet,
en dessousdu besoin les droites
qui
lient legain
depoids
auxprotéines ingérées convergent
et
coupent
au mêmepoint
la droite horizontalecorrespondant
à la croissance maximum. Onpeut
penserqu’un
autre facteur devient limitant en mêmetemps
que la
lysine.
Les travauxportant
sur lepintadeau
faisantdéfaut,
il est actuelle-ment difficile de formuler des
hypothèses
sur l’identité du facteur limitant.Il en va autrement de la
période
de finition(fig. 2 )
.Le besoin enprotéines
estd’environ 280g avec le
mélange
maïs et tourteau desoja supplémenté
par la méthio- nine et 260 gaprès
la doublesupplémentation
enlysine
et méthionine. Pendant cettepériode,
lalysine
devient donc nettement le facteur limitantaprès
la méthio-nine. Du fait de l’abaissement du taux
protidique
lesprotéines apportées
par le maïsreprésentent
une fractionplus importante
desprotéines
totales. Ces dernièresdeviennent donc
particulièrement
déficientes enlysine. L’usage
de lalysine
desynthèse
conduit ainsi à une économieappréciable
deprotéines.
2
. - Le besoin en
lysine
L’expérience
n° 2au cours delaquelle
lesproportions
de maïs et de tourteaude
soja
ont varié sans modification desapports
d’acides aminéssoufrés, permet
une estimation du besoin en
lysine. Entre 4
et 8 semainesd’âge,
le besoin en cetacide aminé estimé
d’après
lesprésents
résultats est de 13,5 g(fig. 3 ).
Cette valeurapparaît
un peu inférieure à laquantité
de 14,3 g nécessaire à la croissance maximalors d’essais
précédents (B LUM
etL ECLERCQ , 197 6).
La différencepeut
être liéeà la
composition
desrégimes :
matièrespremières dissemblables,
variabilité de la teneur est de ladisponibilité
des acides aminés. Enfinition,
les résultatsexposés
ci-dessus sont en accord avec ceux obtenus par nous-mêmes dans une
publication antérieure,
soit 12 g delysine (fig. q.).
En
conclusion,
lesexpériences qui
fontl’objet
de cettepublication
fournis-sent une évaluation
précise
du besoin deprotéines
et enlysine
dupintadeau.
L’expression
enquantités
totales nécessaires àchaque période
de croissance est la seule réellementsatisfaisante, compte
tenu de la variabilité de la consommation.Il faudra
adapter
lacomposition
desrégimes
aux conditionsd’élevage qui
influen-cent le niveau
d’ingestion
d’aliment defaçon
à ce que l’oiseau y trouve cequi
estindispensable
à sa croissance. Nos résultatspermettent
en outre depréciser
lesépargnes
deprotéines
réalisablesgrâce
àl’emploi
de la méthionine et de lalysine
de
synthèse.
Reçu pour publication en janvier 1977.
Summary
Possibilities
of reducing protein
levels in the dietsof f guinea-f owl
broilersowing
tolysine
and methioninesupplementation.
Two experiments were conducted in order to investigate the possibilities of reducing pro- tein levels in the diets formulated for guinea-fowl broilers, between either q and 8 weeks of age
(growing period) or 8 and 12 weeks (finishing period). The main ingredients of each diet were
maize, soyabean meal and fat.
In the first experiment the protein level varied from 13.4 to i 8.3per cent during the growing period but constant levels of lysine and total sulphur amino acids were maintained by the addition of L-lysine and DL methionine. During the finishing period the protein level varied from 9.6
to 14.9 per cent and the concentration of lysine and sulphur amino acids were the same in all diets.
In the second experiment the protein level varied from 14.7 to 18-4per cent during the grow-
ing period, while the concentration of sulphur amino acids only remained constant. It was
the same in the finishing period but the protein level varied from 11.1 to 14.7per cent.
From both these experiments it is concluded that 280 g of protein and 13.5 g of lysine are
needed by the guinea-fowl for maximum growth from ¢ to 8 weeks of age; the lysine supplement-
ation is not able to partly replace protein (fig. r).
During the finishing period the requirements for protein and lysine are respectively 260 g and 12 g. Nevertheless it is necessary to give 280 g of protein if the lysine supplementation
is omitted (fig. 2).
Références
bibliographiques
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