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Pourquoi choisir la methode Olsen pour estimer le
phosphore ”assimilable” des sols ?
J.C. Fardeau, Christian Morel, R. Boniface
To cite this version:
J.C. Fardeau, Christian Morel, R. Boniface. Pourquoi choisir la methode Olsen pour estimer le
phosphore ”assimilable” des sols ?. Agronomie, EDP Sciences, 1988, 8 (7), pp.577-584. �hal-02728241�
AGRONOMIE
Pourquoi
choisir la méthode Olsen
pour
estimer
le
phosphore
«
assimilable » des sols ?
Jcan-Claude FARDEAU Christian MOREL Raymonde BONIFACE
DB/SRA, CEN F 13108 Sainl-Pavl-Le·=-Dur!ance. (
*
j Senrice Agrollomique. COFAZ, BP 133, F92202 Nefiill_1-.fifi.-.S<im>.
( **
) I.N.R.A., StÉifioti d’Agr(l/1omie. Roule de Sailll-Crr, F 78(100 Versailles.
RÉSUMÉ É Dillérentes extractions chimiques utilisées couramment en analyse de routine pour la détermination du phosphore
assimilable ont été effectuées après marquage au
3èp
O,
des ions phosphate isotopiquement échangeables de 4 terres. Les extractifs étaient les suivants : acide citrique 2 p. 100 (Dyer), oxalate d’ammonium 0,2 N (Joret-Hébert), bicarbonate de sodium 0,5 M à pH 8,5 (Olsen) et une solution de CaCl20,01 M. Les quantitésde’
è
P0
4
extraites et les radioactivités spécifiques du phosphore extrait ont été mesurées.
La
méthode permettant d’extraire de la terre du phosphore dont la composition isotopique est la plus voisine de celle des ions de la solution est jugée la plus intéressante. Sur la base de ce critère, la méthode OLSENest apparue la meilleure en sol calcaire et en sol acide sans toutefois être dans ce dernier cas vraiment satisfaisante. Des essais du même type entrepris avec unesolution dérivée de celle de Olsen ont confirmé que chercher une solution universelle d’extraction est voué à l’échec
en raison des interactions entre les particules de sol et les extractants, quels qu’ils soient. Mots-clés additionnels : Drer, jm’et-Hébert, (liliiiioii 1.>.otapiqfie.
SUMMARY
Why
the Olsen method should he used to estimate « available soilp
h
o.sp
h
orus
»After
"PO,
labelling of the isotopically exchangeable phosphate ions of soils, « available soil phosphorus » wasextracted by different chemical reagents used for soil routine analysis, i.e. sodium bicarbonate for the OLSEN method, ammonium oxalate for the JORET-HEBERTmethod, citric acid for the DYER method and CaC], solution.
Phosphate ions and
’
2p
o
4
ions were determined in the various extracts. They were compared to those obtained in the soil-solution where isotopic dilution kinetics were performed. The specific radioactivities (RAS) werecalculated and compared. Because crops, even with mycorrhizae, take up their phosphorus from soils only as
phosphate ions in the soil solution, we have considered that the better methods were not those where a maximum of
’2
p
o4
was extracted but the methods where the RAS of the extracted P was close to the RAS of the soil-solution phosphatc. With this condition the best method was the OLSENmethod, not only for calcareous soils but also for acid soils. From these experiments it can be also deduced that, due to the interactions between soils and extractants, it is not possible to find a universal method for extraction in all soil types. For a better understandingof available soil phosphorus and for better agricultural practice of P fertilization it seems necessary to take into account the three following parameters : quantity, capacity and intensity.
Additional key words : Citric acid, ammonium oxalate, isotopic dilution kinetics.
1. INTRODUCTION
L’estimation du
phosphore
assimilable dessols,
c’est-à-dire duphosphore
du solsusceptible
d’êtreprélevé
parles
végétaux,
est une recherchequi
mobilise l’attention des agronomesdepuis
plus
de 100 ans(DAUHE
NY
,
1845 ;
-1DEHERAIN, 188i
).
En
analyse
deroutine,
pour extraire duphosphore
que l’on nommera
« phosphore
assimilable »,
on faitappel
à des substanceschimiques
(G
ACHO
tv,
1969n etb ;
G
ACHON
,
1983)
dontl’agressivité
et/ou
la forceionique
sont souvent sans commune mesure avec celles
rencon-trées dans la
rhizosphère.
Dans ce domaine demétho-des,
la méthode OLSEN gagne mondialement du terrainaux
dépens
des autres. On constate que lesquantités
extraites par le réactifbicarbonique
sont corrélées tant à laréponse
culturale(B!NCHa,n!t,
1962 ;
WA!n!tst_EY &isotopiques
(B
ONIFACÉ
&T
ROCME
,
1988)
qui
sonteux-mêmes corrélés aux
prélèvements
dephosphore
par lescultures
(G
ACHON
,
1969a etb ; G
ACHON
,
1979).
L’hy-pothèse
retenue pourexpliquer
le niveauplus
élevé des corrélations obtenues en faisantappel
à l’extractantbicarbonique
a été que lephosphore prélevé
par lescultures est d’une nature
physico-chimique plus
voisine de celle duphosphore
extrait par OLSENque de celle duphosphore
extrait par les autres méthodes. Pour tester cettehypothèse
nous avons utilisé l’identitéphys!ico-chimique qui
existe entre lephosphore
assimilable et lepool
des ionsphosphate isotopiquement échangeable
dusol. La
justification
de cette démarche estprésentée
dans le cadre de la discussion. Pour cefaire,
après
marquagedes ions
isotopiquement échangeables
du sol avec desions
32
P0
4
,
nous avonscomparé
lacomposition
isoto-pique
duphosphore
extrait par divers réactifschimiques
utilisés pour les déterminations de «
phosphore
assimi-lable » au niveau des laboratoires
d’analyses
de routine.Il.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
A.
Phosphore isotopiquement
échangeable
du solParmi les différentes méthodes
qui
permettent
de ledécrire nous avons choisi de faire
appel
à latechnique
des
cinétiques
de dilutionisotopique.
Leprotocole
expérimental
standardpermet
d’obtenir,
àpartir
demesures effectuées dans les 100
premières
mn del’échange isotopique
se déroulant dans unsystème
sol-solution du sol en état
stationnaire,
4paramètres
indépendants
caractérisant lephosphore
isotopique-mentéchangeable
(FARDEAU
&JAPPE,
1988).
-
c, la concentration en ions
phosphate
de lasolu-tion,
qui
permet
le calcul de laquantité M,
d’ionsphosphate
dans la solution pour les conditionsexpéri-mentales retenues au cours de l’estimation des
échanges
isotopiques.
-
M
2
,
laquantité
d’ionsphosphate
de mêmespropriétés
physico-chimiqLies
que ceuxprésents
dans lasolution,
maisprésents
sur laphase
solide du sol. Cettequantité
M
2
n’est actuellement mesurable que par lebiais d’une
analyse
isotopique
réalisée en doubledilu-tion.
L’ensemble
(M,
+M!)
constitue laquantité
totale des ionsphosphate
libres,
c’est-à-dire directement assi-milables par lesplantes :
-
r,/R,
la fraction de la radioactivité restant ensolution 1 mn
après l’injection
des ionsphosphate
3
‘P0
4
dans le
système
sol-solution. Cette détermination estobtenue soit par mesure directe de la fraction de la
radioactivité restant dans la solution
après
1 mnd’échange
soit parextrapolation
de valeurs obtenuespour des durées
d’échange plus importantes.
-
n,
l’exposant
du facteurtemps,
t, del’équation
empirique
décrivant lacinétique d’échange
des ionsphosphate
entre laphase liquide
et laphase
solide dusystème
sol-solution,
à savoir :r
tétant la radioactivité restant en solution à l’instant t et r, étant celle restant en solution 1 mn
après l’injection
de
12p
o
@
.
Le calcul de la
quantité
dephosphore isotopiquement
échangée
à l’instant t,Et,
repose surl’hypothèse
que laradioactivité
spécifique
des ionsphosphate
isotopique-mentéchangés présents
enphase
solide estégale
à celle des ionsprésents
dans lecompartiment
où est réalisée la mesure, c’est-à-dire ici dans la solution du sol. Cette relation est de la forme :soit
L’association des relations
(1)
et(3)
donne :L’intérêt de cette formule est de faire
apparaître
que :-
Moyennant
quelques
réservesimposées
par dessituations
particulières
(FARDEAU et
al.,
1985),
il esttoujours possible
de calculer pour la durée de 3semai-nes
d’échanges
retenue par GACHON(1969a),
lesquan-tités
E
3
semaines’ parextrapolation
des mesures réaliséesdans un intervalle
expérimental
limité à 100 mn commel’ont
prouvé
des déterminations directes(FARDEAU
&JAPPE,
1976).
- La
quantité E,
est une fonction dutemps.
Enconséquence
lephosphore isotopiquement échangeable,
donc le
phosphore
assimilable,
d’unepart
nepeut
pasêtre identifié à une
quantité
finie sans une référence à untemps
d’échange
et d’autrepart
doit être défini aumoyen des
paramètres
représentatifs
de lacinétique,
àsavoir : c,
M,
+M
2
,
r,/R
et n.B. Extractions
chimiques
duphosphore
dit « assimila-ble »Ont été utilisées au cours de cette étude les
principales
méthodes
employées
en France pour lesanalyses
de sol en routine. - Le bicarbonate de sodium0,5
M àpH =
8,5
(O
LSEN
et al., 1954).
- L’oxalate d’ammonium0,2
Mqui représente
l’ex-traction laplus fréquemment
utilisée en France(JoRr’r
&
H
EBERT
,
1955).
- L’acidecitrique
à 2 p. 100(D
YER
,
1894).
- LeCaC’
2
0,01
M durant 30 mn en utilisant unrapport
sol-solution de1/4. L’emploi
duCaC’
2
necorrespond
pas à une méthode standardisée d’extractiondu
phosphore
du sol et les conditionsexpérimentales
choisies ici diffèrentlégèrement
de cellesproposées
ailleurs(BLANCHET
etal.,
1963).
L’emploi
de cettesolution,
qui
permet
la floculation desargiles
et facilitele
dosage
desphosphates
ensolution,
a étéproposée
parSCHOFFI
ELD
(1955)
et donne accès à uncompartiment
représentatif
duphosphore
du sol(As!YNC, 1954)
dansun milieu de force
ionique
constante,supposée égale
à celle de la solution du sol enplace.
C.
Couplages échanges isotopiques
et extractions chimi-quesDans un
système complexe pluricompartimental,
larecherche de l’identité
physico-chimique
de 2comparti-ments
peut
êtreentreprise, après injection
de traceurdans le
système,
encomparant
lacomposition
isotopi-que de ces 2
compartiments.
Ainsil’égalité
de 2compo-sitions
isotopiques
traduit l’identité de 2compartiments
alors que la différence decomposition
traduit lanon-identité des 2
compartiments.
Transposée
au cas duphosphore
dusol,
cette démarche consiste parexemple,
à comparer lacomposition isotopique,
c’est-à-dire laradioactivité
spécifique
ducompartiment
des ionsphos-phates
libresM,
+M
2
,
directementassimilables,
à celle duphosphore
extrait par les divers réactifschimiques.
Du fait de l’existence même de la
cinétique
de dilutionisotopique
des ionsphosphate,
la radioactivitéspéci-fique
ducompartiment
des ions libres diminue au coursdu
temps
d’expérimentation ;
cette situation aimposé
d’effectuer à la fois des extractions
séquentielles (eau
puis
réactifd’extraction)
et des extractions enparallèle
(eau
etréactif).
l. Extractions
séquentielles
Des
techniques
anciennement utilisées(BARBIER
&A
RP
A
D
rr
E
,
1961 ;
GAC
HON
,
1972)
ont étéadaptées.
Oneffectue dans des tubes à
centrifuger
de 250ml,
sur desmélanges
de13,2
g de terre additionnés de 131 ml d’eaudistillée et de 1 ml de solution de
3z
P0
4
sansentraîneur,
unecinétique
de dilutionisotopique
enprélevant
4 fois8 ml de
mélange
auxtemps
1,6,
34 et 200 mn. A l’issuedu dernier
prélèvement
lemélange
contient 10g de
terre et 100 ml de solution. Il est alorscentrifugé
à40 000
gdurant 10 mn. Le
surnageant
est retiré et, c, laconcen-tration en ions
phosphate,
est dosée. L’extractant chimi-que est alors versé sur le culot etagité
avec la terre. A la fin de la durée normalisée on dose la radioactivité rp et laquantité
dephosphore
qEprésents
dans l’extrait.2. Extractions
parallèles
Elles consistent à conduire en dilution
isotopique
« ordinaire » des échantillons de sol durant les
périodes
correspondant
aux durées d’extraction avecchaque
réactif.
3.
Composition
isotopique
duphosphore
extraitCette
composition
isotopique
estexprimée
au moyende la radioactivité
spécifique (RAS)
duphosphore
dechaque
extrait c’est-à-dire :D. Les échantillons
Quatre
terres couvrant unelarge
gamme depH
et de teneur enCaC0
3
ont été utilisés. Ils’agit
dans tous lescas de la couche labourée de
parcelles
entretenues par desagriculteurs.
Leursprincipales caractéristiques
sontstan-dard
d’interprétation,
ces terres peuvent être considéréescomme correctement pourvues en
phosphore
assimilable(A
NSIAUX
,
1977).
E. Les
engrais
Les terres
précédentes
ontégalement
étémélangées
àdes
engrais phosphatés qui
sont : 2phosphates
solubleseau
et/ou
citrate d’ammonium neutre, à savoir lesuper-phosphate triple (S 45)
et lephosphate diammonique
(DAP)
dont les teneurs en P sontrespectivement
de19,4
p. 100 et 20 p.100,
ainsi que 4phosphates
naturelsbroyés
passant
au tamis à maille de 63 pm, à savoir unphosphate
tunisien(TU),
unphosphate
de Floride(FLO),
unphosphate
de Caroline(C)
et le même calciné(CC).
Leur teneur en P sontrespectivement
de12,3
p.100,
14,0 p.
100,
13,1
p. 100 et13,7
p. 100. Lesdoses choisies ont été de 0 et 150 p.p.m.
P ;
l’objectif
était
d’apprécier
le devenir d’une fumure dite de redres-sement dans un sol.III.
RÉSULTATS
ET DISCUSSIONSA. Justification du choix du
phosphore isotopiquement
échangeable
pour caractériser lephosphore
assimila-bleLes
végétaux
neprélèvent
lephosphore qu’ils
consom-ment que dans l’ensemble des ions
isotopiquement
diluables du sol. Telle est la conclusion que l’on
peut
déduire des recherches successives basées initialement
sur l’existence de relations
statistiques
hautementsigni-ficatives
(L
AR
S
EN
,
1952 ;
BARBIER &TYSK
IEWICZ
,
1952 ;
G
ORING
,
1955 ; RussEL, 1958 ;
G
ACHON
,
1966)
entre lesquantités
E obtenuesaprès
des duréesd’échanges
isoto-piques importantes
et lesquantités
L,
correspondant
aux valeurs de
phosphore isotopiquement échangeable
déterminées au moyen d’une
plante
testayant
effectnve-ment et par définition utilisé du
phosphore
assimilable.L’égalité
de la radioactivitéspécifique
duphosphore
de la solution du sol et de celle duphosphore prélevé
parles cultures a
apporté
une preuve matérielle directe à lacorrespondance
physico-chimique
entre lephosphore
assimilable et lephosphore isotopiquement
échangeable
(FARDEAU
&JAPPE,
1976).
Deplus
il n’existe pas, à notreconnaissance,
de situations où lephosphore
prélevé
n’aurait pas été sous une formeisotopiquement
échangeable.
Une tellehypothèse
est effectivementrete-nue par un auteur
(T
RIBOI
,
1988)
pourexpliquer
des accroissements de valeurs L de 200 p. 100 ou 300 p. 100entre la
première
coupe de ray-gras et laquatrième
coupe. Cetteinterprétation
n’estcependant
pasjustifiée
pour les raisonsqui
suivent : Le calcul de la valeur Lselon LARSEN repose sur
l’emploi
de la formule dedilution
isotopique.
Or celle-ci nepeut
être utilisée quesi les
prélèvements
réalisés pour faire les mesures neperturbent
pas l’état stationnaire dusystème (S
HIPLEY
&Ct,
AI
trc,
1972).
Si leprélèvement perturbe
lesystème
ondoit
obligatoirement
faireappel
aux modèlesmathéma-tiques
relatifs auxsystèmes
ouverts et non stationnaires.Lorsqu’une
telle démarche estentreprise
pour traiter lescas où les valeurs L
augmentent
de 200 p. 100 en mêmetemps
que leprélèvement
de32
P
atteint 40 p. 100 du3z
P
introduit,
on aboutit à la conclusion que lesplantes
neprélèvent
leurphosphore
que dans lepool
des ionsisotopiquement
échangeables.
De même de nombreux chercheurs ont constaté
qu’en
présence
demicroorganismes,
bactéries oumycorhizes,
des
végétaux prélevaient plus
dephosphore qu’en
leurabsence
(T
INKER
,
1980;
T
INKER
,
1983).
Certains ontcru déceler ici une action
particulière
prouvant
laconsommation de formes de
phosphore
nonisotopique-ment
échangeables ;
desexpériences
detraçage
isotopi-que ont démontré que le
phosphore
supplémentaire
prélevé
par lesvégétaux
était strictement de mêmenature que celui des
plantes
croissant sur milieu stérile(A
ZCON
-A
GUILAR
el
al.,
1986).
Ainsi,
dans la mesure où il ne semble pas exister desituations où le
phosphore prélevé
par lavégétation
neserait pas du
phosphore isotopiquement échangeable,
l’ensemble assimilable
peut
être décrit au moyen desmêmes
paramètres
que lephosphore isotopiquement
échangeable,
c’est-à-dire c,M,
+M
2
,
r!/R
et n.B.
Composition isotopique
des différents extraitsLa
comparaison
descompositions isotopiques
duphosphore
des différents extraits a été réalisée encalcu-lant,
enpourcentage,
lerapport
de la RAS du P dechaque
extrait à celle du P de la solution du sol pour unedurée
d’échange isotopique égale
dans les 2 cas,c’est-à-dire 200 + 30 mn pour OLSEN et le
CaCl
2
,
320 mnpour le
JoaET-HEBeR’r,
440 et 1 640 mn pour le DYER(tabl.
2).
Un telrapport permet
deporter
unjugement
surchaque
agent
d’extraction parrapport
à sonapti-tude à extraire la fraction assimilable du
phosphore
dusol. En effet
lorsque,
parexemple,
la RAS du P d’unextrait vaut 30 p. 100 de celle des ions de la solution cela
signifie
que la fraction extraite contient30 p.
100 dephosphore possédant
les mêmespropriétés,
enparticu-lier celle
d’assimilabilité,
que les ions en solution etqu’il
contient en mêmetemps
70 p. 100 dephosphore
immo-bile donc inassimilable par les
végétaux
dans les condi-tions actuelles. Ainsiplus
lerapport
estfaible,
plus
lephosphore
extrait estpollué
par des formes dephos-phore
peu ou non assimilable.Quel
que soitl’échantillon,
lephosphore
contenu dans l’extraitCaC’
2
possède
une RASégale
à celle du P de lasolution,
les valeurs 101p.
100 pour le sol 1 et 98 p. 100pour le sol 2 résultant
uniquement
des erreursexpéri-mentales. Parmi les agents
classiques
d’extraction utilisés ici c’est le réactif de OLSENqui
extrait unphosphore
dont la RAS est laplus
voisine de celle des ionsphosphate
de la solution du sol. Ce résultat estparfaitement
net pour l’échantillon4,
calcaire,
qui
représente
le cas leplus
favorable pourl’emploi
de laméthode
O
LSEN
;
mais il l’estégalement
pour l’échantil-lon1,
leplus
acide. Certes dans ce dernier cas lerapport,
en p. cent, des RAS nedépasse
pas30,
mais il estsupérieur
à celui obtenu avec la méthode DYERconseillée et utilisée en sol acide. La méthode JORET -H
EBERT
procure, dans les 3 échantillons
présentés,
desrésultats intermédiaires entre la méthode OLSEN et la méthode DYER.
Les données
expérimentales
obtenues au cours de cesexpériences
permettent
également
d’illustrer lacomplexité
des mécanismes mis enjeu
au coursd’une extraction de
longue
durée telle que celle deD YER
assiste pour le sol 1 à une dissolution nette de 146- 115 = 31 p.p.m. P. Durant ce même intervalle une
partie
du32
P
extraitquitte
l’extrait(tabl. 2, col. 5),
indiquant qu’une
fractionégale,
soit(32-20)/32
=0,37,
de
phosphates préalablement
dissous a étéréadsorbée,
échangée
ouprécipitée.
Ce transfertcorrespond
à115
x0,37
=43 p.p.m. P
qui
doit êtrecompensé
parune dissolution
égale.
Ainsipendant
l’intervalle440-1 640 mn la dissolution réelle brute a été de
31 + 43 =
74 p.p.m. P. C’est dire que de telles
analyses
isotopiques
permettent
de faire la distinction entre unedissolution brute
(74
p.p.m.P)
et une dissolution nette(31
p.p.m.P)
etd’imaginer
que l’existence de tels transferts en cours d’extraction nepeuvent
guère
contri-buer à n’extraire
qu’une unique
forme dephosphore
dusol.
Ces données sont aussi l’occasion de schématiser
l’action des
agents
d’extractionchimique
sur lephos-phore
assimilable du sol. La méthode descinétiques
de dilutionisotopique
apermis
de démontrer quel’ensem-ble des ions
phosphate
du sol estcomposé
d’unpool
d’ions libres
représenté
par l’ensembleM
I
+M
2
direc-tementassimilable,
d’un ensemble d’ions mobiles maisliés à la
phase
solide du sol. La méthode descinétiques
de dilutionisotopique
apermis
de montrerqu’il
existeune
quantité E,
d’ionsisotopiquement échangeables
fonction du
temps
de mesure. Mais elle a surtoutpermis
de montrer que cettequantité E,
est un ensemblehétérogène
constitué d’unepart
d’unpool
d’ions libresprésents
enquantité M
I
+M
2
directement assimilables(FARDEAU
&JAPPE,
1988)
et d’autrepart
d’un ensemble d’ions mobiles mais liés à laphase
solide du sol dontla libération ne
peut
être assuréequ’après
uncer-tain
temps
td’échange
etprésents
enquantité
El - (M
I
+M
Z
) ;
enfin à côté de ces ions mobiles en untemps t,
out
2
il existe des ions strictement immobiles àla même échelle de
temps.
Ce schéma est en accord aveccelui
développé
àpartir
d’autrestechniques
par BARROW
(1983, 1984).
Un extractantchimique
extrait :- seulement
une fraction du
phosphore
mobilepuis-que tout le
3
2 P
n’est pas extrait(tabl.
2,
col.5) ;
- du
phosphore
immobilepuisque
la RAS du Pextrait est très inférieure à celle de la solution du sol
(tabl.2, col. 7).
L’action d’un réactifchimique
peut
donc être modélisée par unsegment
de droite traversantles diverses fractions du
phosphore
du sol(fig. 1).
Laposition
de cette droite dans lesystème
varie avec lessols et les divers réactifs d’extraction.
C.
Conséquence
en matière de choix d’une méthoded’appréciation
enanalyse
de routine du« phosphore
assimilable »
Du fait de la
correspondance
entre lephosphore
isotopiquement échangeable
et lephosphore
assimilableon
peut
estimerqu’un
réactif seraitparfait
s’ilpossédait
simultanément les 2
propriétés
suivantes :- Extraire tout le
phosphore
assimilable,
c’est-à-direla totalité des ions
3z
P0
4
transférés dans laphase
solide du sol par autodiffusion.- N’extraire
que le
phosphore
assimilable,
c’est-à-dire du
phosphore
du sol dont la RAS seraégale
àcelle des ions
phosphate
de la solution du sol.Le
premier
critèreapparaît utopique
dans la mesureoù,
même en condition de culture trèsintensive,
lesphos-phore
introduit(C
RI
SA
NT
O
&S
UTT
O
N
,
1973 ; Taieoi,
1988).
C’estpourquoi
il nous semble que le secondcritère doive
primer
lepremier.
Sous cet
angle
lephosphore
extrait dans la solution deCaC’
2
possède
bien lacomposition isotopique
duphos-phore
de la solution du sol(tabl.
2,
col.4).
Cependant
l’eau
apparaît
comme un extractantplus
intéressantpuisque
laquantité
dephosphore présente
dans l’eau esttoujours supérieure
à celleprésente
dans leCaC],.
Untel résultat contribue à
justifier
laproposition
de VANDER P AA
uw
(1971)
d’utiliser la concentration desextraits aqueux comme indice de
fertilité,
ce queconfirmaient les données de KHASAWNEH & SAMPLE
( 1978).
Cependant
la faiblesse des teneurs enphosphore
dessolutions de sol
oblige
à conserver enanalyse
deroutine,
au moins pour un certaintemps,
unagent
d’extractionplus
« efficace que l’eau. A cetitre,
etparmi
lesextractants
utilisés,
la solution de OLSEN est le meilleurdes
composés puisqu’il
est celuiqui
extrait le moins de formes non mobiles(tabl.
2,
col.4).
Le réactif JORET-H
EBERT est un peu moins satisfaisant que celui de
O LSEN
. Enfin celui de DYER se classe dernier.
D. Amélioration et limites des méthodes d’extractïon
chimiques
pour estimer le «phosphore
assimilable »Nous avons cherché à savoir
si,
pour untype
de soldonné,
desajouts d’engrais phosphatés
neprovoque-raient pas des variations
égales
dupool
des ions libres(M
+M!)
et desquantités
dephosphore
extraites par OLSEN
. Les données
(tabl.
3)
montrent que les accrois-sements sonttoujours plus importants
avec la méthodeOt.sEN,
cequi
traduit l’existence d’un« trop
extrait »systématique
parrapport
auxquantités présentes
dansle
pool (M,
+M
2
)-Nous avons recherché sur un échantillon une
solu-tion d’extracsolu-tion
qui
n’extraierait que laquantité
(M,
+M,).
Il est apparu, sur lesol4,
qu’une
solution0,05
M àpH =
8,5
yparvenait.
Les autres échantillons ont subit le même traitement. Les valeursprésentées
(tabl. 4)
sont la différence entre laquantité (M,
+M
2
)
et celle extraite par le bicarbonate0,05
M. Pour l’échan-tillon 1 ces différences sont toutesnégatives
et pour l’échantillon 2 elles sont toutespositives.
Ce groupe de résultats traduit d’une
part
l’illusionqu’il
peut y avoir à rechercher un réactifparfait
et d’autre part l’interaction entre les divers échantillons etun réactif d’extraction
donné,
faitdéjà signalé
au coursd’autres
approches
expérimentales (PARTON,
1963 ;
G
ACHON
,
)972 ;
BARROW &S
HAW
,
1976 a,b,
C’ SORN-S
R[V[CHA! el
al.,
1984).
L’utilisation d’unesolution,
enapparence aussi anodine que le
CaC1
2
0,01 M,
confirmecette observation
(tabl.
5).
La concentration initiale dela solution de
C
A
CI,
est de400 mg . l ’ Ca.
La« consommation » de
Ca! !
liée
à l’éventuelleprécipi-tation de
phosphates calciques
est minime parrapport
àla
quantité
d’ionsCa ’ ’
retenus par laphase
solide. Une telle observationoblige
às’interroger
sur la validitéde l’estimation du
phosphore
du sol en terme depoten-tiel
phosphate
(AsLYNC, 1954).
IV. CONCLUSION
La
comparaison, après
marquage duphosphore
isoto-piquement
échangeable
dusol,
de lacomposition
isoto-pique
duphosphore
extrait par diverses méthodeschimiques d’analyse
deroutine,
a révélé que lephos-phore
extrait par OLSENétait d’une natureplus
voisine duphosphore isotopiquement
échangeable
que lephos-phore
contenu dans tout autre extrait. Ce résultatpermet
d’expliquer
que la méthode OLSEN donne desinformations
qui
sont lesplus
en accord avec lesrésultats
biologiques
(B
IN
G
HAM
,
1962 ;
ADMONT ett al.,
1986).
Il a par ailleurs été montré que les réactifsoxalique
de JotteT-HEeeRT etcitrique
deD
YER
,
couramment utilisés en
France,
extrayaient
enplus
grande quantité
des formes dephosphore
dusol,
ou desengrais
fraîchementintroduits,
peu ou non mobiles.Cet ensemble de résultats conduit à considérer que
l’emploi
de la méthode OLSEN enanalyse
deroutine,
pour
apprécier
le niveau de fertilitéphosphorique
desterres,
représenterait
unléger progrès
parrapport
auxméthodes actuellement
utilisées,
malgré
les limitesaper-çues dans le cas des sols acides. L’existence d’interac-tions variables entre les sols et les agents d’extraction
oblige
à conclure àl’impossibilité
de trouver un réactifqui
extraierait tout lephosphore
assimilable et rien que lephosphore
assimilable. C’estpourquoi
l’avenirdevrait être tourné vers des
techniques qui permettraient
d’approcher
lesparamètres
de mobilité des ionsphos-phate
pourpouvoir
rendrecompte
despotentialités
detransfert dans les
systèmes sol-solution-engrais-plante.
C’est une des voies nécessaires auprogrès
duraisonne-ment de la fertilisation
phosphatée
basé sur lesanalyses
de sol.
Reçu le 8 septembre 1987.
Accepté le 16 mai l988.
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