DÉTERMINATION DU BESOIN EN ACIDES AMINÉS SOUFRÉS
CHEZ LE RAT BLANC EN CROISSANCE
A. RÉRAT Y. HENRY
Françoise HOULIER, G. ROUZET M. LECOURTIER Station de Recherches sur
l’Élevage
des Porcs,Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Ssine-et-Oise)
SOMMAIRE
Le besoin en acides aminés soufrés du Rat blanc en croissance a été déterminé au cours de deux
expériences,
basées sur lasupplémentation
par la DL-méthionine derégimes
renfermant desproportions
variables d’une farine dehareng
deNorvège.
I,’addition de méthionine auxprotéines
de
poisson
entraîne une améliorationsignificative
de la vitesse de croissance et de la rétention azotée à des taux de matières azotées inférieurs ou égaux à iz p. 100. Laquantité
d’acides aminés soufrés(méthionine
-!-cystine)
nécessaire pourl’équilibre
durégime
décroît, relativement auxprotéines, lorsque
le taux de ces dernières augmente :respectivement
5 et 4 - 4,5p. 100pour 6 et iz p. 100 deprotéines.
Le besoincorrespondant
à la vitesse de croissance maximum( 5 ,
à à 5,7g/j après
28jours), représente
entre o,49et 0,54p. 100d’unrégime
renfermant 4 r5o Kcaldigestibles/kg,
soiten moyenne 70 à 75 mg par
jour
entre lespoids
de 50g et 300 g.INTRODUCTION
Le besoin en amino acides
indispensables
chez l’animal en croissance a faitl’objet
d’ungrand
nombre de travaux basés sur lasupplémentation
d’unrégime
par le facteur limitant à des niveaux
variables,
les critères retenus étantgénéra-
lement la vitesse de croissance et la rétention azotée. Parmi les méthodes mises en oeuvre pour déterminer le niveau de ce
besoin,
certaines utilisent desrégimes
syn-thétiques
renfermant unmélange
d’acides aminés libres(RosE, 103 8 ;
1!T!RTZ etal., zg52).
D’autres fontappel
à desrégimes semi-synthétiques
contenant une pro- téine naturelledéséquilibrée
en laplupart
des acides aminésindispensables (B R E S -
sarrr et l!T>~RTZ,
195 8)
ou uneprotéine
de bonnequalité
à faible taux(R AO
etal., 1959
),
lecomplément
en amino acides étantapporté
sous forme libre afin de réta- blirl’équilibre
parrapport
aux besoins ou vis-à-vis d’uneprotéine
de référence.En
réalité,
toutes cesméthodes,
danslesquelles
la totalité ou lamajeure partie
des acides aminés est introduite à l’état
libre,
sont relativementéloignées
des condi-tions habituelles d’alimentation. C’est
pourquoi
nous avons été amenés à mettreau
point
une nouvelle méthode(RÉ RAT
etHENRY, ia6z).),
basée sur l’utilisation d’uneprotéine
naturelleéquilibrée
en laplupart
des acides aminésindispensables,
mais
présentant
un déficitpartiel
de l’acide aminé dont on veutpréciser
le besoin.Appliquant
cettetechnique,
nous avons ainsientrepris
uneexpérimentation
dansle but de déterminer le besoin en acides aminés soufrés
(méthionine
-!cystine)
chez le Rat en
croissance, grâce
à lasupplémentation
de la farine depoisson
par la DI,-méthionine desynthèse.
TECHNIQUES EXPÉRIMENTALES
ETMATÉRIEL UTILISÉ
Deux
expériences
successives sont réalisées avec des rats mâles de souche Wistar CF,pris
ausevrage et élevés en cages individuelles. Elles ont pour
objet
de faire varier le taux de DL-méthioninesupplémentaire
dans desrégimes semi-synthétiques
renfermant desproportions
variables d’une farine de hareng deNorvège.
Cette dernière contient go p. 100de matière sèche et 72 p. 100de ma-tières azotées totales (N X 6,z5). Sa
composition
en amino acidesindispensables, rapportée
à 16 g d’azote ou à leur somme, selon PioN et al.,( 19 6 3 ),
est donnée dans le tableau i encomparaison
avec les besoins définis par RAO, METTAet JONHSON
(i 959 ) exprimés
en pourcentage de leur somme.L’examen de ce tableau fait
apparaître
un déficitprimaire
en acides aminés soufrés et un déficit secondaire enlysine.
En dehors du fait que les acides aminés soufrés constituent le facteur limitantprimaire
de la farine depoisson,
cette dernière a été choisie en raison de sa valeurbiologique
élevéeet de l’excellente
disponibilité
de ses acides aminés(G E ioEx
et BORGSTROM,19 6 2 ) ;
en outre, elleprésente l’avantage
d’être peu sensible aux traitementsthermiques qu’elle
a subis au cours de sapréparation
(RERAT et LOUGNON,1963).
La
première expérience (A),
d’une durée de 56jours,
comprend 13 lots de 9rats, dont 10sontrépartis
suivant un schéma factoriel 2 X 5 comportant :- Deux taux de
protéines :
8 et 12 p. 100 ;-
Cinq
taux de DL-méthioninesupplémentaire exprimés
en pourcentage desprotéines :
0- 0 , 2 - 0 , 4 - 0
,6 et o,8. Dans les 3 autres
régimes,
on introduitrespectivement
10, 14et 16 p. 100 de matières azotées, afin de suivre l’évolution de la croissance en fonction du tauxprotidique.
La deuxième
expérience (B),
d’une durée de 28jours,
porte sur 14lots de 6 animaux dont 12 sont distribués suivant undispositif
factoriel 3 X ¢ comprenant :- Trois taux de matières azotées : 6, 9 et rz p. 100 ;
-
Quatre
taux de DL-méthioninesupplémentaire exprimés
en pourcentage desprotéines :
0 -o,5-r,o et i,5.
Deux taux de matières azotées
supplémentaires ( 15
et i8 p. 100) sont utilisés afin depréciser,
comme dans
l’expérience précédente,
le tauxcorrespondant
à la vitesse de croissance maximum.Le schéma
expérimental
est résumé dans le tableau 2. La méthionine desynthèse
est admi-nistrée sous la forme
racémique
DL. Pour que le taux d’azote aminé libre soitidentique
dans tousles
régimes,
on introduit uncomplément
variable d’un acide aminé nonindispensable (glycocolle).
En dehors de la farine de
poisson,
tous lesrégimes
renferment 8 p. 100d’huile d’arachide addi- tionnée de vitamines A et D, 2 p. 100de cellulose debois,
3 p. 100demélange
minéral et i p. 100 demélange vitaminique,
lecomplément
étantapporté
sous forme d’amidon de maïs. La valeurénergétique
correspondante est de l’ordre de 4r5o Kilocaloriesdigestibles
par kg,d’après
des ré-sultats de
digestibilité enregistrés
par ailleurs (HENRY et RÉRAT, données nonpubliées).
Les critères étudiés sont la vitesse de croissance, la rétention azotée et la
composition
corpo- relle. La rétention azotée est déterminée àpartir
des résultatsd’analyse
des carcasses, suivant uneméthode
exposée précédemment (HENRY
et RÉRAT,19 6 3 ).
A cesujet,
il fautrappeler
les définitions suivantes :- Indice de consommation :
Matière sèche
ingérée (g)/gain
depoids (g).
- Coefficient d’efficacité
protidique
(C. E. P.) :Gain de
poids (g)/protéines ingérées (g).
- Coefficient d’utilisation
pratique
de l’azote(C.
U. P.) :N retenu dans les tissus (g) X ioo/N
ingéré (g),
selon TERROINE et VaLLn( I933 ).
RÉSULTATS
Expérience
AL’expérience
Bayant
duré 28jours,
les résultats del’expérience
A sont donnésaprès
28jours (tabl. 3 )
et5 6 jours (tabl. 4 ).
1
° Résultats
après
28jours.
I,’élévation du taux de matières azotées dans le
régime
entre 8 et 16 p. 100 se traduit par une améliorationprogressive
de la vitesse de croissancequi
passe de3 à 5 ,5
g parjour.
En mêmetemps,
laquantité
de matière sècheingérée quotidien-
nement
augmente
et l’indice de consommationdiminue,
le coefficient d’efficacitéprotidique (C.
I:.P.)
atteint une valeur maximum pour un taux de matières azotéescompris
entre 8 et 10 p. 100,puis
diminuelégèrement
à mesure que le tauxproti- dique augmente.
L’addition de D!-méthionine améliore l’ensemble des critères aux deux taux azotés considérés. La vitesse de
croissance,
au taux de 8 p. 100 deprotéines, répond
favorablement àchaque
additiond’extra-méthionine,
tandisqu’au
taux de 12p. 100 elleprésente
une évolution d’allureparabolique
avec un maximum pouro,6
p. 100 de méthioninesupplémentaire. Cependant, l’analyse statistique
des résultats nefait ressortir aucune interaction
significative
entre le taux deprotéines
et le niveaude
supplémentation
en méthionine. Legain
depoids
maximum ainsi réalisé(5, 4 g/j)
est sensiblement le même que celui obtenu avec le
régime
à 16 p. 100 de matièresazotées,
bien que la teneur en acides aminés soufrés obtenuegrâce
à lasupplémen-
tation soit
plus
faible(respectivement
0,49 eto, 5 6
p. 100 durégime).
Cette amé-lioration de la croissance
s’accompagne
d’une meilleure utilisation de la nourriture : l’indice de consommation diminue et le C. E. P.présente
un maximum pour un tauxcompris
entre 0,4 eto,6
p. 100 de DI,-méthionine parrapport
auxprotéines.
2
° Résultats
après
56jours.
L’évolution des critères est sensiblement la même que celle
qui
a été décriteaprès
28jours. Remarquons cependant
que la vitesse de croissance maximum( 4
,6 g/j), plus
faible quependant
les 4premières semaines,
est obtenue avec un taux d’extra-méthionine inférieur( 0 , 4
p.100 ).
De même que le C. E.P.,
le coefficient d’utilisationpratique
de l’azote(C.
U.P.) présente
une évolutionparabolique
avecun maximum à
o,6
p. 100 de méthioninesupplémentaire
pour 8 p. 100 deprotéines
et à 0,4 p. 100 pour 12 p. 100 de
protéines, correspondant
aux dosesrespectives
de0,3
3et 0,47 p. 100 d’acides aminés soufrés dans la ration.
Les modifications du taux azoté ou du taux de méthionine
supplémentaire
n’exercent aucun effet
appréciable
sur lespourcentages
deprotéines
et delipides
dans les tissus
(tabl. 5 ). Signalons
toutefois unléger
accroissement dupourcentage
deprotéines
tissulaires entre 8 et 10 p. 100 deprotéines
dans lerégime.
Expérience
BLes résultats
généraux
de croissance et de consommation sontrapportés
dansle tableau 6. Il convient d’abord de remarquer que les
performances
des animauxsont sensiblement
supérieures
à cellesenregistrées
dansl’expérience précédente ;
il
s’agit
de rats de la mêmesouche,
maisprovenant
d’unélevage
différent.La vitesse de croissance
présente
une évolutionparabolique
en fonction du taux deprotéines,
avec un maximum de5 ,6 g/j
au taux de 15 p. 100. Il en est de même de la consommationjournalière
de matièresèche,
tandis que l’indice de consom- mation diminuerégulièrement. Quant
au C. U. P.azoté,
son évolution estégale-
ment curvilinéaire avec un maximum pour 12 p. 100 de
protéines.
L’examen des résultats en fonction
du
taux de méthioninesupplémentaire
faitapparaître
des différences(non significatives)
selon le niveau azoté considéré.Ainsi,
la vitesse de
croissance,
aux taux de 6 et 9 p. 100 deprotéines, augmente
avec la dose d’extra-méthioninejusqu’à
1,5 p. 100, alorsqu’au
taux de 12p. 100de matièresazotées,
elleprésente
un maximum pour i p. 100 de méthioninesupplémentaire.
Cette vitesse de croissance maximum
( 5 , 7 g/j)
estlégèrement supérieure
à celleobtenue en faisant varier
simplement
le taux azoté(5,6 g/j
pour z5 p. 100 de pro-téines) ;
les teneurscorrespondantes
en acides aminés soufrés sontrespectivement
0,54et 0,52
en pourcentage
de la ration. Pour provoquer cette amélioration de lacroissance,
la consommation
journalière
de matière sèche aaugmenté
trèsfaiblement ;
il en résulte une diminutionimportante
de l’indice deconsommation,
tandis que le C. U. P.azoté croît linéairement avec le taux de méthionine
supplémentaire.
En ce
qui
concerne lacomposition corporelle (tabl. 7 )
la teneur enprotéines
dans la carcasse
augmente
linéairementlorsque
croît le tauxazoté,
tandis que la teneur enlipides
diminue. L’addition de méthionine n’entraîne aucune modification dupourcentage
deprotéines ;
par contre,l’adiposité
des carcasses est maximum autaux de i p. 100 de
DL-méthionine, correspondant
à la vitesse de croissance maxi-mum.
L’évolution de la vitesse de croissance en fonction du taux d’acides aminés soufrés dans le
régime,
pour les deuxexpériences
A et B, est illustrée dans lafigure
r.Il est intéressant de constater que le
gain
depoids
est sensiblementidentique
avecdes
régimes
dont le taux de matières azotées estdifférent,
mais dont le taux d’acides aminés soufrés est le même suivantqu’ils
sontsupplémentés
ou non.DISCUSSION
Le besoin en acides aminés soufrés chez le Rat blanc en croissance a été déter- miné selon diverses modalités. Utilisant des
régimes synthétiques
constitués d’unmélange
d’acides aminéslibres,
totalisant 10 p. 100 durégime,
RosE et ses colla-borateurs
(RosE, I g 3 8 ;
WRETijND etRosE,
1950 ; WOMACK et RosE,1941 )
ontmontré que le taux minimum d’acides aminés
soufrés, correspondant
à une crois-sance et une rétention azotée
maximum,
s’élève ào,6o
p. 100 de laration,
la cys- tinepouvant remplacer
le sixième du total(méthionine
!-cystine).
De leurcôté,
R
AO et al.
(ig 5 g)
ont introduit une fraction des acides aminés sous forme d’uneprotéine
naturelle( 5
p. 100 decaséine),
lecomplément
étantapporté
à l’état libre et le taux de matières azotéesajusté
à 10 p. 100 ; le besoin en acides aminés soufrés ainsi déterminéreprésente
0,49 p. 100 de laration ; l’apport
de méthionine doit constituer au minimum 0,14 p. 100 durégime lorsque
le besoin encystine
estlarge-
ment couvert
(R AO
etal., 19 6 1 ). Opérant également
enprésence
d’un excès decystine
de niveau nonprécisé,
SCHXVEIGERT et GUTHNECK( 1954 )
ont estimé le besoindu Rat en méthionine à 0,22 p. 100 d’un
régime
à base decaséine ;
BARNES et al.( 19 6 2
)
l’ont évalué à 0,1!-0,19 p. 100 de la ration àpartir
deprotéines
isolées desoja. Enfin,
WILI,I.xms et al.( 1954 ),
utilisant les résultatsd’analyse
des carcasses, ont chiffré le besoin en acides aminés soufrés du Rat à 0,43 p. 100 de la ration.Au cours de la
présente
étude a été utilisée comme source azotéeunique
lafarine de
poisson
deNorvège.
Le calcul dupourcentage
de déficit des différents acides aminésindispensables
parrapport
au besoin du Rat ou parrapport
à uneprotéine
deréférence,
selon la méthode de MITCHELLet BLOCK(rg 4 6),
faitapparaître
un déficit
primaire
en acides aminés soufrés. Les résultats obtenus confirment l’in- fluencebénéfique
d’unesupplémentation
de la farine depoisson
par la méthioninequi
a d’ailleurs été mise en évidence par d’autres auteurs(Nj AA , 19 6 1 ;
CHALUPAet
FisH, 19 6 3 ).
La meilleurecroissance, qu’on peut
considérer comme maximum,est obtenue en
ajoutant
dans lesprotéines
durégime
à 12p. 100de matièresazotées,
soito,6
p. 100(expérience A),
soit 1,0 p. 100(expérience B)
de DL-méthionine. Les valeurscorrespondantes
pour le besoin en acides aminés soufrés àpartir
de la farine depoisson, exprimées
enpourcentage
durégime, présentent
entre elles un écartd’environ 10p. 100
( 0 , 49
p. 100dansl’expérience A ;
0,54p. 100dansl’expérience B);
l’expérience
A confirme les résultats de RAO et al.( 1959 , i 9 6i).
Par contre, RosEet al.
(WoMncx
etRosE,
1941 ; WRETLiXD et ROSE,ig5o)
ont obtenu une valeurnettement
plus
élevée( 0 ,6 0
p.100 ),
bien que la croissance obtenue ait étéplus
faibleque dans nos essais ou ceux de RAO et al.
( 10 6 1 ) :
onpeut
supposer que lesrégimes synthétiques
utilisés par ROSE et sescollaborateurs,
mis aupoint beaucoup plus anciennement, présentaient
d’autres facteurslimitants,
soitazotés,
soitvitaminiques,
soit minéraux.
Quoi qu’il
ensoit,
le moded’expression
du besoin enpourcentage
durégime
n’est correct que si l’on fait
l’hypothèse
que le niveau de consommation est inva- riable à unpoids
donné d’un individu à l’autre et d’unrégime
à un autre.Or,
on saitqu’il
n’en est rien et que notamment lacomposition
desrégimes
intervientdans une
large
mesure sur le niveau de consommation : celui-ci est en relation inverseavec la densité
énergétique
durégime
chez le Rat(HENRY
etRÉ RAT , 19 65) ;
ilpeut également
varier avec la nature des sucres durégime (HARPER
etE!.v!HJ!M, 1057 ;
HARPER et
S PIV E Y , 195 8).
Il semblelogique
parconséquent d’exprimer
le besoind’acides aminés en
quantités
nécessaires parjour
et nonplus
enpourcentage
durégime.
Dans cesconditions, l’apport journalier
nécessaire d’acides aminés soufrés passe de 70 mg dansl’expérience
A à 75 mg dansl’expérience
B ou à6 3
mg dansl’expérience
de RAO et al.(y5c!),
la différence entre ces valeurspouvant
êtreexpli- quée
parl’origine génétique
des animaux utilisés dont la vitesse de croissance estplus
ou moinsrapide.
Dans la détermination du besoin en acides aminés
soufrés,
il n’a pas été tenucompte séparément
de la méthionine et de lacystine.
La raison en est que dans lesprotéines
depoisson,
lacystine représente
z5p. 100 dutotal,
de sorte que l’addi- tion de méthioninepermet
d’obtenir le besoinglobal
en acides aminéssoufrés,
maisnon pas le besoin minimum en méthionine seule. A ce
sujet,
il fautrappeler
que contrairement auxpremiers
résultats de RosE et de sonéquipe (WoM!cr>
et RosE,r94r ; WRETLIND et
RosE, 1 950 ), l’apport
decystine peut représenter d’après
RAOet al.
( 19 6 1 ) près
de 70 p. 100del’apport
des amino acides soufrés. Le taux de cys- tine desrégimes
que nous avons utilisés n’est donc pas excessif.L’évolution de la vitesse de croissance en fonction du taux de
protéines
et dutaux de DL-méthionine
supplémentaire
a faitapparaître
une diminution de la quan- tité totale d’acides aminés soufrés nécessaires pourl’équilibre
desprotéines
depoisson lorsque
le taux de ces dernièresaugmente :
deplus
de 5 p. 100 parrapport
auxprotéines
pour 6 p. 100 deprotéines
à 4-4,5 p. 100 pour 12 p. 100 et à 3,5 p. 100 pour 15 p. 100. Ils’agit
là d’unphénomène général qui
se retrouve pour d’autres acidesaminés,
comme lalysine (RÉ RA T
etHENRY, 19 6 4 )
et chez d’autresespèces (A
LMQU
IST, ig5g).
Il est bien évident que,lorsqu’on augmente
le tauxazoté,
les déficits en différents acides aminés par rapport aux besoins(tabl. 8)
ont tendanceà
disparaître
les unsaprès
les autres et seul subsiste le déficit du facteur limitantprimaire ; si,
àpartir
de ce tauxcritique
de matièresazotées,
onaugmente
encorela teneur en azote du
régime,
alors le déficit du facteur limitantprimaire
se résorbeet la dose additionnelle d’acide aminé
synthétique permettant
de combler ce déficit diminue pour s’annuler à un taux donné de matières azotées. Dans le casprésent,
étant donné que la
réponse
de croissance obtenue ensupplémentant
lerégime
à12p. 100de
protéines
estsupérieure
à celleprovoquée
par lesrégimes
à 15ou 18 p. 100de
protéines,
onpeut
en déduire quel’apport
de facteur limitant secondaire par lerégime
à 12 p. 100 deprotéines
depoisson
estlargement
suffisant. Il est difficilede
préciser quel
est le facteur limitant secondaire : si l’on tientcompte
des résultats de RAO et al.(i9!9),
ilpeut s’agir
soit de lalysine,
soit de lathréonine,
soit de l’iso-leucine,
soitplus probablement
de ces trois acides aminés ensemble.L’évolution du besoin en acides aminés soufrés avec
l’âge
nepeut
être étudiée defaçon précise
dans cesexpériences
du fait d’unepart
del’espacement trop grand
des taux azotés et, d’autre
part,
de l’influence quepeut
avoir le traitement subi pen- dant unepremière période expérimentale
sur les résultats obtenus au cours de la deuxièmepériode expérimentale.
Notonssimplement
que, dansl’expérience A,
lorsque
les animauxprennent
del’âge,
lepourcentage
nécessaire d’acides aminés soufrés dans lerégime diminue,
mais defaçon
moins nette que ne l’ont observé HA
xTSOOK et MrTCx!r,!,
( 195 6) ;
il passe de 0,49p. 100(lot
Ao,6) pendant
lesquatre premières
semainesd’expérience
à 0,47p. 100(lot
A0 , 4 ) pendant
lesquatre
dernièressemaines ;
en outre, contrairement à cequi
a été trouvé par ces auteurs, le pourcen-tage
nécessaire d’acides aminés soufrés dans lesprotéines n’augmente
pas avecl’âge ; enfin,
laquantité journalière
nécessaire passe de 70 mg pour ungain
depoids
de 5,44
g/j pendant
lapremière période
à 82 mg pour ungain
depoids
de 4g/j (lot
A0 , 4 ) pendant
la deuxièmepériode,
les valeurscorrespondantes
de H.!RTSOOx et MrTCH!!,!,(r 95 6)
étantrespectivement
72mg et 54mg. Ici encore, il faut attribueren
partie
cette différence decomportement
àl’origine génétique,
les animaux utilisés par les auteurs américains semblantplus précoces (gain
de 7,4g parjour
à 4ojours)
et d’un
poids
adulteplus
faible que lesnôtres ;
en outre, lasynthèse
dekératine,
dontdépend
le niveau du besoin decystine,
n’est pas nécessairement la même entre les différentes souches de rats.En
définitive, lorsqu’on supplémente
la farine depoisson
par laDI,-méthionine,
à différents taux dans le
régime,
la vitesse de croissance maximum est atteinte avec12p. 100de
protéines
eto,6
à i p. 100de DI,-méthioninesupplémentaire
parrapport
aux
protéines,
alorsqu’en régime
nonsupplémenté
il faut r5 à z6 p. 100de matières azotées pour obtenir la même vitesse de croissance. Onpeut
en déduire que le besoin du Rat en acides aminéssoufrés,
dans les conditions de croissancemaximum, repré-
sente encore o,49 et o,54 p. 100 d’un
régime renfermant
4 ISO Kcaldigestibles/kg,
soit en moyenne 7o à 75 mg par
jour
dans l’intervalle depoids
50 g-300 g.Reçu pour
publication
enjuillet
z965.SUMMARY
ESTIMATION OF THE SULPHUR AMINO ACID REQUIREMENT OF THE GROWING WIIITE RAT
Sulphur
amino acidrequirement
ofgrowing
white rats was estimated in 2experiments
basedon the
principle
ofsupplementing
a naturalprotein, Norwegian
herring meal, with methionine,the first limiting amino acid of that
protein.
In the first experiment (A),lasting
56days,
maleWistar rats of 71 g initial weight were
given
diets with 8, 10, 12, 14 or 16 per centprotein
fromfish. With 8 and 12 per cent
increasing
amounts ofsynthetic
DL-methionine were added in relation to theprotein
content(o,
0.2, 0.4, 0.6 and o.8 per cent of theprotein).
The secondexperiment (B) lasting
28days,
was of similardesign
with rats of 59 g at the start. Four levelsofsupplementary
DL-methionine (o, 0.5, 1.0and 1.5 per cent of protein) were given with diets with 6, 9 or 12 per cent fish
protein. As
in the first experiment, diets with 15and 18 per cent protein also weregiven
to obtain maximum
performance by changes only
inprotein
content. The criteria chosen were rate ofgrowth
and retention ofnitrogen
estimated fromanalysis
of carcases.When methionine was added to diets with from 6 to 12 per cent crude
protein
growth rateand retention of
nitrogen
weresignificantly improved.
Maximumgrowth
after 28days,
5.4 g perday
in the first experiment and 5.7g in the second, were on the diet with 12 per centprotein,
and0
.6 and 1.0 per cent extra DL-methionine in the
respective experiments.
Thatgrowth
rate waspractically
the same as whenonly protein
content was changed, 5.5 g perday
with 16 per cent crudeprotein
in the firstexperiment
and 5.6 g with 15 per cent in the second. The amount ofsulphur
amino acids
(methionine
-f-cystine)
needed to balance the diet decreased, relative to theprotein,
as the
protein
content increased, 5 and 4 to 4.5 per cent,respectively,
for diets with 6 and 12 per centprotein.
Therequirement
for maximum growth was between o.49 and 0.54 per cent in a dietsupplying
4150 kcaldigestible
energy per kg, or on average 70 to 75 mg perday
in the intervalfrom 50 to !oo g.
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