FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
IDE BORDEAUX
ANNÉE 1895-96 NP 2
ESSAI CRITIQUE
SUR LA
LOMBO - PONCTION
Dans les affections du système neeveux cérébro-spinal
THESE POUR LE DOCTORAT El MEDECINE
PRÉSENTÉE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE 5NOVEMBRE 1895
PAR
Germain-Marie-Gaspard DEGROOTE
Elève duService de §antéde la Marine Né à Morbecque (Nord), le 16 Janvier 1873
EXAMINATEURS DE LA THÈSE :
MM. MASSE, professeur, président BOUCHARD, professeur, \
PRINCETEAU, agrégé,
(
Juges CANNIEU, agrégé, )Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faitessur les diverses parties del'enseignement médkal,
•>»<
BORDEAUX
IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE GAGNEBIN 72, Rue du Pas-Saint-Geo-ges, 72
FACULTÉ DE MÉDECINE k DE PHARMACIE DE BORDEAUX
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PROFESSEURS : MM. MICE.
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Le Secrétaire de laFaculté, L.EMAIRE.
Par délibération du 5 août 18~9, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans les thèses qui lui son
présentéesdoivent être considérées-sommepropresà leursauteurs et qu'elle n'entend leur donner niapprobation improbation.
ESSAI CRITIQUE
SUR LA
LOMBO-PONCTION
Dans les Affections du
Système
nerveuxcérébro-spinal
Historique.
La lombo-ponction,ponction-lombaire, ponction vertébrale, rachicenthèse,comme on l'a appelée, est une petite opération imaginée pour assurer
l'écoulement,
parl'espace sous-arach-
noïdien lombaire, du liquide céphalo-rachidien,
quand
il déter¬mine ou qu'il est supposé déterminer, parson
excès,
des phé¬nomènes de compressionencéphalique.
Elle fut faite pour la première foisenfévrier 1889,parEssex Wynter, répétée par
Hulke
en1890 et
parWynter
en1891.
Mais elle n'aétéconnue etappliquéed'une façonbien raisonnée qu'après la publication
de deux mémoires de Quincke (mai
1891). Aussiun grand nombre d'auteurs
considèrent
ce derniercommelepère de la méthode et
appellent la ponction vertébrale
la ponction de Quincke.
Quincke présentaiten mai 1891 avec une série de dixobser¬
vations, une étude complète de la ponctionlombaire,où ilexpo¬
sait les données anatomiques, qui sont la base de l'opération,
les recherches physiologiques sur les qualités physico-chi¬
miques du liquide retiré, la critique des résultais obtenus par la nouvelle méthode. Pendant deux ans la littérature médicale reste muette à ce sujet. Au Congrès de Kœnigsberg de 1893,
Lichtheim présente quinze observations; au Congrès de Wies-
baden tenu la même année, Ziemssen discute la valeur thé¬
rapeutique de la ponction lombaire, Ewald, Sahli, Naunyn
donnent les résultats de leurs tentatives personnelles. Quincke publie de nouvelles observations dans son mémoire intitulé Méningite séreuse. Butry dans sa thèse inaugurale donnecelles
de son maître Ewald. En 1894 viennent les publications de Freyhan, de Dennig, d'Heubner.
Enfin en 1895, on trouve toute une série detravaux très im¬
portants lus et appréciés à la Société de médecine de Berlin
par Fùrbringer et son élève Freyhan, Heubner, Senator,
Goldscheider. Et tout récemment, au Congrès de Lubeck, tenu
du 16au 24 septembre1895, la question mise à l'ordre du jour
est soumiseà de nouvelles appréciations par Quincke, Ziems¬
sen et Lenhartz.
A côté de ces nombreuses publications allemandes, il faut
citer les trop rares travaux français parus sur la question.
M. Chipault signale la ponction vertébrale dans ie premier
volume de ses Etudes de chirurgie médullaire: plus tard,
dans la Reçue neurologique, de janvier 1895, il décrit une mo¬
dification qu'il apporteà la technique opératoire. M. Weill pré¬
sente à la Société des sciences médicales de Lyon quelques
observations inédites, Lyon médical, février 1895. Enfin une leçon de M. Marfan, faite à l'Hôpital des Enfants-Malades, le 6 juin 1893, et une nouvelle observation sont rapportées dans la
thèsedeBesnard (Thèse, Paris, 1895): Sur les
tentatives chirur¬
gicales dans le
traitement de la méningite tuberculeuse.
Enfin un auteur anglais, M. Pasteur,
publie
uncertain
nombre de cas de méningite tuberculeuse observés au
Miclcllc-
sex-Hospital, et traités parla ponction et le drainage lom¬
baires (the Lancet, 1893).
Cet historique déjà long, pour une
opération qui date de
hier, se divisetout
naturellement
endeux parties
:l'une
com¬prend les travaux
qui
ontété communiqués
auCongrès de
Wiesbaden en avril 1893; l'autre, ceux qui ont été
lus
àla
Sociétéde médecine de Berlin etau Congrès de Lubeck, avril
et septembre 1895. Chacune
de
cespériodes étudie
uncôté de
la question : le
Congrès
deWiesbaden discute la valeur théra¬
peutique delà ponction
lombaire, tandis qu'en 1895
ons'occupe
spécialement de la valeur
diagnostique. Nous suivrons dans
notretravail lachronologie des faits. Dans un
premier chapitre
nous passerons en revue : 1° les
données anatomiques qui
donnentà la question tout son intérêtpratique;
2° l'opération
enelle-même. Dans le second nous examinerons la valeur théra¬
peutique de la
nouvelle méthode. Dans le troisième
nousexamineronssa valeurdiagnostique .Un quatrième et
dernier
chapitre renfermerales conclusions.
- 8 -
CHAPITRE I.
I. — Considérations Anatomiques.
L'étude anatomique de la ponction lombaire comporte l'examen des troispoints suivants:l°lacommunication des es¬
pacessous-arachnoïdiens spinaux avecles espaces sous-arach¬
noïdiens cérébraux et lescavitésventriculaires, 2° ladescription
du cul-de-saclombaire, 3° les moyensd'atteindrececul-de-sac.
A l'étatnormal la communication des espaces sous-arachnoï¬
diensavec les ventricules cérébraux est absolumentprouvée.
Tous lesanatomistes sontd'accord pour reconnaître l'existence
du trou de Monro qui met en rapport les ventricules latéraux
avec le troisième ventricule. Celui-ci d'un autre côté se conti¬
nueavecle quatrième ventriculeparl'aqueducdeSylvius;quant
auxtrous de Magendie et de Luschka, niés par Cruveilhier,
Reichert et Kôlliker qui les considèrent comme des accidents de préparation, les injections de Marc Sée, les coupes de
C. Hess, les dissections de A. Mouret ont démontré d'une ma¬
nière irréfutable qu'ils faisaient communiquer le quatrième
ventricule et par lui, le ventricule moyen et les ventricules latéraux, avec les espaces sous-arachnoïdiens cérébraux.
Nous avons recherché et trouvé cette communication au
— 9 —
moyen du simple
dispositif suivant
:Un trocart est introduit
auniveau du troisième ou quatrième espace lombaire ;
le mandrin
retiré et le liquide céphalo-rachidien
écoulé, la canule est
mise en communication avec un flacon rempli d'un liquide
coloré. Enélevant le flacon à une hauteur suffisante (70 centi¬
mètres à peu près), on voit le
niveau du liquide baisser. Si
alors on ponctionne le
ventricule latéral,
onvoit le liquide
s'échapper sousforme de jet,
si la pression est
assezforte,
sousforme de grosses gouttes si l'on baisse un peu
le flacon,
suivre en un motdans le ventricule les mêmes oscillations que dans leflacon. Doncphysiologiquement le
cul-de-sac lombaire
communique avec les cavités
ventriculaires du
cerveau.Maisce qui est vrai à l'état normal,
rest-iltoujoursàl'étatdc
maladie. Lestrousde Monro, deMagendie, l'aqueduc
de Sylvius
ne peuvent-ils être ferméspar des
productions pathologiques?
Voici ce que répondent l'expérimentation d'une part,
la clini¬
que de l'autre :
Morton, par une méthode spéciale
de'dissection
arecherché
l'état du trou de Magendie et conclut quedans la
méningite
tu¬berculose, letrou de Magendied'ordinaire n'estpas
rétréci;
quedans le cas d'épaississement de la membrane qui entoure ce trou, le rétrécissement de l'orifice
n'empêche jamais l'écoule¬
ment du liquide ventriculaïre. M. Colrat, pardes
injections de
solutions au prussiate jaune de potasse sur un
grand nombre
de sujets morts de méningite tuberculeuse, a
démontré l'exis¬
tence constante des communications ventriculaires et sotis- arachnoïdiennes.
Quant à la clinique, sur 150 observations elle nous
présente
deux exceptions à larègle; un cas de Quincke :
fermeture de
l'aqueduc de Sylvius dans une méningitechronique
; un casde
Keen : fermeture du trou de Monro avec hydrocéphalie unila¬
térale consécutive. Enfin les cas d'hydrocéphalie décrits à la
2¥
suite des opérations de
spina-bifida, démontrent également la
communicationlibre et entièredes espaces
sous-arachnoïdiens
etdes ventricules cérébraux, dans ces cas
pathologiques.
La description du cul de sac
lombaire
ne setrouve dans
aucun traité d'anatomie. Sappey parle «
d'une
sortede réser¬
voir formé par
l'arachnoïde
auniveau des nerfs de la
queuede cheval, et dans
lequel s'accumule le liquide céphalo-rachi
¬ dienenplus oumoinsgrande quantité.
»Morel etDuval nesignalentqu'une
«vastepoche formée autour
des nerfs de la queue de cheval », et
Beaunis et Bouchard dé¬
crivent sommairement une « sorte d'ampoule que
forme le
canal sous-arachnoïdien, pour entourerlaqueue
de cheval».
Quant à Testât, il n'en parle
même
pas.Seul, M. Tribondeau
(Th. Borcl 94), en donne une
bonne description. Cependant la
préparati >ndu
cul de
sacest
assezfacile quoique un peu déli¬
cate. Il nous a suffi d'enlever les parties
molles qui entourent
la colonne vertébrale, de faire sauter
les lames vertébrales
lombaires de chaquecôté, de séparer avec
précaution, à l'aide
de deux pinces, la
dure-mère,
pourvoir apparaître tendu, par¬
la position
inclinée du sujet, le cul de sac lombaire, et par
transparence le
liquide céphalo-rachidien, tantôt rosé, tantôt
violacé.
Le cul desac, quicommence en
haut
auniveau de la 2e lom¬
baire chezl'adulte, de la 3echez
l'enfant,
secontinue librement
avec les espaces
sous-arachnoïdiens dorsaux, s'étend en bas
jusque dans
le
sacrum ouil
nedépasse pas la profondeur de
1 à 2 centimètres. Sa forme régulièrement
cylindrique présente
une largeur moyenne
de
1 c.06,
avec unléger renflement au
niveau de l'espace
lombo-sacré (1
c.08
enmoyenne); au des¬
sous, le cylindre se
rétrécit très rapidement pour se terminer
en fuseau.
La disposition des
nerfs dans l'intérieur du cul de sac va-
— 11 —
rie avec l'âge. Chez
l'enfant ils forment deux faisceaux laté¬
raux, entre
lesquels existe
unesorte de canal médian de 5 à 6
mill. de large, où
s'accumule le liquide céphalo-rachidien.
Chez l'adulte, cette
symétrie n'existe plus. Mais dans les
deux cas, comme
les nerfs s'échappent régulièrement par
paires, et que
le diamètre du cul de sac ne diminue pas, il
s'ensuit que plus on
descend, moins on a de chances de ren¬
contrer unnerf, et plus le
réservoir est grand en réalité, bien
que ses
dimensions
nechangent pas.
Il ne nous reste plus
qu'à parler des espaces inter-lamel-
laires, par où
doit
passerle trocart ou l'aiguille dans la ponc¬
tion etqui sont
comblés
parles ligamentsjaunes. Quinckeles a
mesurés sur trente squelettes
d'adultes et d'enfants, et voici la
description qu'il en
donne
:Chez l'enfant, ils sont
relativement plus grands, ovales ou
losangiques; chez
l'adulte, ils ont
uneforme un peu différente
caries apophyses épineuses
s'inclinent avec l'âge et recouvrent
plus ou moins
l'espace sous-jacent
;enfin ces dispositions va¬
rient avec les individus. En général,
le premier et le second
sont plus petits que
les suivants. Le 5° est moins haut mais il
est plus
large';
leursdimensions varient de 18 à 20 mil. dans
le sens horizontal, de 10 à 15
mil. dans le
sensvertical. Pres¬
que toujours l'espace
est
assezgrand pour laisser pénétrer
l'aiguille. »
— 12 —
II .
Technique opératoire
Dans trois mémoires successifs, Quincke a précisé les dé¬
tails du manuel opératoire de la ponction fombaire. Dans sa dernière publication (septembre 1895), il écrit :
« J'emploie des canules de 3à 7 c. de long, et de00,6 à00,1
mil. d'épaisseur, qui ne servent qu'à cet usage. Ces
canules
sont pourvues d'un mandrin, qu'on
retire après
quel'on
a pénétré dans le canal et qu'onremplace
par unpetit appareil
servant à mesurer la pression du liquide, et la quantité éva¬
cuée. Le patient est couché sur le
côté, les jambes repliées
sous le corps, et la colonne
vertébrale aussi recourbée
que possible; la régionlombaire est désinfectée
commeà l'ordi¬
naire. Dés qu'on a reconnu
les vertèbres lombaires, il est facile
de marquer d'un trait du
côté gauche leurs parties horizon¬
tales. Chez les enfants, l'aiguille doit pénétrer sur
la ligne
médiane, chez lesadultes à 5 et 10 mill. à droite
ouà gauche
de la ligne médiane, et
être orientée de façon à l'atteindre
quand elle
rencontrera la dure-mère
;on choisit le deuxième
ou le troisième espace ; quand on
rencontre l'os,
onretire lé¬
gèrement le trocart, on
l'incline de façon à le faire glisser sur
la lame vertébrale et on pénètre facilement
dans le canal.
Quand on a la
sensation d'y avoir pénétré (ce qui arrive chez
l'adulte à la profondeur
de 4 à G c.),le mandrin est retiré, et
dés que le
liquide apparaît, remplacé par le petit appareil des¬
tiné à mesurer la
pression. Quand le liquide n'apparaît pas
immédiatement il faut
enfoncer ou retirer légèrement la ca¬
nule, ou
bien lui imprimer des mouvements de latéralité en
s'en servant comme
d'un levier pour écarter les racines ner¬
veuses011 les débris
arachnoïde "qui pourraient boucher l'ou¬
verture. Je 11e fais
jamais d'aspiration comme Ftirbringer et
c'est peut-être
à cela
queje dois de ne pas avoir observé les
accidents que relate
cet auteur. La ponction est terminée quand
l'écoulementdevient
très lent,
onbien quand la pression s'est
abaissée à 40mill. ou au
dessous. Il faut l'interrompre plus tôt.
Si le sujet accuse une
sensation gênante, céphalalgie, par
exemple.
Lorsquela pression, abaissée par laponction, se repro-
duitplusou
moins vite,
cequ'on remarque facilement, je cherche
à assurer un
écoulement plus durable, en fendant la dure-
mère. Pour cela
j'emploie
unpetit couteau en forme de lan¬
cette (une
lancette de 4 mill. de large) que j'introduis aux lieu
et place de
la canule, et avec lequel j'exécute alors un petit
mouvement de façon
à
couperl'espace interlamellaire sur
toute sa hauteur.
Ordinairement quelques gouttes de liquide
céphalo-rachidien sortent par cette ouverture ; mais le plus
souvent
apparaît
unœdème plus ou moins prononcé de la ré¬
gion
lombaire
;jamais l'ouverture de la dure-mère 11e fut suivie
d'accidents.
La piqûre et
la plaie faite par le petit couteau sont fermés
avec du collodion
iodoformé
».Telle est la technique
de la ponction lombaire comme la
décrit Quincke dans sa
dernière communication au Congrès
de Lubeckr.
Quelques auteurs
ont essayé de modifier certains détails.
— 14 —
Ainsi Chipault aproposé de ponctionnerle cul-de-sac lombaire
par l'espace lombo-sacré. Il en donne plusieurs raisons excel¬
lentes et qu'on peut facilement vérifier sur le cadavre:
1° Le cul-de-sac a des dimensions plus considérables que
partout ailleurs. (18 milimêtres au lieu de 16, comme nous l'avons vu plus haut) ;
2° Il ne renferme plus que quelques filets nerveux accolés
sur ses parties latérales, tandis que sa partie médiane est occupée par le cul-de-sac arachnoïdien inférieur, véritable
réservoir du liquide céphalo-rachidien;
3° Les points de repaire sont d'une netteté remarquable ;
a. 5° Apophyse épiueuse lombaire, (en haut) ; b. lre Apophyse sacrée, (en bas).
c. Pour p'us de sûretéonpeut rechercherla surface osséuse
ovalaire sous cutanée, qui fait suite à la crête iliaque et qui est située au niveau de la première apophyse sacrée.
D'autres modificationsdoivent être signalées :
\daspiration proposée par Fiirbringer et abandonnée d'ailleurs à la suited'accidents, syncope, convulsions, céphalié, reprise par Goldscheider qui la limite aux premiers temps
de l'évacuation, ne sert plus que pour les ponctions explora¬
trices.
Le drainage a été proposé par Sahli de Berne pour per¬
mettre l'écoulement continu du liquide dans les cas où Quincke
faisait l'incision de la dure-mère. Il a employé des tubes de caoutchouc mou, des canules métalliques; il déclare que la technique est facile et les résultats satisfaisants. Néanmoins il reconnait que les instrumentssebouchent souvent et qu'il fau¬
drait essayer uneouvertureplus large. Aussi veut-il mieuxavec
EssexWynteret Pasteur (àMiddlesex-Hospital) établir un drai¬
nage avec des crins de cheval. La ponction suivie d'injection,
recommandée par Von Ziemsen, à la suite d'expériences sur
le cadavre, étépratiquée par lui sur le vivant;
il
ainjecté
unesolution iodée légère; les résultats manquent.
Goldscheider
dans un cas de contracture, a injecté une solution stérilisée
de cocaïne sans aucun résultat.
Ces injections d'un liquide médicamenteux nous
semblent
très importantes au point de vue de l'avenir
thérapeutique de
laponctionlombaire. Malheureusement
le liquide modificateur,
les conditions qu'il doit remplir, tout estencore
à
trouver. Lemode d'injection même, si l'on excepte les précautions
qu'il faut
toujours prendre quand il s'agit d'une cavitéclose, n'est
pas complètement déterminée. Dans ses essais surle cadavre,
Ziemssen déclare qu'avec unepression de 700millimètres d'eau
le liquide colarant ne dépasse pas les espaces
sous-arachnoï-
diens sous cérébelleux. Nous avons répété l'expérience avec cette pression de 700 millimètres, en mettant le sujet dans -la position indiquée par Quincke; une couronne de trépan appli¬
quée au niveau delà partie supérieure de la scissure de Rol-
ando laissa échapper après incision de la dure-mère, une cer¬
taine quantité quantité de liquide coloré. Une ponction du
ventricule latéral laissa écouler une notable proportion de li¬
quide et l'écoulement continuaavec une pression de 400 à 450
millimétrés. Par conséquent, avec une pression assez faible,
mais lente, après ponction du ventricule, il serait possible
de faire passer un courant de liquide depuis le cul-de-sac lom¬
baire, jusque dans les ventricules cérébraux, de faire unesorte
de lavage de tout l'espace sous arachnoïdien. L'opération est-
ellepossible sur le vivant, et si elle l'est, pourra-t-elle donner
des résultats ? L'avenirnous le dira peut-être.
La question de matériel est secondaire; tout instrument
servant pour la ponction pleurale ou péritonéale peut servir.
Quincke emploie une série de trois canules avec mandrin de différente grosseur auxquelles on peut adapter son appareil
— 16 —
enregistreur des
pressions. M. Chipault
sesert d'un trocart
de deux millimètresdediamètreintérieur etde dix
centimètres
de longueur; gradué pour
mieux apprécier le degré de péné¬
tration, et d'une
aiguille pouvant remplacer le mandrin et
permettant les
injections médicamenteuses.
Naunyn préfère une
aiguille tranchante, et Von Ziemssen
l'aiguille de Dieulafoy.
Quant à Frânkel, Freyhan, Ewald,
Furbringer, ils emploient
la seringue de Pravaz munie d'une
aiguille plus longue et
plus forte.
Faut-il endormir le malade. — Non, nous dit M.
Weill,
parce qu'ilest le plus souvent
dans le
coma. — non. nousdit
Chipault, parce que la piqûre est
insignifiante. Les auteurs
allemands sont d'avis qu'il ne faut donner le
chloroforme
qu'aux maladestrès abattusmais conscients,
pouréviter les
contractions brusquesde la masse sacro-lombaire au momen
de la piqûre. Ensomme peu importe,
l'anesthésie
nechange
rien au résultat_ final.
Il nous reste maintenantà apprécier l'opération en elle-même,
en tant que techniquesans rien préjuger
de
sesrésultats, c'est-
à-dire examiner sesdifficultés et ses dangers.
Ses difficultés? Chipault, Weill, déclarent que l'opération
est d'une simplicité remarquable, etque quelques
essais cada¬
vériques suffisent pour apprendre à la
faire convenablement.
Si on rencontre une lame vertébrale on incline l'instrument
et on le fait glisser de bas en haut. Le liquide ne
s'écoule
pasetpourtanton est dans lecanal?il suffit de retirer ou
d'avancer
l'aiguille, à la faire basculer suivant lesconseils
deQuincke,
ou même de recommencer l'opération. En un mot, d'après
tous les auteurs français ou étrangers, la ponction rachidienne
estencore plus facile que la ponction pleurale. Quant
à
ses dangers, ils sont assecnombreux quoique faciles à éviter. Ils
— 17 —
tiennent d'une partà la
pénétration du trocart, d'autre part à
l'issuedu liquide.
Sans parlerde
l'infection méningée que la chirurgie antisepti¬
quedoit
savoir éviter, le trocart peut déterminer une hémor-
rhagie veineuse, ou
blesse
unnerf. L'hémorrhagie qui
semble tant à craindrequand on
examine
surle cadavre injec¬
té, les grosses et
nombreuses veines intra-rachidiennes, est en
réalité très rare et toujours peu
considérable. Quant aux
blessures nerveuses, elles sont
également moins fréquentes
qu'onne le
croirait. Ces nerfs, baignant dans le liquide cépha¬
lo-rachidien, fuient devant
la pointe, et quand on essaie de les
piquer surle
cadavre,
onest tout surpris du nombre de fois
qu'il faut répéter
l'expérience avant d'avoir réussi. Et en tout
cas, quand
l'accident arrive
surle vivant,il est de peu d'impor¬
tance, car tout se
limite à des douleurs et des contractures du
membre inférieur qui disparaissent
rapidement et
sanslaisser
de traces.
Tout autressont les accidentsdûs à l'issue
du liquide cépha¬
lo-rachidien. Nous laissons de côté les cas
où tout
seborne
àune élévation passagère de la
température,
unecéphalée
plusou moins intense, une
arythmie du pouls, des convul¬
sions plus oumoins
généraliséés, tous phénomènes qui se cal¬
ment au bout de quelqnes heures ;
mais
on anoté des cas
graves. Plusieurs
fois la ponction vertébrale a été suivie par
la mort subite après hyperthermie
considérable, petitesse du
pouls, lenteur de
la respiration. Tels sont les cas de Quincke,
(hydrocéphalie
simple, méningite tuberculeuse,) celui de Lich-
theim(tumeurcérébrale), ceux
deWahl, (tumeurs cérébrales).
Ces accidents foudroyants seraient dûs
d'après
cesauteurs, et
d'après M. Chipault
à l'écoulement trop rapide et trop abon¬
dant du liquide
céphalo-rachidien. D'où l'indication, dans les
casd'évacuationd'hydrocéphalie
considérable, d'interrompre de
3 -K
•
— 18 —
emps en temps
l'écoulement comme dans les ponctions de
pleurésie et
d'ascîte.
Cependant il ne
faut
pasegaxérer la fréquence et la gravité
des accidents : laponction
vertébrale faite
avecprécaution est
une opération
simple, facile,
nenécessitant ni matériel coû¬
teux, ni grande
expérience chirurgicale.
- 19 —
CHAPITRE II
Valeur
thérapeutique de la lombo-ponction.
Lorsque Quincke publia ses
premières observations
surla
ponction lombaire, on se
crut
enpossession d'un moyen ra¬
dical, pour guérir les
affections qui
setraduiseut
parune
augmentation dépressionintra-rachidienne. Anssi pendant les
deux années qui s'écoulèrent entre
la communication de
Quincke en mai 1891, et le congrès
de Wiesbaden
en1893,
la nouvelle méthode fut expérimentée dans une
foule de
ma¬ladies où l'on admit a priori, avec plus ou
moins de raison,
l'existence de cette augmention de pression.
Nous
passeronssuccessivement en revue toutesles tentatives, et nous
étudie¬
rons dans un paragraphe
spécial les résultats obtenus dans
troisgroupes d'afiections :
les
tumeurscérébelleuses ou céré¬
brales, l'hydrocéphalie, les
méningites.
Ie Essais divers.
Les ponctions faites dans
l'urémie à forme cérébrale, par
Lichtheim, Ziemssen, n'ont
donné
aucunrésultat
;même dans
les cas où la tention artérielle était très élevé, il
s'est écoulé
— 20—
à peine
quelques gouttes de liquide; ancun changement n'est
survenu dans l'état du
malade.
Dansl'encéphalite
infantile (Quincke, Frankel) la sclérose
enplaques,
le tabès, la porencéphalie, les myélites chroniques.
(Ftirbringer) les résultats ont été complètement nuls. Nous de¬
vons signaler
aussi
un casd'épilepsie, traité par M. Chipault au
moyen de
la ponction vertébrale, Le nombre des crises qui
avant l'opération
était de 5â6par jour, est tombé à 1 par se¬
maine. L'observation
commencée il y a plusieurs mois continue,
l'amélioration se
maintient. Il serait intéressant de savoir si
l'épilepsie
qui est souvent heureurement influencée par les
opérations
chirurgicales, quelles qu'elles soient, ne serait pas
considérablement
améliorée sinon guérie, par l'application
rationnelle de la
lombo-ponction.
2e Résultatsdansles tumeurs,
l'hydrocéphalie,
les méningites.
Tumeurs. Les
phénomènes de compression cérébrale que
l'on observe dans les cas
de tumeurs intra-craniennes peu-
veuvent tenir au
développement de la tumeur elle-même ou
à la production
exagérée du liquide céphalo-rachidien. Le
plus
souvent les deux facteurs interviennent. Quand il s'agit
de tumeurs cérébelleuses
la compression des veines de Ga-
lien,
détermine
unehydrocéphalie considérable, cause prédo¬
minante des
phénomènes
quel'on observe. Mais quand le
néoplasme
siège ailleurs qu'au cervelet, s'il peut encore pro¬
duire
l'hydrocéphalie,
par unautre mécanisme, l'irritation de
l'arachnoïde il peut
aussi devenir l'unique agent de la com¬
pression
encéphalique, comme dans le cas de sarcome diffus
delapie-mère
signalé
parLichtheim.
Il est
malheureusement impossible, dans la pratique de
— 21 —
faire la partde ce qui
revient à la tumeur, et de
cequi revient
auliquide, dans
les phénomènes de compression. Cependant
comme dansla majorité des cas,
c'est surtout le liquide qui
est en cause, que d'un autre
côté, la ponction est une opération
insignifiante comme
technique, il vaut mieux toujours
ponctionner.
Les bénéficesimmédiats de
l'opération sont des plus appré¬
ciables. Dès que
l'évacuation du liquide céphalo-rachidien est
terminée, le comaou
l'hébétude disparaissent, la température
revient à la normale, lepouls et
la respiration
serégularisent,
la pupille
réagit et la cornée reprend sa sensibilité. Le liquide
se' reproduitplus ou
moins vite, les phénomènes reparaissent
mais rien ne s'oppose à une
nouvelle ponction. Quincke cite
plusieurs cas
où elle fut répétée jusqu'à six fois. Heubner pu¬
blie une observation où elle
fut recommencée trois fois, à huit
jours
d'intervalle,
avecdes améliorations telles que l'enfant,
dansle comaavant la
ponction, pût déclamer une petite pièce
de vers. M. Chipault
rapporte également
uncas de tumeur cé¬
rébelleuse, où par
trois ponctions successives, il put maintenir
le malade dans un état
satisfaisant, la quatrième ne fut suivie
d'aucun résultat et le
malade
nefut
pasramené.
La durée de l'amélioration
n'est jamais bien considérable :
de quelques
semaines à quelques mois ; il arrive un moment
où l'opération ne
produit plus aucun eflet, et le malade suc¬
combe aux progrès de son
néoplasme. Mais supprimer les
phénomènes
de la compression encéphalique pendant les der¬
nières semaines que le
malade
aà vivre, c'est déjà un résultat
qui n'estpas
à négliger.
Que dirons-nousdes cas,
où malgré le diagnostic de tumeur
vérifié à l'autopsie, la
lombo-p onction
aété négative,J? (cas
deLichtheim, cas de
Furbringer, tumeur du lobe pariétal gau¬
che,cas de
Frankel
:diagnostic hésitant entre une méningite
_ 22 —
et une encéphalite, à
l'autopsie, tumeur du lobe frontal). Ils
prouvent
simplement
quela clinique est impuissante à recon¬
naître les compressions
cérébrales
partumeurs solides des
compressions par masse
liquide, et que dans ces cas, la ponc¬
tion peut être
faite à titre de ponction exploratrice.
Nous parlerons dans ce
paragraphe d'une affection qui ne
devrait pasêtre
rattachée
auxtumejrs proprement dites: les
tumeurs syphilitiques. Il est assez rare que
la syphilis céré¬
brale s'accompagne
d'épanchement intra-ventriculaire. Néan
moins deux observations de Quincke,
trois de Fûrbringer dé¬
montrent clairement que cet
épanchement
peu seproduire ;
peu nous importe
d'en saisir le mécanisme, irritation arach-
noïdienne ou compression veineuse ;
il suffit de constater qu'il
y a des cas de
compression encéphalique par hydrocéphalie
consécutive aux tumeurs syphilitiques.
Et
cequ'il
y ade re¬
marquable, c'est que la
ponction
endonnant issue au liquide
(jusqu'à 90
c.m3. dans
uncas)
apermis de faire face audan-
ger du moment, et
donné
autraitement spécifique le temps
de produire son effet.
Hydrocéphalie. — Dans ce
paragraphe, nous aurons sur¬
tout en vue l'hydrocélaphie
congénitale et acquise. Depuis
longtemps on a essayé
d'évacuer le liquide céphalo-rachidien
dansl'hydrocéphalie
congénitale. Nons n'avons
pasici à passer
en revue toutes les méthodes qui ont
été employées
ni à en apprécier les résultats.
Qu'il
noussuffise de
dire que laponction lombaire est
certainement la plus simple.
Quant à ses résultats les voici : Dès que
le liquide céphalo-
rochidiens'est écoulé, on voit les fontanelles s'affaisser, peu
à
peu les convulsions
deviennent plus
rares,la vision s'améliore.
Maie l'effet delaponction est très passager,
cinq
ousix jours
après, le liquide s'est
reproduit,
par unenouvelle ponction les
symptômess'atténuent encore.
Cependant
aubout d'un certain
nombre de ponctions,
le malade
neretire plus aucun bénéfice
del'opération
où bien il meurt de tuberculose. Quelle que soit
eneffetlathéorie
qu'on admette pour expliquer l'hydrocéphalie
congénitale,
il
restecertain que le point de départ le plus or¬
dinaireestun état
défectueux de l'encéphale. Or la ponctionne
sauraitrefaire la substance
cérébrale, et réussît-elle à guérir
radicalement les
symptômes de compression, ce qu'elle ne
fait pas
toujours, elle
nesaurait faire vivre les fonctions absentes
de par le
développement embryonnaire. D'un autre côté les
cas où
l'hydrocéphalie congénitale traitée par les ponctions,
aétésuivie de
tuberculose sont très nombreux. Faut-il admettre
iciune relation de cause
à effet? faut-il croire que les tuber¬
cules existaient
déjà avant la naissance et qu'ils ont été là
cause de
l'hydrocéphalie congénitale. Toujours est-ii que la
lombo-ponction
n'a donné aucun résultat appréciable. Même
dans les cas ou la
maladie, affecte une marche extrêmement
lente,
entrecoupée de poussées aiguës, la ponction lombaire
n'a pas
produit d'effet pallatifbien réel.
Dans
l'hydrocéphalie acquise les résultats semblent être
un peu
meilleurs. Quincke cite l'observation d'un garçon de
9 ansqui fît une
chute sur la glace, et chez lequel cinq jours
après,
commencèrent à se manifester des symptômes de com¬
pression
cérébrale. Deux ponctious furent faites, donnant issue
à environ 60
c.m3. de liquide. L'amélioration ne fut pas im¬
médiate, mais au
bout de quelques jours, elle fut considérable.
Quincke cite encore
le
casd'un garçon de 8 1/2, chez lequel se
développa
lentement une hydrocéphalie avec phénomènes
aigus survenus
brusquement. La ponction amena une amé¬
lioration très
notable. D'autres observations, d'Ewald, de
Butry, de Ziemssen,
tendent également à prouver que dans
l'hydrocéphalie acquise, la lombo-ponction est à recom¬
mander.
— 24 —
Enfin il yadescas
d'hydrocéphalie où la marche chronique
estmarquéede temps
à
autre pardes poussées aiguës d'hy¬
persécrétion
séreuse.La ponction fait cesser la crise, et permet
le retouràl'état chronique antérieur.
Comme exemples citons
quatre
observations de Quincke, dont les résultats inconnus
dansdeux cas, ont été
excellents dans les deux autres ; et une
observation de M. Chipault, relative
à
uncommis
enlibrairie,
atteintd'hydrocéphalie,et
qui
enl'espace d'un an, eut «quatre
crisescaractérisées parde l'hébétude
profonde, et de la cépha¬
lée généralisée sans
tempérarure. La ponction fit disparaître
chaque fois ces
accidents et dans l'intervalle des crises le
maladefûtassez bienpour pouvoir
remplir
avecintelligence les
travaux de sa profession. »
Nous placerons ici
les hydrocéphalies consécutives aux in¬
terventions chirurgicales. Quel est
leur mode de production ?
Ya-t-il méningite u? En tous cas,
il n'y
a pasinfection.
Les observations d'hydrocéphalie
consécutive
âl'opération
du spina-bifîda, et
traitée
parla lombo-ponction sont très
rares. Nousn'avons trouvé publiée que
celle d'Ewald, où l'on
fît deux ponctions; le sujet
mourut de tuberculose, de sorte
que nous ne pouvons
rien conclure.
M. Maurice Pollasson (Lyon) écrit dans
la Semaine médi¬
cale de 1893, p. 814.
Certains accidents mortels, consécutifs
à des interventions
de la chirurgie
crânis-enciphalique, paraissent dus à une hy-
persécration
du liquide céphalo-rachidien, à l'augmentation
de pression qui en
résulte, et à cette pression s'exerçant sur
le bulbe. Jeles ai observés dans deux cas, un cas
de drainage
capillaire de
la cavité crânienne chez
unenfant atteint d'hydro¬
céphalie, et un cas
d'extirpation d'une tumeur pulsatile de
crâne en rapport avec le sinus
longitudional supérieur qui fut
ouvert. La mort survint dans lesdeuxcas avec
les symptômes
- 25 -
suivants : état comateux, élévation considérable delatempéra¬
ture (uncas42el. ) accélération du pouls et de la respiration,
pas de contracture, ni convulsions, ni vomissements. A
l'au¬
topsie pas de méningite,
d'encéphalite,
maisaugmentation de
la quantité deliquide céphalo-rachidien. La conséquence pra¬
tique : on pourra songer à donner un
écoulement plus
oumoins large au liquide céphalo-rachidien. »
En résumé la ponction vertébrale, n'est pasà employer
dans l'hydrocéphalie congénitale.
Seules les poussées aiguës
des hydrocéphalies chroniques, et les
hydrocéphalies consé-
cuti /es aux interventions chirurgicales, semblent devoir en bénéficier.
(c) Méningites. — A
l'exception de
rarestentatives de
Ziemssen, dans la méningite
cérébro-spinale épidémique, de
Quincke, Ewald, dans les
méningites traumatiques
;de Fur-
bringer dans deux cas de
méningite otique, toutes
sans aucunsuccès d'ailleurs, la grande
majorité des observations
se rap¬portant à l'infection
méningée, ont trait à la tuberculose.
Sinousjetons un coup
d'œil
surla symptomatologie de la
méningite, nous voyons
qu'elle
sedivise
asseznettement en
3 périodes : une phase
prémonitoire,
unepériode d'excitation
et unepériode de
dépression
oude
coma.Pendant la première,
les méninges irritées,
sécrétentenabondanceduliquidecéphalo-
rachidien, qui, par 'son
action compressive
outoxique déter¬
mine l'apparition des
phénomènes de la deuxième et troisième
période. Dès lors, rien de
plus rationnel
quede combattre ces
symptômes,par
l'évacuation du liquide
enexcès, parlalombo-
pontion.
Des nombreuses opérations
de Quincke, de Fiirbringer
(37 cas), Lenhartz, Ziemssen,
Heubner, etc., en Allemagne, il
résulte que la ponction
lombaire diminue l'intensité des symp¬
tômesd'une manière trèsappréciable.— Pasteur,
du Middlesex
4 *
Hospital, a
traité plusieurs
cas parla ponction et le drainage
lombaires, avec
amélioration passagère. Dans les trois cas
que M. Weill a eu
l'obligeance de nous communiquer, la mort
est arrivée quelques heures
après la ponction. De même dans
trois cas de M. Colrat, et un cas
de M. Rabot. D'un autre côté
Lichtheim prétend que dans
15
casoù il
afait la ponction, ses
malades n'en ont retiré aucun
bénéfice, même
passager. — D'autre pirt, quefaut-il
penserde
cesdeux cas publiés l'un
Freyhan, l'autre par
Goldscheider de méningites tuberculeuses
guéries? Que le
symptôme
adisparu probablement, mais que
la maladie n'est pas complètement
guérie et
quesûrement la
ponction
lombaire unique qui fut faite n'a pas été la seule cause
des résultats.
D'ailleurs entre ces deux extrêmes : pas
de résultats et
guérison, se trouve
la vérité
:toutes les observations publiées
par M.
Weill, M. Besnard, Quincke, etc., à l'exception de
celles de Lichtheim
mentionnent des résultats immédiats
appréciables :
cessation des vomissements, de la raideur de la
nuque,
régularité du pouls, abaissement de la température,
diminution de la céphalée. Tous ces
phénomènes ont été amen¬
dés pendant un temps
plus
oumoins long, depuis quelques
heuresjusqu'à
plusieurs jours, suivant que la ponction était
faite avant ou pendant le coma.
Cependant
enaucun cas, la
ponction
n'a
eu aucuneaction sur la marche de la maladie.
Faut-il pourcela
rejeter la ponction lombaire dans la mé¬
ningite ? Non, nous sommes
absolument de l'avis de Heubner
quidit :
Quand dans
uneaussi terrible maladie, où l'on prévoit
deux àtrois semainesà l'avance,
la mort d'un enfant qui est à
peine
souffrant
pour ceuxqui l'entourent, l'on a sous la main
un moyen qui peut
atténuer les douleurs de l'un et les angois¬
ses des autres, on doit
l'utiliser. N'employons-nous pas, dans
le même but les saignées, les
narcotiques et d'autres moyens,
— 27 —
sans avoir aucune illusion sur leurs
résultats thérapeutiques?
Dans un travail intitulé : Meningitis serosa,
Quinke décrit
' des poussées aiguës
d'hypersécrétion séreuse, chez des indi¬
vidus à encéphale normal,
semblables à celles qu'on observe
chez les individusà encéphale défectueux.
Ce n'est
pasle cas
d'en discuter icil'existence; disons
cependant
queM. Chipault,
trouve que les
observations de Quincke« sont sujettes à cau-
t
tion et que dans toutes ou presque toutes, la crise aiguë dont
ce dernier auteur fait toute la
maladie,
a eu unsubstratum
chronique ou
congénital passé plus
oumoins inaperçu. » M.
Weillnousdit qu'il n'a pas eu
l'occasion de voir des cas de ce
genre et qu'il
n'en
apasla moindre idée.
—Quoi qu'il en soit
peu nousimporte,
il suffit de constater que dans les quatorze
obserservations qu'il présente,
Quincke
atait la ponction dans
la moitié des cas, que la
guérison est survenue aussi souvent
parle traitement
ioduré mercuriel que lorsqu'il y eut ponction,
et que celle-ci ne
fut jamais employée seule, de sorte qu'on
peut parfaitement
rapporter tous les succès au traitement con¬
comitant.
Quelleappréciationporterons-nous
maintenant sur l'ensemble
des résultatsthérapeutiquesde
la ponction lombaire ? sa valeur
curative est desplus
discutables; l'opération n'a à son actif au¬
cun cas de guérison qui
sontienne l'examen des faits. Dans les
observations de Frehyanet de
Golescheider où le malade guérit
de saméningite, les auteurs
eux-mêmes ne croient pas devoir
attribuer la guérison à la
ponction unique qu'ils ont faite.
ç
Quant à la valeur palliative, elle est réelle : dans l'hydrocé¬
phalie
consécutive
auxtumeurs, elle est incontestée; dans l'hy¬
drocéphalie
congénitale,
sonutilité est diversement appréciée
par les auteurs
.Tandis
queM. Chipault écrit, que l'effet palliatil
produitn'a en
réalité
pasla moindre valeur thérapeutique, la
généralitédes
auteurs allemands déclare en avoir retiré de bons
r
— 28 —
effets, assez durables
même ^plusieurs mois), à la condition de
renouveler laponction.
Enfin dansles méningites, particulièrement la
méningite
tu¬berculeuse où la ponction esi le
seul
moyenpalliatif susceptible
d'être employé, la ponction
lombaire, si elle
nerecule
pasl'issue fatale, atténue du
moins suffisamment les douloureux
symptômes, pour