• Aucun résultat trouvé

Les idées de Descartes sur la physiologie du système nerveux · BabordNum

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Les idées de Descartes sur la physiologie du système nerveux · BabordNum"

Copied!
55
0
0

Texte intégral

(1)

ENTRE SOliS LE If «R»-09

FACULTÉ

DE

MÉDECINE

ET DE

PHARMACIE

DE

BORDEAUX

ANNÉE 1896-1897

34

LES

IDÉES DE DESCARTES

SUR LA

PHYSIOLOGIE DU SYSTÈME NERVEUX

«Natura velut ager;doctorum pracepta velut seminasunt.»

Boïle.

THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE

présentée et soutenue publiquementle 11 Décembre 1896

Pierre-Léon

MUL

à Toulon (Var), le 22 février 1875 Elève du Service de Santé de laMarine

S MM. JOLYET

LAYETAUCIIEAFTn,,d. agrege

professeur....

professeur ]'Juges.

Président.

h.nvo

LE DANTEC agrégé.

Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.

BORDEAUX

IMPRIMERIE DU MIDI PAUL CASSIGNOL 91 RUE PORTE-DIJEAUX 91

1896

(2)

Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux

M. PITRES Doyen.

PROFESSEURS MM. MICE.

AZAM Professeurs honoraires.

Cliniqueinterne..

MM. MM.

PICOT. Physiologie JOLYET.

PITRES. Hygiène. LAYET.

\ DEMONS. Médecinelégale MORACHE.

Clinique externe

j

LANEiX)NGUE. Physique

BERGONIE.

Pathologie interne... DUPLY.

Chimie BLAREZ.

Pathologie et théra-

Histoire naturelle

...

GU1LLAUD.

peutique

générales. YERGELY. Pharmacie FIGUIER.

Thérapeutique

ARNOZAN. Matière médicale

de

NABIAS.

Médecine opératoire. MASSE.

Médecine expérimeu-

Clinique d'accouché-

taie FERRE.

ments MOUSSOUS. Clinique oplitalmolo-

Anatomie pathologi-

gique BADAL.

qLie COY'NE.

Clinique des maladies

Anatomie BOUCHARD. chirurgicales des en-

Anatomie générale et

fants P1ECHAUD.

histologie VIAULT.

Clinique gynécologique BOURSIER.

AGRÉGÉE 1EXERCICE :

section demédecine (Patholoijie interneetMédecine légale.)

MM. MESNARD. | MM.

SABRAZÈS.

CASSAET. | Le DANTEC.

AUCHÉ. |

section dechirurgie et accouchements

(MMi VILLAR. I , , . \MM.

RIVIÈRE.

Pathologieexterne BINAUD. |

Accouchements.... CHAMBRELENT l

BRAQUEHAYE |

section dessciences anatomiques et physiologiques

Anatomie..

|MM

CANNIEU.PRINCETEAU Physiologie MM. PACHON.

Histoire naturelle BEILLE.

Physique

ChimieetToxicologie

section dessciences physiques

MM. SIGALAS. | Pharmacie M. BARTHE.

DENIGÈS. I

COURS COIII» C10 SI 10 \ T XI R 10S

Clinique interne des enfants MM.

MOUSSOU S.

Clinique desmaladies cutanées etsyphilitiques DUBREUILF

!

Clinique des maladies desvoies urinaires POUSSON.

Maladies dularynx, desoreilles etdu nez MOURE.

Maladies mentales RÉGIS.

Pathologie externe DENUCE.

Accouchements RIVIERE.

Chimie DENIGÈS

LeSecrétaire de la Faculté: LEMA1RE.

Pardélibération du 5 août 1879,la Faculté aarrêté que les opinions émises dans h Thesesquiluisontprésentéesdoivent être considérées commepropres à leursauteurs.

qu'elle n'entend leur donnerni approbation ni improbation.

(3)
(4)
(5)

A mon Président de Thèse

MONSIEUR LE DOCTEUR JOLYET

PROFESSEUR I)E PHYSIOLOGIE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX

(6)

-

:-

■ m «.ii

- v 'I /■'

:

;

: ES

V"

;f

KF

'J'f,

.

(7)

a vArsr

x-F» Ft o :r o

Les quelques

notions -philosophiques qui pourront trouver

place au cours

de

ce

travail, bien plus que le grand nom de

Descartes, si mal en cour

aujourd'hui, nous feront peut-être

pardonner

le sujet de notre thèse.

Etvoilàjustementce

qui

nous a

séduit en l'homme dont

nous entreprenons

d'exposer ici les idées; c'est qu'il était phi¬

losophe et

médecin tout à la fois. Si nous considérons, en

effet, que

l'histoire des systèmes philosophiques suit les

mêmesvariations, lamême

marche

que

l'histoire des doctri¬

nes médicales, on nous

permettra de dire

que

philosophie et

médecine sont deux

sciences

presque

inséparables, confon¬

dues, d'ailleurs,

à l'origine, mais qui, séparées plus tard par

le besoin d'études

plus approfondies,

ne

laissent pas cepen¬

dant, et

toujours, de

se

compléter, de s'expliquer mutuelle¬

ment,

d'entretenir entre elles des rapports de bon voisinage

etde solide amitié. C'est

là l'une des mille formes de l'in¬

fluence constante du

physique

sur

le moral,

ou

du moral sur

le

physique,

comme on

voudra : car nous sommes trop plein

de respectpour ces

deux sciences et trop bien pénétré de

l'égale

valeur intrinsèque de chacune d'elles pour affirmer,

soit queles

doctrines médicales seules retentissent sur la

philosophie d'une époque, soit que les philosophes seuls

créentla médecine de leur

siècle. Un simple

coup

d'œil sur

l'histoire desdoctrines

médicales

ou

des systèmes philoso¬

phiques

suffirait à

nous

convaincre de la marche toujours <

parallèle de

nos

deux sciences; mais nous n'avons ici ni

(8)

place ni

temps à

donner à pareille

digression

: nous pouvons

cependant,

en quelques mots, résumer bien d'énormes ou¬

vrages écrits à cesujet.

Dans lestemps anciens comme de nosjours, nous voyons sans cesse, dans un siècle matérialiste, régner en maître

l'organïcisme

en médecine ; le vitalismeatteindreson apogée dans les siècles ôù toute

philosophie

est

spiritualiste;

et enfin le scepticisme médical coïncider avec la

philosophie

dite

«

éclectique

», sorte

d'opportunisme scientifique,

que beau¬

coup d'hommes ontsoutenuesans conviction etquequelques

philosophes

de talent, convaincus peut-être, ont pu faire apprécier à grand'peine, etpour sipeu de

temps

!...

Mais àcombien de lieues nous trouvons-nous ici de Des¬

cartes?... Quoi qu'en puisse penserla

Nature,

un saut prodi¬

gieux peut seul nous y ramener.

C'est moinsles idéesd'un homme quecelles de son siècle que nous voudrions exposer pour que- l'intérêt de notre travail, hélas si faible! en soit un peu accru, mais avec quel plaisir, j'allais dire avec quelle passion, ne le ferons-nous

pas

(si,

à rencontre de

l'historien,

il était permis au vulgaire écrivain d'être de quelque tempset dequelque

pays) lorsqu'il

s'agit dece xvid siècle, notre xviifisiècle, qu'àjuste titre 011 a pu nommer le « nœud de la médecine », parce que, reliant les

temps

passés aux

temps modernes,

ilsanctionne en même temps l'oubli de cepassé, détruit l'autorité des

Anciens,

au moinsen tant que critérium de la vérité et crée presque de toutespièceslaméthode

expérimentale, l'expérimentation

rai- sonnée,

scientifique.

NepasvoirenDescartesl'un

despremiers

promoteurs, bien plus peut-être, le créateur de cette nou¬

velle méthode, serait, sinonl'indice d'une

injustifiable

mau¬

vaise foi, du moins la preuve d'une ignorance presque grossière. Cen'estpoint,

d'ailleurs,

uneapologie quenousen¬

treprenons « Errare humanum est », et nous nechercherons jamais àcacher ou à déguiser les erreurs de notre

physiolo¬

giste; non, le sentiment qui nous a poussé à commencer ce travail est tout autre : c'estl'obscurité et la défaveur quecer-

(9)

tainsauteurs, mêmede

grand

renom,

ont essayé de jeter sur

l'infortunéDescartespar

l'injustice et la partialité de leurs jugements: oserai-je dire même, par l'inconvenance parfois

Choquante

de leurs expressions!... Heureux serons-nous si

nous parvenons

à faire restituer

au

philosophe ce nom de

physiologiste qu'on

a

voulu lui ravir et si nous laissons en¬

trevoir que ce

n'est point

un1

sacrilège de le comparer à Har-

vey ou

Lavoisier.

LePlan de notre travail sera

simple

:

après

une

esquisse

rapide de

l'histoire de la physiologie, et particulièrement de

la

physiologie du système

nerveux

jusqu'au xvne siècle, nous

exposerons

aussi clairement qu'il nous sera possible les

idées de Descartes sur la question,

et cette étude, après

un petit

chapitre consacré

aux «

esprits animaux», qui ont joué

un si grand rôle dans

l'ancienne physiologie, et à 1' « Em¬

bryologie »

telle

que

la concevait obscurément Descartes,

comprendra les

trois subdivisions suivantes

:

Du mouvement, De la sensibilité.

Des facultés do l'âme,

qui nous

ont semblé réunir et résumer assez bien les idées

de notre auteursur les fonctions

du système

nerveux

et

sur la

psychologie, qu'il faut étudier aujourd'hui avec la physio¬

logie. Nous

terminerons enfin

par un

aperçu sur l'évolution

et les destinées de ces théories

cartésiennes, les transforma¬

tions qu'elles ont

subies

peu

àpeu et lés vestiges qu'on en peut

encore trouver dans la

philosophie et la physiologie

mo¬

dernes.

(10)
(11)

CHAPITRE PREMIER

Quelques notions

sur

l'histoire de la Physiologie.

I/histoire de la

physiologie est absolument calquée

sur celle de toutes les sciences,de tous les arts:

créée,

en

effet,

presque

de toutes pièces

par

les Anciens, elle reste, durant

toutle moyen-âge,

absolument stationnaire

pour

reprendre,

àla Renaissance, un éclat tout nouveauet

définitivement

s'engagerdans

la voie qu'elle n'a plus quittée depuis. C'est

dire qu'on

peut diviser cette histoire, comme toutes les

autres, en trois grandes époques: L'Antiquité;

LeMoven-Age;

La Renaissance et les Temps Modernes.

Sans remonteraux origines mêmes de

la physiologie.

sans même remonter, comme l'usage

s'en est trop répandu, jus¬

qu'au

géant Hippocrate, dont les écrits, paraît-il, contiennent

toutela science médicale

passée

et

à venir,

nous

voudrions

résumeren quelques

lignes les notions de physiologie ner¬

veuse que

possédaient les Anciens

:

c'est dans les ouvrages

du dernier et du plus

grand médecin de l'antiquité, Galien,

que nous les trouverons.

Aen croirecertains auteurs, il n'y avait

plus rien à trouver

déjà

après Aristote. Celui-ci avait,

en

effet, pressenti les fonc-

(12)

12

tlons

du cœur et du cerveau, préparé la découverte tardive

de la

circulation,

en faisant du cœur le point de

départ

et

l'aboutissant

de tous les

vaisseaux...,

et tant d'autres choses qui tendraientà prouver que les savants de notre

époque

ne sont guère que les habiles commentateurs des Anciens. Il est vrai que nous sommes redevables de bien des choses à cette Ecole

d'Alexandrie,

par exemple, qui brilla d'un si vif éclat et dont la renommée ne

s'éteignit

que sous le poids de bien des siècles. C'est

qu'Hérophile fonda,

pour ainsi

dire, l'Anatomie,

science

absolument inséparable

de la

physiolo¬

gie, dont elle

prépare

les voies et

explique

les progrès. C'est qu'il

disséqua,

pour lapremière fois, des cadavres humains

et put se livrer àses études préférées sur les systèmes ner¬

veux et sanguin : cette passion de l'étude l'entraîna même parfois un peu

trop loin;

c'est à lui, en effet, que le roi

d'Egypte

livrait deux ou trois fois paran des condamnés à mort, sur

lesquels

il selivrait à des expériences de vivisec¬

tion. Nous lui

devons,

en tous cas, la

description

détaillée et presqueexacte de

l'encéphale,

quelques

parties portent

encore son nom.

Erasistrate

complète son

œuvre, ébauche pour la première fois une théorie des esprits animaux et fait connaître suffi¬

samment la

topographie

des centres nerveux.

Tous leurs ouvrages sont d'ailleurs perdus, et le

mérite des compila¬

teurs du 111e

siècle,

tels qu'Oribase ou

Alexandre

de

Tralles,

est de nousen avoir

légué

la copie. Le môme mérite, maisce n est alors plus le seul, se retrouve chez Galien qui les cite bien souvent tout au

long.

C'est chez ce

dernier,

en

effet,

que nous trouvons à la fois les résumés de la médecine grecque, de

celle de l'Ecole

d'Alexandrie,

et enfin de la

médecine

romaine.

Expérimen¬

tateur vraiment

habile,

mais se laissant

trop

facilement leurrer par

debrillantes hypothèses,

il ne lui a

manqué qu'un peu de méthodeet de calme

scientifique

pour ne rien laisser à faire à tous ses

successeurs. Le cerveau était

déjà

pour lui le siège de

l'intelligence

et du

mouvement,

et accessoire-

(13)

13

ment, une glande

chargée de la sécrétion du phlegme, qui

s'écoulait à travers les trous

delà lame criblée de l'etlnnoïde.

L'esprit

animal

se

formait uniquement dans le cerveau et

plus

particulièrement dans le troisième ventricule, où il arri¬

vaità son dernier degréde

perfection; de là, passant jusque

dans le

quatrième ventricule et la moelle, par ce qui devait

être

l'aqueduc de Sylvius, il

se

répandait dans toute l'écono¬

mie, à travers

les nerfs et les muscles.

A côté de ces théories, il

connaissait parfaitement l'action

d'un

hémisphère cérébral

sur

le côté opposé du corps et

soupçonnait l'entre-croisement de la moelle allongée. La

moelle épi

ni ère était

pour

lui

un

organe de conduction, mais

ici n'existait plus

l'action croisée. Il établissait, entre les

nerfs moteurs et sensitifs, des

différences de couleur et de

consistance,

découvrait les deux racines des nerfs rachi-

diens, sansen

expliquer bien nettement l'usage. 11 se livrait,

pour ses

études, à

un

nombre considérable d'expériences et

de vivisections de toutes sortes;

la moelle fut,

par

lui,

cou¬

péeà

toutes les hauteurs et les phénomènes de paralysie, con¬

sécutifsà ces sections, parfaitement

étudiés. Il

nous

donne

la mesure de son habileté

lorsqu'il parvient à sectionner longitudinalement,

sur un

animal vivant, la moelle épinière

dans toute sa hauteur, sans

avoir à noter de troubles

sérieux.

Pourlui, la vie était

la résultante de trois forces

:

La

première

a pour

centre le cerveau, et, par l'intermé¬

diairedes nerfs,

préside à l'intelligence, à la sensibilité, au

mouvementvolontaire.

La seconde siège dans

le

cœur

et régit,

par

les artères,

toutes les fonctions vitales: passions,

chaleur animale, pouls

artériel.

Ladernière, enfin, dans

le foie, dirige les fonctions de la

nutrition générale.

Cette

physiologie régna

en

souveraine jusqu'au xviesiècle.

Le

moyen-âge,

en

effet,

se

contenta de garder les décou¬

vertes des Anciens et encore ne

le fit-il

pas

toujours avec le

(14)

soin nécessaire. Les

Arabes,

entreautres, qu'on vante tant commegardiens de la

civilisation,

à part

quelques

décou¬

vertes

d'Avicenne,

bien minimes encore, et l'introduction en

médecine de bon nombre de

drogues extraordinaires,

accep¬

tent, sans les

discuter,

Panatomieet la

physiologie

de

Galien,

entravés qu'ils sont dans leur velléité d'étudespar leslois de

l'Alcoran,

proscri-vant toute dissection de cadavres humains.

En France et dans toute la

chrétienté,

même

défense,

d'ou¬

vrir des corps humains : il faut arriver

jusqu'en

1398 pour voir Mundimus de Luzzi obtenir du pape la permission de

disséquer

deux

femmes,

à condition cependant qu'onenterre¬

raitensuite leursdébris enterre sainteetqu'une grand'messe seraitchantéeen leurhonneur.C'était lapremière

fois, depuis Erasistrate,

que l'on se servait du

scalpel

pour une dissec¬

tion humaine :

déjà

cependant Louis

d'Aragon

avait tenté de permettreaux

chirurgiens

de

Montpellier

la dissection d'un criminel par an.

Cette Ecole de

Montpellier

était alors dans tout son éclatet cet éclat devait durer six

siècles; cependant,

tout n'était alorsque

demi-science,

on était même fort en retard sur les Anciens. Il y avait en médecine autant de place pour la magie et la sorcellerie que pour le reste, et l'on

s'occupait

bien plus des esprits que des corps. On était pourtant alors dans labonne voie: après bien des

tracasseries

envers les

anatomistes,

après même les rigueurs

de

l'Inquisition,

le

Saint-Siège

ferme les yeux sur les

dissections;

la première eut lieu à Paris, en 1478, et presque à la même

époque

en Italie. Enfin, en 1556, à

Montpellier, Rondelet,

chancelier de la Faculté,

inaugure

le premieramphithéâtre

français

d'ana- tomieMaisen y

disséquant

l'un de ses propres enfants.

nous sommes déjà ici en pleine

Renaissance,

et deux hommes vont donnerle signal de la marche en avant : Para- celse et Rabelais. Le premier, avec son esprit bizarre et vio¬

lent, resteplutôt un

révolutionnaire

qu'un novateur

; il s'in¬

surge contre la tradition et s'efforce de ruiner la sorcellerie

en cherchant

l'explication

de ses secrets clans les forces

(15)

seules de la nature. Etpourtant,

malgré lui, il subit

encore l'influence de tout, ce

qu'il cherche à combattre et

sa

physio¬

logiese

ressent de

ses

études de magie. L'autre, plus mo¬

deste enapparence,

mais infiniment plus fort, est novateur

ausens propre

du mot

:

l'autorité des Anciens est ruinée

;

oncesseenfin de les copier, et, en

grande partie,

ce

résultat

estau finTourangeau qui,

aussi bien

que

Bacon,

pour¬

rait être surnommé le «moine

admirable». Cette ère glo¬

rieuse dela Renaissance est alorscommencée, et

les grandes

découvertes vont sesuccéder sans repos

Vésale refait à

nouveau l'anatomie, suivi et

secondé

par

Fallope, Eustachi,

Pecquet,

Sylvius, Ambroise Paré. A chacun de ces noms se

rattachentquelques

souvenirs anatomiques et

nos

Traités

modernessont encore tout pleins

d'eux. C'est alors qu'on

voit ces savants courir la nuitaux gibets pour y

décrocher

les cadavres, malgré les soldats

du guet et les ordres du roi.

Cesaffamés d'étude et de science n'ont point

gaspillé leur

temps, et

les rivalités, les jalousies qui éclataient si souvent

entre eux nefaisaientqu'augmenter

leur émulation et mettre

aujour de

nouvelles découvertes.

La

physiologie compte parmi

ses

nombreux représentants :

Michel Servet, Columbo Réaldo,

Césalpin, Fabrice d'Aqua- pendente qui préparent la voie à Harvey et contribuent à

cette découverte de la circulation du sang,

qui attira, dès

son apparition,

tant de controverses et tant de haines, tant

de sarcasmesà son auteur, même de la part

des plus grands

esprits,

tels

que

l'anatomiste Riolan. Enseignée déjà par

Harvey en

1619, elle fut publiée seulement

en

1628, et ce n'est

pas l'un

des plus petits mérites de Descartes d'avoir accepté

et défendu ces idées malgré l'autorité des

Anciens et le mé¬

pris de

la Faculté. A partir de cette époque, d'ailleurs, ces

malheureux Anciens voient leur

dernière planche de salut

se renversersurleur tète et se noient

définitivement dans le

fleuve de l'oubli. Rappelons encore

les

noms

d'Aselli, de

Rudbeck dont les travaux sont

universellement

connus;

celui de Fernel, qui, le

premier, introduisit la méthode dans

(16)

16

l'enseignement

oral

et

écrit et mérita d'être comparé à Des¬

cartessous ce rapport; de

Baillou qui fit

pour

la première

fois intervenir en médecine l'idée du milieu : de Van

Hel-

mont enfin, esprit bizarre,

renchérissant

encore sur

les

bizarreries de Paracelse et faisant du corps humain une sorte de gouvernement

où chaque

organe,

confié à la garde

d'un Archée-ministre devait, à tout instant, rendre ses comptes

à l'Archée-monarque établi dans le

cerveau.

C'est en tous cas, à partir de cette époque

qu'on reconnaît

enfin

inséparable

de

la physiologie et absolument nécessaire

à son étude la connaissance des lois physiques, chimiques

et mathématiques. Jamaisces

deux sortes d'études

ne

seront

désormais séparées, et l'on aura

même, plus tard, le tort de

les'confondre. Deux Ecoles vont naître immédiatement de

ces idées :

Lesiatro-chiinistes Et les iatro-mécaniciens,

essayant, l'une, d'expliquer

uniquement les fonctions vitales

parla chimie,

l'autre uniquement

par

les lois physiques.

Toutes deux compteront dans

leur sein quelques hommes

degénie; toutes deux seront

la

cause

de bien des décou¬

vertes, mais l'une et l'autre, trop exclusives, seconfondront

dans la suite, etl'intervention perpétuelle des lois physiques

et chimiques sera reconnue

nécessaire,

mais non toujours suffisante, à l'accomplissement des diverses fonctions

de

l'organisme.

Déjà au commencement du xvnR siècle, l'iatro-chimie,

vieille decent ans, voyaitcontreelleuneréaction formidable

se produire et NicolasGuibert, aprèsquarante ans d'études chimiques, proclamer le néant de ses connaissances. A la tête du mouvement nous trouvons Guy-Patin, Sanctorius et Descartes; et c'est

après

l'exposé des idées dece dernierque noustracerons unelégère esquissede cette Ecole iatro-mé- canicienne dont il fut le véritable promoteur.

(17)

CHAPITRE II

Physiologie de Deseartes

(système

nerveux)

Les

esprits animaux.

Il n'entre point dansnos

intentions de refaire

une

fois de

plus ce

chapitre si important de l'ancienne physiologie et de

renchérir sur toutcequi a été

dit et écrit à

ce

sujet

;

mais l'importance

toute

particulière, le rôle de premier ordre

qu'attribuait

Descartes à

ces «

esprits

»

et surtout l'idée toute

spéciale que,

selon

nous,

il

y

attachait,

nous

forcent à

en parler quelquepeu.

C'est dans les ouvrages d'Era si strate que pour

la première

fois le mot « esprit» est

nettement employé dans le

sens

de

vapeursubtile,

quoique purement matérielle, imprégnant et

animant tout le corps

auquel elle arrive

par

les artères qui,

elles-mêmes, l'ont

puisée

dans

le ventricule gauche du cœur.

Le cœur lui-même la recevait des poumons

où l'acte de la

respiration la

faisait pénétrer

en

premier lieu. Et c'est tout :

on ne trouverajamais

dans

aucun

auteur de définition plus

exacte etplus

explicite de

«

l'esprit

».

Ce

sera

toujours une

« sorte de venttrès subtil » Se

dépouillant

peu

à

peu

de tout

Mul

â

(18)

ce.qu'il pouvait

contenir,

à

l'origine,

de

matériel,

et deve¬

nant ainsi

quelque

chose

d'intermédiaire

entre le corps et la pensée, jouant dans tous les phénomènes de mouvement, de

sensibilité, d'intelligence,

un rôle prépondérant.

Galien avaitencore

compliqué

la question en supposant trois sortes

d'esprits

dont les derniers seuls, lesplus parfaits, esprits

animaux,

naissaient directement du cerveau. Les autres, esprits naturels et esprits vitaux,

naissaient,

les pre¬

miers dans le

foie,

les seconds dans le cœur, et pouvaient à l'occasionse transformer les uns dans les autres, selon les besoins de

l'être,

pour aboutir à l'état parfait

d'esprits

ani¬

maux. Inutile de dire queces trois

espèces d'esprits

ne se

distinguaient

entre elles que par la diversité de leur lieu

d'origine

etles différents nomsqui leur étaient donnés. Avec

quelques modifications de détail sans

importance,

les théo¬

ries de Galien

régnèrent

pendant quinze siècles

jusqu'au

jourune où la thèse de

Théophile

Bordsu tua par le

ridicule,

à époque où le ridicule tuait encore en

France,

les esprits animaux qui semblaient s'être rendus si

indispensables

à toute

physiologie. Haller,

découvrant quelques années plus tard que la contractilité était une propriété

inhérente;

aux muscles et l'excitabilité une autre propriété inhérente aux

nerfs, leur porta le dernier coup et

depuis

cette

époque

per¬

sonne n'a été tenté de les

ressusciter;

on n'en a

plus'parlé

que dans les Traités

historiques.

On peut s'étonner que

Descartes,

avec son esprit d'obser¬

vation et son goût pour les

expériences,

ait accepté d'emblée

ces

hypothèses

bizarres

léguées

par les

Anciens.

Il est vrai que cet

homme,

habitué à tout trancher d'un seul coup et à expliquer même ce qu'il ne pouvait comprendre, se complai¬

sait au milieu des

hypothèses

les plus

invraisemblables,

et que souvent, dans ses ouvrages, il nous faut assister aux

étranges divagations

de ce grand esprit; qu'il

n'y

aurait par

conséquent

rien d'étonnant à ce qu'il ait embrassé avec

enthousiasme les théories les plus

risquées, lorsqu'elles

expliquaient

ou croyaient expliquer quelque chose. Mais les

(19)

Ul

hypothèses

qu'il

nous

développe

avec

tant de complaisance

aucours de ses ouvrages, sontà lui, bien à lui; lui seul en est l'auteur, et c'est alors pour satisfaire un

penchant géné¬

ral de l'esprit humain, par une sorte

de vanité d'auteur, qu'il

nous en

parle si longuement et veut

nous

les'fa ire

accepter comme

vraies.

Les

raisonnements des autres, bien

au contraire, il s'en défie sans cesseet, quand il ne s'appli¬

que pas

à les réfuter, il les

passe au

moins

sous

silence

; vanité d'auteur toujours,cherchant à mettre

dans

son œuvre le plus

qu'il

peut

de lui. Et voilà pourquoi il n'a accepté aussi

cette théorie des esprits animaux qu'en

la modifiant profon¬

dément, en la faisant sienne, pour ainsi dire.

D'abord, la classification de

Galien, il la rejette, de même

que,

rejetant l'idée d'une substance intermédiaire entre le

corps etla pensée,

il donne à

ces

esprits animaux

une

exis¬

tence toute matérielle. C'est dans le cœur, sous l'influence

de la chaleur contenue .dans cet organe, « de ce feu sans lumière », comme il l'appelle, que

lo

sang,

bouillonnant

ainsi qu'un

liquide versé brusquement dans

un vase

déjà

chaud, abandonne une sorte de vapeur,

de vent subtil qui

tend à s'élever en

ligne droite, verticalement. C'est là tout

justement

la direction des carotides, et c'est

par

elles

que cette vapeur

arrive

au cerveau

où elle achève de

se

transfor¬

mer définitivement en esprits. Non

seulement le

cerveau reçoit les

esprits du

cœur,

mais lui-même peut

en

former de

toutes piècesaux

dépens du

sang que

lui charrient

ses

diffé¬

rents vaisseaux. Ajoutons que les esprits

animaux

sont toujours en

mouvement, qu'il

en

sort

par

les

pores

du

cer¬

veau à mesure qu'il en arrive de nouveaux par

les carotides

et qu'ilen retourne

d'anciens déjà

par

les nerfs. Descartes

Considère en effet lecerveau comme formé par un entrecroi¬

sement inextricable de fibresorganiques laissant entre

elles

des vides ou « pores » par

où peuvent s'engager les esprits

: la dimension decespores variant

dans la même proportion

que celle

des esprits, il

se

produit, quand ceux-ci veulent

entrerou sortir, une sorte de

bousculade, chacun cherchant

(20)

20

une porte appropriée à ses

dimensions,

éminemment propre à entretenir leurs mouvements et leur agitation. Retenons de toutceci, qu'abstraction faite de ces pores du cerveau, il avait parfaitement vu rénormequantité de fibres qui entrent dans la composition de

l'encéphale

; la place nous manque¬

rait si nous voulions citer tous les passagesil compare le tissu du cerveaù à celui d'une étoffe aux nombreux fils enchevêtrés en tous sens... Il lui restait seulement à savoir que l'intervalle de ces fils était rempli par autre chose que des esprits animaux et que leur agencement n'était pas livré

au hasard commeil le supposait.

Les esprits, sortis du cerveau,

s'engagent

directement dansles nerfs, pour, de là, être

transportés jusqu'aux

mus¬

cles; et Descartes nous arrête un instant surl'idée, grossière peut-être, maisexacte en tous cas, qu'il se fait de la consti¬

tution des nerfs; trois choses y

sont à

considérer :

Les peaux qui les

enveloppent

et qui sont comme de petits tuyaux en continuité avec les « peaux » du cerveau ; elles arrivent

jusqu'aux

extrémités les plus déliéesdesnerfs;

Des espèces de filets distincts, qu'il appelle lamoelle des

nerfs, séparés

entre eux par les

prolongements

des peaux cloisonnant tout le tuyau qui les

contient;

Les esprits

animaux,

circulant dans

l'espace

laissé libre entre les

enveloppes

et les filets de la

moelle;

car, l'un des premiers, il ne fit pas circuler les esprits dans l'intérieur même des filets nerveux, supposant, non sans raison, qu'il n'existait dans ces filets aucune cavité, si petite fût-elle.

Telle est, brièvement exposée, cette théorie des esprits : nousaurons à y revenir cependant d'un bout à l'autre de notre travail, pour

l'explication

de presque tous les phéno¬

mènes vitaux. Reconnaissons déjà cependant que dans le système de Descartes ces esprits avaient une signification

très positive : cherchantà débarrasser lessciences,

physiques

et même

biologiques

de toute

interprétation

mystérieuse pour faire

hommage

de tous leursphénomènes à la mécani¬

que, les esprits animauxsont, à sesyeux, cet agent matériel

(21)

sous l'influence

duquel s'accomplissent tous les mouvements

automatiques, sans que

lame

y

contribue de quelque façon

que ce

soit;

car,

selon ses propres expressions: « Il n'est

rien en nous que nous

devions attribuer à notre âme sinon

nos pensées. »

Et maintenant, il est une

autre explication des esprits ani¬

maux, la moinsconnue

de toutes et la plus hasardée peut-

être, qui nous

donnerait la clef de cette espèce de religion que

professait

pour eux

Descartes. Nous lisons, en effet, dans le

Traité des Passions : « Ce que

je nomme ici des esprits,

ne sont que descorps,

et i 1

s

n'ont point d'autres propriétés

sinon quece

sont des

corps

très petits et qui se meuvent très,

vite ainsi queles

parties de la flamme qui sort d'un flam¬

beau; en sorte

qu'ils

11e

s'arrêtent en aucun lien et qu'à

mesure-qu'il

en

entre quelques-uns dans les cavités du cer¬

veau il en sort quelques

autres

par

les pores qui sont en sa

substance;

lesquels

pores

les conduisent dans les nerfs

et de là dans lesmuscles, au moyen

de quoi ils meuvent le

corps en

toutes les diverses façons qu'il peut êtremù ». Pour

([lie

Descartes consente à appeler ces esprits « des corps », lui

qui fait

entre la matière et l'esprit une différence si absolue,

pour que,

si formellement, il les range dans la catégorie

« matière »et leuraccorde ses

deux propriétés fondamenta¬

les : à savoir, l'étendue et

le mouvement, il faut que ces

esprits

soient tombés

sous

l'un quelconque de ses sens; qu'il

lesait, pour

ainsi dire, surpris à l'oeuvre. Il nous redira dans

son Traité de VHomme :

«Quant à

ce que

j'ai dit de la

façon que

les artères apportent les esprits au-dedans de la

tête, et de la

différence qui est entre la superficie intérieure

' du cerveau etle milieu de sa

substance,

on en

pourra aussi

voir àVœil assezd'indicespour

n'en pouvoir douter si on y regarde

unpeu

de près

».

Et voilà pourquoi certains ont

supposé, non

peut-être

sans

raison, qu'il avait, au micros¬

cope, aperçu

dans

une

partie quelconque du cerveau, des

corps

très petits,

en

effet, et toujours en mouvement qui n'é¬

taient autres quedes

globules sanguins.

(22)

22

Le

microscope,

en

effet,

dont

Malpiglii

se servit en 1661 pour

découvrir

la

circulation capillaire,

avait été

trouvé,

dès

1590,

parun opticien de

Middelbourg, Zacclïarias

Jansen. Il

n'y

aurait rien

d'étonnant

à ce ([ne, dans ses

nombreux voyages,

Descartes

ait

rencontré l'un de ces grossiers Instru¬

ments etque,

cherchant

aussitôt à

surprendre la vie

l'organe

même delà pensée, il ait vu ces dans

corpuscules,

petits

et

mobiles,

que, sans plus

réfléchir,

il accepta comme vérifi¬

cation de Tune de ses

hypothèses

les plus chères: les esprits animaux.

Ce n'est ni à

Malpiglii, niàLeuwenhoëck

que nous

voulons enlever de la gloire : c'est à

Descartes

que nous

voulons en

ajouter un peu en lui

donnant

une

part dans ces

immor¬

telles

découvertes

de

circulation

capillaireet de

globules

san¬

guins. Ce ne serait

d'ailleurs

pas la

première fois que la dé¬

couverte d'un fait ne

mènerait

point, tout d'un

coup et tout

droit,

à sa

véritable interprétation. Chaque

découverte

est lé fruit de

longues années,

de

longs

siècles

d'expériences

mal faites ou mal

comprises,

et les

obscures descriptions

de la

circulation

dues à

Fabrice

d'Aquapendente,

à

Côsalpin,

Réaldo

Colombo

ou Michel

Servet, n'enlèvent

pas un

atome de gloire à

l'immortel Iïarvey.

Ne voyons-nous pas,

d'ailleurs,

le même

Descartes,

dans

son

Discours

de la

Méthode,

exposant

pendant toute une

longue

page commenton pourrait

appliquer l'algèbre

à l'é¬

tude delà

géométrie,

ne pas même se douter de la

découverte

qu'il venait de faire et de toutes les

heureuses

conséquences

qu'on en tirerait après lui?

En tous cas, cette

hypothèse séduisante

du

philosophe

dé¬

couvrant au

microscope

les

globules sanguins, quelque

in¬

vraisemblable

qu'elle

paraisse ne présente en

elle-même

aucune

impossibilité

: nous n'en

voulons

point, toutefois,

assumer la

responsabilité,

car

déjà

nous avons

eu le regret de dire qu'elle ne nous était pas

personnelle.

(23)

De

l'embryologie du système nerveux.

L'embryologie est,

pour

ainsi dire, une science née d'hier,

maisellea déjà

rendu tant de services et expliqué tant de

choses que

l'usage s'est répandu de l'invoquer à propos de

tout, souvent à propos

de rien. Ce chapitre n'est point à la

gloire

de Descartes, et, facilement, il pouvait être passé sous

silence s'il n'avait

aussi contenu

en germe

l'une des décou¬

vertesles plus

fécondes de l'histologie moderne. Descartes y

considère, en effet,

le corpsdesanimauxetdesplantescomme

formé parla

réunion de petites particules de matière,arron¬

dies parla

force de la chaleur, vivant chacune d'une vie pro¬

pre,

animées de mouvements particuliers et tous de même

senspourles

particules d'un même organe: c'est la première

idée de la cellule

élémentaire, vivante, qui devait être dé¬

couverte

quelque trente

ans

plus tard.

Ktmaintenant, toute son

embryologie n'est qu'hypothèse

et chimère;

torturé

par ce

besoin, cette passion du mouve¬

ment

qui le possédait, il forge ces fameux « tourbillons » que

devait détrôner bientôt la

découverte de la gravitation uni¬

verselle. Ces

particules de matière, pareilles à la boule lancée

par un

joueur

ou

à la terre se mouvant dans l'espace, sont

animéesde deux sortes de

mouvements

:

un premier sur

elles-mêmes,

destiné

à les

arrondir et les échauffer, et un

secondqui les

transporté d'un point à l'autre et leur permet

d'allercoloniser un peu

partout

pour

former les divers or¬

ganes. Le

premier résultat de ce double mouvement est de

réunirun grand

nombre de

ces

parties pour former autour

du fœtus cequ'il

appelle

«

la tunique ronde

».

Cette enveloppe

une fois formée, les

parties de la

semence

réagissent l'une

sur l'autre. Les semences

mâle et femelle sont d'ailleurs de

même natureet, pour

réagir ainsi,

« ces

deux liqueurs n'ont

pas

besoin d'être fort diverses ; car comme on voit que la

(24)

24

vieille pâte peut faire enfler la nouvelle et que l'écume que jette la bièresuffit pour servir de levain à d'autre

bière,

ainsi il est à croire que les semences des deux sexes se mêlant ensemble servent de levain l'une à l'autre ».

Descartes

com¬

prend,

d'ailleurs,

qu'en cette

liqueur

mal connue, tout l'être futur est contenu en puissance. « Si on connaissait

bien, dit-il,

quelles sont toutes les parties de la semence de quel-

qu'espèce

d'animal en

particulier,

par exemple de

l'homme,

on en pourrait

déduire,

de cela seul,pardes raisons entière- ment

mathématiques

e,t

certaines,

toute la

figure

et confor¬

mation de chacun de ses

membres ». De

même,

011 pourrait

déduire

de la

conformation

d'un être

quelconque

les parti¬

cularités de sa semence.

Ce sont la deux

principes

qui n'ont pas vieilli

et il était tout juste de les

indiquer

ici.

Le premier organe qui apparaît chez

l'embryon

est le cœur : ce que croyait aussi

Harvey montrant,

tout

ému,

au roi

Charles,

1epunctum saliens. Le sang naît en même

temps

à un pôle opposé à celui du cœur,se metsans tarder en mou¬

vement et pénètre

jusque

dans ses cavités.

La chaleur dont cet organe est la sourcele fait alors

bouillonner

et se

dilater;

la

réaction

se produit

aussitôt;

le cœur lutte contre la pres¬

sion que

supporte sa surface

intérieure

et se met à battre. Le cycle est

formé,

et c'est de ce

sang, envoyé par le cœur en toutes les

directions,

que naîtront les

différents

organes. Et

d'abord,

montant en ligne droite autant

qu'il le peut, il va

former la boîte osseuse du crâne

à la partie la plus élevée de

l'embryon

:

trouvant

alors la

résistance

de la

tunique

ronde qui

enveloppe

le « fruit » de toutes parts, il

rétrograde

et

trace,

en

descendant,

«

l'épine

du dos » et

les organes de la génération.

Viennent ensuite les

esprits animaux qui, nés

dans le cœur pendant que le

sang

accomplissait

ces

premières péré¬

grinations,

se mettent à leur tour en

branle.

Suivant la

route qu'avait

précédemment

suivie le même

sang, ils vont

remplir la cavité du crâne en

formant

le

cerveau, redescendent

et

(25)

remplissent de même la cavité de l'épine en y formant la

« moelle del'épine » : un

bon nombre s'échappent à travers

les trous de

conjugaison et les trous de la base du crâne;

c'est l'origine

du système nerveux périphérique et des orga¬

nes dessens. Les

parties accessoires du cerveau : membra¬

nes, sinus,

tissus choroïdes et même glande pinéale, cona-

rium, sont, comme

le crâne, formées aux dépens du sang et

de plusun peu aux

dépens de la tunique des artères.

Descartes

oublie cependant de nous dire à quel moment

l'âme commence

à habiter ce corps vivant uniquement jus¬

qu'alors

de la chaleur développée dans son cœur ; cette cha¬

leur suffît

d'ailleurs, d'après lui, nous y reviendrons,à expli¬

quer

et à conserver la Aie; c'est à la fois la raison et le

principe de tous les phénomènes organiques.

(26)

Du

Mouvement

Retenons d'abord

que « la cause de tous les mouvements de nos membres est que

quelques

muscles

s'accourcissent

et que les opposés

s'allongent

;et la seulecause

qui fait qu'un muscle

s'accôurcit

plutôt que son

opposé est qu'il vient tant soit peu plus

d'esprit

du cerveau vers

lui que vers l'autre. »

Voilà,

endeux

phrases,

toute sa théorie du mouvement : à travers les pores du

cerveau correspondant au territoire d'un nerfou d'un muscle

déterminé

et ouverts par une cause

quelconque,

les esprits

animaux, toujours

en mouvement et

toujours en quête d'uneissue se sont

précipitéscnavalanchc.

Suivantleurchemin

ordinaire,

entre les filets nerveux et les peaux qui les

entourent,

ils sont

allés, forçant

et franchis¬

sant les

petites valvules situées à la

terminaison

dons les

muscles de ces tubes

périnerveux,

faire

irruption

dans la

masse musculaire

excitée,

la gonfler et la

raccourcir à la

façon

d'une outre dans

laquelle

on

insufflerait

un

liquide

ou un gaz

quelconque. Explication incomparablement

facile à

comprendre et à retenir de la

contraction musculaire : il manquait à son auteur de savoir que le muscle ne

change

pas de volume en se contractant et que ces

petites valvules

terminales

des nerfs

n'existaient

que dans son

esprit...

On oublie

d'ailleurs

et l'on excuse

bien vite la

bizarrerie

de cette

hypothèse

en examinant les théories non moins origi¬

nales que l'on a

édifiées,

dans la suite, sur la contraction musculaire. On a fait

successivement

du muscle

une réu¬

nion de petits

bâtonnets

se

présentant

de file ou

de front selon son état de repos ou de travail : une collection de petites boîtesrempliesd'un

liquide s'accumulent

àleurs pôles supérieur et

inférieur

pendant le

repos, sur leurs côtéspen¬

dant la contraction. Et tout cela pour en

arriver enfin à dire que la contraetilité n'est que la

manifestation

d'une

pro-

Références

Documents relatifs

La carte du mathématicien Oronce Fine, qui date de 1536, est célèbre parce que la projection permet de révéler ce qu’on connaissait mal à la Renaissance : les terres australes

2 Depuis plusieurs mois, le vendredi est devenu le rendez-vous de toute une jeunesse qui manifeste pour le climat, répondant à l’appel de Greta Thunberg, cette lycéenne qui

Quand une pratique partagée s’avère peu pertinente, une activité parallèle est à envisager, mais si la mise à l’écart perdure il peut être préférable qu’un élève suive,

« Ce n’est pas la dépendance physique qui signe l’addiction, confirme Michel Lejoyeux, mais bien la relation de contrainte à un produit. » Par exemple, un patient qui

Des Gens comme les autres valut aussi l'Oscar du meilleur second rôle à Timothy Hutton (avec ses 19 ans, il fut et reste le plus jeune lauréat d'un Oscar) et recompensa

Bien sûr nous le savons, les textes de nos congrès le disent (La féminisation s’inscrit dans la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes dans notre société. Thème

Qui cachent leurs (15) sous leur pardessus Voilà le secret des petits bossus... C'est joli, mais ce n'est

Un rêve m'a dit une chose étrange, Un secret de Dieu qu'on a jamais su : Les petits bossus sont de petits anges Qui cachent leurs ailes sous leur pardessus Voilà le secret