FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1 899-1900 35
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
L'Action musculaire et nerveuse
COAl PAREE
Mi les Systèmes Sppatlipe et Cérébro-spinal
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 31 Janvier 1900
PAR
Georges-Désiré-François LONJARRET
Né â Boulogne (Seine), le 5 Avril 1875
Élève du Service de Situé de la M^rme
MM. JOLYET professeur.... Près Examinateursde la Thèse:
1 LAC.RANGE agrege > luges PACHON agrégé.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les
diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 - RUE PORTE-DIJ KAUX — 91 1900
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS,doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
l'E&OFIlSSllUI&S MM. Ml CE
DUPUY MOUSSOUS.
Professeurs honoraires.
Clinique interne
MM. MM.
\ PICOT. Médecinelégale MORACHE.
î PITRES. Physique
BERGON1É.
ni. . , \ DEMONS. Chimie BLAREZ.
Clinique externe
j
DANEDONGUE. Histoire naturelle ... GUJLLAUD.Pathologie et théra- Pharmacie
FIGUIER.
peutique générales.
VERGELY. Matière médicale
... . deNABIAS
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine expérimeu-
Médecine opératoire. MASSE. taie
FERRE.
Clinique d'accouché-
Clinique ophtalmolo-
ments LEFOUR. gique BADAL.
Anatomie pathologi- Clinique des
maladies
que COYNE.
chirurgicales des
en-Anatomie CANNIEU fants P1ECHAUD.
Anatomie générale et Clinique gynécologique
BOURSIER.
hislologie VIAULT. Cliniquemédicale des
Physiologie JOLYET.
maladies des enfants A. MOUSSOUS.
Hygiène LAYET.
Chimie biologique..
.DEN1GES.
Ati Il 10Q10 S l<H« iOXBOKCBCIO :
section demédecine (Palholoqie interneet Médecineléyale.)
MM. CASSA ET.
*|
MM. De DANTEC.AUCHÉ. | IIOBBS.
SABRAZÈS. |
section de ch1uuugie et accouchements lMM. DENUCÉ. I
Pathologieexterne)
YILLAR BRAQUEHAYE CHAYANNAZ.
Accouchemenls.\MM. CilAMBREI
l FI EUX.
ENT
Anatomie
section dessciences anatomiqdes et diiysioi.ogiques
|MM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON.
' N. | Histoirenaturelle BEI
DUE.
Physique.
sectiondessciences physiques MM. S1GALAS. | Pharmacie.."
cosia'iiÉ«iion's1 A a saBOS Clinique des maladies cutanées et
syphilitiques MM
Clinique desmaladies desvoies urinaires
Maladies du larynx, desoreilles etdu nez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements
Chimie _
Physiologie
"
Embryologie Ophtalmologie
Hydrologie etMinéralogie
Le Secrétaire de la Faculté:
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POUSSON.
MDURE.
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RONDOT.
DENUCÉ.
CHAMBRERENT.
DUPOUY.
PACHON.
N.
LAGRANGE.
CARDES.
DEMjAIRE.
^
Par délibération dq 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans les
Thèsesqui lui sont présentéesdoiventêtreconsidérées commepropres à
leurs auteurs, et
qu'elle n'entend leurdonner niapprobation niimprçbation.
3|||g
A MON PÈREET A MA MÈRE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR JOLYET
PROFESSEUR DE PHYSIOLOGIE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
AVANT-PROPOS
Si la
perspective des hasards d'une vie inconnue donne
auxjeunes des
émotions agréables, le souvenir des jours
heureuxpeut-être
écoulés leur laisse de bien tristes regrets.
C'est un deceux-là qui nous
atteint aujourd'hui
aumoment
dequitter un maître
dont la science fut toujours
pournous
un exemple
difficile à suivre, et la bonté
unsoutien aux
heures fréquentes de
craintes et de désillusions dont la vie
d'un étudiant est trop souvent
parsemée. Nous
ne saurons jamais oublier que nouslui devons beaucoup de
cequenous
sommes et nous regretterons
toujours
quedes lois sévères
ne nousaient pas
permis de faire
untravail plus digne de
lui. Aujourd'hui M. le Prof. Jolyet nous
fait l'honneur de
présider notrethèse, nous lui adressonsl'hommage de notre
profonde reconnaissance.
Notre camarade Valentino a sacrifié bien des heures
à
nous aider dans l'achèvement dece travail, il peut
être
sur que nous nous souviendrons avec reconnaissancede
son grand dévouement.Nous n'oublieronspas non
plus
noscamarades d'Ecole;
1 amitié vraie etsincère de quelques-uns nous a
réconforté
souvent dans les heures
pénibles;
nous serons sansdoute
séparés
longtemps,
mais leursouvenir
nousrestera tou¬
jours présent, et l'espoir de nous
trouver
unjour encore
réunisestun de nos vœux lesplus chers.
M
■
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•
! uirnac-
njr'ip
J'ifcq fin; :.y<•}{-• <?f S ' ; ';"?{|i~>■
*
■
-
CHAPITRE PREMIER
Historique.
Helmlioltz
(en
1850) publiade longues
etlaborieuses expé¬
riencesayant trait à « la vitesse
de propagation de l'agent
nerveux».
•
Dans ses travaux, Helmlioltz avait d'abord utilisé la méthode employée par Pouillet, six ans auparavant, pour évaluer la vitesse des projectiles. Voici le
principe de cette
méthode: étant donné, d'une part, qu'un courant
constant,
pour un même temps, imprime une
môme déviation à
l'aiguille d'un galvanomètre ; étantdonné, d'autre part, que si la duréed'application
du courantdiminue,l'aiguille dévie
d'une quantitémoindre et d'autant moindre que la durée
d'application
est plus courte, on peut, en sereportant à des
tablespréalablement construites,déterminer la duréed'appli¬
cation ducourantd'aprèsladéviation de
l'aiguille, l'intensité
de ce courant étant connue.
Au moyen d'un appareil fort
ingénieux, dans la descrip¬
tion duquel nous n'entrerons pas, Helmlioltz, par 22
expé¬
riences,
arrive à évaluer à 26m4 la vitesse de l'action ner¬veuse.
Après lui, Du Bois-Reymond,
Valentin, Fick, Ilarless, Thiry, Marey,
expérimentateurs méticuleux, atteignentdes
résultats très sensiblement voisins duprécédent.
Du
Bois-Revmond,
sans avoir recours à de nouvellesméthodes,
secontente deperfectionner quelque
peules
appa¬reils de Helmlioltz.
Quant àValentin, il abandonne le
procédé Pouillet et
se— 10 —
sert uniquement du
chronoscope
de I-Iipp, sorte de chrono¬mètre à deux aiguilles, aiguillepour les centièmes, aiguille pour les millièmes de seconde.
Le
chronoscope
est misen mouvement lors de l'excitation du nerf, s'arrête au moment de la conctraction musculaire etpermet une approximation de l/1500e de seconde.Pourcontrôler sespremiers résultats, Helmholtz reprend alors ses expériences en s'aidant cette fois de la méthode graphique. Laissant de côté entre le moment de-l'excitation etle moment de la contraction du muscle un laps de temps qu'il appelle « temps perdu » ou « excitation latente » etqu'il évalueà 1 100° deseconde, il arrive à un résultat un peudif¬
férent du premier, mais cependant assez voisin, soit une vitesse de 27m25.
Fick (1862), Ilarless
(1862)
et Thiry(1864),'
lancés dansla
voie tracée par Helmholtz, apportent de notables améliora¬
tionsaux appareils
d'expérimentation.
Lamansky
(1868),
se-basant dons une méthode toute diffé¬rente, sni* le principe de Pfliiger au sujet des courants
ascendants et descendants, n'atteint pas de
résultat bien
probant.Marey
(1868j
faitconstruireunappareil dont lerécepteurest
imité du récepteur
employé
parValentin et dont le transmet¬teur est un myographe ordinaire. Opérantsur la
grenouille,
il trouve pour une température de 10 à 20 degrés une vitesse
de 20 mètres au courant nerveux.
Baxt, à peu
près
à la même époque, travaillant dansle
laboratoired'Helmholtz, sur le nerf radial de l'homme, con¬
clutà une vitesse cle 31m 53.
D'ailleurs la vitesse de transmission de l'influx nerveux varie dans des proportions remarquables suivant
l'animal
considéré; plus lente chez la grenouille que chez l'homme,
elle est encoreplus faiblechez lehomard, commele
montrent
les expériences de Frédérick et de Von de Velde.
C'est
ainsi que pour une température de 10 à 12 degrés
centigra¬
des. la vitesse dans le nerf moteur du muscle fléchisseur du
— 11 —
cloigt
mobile de la pince n'atteint que G mètres. Pour une
température
de 18 à 20 degrés, la vitesse atteint 10 à
12mètres.
Touteslesexpériences
précédentes ont porté exclusivement
sur lesnerfs à
myéline. Cliauveau, le premier, par de nom¬
breuses etpatientes
recherches, s'applique à déterminer la
vitesse del'influx nerveux dans les
nerfs
sansmyéline du système sympathique chez les grands animaux.
Les
expériences de Chauveau, dans leur ensemble, peuvent
êtreclassées en quatre
séries, suivant qu'elles intéressent
desnerfs allant :
1° Aux muscles striés de la vie animale,
2n Aux muscles striés soustraits à
l'influence de la
volonté,
3° Auxmuscles lisses des organes
splanchniques,
4° Aux musclesdes parois
vasculaires.
La méthodn employée
est constamment la méthode graphi¬
que.
Les muscles sont immobilisés par une
chloralisation
légère ou par la section
du bulbe suivie de respiration artifi¬
cielle.
Lecourant employé est
le courant induit direct appliqué
sur le nerfen*plusieurs points au moyen
d'anses excitatrices
enduites d'isolant, saufsur leur
concavité. On donne
au cou¬rant la plus faible
intensité possible, à
causedu retard
observé avec les contractions faiblessur la courbe
d'inscrip¬
tion. Enfin, les excitations sont lancées
très rapidement
dansles différents points du
nerf
au moyend'un
«distribu¬
teur
automatique» actionné
par uncylindre ingénieuse¬
mentchargé d'ouvriren même temps
le circuit. Les contrac¬
tionssontenregistrées par un
myographe à transmission
ordinaire. Cet appareil
ainsi
cou ;upermet
uneapproxima¬
tion de1/2400° de seconde.
Touteune séried'expériences sur
les nerfs moteurs du la¬
rynxdu chevalpermettent à
Chauveau d'établir quelques lois
trèsimportantes.Etantdonné
quel'excitation des nerfs pneu-
— 12 —
mogastrique et récurrent provoqué une
énergique
constric- tion cle la glotte, Chauvenu place entre les deux lèvres glotti- quesl'ampoule
d'un myographe, après trachéotomie et précautions pourintercepter
le passage de l'air autour del'ampoule.
De cette première série
d'expériences,
Chauvepu tire trois conclusions.1° Si l'on augmente la distance du muscle au point excité, le temps
employé
pour letransport
de l'excitation croît moins vite que lalongueur
du chemin parcouru.2° Ces excitations cheminent d'autant moins vite qu'elles
se rapprochent
davantage
de la terminaison du nerf, ou, autrement dit : l'activitéde la conductibilité décroit de l'ori¬gine à la terminaison des nerfs.
3° Enfin, la vitesse moyenne trouvée est environ de 65 mè¬
tres par seconde, c'est à dire trois fois plus grande que dans
les nerfs moteurs de la grenouille.
Les expériences surles nerfs moteurs des muscles rouges à faisceaux striés et soustraits à
l'empire
de la volonté sont particulièrement intéressantes. Elles portent sur les nerfs moteurs de la portion cervicale del'œsophage,
nerfsqui déri¬vent, on le sait, du pneumogastrique. L'instrument employé
est essentiellement formé de deux pinces myographiques
tenant
l'œsophage
aplati et distantes de 0m40* L'œsophage pouvant être considéré comme formé d'anneaux qui se con¬tractent
isolément,
l'excitation d'un point unique dunerf
vague fera contracter les différents anneauxà différents ins¬
tants; or Chauveau constate que ce sont les anneaux supé¬
rieurs qui, dans ces conditions
d'expérience,
se contractenten premier lieu, etavec une avance de 49/1000e de seconde
sur les contractions inférieures.
A ces 49/1000° de secondeprès, la vitesse déterminée est de 8m16 par seconde.
D'où l'on conclut que la vitesse de transmission dans les nerfs moteurs des muscles involontaires à faisceaux rouges et striés est huit fois moindreque dans les nerfsaboutissant à des muscles volontaires.
— 13 —
Les
expériences
portant sur les muscles lisses des orga¬nes splanchniques et celles qui ont traitaux vaso-moteurs n'ontpasétépubliées.
Signalons aussi les expériences habilement conduites,
en1882, par M. A. René dans le laboratoire de Beaunis. Ces
expériences
portent sur l'homme et les animaux afin de déterminer:1° La duréedel'acte cérébralet de l'acte réflexe;
2« La vitessedu courantsensitif;
3o La vitesse du courant moteur.
Cesexpériences amènent M. A. René à
s'exprimer
commeil suit : «Chez les animaux, la vitesse de la transmission
» varie considérablementsuivant, non seulement l'intensité
» du courant, mais encore selon que l'excitation
électrique
» est faite par un courant de fermeture ou par un courant
» d'ouverture, Nous avons trouvé les chiffres moyens de
» 12m50 par seconde chez le
lapin
et de 2im par seconde» chezlagrenouille pour la vitessemotrice.»
Jusqu'alors
nous avons vu toujours lesexpérimentateurs
se servirde la contraction musculaire comme signe objectif
de l'action nerveuse.
Bernstein et toute
l'École
allemandeemploya
pour mesurer la vitesse du courant nerveux unprocédé complètement différent. Nous avons' vu les
expérimentateurs prendre
commemoyen deconstatation palpable du passage du cou¬
rant nerveux la contraction d'un muscle. Bernstein, lui, emploie, commeagent de contrôle, la déviation produite par lavariation négativesur
l'aiguille
du galvanomètre.Al'aide d'unappareil très ingénieux, le rhéotome différen¬
tiel, il est parvenu à étudier
complètement
la variation néga¬tive dans son apparition, sadurée, sa grandeur etsa vitesse depropagation.
8i sur un nerf au repos on lance des excitations, on voit 1
aiguille
du galvanomètre placé encircuit sur ce nerf mani¬fester une déviation très nette et qui se produit en sens
inverse
du courant derepos.
Il s'est évidemment
développé
dansle nerf
uncourant
actifqui a
neutralisé le courant primitif et qui est une des
formes del'activité"nerveuse. Cette onde
négative, qui
en¬vahit lenerfde
proche
enproche,
aété appelée variation néga¬
tive oucourant d'action
(Hermann).
Une seule excitation est trop
faible et trop courte
pour vaincrel'inertie dusystème galvanoscopique, aussi Berns-
tein a-t-il, aumoyen de son
rhéotome, tourné la difficulté. Si
onexcite une extrémité du nerf à chaque
l/iOu de seconde,
ce nerfsera parcouru par une
onde qui rendra successive¬
ment
négatifs chaque point de
sasurface. Si
onrelie chacun
de ces
points,
pourunedurée très courte et chaque fois que
l'onde négative y passe,
à
ungalvanomètre, il
yaura dix
impulsions à la seconde qui cumuleront leurs effets sur l'ai¬
guille
galvanométrique et rendront
sadéviation plus sen¬
sible.
Ce courant d'action étant le
phénomène initial de l'activité
nerveuse,restait à démontrer sa
vitesse
pourconnaître de ce
faitla vitessede l'action nerveuse
elle-même.
OrBernstein a
démontréque la
variation négative naît
au.même moment
({lie
l'excitation,
sanstemps perdu,
quesa durée est de
0,0007e de
seconde
etqu'enfin elle chemine
avecune vitesse
de 25m358 à la seconde; c'est à dire avec
la même rapidité
que
l'influx
nerveuxdéterminée par'les expériences précé¬
dentes.
Toutes lesexpériences
de Bernstein ont porté
surdes nerfs
à myéline.
Tellessont lesdonnées de la science au
sujet de la vitesse
de propagation de
l'influx
nerveuxdans les nerfs moteurs.
Un travail exactement
parallèle pourrait être conduit, au
sujet de la
vitesse de propagation de l'influx nerveux dans
les nerfssensitifs; nous ne
l'entreprendrons
pas,effrayé par
les difficultés immenses qui se
lèveraient aussitôt; et ne
serait-il pas
puéril à
nousde les affronter, dans notre inex¬
périence,
alors
quedes maîtres éminents s'y sont heurtés
jusqu'à proclamer des résultats complètement discordants.
Et pour preuve, nous ne
citerons
quequelques chiffre
A.René évalue la vitesseà 28 mètres.
Schelske etMarey à 30
mètres.
Ricliet à 58 mètres, llelrnlioîtzà 60 mètres.
Kohlrausch à 90 mètres.
Blocli enfin à 132mètres!
CHAPITRE II
I.
Critique
desProcédés.
Pour étudier la vitesse de la transmission nerveusê, nous nous trouvons donc en présence de quatre méthodes :
1° Celle
employée
d'abord par Helmholtz, méthode dePouillet.
2° La méthode dont se servitLamansky, basée sur
les
loisde Pflûger.
3° Celle de Bernstein avecla variationnégative.
4° Enfin, la méthode graphiquepure de Marey.
La première ne nous arrêtera pas, elle est un peu simple
etnesemble pas
à
premièrevue répondre à des mesures dé¬licates commecelles qui nous occupent, de plus quand on
l'examine,
ons'aperçoit
qu'elle nedonnera
pas derésultats
trèsexacts puisque l'évaluation des données qu'elle fournit n'estqu'une série d'approximations. En même temps, bien
.descauses influent sur la précision des
résultats;
ne se¬rait-ceque l'inertiedu
système galvanométrique,
qui varie d'un appareil àl'autre, il faudrait donc se livrer avant cha¬queexpérimentation à la confection d'une table pour
le gal¬
vanomètre qu'on emploie. Toutes ces
opérations
sont un peutrop
variables et trop longues pour que nous songionsà
nousservir de cette méthode : du reste, Helmholtz la dé¬
laissa bientôt pour la méthodegraphique.
Laméthode de
Lamansky, basée
surles lois de Pflûger, ré¬
pond àune donnée scientifique plus exacte. Les lois
qui
ré¬gissent les effetsproduits parles courants
d'ouverture
et defermeture
et que nous avons rapidement énumérées plusLon. 9
— 18 -
haut sont actuellement bien' définies et contrôlées par des
expériences
très nombreuses* Mlis pouremployer
cette mé¬thode,on doit prendre comme excitants
les
courants cons¬tants; or, ces courants n'agissent que par
des variations
brusques de leur intensité, de leur «densité
», commedit
DuBois-Reymond,
et pour obtenir cesvariations il faut laisser
passer dans le nerf le courant pendant un
certain temps.'Ce
passage des courants constants
dans les nerfs
a unein¬
fluence considérable surleur état moléculaire; en effet, les courants de pile ont la propriété de mettre en
mouvement
des quantités énormes d'électricité,
quoique
sous unefaible
tension,etcomme les actions moléculaires qu'ils produisent,
actions qui nesont autres que des
décompositions électroly-
tiques, sontproportionnelles
auxquantités d'électricité
mises enjeu, nous voyons combien ces
courants ont
une influence considérable sur le tissu nerveux.L'effet de l'électrolyse sur le tissu nerveux a été
étudié
par Chauveau et par Bernstein, qui, tous deux, sont
arrivés
au même résultat : c'est que ces
phénomènes de décomposi¬
tion lente du tissu nerveux amènent des différences consi¬
dérables dans son pouvoir conductible en même temps
qu'ils
augmentent d'une façon
très notable
sonexcitabilité
aupoint
de sortie du courant. Cette particularité du courant
constant
que nous n'avions pas encore
signalée suffît à
nousle rendre
un peu suspect. Mais il y a une autre chose
à
luireprocher;
il a été prouvé, en
effet,
parles expériencesmultiples de
Chauveau,quele courant continu traversant un
nerf n'a pas
besoin de subir des différences brusques
dans
sadensité
pourêtre excitateur. On a
observé
que, même sanschanger
d'intensité, il crée dans le nerfun tétanos
particulier qui n'a
pas encore été complètement étudié.
De plus, la fermeture et
l'ouverture
ducourant donnent
naissance à des extra-courants que Chauveau a
bien étu¬
diés et qui sont les agents d'excitation du
courant continu.
Or, deces extra-courants, le terminal ou
extra-courant de
rupture est moins actif que
l'initial
ouextra-courant de
fermeture, ils feront
naître
parconséquent clans le nerf deux
excitations d'intensitédifférente ;
il
estévident
quec'est
une causèd'erreur de plusapportée dans l'expérience. Enfin,
uneautre critique de cette
méthode s'établit d'elle-même quand
on réfléchit aux modifications électrotoniques qui se
passent
dans le nerfà chaque ouverture ou
fermeture du courant,
modifications qui ont, comme nous
l'avons dit plus haut,
uneaction énormesur la conductibilité nerveuse.
Nous savons en effetqu'au
niveau de l'anode, le nerf
a son excitabilité diminuée, tandis qu'auniveau de la cathode elle
est augmentée. Nous savons
aussi
queseule l'excitabilité
n'est pas atteinte, mais que
la conductibilité est diminuée et
quelquefois mêmeabolie dans la portion anéleclrotonisée du
nerfpendant le passage du courant
et dans la portion catlié-
lectrotonisée immédiatement
après la rupture du circuit.
Pour toutes ces raisons, il nous
semble difficile d'accorder
à cette méthode uneentière confiance; nous ne
voulons
pas dire qu'elle soit à rejeter sansdiscussion, mais
nouscroyons pouvoir lui retirer beaucoup de laprécision qu'elle devrait
avoir si elle n'était pas basée, par
le fait même de
sonprin¬
cipe, sur
l'emploi
descourants constants
commeagents
d'excitation.
Nous arrivons à la méthode de Bernstein, méthode toute
scientifique,
d'une précisionabsolue. Nous
nela discuterons
pas, cor nous ne la connaissons pas
complètement
encore, tant àcause desdifficultés que du tempsconsidérable
que demanderait l'étude des travaux importantsqu'elle
a occa¬sionnés. Déplus, elle exige une
expérimentation très délicate
et très longue, que nous n'avons pu
entreprendre
en ce mo¬ment.
Reste la méthode graphique,
c'est à elle
que nous noussommesarrêté.
A quoi bon parler de tous
les avantages et de tous les inconvénients
de cette méthode? Elle adepuis
sanaissance
donnédes résultats tels que sonéloge n'est plus à faire. Il
estcertain qu'elle a des
inconvénients, mais tous les pliysio-
- 20 —
logistes
les connaissent, car tous l'ontemployée.
Nous n'insisterons pas.Voici quelle est la base de nos expériences: il existe dans l'orbite un muscle à fibres lisses appelé musclede Millier, qui est innervé par des fibres sans myéline et dont l'action est de projeterendehors le globe de l'œil.
11 nous semble utile de nousy arrêter un instant.
II. Action du
grand sympathique
sur l'œil et en particuliersur le muscle de H. h/liiller.
Pourtour du Petit, dansun mémoire présenté à PAcadémie
des sciencesen 1725, Dupuy, Breschetet Dupuytren, dans un article du Journal demédecine, Reid et bien d'autresencore avaient montré que la section du sympathique cervical pro¬
duisait du côté de l'œil non seulement le rétrécissement de la pupille, mais encore la congestion de la
conjonctive*
l'en¬foncement duglobe oculaire dans l'orbite et la projection
du
cartilage de la troisièmepaupière
au devant de l'œil.Cl. Bernard attira le premier l'attention surla
projection
en avantdu
globe
de l'œil produitepar l'électrisation dubout supérieur dusympathique,
mais il pensait que ce mouve¬ment était peut-être dû au relâchement des muscles de la
face et del'œil contractés sous l'influence de la section du nerf; il
professait
encore cette doctrine dans ses leçonsau Collège de France en 1858.Puis vint en 1845 l'Italien Biffiqui, reprenant l'expérience précédente et faradisantle boutcépha
tique
dusympathique
cervical préalablement tranché", voit des
phénomènes in¬
verses se produire : vaso-c.onstriction dans la moitié corres¬
pondante de la tête, hypothermie dans la moitié correspon¬
dante du corps, enfin mydriase et projection en avant
du
globe oculaire, projection due à la contraction énergique
du
muscle orbitaire.
Pendantce temps M. II. Muller faisait desexpériences sur
un muscle lissequ'il
venait de découvrir dans la cavité orbi¬
tali'e etqu'il
appelait
«membrana orbitalis
».D'autre part,
M.
W.Turner, d'Edimbourg, donnait de
ce planmusculaire
uneexcellente description anatomique et
acceptait les
opinions de Millier
ausujet de l'action de
cemuscle et de ses antagonistes. Les
expériences de Millier
sur des animaux, et leur confirmation pourl'homme,
faite
par le Prof.
Rudolph
Wagner sur unedécapitée
en1859, ont
jetéunjour nouveau sur
cette question. Ces auteurs
mon¬trèrent nettement que l'aponévrose
orbitaire
enoffrant des
insertions au pourtour de
l'orbite constitue
unegaine fibro-
musculairecontractile, et forme un
manchon conique, à base
fixe dirigée en avant, dont les
contractions font saillir le
globe oculaire. Dans unecommunication faite à l'Académie
des sciences le 21 octobre 1867, M. Sappey a
complété les
données anatomiques fourniespar
les auteurs précédents.
M. Vulpian, dans une note lue
à
laSociété Philomathique
en 1866, relativement à l'action du curare sur
le grand
sym¬pathique, avait déjà fait observer que sur
les chiens
cura- risés lagalvanisation du nerf vague produit enmême temps
que la dilatation de l'iris une oscillation du globe
oculaire
autour deson axe
antéro-postérieur.
Enfin, unenote sur le rôle
physiologique de la gaine fibro-
musculairedel'orbite relativement aux mouvements de pro¬
jection du globe oculaire lors de
l'électrisation du grand
sympathiquecervical, présentée àla Société de Biologie
par MM.F. Jolyetet J.-L. Prévost, le 16 novembre1867, mitdéfini¬
tivement.la
qyestion
aupoint.
Sur des chiens curarisés, ces expérimentateurs
électrisè-
r'ent le bout supérieur du nerf vague
et constatèrent
que«quelques secondes après
l'excitation du nerf et coïncidant
» avecla dilatation pupillaire, il se
produit
uneprojection
»du globede l'œil. Dansce mouvementleglobeoculaire est
» porté en avant et un peu endehors sur une
distance d'énvi-
» ron 1ou 2millimètres,en effectuant une
légère rotation
surson axe». Et ils conclurent que ce
mouvement de projection
— 22 —
est de l'ordre des mouvements des muscles lisses qu'il ne débute que quelques instants
après
l'excitationdu nerf,qu'ilest bien dû à la gaine flbro-musculaire de l'orbite.
Nous devons donner une description anatomiquesuccincte dece muscle pour bien comprendre son rôle.
Le muscle orbitaire est situé dans la cavité orbitaire, au niveau de la fente sphéno-maxillaire. Il se présente sous
l'aspect d'un amas gris rougeàtre n'excédantpas0,001 milli¬
mètre d'épaisseur et se trouveformé de fibres lissesassociées
en faisceaux, chaque faisceau étant d'ordinaire pourvu d'un tendon élastique.
Ces fibres, qui sont, d'une part, fortement accoléesau
périoste orbitaire et qui, d'autre part, prennent d'intimes
connexions avecla capsule de Tenon, s'étendent de l'extré¬
mité antérieure de la fente
sphéno-maxillaire
jusqu'au com¬mencement de la gouttière sous-orbitaire. Elles sont unies par de courts tractus
(Tiirner)
à d'autres fibres muscu-.laires lisses qui partent
De la gaine du
'muscle
droit externe(muscle orbi¬
taire externe) ;
De la gaine du muscle droit interne'
(muscle orbi¬
taire
interne)
;Et de la gaine du muscle petit oblique;
enfin elles sonten rapport
également
étroit avec lemuscle orbito-palpébral.
Detoutes cesconnexions résulte, en arrière du
globe de
l'œil, un manchon en partie musculaire, adhérentpostérieu¬
rementau périoste de l'orbite, antérieurement à la
capsule
de Tenon, manchon qui pourrait (M
il ne-Edwards)
en secon¬tractant, et dans certaines conditions maldéfinies,
projeter
l'œil enavant.
D'action propre, le muscle orbitaire n'en a pas
chez
l'homme ; ce muscle, analogue en cela aux muscles
orbi-
taires interne et externe, n'étant qu'un reliquat
de mus¬
cles primitifs importants.
De fait, l'anatomie comparée nous montre le
muscle orbi-
— 23 —
taire très bien
formé chez certains mammifères, et d'un
développement toujours proportionnel au développement
même de la
membrane orbitaire
;très puissant chez les
carnassiers, et, toutes
choses égales d'ailleurs, d'autant plus
puissant qu'il s'agit de carnassiers plus inférieurs : très
réduitchezles ruminants,
le cheval et l'hippopotame (B1 a in¬
ville);
complètement atrophié chez l'homme, parce que dans
lasérie de ces différents êtres,
la membrane orbitaire est
considérable, puis
restreinte, puis nulle, à mesure que les os
entrentpour une
part plus grande dans la constitution de
l'orbite(j).
Brown-Séquard pensait
quele muscle orbitaire était innervé
par des
nerfs à fibres
sansmyéline provenant du ganglion
sphéno-palatin.
Mais
pardes expériences plus récentes,
MM.Prévost etJolyet
démontrèrent
queles filets qui émanent
deceganglion
n'animent point les fibres musculaires lisses de
la gaine
fibro-musculaire de l'orbite, et
quecette gaine reçoit
des filets nerveux du grand
sympathique
sansl'intermé¬
diaire duganglion
sphéno-palatin.
Cette actionorbito-ôculaire du
sympathique s'exerce même,
comme commel'a montré Vulpian en
1878, si après avoir
excisé leganglion cervical
supérieur et le thoracique supé¬
rieuron excite le bout central dunerfsciatique.
Bienplus, il est
remarquable
quel'effet commence à se
produire du côté où les ganglions
ont été excisés, quelques
instantsplus lard que du
côté où le. système sympathique
estintact.
0)Lamembraneorbitaire, onle sait, complète en
dehors la fosse orbitaire
Ctlasépare de lafosse sphého-temporale*lorsque
les
osn'y suffisent
pas.Importante chez lescarnassiers, parce que l'orbite
chez
cesmammifères
communiquelargement avecla fosse
sphëno-lemporale, elle entre
peuà
peuonrégressionjusqu'à l'homme. Chezl'homme,tdle a
disparu
presquetota¬
lement, lacommunication entrelesdeux fossesétant réduite à une simple
lente(fentesphéno-maxillaire) pourle passage
du nerf maxillaire supérieur
et desonrameau orbitaire. Chez lesmammifères, cemuscle projette
l'œil
enavanten tantqu'antagoniste dumuscle,choanoïde
(Le Double) et des muscles
'h'oitsouobliques quisont tous plus oumoinsrétracteurs
du globe oculaire.
— 24 —
Il en résulte que certains nerfs crâniens possèdent des fibres sympathiques se rendant à l'œil ; le trijumeau n'est pas seul à fournir ces fibres à l'appareil oculaire, suivant les expériencesde
Vulpian
; des travaux ultérieurs ont du reste démontré que cette action excito-motrice transmise par la portion cervicale du sympathique a pour point de déport la portion de la moelle comprise entre la lre ver¬tèbre cervicale et la 10me dorsale inclusivement
(région
cilio-spinale).
Il est clair que si nous enregistrons la projection de l'œil pour une excitation du sympathique en un point (A) et une autre contraction du muscle de Mûller pour une excitation faite plus bas, sur le
sympathique (B),
etque nousmesurions le retard observé de la seconde contraction sur lapremière,nous en déduisons facilement la vitesse avec laquelle
la
transmission de l'excitation s'est propagée entre les points
Aet B, distance qu'il nous sera facile de mesurer ; toutes les conditions d'excitation restant les mêmes.
Une difficulté se présente dans la réalisation de cetteexpé¬
rience, et, bien qu'au premier abord, la choseparaisse
facile,
quand on se trouve aux prises avecla réalité on arrive vite à se convaincre que de nombreuses circonstancesse présen¬tent qui rendent trèsdifficile
l'enregistrement
de ces mou¬vements de l'œil.
Nous allons cependant chercher à exposer les
procédés
que nous avons employéspour menerà biences
expériences,
regrettantencore de n'avoir pu, faute de temps,rendre
cetravail plus intéressant.
CHAPITRE III
Contraction musculaire dans les muscles lisses et striés.
L'étude de la vitesse de transmission du courant nerveux
exige qu'on tienne compte de facteurs
multiples qui influent
de
façon très
importante surles-mesures d'expérimentation.
Et d'abord, une excitation parcourant un
nerf
moteurpour aboutir au muscle, il importe de distinguer autrajet de l'ex¬
citation plusieurs périodes:
La première comprend le passage
de l'excitation dans le
troncnerveux.
Ladeuxièmerépond au passagede
l'excitation dans la pla¬
quemotrice.
Et la troisième, au passage
de l'excitation dans le muscle lui-même;
cette troisième période estla
«période latente
»,« période detemps perdu »
pendant laquelle il
y alutte, jus¬
qu'àce quel'élasticité du
système musculaire soit vaincue
par la contraction.
Etcette division n'est pas une simple vue
de l'esprit, mais
reposesurl'individualité bistologique «tes
différents milieux
quetraverse l'influx nerveux: nerf, plaque
motrice, muscle.
Notre étude sera donc divisée en trois parties
bien
nettes.Et à trois reprises nous allons nous trouver dans
des posi¬
tions toutes spéciales d'expérimentation;
dès lors, il est
convenable
d'exposer
tout d'abord les causesd'erreur qu'à
chaque
période il nous faudra parer.Première Période.
Marche de
l'influx dans le
tronc nerveux lui-même.La vitesse detranslationde l'influx nerveux n'est pas cons¬
tante en tous temps dans un même nerf, et cette vitesse
dépend,
en premier lieu, de l'état même du nerf; en second lieu, des conditions extérieures.a) Etat du nerf.
— La vitesse varie suivant que le nerf est pris au repos ou en fonction; il est bien natureleneffet qu'un nerf, tout à coup surpris à l'état statique par une excitation, demande un certain temps pour passer de l'état .statique à l'état fonctionnel. Cetemps, sans doute très court, estcepen¬dant appréciable et constitue un moment perdu auquel on doit quelques égards.
Sa mesure, fort difficile, n-'a pas été obtenue et nous n'en
avons pas trouvé une évaluation, mêmeapproximative, dans
le cours denos recherches.
Le nerf étant arrivé à l'état fonctionnel, l'influx passe librement suivant une certaine vitesse; ici encore on
conçoit
que l'état du nerf est important, car l'influx passant
depuis
un certain temps, le nerf fatigué n'opposera plus au
courant
une vitalité suffisante pour que la vitesse se maintienne constante.
11 faut, en effet, pour que les nerfs conservent leur excita¬
bilité, que les échanges nutritifs s'accomplissent
normale¬
ment. Dès que-ces échanges ne s'effectuent plus
suffisam¬
ment, il y a affaiblissement de
l'énergie
nerveuse, il y afa¬
tigue.
Mais cette fatigue n£ seproduisant pas aussi vite
dons le
nerf que dans le muscle, et de plus semblant résider
surtout
dans la plaque motrice, peu ou point dans les
filaments
terminaux des nerfs moteurs et à un certain degré, —
relati¬
vement faible, si on veut,— dans toute la longueur
du
tronc,nous ne nous y attarderons pas en ce moment.
Certains poisons,etenparticulier lecurare,
produisent
surlenerfles mêmeseffets que
la fatigue;
sansvouloir contester
l'actionélective de ce poison sur
la plaque motrice, on peut
de l'ensemble des expériences
de Kûline et de Politzer tirer
laconclusion suivante : que le curare,
tout
enexerçant
soninfluence surtout sur les plaques
motrices, n'épargne
cepen¬dant pas
complètement les troncs
nerveuxeux-mêmes. Nous
reviendrons aussi plus
tard
sur cepoint.
L'aconitine, la nicotine, la
conicine, la lobéline, la licotoc-
nine
(alcaloïde de l'aconitum lycoctonium) d'après Ott, la
delphine
d'après
Rabuteau,agissant
surl'organisme, dimi¬
nuentl'excitabilité des nerfs moteurs et leur vitesse
cle
con¬duction.
b) Conditions
extérieures.
— Laconductibilité du nerf
va¬rie très notablement avecla nature de l'agent
excitant
etles
qualités du milieu ambiant, d'où lanécessité absolue
pourl'expérimentateur
de se placertoujours et autant
quepossi¬
ble dans les mêmes conditions d'expérience.
Pour cequi est des
qualités
dumilieu ambiant, Ôelil
aétabli que
la,chaleur accélère et
quele froid retarde la trans¬
mission de l'influx nerveux, pourvu
qu'on reste, bien
en¬tendu, dansles limites où la vie est
possible.
Regnarda démontré que la
transmission est retardée à
mesure que la pression augmente.
Quantà l'agent excitant
(nous
ne nous occupons quede
l'excitant
électrique),
il influedifféremment suivant qu'il est:
électricité statique, courant
induit
oucourant constant.
L'électricité statique n'est presque
jamais employée,
nousne nousyarrêterons pas.
Les courants induitsontl'avantagesur les
courants
cons¬tants d'être
instantanés;
c'est cequ'on exprime
endisant
quils produisent un mouvement moléculaire rapide et
brus-
quequi est, d'aprèsOnimus,deO",001-2 pourle courantdè fer¬
meture et de 0",0014 pour le
courant de rupture. Lorsqu'il
sagit d'exciterun nerfdelà vieorganique,on
préfère de beau¬
coup les courants induits, car si une
seule décharge, même
torte,lancée dans un tel nerf, est toujours tropfaible
pourengendrerun résultat apparent, les
décharges
successive¬ment distribuées serontadditionnées par le nerf, grâceà une
propriété spéciale; et l'on a démontré qu'une même quan¬
tité délectricité traversantun nerf de la vieorganiqueengen¬
dre sous forme de
décharge
des effets plus manifestes quesousforme de courant constant.
Les courants constants, dont l'effet sur les nerfs delà vie
organiqueesttrès contesté, ont une action très nettesur les nerts de la vie de
relation;
cette action est très bien définie parPflûger. Lt, pour résumerleslois dePflûger, nous dironsavec Du
Bois-Reymond (1845)
: « Ce n'est pas à la valeur abso-».lue dela densité
(intensité)
d'un courant àchaque
moment» que le nerfmoteur répond par la secousse de son muscle,
» mais bien au
changement
de cette valeur d'un moment à» l'autre, et l'excitation au mouvement qui suit ces clionge-
» ments est d'autant plusconsidérable queceux-ci sont plus
» rapides a valeur égale, ou plus forts à temps égaux. » Cequi revient à dire en somme que lecourant constanten
lui-même, et quelle que soit soir
intensité,
passant dans un nerf ne produit rien; sa fermeture et sa rupture sont seulesa c11ves-
La loi des secousses correspond à trois stadesdansPinten- sité du courant.
Avec la
disposition
habituelle(nerfisolé sur deux électro¬des) Pflûger a dressé le tableau suivant :
CJURANT DESCENDANT ASCENDANT
Fermeture. Ouverture. Fermeture. Ouverture.
Faible Secousse. Repos. Secousse. Repos.
Moyen Secousse. Secousse. Secousse. Secousse.
Fort Secousse. Repos. Repos. Secousse.
De'plus,
on sait par les expériences de Pflûger et de DuBois-
Reymond que lorsqu'un nerf est traversé par uncourant
constant, son excitabilitéest modifiée dons toute son éten¬
due; et, comme ces variations de l'excitabilité
accompagnent
les phénomènes
d'électrotonus,
on les aappelées
«modifier-
- 29 —
tionsélectrotoniqùes de l'excitabilité
» etdivisées encathélec- trotoniques etanéleetrotoniques.Dans lecas d'un courant d'intensité moyenne, l'excitabi¬
lité du nerf est augmentée au voisinage du pôle négatif
(ca¬
thode)
et diminuée auvoisinage
du pôle positif(anode).
Les mômes expériences successivement faitessur la gre¬
nouille et sur riiomme ont donné des résultats tout à fait concordants.
Toutcela, fort bien étudié et très clairement élucidé à pro¬
pos des nerfs à myéline, demeure fort obscur pour ce qui
touchéaux nerfs sympathiques, malgré les recherches des plusgrands maîtres.
Cependant
Chauveau semble avoir établi, pour le sympa¬thique cervical ducheval, que le courant descendant a moins d'actionque le courant ascendant sur les vaso-moteurs delà tête..
Ces divers
phénomènes,
qui augmentent ou diminuent l'excitabilité des nerfs, semblent n'avoir aucunrapport avec la vitesse de la transmission nerveuse; cependant on sait, à la suited'expériences
très précises entreprises par Helm- holtz, Steiner, v. Bezold, Rutherford, Wundt, Baxt, Vints- chgau et bien d'autres encore, quesi l'excitabilité du nerf est augmentée, la vitesse de transmission s'accroît, et que si l'excitabilité diminue, la vitesse de transmission devient elle aussi moins grande.Dansce dernier cas, ainsi que l'a montré Vintschgau, la
• durée du courant employédoit être plus considérable.
Les mêmes expérimentateurs ont montré aussi que l'ané-
leetrotonus
ralentitla vitesse de transmission d'une façonconsidérable,
tandis que le cathélectrotonus l'accélère-.Enrésumé, nous pouvons conclure que cette première pé¬
riode de la transmission nerveuse, qui est en réalité la prin¬
cipale,
estsu.jetteà subir des modificationstenant: à la nature de l'excitant, qui, s'il est un courant constant, transforme souventl'excitabilité
nerveuse; àl'espèce
animale à laquelleon