Diagonalisation
INP Bordeaux.
Exercice 1. (EDHEC 2008)
On note ϕ l'endomorphisme de R 3 dont la matrice dans la base canonique B = (e 1 , e 2 , e 3 ) est :
A =
−2 5 2
−1 4 2 2 −10 −5
1) a) Montrer que A ne possède qu'une seule valeur propre a .
b) Expliquer pourquoi A n'est pas diagonalisable. Est-elle inversible ?
c) Déterminer une base du sous-espace propre de A associé à la valeur propre a . 2) On note Id l'application identité de R 3 , on pose :
u 1 = e 1 , u 2 = (ϕ − a Id )(e 1 ) et u 3 = 2e 1 + e 3 .
a) Montrer que B 0 = (u 1 , u 2 , u 3 ) est une base de R 3 et vérier que u 2 et u 3 sont des vecteurs propres de ϕ .
b) Ecrire la matrice T de ϕ dans la base B 0 .
c) On note P la matrice de passage de la base B dans la base B 0 . Déterminer P −1 . d) Pour tout n de N, calculer T n puis en déduire explicitement A n .
Exercice 2.
Déterminer si les deux matrices suivantes sont diagonalisables :
1) A =
1 1 1 1
1 1 −1 −1
1 −1 1 −1
1 −1 −1 1
2) B =
1 −3 0 3
−2 −6 0 13 0 −3 1 3
−1 −4 0 8
Exercice 3.
Soit la matrice M d'ordre n de permutation circulaire M ij = 1 si i − j ≡ 1 modulo n et M ij = 0 sinon. Montrer que M est diagonalisable sur C.
Exercice 4.
Montrer que toute matrice réelle symétrique 2 × 2 est diagonalisable.
Exercice 5. (Projections)
On rappelle qu'une projection p sur F suivant G ( E = F ⊕ G ) est dénie par
p : E −→ E
x
|{z}
∈F
⊕ y
|{z}
∈G
7−→ x
Faire un dessin pour se persuader que cette dénition est cohérente avec celle vue auparavant.
Montrer qu'une projection est toujours diagonalisable.
Exercice 6. (Réexions)
Faire de même avec une réexion r par rapport à F suivant G ( E = F ⊕ G ) dénie par
r : E −→ E x
|{z}
∈F
⊕ y
|{z}
∈G
7−→ x − y
Exercice 7. (Diagonalisation simultanée)
Soient ϕ et ψ deux endomorphismes sur un espace vectoriel de dimension nie E tels que ϕ et ψ sont diagonalisables,
et ϕ ◦ ψ = ψ ◦ ϕ.
Montrer qu'il existe une base de E telle que les matrices de ϕ et ψ soient diagonales dans cette base.
(On dit que ϕ et ψ sont simultanément diagonalisables).
Exercice 8. (Projecteurs spectraux)
Soit ϕ un endomorphisme et soit λ 1 , . . . , λ p ses valeurs propres. On pose alors π λk l'endomorphisme de projection sur le sous-espace caractéristique E λk parallèlement à G =
parallèlement à G =
p
L
j=1, j6=k
E λj. 1) Montrer que
a) π λ 2
k
= π λk,
b) Im π λk= E λket Ker π λk=
et Ker π λk=
p
L
j=1, j6=k
E λj
c) π λk◦ π λ0
◦ π λ0
k
= 0 si k 6= k 0 ,
d) P p
k=1
π λk = Id,
e) Si ϕ est diagonalisable, alors
p
P
k=1
λ k π λk = ϕ 2) Détermination des projecteurs spectraux.
On pose Q i (X) = µ ϕ (X )
(X − λ i ) αλi, où µ ϕ (X ) est le polynôme minimal et α λi est la multiplicité de λ i
est la multiplicité de λ i
dans µ ϕ .
a) Montrer que Q i (X) et (X − λ i ) αλi sont premiers entre eux.
b) En déduire qu'il existe U i (X ) tel que (Q i U i )(X) ≡ 1 mod (X − λ i ) αλi. c) Montrer que (Q i U i )(ϕ) = π λi.
.
d) On écrit la décomposition en éléments simples de 1 µ ϕ (X ) =
p
P
i=1
R i (X)
(X − λ i ) α(λi) . Montrer que l'on peut prendre U i (X ) = R i (X) .
3) Application : Déterminer les projecteurs spectraux associés à A =
1 1 1 1 1 1 1 1 1
.
Exercice 9. (Décomposition de Dunford)
On suppose que le polynôme minimal de ϕ est scindé, Montrer qu'il existe une décomposition unique du type
ϕ = d + n où
• d est diagonalisable,
• n est nilpotent,
• dn = nd .
De plus, d et n sont des polynômes en ϕ . Exercice 10.
Déterminer exp
0 −t t 0
.
Solutions des exercices
Exercice 1.
1) a) On trouve χ A (X) = (X + 1) 3 .
b) La matrice A n'est pas diagonalisable car si elle l'était, elle serait égale à −I , ce qui n'est pas le cas.
c) On trouve que dim V −1 = 2 et V −1 est engendré par v −1 = t (5, 1, 0) et v −1 0 = t (2, 0, 1) .
2) a) On calcule u 2 = t (−1, −1, 2) et u 3 = t (2, 0, 1) . On calcule le déterminant pour voir qu'il est non nul et qu'il s'agit donc bien d'une base. De plus, ϕ(u 2 ) = −u 2 et ϕ(u 3 ) = −u 3 .
b) T =
−1 0 0
1 −1 0
0 0 −1
.
c) On trouve P =
1 −1 2 0 −1 0
0 2 1
et P −1 =
1 −5 −2 0 −1 0
0 2 1
.
d) On trouve T n = (−1) n I si n > 0 . Donc A n = P T n P −1 . Si n est pair, alors A n = I . Si n est impair, alors A n = −I .
Exercice 2.
1) On peut dire qu'elle est symétrique réelle et basta, ou alors, on trouve que 2 est valeur propre de
multiplicité algébrique 3 et −2 valeur propre simple. de plus, P =
1 1 1 1 1 0 0 −1 0 1 0 −1 0 0 1 −1
2) 1 est valeur propre de multiplicité algébrique 4 , mais B 6= I , donc elle n'est pas diagonalisable.
Exercice 3.
On démontre facilement que M n = I en composant n fois la permutation circulaire. Le polynôme annulateur X n − 1 est scindé à racines simples sur C : en eet, les valeurs propres sont toutes distinctes n
e
2ikπno
k∈[[1,n]] . Exercice 4.
On pose A = a b
b c
. On a alors χ A (X ) = X 2 − X(a + c) − b 2 et ∆ = (a + c) 2 + 4b 2 qui est positif, et nul uniquement si a = −c et b = 0 . Mais si b = 0 , alors A est diagonale. Donc A est toujours diagonalisable.
Exercice 5.
Un polynôme annulateur est par dénition M 2 = M . Il sut de voir que X et X − 1 ne sont pas polynômes annulateurs pour comprendre que µ p (X) = X (X − 1) est le polynôme minimal de p . Ainsi, dans une base de vecteurs propres, on a
Mat (p) =
1 0 . . . . . . . . . 0
0 ... ... ...
... ... 1 ... ...
... ... 0 ... ...
... ... ... 0
0 . . . . . . . . . 0 0
Les premiers vecteurs propres associés à 1 sont ceux qui décrivent l'espace F de projection et ceux associés à la valeur propre 0 décrivent l'espace suivant lequel on projette.
Exercice 6.
Un polynôme annulateur est par dénition M 2 = I . Il sut de voir que X + 1 et X − 1 ne sont pas polynômes annulateurs pour comprendre que µ p (X) = X (X − 1) est le polynôme minimal de p . Ainsi, dans une base de vecteurs propres, on a
Mat (p) =
1 0 . . . . . . . . . 0
0 ... ... ...
... ... 1 ... ...
... ... −1 ... ...
... ... ... 0
0 . . . . . . . . . 0 −1
Les premiers vecteurs propres associés à 1 sont ceux qui décrivent l'espace F de projection et ceux associés à la valeur propre −1 décrivent l'espace suivant lequel on projette.
Exercice 7.
On raisonne par récurrence sur la dimension de l'espace dim E = n . L'initialisation pour n = 1 ne pose pas de problème. Supposons que le résultat soit vrai pour la dimension n − 1 . On note λ 1 , . . . , λ p les valeurs propres de ϕ distinctes deux à deux. Si ϕ est une homothétie, le résultat est vrai car toute base qui diagonalise ψ diagonalise ϕ . Si ϕ n'est pas une homothétie, E est somme directe de ses sous-espaces propres qui sont tous de dimensions strictement inférieures à n . Soit E λ un sous-espace propre de ϕ . Il sut de montrer qu'il est stable par ψ : Soit u ∈ E λ , on a (ϕ − λ Id ) ◦ ψ(u) = ψ ◦ (ϕ − λ Id )(u) = 0 car ϕ et ψ commutent. Donc ψ(u) ∈ E λ . Il sut ensuite d'appliquer l'hypothèse de récurrence à tous les sous-espaces propres.
Exercice 8.
1) a) C'est un projecteur par dénition.
b) Ce sont respectivement les espaces de projection et de direction.
c) Comme E λk⊕ E λ0
k
, on a π λ0
k
(u) ∈ E λ0
k
et π λk(E λ0
k