Universit´ es Paris 6 & Paris-Sud, ´ Ecole Normale Sup´ erieure, ´ Ecole Polytechnique.
M2 – Parcours de Physique Quantique
Physique statistique hors ´ equilibre - examen
Mercredi 17 d´ ecembre 2008
R´ ediger les deux probl` emes sur des copies S´ EPAR´ EES.
Probl` eme 1 : un probl` eme avec le th´ eor` eme H ?
On s’int´ eresse ` a un gaz d’atomes de masse m, pi´ eg´ es dans un potentiel harmonique U (x, y, z) = 1
2 mω 2 (x 2 + y 2 + z 2 ). (1)
Les atomes se trouvent dans un r´ egime suffisamment dilu´ e, et interagissent ainsi par un potentiel de paire, qui n’est pas pr´ ecis´ e (on n´ eglige les interactions ` a 3 corps ou plus). On ne fera intervenir aucune notion de statistique quantique ici, et la dynamique de la fonction de distribution ` a un point f (~ r, ~ v, t) est d´ ecrite par une ´ equation de Boltzmann classique, de la forme :
∂f (~ r, ~ v 1 , t)
∂t + ~ v 1 · (· · · ) + (· · · ) = Z
d~ v 2 dΩ 0 |~ v 1 − ~ v 2 |[f 1 0 f 2 0 − f 1 f 2 ] σ, (2) o` u σ est la section efficace diff´ erentielle de collision, qui d´ epend de l’angle solide Ω 0 et de la vitesse relative |~ v 1 − ~ v 2 |. Conform´ ement aux notations standard, f i d´ esigne f (~ r, ~ v i , t) et les fonctions prim´ ees ont pour argument les vitesses post-collisionnelles. Les collisions sont suppos´ ees
´
elastiques.
Pr´ eliminaires
1/ Rappeler succinctement les hypoth` eses importantes sous-tendant l’obtention de l’´ equation de Boltzmann.
2/ Expliciter le membre de gauche de (2), associ´ e au transport libre, dans le cas pr´ esent d’un confinement harmonique.
3/ A l’´ equilibre thermodynamique, quelle est l’expression de la fonction de distribution f 0 (~ r, ~ v) ? Montrer qu’il s’agit bien d’une solution de l’´ equation (2).
Le mode de respiration
Nous allons dans ce qui suit construire des solutions exactes de l’´ equation de Boltzmann (2), solutions que l’on cherche sous la forme d’un ansatz gaussien :
f (~ r, ~ v, t) = N exp
−α(t) r 2 − β(t) v 2 − γ(t) ~ r · ~ v (3) Les fonctions inconnues α, β et γ d´ ependent du temps ; N est un facteur de normalisation (constant).
4/ Montrer que la quantit´ e 4αβ − γ 2 est constante. Le cas ´ ech´ eant, pr´ eciser les signes de α, β et γ .
5/ Quels ingr´ edients assurent-ils que la solution (3) annule le terme de collision dans l’´ equation de Boltzmann ? Cette propri´ et´ e d´ epend t-elle de la section efficace ?
6/ Le r´ esultat pr´ ec´ edent assure que (3) est une solution de l’´ equation de Boltzmann d` es lors que la fonction f annule l’op´ erateur du mouvement libre. Montrer que cela se traduit par le syst` eme
dα
dt = ω 2 γ ; dβ
dt = −γ ; dγ
dt = a(ω 2 β − α) (4)
o` u a est une constante que l’on pr´ ecisera.
7/ En d´ eduire le caract` ere p´ eriodique des fonctions α, β et γ . Quelle en est la pulsation ? Comment ´ evolue le rayon quadratique moyen hr 2 i ? Pourquoi la solution correspondante peut- elle ˆ etre qualifi´ ee de mode de respiration ? On parle de mode monopolaire.
8/ Montrer que la seule solution ` a γ constant est la solution d’´ equilibre thermodynamique.
Temps de vol et corr´ elations position-vitesse
Dans les questions 9 et 10, on consid` ere une situation nouvelle, et on se propose de montrer que si le confinement est brutalement coup´ e, la forme (3) permet encore de trouver une solution exacte au probl` eme.
9/ Quelles sont les d´ ependances temporelles de α, β et γ mises en jeu ?
10/ En d´ eduire l’´ evolution du rayon quadratique moyen hr 2 i. Montrer qu’une mesure exp´ eri- mentale fine de ce rayon donne acc` es au couplage position-vitesse dans l’´ etat initial (juste avant l’arrˆ et du potentiel confinant).
Facultatif : prolongements ; discussion
11/ (Difficile) Les solutions exactes que nous avons exhib´ ees violent-t-elles le th´ eor` eme H ? En pr´ eambule, on pourra montrer que le th´ eor` eme H vu en cours dans le cas d’un milieu homog` ene se transpose au cas inhomog` ene.
12/ (Plus facile) Montrer qu’en toute g´ en´ eralit´ e, il existe un mode d’oscillation du centre de masse dans un tel syst` eme (on suppose ici le confinement op´ erationnel). On parle de mode dipolaire. Comparer sa pulsation ` a celle du mode monopolaire. Retrouver ce r´ esultat par un argument heuristique.
13/ (Plus difficile et plus chronophage, mais bien r´ emun´ er´ e) Est-il possible de trouver des solutions exactes de l’´ equation de Boltzmann, dans l’esprit de celles qui pr´ ec` edent, lorsque le potentiel de confinement n’est plus harmonique ?
14/ (Plus facile) Sch´ ematiquement, comment la fr´ equence moyenne de collision d´ epend t-elle de la temp´ erature ? On pourra supposer la section efficace diff´ erentielle constante. Comment ce r´ esultat se compare t-il ` a celui que l’on obtiendrait dans un syst` eme homog` ene, en l’absence de confinement ?
R´ ef´ erence : D. Gu´ ery-Odelin, habilitation ` a diriger des recherches (2005), disponible sur www.coldatomsintoulouse.com/dgo/index.html
Probl` eme 2 : Compressibilit´ e des fermions charg´ es - plasmons
Nous analysons la compressibilit´ e d’un liquide d’´ electrons dans un m´ etal. Dans un premier temps nous ´ etudions la compressibilit´ e χ 0 du gaz de fermions sans interaction. Celle-ci sera prise en compte dans un second temps, ` a l’approximation RPA.
Le gaz de Fermi.– Nous nous pla¸ cons dans le cadre du mod` ele des ´ electrons libres (dans l’espace tridimensionnel) : ˆ H 0 = 2m 1 P
i ~ p ˆ i 2 = P
~ k ~ k ˆ c ~ †
k c ˆ ~ k o` u ˆ c ~ †
k et ˆ c ~ k sont les op´ erateurs cr´ eation et annihilation de fermions dans les ´ etats individuels φ ~ k (~ r) = √ 1
V e i ~ k·~ r d’´ energie ~ k = 2m ~ k
2(on fera
~ = 1) ; V d´ esigne le volume occup´ e par les fermions. L’´ etat fondamental du gaz de fermions est une mer de Fermi : | Fermi Sea i = | all φ ~ k with || ~ k|| < k F occupied i. En pratique l’´ energie de Fermi F = 2m 1 k F 2 est beaucoup plus grande que la temp´ erature et nous pouvons consid´ erer que le syst` eme est ` a temp´ erature nulle (gaz d´ eg´ en´ er´ e). Nous rappelons que la densit´ e des ´ etats individuels par unit´ e de volume, mesur´ ee ` a l’´ energie de Fermi est ρ 0 ≡ ρ( F ) = V 1 P
~ k δ( F − ~ k ) =
mk
F2π
2. La densit´ e d’´ electrons ` a T = 0 est donc n = R
F0 d ρ() = k F 3 /(6π 2 ) (nous omettons la d´ eg´ en´ erescence de spin).
2
Compressibilit´ e dynamique.– La compressibilit´ e caract´ erise la r´ eponse de la densit´ e ` a une perturbation scalaire
H ˆ pert (t) = + Z
d~ r n(~ ˆ r) U pert (~ r, t) = 1 V
X
~ q
ˆ
n −~ q U ~ q pert (t) . (5)
La composante de Fourier de la compressibilit´ e dynamique est d´ efinie comme h n ˆ ~ q (t)i U
pert= n V δ ~ q,0 +
Z
dt 0 χ ~ q (t − t 0 ) U ~ q pert (t 0 ) + O[(U pert ) 2 ] , (6) o` u h· · ·i U
pertd´ esigne la moyenne quantique et statistique en pr´ esence de la perturbation.
1. Question de cours : compressibilit´ e du gaz de fermions sans interaction.
a. Exprimer χ ~ q (t) comme une fonction de corr´ elation du probl` eme ` a l’´ equilibre.
b. Montrer que la transform´ ee de Fourier χ 0 (~ q, ω)
def= R +∞
−∞ dt χ ~ q (t) e iωt est donn´ ee par χ 0 (~ q, ω) = 1
V X
~ k
f ( ~ k ) − f ( ~ k+~ q )
ω + ~ k − ~ k+~ q + i0 + , (7) o` u f ( ~ k ) est la distribution de Fermi-Dirac. Interpr´ eter physiquement la position des pˆ oles.
Indications :
• On rappelle l’expression de la composante de Fourier de la densit´ e : ˆ n
~q= P
i
e
−i~q·~ˆri= P
~k
c ˆ
~†k
ˆ c
~k+~qo` u ˆ ~ r
iest l’op´ erateur position de la particule i.
• cf. annexe.
2/ D´ eveloppement ` a q → 0 et ω finie.– Afin d’´ etudier cette limite, nous faisons deux approximations dans l’´ eq. (7) :
(i) si q k F nous pouvons n´ egliger le terme en q 2 dans ~ k+~ q − ~ k ' m 1 ~ k · ~ q.
(ii) Le gaz peut ˆ etre consid´ er´ e d´ eg´ en´ er´ e, donc − ∂f() ∂ ' δ( − F ).
a. Pour q k F , montrer que
χ 0 (~ q, ω) ' ρ 0 2v F q
Z +v
Fq
−v
Fq
dΩ Ω
ω − Ω + i0 + , (8)
o` u q ≡ ||~ q|| et v F
def
= k F /m est la vitesse de Fermi.
b. D´ eduire que : χ 0 (~ q → 0, ω) ' ρ 0
a 1 ( ω q ) 2 + a 2 ( ω q ) 4
et donner les expressions de a 1 et a 2 . 3/ Compressibilit´ e des fermions en interaction ` a l’approximation RPA.– Nous consid´ e- rons maintenant le liquide de fermions charg´ es. On peut montrer que la compressibilit´ e prenant en compte l’effet de l’interaction entre ´ electrons ` a l’approximation RPA est reli´ ee ` a la compres- sibilit´ e du gaz sans interaction par
χ RPA (~ q, ω) = χ 0 (~ q, ω) 1 − κ ~ q
22ρ 1
0
χ 0 (~ q, ω) , (9)
o` u κ
def= p
4πe 2 ρ 0 est l’inverse de la longueur d’´ ecrantage de Thomas-Fermi (la port´ ee du potentiel
de Coulomb ´ ecrant´ e dans le m´ etal). e est la charge de l’´ electron en unit´ e CGS (cf. annexe).
a. Montrer que la susceptibilit´ e pr´ esente la structure χ RPA (~ q, ω) ∝ ω
2−[Ω q
2p
(q)]
2. Quelle est l’ex- pression de Ω p (q) ? Quelle interpr´ etation physique pouvez-vous donner ` a cette divergence ? b. La divergence de χ RPA (~ q, ω) se produit-elle pour ω ∈ R ? Comment corriger le r´ esultat obtenu ? A quel principe ce probl` ` eme est-il li´ e ?
c. Montrer que Ω p (q → 0) ' ω p + 2m 1
∗p
q 2 . Exprimer ω p en fonction de v F et κ, puis v´ erifier que ω p ∝ k κ
F
F et pr´ eciser la constante de proportionalit´ e. Montrer que m ∗ p ∝ k κ
F
m et donner le pr´ efacteur adimensionn´ e.
d. V´ erifier que pour q assez grand, χ 0 (~ q, ω) acquiert une partie imaginaire et donner son ex- pression. Quelle est la cons´ equence physique (pour les excitations du liquide d’´ electrons en interaction) ?
e. AN : Dans l’aluminium, k F −1 = 0.57 ˚ A et F = 11.7 eV (Ashcroft & Mermin). La densit´ e d’´ etats vaut ρ 0 = 20 eV −1 nm −3 (avec d´ eg´ en´ erescence de spin). D´ eduire κ −1 puis ~ ω p (en eV).
Exp´ erience : Dans une exp´ erience r´ ealis´ ee en 1962, Marton et al 1 ont envoy´ e un faisceau d’´ electrons de haute ´ energie (20keV) sur une feuille d’Aluminium. L’intensit´ e du pic de diffusion vers l’avant est repr´ esent´ ee sur la figure en fonction de l’´ energie perdue par ces ´ electrons lors de la travers´ ee du m´ etal (en unit´ e de ∆E = 14.8 eV). Interpr´ eter les diff´ erents pics.
Figure 1 – Diffusion vers l’avant d’´ electrons de haute ´ energie (20 keV) sur une feuille d’Alu- minium. Intensit´ e du faisceau en fonction de l’´ energie perdue par ces ´ electrons ; ∆E = 14.8 eV.
Annexe :
• Convention pour la transform´ ee de Fourier : f ˆ
~qdef= R
V
d~ r f (~ r) e
−i~q·~ret donc f (~ r) =
V1P
~
q
f ˆ
~qe
i~q·~r.
• Rappel de seconde quantification.– Soit ˆ A = P
i
ˆ a
iet ˆ B = P
i
ˆ b
ideux op´ erateurs sommes d’op´ erateurs ` a une particule (par exemple l’impulsion totale). On rappelle que la moyenne grand cano- nique du commutateur s’exprime comme une trace d’op´ erateurs dans l’espace de Hilbert ` a une particule
h[ ˆ A, B]i ˆ = tr n
f (ˆ h) [ˆ a, ˆ b] o
(10) o` u ˆ h est l’hamiltonien d’une particule. f () est la distribution de Fermi-Dirac pour des fermions (ou de Bose-Einstein pour des bosons).
Cette relation peut ˆ etre retrouv´ ee en utilisant la relation de commutation
c
†αc
β, c
†µc
ν= δ
βµc
†αc
ν− δ
ανc
†µc
β, o` u c
†αet c
αsont les op´ erateurs de cr´ eation et annihilation.
• On rappelle que ~ = 10
−34J.s et q
e= 1.6 10
−19C. La charge de l’´ electron e dans le syst` eme CGS est donn´ ee par e
2≡
4πq2e0