3.1 Introduction
Définition 29. Une suite numérique est une famille de nombres réels indexée par l’ensemble des entiers naturels.
Notation 10. La suite (x
n)
n∈N, qu’on peut aussi écrire (x
n)
n≥0, est la suite dont le premier terme est x
0, le deuxième terme est x
1, et cetera...
La notation (y
n)
n≥1désigne la suite (x
n)
n≥0dont le terme de rang n est x
n= y
n+1.
Remarque 27. Mathématiquement, on peut considérer qu’une suite (x
n)
n∈Nest la fonction numé- rique f définie sur N qui associe à l’entier n le nombre x
n, c’est-à-dire f :
� N → R n �→ x
n.
Exemple 37. • suite constante : soit b un nombre réel fixé, la suite (x
n)
n∈N= (b)
n∈Ndont tous les termes sont égaux à b est désignée comme étant la suite constante égale à b. On a donc :
∀ n ∈ N , x
n= b.
• suite arithmétique : soit a un réel non nul et b un réel fixé, la suite (x
n)
n∈N= (a n + b)
n∈Nest la suite arithmétique de raison a et de premier terme b.
• suite géométrique : soit q un réel différent de 0 et de 1, et soit c un réel non nul, alors la suite (x
n)
n∈N= (c q
n)
n∈Nest la suite géométrique de raison q et de premier terme c.
• suite harmonique : la suite harmonique est la suite (x
n)
n≥1dont le terme de rang n est donné par la formule
x
n= 1 + 1 2 + 1
3 + . . . + 1 n = �
nk=1
1 k .
3.1. Propriété– Suites arithmétiques.
Soit a un réel non nul et b un réel fixé, alors on a l’équivalence
∀ n ∈ N , x
n= a n + b ⇔
� x
0= b,
∀ n ∈ N , x
n+1= x
n+ a,
autrement dit la suite arithmétique de raison a et de premier terme b est caractérisée par le fait que pour tout entier n le terme x
n+1de rang n + 1 s’obtient à partir du terme x
nde rang n en lui additionnant la constante a.
Exemple 38. On suppose qu’une population microbienne est composée de 1000 individus à l’instant
0, et que chaque heure cette population augmente de 100 individus. Combien compte-t-elle d’individus
au bout de 10 heures ? Au bout de 1000 heures ?
3.2. Propriété– Suites géométriques.
Soit q un réel différent de 0 et de 1, et c un réel non nul, alors on a l’équivalence
∀ n ∈ N , x
n= c q
n⇔
� x
0= c,
∀ n ∈ N , x
n+1= q x
n,
autrement dit la suite géométrique de raison q et de premier terme c est caractérisée par le fait que pour tout entier n le terme x
n+1de rang n + 1 s’obtient à partir du terme x
nde rang n en le multipliant par la constante q.
Remarque 28. La raison q de la suite géométrique (x
n)
n∈N= (c q
n)
n≥0est donc égal au quotient
xn+1
xn
de deux termes consécutifs de cette suite.
Exemple 39. On suppose qu’une population microbienne est composée de 1000 individus à l’instant 0, et que chaque heure cette population augmente de 2%. Combien compte-t-elle d’individus au bout de 10 heures ? Au bout de 1000 heures ?
3.2 Limite d’une suite
Définition 30. On dit d’une suite numérique (x
n)
n∈Nqu’elle admet une limite dans les trois cas suivants :
• soit l un nombre réel, on dit que la suite (x
n)
n∈Ntend vers l si on a
∀ ε > 0, ∃ k ∈ N , ∀ n ≥ k, | x
n− l | ≤ ε,
autrement dit la suite (x
n)
n∈Nconverge vers l si pour tout réel ε > 0 il existe un rang k à partir duquel tous les termes x
nde rang n supérieur à k sont dans l’intervalle [l − ε, l + ε]. Le nombre l est alors appelé limite de la suite (x
n)
n∈N. On note alors
n→
lim
+∞x
n= l
• on dit que la suite (x
n)
n∈Ntend vers + ∞ si on a
∀ M ∈ R , ∃ k ∈ N , ∀ n ≥ k, x
n≥ M,
autrement dit la suite (x
n)
n∈Ntend vers + ∞ si pour tout réel M il existe un rang k à partir duquel tous les termes x
nde rang n supérieur à k sont dans l’intervalle [M, + ∞ [ . On note alors
n→+∞
lim x
n= + ∞
• on dit que la suite (x
n)
n∈Ntend vers −∞ si on a
∀ M ∈ R , ∃ k ∈ N , ∀ n ≥ k, x
n≤ M,
autrement dit la suite (x
n)
n∈Ntend vers −∞ si pour tout réel M il existe un rang k à partir duquel tous les termes x
nde rang n supérieur à k sont dans l’intervalle ] − ∞ , M]. On note alors
n→+∞
lim x
n= −∞
Notation 11. Au lieu de “la suite (x
n)
n∈Ntend vers l” on peut aussi dire “la suite (x
n)
n∈Nconverge vers l” ou “la suite (x
n)
n∈Nadmet l pour limite”.
Au lieu de “la suite (x
n)
n∈Ntend vers + ∞ ” on peut aussi dire “la suite (x
n)
n∈Ndiverge vers + ∞ ” ou
“la suite (x
n)
n∈Nadmet + ∞ pour limite” (idem pour −∞ ).
Exemple 40. On considère les suites (
n1)
n≥1et (n)
n∈N.
Notation 12. Par convention, on utilisera par la suite les identités suivantes :
∀ l ∈ R , l + (+ ∞ ) = + ∞ et l + ( −∞ ) = −∞ ; (+ ∞ ) + (+ ∞ ) = + ∞ ; ( −∞ ) + ( −∞ ) = −∞
∀ l > 0, l × (+ ∞ ) = + ∞ et l × ( −∞ ) = −∞ ; ∀ l < 0, l × (+ ∞ ) = −∞ et l × ( −∞ ) = + ∞ ; (+ ∞ ) × (+ ∞ ) = + ∞ ; ( −∞ ) × ( −∞ ) = + ∞ ; (+ ∞ ) × ( −∞ ) = −∞
∀ l ∈ R , l
+ ∞ = 0 et l
−∞ = 0.
Par contre, les quantités suivantes n’ont a priori pas de sens : (+ ∞ ) + ( −∞ ), 0 × ( ±∞ ),
±∞±∞,
00.
3.3. Propriété – opérations sur les limites.
Soit (x
n)
n∈Net (y
n)
n∈Nadmettant chacune une limite (réelle, + ∞ ou −∞ ).
Alors on obtient les égalités suivantes, à condition que la quantité de droite existe :
• lim
n→+∞
(x
n+ y
n) = lim
n→+∞
x
n+ lim
n→+∞
y
n• lim
n→+∞
(x
n× y
n) = lim
n→+∞
x
n× lim
n→+∞
y
n• lim
n→+∞
x
ny
n= lim
n→+∞x
nlim
n→+∞y
n• si ϕ : N → N est strictement croissante alors lim
n→+∞
x
ϕ(n)= lim
n→+∞
x
nExemple 41. On considère plusieurs combinaisons à partir des suites (n)
n∈N, (2n)
n∈N.
3.4. Propriété – comparaison des limites.
Soit (x
n)
n∈Net (y
n)
n∈Ndeux suites numériques pour lesquelles on a x
n≤ y
nà partir d’un certain rang, ce qui signifie :
∃ n
0∈ N , ∀ n ≥ n
0, x
n≤ y
nAlors on a les propriétés suivantes :
• si chacune de ces deux suites admet une limite (réelle, + ∞ ou −∞ ) alors
n→
lim
+∞x
n≤ lim
n→+∞
y
n• si lim
n→+∞
x
n= + ∞ alors (y
n)
n∈Ntend vers + ∞ : lim
n→+∞
y
n= + ∞ .
• si lim
n→+∞
y
n= −∞ alors (x
n)
n∈Ntend vers −∞ : lim
n→+∞
x
n= −∞ .
Remarque 29. Attention : le passage à la limite ne conserve pas l’inégalité stricte, c’est-à-dire qu’on peut avoir x
n< y
nà partir d’un certain rang et lim
n→+∞
x
n= lim
n→+∞
y
n. Par exemple : pour tout entier n ∈ N on a 0 < 1
n + 1 mais lim
n→+∞
0 = lim
n→+∞
1 n + 1 = 0.
Exemple 42. On considère la suite (x
n)
n≥1de terme général x
n= 1 + 1
√ 2 + . . . + 1
√ n = �
ni=1
√ 1 k .
Exemple 43. On considère la suite (a
n)
n∈Npour a > 1.
3.3 Suites arithmético-géométriques
Définition 32. Une suite (x
n)
n∈Nest dite arithmético-géométrique si elle est définie par un processus itératif de la forme :
� x
0= b
pour tout n ≥ 0, x
n+1= q x
n+ a où a, b et q sont des réels fixés.
On a les cas particuliers suivants :
• Lorsque q = 1, la suite (x
n)
n∈Nainsi obtenue est une suite arithmétique de raison a.
• Lorsque a = 0, q � = 0 et q � = 1, la suite (x
n)
n∈Nobtenue est une suite géométrique de raison q.
Pour chacun de ces cas particuliers, on peut calculer la limite de la suite (x
n)
n∈N(quand elle existe)
3.5. Propriété – Cas des suites arithmétiques.
Soit (x
n)
n∈Nla suite arithmétique donnée par le processus itératif
� x
0= b
pour tout n ≥ 0, x
n+1= x
n+ a avec a � = 0, alors on a
• la suite (x
n)
n∈Nadmet une limite, et
si a > 0, alors lim
n→+∞
x
n= lim
n→+∞
an + b = + ∞ si a < 0, alors lim
n→+∞
x
n= lim
n→+∞
an + b = −∞
• la somme des n + 1 premiers termes de la suite (x
n)
n∈Nest
x
0+ . . . + x
n= �
nk=0
x
k= �
nk=0
(ak + b) = n(n + 1)
2 a + (n + 1)b
Exemple 44. Calculer la somme des n+1 premiers entiers pairs : 0 + 2 + 4 + . . . + 2n.
3.6. Propriété – Cas des suites géométriques.
Soit (x
n)
n∈Nla suite géométrique donnée par le processus itératif
� x
0= b
pour tout n ≥ 0, x
n+1= qx
navec q � = 0 et q � = 1 et b � = 0, alors on a
• la suite (x
n)
n∈Npeut admettre ou non une limite :
si q > 1 et b > 0, alors lim
n→+∞
x
n= lim
n→+∞
b q
n= + ∞ si q > 1 et b < 0, alors lim
n→+∞
x
n= lim
n→+∞
b q
n= −∞
si q ∈ ] − 1, 1[, alors lim
n→+∞
x
n= lim
n→+∞
b q
n= 0 si q ≤ − 1, alors la suite (x
n)
n∈Ndiverge.
• la somme des n + 1 premiers termes de la suite (x
n)
n∈Nest
x
0+ . . . + x
n= �
nk=0
x
k= �
nk=0
b q
n= q
n+1− 1 q − 1 b
Exemple 45. Calculer la somme 1 + 1 2 + 1
4 + . . . + 1 2
n= �
nk=0
1
2
k. Quelle est la limite de cette somme ?
Exemple 46. Une population microbienne augmente de 10% toutes les heures. On l’observe initiale- ment avec 200 individus. Combien d’heures s’écouleront pour atteindre 10000 individus ?
Le cas général est le suivant :
3.7. Propriété – Cas des suites arithmético-géométriques.
Soit (x
n)
n∈Nla suite arithmético-géométrique donnée par le processus itératif
� x
0= b
pour tout n ≥ 0, x
n+1= qx
n+ a alors
• le terme général de la suite (x
n)
n∈Nest donné par x
n= � b + a
q − 1
�
q
n− a q − 1
• la somme des n + 1 premiers termes de la suite (x
n)
n∈Nest
x
0+ . . . + x
n= �
nk=0
x
k= q
n+1− 1 q − 1
� b + a
q − 1
�
− (n + 1) a q − 1
3.4 Quelques résultats théoriques 3.4.1 Limites classiques
On a les limites classiques :
• Quotient de deux polynômes :
n→
lim
+∞a
kn
k+ a
k−1n
k−1+ . . . + a
0b
ln
l+ b
l−1n
l−1+ . . . + b
0=
0 si k < l
ak
bk
si k = l
+ ∞ si k > l et a
kdu même signe que b
l−∞ si k > l et a
kdu signe contraire de b
lautrement dit la limite du quotient de deux polynômes est celle de la limite du quotient des deux termes de plus haut degré :
n→+∞
lim
a
kn
k+ a
k−1n
k−1+ . . . + a
0b
ln
l+ b
l−1n
l−1+ . . . + b
0= lim
n→+∞
a
kn
kb
ln
l= lim
n→+∞
a
kb
ln
k−l.
• limites associées aux fonctions ln et exp :
n→+∞
lim ln � 1 n
� = −∞ ; lim
n→+∞
ln(n) = + ∞ ; lim
n→+∞
e
−n= 0; lim
n→+∞
e
n= + ∞
n→
lim
+∞n ln � 1 + 1 n
� = 1; lim
n→+∞
� 1 + α n
�
n= e
α• limites associées aux fonctions cos et sin :
n→
lim
+∞n sin � 1 n
� = 1; lim
n→+∞
n
� cos � 1 n
�
− 1 � = 0
Définition 33. Une suite (x
n)
n∈Nest dite croisssante à partir du rang n
0si
∀ n ≥ n
0, x
n+1≥ x
n. Une suite (x
n)
n∈Nest dite décroisssante à partir du rang n
0si
∀ n ≥ n
0, x
n+1≤ x
n.
Une suite est monotone si elle est croissante ou décroissante à partir d’un certain rang.
Exemple 47. Cas des suites arithmétiques et géométriques.
Définition 34. Soit M un nombre réel. Une suite (x
n)
n∈Nest dite majorée par M si tous ses termes sont inférieurs ou égaux à M :
∀ n ∈ N , x
n≤ M.
La suite (x
n)
n∈Nest dite minorée par M si tous ses termes sont supérieurs ou égaux à M :
∀ n ∈ N , x
n≥ M.
La suite (x
n)
n∈Nest dite bornée si elle est à la fois minorée et majorée, c’est-à-dire qu’il existe un réel A tel que
∀ n ∈ N , | x
n| ≤ A.
Exemple 48. Exemple de la suite (1 + ( − 1)
n)
n∈N.
3.8. Théorème – Limites des suites monotones.
Soit (x
n)
n∈Nune suite croissante à partir d’un certain rang. On a alors l’al- ternative :
• Soit la suite (x
n)
n∈Nest majorée par un réel M , auquel cas la suite (x
n)
n∈Nadmet une limite finie et
n→
lim
+∞x
n≤ M
• Soit la suite (x
n)
n∈Nn’est pas majorée, auquel cas la suite (x
n)
n∈Ntend vers + ∞ .
Dans le cas où la suite (x
n)
n∈Nest décroissante à partir d’un certain rang on obtient
• Soit la suite (x
n)
n∈Nest minorée par un réel M , auquel cas la suite (x
n)
n∈Nadmet une limite finie et
n→+∞
lim x
n≥ M
• Soit la suite (x
n)
n∈Nn’est pas minorée, auquel cas la suite (x
n)
n∈Ntend
vers −∞ .
Exemple 49. Rappel : si n ≥ 1, on note n! le produit les entiers de 1 à n : n! = 1 × 2 × · · · × n
Par convention, on pose 0! = 1. On démontre que la suite (x
n)
n∈Nde terme général x
n= �
nk=1
1 k! est convergente.
3.4.3 Théorème des gendarmes On a le résultat d’encadrement suivant :
3.9. Théorème – dit “des gendarmes”.
Soit (x
n)
n∈N, (y
n)
n∈Net (z
n)
n∈Ntrois suites numériques pour lesquelles on a x
n≤ y
n≤ z
nà partir d’un certain rang, c’est-à-dire :
∃ n
0∈ N , ∀ n ≥ n
0, x
n≤ y
n≤ z
nOn suppose que les deux suites (x
n)
n∈Net (z
n)
n∈Nconvergent vers une limite finie l ∈ R :
n→+∞
lim x
n= lim
n→+∞
z
n= l Alors la suite (y
n)
n∈Nconverge vers l : lim
n→+∞
y
n= l.
Exemple 50. On considère la suite � ( − 1)
nn
�
n∈N