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Oeuvres complètes de Buffon, mises en ordre, précedé d'une notice sur la vie de l'auteur Buffon, Georges Louis Le Clerc de

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Oeuvres complètes de Buffon, mises en ordre, précedé d'une notice sur la vie de l'auteur

Buffon, Georges Louis Le Clerc de Paris, 1817-1818

ETH-Bibliothek Zürich Shelf Mark: Rar 5915

Persistent Link: https://doi.org/10.3931/e-rara-22915

Le chameau et le dromadaire.

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2if> HISTOIRE ïsATERELLE

D’antre part , M. Allamand , trîs - habile naturaliste , écrit à M. Danbrnton , par une lettre datéede Leyde , le 5 i octob. 1?66, dans les termes suivans :

teJe me rappelle une chose qu’a dite M.Parsons, dans un pas¬

sage cité par M.de Billion :il soupçonneque lesrhinocéros d'Asie n ’ont qu'une corne , et que ceux du cap de Bonne- Espérance en ont deux .Jesoupçonnerais toutlecontraire . Jaireçu de Bengale et d'autres endroits de l’Inde des têtes de rhinocéros toujours à doubles cornes , et toutes celles qui mesont venues du Cap n ’en avoient qu’une . «

Ceci paraît prouver ce quenous avonsdéjàdit ,que ces rhino¬

céros à doubles cornes forment une \. iété dans l’espèce, une race particule re , mais qui se trouve égrlcmcnt en Asie et en Afrique.

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LE CIIAMEAü 1 ET EE DROMADAIRE

V<i :s deux noms , dromadaire etchameau, ne désignent pas deux espèces différentes, mais indiquent seulement deux races dis¬

tinctes et subsistantes detemps immémorial dans l’espè'cedu cha¬

meau .Le principal , et , pour ainsi dire , l'unique caractère sen¬

sible par lequelces deux races dillïrent , consiste en ce que le chameau porta deux bosses, et quele dromadaire n’en a qu ’une;

il est aussi plus petit et moins fort, que le chameau : mais tous deux semêlent , produisent ensemble ; et les individus qui pro¬

viennent de celle race croisée sont ceux qui ont leplus de vi¬

gueur et qu’on préfère à touslesautres .Ces métis issus du dro¬

madaire et du chameau forment une race secondaire , qui se multiplie pareillement , et qui se mêle aussi avec les races pre¬

mières ; en sorte que dans celte espèce, comme dans celles des autres animaux domestiques , il setrouve plusieurs variétés , dont

1 En latin , camelus ; en italien , capielo en; espagnol , camelo en; allemand, kamecl ; en anglais , camcL

4 Drottucduriusj eu latin moderne }' maihary dans, le Levant , selon Sua ’.v.

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DU CHAMEAU ET DU DROMADAIRE . o.\ i les plus générales sont relatives à la ililïërence des climats . Aris¬

tote a très - bien indiqué les deux races principales ; la première, c 'est- à- dire , celle à deux bosses , sous le nom de chameau de la Bactriane; et la seconde , sous celui de chameau d’Arabie. On

appelle les premiers chameaux turcs, et les autres chameaux arabes. Celle division subsiste aujourd 'hui comme du temps d ’Aristote ; seulement il paroît , depuis que Ion a découvri t les parties de l'Afrique et de FAsie inconnues aux anciens , que ledro- madaire est , sans comparaison , plus nombreux et plus générale¬

ment répandu que le chameau : celui - ci ne se trouve guère que dans le Turqueslan et dans quelques autres endroits du Levant;

tandis que le dromadaire , plus commun qu ’aucune autre bête de somme en Arabie , se trouve de même en grande quantité dans toute la partie septentrionale de l’Afrique , qui s’étend depuis la mer Méditerranée jusqu 'au fleuve Niger , et qu 'on leretrouve en Egypte , en Perse , dans laTartarie méridionale , et dans les par¬

ties septentrionales de l'Inde . Le dromadaire occupe donc des terres immenses , et le chameau est borné à un petit terrain : le premier habite des régions arides et chaudes : le second , un pays moins sec et plus tempéré : et l’espèce entière , tant des uns que des autres , paroît être confinée dans une zone de trois ou quatre cents lieues de largeur , qui s’étend depuis la Mauritanie jusqu ’à laChine ; elle ne subsiste ni au - dessus ni au - dessous de cette zone.

Cet animal , quoique naturel aux pays chauds , craint c pendant les climats où la chaleur est excessive : son espèce finit où com¬

mence celle de l’éléphant , et elle ne peut subsister ni sous le ciel brûlant de la zone torride , ni dans les climats doux de notre zone tempérée . Il paroît être originaire d ’Arabie ; car non -seulement c’estla pays où ilest en plus grand nombre , mais c’est aussi celui auquel j! est le plus conforme . L ’Arabie est le pays du monde le plus aride et où l’eau est le plus rare :lechameau estleplus sobre des animaux , et peut passer plusieurs jours sans boire . Le terrain est presque partout sec et sablonneux : le chameau alespieds faits pour marcher dans les sables , et ne peut , au contraire , se sou¬

tenir dansles terrains humides et glissans . L’herbe et les pâturages manquant à cette terre , le boeuf y manque aussi , et le chameau remplace cette bète de somme . On ne se trompe guère sur lepays naturel des animaux ,en le jugeant par ces rapports de confor¬

mité : leur vraie patrie estlaterre à laquelle ils ressemblent , c’est- à-dire , à laquelle leur nature paroît s’ètre entièrement conformée, surtout lorsque cette même nature de l'animal nesemodifie point

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248 HISTOIRE NATURELLE

ailleurs etnese prête pas à l’influence des autres climats . On a inu¬

tilement essayé clemultiplier les chameaux en Espagne , on les a vainement transportés en Amérique , ils n ’ont réussi ni dans l’un ni dans l’autre climat ; et dans les grandes Indes , on n’en trouve guère au -delà de Surate et d’Ormus . Ce n 'est pas qu ’absolument parlant ils ne puissent subsister et produire aux Indes , en Es¬

pagne,en Amérique , et même dans des climats plus froids , comme en France , en Allemagne , etc . l : en les tenant l’hiver dans des écuries chaudes , en les nourrissant avec choix , les traitant avec soin , en ne les faisant pas travailler , et ne les laissant sortir que pour se promener dans lesbeaux jours , on peut les faire vivre , et même espérer de les voir produire ; mais leurs productions sont chétives et rares ; eux -mêmes sont loiblés et languissans : ils per¬

dent donc toute leur valeur dans ccs climats , et , au lieu d’être utiles , ils sont très à charge à ceux qui les élèvent , tandis que, dans leur pays natal , ils font , pour ainsi dire , toute larichesse de leurs maîtres . 1.es Arabes regardent le chameau comme un pré¬

sent du ciel , un animal sacré , sans le secours duquel ils ne pour¬

voient ni subsister , ni commercer , ni voyager . Le lait des cha¬

meaux fait leur nourriture ordinaire ; ils en mangent aussi la chair , surtout celle des jeunes , qui est très -bonne à leur goût : le poil de ces animaux , qui est fin et moelleux , et qui se renouvelle tous les ans par une mue complète , leur sert à faire les étoffes dont ils s’habdlent et se meublent . Avec leurs chameaux , non- seulement ilsne manquent de rien , mais meme ils ne craignent rien ; ils peuvent mettre en un seul jour cinquante lieues de dé¬

sert entre eux et leurs ennemis : toutes les armées du monde péri- roientà la suite d ’une troupe d ’Arabes ; aussi ne sont -ils soumis qu ’autant qu ’il leur plaît . Qu ’on sefigure un pays sans verdure et sans eau , un soleil brûlant , un ciel toujours sec, des plaines sa¬

blonneuses , des montagnes encore plus arides , sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte , et , pour ainsi dire écorchée parles vents, laquelle ne présente que des ossemens , des cailloux jonchés , des rochers debout ou renversés , un désert entièrement découvert où le voyageur n ’a jamais respiré sous l’ombrage , où rien ne l'ac¬

compagne , rien ne lui rappelle la nature vivante : solitude abso-

1 M . le marquis cle Montmirail nous a fait savoir qu ’on lui avoit assuré que S . M . le roi de Pologne , électeur cleSaxe , avoit eu aux environs de Dresde des chameaux et des dromadaires qui y ont multiplie.

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DU CHAMEAU ET DU DROMADAIRE . 219 lue ,mille fois plus affreuseque celle desforêts;car lesarbres sont encore desêtres pour l’homme qui se voit seul ; plus isolé, plus dénué , plus perdu dans ces lieux vides etsans bornes ,il voitpar¬

tout l’espace comme son tombeau ;lalumière du jour , jilus triste que l'ombre de lanuit , ne renaît que pour éclairer sa nudité, son impuissance,et pour lui présenter l’horreur desa situation, en reculant àses yeux lesbarrières du vide , en étendant autour de lui l’abîme de l’immensité qui le séparedela terre habitée , immensité qu’il tenteroit en vain de parcourir ; car la faim , la soif et la chaleur brillante pressent tous les instans qui lui restent

entrele désespoir et la mort.

Cependant l’Arabe , à l’aide du chameau , asufranchir etmeme s’approprier ceslacunes de la nature ; elles lui servent cl’asile, elles assurent sonrepos et lemaintiennent dans sonindépendance.

Mais de quoi les hommes savent-ils user sans abus? Ce même Arabe libre , indépendant , tranquille , et même riche , au lieu de respecterces déserts comme les remparts desa liberté ,les souille par le crime ; il les traverse pour aller chez des nations voisines enlever des esclaves etde l’or ; il s’en sert pour exercer son bri¬

gandage, dont malheureusementiljouit plus encore quede sa li¬

berté ; car sesentreprises sont presque toujours heureuses. Mal¬

gré la défiance de sesvoisinset lasupériorité de leurs forces, il échappe à leur poursuite , et emporte impunément tout ce qu’il leur a ravi. Un Arabe qui se destine à ce métier de pirate de terre s’endurcit de bonne heure à la fatigue desvoyages; il s’es¬

saie àse passer du sommeil, à souffrir la faim ,la soifet la cha¬

leur :en même temps il instruit ses chameaux ,illes élève et les exerce dans cette même vue ; peu de jours après leur naissance, il leur plie lesjambessousle ventre,il lescontraint à demeurer à terre , et les charge , dans cette situation , d’un poids assez fort qu ’il lesaccoutume à porter , et qu’ilne leur ôte que pour leur en donner un plus fort ;au lieu de leslaisser paître à toute heure et boire à leur soif, ilcommence par régler leur repas , et peu à peu leséloigneàde grandes distances,en diminuant aussi laquan¬

tité de lanourriture : lorsqu’ils sont un peu forts , illesexerce à la course ; il lesexcite par l’exempledes chevaux , et parvient a

les rendre aussi légers et plusrobustes : enfin ,dès qu’il est sûr de

laforce, de lalégèretéetde la sobriété de ses chameaux , il les charge de cequi estnécessaire àsa subsistance et àla leur ;ilpart avec eux , arrivesans être attendu aux confins du désert , arrête les premiers passans, pille habitations écartées , charge ses cba-

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s5o HISTOIRE NATURELLE

meanx deson Lutin : et s'il est poursuivi , s’il est forcé cle préci¬

piter sa retraite , c’est alors qu’il développe tousses talenset les leurs ; monté sur l’un des pluslégers,ilconduit la troupe ,la fait marcher jour et nuit , presque sans s’arrêter , ni boire , ni man¬

ger : il faitaisément trois cents lieues en huit jours ;et pendant tout cetemps de fatigue et de mouvement ,il laisse ses chameaux chargés, il ne leur donne chaque jour qu 'une heure de repos et une pelolte de pâle : souvent ilscourent ainsi neuf ou dix jours sans trouver defcau ,ils se passentde boire : et lorsque par ha¬

sard ilsc trouve une mare à quelque distance de leur route , ils sentent IVandc plus d’une demi-lieue ;lasoif qui lespresse leur

fait doubler le pas,et ils boivent en une seule fois pour tout le temps passé et pour autant de temps à venir ; car souvent leurs voyages sontcle plusieurs semaines, et leurs temps d’abstinence durent aussilong-temps que leurs voyages.

Un Turquie .en Perse ,en Arabie,enEgypte ,en Barbarie,etc.

le transport ,clésmarchandises nese fait que par le moyendes cha¬

meaux : c’est de toutes lesvoitures laplus prompte et la moins chère. Les marchands et autres passagers se réunissent en cara¬

vanes , pour éviter lesinsultes etles pirateries des Arabes : ces caravanes sont souvent très-nombreuses, et toujours composées de plus de chameaux cpie d'hommes. Chacun de ces chameaux est chargé selonsaforce : ilia sent si bien lui-mème, que quand ou lui donne unecharge trop forte ,illa refuse ,etreste constam¬

ment couché jusqu ’à ce quon l'ait allégée. Ordinairement les grands chameaux portent un millier , et meme douze cents pe¬

sant ;les plus petits six à sept cents. Dans ces voyages de com¬

merce , on ne précipitepas leur marche '•comme la route est sou¬

vent de sept ou huit cents lieues, on règle leur mouvement et leurs journées ;ils ne vont quele pas, etfont chaque jour dix à douze lieues ; tous les soirson leur oie leur charge ,et on leslaisse paitre en liberté . Si l’on estenpays vert , dans une bonne prai¬

rie , i]s prennent en moins d’une heuretout cequ’illeur fautpour en vivre vingt -quatre , et pour ruminer pendant toute la nuit : mais rarement iistrouvent de ces bons pâturages , etcette nour¬

riture délicate ne leur est pas nécessaire;ils semblent meme pré¬

férer aux herbesles plusdouces l’absinthe ,lechardon , l’ortie , le genêt ,la cassie, et les antres végétaux épineux ; tant qu’ils trou¬

vent des plantes à brouter , ils se passent très- aisémentdeboire.

Au reste , cette facilitéqu’ils ont à s'abstenir long-temps deboire n’estpas de pure habitude ; c’estplu tôt uneüet deleur conformation.

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DU CHAMEAU ET DU DROMADAIRE . s>5r J! v a dansle chameau , indépendamment desquatreestomacs qui se trouvent d’ordinaire clansles animaux runiinnns ,une cinquième poche qui lui sert de réservoir pour conserver de l’eau.Ce cin¬

quième estomac manque aux autres animaux , et n’appartient qu 'au chameau :ilest d’une capacité assez vaste pour contenir une grande quantité doliqueur ; elle y séjournesanssecorrompre etsans quelesautres alimens puissent s'y mêler ;etlorsque l'ani¬

mal est pressé par lasoif, et qu’il a besoinde délayer lesnourri¬

tures sèches et de lesmacérer parla rumination , il lait remonter dans sa panse ,et jusqu’à l’oesophage, une partie decette eau par une simple contraction desmuscles. C’est donc en vertu de celte conformation très-singulière que lechameau peut se passer plu¬

sieurs jours de boire, et qu ’il prend en une seuleloisune prodi¬

gieuse quantité d'eau , qui demeuresaine etlimpideclans ce réser¬

voir , parce que les liqueurs du corps ni les sucs de la digestion ne peuvent s'y mêler.

Si l'on réfléchit sur les difformitésou plutôt surlesnon-confor¬

mitésde cet animal avec les autres , on 11epourra douter que sa nature liait été considérablement altérée par la contrainte cle l'esclavage et par lacontinuité des travaux . Lechameau est plus anciennement ,plus complètementetplus laborieusement esclave qu’aucun des autres animaux domestiques : il l'est plus ancienne- ment , parce qu ’il habiteles climats oii les hommes sesont le plus anciennement policés: il l’est plus complètement , parceque clans

les autres espècesd’animaux domestiques ,telles que cellesdu che¬

val , du chien , du boeuf,de labrebis , du cochon , etc.011trouve encore des individus dans leur état clenature ,desanimaux cle ces mêmesespèces cpiisont sauvages et que l'homme ne s’es! pas soumis , au lieu que clansle chameau l’espèce entièreest esclave;

on 11e le trouve nulle part clans sa condition primitive clindé¬

pendance et cle liberté : enfin ilest plus laborieusement esclave qu’aucun autre ,parce qu’on ne l’a jamais nourri nipour le faste, comme la plupart des chevaux , ni pour l'amusement , comme presquetousles chiens ,ni pour l’usagecle la table,comme lebœuf, le cochon ,lemouton ; que l’on n’en a jamaisfait qu’une bêle cle somme , qu’on ne s’est pas même donné la peine d’atteler ni de faire tirer , mais dont on a regardélecorps comme une voiture vivante qu ’on pouvoit tenir chargée et surchargée , même pen¬

dantlesommeil ; car , lorsqu’on estpressé,011 sedispense quelque-

oiscle leur ôter le poids qui les accable,et sous lequel ils s’affaissent pour dormir les jambes pliées et le corps appuyé sur l’estomac :

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252 HISTOIRE NATURELLE

aussi portent -ils tousles empreintesde laservitudeet les stigmates de la douleur ; au bas de lapoitrine sur le sternum, il y a uns grosse et large callosité aussi dure quede la corne ; il y en a de pareilles àtoutesles jointures desjambes ;et quoiqueces callosités se trouvent sur tous les chameaux , elles offrent elles-mêmes la preuve qu’elles ne sont pas naturelles , etqu’elles sont produites par l’excès de lacontrainte etde la douleur ,car souventelles sont rempliesdepus. La poitrine et les jambes sont donc déformées parcescallosités;ledosest encore plus défiguré parla bossedouble ou simple qui le surmonte . Jæs callosités seperpétuent aussi bien queles bossesparla génération ;et commeil estévidentque cette première difformité ne provient que de l’habitude à laquelle on contraint ces animaux , en lesforçant dès leur premier âge à se coucher sur l’estomac,lesjambespliées sous lecorps , et à porter dans cette situationlepoids de leur corps et lesfardeaux dont on lescharge, ondoit présumer aussi que la bosse ou les bossesdu dos n’ont eu d’autre origine que la compression de ces mêmes, fardeaux , qui , portant inégalement sur certains endroitsdu dos, auront fait élever lachairetboursouflerlagraisse et lapeau : car ces bosses ne sont point osseuses; elles sont seulement composées d’unesubstance grasseet charnue , de la même consistance à peu près quecelles des tétines de vache :ainsi les callosités et les bosses seront également regardées commedes difformités produites par lacontinuité du travailet delacontrainte du corps ; etces diffor¬

mités , qui d’abord n ’ont étéqu’accidentelleset individuelles , sont devenuesgénérales etpermanentes dans l’espèceentière . L’onpeut présumer de même que la poche qui contient l’eau ,et qui n’est qu ’un appendicede la panse , aétéproduite par l’extension forcée deceviscère : l’animal ,après avoir souffert trop long-temps la soif, prenant à la foisautant et peut-être plus d’eau que l’estomac lie pouvoit en contenir , cette membrane se sera étendue , dilatée et prêtée peu à peu à cette surabondance de liquide ; comme nous avons vu que ce même estomac dans les moulons s’étend et acquiert de la capacité proportionnellement au volume des alimens , qu’il reste très-petit dansles moutons que l’on nourrit de pain , et qu’ildevient très-grand dans ceux auxquels on ne donne que de l'herbe.

On confirmeroit pleinement ou l’on détruirait absolument ces conjectures sur les non - conformités du chameau , si l’on en trou- voit de sauvages que l’onput compareravec lesdomestiques : mais, comme je l’aidit ,ces animaux n’existent nulle part dansleur état

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DU CHAMEAU ET DU DROMADAIRE . a.53 naturel ; ou s’ils existent , personne neles a remarqués ni décrits:

nous devons donc supposer que tout ce qu’ils ont de bonet de beau, ils le tiennent dela nature ,etquecequ’ilsont dedéfectueux et de difforme , leur vient de l’empire de l’homme et des travaux de l’esclavage.Ces pauvres animaux doivent souffrir beaucoup, car ils jettenldes cris lamentables , surtout lorsqu’onles surcharge:

cependant , quoique continuellement excédés, ils ont autant de cœur que de docilité; au premier signe , ilsplient les genoux et s’accroupissent jusqu’à terre pour selaisser charger dans cette situa¬

tion ;ce qui évite à l’hommela peine d’éleverles fardeaux à une grande hauteur : dès qu ’ils sont chargés , ils se relèvent deux- mêmes ,sans êtreaidés ni soutenus.Celui qui lesconduit , monté sur l’un d’entre eux ,les précède tous ,et leur fait prendre lemême pasqu ’à samonture ; on n ’a besoin nide fouet ni d’éperon pour les exciter :mais lorsqu’ilscommencent à être fatigués, on sou¬

tient leur courage , ou plutôton charme leur ennui , parlechant ou par lesonde quelque instrument :leurs conducteursserelaient à chanter ;et lorsqu’ilsveulent prolonger la route et doubler la journée ,ils ne leur donnent qu’une heure de repos , après quoi, reprenant leur chanson , ils les remettent en marche pour plu¬

sieurs heuresde plus ,et lechantne finit que quandil faut s’arrê¬

ter ;alors leschameaux s’accroupissentde nouveau ,et selaissent tomber avec leur charge ;on leur ôte le fardeauen dénouant les cordes et laissant couler les ballots desdeux côtés:ilsrestent ainsi accroupis , couchés sur le ventre , et s’endorment au milieu de leur bagage, qu’onrattache lelendemain avecautant de prompti¬

tude et de facilité qu ’on l'avoit détaché la veille.

Les callosités, les tumeurs sur la poitrine et sur les jambes, les foulures et lesplaies de lapeau , la chute entière du poil , la faim ,la soif,lamaigreur ,ne sont pas leurs seulesincommodités;

on les a préparés à touscesmaux par un mal plus grand ,en les mutilant parla castration . On nelaissequ’un mâle pour huit ou dix femelles,et tousleschameaux de travail sont ordinairement hongres :ils sont moins forts ,sans doute , que leschameaux en¬

tiers , mais ils sont plus traitables et servent en tout temps ; au lieu que les entiers sont non-seulement indociles, mais presque furieux , dansle temps du rut, qui dure quarante jours , etqui arrive tous lesans au printemps . On assure qu’alors ilsécument continuellement ,et qu’illeur sortde lagueule une ou deux ves¬

sies rougesde lagrosseur d’unevessiede cochon. Dansce temps, ils mangent très-peu ; ils attaquent et mordent les animaux , les

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aS-i HISTOIRE NATURELLE

hommes , et même leur maître , auquel , dans tout antre temps, ils sont très-soumis. L'accouplement ne se fait pas debout , à la manière des autres quadrupèdes ; mais la femelle s’accroupit , et reçoitlemâle dansla même situation qu’elle prend pour reposer, dormir etse laisser charger .Cette posture laquelle on leshabi¬

tue devient , comme l’onvoit , une situation naturelle , puisqu'ils laprennent d’eux - mèmes dans l’accouplement . La femelle porte près d’un an , et , commetous les autres grands animaux ,nepro¬

duit qu ’un petit : son lait estabondant , épais , et fait une bonne nourriture , même pour leshommes , cille mêlantavec une plus grande quantité d'eau. Unne lait guère travaillerlesfemelles; on

leslaissepaîtreet produire en liberté.Le profit que l’on tire de leur produit et de leur lait surpasse peut -être celui qu 'on tirerait deleur travail : cependant il y ades endroits où l’on soumet une grande partiedesfemelles, commelesmâles, àla castration , afin

de les faire travailler ; et l’on prétend que cette opération , loin de diminuer leurs forces, ne faitqu’augmenter leur vigueur etleur embonpoint .En général , plusles chameauxsont gras , etplus ils sontcapables de résistera de longues fatigues. Leursbosses nepa¬

raissent être formées que de la surabondance de la nourriture;

cardans de grands voyages où l’on estobligé de l’épargner ,et

ils souffrent souvent lafaim et la soif,ces bossesdiminuent peu à peu , et se réduisent au point que la place et l’éminence n’en sont plus marquéesque par lahauteur du poil , qui est toujours beaucoup plus long surcesparties que surlereste du dos :lamai¬

greur du corps augmente à mesure que lesbosses diminuent . Les Maures , qui transportent toutes les marchandises dela Barbarie cide la Numidie jusqu ’en Ethiopie , partent avecdeschameaux Lien chargés, qui sont vigoureux et très-gras, et ramènent ces memes chameaux si maigres, qu’ordinairement ils les revendent à vil prix aux Arabes du désert pour les engraisserde nouveau.

Les anciens oui dit quecesanimaux sont en état d’engendrer à làge de troisans :cela meparaît douteux ; car àtrois ansils n’ont pas encorepris lamoitiéde leur accroissement.Lemembre génital du mâle est , comme celui du taureau , très-long et très-milice:

dans 1érection , il tend en avant comme celuide tous les autres animaux ;maisdans 1état ordinaire lefourreause retireenarrière, el l’urine estjetée entre les jambesde derrière , en sorte que les maleset les femelles pissent de la même manière la : petit cha¬

meau telte samère pendant un an ;el lorsqu ’on veut le ménager, pour levendre dans lu suite plus fort etplus robuste ,on lelaisse

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DU CHAMEAU ET DU DROMADAIRE . a55 en liberté téter ou paître pendant les premières années,et onne commence à lecharger et àlefaire travailler qu'à 1âgede quatre ans. Il vit ordinairement quarante ou cinquante ans :cette durée

cle la vie étantplus queproportionnée autemps de l’accroissement,

c’est sans aucun fondement que quelques auteursont avancé qu’il vivoit jusqu’à cent ans.

En réunissant sous un seul point de vue toutesles qualités de cet animal et tous les avantages que l'on en tire , l’on ne pourra s’empêcherde le reconnoitre pourla plus utile et la plusprécieuse de toutes lescréatures subordonnées à l'homme. L’or et la soiene sontpas lesvraies richesses del ’Orient : c’estle chameau qui est h;

trésor de l’Asie;ilvaut mieux quel ’éléphant ,car il travaille, pour ainsi dire , autant , et dépense peut -être vingtfoismoins : d’ail¬

leurs l’espèceentière en estsoumise à l'homme , qui lapropage et la multiplie autant qu’il lui plaît ; au lieu qu’il ne jouit pasde celle de l’éléphant , qu'ilne peut multiplier ,et dont ilfaut con¬

quérir avec peine les individus lesuns après lesautres. Le cha¬

meau vaut non -seulement mieux que l’éléphant , mais peut - être vaut -ilautant que le cheval, l'âneet le boeuf,tous réunis ensem¬

ble :ilporte seul autant que deux mulets ; il mange aussi peu cpiel’Ane,etse nourrit d’herbes aussi grossières;lafemelle fournit du lait pendant plus de temps que la vache ;la chairdes jeunes chameaux est bonne et saine , comme celle du veau ; leur poil

est plus beau , plus recherché ,que la plusbelle laine : il n’y a pas jusqu ’à leurs excrémens dont on ne tire deschoses utiles ; car le selammoniacse fait deleur urine ,et leur liente desséchée etmise en poudre leur sert cle litière ,aussi bien qu’aux chevaux,avec les¬

quels il voyagent souvent dansdespays où loti ne connoît ni la paille ni le foin : enfin on fait des mottes de cette même fiente qui brûlent aisément ,et font une flammeaussi claire et presque aussi vive que celle duboisset ; cela mêmeestencore cl’un grand secours dansces déserts, où l’on ne trouve pas un arbre ,et où, parle défaut de matières combustibles, le feu est aussi rare que l’eau.

GK?’ Nous n ’avons presque rien à ajouter àce que nous avons dit deschameaux et desdromadaires ; nous rapporterons seule¬

mentici ce qu’en a écrit M. Niebuhr danssaDescription de l’Ara¬

bie, page t ri.

«La plupart des chameaux du payscVIman sont de taille mé¬

diocre et d’un brun clair ; cependant onen voit aussi de grands et

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9$« HISTOIRE NATURELLE

lourds , et d’un brun foncé. Lorsqueles chameaux veulent s’ac¬

coupler ,lafemelle se couche sur sesjambes ; on lui lie les pieds

de devant pour qu’elle ne puisse serelever.Lemâle ,assisderrière comme un chien , touchelaterre de ses deux pieds de devant . Il paroit froid pendant l’accouplement , et plus indolent qu ’aucun animal ; il faut le chatouiller quelquefois long- temps avant de pouvoir l’exciter. L’accouplement étant achevé , on recouvre le mâle,eton fait lever promptement la femelleen lafrappant d’une pantoufle au derrière , tandis qu’une autre personne lafait mar¬

cher.Il en est demême , dit- on , en Mésopotamie,en Natolie, et probablement partout . »

J ’ai dit qu’on avoit transporté des chameaux et des droma¬

daires aux îlesCanaries ,aux Antilles,au Pérou ,etqu’ils n’avoient réussi nulle partdans le nouveau continent .Ledocteur Browne, dans son Histoire de la Jamaïque, assure y avoirvu desdroma¬

daires queles Anglais y ont amenésen assezgrand nombre dans ces derniers temps , et que , quoiqu’ils y subsistent, ils y sont néanmoinsdepeu de service, parce qu’on ne sait p"« 'esnourrir etles soigner convenablement .Ilsont néanmoins multiplié dans tousces climats,et jene doute pas qu’ilsne pussent même produire en France . On peut voir dans la Gazette du 9 juin 1775 que M. Brinkenof , ayant fait accouplerdes chameaux danssesterres prèsdeBerlin , a obtenu , le 24 mars de celte année 1775, après douze mois révolus , un petit chameau qui seporte bien.Ce fait confirme celui que j’ai cité dela production deschameauxet des dromadaires à Dresde,et jesuis persuadé qu’en faisant venir avec les chameaux des domestiques arabes ou barbaresques, accou¬

tumés àlessoigner ,on viendroit à bout d’établir cheznous cette espèce, queje regarde commela plus utilede tous lesanimaux.

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~ Histoire naturelle, générale et particulière, servant de suite à l’Histoire naturelle de l’Homme, Supplément, tome quatrième, Paris, Imprimerie Royale, 1777,