Universit´e Paris-Dauphine Analyse 3
J. F´ejoz Octobre 2019
Premier contrˆ ole continu
Dur´ee : 1h30 — Sans document ni appareil ´electronique.
Toutes les r´eponses doivent ˆetre justifi´ees mais concises.
Mentionner sur la copie les erreurs d’´enonc´e ´eventuelles.
Chaque question sera not´ee sur 3 points.
1. Rappeler la d´efinition d’une suite de Cauchy et donner un exemple de suite qui n’est pas de Cauchy.
Solution. Une suite punq est de Cauchy si, pour tout ε ą0, il existe un rang N tel que, pour tous p, qěN,|up´uq| ăε.
Consid´erons la suite pun“ p´1qnq. Soitε“1. Pour toutN, les entiers p“2N et q “2N `1 sont ďN et pourtant
|up´uq| “2ěε.
Donc punqn’est pas de Cauchy. (On peut aussi remarquer que les suites extraites pu2n “ 1q et pu2n`1 “ ´1q ont deux limites distinctes, de sorte que punq ne converge pas, de sorte quepunq n’est pas de Cauchy.)
2. Montrer qu’une suite convergente est de Cauchy.
Solution. Notons ` la limite d’une suite convergente punq. Soientεą 0. Il existe un rang N `a partir duquel
|un´`| ăε{2.
Pour tous p, qěN,
|up´uq| ď |up´`| ` |`´uq| ăε.
Donc la suite est de Cauchy.
3. Calculer le d´eveloppement limit´e des fonctions suivantes en 0 `a l’ordre 3 : cos sinx, sin cosx.
(On pourra alternativement remplacerx par 1{k, avec kPN˚,kÑ 8.)
Solution. Les fonctions sin et cos sont de classe C8, donc les d´eveloppements limit´es demand´es existent et on peut les calculer `a partir des d´eveloppements limit´es de sin et de cos.
Les deux fonctions `a d´evelopper sont paires, donc la partie r´eguli`ere de leurs d´eveloppements `a l’ordre 2 et 3 sont les mˆemes.
Pour la premi`ere :
cos sinx“cospx`opxqq
“1´ px`opxqq2{2`oppx`opxqq3q,
2
avec ´px`opx2qq2{2 “ ´x2{2`opx2q and oppx`opxqq3q “ opx3q. (D´evelopper le sinus `a l’ordre 3 serait inutile puisque le terme en x3 aurait une contribution finale en x4.) Donc
cos sinx“1´x2{2`opx3q.
Pour la seconde :
sin cosx“sinp1´x2{2`opx3qq
“sin 1 cospx2{2`opx3qq ´cos 1 sinpx2{2`opx3qq
“sin 1´cos 1px2{2`opx3qq
“sin 1´ pcos 1qx2{2`opx3q.
4. Trouver a, bPRtels que
cosx´1`ax2
1`bx2 “opxnq avec nPNmaximal.
Solution. La fonction du membre de gauche est paire, donc deux param`etres donnent espoir de pouvoir ajuster les deux premiers coefficients d’indice pair non nul. Faisons donc un d´eveloppement `a l’ordre 4. On veut
p1`ax2qp1´bx2`b2x4`opx4qq “1´x2{2`x4{24`opx4q donc
a´b“ ´1{2, bpb´aq “1{24, donc
a“ ´5{12, b“1{12.
Comme pr´evu, le d´eveloppement `a l’ordre 4 a compl`etement d´etermin´e les valeurs n´ecessaires de aetb.
R´eciproquement, comme le mˆeme calcul le montre, ces valeurs de aetb font que l’´egalit´e demand´ee est bien v´erifi´ee avec n“4.
5. Soit f une fonction r´eelle d´efinie sur un voisinage de 0 dansR. Montrer que f est d´erivable en 0 si et seulement sif poss`ede un d´eveloppement limit´e du premier ordre en 0. Si f poss`ede un d´eveloppement limit´e du second ordre en 0, est-elle deux fois d´erivable ?
Solution.
La fonctionf est d´erivable en 0 de d´eriv´eef1p0q ðñ lim
xÑ0
fpxq ´fp0q
x “f1p0q ðñ fpxq ´fp0q
x “f1p0q `op1q ðñ fpxq “fp0q `f1p0qx`opxq.
Exemple : La fonction f :x ÞÑ x2cosp1{xq (qui se prolonge par continuit´e en 0) poss`ede un d´eveloppement limit´e du premier ordre en 0 (de partie r´eguli`ere nulle), donc est d´erivable en 0. (Le calcul de sa d´eriv´ee en dehors de 0 montre que la d´eriv´ee n’est pas continue en 0, donc que f n’est pas deux fois d´erivable en 0.)
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Mais qu’en est-il `a l’ordre deux ? Consid´erons maintenant g : x ÞÑ x3sinp1{xq.
Cette fonction admet ´evidemment un d´eveloppement limit´e du second ordre (de partie r´eguli`ere nulle). Mais elle n’est pas deux fois d´erivable en 0, puisque sa d´eriv´ee premi`ere vaut (en dehors de 0)
g1pxq “3x2sinp1{xq ´xcosp1{xq, et donc que le taux d’accroissement
gpxq
x “3xsinp1{xq ´cosp1{xq n’a pas de limite en 0.
6. La suitepunqtelle que u0P s0,`8ret un`1“?
1`un p@nPNq
est-elle monotone, converge-t-elle dans Ret, si oui, quelle est sa limite ? Solution. Comme la fonctionf :xÞÑ?
1`xest `a valeurs positives, par r´ecurrence on voit que punqnPN est bien d´efinie, et `a valeurs r´eelles positives.
La fonction xÞÑ fpxq ´x strictement d´ecroissante sur r0,`8r, et vaut 1 en 0 et 0 en `“ 1`
?5
2 ą1 (lenombre d’or). Donc
— siu0 ă`,punq est croissante et major´ee par `
— siu0 “`,punq est constante
— siu0 ą`,punq est d´ecroissante et minor´ee par`.
Dans les trois cas, punq converge, et, puisque f est continue et que pun`1q a la mˆeme limite, cette limite ne peut ˆetre que `elle-mˆeme.
7. Soit Sn “ 1` 12 ` ¨ ¨ ¨ ` n1 (n ě 1). Trouver un ´equivalent de Sn; on pourra commencer par montrer que lnp1`nq ďSnď1`lnn.
Solution. Pour toutkě1,
żk`1
k
dt t ď 1
k et, sikě2,
1 k ď
żk`1
k
dt t´1. Donc, pour toutně1,
żn
1
1
t ďSnď1` żn`1
2
dt t´1, soit, en int´egrant,
lnpn`1q ďSnď1`lnn.
La minoration et la majoration de Sn sont ´equivalentes `a lnn, donc Sn„lnn.