Universit´ e Bordeaux 1, N1MA5012 Int´ egration
El´ ements de correction du devoir Maison II
Exercice I. Fonctions eul´ eriennes
1) Soit w = a + ib un nombre complexe (a et b r´ eels) et x un r´ eel strictement positif, calculer le module |x w |.
Par d´ efinition x w = e (a+ib) ln x , d’o` u |x w | = e a ln x = x Rew car e ib ln x
= 1.
2) D´ emontrer que l’ensemble des complexes z pour lesquels la fonction x 7→ e −x x z−1 est Lebesgue int´ egrable sur ]0, +∞[ est P := {z ∈ C | Re(z) > 0}.
La fonction x 7→ e −x x z−1 est continue sur ]0, +∞[ donc mesurable et P est l’ensemble des complexes z tels que
Z +∞
0
e −x x z−1
dx < ∞ c’est-` a-dire tels que
Z +∞
0
e −x x Re(z)−1 dx < ∞
La fonction x 7→ e −x x Re(z)−1 est continue sur ]0, +∞[ donc localement intgrable, de plus elle est positive et
e −x x Re(z)−1 ∼
0 x Re(z)−1 et e −x x Re(z)−1
+∞
1 x 2 L’int´ egrale de Riemann R 1
0 x Re(z)−1 dx converge si et seulement si Re(z) − 1 > −1, l’int´ egrale de Riemann R +∞
1 1
x
2dx converge donc avec les th´ eor` emes pour les int´ egrales g´ en´ eralis´ es dans le cas d’´ equivalence et de comparaison entre fonctions positives, R +∞
0 e −x x Re(z)−1 dx converge si et seulement si Re(z) > 0.
3) D´ emontrer que l’ensemble des couples de complexes (p, q) pour lesquels la fonction x 7→ x p−1 (1 − x) q−1 est Lebesgue int´ egrable sur ]0, 1[ est P 2 .
De mˆ eme qu’` a la question pr´ ec´ edente.
La fonction x 7→ x p−1 (1−x) q−1 est continue donc mesurable. La fonction x 7→
x p−1 (1 − x) q−1 est continue sur ]0, 1[ donc localement int´ egrable, elle est positive et
x p−1 (1 − x) q−1 ∼
0 x Re(p)−1 et
x p−1 (1 − x) q−1 ∼
1 (1 − x) Re(q)−1 Les int´ egrales de Riemann R 1
0 x Re(p)−1 dx et R 1
0 (1 − x) Re(q)−1 dx convergent si et seule-
ment si Re(p) − 1 > −1 et Re(q) − 1 > −1, avec les th´ eor` emes pour les int´ egrales
g´ en´ eralis´ es dans le cas d’´ equivalence entre fonctions positives, x 7→ x p−1 (1 − x) q−1 est Lebesgue int´ egrable sur ]0, 1[ si et seulement si (p, q) est dans P 2 .
On notera dans la suite de l’exercice
∀z ∈ P Γ(z) = R +∞
0 e −x x z−1 dx
∀(p, q) ∈ P 2 B(p, q) = R 1
0 x p−1 (1 − x) q−1 dx 4) Avec un changement de variable bien choisi, montrer que
∀z ∈ P Γ(z) = 2 Z +∞
0
e −u2u 2z−1 du
L’application carr´ e est un C 1 diff´ eomorphisme de ]0, +∞[ sur lui-mˆ eme, avec le th´ eor` eme de changement de variables
∀z ∈ P Γ(z) = Z
]0,+∞[
e −u2u 2(z−1) |2u| du
soit l’´ egalit´ e demand´ ee.
5) Avec un changement de variable bien choisi, montrer que
∀(p, q) ∈ P 2 B (p, q) = 2 Z π/2
0
(sin θ) 2p−1 (cos θ) 2q−1 dθ
L’application sin 2 est un C 1 diff´ eomorphisme de ]0, π 2 [ sur ]0, 1[, avec le th´ eor` eme de changement de variables
∀(p, q) ∈ P 2 B(p, q) = Z
]0,π/2[
(sin θ) 2(p−1) (1 − sin 2 θ) q−1 |2 sin θ cos θ| dθ
soit l’´ egalit´ e demand´ ee en utilisant que 1 − sin 2 θ = cos 2 θ.
5) En utilisant le th´ eor` eme de Fubini et un nouveau changement de variables, montrer que
∀(p, q) ∈ P 2 Γ(p)Γ(q) = Γ(p + q)B(p, q)
Si l’on prend p et q r´ eels alors on travaille avec des fonctions positives et on peut utiliser le th´ eor` eme de Tonelli ce qui all` ege un peu la r´ edaction.
Dans le cas g´ en´ eral (p et q complexes) il faut tout d’abord justifier que la fonction (u, v) 7→ e −u2u 2p−1 e −v2v 2q−1 est int´ egrable sur l’espace produit ]0, +∞[×]0, +∞[.
v 2q−1 est int´ egrable sur l’espace produit ]0, +∞[×]0, +∞[.
Elle est mesurable car continue et en utilisant le th´ eor` eme de Tonelli R
]0,+∞[
2 e −u2u 2p−1 e −v2v 2q−1
v 2q−1
dudv = R
]0,+∞[
e −u2u 2p−1
R
]0,+∞[
e −v2v 2p−1 dv
du
= Γ(Rep)Γ(Req) < +∞ ∀(p, q) ∈ P 2
Elle est donc int´ egrable sur sur l’espace produit ]0, +∞[×]0, +∞[.
En utilisant maintenant le th´ eor` eme de Fubini R
]0,+∞[
2e −u2u 2p−1 e −v2v 2q−1 dudv = R
v 2q−1 dudv = R
]0,+∞[ e −u
2u 2p−1 R
]0,+∞[ e −v
2v 2p−1 dv
du
= Γ(p)Γ(q) ∀(p, q) ∈ P 2
On va maintenant faire un changement en coordonn´ ees polaires pour conclure. L’ap- plication
ϕ : ]0, +∞[×]0, π 2 [ → ]0, +∞[ 2 (r, θ) 7→ (r cos θ, r sin θ)
est un C 1 -diff´ eomorphisme, de jacobien jac(ϕ)(r, θ) = r. Avec le th´ eor` eme de change- ment de variables
Z
]0,+∞[
2e −u2−v
2u 2p−1 v 2q−1 dudv = Z
]0,+∞[×]0,
π2
[
e −r2(r cos θ) 2p−1 (r sin θ) 2q−1 rdrdθ
Il faut maintenant ` a nouveau utiliser le th´ eor` eme de Fubini. La fonction (r, θ) 7→
e −r2r 2(p+q)−1 (cos θ) 2p−1 (sin θ) 2q−1 est continue donc mesurable sur ]0, +∞[×]0, π 2 [. De plus elle est int´ egrable car avec le th´ eor` eme de Tonelli
R
]0,+∞[×]0,
π2[
e −r2r 2(p+q)−1 (cos θ) 2p−1 (sin θ) 2q−1 drdθ
= R
]0,+∞[
e −r2r 2(p+q)−1
R
]0,
π2[
(cos θ) 2p−1 (sin θ) 2q−1 dθ
dr
= Γ(Re(p + q))B(Re(q), Re(p)) < +∞ ∀(p, q) ∈ P 2 On peut maintenant appliquer le th´ eor` eme de Fubini et
R
]0,+∞[×]0,
π2
[ e −r
2r 2(p+q)−1 (cos θ) 2p−1 (sin θ) 2q−1 drdθ
= R
]0,+∞[ e −r
2r 2(p+q)−1 R
]0,
π2[ (cos θ) 2p−1 (sin θ) 2q−1 dθ
dr
= Γ(p + q)B(q, p) ∀(p, q) ∈ P 2
Ce qui termine la preuve de l’´ egalit´ e Γ(p)Γ(q) = Γ(p + q)B(p, q) pour tout (p, q) dans P 2 par sym´ etrie imm´ ediate de la fonction B (faire le changement de variable u = x − 1 dans R 1
0 x p−1 (1 − x) q−1 dx).
Exercice II. In´ egalit´ e de Hardy
On note E + l’ensemble des fonctions mesurables F : ]0; ∞[→ [0; ∞], les tribus sur les espaces de d´ epart et d’arriv´ ee ´ etant les tribus bor´ eliennes. Soit ´ egalement p ∈ [1; ∞[, et soit q l’exposant conjugu´ e (c’est ` a dire 1 p + 1 q = 1 lorsque p > 1 ; q = ∞ lorsque p = 1).
1) Montrer que si F ∈ E + est dans L p (µ), alors
kF k Lp = sup ( Z
]0;∞[
F G dµ; G ∈ E + , kGk Lq = 1 )
.
On remarque que F prend que des valeurs positives, et alors que |F (X)| = F(X). Par l’in´ egalit´ e de Holder :
sup ( Z
]0;∞[
F G dµ; G ∈ E + , kGk Lq = 1 )
≤ sup
kFk LpkGk Lq; G ∈ E + , kGk Lq = 1
; G ∈ E + , kGk Lq = 1
≤ sup
kFk Lp ; G ∈ E + , kGk Lq = 1
= 1
≤ kFk Lp
Si kF k Lp = 0 alors on a termin´ e puisque cela implique que F est nulle presque partout et alors pour tout avec G ∈ E + , R
]0;∞[ F G dµ = 0.
Si p = 1 alors la fonction constante ´ egale ` a 1 est mesurable positive et k1k ∞ = 1, de plus
sup ( Z
]0;∞[
F G dµ; G ∈ E + , kGk L∞ = 1 )
≥ Z
]0;∞[
F 1 dµ = kF k L1
car F est positive.
Reste le cas kF k Lp > 0 et pour p, q 6= ∞, on pose G = Fp/q
||F ||
p/qLpalors G est dans E + et kGk q Lq = ||F 1 ||p
Lp