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L apparition du journal Le Réunionnais dans l espace médiatique local

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Université de la Réunion

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Département des Sciences de l’Information

et de la Communication

Reine-May CRESCENCE

Septembre 2003

L’apparition du journal Le Réunionnais dans l’espace médiatique local

Analyse des dispositifs,

des discours de presse et des discours fondateurs

(22 novembre 1992 – 12 juin 1996)

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Université de La Réunion

Faculté des Lettres et Sciences Humaines

Département des Sciences de l’Information et de la Communication

L’apparition du journal Le Réunionnais dans l’espace médiatique local

Analyse du dispositif, des discours de presse et des discours fondateurs

(22 novembre 1992 - 12 juin 1996)

Mémoire présenté par Reine-May CRESCENCE

En vue de l’obtention de la maîtrise en Sciences de l’Information et de la Communication

Sous la direction de Bernard IDELSON

Maître de conférences à l’Université de la Réunion

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«L’universel est au cœur du particulier»

Yves Winkin1

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Remerciements

Je tiens à remercier mon directeur de mémoire Bernard Idelson pour ses précieux conseils, ses encouragements et sa capacité à canaliser mes idées parfois confuses. Les journalistes que nous sommes sont préoccupés par le concret et cette notion «d’essentiel» qui caractérise notre profession, à savoir la capacité à dire le maximum dans une phrase minimum, obligeant ainsi à écarter l’accessoire de tout message. La démarche scientifique est bien différente : chaque mot formulé, chaque idée avancée, chaque détail ont leur importance et doivent être expliqués.

Mes remerciements vont également aux professeurs du Département des Sciences de l’Information et de la Communication de l’Université de la Réunion qui ont su me redonner goût aux études et le désir de poursuivre dans cette voie, à Olivier Soufflet pour sa relecture attentive, aux employés de la Bibliothèque Départementale de Saint-Denis pour leur disponibilité et leur accueil, et à tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire.

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Introduction

Le 22 novembre 1992, le journal Le Réunionnais s’insère dans le paysage médiatique local. Ce quatrième quotidien, fondé par Armand Apavou, qui est parallèlement le numéro un de l’immobilier à la Réunion, apparaît dans un contexte médiatique pluraliste où la presse réunionnaise, d’une manière générale, est particulièrement foisonnante avec trois journaux : Le Quotidien leader sur son marché, Le Jir filiale du groupe Hersant et Témoignages, journal du parti communiste réunionnais. Aux côtés de cette presse quotidienne (PQR) gravite également une presse hebdomadaire et mensuelle très prolixe : quatre hebdos de télé, trois mensuels économiques et quelques revues spécialisées.

Pour s’imposer dans cet espace médiatique déjà bien occupé en terme de marché, Le Réunionnais arrive avec un procédé innovant à la Réunion : la quadrichromie. Sa sortie sera précédée, comme tout nouveau lancement de ce type, d’une campagne publicitaire d’envergure et d’un numéro zéro symbolique, pratique journalistique courante lors d’une première parution.

Dans son premier numéro datant du 22 novembre 1992, Le Réunionnais annonce une ligne éditoriale qui se veut proche de la population avec une mise en page simple, des articles courts et abondamment illustrés, ainsi qu’ une indépendance totale vis à vis des partis politiques en place. Pour séduire les lecteurs, ce premier numéro sera distribué gratuitement.

Quatre ans plus tard, le 12 mai 1996, après avoir connu des résultats encourageants (sondage Médiamétrie datant du 15 décembre 1995),

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Au moment de sa disparition, Le Réunionnais fait face à des difficultés financières importantes. Il se retrouve en dépôt de bilan et liquidé judiciairement, dans la même situation que le journal Le Quotidien 15 ans plus tôt mais dans un contexte médiatique différent. Si Le Quotidien a réussi à regagner la confiance de ses lecteurs grâce à un mouvement social qui a mobilisé des centaines d’artistes et d’enseignants, Le Réunionnais n’a pas survécu. Pourquoi ce journal a t-il échoué là où Le Quotidien a réussi quelques années plus tôt?

Quelles sont les raisons qui ont provoqué la disparition de ce titre pourtant novateur sur le marché, proposant pour la première dans le contexte médiatique local avec une édition tout en couleurs dès le premier numéro? C’est à ces questions que nous voulons répondre.

Il s’agit de comprendre les raisons de cette disparition à travers une approche centrée sur la production du journal pendant ses quatre années et sept mois d’existence.

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1. Problématique et contexte

1.1 – La question de départ

Au début de notre recherche, nous avions une question de départ : l’apparition du journal le Réunionnais dans l’espace médiatique local correspondait-elle à une demande sociale? Un élément essentiel nous a mis sur la piste d’un tel postulat. Il s’agit de la thèse de B. Idelson qui met en avant le rôle d’acteur social local tenu par la Presse Quotidienne Régionale (PQR), notamment à la Réunion (1999). Dans cette production, l’auteur démontre à travers l’analyse de trois sous-corpus que le journal a été un acteur social incontournable du paysage médiatique de l’époque.

Le Quotidien a non seulement contribué à l’ouverture d’une brèche médiatique, mais il a également pris position dans le débat public évolutif de la société réunionnaise en soutenant, dans un premier temps, le mouvement Free-Dom en 1991 et, dans un deuxième temps, le mouvement des fonctionnaires et des étudiants en 1997.

Cette thèse explique également que Le Quotidien est arrivé dans un contexte social d’émergence d’une revendication où l’espace médiatique était encore à conquérir, avec d’un côté, le monopole du Jir proche de la droite locale et, de l’autre, la clandestinité de Témoignages, organe du parti politique PCR (Parti communiste réunionnais).

En comparant les deux cas, la différence de contexte social parait évidente, mais encore fallait-il pouvoir caractériser cette demande sociale, projet qui nous paraissait ambitieux puisque la définition «demande sociale» au sein du contexte réunionnais est difficile à cerner d’un point de vue sociologique.

Nous avons alors émis une deuxième hypothèse majeure : Le Réunionnais est un modèle importé du journal Le Parisien . Mais plutôt

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centrale : quelles sont les raisons qui ont provoquées la disparition du journal Le Réunionnais du paysage médiatique local? Comment? En nous intéressant à la production du journal dans son ensemble, à sa forme (sa mise en page) dans un premier temps et au contenu de ses discours dans un deuxième temps pour tenter de comprendre quelle était la promesse des fondateurs lors de sa création, leurs motivations de départ, leur projet de presse, mais aussi les valeurs défendues par Le Réunionnais et la place qu’elle occupe dans l’espace médiatique local.

Nous présentons ci-dessous des auteurs ayant travaillé sur ce sujet et considérant que le journal, dans sa forme comme dans son fond, est producteur de sens et véhicule un message de la vie sociale.

1. 2 - Eléments d’ancrage théorique

«Le journaliste écrit pour être lu et compris de tous ses lecteurs. Sauf exception, il ne s’adresse pas à un public d’initiés. Même dans une revue spécialisée, les lecteurs ne sont pas tous au même niveau. C’est encore plus vrai pour les quotidiens d’informations générales, les magazines à grande diffusion, la radio et la télévision» (Voirol, 1989, p. 15). Cette phrase extraite du guide de la rédaction de Voirol, ouvrage de base qui édicte les principes généraux de rédaction, en dit long sur la pratique du métier et le sens que l’on veut donner à l’écriture journalistique.

L’information du journal quotidien est truffé de codes multiples (titres, surtitres, chapeaux, encadrés, filets, accroches, légendes, etc.) destinés à faciliter la compréhension du lecteur. Si ces codes sont communs à la profession, chaque journal développe ses propres stratégies de mise en page et de mise en forme des énoncés destinées à le différencier des autres, à le rendre unique aux yeux du lecteur. Mouillaud et Tétu l’ont bien montré en allant au cœur même du dispositif du journal. “La page de journal constitue ainsi une figure (une forme perceptible par la vue), qui

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et Tétu, 1989, p. 56). Si avant et pendant presque tout le XIXème siècle, les journaux privilégiaient en général l’axe vertical des colonnes donnant ainsi la priorité au discours «ces colonnes qui se suivaient sans rupture, sans que rien n’interrompe la régularité de leur succession» (Idem).

Tout a brutalement changé à la fin du siècle dernier avec une rupture des cadres et des colonnes, puis l’apparition de gros titres. Cette technique d’abord employée par la presse dite populaire (encline au sensationnel) a gagné la presse quotidienne (Ainsi, le journal Le Matin fut un des premiers à adopter les titres bandeaux). Ces innovations ont apporté des changements considérables et aujourd’hui, le nombre de colonnes ou la taille des caractères ainsi que la position ou le nombre d’illustrations

«permettent ainsi de rapprocher ou d’éloigner, de sélectionner ou de disjoindre des unités qui, dans le journal, sont des unités informationnelles. La mise en page apparaît alors comme une rhétorique de l’espace qui destructure l’ordre du discours (sa logique temporelle) pour reconstituer un discours original qui est, précisément, le discours du journal» (Mouillaud et Tétu, 1989, p. 57-58). Pour ces auteurs, il existe donc deux catégories de journaux. D’un côté, ceux présentant une certaine rigidité instutionnelle (calqués sur le modèle du journal Le Monde) faisant apparaître une double organisation «à la succession linéaire horizontale des titres, des rubriques, se combine l’organisation de l’espace vertical et de l’espace rédactionnel» (Idem, 1989, p. 189) et de l’autre, une presse à caractère populaire où «la multiplication des rubriques s’oppose à leur raréfaction», un modèle de type Libération.

Le premier modèle donne ainsi «une représentation du monde où le réel est produit par l’ordre même de l’information» (Idem, 1989, p. 189) produisant ainsi un effet de réel indiquant exactement pour chaque information la référence qui le constitue comme information, en reliant l’information à la référence. Alors que dans le deuxième modèle, le journal

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disparaît et avec elle l’indication de référence, c’est l’événement qui l’emporte sur la signification. Les photos font semblant de rapporter la réalité renvoyant ainsi le lecteur «à la référence brute, impensée, du fait singulier : c’est la singularité qui fait alors référence» (ibid, 1989, p. 189).

D’une manière générale poursuivent Mouillaud et Tétu, «La dispersion des surfaces, l’absence de symétrie ou de tout autre ordre apparent a tendance à être perçu comme le signe que le journal ne se contente pas d’enregistrer l’événement. La page devient une sorte de sismographe, qui trace les poussées évènementielles à l’instar des poussées telluriques et donne le sentiment de suivre les évènements et de les livrer avec une apparence qui est analogique de l’importance du réel : la page serait ainsi une figure diaphragmatique du réel» (1989, p. 69). Par sa mise en forme, la hiérarchisation de son information, le réel qu’il donne à voir, le journal est donc producteur de sens.

Mais la mise en page n’est pas le seul indicateur d’une construction médiatique, le discours du journal est aussi révélateur de stratégies multiples comme le souligne Breton (1995) qui fait la distinction entre information et argumentation, acte informatif et acte argumentatif, deux éléments clefs dans l’acte de communication. «L’acte informatif est fondé sur la garantie implicite que le journaliste donne à l’auditoire – que le réel qu’il lui donne à voir à travers le modèle informationnel qu’il a construit, est bien le réel qu’il verrait s’il en était lui-même témoin. Lorsque le journaliste quitte ce terrain, il est censé prévenir, envoyer des signaux parallèles indiquant le niveau de contrat où il se situe sur l’échelle témoignage/opinion» (1995, p. 77). S’il abandonne ce premier terrain sans prévenir au préalable le lecteur (c’est-à-dire en disant clairement qu’il se situe au niveau du fait), alors qu’il dérive progressivement vers le commentaire ou l’opinion, le journaliste est en plein dans ce qu’on appelle le subjectivisme ou la manipulation consciente de l’auditoire ou lectorat (compétence au service d’un trucage). Pour Breton, la distinction entre

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communication alors même qu’elles sont souvent confondues. Dans l’information, le message est fondé sur le respect et l’intégrité de la source : le journaliste n’impose aucune conduite, il raconte et rapporte les faits tels qu’ils se sont déroulés avec neutralité (exemple le reporter). La construction de ce modèle impose une mise en forme stricte et un déroulement par étapes dans l’ordre suivant : le regroupement de faits jugés représentatifs du réel, la présentation des faits, l’abandon des autres faits inutiles, et le compte-rendu censé organisé les faits entre eux. Dans l’argumentation, la démarche est différente : le journaliste donne son point de vue, fait une proposition (un modèle réduit du réel) en vue d’un partage et c’est au lecteur d’adhérer ou pas. C’est ce qui fonde l’acte argumentatif.

Mathien (1993, p. 42) a pour sa part travaillé sur les fonctions sociales de la presse Quotidienne Régionale. Face à la concurrence des nouveaux médias de masse, il considère que la Presse Quotidienne Régionale a su préserver une certaine position dominante.

Mais pour la conserver, elle se doit d’assurer certaines fonctions sociales essentielles que sont le lien avec la communauté environnante : le fait que le journal s’adresse à l’individu et à une communauté géographique précise ; la réduction de l’incertitude environnante : la possibilité de trouver au sein du journal une qualité d’information de type quoi de neuf ? réduisant ainsi l’incertitude du lecteur ; l’encyclopédie des connaissances vulgarisés : le lecteur doit trouver dans le journal une accumulation de nouvelles lui donnant l’impression d’élargir ses connaissances ; la banque de données : le journal doit comporter une foule de petites informations pratiques de la vie quotidienne comme la météo, les horaires de ciné, les mariages, les décès, les naissances… ; une fonction récréative et psychothérapique : le journal doit distraire par des jeux, devinettes, mots croisés… qui sont autant de moments de détente.

Aussi, déclare Mathien, «Le sentiment de communauté, surtout quand il

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En étendant leur zone de diffusion, en recouvrant des cultures régionales et locales trop différenciées, certains grands quotidiens ne peuvent plus tenir compte de toutes les particularités des communautés d’appartenance de leurs lecteurs» (1993, p. 44-45). Les lecteurs réguliers et fidèles sont donc attachés à leur région et à son passé et sont davantage intéressés par la politique que des lecteurs occasionnels. Pour Albert, «Une publication offre un choix de lecture et non pas , comme un livre, une lecture suivie, unique. Sa rédaction ne propose pas un texte homogène mais vise à élargir l’éventail des lectures potentielles pour satisfaire le plus grand nombre de lecteurs possibles» (cité par Mathien, 1983, p. 42).

Le sens produit par le journal est donc lié à la fois au discours et à la mise en forme des énoncés.

C’est ce que nous allons tenté de découvrir à travers l’évolution du titre.

Mais avant de confronter ces distinctions théoriques à notre corpus, il convient de faire un bref rappel historique de la Presse Quotidienne Régionale en France, de définir ce qu’est un paysage médiatique et présenter son évolution à la Réunion afin de bien comprendre dans quel contexte médiatique particulier est apparu le journal Le Réunionnais.

1.3 - L’histoire de la PQR en France

Dans son ouvrage consacré au contexte global de la PQR, Mathien (1993, p. 9) fait ressortir deux dates importantes :

Z le 29 juillet 1881, date de la publication de la loi sur la liberté de la presse qui permet aux éditeurs de province de se lancer véritablement dans une conquête industrielle. Pendant la guerre, la presse régionale multiplie les informations de proximité. Après le conflit, elle diversifie son contenu et s’adresse à une large frange de la population en ouvrant ses colonnes à des informations aussi variées que la mode, la cuisine, les jeux, les romans-feuilletons, les bandes dessinées, tout en développant

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L’apparition de la radio-diffusion révolutionne le monde de la communication et de l’information.2

Z Et l’ordonnance du 26 août 1944 qui a pour objectif de préserver la presse des puissances d’argent et des influences étrangères en assurant une transparence de la propriété et des ressources financières.

Aujourd’hui constate Mathien (idem), la presse française dans son ensemble doit faire face à un phénomène de concentration, processus logique d’une récession économique : les journaux à petit tirage sont rachetés par les grands groupes de presse qui réduisent du même coup la concurrence dans leur zone de diffusion. Mais le processus est plus marqué en province qu’à Paris.

Cette concentration, indique Le Floch (1997), se situe sur deux niveaux : le bien et le marché. «La concentration des marchés de la presse quotidienne régionale est favorisée par un ensemble de forces qui oeuvrent dans le même sens. Ces forces tiennent pour l’essentiel à des caractéristiques particulières du bien. Le journal est, tout d’abord, un bien qui fait supporter à son producteur d’importants coûts fixes qui proviennent du coût de la première copie. Une production à grande échelle permet de réduire significativement le coût moyen de production.

Le journal est ensuite un bien vendu sur un double marché. Les recettes publicitaires ont un rôle primordial dans la réalisation de l’équilibre financier du journal : elles permettent, en effet, de combler le déficit de la tarification du prix de vente du journal en dessous de son prix de revient»

(1997, p. 365).

Ruellan (2002) a analysé les conséquences de cette concentration. Il constate qu’elle a poussé les entreprises de presse à se réadapter au marché en créant de nouveaux systèmes informatisés permettant la décentralisation des journalistes et la réorganisation des équipes

2Ce contexte de libéralisation favorise également une certaine concentration privilégiant les

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rédactionnelles dans deux directions : «l’approfondissement du ratissage méticuleux de l’information micro-locale et de service par les correspondants locaux et la recherche d’une pratique journalistique moins institutionnelle, moins promotionnelle» (2002, p. 53).

Le phénomène de concentration n’est pas vraiment perceptible à la Réunion où le territoire est relativement limité. Si la presse réunionnaise a subi et continue de subir des transformations profondes et rapides (Watin, 2001), son évolution est somme toute spécifique en raison d’un contexte social différent comme nous allons le voir à travers ce rappel historique de la presse réunionnaise.

1.4 - Histoire de la presse réunionnaise/genèse du paysage médiatique

Jusqu’au début du XXe siècle, la presse réunionnaise relève d’une presse d’opinion sous des apparences dynamique eu égard au nombre de feuilles recencées (Caudron, 1990). Ainsi durant la première moitié du XXème siècle jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, on dénombre pas moins de quarante deux nouveaux titres (Serviable, Técher, 1991). «Nous avons affaire à un espace médiatique particulièrement muselé» (Simonin et Idelson, 1995). Deux camps totalement opposés s’affrontent : les autonomistes menés par le très puissant Parti Communiste Réunionnais (PCR), et les départementalistes, proches de Michel Debré et de la droite locale. Les opinions des premiers sont relayés par le quotidien Témoignages3 (organe du PCR) et ceux des deuxièmes par le Journal de l’île (Jir)4. A contrario, quelques journaux au tirage limité (La Croix du Sud5, journal de l’évêché ou Le Progrès6 de tendance centre droite)

3Témoignages, organe militant du parti communiste fondé en 1944 est d’abord un hebdomadaire avant de devenir quotidien en 1958.

4 Le Journal de l’île est fondé en 1951 par Henri Cazal. Il sera animé par un acteur clef de la vie médiatique locale, Jean-Vincent-Dolor, proche de la droite locale debréiste.

5 … qui est aujourd’hui remplacé par Eglise à la Réunion créé en 1978.

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tentent de proposer une voie plus modérée, mais leur diffusion reste relativement confidentielle. Notons que Serviable et Técher (1991, p. 73- 75) ont recensé une quinzaine de titres qui paraissent pendant cette période mais qui n’auront pour la plupart qu’une existence éphémère ne dépassant pas trois années.

La presse écrite et la naissance du journal Le Quotidien

Les premières brèches médiatiques apparaissent au début des années 70 avec la parution de nombreux journaux lycéens, (tels que Evasion, Pourquoi Pas? Sûrement Pas !) qui sont les véritables précurseurs dans l’organisation de « tribunes libres », créant ainsi les prémisses d’un débat public enfin médiatisé (Wolff, 1996).

L’apparition du journal Le Quotidien le 13 septembre 1976 marque un tournant décisif. Ce journal, fruit de la rencontre d’un entrepreneur local ambitieux et de deux journalistes professionnels, innove en proposant un produit plus élaboré, pluraliste et professionnel. L’objectif est de donner la parole à un public plus large. Le Quotidien inaugure un espace public de débat très compromis à cette époque par la position monopolistique du Jir et la quasi clandestinité de Témoignages (Watin et Wolff, 1995).

Mais la ligne éditoriale du Quotidien ne fait pas l’unanimité. Privé de l’aide des banques, il se retrouve dans une situation financière désastreuse et le tribunal de commerce prononce sa liquidation judiciaire en mai 1977 (Idelson, 1999). Soutenu par un important mouvement social de lecteurs composés d’artistes, de fonctionnaires, d’enseignants… le journal se redresse pour finalement devenir leader sur son marché. A noter que Le Quotidien de la Réunion (selon un sondage Médiamétrie) est même situé à la 30ème position au niveau national (avec environ 35 000 exemplaires vendus chaque jour, selon les chiffres diffusion-contrôle OJD).7

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Avec l’avènement du journal Le Quotidien, une nouvelle brèche s’ouvre, dans laquelle s’engouffre une presse hebdomadaire régionale locale composée essentiellement de magazines TV (Télé 7 jours, Visu), de trois mensuels économiques (Le Mémento, Via l’Enjeu et Leader). Dans la même période, la presse quotidienne et périodique fait un bond spectaculaire en avant faisant du même coup grimper les chiffres de vente des détaillants.

En 1992, un autre entrepreneur local, Armand Apavou, leader dans l’immobilier crée le quatrième quotidien de l’île et le premier journal en quadrichromie, Le Réunionnais. Sa ligne éditoriale misant sur l’information de proximité est proche de celle du Quotidien. Malgré une progression régulière et encourageante, puisque le journal parvient à se hisser à la seconde place après trois années d’existence (sondage Médiamétrie de l’époque)8, Le Réunionnais a du mal à équilibrer ses comptes et dépose le bilan le 12 mai 1996 après quatre ans et sept mois de parution.

L’audiovisuel et la mouvance Free-Dom

Le premier “radio-concert” est diffusé en 1927 dans le chef-lieu. Dès 1936, des postes de réception publiques diffusent des programmes dans toute l’île et en 1938 apparaît Radio St-Denis. Mais ce n’est qu’en 1948 que la radio nationale, suivie de la Radio Diffusion Française s’installe dans l’île.

En 1950, on compte ainsi 1900 postes de radio pour 30 heures d’émission hebdomadaires et 25 400 en 1963 pour 70 heures hebdomadaires.

Entièrement contrôlée par l’État, elle dépend, dès sa création, du ministère de la Poste. Ce n’est que vers le milieu des années 60, sous l’impulsion du ministre de l’époque, Alain Peyreffite, qu’on change d’abonnement en passant de l’abonnement AFP (Afridascar) envoyant à la Réunion des nouvelles d’Afrique pour passer à un abonnement national et international (Idelson, 1995).

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La Radiodiffusion-Télévision française (RTF) puis l’Office de Radiodiffusion-Télévision française (ORTF-1964) succèdent à la Radio- diffusion française (RDF). France Région 3 est crée en 1974. Ces remaniements successifs ne changent en rien la situation. Le monopole de l’information est toujours détenu par la station du Barachois qui exerce une propagande d’État (“la voix de la France”), excluant volontairement de l’antenne les représentants de l’opposition (les partis communistes et socialistes locaux).

Radio Free Dom est crée en 1981 par le docteur Camille Sudre, dans un contexte de libéralisation des ondes prônée par le nouveau pouvoir socialiste élu en France. Elle est l’une des premières radios à briser le monopole d’État et à donner la parole à toutes les couches sociales à travers son émission de débat “les radios doléances“ où les gens sont libres de s’exprimer en créole ou en français.

Radio Free-Dom ouvre ainsi la voie à une multitude de radios libres. Le 4 juin 1985, la Haute Autorité de l’Audiovisuel légalise 44 fréquences sur l’île. Grâce à ces émissions de “libre antenne”, le docteur Camille Sudre acquiert très vite une popularité grandissante qui lui permettra par la suite d’accéder à la sphère politique et à la présidence du Conseil Régional.

Le 14 juillet 1985, Radio Free-Dom relaie l’intégralité des informations d’Europe 1 et d’autres radios locales lui emboîtent le pas en diffusant les journaux de Radio Monté Carlo (RMC) et de la radio RTL.

Aujourd’hui, d’après un rapport sur l’audiovisuel de 1997 du conseil de la Culture et de l’environnement de la Réunion, 46 radios sont autorisées à émettre sur toute l’île.

Le 13 mars 1986, apparaît une nouvelle brèche dans le paysage médiatique avec la création de Télé Free-Dom. En effet, la télévision réunionnaise, qui clôture ses programmes au son de la Marseillaise, reste essentiellement jusqu’à cette période «la voix de la France», une

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Dans un petit studio sommairement aménagé et équipé de moyens techniques amateurs, Télé Free-Dom inaugure les premiers débats télévisés interactifs de proximité à travers les fameuses “télé doléances”.

Pour la première fois, les télespectateurs peuvent poser leurs questions en direct aux personnalités invitées sur le plateau composées d’hommes politiques, d’artistes ou de simples citoyens. Les émissions freedomiennes sont très populaires mais la télé émet sans autorisation légale, ce qui abouti à la saisie des émetteurs le 24 février 1991 par la justice. Cette décision provoque un mouvement social sans précédent dans l’histoire de l’île se traduisant par des manifestations de rue et des pillages d’entreprises locales ainsi que la mort de huit personnes.

Après ces débordements de violence, le docteur Camille Sudre perd sa crédibilité. Il est soupçonné de démagogie et se retrouve isolé de la classe politique. Personnage néanmoins très médiatique, il parvient à se faire élire à la présidence du Conseil Régional en mars 1992. Pour avoir utilisé sa radio à des fins électorales, son élection est invalidée en mai 1993.

C’est alors son épouse, Margie Sudre, soutenue par le mouvement Free- Dom qui est élue à la tête du Conseil Régional. Elle est nommée en mai 1995 secrétaire d’État à la Francophonie du gouvernement d’ Alain Juppé.

Même si les événements de 1991 ont porté préjudice à Télé Free-Dom qui n’a jamais pu réémettre après cette date, la naissance de cette télé a permis l’ouverture du paysage audiovisuel puisque deux autres chaînes sont inaugurées la même année : Antenne Réunion et Canal Réunion qui se partagent la même fréquence dès leur lancement et se séparent en 1994. En 1992, deux autres chaînes de moindre envergure font leur apparition. Il s’agit de TV4 dans le Nord et TV Sud dans le Sud. L’année 1999 voit fleurir des bouquets de programmes et naître de nouveaux opérateurs qui profiteront du nouveau satellite Eutelsat W2 (lancé le 5 octobre 1998 par le vol 11 d’Ariane) pour offrir à la société réunionnaise l’accès à une vingtaine de chaînes. Mais seuls 250 000 foyers équipés d’une télévision peuvent bénéficier de ces programmes qui nécessitent un

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(pour parabole Réunion). Selon Idelson (2002, p. 108), l’arrivée de bouquets de programmes européens ne règle peut-être pas la question du contenu soulevée dans le “Rapport sur l’audiovisuel 1997” du Comité de la Culture et de l’Environnement de la Région Réunion qui déplore une trop grande nord-américanisation des programmes et l’indigence de la place accordée à la culture locale et au créole.

A la lecture de ces données historiques, nous pouvons remarquer que le paysage médiatique réunionnais a subi de profonds changements en l’espace de vingt ans. Le tableau synoptique réalisé par Watin et Wolff (1995, p. 39) fait apparaître trois “brèches” significatives qui ont joué un rôle déterminant dans la construction de ce paysage médiatique :

- 1976 : date d’apparition du Quotidien de la Réunion. En ouvrant ses colonnes à un public plus large, en misant sur des articles de proximité et en étant plus proche de la vie réunionnaise, le quotidien rompt avec une presse d’opinion.

- 1981 : date qui coïncide avec l’arrivée de Radio Free-Dom. La radio du docteur Camille Sudre permet à une large majorité de la population d’accéder au débat et à la prise de parole en créole ou en français.

- 1986 : date de la naissance de Télé Free-Dom qui inaugure les débats télévisés interactifs et de nouvelles formes de discussions publiques.

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L’espace médiatique réunionnais aujourd’hui

A l’heure actuelle, l’espace médiatique réunionnais peut être qualifié de pluraliste avec un foisonnement intéressant de canaux d’information aussi bien en presse écrite (avec trois quotidiens, quatre hebdomadaires de télévision, trois mensuels économiques) qu’en presse audiovisuelle avec Antenne Réunion, chaîne locale privée, Canal Réunion, chaîne satellitaire et l’arrivée récente de deux nouveaux opérateurs, qui proposent depuis 1999, des chaînes satellisables thématiques grâce au lancement du satellite eutelsat W2 (le 5 octobre 1998 par le vol 11 d’Ariane). RFO, chaîne leader sur son marché, élargit de nouveau son contenu en 1983 en se dotant d’un nouveau canal de diffusion. Les émissions de RFO sont ainsi diffusées sur la chaîne satellite Parabole Réunion depuis octobre 2001.

Ce pluralisme médiatique favorise aujourd’hui la constitution d’une opinion publique réunionnaise qui est aussi la résultante d’une forte revendication des Réunionnais aux-mêmes d’accéder à une plus large liberté d’expression (Watin, Wolff, 1995).

Aujourd’hui, que ce soit en matière de presse écrite ou audiovisuelle, la population réunionnaise dispose d’un lieu de débat ouvert pour discuter de la chose publique, des problèmes de société et de l’avenir de leur île, et ce, quel que soit les classes sociales. Le monopole d’état en matière audiovisuelle fait désormais partie du passé et depuis l’avènement de Free Dom, de nouveaux canaux de diffusion inondent le marché. Antenne Réunion et Canal Réunion qui se sont séparés en 1994, possèdent aujourd’hui leurs propres fréquences.

Comme l’a souligné Idelson (2002, p. 108), l’espace médiatique actuel

«accueille l’ensemble des courants d’opinion». Et si la plupart des grands groupes de presse sont présents sur Internet, l’E-press commence un développement timide sur l’île. Le Jir, précurseur en matière de presse en ligne, dispose d’un site depuis 1997 alors que Le Quotidien préfère rester

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baptisée Imaz Press Réunion a été créee en 1999 par deux journalistes de presse écrite.

Néanmoins, l’accès au haut débit continue d’accroître cette modification en profondeur des rapports communicationnels dans la société réunionnaise (Idelson, 2002, p. 108).

Mais pour l’heure, la Réunion doit rattraper son retard car le haut débit reste, là encore, une affaire de monopole avec des capacités nettement inférieures à la moyenne nationale, des tarifs largement supérieurs et une concurrence encore timide. L’arrivée du câble Safe le 11 mai 2001 reliant le Portugal à la Malaisie et permettant de multiplier les capacités de communication de notre île vers le reste du monde, s’avère, quelque mois après son branchement, bien en dessous de ses promesses.9

Ce détour historique révèle que Le Réunionnais apparaît sur la scène médiatique dans un contexte de libéralisation de la presse locale. En 1992, les valeurs prônées par Le Réunionnais pour justifier son apparition, à savoir la proximité, la liberté de la presse, la démocratie et le pluralisme de la société réunionnaise (cf. édito du fondateur) sont acquises à la Réunion. Si la période précédant l’arrivée du journal Le Quotidien laisse effectivement peu de place au débat public avec une presse monopolistique d’opinion, en 1992, date d’apparition du journal Le Réunionnais dans le paysage médiatique, la population réunionnaise dispose déjà d’un espace public ouvert au débat contradictoire et impulsé par deux acteurs majeurs de cette conquête médiatique : Le Quotidien et Free Dom.

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2. Méthodologie

2.1 - Présentation et choix du corpus

Le choix du corpus a consisté au préalable en un repérage visuel des premiers indices de construction du journal aux archives départementales.

Nous croyons comme Winkin (2001, p. 190-191) à cette fonction de

«double hélice» en matière de recherche en sciences sociales proche de la démarche ethnographique «le chercheur part d’une idée, encore mollement formulée, va sur le terrain, recueille des données en tous sens, revient vers ses lectures et commence à organiser ses données, retourne sur le terrain, lesté de questions déjà mieux conceptualisés et repart enfin, avec des premières réponses vers une formulation généralisante. Ce va- et-vient du général au particulier est la meilleure garantie contre la critique qui ne voit dans la démarche ethnographique qu’une description particularisante se suffisant à elle-même».

Il n’est pas inutile de rappeler que cette immersion dans la recherche archivistique consistant à feuilleter les pages du journal a été enrichissante et fastidieuse à la fois. En effet, il a fallu maintes fois se ressaisir pour toujours conserver cette distanciation nécessaire avec le sujet observé. Mais ce nécessaire plongeon au cœur même de notre recherche nous a été très bénéfique en définitive, puisqu’au bout de plusieurs jours de “trou noir” (un peu comme l’angoisse de la page blanche en journalisme), nous avons pu dégager quelques idées essentielles notamment sur la forme du journal, pour mieux pénétrer par la suite dans une analyse plus approfondie.

La démarche adoptée avant l’analyse proprement dite se situe à deux niveaux. Il a d’abord fallu, dans un premier temps, focalisé un élément central à notre problématique : la définition de la PQR et ses fonctions au sein d’un espace régional. Dans un deuxième temps, il a été utile de présenter le terrain étudié : le paysage médiatique et particulièrement

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moins de trente ans passant ainsi d’une presse de quasi-monopole à une situation de pluralisme.

2.2 Constitution du corpus

Notre objectif étant d’analyser à la fois les dispositifs du journal, les discours de presse et les discours fondateurs, ainsi que son évolution dans le temps, les 1278 numéros de l’ensemble de la collection du journal ont donc été dépouillés afin de repérer les signes inhabituels de changement comme l’augmentation ou la diminution de la pagination, les changements de maquette, l’apparition de nouvelles signatures dans l’Ours,10 les changements de rubrique, etc., et tout autre indice de ce type.

Ainsi, chaque changement de stratégie a été minutieusement pointé dans l’ordre chronologique. La période observée s’étend sur quatre années et sept mois, depuis la création du journal le 22 novembre 1992 jusqu’à sa disparition le 12 juin 1996. Ce travail de pointage réalisé, nous avons pu constituer notre corpus.

Le corpus retenu (cf. tableau récapitulatif du corpus étudié ci-dessous) regroupe les pages complètes du numéro de lancement (le numéro 1 qui a subi une analyse très approfondie), les premières unes, les articles les plus significatifs du journal (les appels de une et tous les articles parus lors des occasions spéciales comme les anniversaires), tous les articles qui ont marqué la période de crise financière du journal.

Un graphique de temporalité (présenté en page 67 bis de cette étude) et inspiré de l’approche de Idelson (1999), qui s’est lui-même inspiré de Veron (1981), fait ressortir la fréquence du traitement médiatique du journal lui même, de ses mises en scènes dans cette période de crise. En effet, il est intéressant de voir quels sont les moyens employés par Le

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Réunionnais, à travers ses acteurs principaux, les salariés et dirigeants, pour sortir de la crise. Enfin, l’entretien du fondateur Armand Apavou a été réalisé pour compléter ce corpus.

Cet entretien semi directif nous a paru primordial parce que nous considérons que le fondateur est un acteur social déterminant dans l’histoire du journal. Ce que confirme Dilthey (cité par Blanchet, 1992, p. 29). «Le social n’existe que dans l’individu. C’est au niveau de la personne que des éléments qui composent les ensembles complexes que sont l’histoire et la société s’agrègent, s’interpénètrent, prennent sens».

En outre, l’entretien permet «de voir le général à partir du particulier en prenant en compte les interactions qui relient l’auteur du récit à son contexte» (Idelson, 1995, p. 29).

Précisons qu’il ne s’agit ici que d’un corpus secondaire qui n’aura pour objectif que d’étayer un certain nombre de conclusions de ce mémoire. En effet, nous n’avons pas pu procéder à une analyse approfondie en raison d’impératifs temporels. Il est à noter qu’il a fallu de nombreuses sollicitations téléphoniques, et passer par des personnes intermédiaires avant d’obtenir un rendez-vous définitif.

L’entretien a eu lieu 3 semaines avant la date de rendu de notre étude, ce qui nous a laissé peu de temps pour l’analyse. Mais nous sommes persuadés que ces données pourront par la suite être réinvesties dans une autre recherche.

Le corpus est réparti dans l’ordre chronologique et fait ressortir deux catégories de discours : ceux du fondateur 11, et ceux du journal lui même12 à travers sa propre signature, celle des salariés, journalistes et dirigeants.

11Ils regroupent l’édito du numéro 1, un appel à la une paru dans un numéro spécial anniversaire, un article de 3 pages paru un mois et demi après la mise en redressement judiciaire du journal et enfin une interview de deux pages paru 4 jours après, qui marque également la dernière apparition du fondateur.

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Nous avons repéré deux périodes déterminantes dans le traitement de ce corpus qu’il nous paraît intéressant d’extraire ci-dessous à travers une approche chronologique du journal :13

1) Le lancement et la consécration ; 2) La crise et la disparition ;

d’une mise en page spéciale et coïncidant avec le sondage Médiamétrie, une dizaine d’articles parus dans la période de crise, juste après le redressement judiciaire et la dernière apparition du

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2.3 Chronologie du journal Le Réunionnais

Le prélancement

Du lancement à la consécration : 22/11/92 au 15/12/95

Avant le lancement du premier numéro le 22 novembre 1992, la sortie du journal est précédée d’une vaste campagne publicitaire (télé + affichage 4 x 3) sous le slogan «le soleil à rendez-vous avec la une», mais également d’un numéro zéro symbolisé en une par le visage d’un nouveau-né prénommé Mathias. La naissance du journal est présentée comme une

“révolution” dans le paysage médiatique local. C’est le premier quotidien en quadrichromie lancé dans le département.

A sa création, le journal dispose d’un parc conséquent de matériel et d’outils performants dont une rotative spécialement importée des États Unis. L’entreprise est fondée par Armand Apavou, leader de l’immobilier à la Réunion et compte une dizaine d’actionnaires. Elle emploie 150 salariés. Certains journalistes sont recrutés en métropole par annonces dans la presse parisienne, mais la majeure partie d’entre eux sont de jeunes réunionnais (dont certains sortant tout juste de la faculté) recrutés sur place et formés par l’Arifoc (un organisme de formation continue). Un des personnages clés de cette aventure est Michel Mekdoud,14 qui a cédé les parts de son activité de presse (AGM Industrie) à Armand Apavou. Il est aussi à l’origine de la venue à la Réunion d’un ami de longue date : José Barthomeuf 15.

14Michel Mekdoud, ancien directeur d’AGM Industrie (Télé 7 jours Réunion, star Télé) aujourd’hui installé en Métropole.

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Le 22 novembre 1992

Parution du premier numéro : le numéro 1 paraît dans les kiosques avec une semaine de retard. Il sera distribué gratuitement aux lecteurs. Objectif des fondateurs : offrir une mise en page simple, lisible, aérée avec des textes en gros caractères pour une lecture facile et des informations privilégiant la proximité, « prochent du lecteur réunionnais» précise le fondateur dans son édito du 22 novembre 1992 dont voici un court extrait

“Notre ambition n’est pas de prendre la place de tel ou tel titre. Plus simplement, nous voulons offrir un espace supplémentaire de liberté, de démocratie et de pluralisme dans une société réunionnaise où bien des blocages sont encore à vaincre. Le seul parti du Réunionnais sera celui des Réunionnais et de leur diversité”.

Février 1993

Un “turn-over” de rédacteurs en chef : le fonctionnement de la

rédaction répond à une organisation précise, instaurée par les fondateurs : le journal n’a pas de rédacteur en chef. Ce sont les chefs de service qui chaque semaine, endossent à tour de rôle, la casquette de rédacteur en chef sans en avoir le titre. Cette forme de «rédaction tournante»

fonctionne mal. Chacun prêchant pour sa gouverne personnelle au détriment du travail d’équipe. Des tensions s’installent et, José Barthomeuf, ayant terminé son contrat entre-temps, retourne en métropole. Le journal se retrouve sans rédacteur en chef et certains chefs de service encore en place assurent cette fonction de manière bénévole.

Mars 1993

100e : Le journal fête son 100ème numéro. Beaucoup d’incidents

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Septembre 1993

Nouveau rédacteur en chef : Le Réunionnais fête son année d’existence, mais la rédaction souffre d’un manque d’organisation.

Certains chefs de service ont quitté la rédaction. Et les rédacteurs en chef provisoires ne sont pas toujours disponibles. Les journalistes se gèrent parfois seuls, assurant la parution de certains numéros. Durant cette période, la pagination du journal augmente (48 pages) et de nouvelles rubriques apparaissent (Vie pratique le 6 février 94, Education le 21 février 94, lundi sport le 25 juillet 94, Le tour auto le 5 août 94), 24 heures avec, etc., (comme celui du 18 décembre 1994 sur la présidente du Conseil régional Margie Sudre), de nouveaux suppléments et spéciaux (Le Junior le 19 janvier 1994 - Les cahiers du foot du 23 juillet 94 – Le spécial floralies le 30 septembre 94 ; Le spécial couleur demi-finale CSSD/Bendel, Insurance, Florilèges le 28 octobre 94, Spécial Dipavali les 4,5,6 novembre 94 - Le guide de l’immobilier, Le guide de l’acheteur du 18 novembre 1994 – Moteur du 5 décembre 1994 – Vivre ici le 8 décembre 1994). Chaque dimanche est consacré aux rétrospectives de la semaine. Des suppléments gratuits retraçant l’histoire du journal (le 11 décembre 93), des sondages (le 5 février 94), les pronostics hippiques (le 14 février 94) sont développés.

Le journal délocalise avec de nouvelles agences dans l’ouest, le sud et l’est. En plus des difficultés financières, le journal fait face à des difficultés de gestion et se retrouve à plusieurs reprises sans rédacteur en chef. Les journalistes eux-mêmes, quelques volontaires, prendront en main l’avenir de leur journal en assurant sa parution.

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Décembre 1994

Arrivée de Pascal Lemoine : une nouvelle signature apparaît dans l’ours : Pascal Lemoine, directeur général. Cet ancien cadre de L’Est Républicain est recruté par Armand Apavou pour redresser la situation.

Tout en gardant la même base, il réorganise le contenu du journal. La politique des suppléments est renforcée. De nouvelles rubriques apparaissent : Grand angle le 20 janvier 95 – Invité exceptionnel du 26 mars 1995. Les pages spéciales sur les sujets politiques et les guides se multiplient : 4 pages spéciales sur la Saint-Sylvestre le 21 janvier 95 ; 4 pages spéciales sur Pierre Vergès le 6 janvier 1995 ; 8 pages spéciales sur Balladur le 19 janvier 1995 ; 8 pages spéciales Miel Vert le 28 janvier 1995, Le guide du consommateur le 3 février 95 ; Un supplément intitulé

« but » le 28 février 1995 ; Le tiercé Réunionnais le 1er avril 1995 - Hand’avant le 12 juillet 19995 ; Loisirs et services le 11 septembre 1995 ; 10 pages spéciales du rédacteur en chef inattendu le 15 janvier 1995).

Les suppléments permettent au journal de se distinguer de la concurrence. Un correspondant est également envoyé à Paris (Daniel De Barros) pour traiter à chaud l’actualité politique nationale.

La une subit également quelques changements et, à partir du 8 janvier 1995, les suppléments sont systématiquement annoncés en première page du journal. Des jeux, fonctionnant sur le principe du feuilleton, sont inaugurés pour fidéliser le lecteur («Objectif 1000» le 21 octobre 1995).

Bref, Le Réunionnais semble avoir retrouvé son rythme de croisière. La structure du journal obéit à un plan et la hiérarchisation des informations semble plus cohérente dans l’ensemble. Le directeur général semble impulser un nouveau souffle au journal, le rendant plus crédible aux yeux du lecteur.

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Décembre 1995

La consécration : trois ans après sa parution, un sondage Médiamétrie révèle que Le Réunionnais (60 070 lecteurs) talonne Le Jir (60 070 lecteurs) en devenant un journal apprécié du lectorat local après Le Quotidien (146 055 lecteurs).

De la crise à la disparition : 02/01/96 au 11/06/96

Le début des difficultés : le journal fait paraître deux unes différentes. La première (en couleur) est entièrement consacrée à la société Cadjee, la deuxième (qui est en fait la une officielle du journal) paraît en noir et blanc, preuve qu’il a dû faire appel à un sponsor pour pouvoir paraître.

Le journal passe à 40 pages au lieu des 48 habituelles sans aucune explication préalable au lecteur.

Problèmes techniques. Les pages nationales sont manquantes.

28 février 1996

Incendie du Journal de l’île : le portrait robot du criminel présumé est présenté dans la presse le lendemain. Son signalement correspond à l’un des employés du Réunionnais : Dominique Morel, chef de la distribultion au journal.

29 février 1996

Problèmes techniques : le journal paraît partiellement, le papier est anormalement plus épais, la pagination du journal diminue et augmente de manière anarchique.

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Les problèmes techniques ayant perturbé la sortie du journal depuis plusieurs jours sont annoncés.

La une est à nouveau consacrée à un sponsor.

Le chef de la distribution incriminé : Dominique Morel, chef de la distribution au Réunionnais, avoue être l’instigateur de l’incendie qui a ravagé les archives du Jir. Les rumeurs circulent. On raconte que Le Réunionnais, endetté, a brûlé les archives du Jir par vengeance. Le journal accuse le coup tout en continuant le traitement de l’actualité. En réalité, l’incendie du Jir arrive à un moment où Le Réunionnais est déjà criblé de dettes.

Début de la crise : les rumeurs circulant sur la possible implication du journal dans l’incendie criminel du Jir s’amplifient, les difficultés financières du journal sont officielles, le dépôt de bilan n’est plus qu’une question de jours. Le fondateur du journal, Armand Apavou décide de mettre “carte sur table” dans un entretien de trois pages largement médiatisé. Il s’agit aussi d’expliquer les raisons ayant conduit Le Réunionnais à une telle situation : la crise immobilière, la difficulté du pôle presse qui vivait sur la trésorerie immobilière et le recentrage du groupe sur ses métiers de base sont les raisons avancées.

Mobilisation des salariés : le ton du journal reste encore optimiste, il semble en position d’attente. Le directeur général, Pascal Lemoine, prend à son tour la parole dans les colonnes du journal. A partir de ce jour, un appel de une (placé en haut à droite) comme un leitmotiv et intitulé “À DEMAIN” marque le signe de la mobilisation des salariés pour la sauvegarde de leur titre. Cet entrefilet qui sont des «appels au secours»

déguisés va revenir à chaque fois que le journal invite ses lecteurs à se mobiliser pour sa cause.

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Une rencontre a eu lieu la veille au tribunal mixte de commerce de Saint- Denis entre le fondateur, le directeur général, l’administrateur judiciaire, l’avocat et un représentant du personnel pour faire le point. La situation est catastrophique mais le ton du journal se veut toujours optimiste : «Le Réunionnais continue».

À la recherche d’un repreneur : Armand Apavou intervient en page 6 et 7 au cours d’une interview de deux pages pour tenter de sensibiliser l’opinion publique sur la nécessité de sauvegarder l’outil de travail, de préserver l’emploi. Ce sera la deuxième et dernière apparition du fondateur dans cette période de crise. Il prend ses distances tout en promettant de faire le maximum pour préserver l’emploi en tentant de trouver un repreneur.

Du 18 mai 1996 au 7 juin 1996

Dans l’attente d’un repreneur : en attendant qu’un repreneur se manifeste, le journal commence sa mise en scène à travers plusieurs articles à forte connotation émotionnelle, signés par divers salariés du journal. La moitié de l’équipe rédactionnelle a déjà été licenciée. Certains salaires sont versés en retard. L’encart marquant la mobilisation des salariés est désormais quotidien. Les sous-titres varient en fonction du message du jour. Dans leurs appels au secours pressants, comme pour le journal Le Quotidien par le passé, le pluralisme de la presse et la démocratie sont les arguments invoqués par les rédacteurs pour tenter de sensibiliser l’opinion publique. Les articles sont accompagnés d’une série d’interviews de personnalités locales. Trois questions leurs sont posées : 1) qu’est-ce selon vous le pluralisme dans la presse? 2) quelle est la place occupée par Le Réunionnais dans le paysage médiatique réunionnais ; 3) Êtes-vous prêts à participer au développement du Réunionnais?.

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8 juin 1996

Pas d’offre de reprise : Le Réunionnais qui a lancé quelques jours plus tôt une offre de reprise n’a pas eu de réponse. La date limite a été fixée au 7 juin 1996. Seule une offre qualifiée «d’embryonnaire » par l’administrateur judiciaire est présentée visant à la sauvegarde du titre. Ce qui génère un mouvement de solidarité des salariés qui annoncent vouloir

« resserrer les rangs » et créer dans la foulée un comité de rédacteurs et de salariés. «Nous avons un genou à terre, mais nous ne sommes pas morts » affirment les salariés. Les interventions de diverses personnalités reprennent toujours sur le même thème du pluralisme.

11 juin 1996

Nouveau pic d’alerte : en page 3, Le Réunionnais fait apparaître une pleine page d’alerte à tendance dramatique pour tenter de mobiliser l’opinion. Alain Pillant, organisateur de la tournée Dream on ice, propose d’offrir aux employés qui veulent participer à la reprise du Réunionnais 20 à 25 % des recettes de son spectacle.

12 juin 1996

L’appel à mobilisation n’a pas fonctionné : parution du dernier numéro consacrée à l’histoire du journal. Un édito du directeur général tente une dernière fois de sensibiliser l’opinion publique sur le sort de ce quotidien.

En vain. Ce sera la dernière parution de ce titre.

2.4 – Les limites du corpus

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sommes conscients mais qu’il a fallu adopter en raison, essentiellement, d’impératifs temporels et géographiques. En effet, il aurait été intéressant, par exemple, d’inclure à cette recherche les chiffres de vente, mais nos nombreuses sollicitations auprès de l’organisme de contrôle Médiamétrie n’ont pas abouti pour des questions d’éloignement. Les archives de cet organisme autrefois disponibles à la Réunion sont désormais transférées sur Paris et notre demande, passant par des instances diverses, n’a pas pu être prise en compte dans les délais impartis.

Il aurait été également judicieux de confronter cette analyse avec l’avis des lecteurs, pour voir in-situ comment était perçu ce journal mais, Le Réunionnais ayant disparu du paysage médiatique, les lecteurs sont introuvables. Nous aurions également souhaité regrouper l’avis des acteurs principaux ayant participé à sa création, à savoir : le concepteur du journal José Barthomeuf (ancien rédacteur en chef des éditions régionales du journal Le Parisien ), Michel Mekdoud, (fondateur de Télé 7 Jours Réunion et proche ami de José Barthomeuf) qui est un personnage clé dans la naissance du journal puisque c’est lui qui a cédé les parts son entreprise de presse à Armand Apavou; et enfin, Pascal Lemoine, ex- directeur général du journal Le Réunionnais, devenu rédacteur en chef d’un journal de province du groupe Sud Ouest. Ces acteurs fondateurs sont pour la plupart hors du département. Leur contact aurait nécessité plus de temps ainsi que la récolte des données et leur analyse par la suite, et nous pouvons estimer que cet angle de recherche peut faire l’objet d’un autre mémoire. Enfin le recueil de données lié à la sociologie interne des organisations auprès des acteurs ayant travaillé au sein du journal aurait pu être envisagé, mais il nous paraissait difficile de conserver l’objectivité nécessaire en ayant été nous-mêmes actrice de cette aventure pendant trois ans.

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2.5 - La méthode d’analyse

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„„ La mise en forme : la maquette (annexe 1)

Après le pointage des procédés de construction, nous nous sommes intéressés en premier lieu à la forme du journal en repérant les stratégies de mise en page sur le modèle d’analyse de Mouillaud et Tétu (1989) : la mise en page (pagination, rubriques, titres, surtitres, spécialisation du genre d’énoncé, colonnes surfaces) ; Les variables visuels à l’œuvre (taille des caractères, couleur, illustrations, typographie, filets) ; Les illustrations (nombre de photos, dessins) ; le nom-de-journal (son emplacement, le message véhiculé, sa signification) ; les messages discursifs (le ton d’ensemble). Cette méthode a été appliquée au premier numéro.

Pourquoi une analyse sémiotique de ce premier numéro?

Parce qu’il est déterminant dans la réussite future ou pas du titre. Pour le journal, c’est en quelque sorte un “numéro test”, une carte de visite, un passeport pour l’avenir. C’est à partir de ce premier numéro qu’il installe sa ligne éditoriale et la soumet à l’appréciation du lecteur. C’est également à travers ce premier numéro que le journal va donner le ton de son discours, qu’il va délivrer le message différent qu’il veut unique, par rapport à ses concurrents et asseoir, si possible, sa notoriété.

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„„ La mise en discours : les stratégies discursives (annexe 2 et 3)

En deuxième lieu, notre analyse a porté sur le fond du discours journalistique. Nous avons repéré les procédés argumentatifs utilisés dans les articles clés d’après un modèle de référence qui nous a semblé particulièrement adapté à l’étude de notre corpus : la grille d’argumentation de Breton, dont nous rappelons ici les principes de

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d’une opinion. Auparavant, il est bien-sûr nécessaire de vérifier si le texte est «argumentatif» ou pas. Dans le cas contraire, d’autres analyses de texte sont possibles comme le commentaire de texte. Certains articles ont été retranscrits afin de faciliter leur compréhension. Breton distingue deux grandes familles d’arguments :

1) Les arguments de cadrage que l’auteur utilise pour cadrer son discours de manière à imposer à l’auditoire (en l’occurrence le lecteur) sa propre opinion. Il propose trois grandes familles de cadrage : l’argument d’autorité faisant appel à la compétence de celui qui s’exprime, à l’expérience du lecteur ou à un témoignage ; l’argument de valeur : l’auteur s’appuie sur une communauté de valeurs, de pensées qui préexiste entre lui et l’auditoire. Il peut s’agir d’opinion commune, des valeurs partagées et de croyances en général ; et enfin l’argument de recadrage qui consiste pour l’auteur de l’article à présenter les choses sous un nouvel angle. Le recadrage entraîne l’auditoire dans un autre contexte de réception plus favorable. Trois formes prédominent : la définition qui redéfinit le concept, la présentation qui consiste à dire la même chose sous une autre forme et enfin l’association/dissociation qui consiste à créer un nouveau réel, une nouvelle définition.

2) Les arguments de lien qui permettent d’établir un lien entre l’opinion proposée et l’accord préalable. Ces arguments se répartissent en deux groupes :

8 Le lien de déduction qui n’est autre qu’une transition déductive et logique entre ce qui est déjà admis par le plus grand nombre et ce que l’on veut faire admettre. Ce lien peut être quasi logique, de réciprocité ou causal (cause/effet) ;

8 8 8

8 Le lien analogique qui permet d’établir un lien entre deux propositions.

Ce lien peut s’appuyer sur la métaphore à condition qu’elle ait pour finalité de convaincre l’auditoire, sur la comparaison dont l’objectif est également

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Schéma récapitulatif des familles d’arguments de Breton (P. Breton, L’argumentation dans la communication, 1996 : 76)

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