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Chronologie du journal Le Réunionnais

Le prélancement

Du lancement à la consécration : 22/11/92 au 15/12/95

Avant le lancement du premier numéro le 22 novembre 1992, la sortie du journal est précédée d’une vaste campagne publicitaire (télé + affichage 4 x 3) sous le slogan «le soleil à rendez-vous avec la une», mais également d’un numéro zéro symbolisé en une par le visage d’un nouveau-né prénommé Mathias. La naissance du journal est présentée comme une

“révolution” dans le paysage médiatique local. C’est le premier quotidien en quadrichromie lancé dans le département.

A sa création, le journal dispose d’un parc conséquent de matériel et d’outils performants dont une rotative spécialement importée des États Unis. L’entreprise est fondée par Armand Apavou, leader de l’immobilier à la Réunion et compte une dizaine d’actionnaires. Elle emploie 150 salariés. Certains journalistes sont recrutés en métropole par annonces dans la presse parisienne, mais la majeure partie d’entre eux sont de jeunes réunionnais (dont certains sortant tout juste de la faculté) recrutés sur place et formés par l’Arifoc (un organisme de formation continue). Un des personnages clés de cette aventure est Michel Mekdoud,14 qui a cédé les parts de son activité de presse (AGM Industrie) à Armand Apavou. Il est aussi à l’origine de la venue à la Réunion d’un ami de longue date : José Barthomeuf 15.

14Michel Mekdoud, ancien directeur d’AGM Industrie (Télé 7 jours Réunion, star Télé) aujourd’hui installé en Métropole.

Le 22 novembre 1992

Parution du premier numéro : le numéro 1 paraît dans les kiosques avec une semaine de retard. Il sera distribué gratuitement aux lecteurs. Objectif des fondateurs : offrir une mise en page simple, lisible, aérée avec des textes en gros caractères pour une lecture facile et des informations privilégiant la proximité, « prochent du lecteur réunionnais» précise le fondateur dans son édito du 22 novembre 1992 dont voici un court extrait

“Notre ambition n’est pas de prendre la place de tel ou tel titre. Plus simplement, nous voulons offrir un espace supplémentaire de liberté, de démocratie et de pluralisme dans une société réunionnaise où bien des blocages sont encore à vaincre. Le seul parti du Réunionnais sera celui des Réunionnais et de leur diversité”.

Février 1993

Un “turn-over” de rédacteurs en chef : le fonctionnement de la

rédaction répond à une organisation précise, instaurée par les fondateurs : le journal n’a pas de rédacteur en chef. Ce sont les chefs de service qui chaque semaine, endossent à tour de rôle, la casquette de rédacteur en chef sans en avoir le titre. Cette forme de «rédaction tournante»

fonctionne mal. Chacun prêchant pour sa gouverne personnelle au détriment du travail d’équipe. Des tensions s’installent et, José Barthomeuf, ayant terminé son contrat entre-temps, retourne en métropole. Le journal se retrouve sans rédacteur en chef et certains chefs de service encore en place assurent cette fonction de manière bénévole.

Mars 1993

100e : Le journal fête son 100ème numéro. Beaucoup d’incidents

Septembre 1993

Nouveau rédacteur en chef : Le Réunionnais fête son année d’existence, mais la rédaction souffre d’un manque d’organisation.

Certains chefs de service ont quitté la rédaction. Et les rédacteurs en chef provisoires ne sont pas toujours disponibles. Les journalistes se gèrent parfois seuls, assurant la parution de certains numéros. Durant cette période, la pagination du journal augmente (48 pages) et de nouvelles rubriques apparaissent (Vie pratique le 6 février 94, Education le 21 février 94, lundi sport le 25 juillet 94, Le tour auto le 5 août 94), 24 heures avec, etc., (comme celui du 18 décembre 1994 sur la présidente du Conseil régional Margie Sudre), de nouveaux suppléments et spéciaux (Le Junior le 19 janvier 1994 - Les cahiers du foot du 23 juillet 94 – Le spécial floralies le 30 septembre 94 ; Le spécial couleur demi-finale CSSD/Bendel, Insurance, Florilèges le 28 octobre 94, Spécial Dipavali les 4,5,6 novembre 94 - Le guide de l’immobilier, Le guide de l’acheteur du 18 novembre 1994 – Moteur du 5 décembre 1994 – Vivre ici le 8 décembre 1994). Chaque dimanche est consacré aux rétrospectives de la semaine. Des suppléments gratuits retraçant l’histoire du journal (le 11 décembre 93), des sondages (le 5 février 94), les pronostics hippiques (le 14 février 94) sont développés.

Le journal délocalise avec de nouvelles agences dans l’ouest, le sud et l’est. En plus des difficultés financières, le journal fait face à des difficultés de gestion et se retrouve à plusieurs reprises sans rédacteur en chef. Les journalistes eux-mêmes, quelques volontaires, prendront en main l’avenir de leur journal en assurant sa parution.

Décembre 1994

Arrivée de Pascal Lemoine : une nouvelle signature apparaît dans l’ours : Pascal Lemoine, directeur général. Cet ancien cadre de L’Est Républicain est recruté par Armand Apavou pour redresser la situation.

Tout en gardant la même base, il réorganise le contenu du journal. La politique des suppléments est renforcée. De nouvelles rubriques apparaissent : Grand angle le 20 janvier 95 – Invité exceptionnel du 26 mars 1995. Les pages spéciales sur les sujets politiques et les guides se multiplient : 4 pages spéciales sur la Saint-Sylvestre le 21 janvier 95 ; 4 pages spéciales sur Pierre Vergès le 6 janvier 1995 ; 8 pages spéciales sur Balladur le 19 janvier 1995 ; 8 pages spéciales Miel Vert le 28 janvier 1995, Le guide du consommateur le 3 février 95 ; Un supplément intitulé

« but » le 28 février 1995 ; Le tiercé Réunionnais le 1er avril 1995 - Hand’avant le 12 juillet 19995 ; Loisirs et services le 11 septembre 1995 ; 10 pages spéciales du rédacteur en chef inattendu le 15 janvier 1995).

Les suppléments permettent au journal de se distinguer de la concurrence. Un correspondant est également envoyé à Paris (Daniel De Barros) pour traiter à chaud l’actualité politique nationale.

La une subit également quelques changements et, à partir du 8 janvier 1995, les suppléments sont systématiquement annoncés en première page du journal. Des jeux, fonctionnant sur le principe du feuilleton, sont inaugurés pour fidéliser le lecteur («Objectif 1000» le 21 octobre 1995).

Bref, Le Réunionnais semble avoir retrouvé son rythme de croisière. La structure du journal obéit à un plan et la hiérarchisation des informations semble plus cohérente dans l’ensemble. Le directeur général semble impulser un nouveau souffle au journal, le rendant plus crédible aux yeux du lecteur.

Décembre 1995

La consécration : trois ans après sa parution, un sondage Médiamétrie révèle que Le Réunionnais (60 070 lecteurs) talonne Le Jir (60 070 lecteurs) en devenant un journal apprécié du lectorat local après Le Quotidien (146 055 lecteurs).

De la crise à la disparition : 02/01/96 au 11/06/96

Le début des difficultés : le journal fait paraître deux unes différentes. La première (en couleur) est entièrement consacrée à la société Cadjee, la deuxième (qui est en fait la une officielle du journal) paraît en noir et blanc, preuve qu’il a dû faire appel à un sponsor pour pouvoir paraître.

Le journal passe à 40 pages au lieu des 48 habituelles sans aucune explication préalable au lecteur.

Problèmes techniques. Les pages nationales sont manquantes.

28 février 1996

Incendie du Journal de l’île : le portrait robot du criminel présumé est présenté dans la presse le lendemain. Son signalement correspond à l’un des employés du Réunionnais : Dominique Morel, chef de la distribultion au journal.

29 février 1996

Problèmes techniques : le journal paraît partiellement, le papier est anormalement plus épais, la pagination du journal diminue et augmente de manière anarchique.

Les problèmes techniques ayant perturbé la sortie du journal depuis plusieurs jours sont annoncés.

La une est à nouveau consacrée à un sponsor.

Le chef de la distribution incriminé : Dominique Morel, chef de la distribution au Réunionnais, avoue être l’instigateur de l’incendie qui a ravagé les archives du Jir. Les rumeurs circulent. On raconte que Le Réunionnais, endetté, a brûlé les archives du Jir par vengeance. Le journal accuse le coup tout en continuant le traitement de l’actualité. En réalité, l’incendie du Jir arrive à un moment où Le Réunionnais est déjà criblé de dettes.

Début de la crise : les rumeurs circulant sur la possible implication du journal dans l’incendie criminel du Jir s’amplifient, les difficultés financières du journal sont officielles, le dépôt de bilan n’est plus qu’une question de jours. Le fondateur du journal, Armand Apavou décide de mettre “carte sur table” dans un entretien de trois pages largement médiatisé. Il s’agit aussi d’expliquer les raisons ayant conduit Le Réunionnais à une telle situation : la crise immobilière, la difficulté du pôle presse qui vivait sur la trésorerie immobilière et le recentrage du groupe sur ses métiers de base sont les raisons avancées.

Mobilisation des salariés : le ton du journal reste encore optimiste, il semble en position d’attente. Le directeur général, Pascal Lemoine, prend à son tour la parole dans les colonnes du journal. A partir de ce jour, un appel de une (placé en haut à droite) comme un leitmotiv et intitulé “À DEMAIN” marque le signe de la mobilisation des salariés pour la sauvegarde de leur titre. Cet entrefilet qui sont des «appels au secours»

déguisés va revenir à chaque fois que le journal invite ses lecteurs à se mobiliser pour sa cause.

Une rencontre a eu lieu la veille au tribunal mixte de commerce de Saint-Denis entre le fondateur, le directeur général, l’administrateur judiciaire, l’avocat et un représentant du personnel pour faire le point. La situation est catastrophique mais le ton du journal se veut toujours optimiste : «Le Réunionnais continue».

À la recherche d’un repreneur : Armand Apavou intervient en page 6 et 7 au cours d’une interview de deux pages pour tenter de sensibiliser l’opinion publique sur la nécessité de sauvegarder l’outil de travail, de préserver l’emploi. Ce sera la deuxième et dernière apparition du fondateur dans cette période de crise. Il prend ses distances tout en promettant de faire le maximum pour préserver l’emploi en tentant de trouver un repreneur.

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